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Chapitre 2 LE RELIGIEUX ET LE POLITIQUE ENTRE CHAMPS ET MARCHÉS: LA DIMENSION

3.2 La collecte des données

3.2.1 La période du terrain, les lieux de la recherche et ses particularités

Le terrain a eu lieu du 19 mai au 15 septembre 2004, dans le diocèse de Nova Iguaçu, et plus spécifiquement dans la municipalité de Nova Iguaçu, ville de 817 000 habitants située dans la Baixada Fluminense, à la frontière nord de la ville de Rio de Janeiro.

Le lieu du terrain était extrêmement riche en termes de réseaux de toutes sortes: groupes de prière, d’engagement pastoral ou communautaire au sens large, de militance politique partisane et non-partisane, aussi bien au niveau municipal qu’à d’autres niveaux de gouvernement, autant national qu’international. Des réseaux divers liés à des milieux socio-économiques divers, avec des orientations, des soucis et des intérêts divers (et parfois opposées), et tous ces réseaux m’ont ouvert facilement leurs portes, grâce à la collaboration généreuse de leurs membres, leaders et représentants, et à mon introduction auprès d’eux par une personne extrêmement influente sur le terrain, à savoir Pe. Francisco. Sans sa précieuse contribution (et ce, dans tous les domaines), jamais je n’aurais eu accès à cet accueil sans bornes et à la richesse de ce terrain. Et si j’ai eu le privilège d’avoir accès à un personnage aussi titanesque et qui m’a accueilli avec autant de générosité inconditionnelle (et ce, alors qu’il ne me connaissait pas), c’est grâce à M. Jean Ménard, qui me présentait comme étant sa fille spirituelle et qui était le frère de militance de Pe. Francisco depuis plus de 40 ans, et qui m’a donc introduite dans cette gigantesque et impressionnante famille des bâtisseurs d’utopie. Le fait de faire partie de ce grand réseau avant même de connaître personnellement les individus qui le composaient, avec, il est vrai, ma connaissance préalable de la langue et de pays dans lequel j'avais vécu pendant 12 ans, me donnaient l'impression que toutes les portes m'étaient ouvertes. Et elles l'étaient.

3.2.2 Les groupes

Il m’est impossible de concevoir la maison paroissiale comme étant un lieu fermé ou homogène. Je la vois plutôt comme étant un lieu représentatif du diocèse que j’ai rencontré, traversée par les diverses orientations spirituelles et politiques, les diverses appartenances sociales (bien que certaines soient clairement dominantes), et habitée par divers groupes d’engagement. Certains de ces groupes se réunissaient à la maison

25 Mathieu Hilgers (2013), «Observation participante et comparaison. Contribution à un usage interdisciplinaire de l’anthropologie» in

paroissiale elle-même: le groupe paroissial de cercle biblique, la pastorale de médecine naturelle, le comité pastoral paroissial et surtout, un petit groupe de prêtres (et un diacre) très impliqués dans la paroisse et politiquement, groupe informel que j’ai personnellement appelé « le groupe d’analyse de conjoncture domestique » (domestique étant le groupe, et non la conjoncture qui elle, était bien plus large): quatre amis, souvent les mêmes mais pas toujours, autour d’une table de bridge, qui entre quelques rigolades, discutaient et prenaient des décisions influençant bien plus que la seule paroisse. On y a discuté, par exemple, de conseils et rendez-vous à donner à Lindberg et à Lula, amis de longue date de la maison, en vue de l’organisation concrète de la campagne électorale de 2004.

Mais souvent, c’étaient plutôt des responsables ou des leaders de ces groupes qui passaient à la maison pour discuter avec Pe. Francisco ou quelqu’un de la maison de quelque point idéologique ou pratique. Après tout, il était le curé de toute la paroisse, avec ses cinq communautés (églises locales, dont une en plein bidonville et une autre dans un milieu plus favorisé), chacune avec tous ses groupes et tendances.

J’étais donc ainsi dans un très grand carrefour, je n’avais que l’embarras du choix (et parfois je me demande si j’ai fait suffisamment de choix). De plus, beaucoup de personnes qui passaient par là se faisaient un devoir et un plaisir de me présenter des nouvelles personnes, qui elles, étaient membres actifs de tel ou tel autre groupe.

