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E. P ERCEPTIONS ET REPRESENTATIONS DU RAPPORT A L ’ ENVIRONNEMENT

3. Conclusions

Nous avons ainsi vérifié les conclusions suivantes:

1) Les composantes de la ville et de la nature se voient attribuer des significations multiples selon les points de vue des divers acteurs. Ces significations sont exprimées dans les rapports que chacun entretient avec la campagne, la ville et le logement ainsi que leurs parties constituantes à différentes échelles. La présence ou l'absence de composantes de la nature et de l'environnement bâti connote, selon le point de vue des différents acteurs, des caractéristiques de sociabilité et d'intégration sociale, de concentration ou de dispersion de la population et de ses activités quotidiennes.

2) Les composantes du territoire constituent des critères qui interviennent dans le choix de la localisation et du type de domicile selon divers habitations types (résidence principale ou secondaire) et des paysages-types (à la montagne, à la campagne, en ville ...). Le choix d'une résidence implique un sens pratique autant que symbolique selon le mode de vie, le

statut social, la classe d'âge, le cycle de vie, le lieu de travail et la biographie résidentielle de chacun.

3) Les composantes de la nature prennent un sens et un usage différent suivant qu’elles sont du domaine privé, collectif ou public. L'environnement urbain et péri-urbain suscite des qualités et des déficits quantitatifs/objectifs et qualitatifs/subjectifs de plusieurs ordres.

Les aspects physiques utilitaires et perceptifs de la nature varient selon différents types d'environnement bâti, les diverses localisations dans le territoire de part et d’autre de la frontière et en dehors des périmètres de l'agglomération.

CONCLUSION

Partis de l'hypothèse des effets bénéfiques que pouvaient avoir une politique continue d'aménagement des ceintures vertes dans la tradition planificatrice européenne, nous avons abouti à un bilan-constat assez catastrophique de l'environnement sur l'aire frontalière française. L'effet frontière n'a fait en l'occurrence que renforcer les caractères de banlieurisation généralisée constatables dans les aires périurbaines nationales françaises.

La mise à sac du milieu naturel est le résultat d'une rurbanisation anarchique. L'insuffisance des instruments de planification comme les carences dans leur mise en œuvre ont été mis en avant dans un système d'explication où tout se tient.

L'effet mesurable le plus immédiat est celui du gaspillage du sol. L'abandon et la mutation d'usage des espaces agricoles sont le résultat de politiques foncières et économiques non restrictives. L'importance de la culture du «tout routier» et du «tout automobile» constitue l'une des clefs d'explication des cultures d'aménagement des dernières décennies. Les choix de type d'urbanisation extensive qui ont pu en découler, tant au niveau des urbanisations commerciales, individuelles ou pavillonnaires ont accentué le phénomène.

Sur ce premier socle décisionnel et opératif, deux phénomènes sont venus se greffer :

1- l'indifférence au patrimoine bâti et paysagé basé sur une forte tradition modernisatrice et rénovatrice de l'après-guerre. Il en est résulté un gaspillage des atouts patrimoniaux dont pouvait disposer le territoire hérité;

2- l'indifférence aux données naturelles, à la place de la nature en ville: la prise en compte du régime des sols, des eaux, de la végétation et de la vie faunistique est passée à l'arrière-plan derrière une logique économique aménagiste des «services techniques» ou des logiques « sociales ».

Le résultat de ces grandes tendances a mené à un paysage urbain et suburbain déstructuré et dégradé, livré à un mercantilisme débridé, relayé par les pesanteurs du régime de commandement administratif.

A propos de l'évaluation des critères de l'environnement nous avons particulièrement mis en avant la nécessité de relier tout ce qui pouvait être mesuré à une vérification des effets environnementaux par le visible et de représenté. La tradition en Suisse d'une culture du contrôle visuel de la qualité de l'environnement est sans doute un critère explicatif en amont et pas seulement la conséquence d'un niveau d'application de politiques globales.

Par la comparaison avec l'approche suisse de la gestion de l'environnement nous avons mieux saisi les limites propres au concept français dominant de «projet urbain». Celui-ci est souvent révélateur de politiques de gestion inexistantes et défaillantes. Le projet urbain vient tenter de

l'environnement naturel et construit helvétique a révélé quelque chose comme la longue durée dans l'action, la globalité dans l'approche des problèmes, la démultiplication des instances d'étude et de contrôle, tous les éléments qu'on ne peut que traduire par le concept globalisant de culture.

Quels liens entretient dès lors cette «culture de l'environnement» avec la culture tout court, et au-delà avec la question des mentalités ? C'est la question que nous posons à l'issue de cette recherche.

L'importance de la qualité d'un socle législatif a été mise en évidence. Mais celui-ci ne prend son sens qu'à travers des relais d'application. Le cadre politique et administratif propre à la démocratie suisse cantonale et participative semble en effet avoir été plus adéquat à traiter la question de l'échelle de l'environnement.

A l'issu de cette recherche, il nous semble que la dotation aux régions françaises du pouvoir de légiférer et aux agglomérations plutôt qu'aux communes de celui de décider apparaissent aujourd'hui comme des réformes préalables pour sortir des incohérences actuelles.

A ce stade de réflexion, nous pensons avoir mis en évidence deux nécessités absolues pour fonder une culture urbaine de l'environnement.

1. La qualité des services administratifs et du milieu des professionnels de la construction et de l'aménagement

Celle-ci ne peut exister dans la société postindustrielle qu'à travers la multiplication des techniciens, experts, chercheurs et spécialistes hautement qualifiés. Dans le cas genevois, la qualité naît de cette interface entre l'administration et le milieu professionnel à travers des instances de médiation comme la commission cantonale d'urbanisme.

La qualité ne peut naître que par la multiplication des approches et points de vue scientifiques et la multiplication des lieux et sites analysés. Les bons résultats genevois tiennent autant à la cohérence doctrinaire des services de «l'État» genevois qu’au grand nombre des «mandats»

privés effectués auprès de techniciens qualifiés.