Voici donc les groupes en question. Pour la plupart de ces groupes, j’ai pu assister et participer à certaines de leurs rencontres : pour certains, une seule fois; pour d’autres, bien plus; pour quelques-uns je n’ai pu que rencontrer et discuter qu’avec un membre actif.

Ces groupes peuvent souvent (mais rarement très clairement) être associés à une idéologie à tendance soit charismatique soit inspirée par la théologie de la libération, mais parfois, ni à l’une ni à l’autre. On peut ici constater leur diversité.

- Les « pastorales sociales » : des secteurs de l’Église Catholique brésilienne préoccupés par la solidarité sociale avec les pauvres et marginalisés, et tous ceux qui souffrent de quelque forme d’injustice qui soit. Une solidarité par l’analyse, la conscientisation, la dénonciation et l’action transformatrice, « autant par une conversion personnelle (...) que par des changements concrets de l’ordre social, économique et politique »26: la

Pastorale Ouvrière (solidarité avec les travailleurs et les sans-emploi); la Pastoral do Menor (défend la vie et les droits des enfants et adolescents appauvris et à risque) et son local la Casa do Menor; la Pastorale de la médecine naturelle; la Pastorale d’alimentation alternative (pour guider les personnes dans l’utilisation de la moindre source alimentaire habituellement gaspillée, telles que les coquilles d’œufs, les pelures de certains fruits et légumes, etc. );

- La JOC, Jeunesse Ouvrière Catholique (l’un des mouvements de l’Action Catholique, basée sur la méthode “voir-juger-agir”, qui est à l’origine de la Pastorale Ouvrière);

- La Légion de Marie: association de laïcs qui à la sanctification personnelle et collective en passant par l’évangélisation, ils prient Notre-Dame quotidiennement, le chapelet (idéalement), ont une rencontre par semaine et font des visites aux malades, aux personnes âgées, aux familles endeuillées, dans les prisons, les hôpitaux, les orphelinats, etc. ;

- Les cercles bibliques : « une rencontre d’une communauté chrétienne d’environ 12 personnes qui se rassemblent dans une démarche d’écoute croyante de la Parole de Dieu »27. Un de ces cercles bibliques se

réunissait une fois par semaine à la maison paroissiale;

26 https://cnbbs2.org.br/pastorais-sociais/

27 Martínez, Luis. 2005. « La lecture communautaire de la Bible, un fruit ecclésial de la réception du concile Vatican II en Amérique

Latine ».

http://www.lumenonline.net/courses/lumen_LV/document/2._Documents_classes_par_champs_d_activites/8._Lire_la_Bible/La_lecture _communautaire_de_la_Bible.doc?cidReq=lumen_LV (consulté le 03 juillet 2019).

- Le Comité Pastoral Paroissial: instance de décisions et d’engagement au sein de la paroisse concernant la vie paroissiale, ses activités et orientations, elle est présidée par le curé et comprend des prêtres et des laïcs actifs dans la vie paroissiale;

- Le Comité Pastoral Diocésain: l’équivalent diocésain du Comité Pastoral Paroissial;

- L’Associação Nacional dos Presbíteros do Brasil: association qui représente et appuie les prêtres du Brésil;

- Le CEDAC (CEntro De Ação Comunitária): cette OSBL de la société civile est née en 1979 suite à une réunion clandestine de 30 militants engagés partout au Brésil qui souhaitaient organiser l’articulation de la résistance et de la redémocratisation du pays (parmi eux, des gens que j’ai rencontré). Son premier mandat, à l’époque, était de « soutenir les organisations populaires dans leurs efforts de démocratiser à nouveau le Brésil »28. Ensuite, il s’est particulièrement impliqué au niveau de l’éducation populaire dans le milieu syndical,

populaires et des mouvements ecclésiaux de base; il a contribué à la réorganisation du mouvement syndical (post-dictature) ainsi que le mouvement d’éducation populaire pour la Constitution; il a aidé des organismes locaux partout au pays dans une campagne de formation de formateurs pour l’alphabétisation de jeunes et adultes; puis, depuis la seconde moitié des années 80, s’est engagé davantage dans le domaine de l’économie solidaire. À partir des années 90, le CEDAC, travaillant toujours en réseaux, a concentré son action au sein de l’État de Rio de Janeiro, et redéfini quelque peu sa mission, à savoir : « former et aider les mouvements sociaux urbains pour qu’ils puissent mettre en place des actions politiques et organisatrices orientées vers la production du développement, de la démocratie et de la citoyenneté, au travers de processus participatifs d’éducation et d’organisation populaire, dans la perspective de la construction d’une société juste et solidaire.» (CEDAC, Rapport d’activité 2003);

- Le Centro Socio-político (CSp): organisme de la Diocèse de Nova Iguaçu dont le mandat est de « revaloriser le sens politique de la foi, former et appuyer ceux qui militent dans la société civile organisée »29.

Ils le font à travers « l’éducation populaire, particulièrement sociale et politique, et un réseau d’articulation de groupes de base dans les municipalités de Nova Iguaçu, Belford Roxo, Mesquita, Nilópolis, Queimados, Japeri et Paracambi, groupes nommés les Grupos de Fé e Compromisso »30. Ils le font aussi par l’intermédiaire de

plusieurs formations offertes à des groupes divers, sous des formes diverses et avec des objets divers (par exemple les rencontres d’analyse de la conjoncture ecclésiale ou de la conjoncture économique et socio- politique; les cours de formation pour « enquêteurs populaires »; ou celui de « méthodologie en éducation populaire »; ou encore les cours sur le travail, la santé, l’éducation et l’environnement), ainsi que des enquêtes sociologiques sur des aspects touchant la Baixada Fluminense et les 7 municipalités du diocèse, de même que par la production de brochures de formation et de discussion (telle que la « Brochure de Formation politique 2004 », en vue des élections, ou encore le « Diagnostique Socio-politique et religieux des municipalités du Diocèse de Nova Iguaçu » (2004));

- Les groupes Fé e Compromisso : au sein du CSp, ce sont « les groupes municipaux, qui articulent les activités, (...) et sont responsables de tout le travail de formation politique qui se déroule dans les Communautés, telles que des réunions utilisant des brochures de formation politique, des cours de formation politique, etc. »31;

28 Mouvement pour la coopération internationale (Novembre 2013), Un nouvel avenir pour la coopération, Cahier 4, pp. 14-29. 29 Diocese de Nova Iguaçu, Centro Socio-político (2005): Processo de Avaliação e Planejamento 2004-2005, p.1, (traduction libre). 30 http://centrosociopolitico.blogspot.com, consulté le 04/07/19, actualisé le 28/11/08.

31 Ambrozino da Silva, Sonia (2007): Diocese de Nova Iguaçu: uma análise dos efeitos da formação sociopolítica na vida e no

- La Escola de Formação Política: une des responsabilités du CSp est de préparer cette formation pour environ une centaine de personnes, afin de les encourager et surtout de les préparer à être élus et à exercer des postes politiques à divers niveaux;

- Le MTD (Movimento dos Trabalhadores Desempregados) : mouvement semblable à celui des « Sans- Terre » en milieu urbain: des travailleurs sans emploi occupent des usines désaffectées ou encore s’organisent autrement dans des « groupes de production » autogérés (spaghetti artisanal, détergent artisanal, balais et râteaux produits à partir de bouteilles de boissons gazeuses en plastique, vêtements divers, etc.);

- Le PACs (Projets Alternatifs Communautaires), ce sont des projets d’économie solidaire (comme ceux du MTD) dont plusieurs sont financés en partie par la Caritas (organisme relié à la CNBB);

- L’Espaço Progredir: un OSBL de Nova Iguaçu qui offre aux enfants et adolescents de la Baixada Fluminense un programme de traitement de la dépendance aux drogues et un programme de prévention, à travers des « activités qui renforcent les familles et ses liens affectifs et sociaux, tout en visant une culture de solidarité et de développement communautaire »32.

Voici diverses autres organisations qui m’ont ouvert leurs portes, que j’ai visitées ou dont j’ai rencontré et/ou interviewé un ou des membres: des groupes de prière charismatique, dont le « Novo Maná »; l’Associação de moradores (associations d’habitants, pour chaque quartier); des groupes de préparation au « vestibular » (examen d’entrée à l’université), organisés entre pairs et parfois avec la collaboration de professeurs bénévoles; Rádio Catedral, radio officielle du diocèse de São Sebastião de Rio de Janeiro, qui offre une plage horaire hebdomadaire au Diocèse de Nova Iguaçu; le Centre Social São Vicente, qui offre une garderie pour des enfants de 2 à 6 ans et des cours aux mères monoparentales afin qu’elles puissent se réintégrer socialement et économiquement; la St-Vincent de Paul; le Rotary Club; le fond d’investissement de la paroisse; la cuisine de l’église locale; la cafétéria de la garderie locale; la catéchèse; la liturgie; le groupe de jeunes de la communauté paroissiale; un organisme communautaire offrant la coupe de cheveux et d’ongle pour itinérants; les visites aux malades; des syndicats; le PT.

3.2.3 Quelques écueils lors du terrain

Cela dit, une fois des portes ouvertes étant traversées, il reste tout le travail de savoir quoi faire et comment s'y prendre avec ce à quoi on a accès. J’ai tenté de rencontrer des personnes issues de milieux économiques et religieux diversifiés. Mais le terrain visité étant très marqué par la précarité socio-économique, mon succès dans cette démarche a été très limité. J’ai par contre côtoyé régulièrement des agents se reconnaissant dans deux orientations catholiques souvent mutuellement antipathiques: le Renouveau Charismatique et la Théologie de la libération. C’est donc auprès d’eux que j’ai participé à des rencontres et à des activités diverses organisées par des groupes socialement marqués au diocèse.

Il était important pour moi de ne pas envenimer les relations entre des membres du clergé, de communautés religieuses ou même de certains laïcs engagés, éventuellement, avec le Vatican. De ne pas envenimer non plus les relations (parfois déjà tendues) entre membres de la même paroisse, étant donné ce que j'appellerais une certaine « promiscuité » paroissiale : ces gens fréquentaient les mêmes salles, la même maison paroissiale, les mêmes locaux diocésains, partageaient la même eucharistie en allant dans les mêmes messes, partageaient souvent les mêmes tables, tout en se voyant comme des concurrents irréconciliables et en se faisant régulièrement des critiques délégitimantes sur le plan spirituel et de l'engagement. Le fait d’être facilement reconnaissables entre eux faisait en sorte que le souci était constant (non seulement à mes yeux

mais probablement aussi à ceux des gens que j’interviewais) au sujet de la présentation des commentaires que les gens me livraient les uns sur les autres.

Cette « promiscuité » du terrain a aussi accentué l'incompréhension que pouvaient avoir des gens qui étaient proches de moi physiquement (mais qui ne comprenaient pas le sens que je donnais à ma recherche) et qui étaient inspirés par la Théologie de la libération mais qui me voyaient partir pour des rencontres de groupes de prière, alors qu'en principe je me devais, je suppose, de partager quelque peu (en tout cas de manière plus visible) leur aversion pour ce genre de groupe religieux vu que j'étais référée par quelqu'un d'impliqué dans le réseau de la Théologie de la libération.

Un dernier point émanant en partie de particularités du terrain, et qui était pourtant très prévisible, mais non prévu par moi s'est avéré être un irritant pour les gens qui m'accueillaient. Il s'agit des dangers reliés à la violence urbaine de Nova Iguaçu et de Rio, et du sentiment de responsabilité que les gens qui m'accueillaient à la maison paroissiale avaient envers moi. Selon certains, on pourrait ajouter comme élément problématique à l'équation un certain degré d'imprudence de ma part, mais le fait est que, suivant leurs conseils avisés (mais aussi mon expérience, il est vrai pas très longue, de la vie dans des très grandes villes brésiliennes et autres), je n'avais sur moi aucun bijou ni objet visible de valeur (à part mon enregistreuse que j'essayais de ne pas exposer aux regards et une montre de Dollarama, jugée déjà trop voyante), et que j'essayais évidemment de ne pas me promener seule dans des endroits que je ne connaissais pas à des heures tardives, mais qu'en même temps je n'y pouvais rien contre le fait que certaines rencontres de groupes de prière se passaient à des heures relativement tardives dans des endroits que je ne connaissais pas beaucoup, qui n'étaient pas toujours très bien éclairés et que personne de la maison paroissiale hormis moi n'avait d'intérêt à s'y rendre. Confrontée par une personne de la maison à la perspective d'être kidnappée pour rançon et aux difficultés que cela apporterait à Pe. Francisco (ce que, je l'avoue, n'est pas une idée si grotesque lorsqu'on parle de Rio), la seule réponse que j'ai pu trouver était de ne plus porter sur moi mon carnet d'adresses.

3.2.4 Techniques de collecte de données

Dans le cadre de ce mémoire, j'ai utilisé un ensemble de documents pertinents pour ma recherche : - Des documents provenant de divers organismes locaux (comme les paroisses du Diocèse, le Diocèse de Nova Iguaçu lui-même, le Centro-Socio-Político, des groupes de prière du RCC, des Pastorales Sociales, des pamphlets politiques du PT, du Mouvement des Sans Travail et bien d'autres) et de la presse écrite locale : journal « Meia Hora », « O Correio da Lavoura », « Jornal de Hoje », « Jornal Hora H », « Notícias de Nova Iguaçu », journal « Caminhando » (journal du diocèse), mais aussi, « O Dia », « Folha », « O Globo ». J’achetais les journaux presque tous les matins, quant aux prospectus collectés, je me servais à chaque fois que ce genre de document était disponible dans chaque réunion ou local d’organisme communautaire ou autre, tels que le Diocèse, les paroisses, la Casa do Menor, les réunions du MTS, etc.;

- J’ai aussi effectué 31 entrevues semi-dirigées à partir d'un schéma d'entrevue, dont 14 seulement ont été soumises à l'analyse de contenu, et deux entrevues de groupe qui n’ont pas été sélectionnées. À l’origine, le schéma d’entrevue couvrait un terrain plus vaste que celui qui fut retenu au final. Les thèmes proposés aux répondants étaient les représentations de la pauvreté, les systèmes émotionnels des répondants, leurs pratiques socio-politiques et leur capital symbolique. Ceux qui furent au final retenus pour les fins de l’analyse dans ce mémoire furent les représentations de la pauvreté, les orientations religieuses des répondants, leurs pratiques socio-politiques et leur capital symbolique;

- L'observation participante de la vie au presbytère, dans les paroisses du Diocèse, lors d’événements festifs et/ou politiques divers, de réunions de groupes de prière, de réunions de comités de pastorale, de comités

diocésains, du Centro Socio-Político, du MST, de la formation citoyenne et divers groupes de militance citoyenne, et les notes d'observation en découlant;

- Des nombreuses discussions informelles, rapportées dans mon journal de terrain;

Il y a une autre forme « d’observation participante » si on peut dire, qui m’a servi (et ce, que je la rende explicite ou non), bien qu’elle n’ait jamais été notée dans aucun journal, et qu’elle ait eu lieu bien avant que je n’aie entendu le mot « anthropologie » pour la première fois. C’est celle que j’ai vécu il y a environ 29 ans, peu avant que ma famille ne quitte le Brésil pour venir s’installer au Québec. Ma participation en tant que membre de groupes de prière charismatique et l’observation rapprochée de ce qui se passait dans ces groupes, entre eux et entre eux et d’autres instances de l’Église (du fait d’être la fille d’une des responsables et leaders de ce mouvement dans notre paroisse) m’a permis, une fois à Nova Iguaçu, de vivre et d’interpréter plusieurs aspects de mon séjour là-bas bien autrement que je ne l’aurais fait sans ce vécu, et surtout (bien que cela puisse sembler, à première vue, paradoxal), me permet, aujourd’hui, selon moi, d’avoir une perception beaucoup plus riche et émique de ce mouvement catholique que celle que j’aurais eue uniquement à partir de mon expérience de terrain de 2004. Ce bagage ethnographique est certes moins méthodique, mais non moins présent à l'esprit du sujet anthropologue que je suis, avec tout ce que cela implique pour l’intersubjectivité du terrain, la collecte et l'analyse subséquente des données. Il méritait donc selon moi d’être au moins explicité.