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Chapitre 4. LA BAIXADA FLUMINENSE ET NOVA IGUAÇU

4.1 Baixada Fluminense, contexte historique, social et économique

Commençons d’abord par mieux connaître l’histoire de la région ainsi que les caractéristiques par lesquelles elle était reconnue dans l’imaginaire collectif lors de l’arrivée de Dom Adriano, en 1966.

Le territoire de la Baixada Fluminense tel que défini par le Secrétariat de Développement de la Baixada et Région Métropolitaine (SEDEBREM) comprend treize municipalités : Nova Iguaçu, Duque de Caixias, Nilópolis, São João de Meriti, Belford Roxo, Mesquita, Japeri, Queimados, Magé, Guapimirim, Itaguaí, Paracambi et Seropédica. Il s’agit de la configuration géographique que je retiens pour ce mémoire, c’est aussi celle utilisée par Dos Reis de même que par Siqueiro Barreto. La Baixada, qui s’étend sur environ 80 km tout au long de l’autoroute Presidente Dutra depuis la ville de Rio de Janeiro, comporte une population de plus de 3 millions d’habitants. Elle couvre les basses-terres côtières qui côtoient le nord de la Baie de la Guanabara et celles recouvrant le nord de la ville de Rio de Janeiro, d'où son nom qui signifie, littéralement, « Basses-terres fluviales »34 Elle a commencé par fournir à la ville de Rio de Janeiro diverses matières premières (canne-à-

sucre, café, viande, oranges), et a connu son premier stade de développement lors de la construction du chemin de fer au XIXème siècle et à son expansion en 1858. Un deuxième moment important pour la densification de la Baixada a été son drainage et assainissement dans les années 30, alors que le gouvernent fédéral désigne la Baixada comme étant une aire périphérique destinée à pourvoir Rio de Janeiro (capitale nationale à l’époque) en biens alimentaires.

Ces migrations n’ont pas été soutenues sur le plan des infrastructures et prenaient assise sur des installations de fortune, de façon désorganisée, tandis que les fonds de l’État, souvent de source privée, se dirigeaient plutôt vers le centre de Rio de Janeiro, alors reconnu comme grand exportateur de café et capitale de l’élite cosmopolitaine. La Baixada représentait alors une zone où pouvaient être déplacées les populations défavorisées et chassées par la gentrification de Rio. Dos Reis dénonce d’ailleurs cette disparité entre les

34 Rappelons que « rio » signifie « fleuve ». L’appellation « Rio de Janeiro » (Fleuve de Janvier) vient du fait que, Amerigo Vespucci

ressources allouées par les politiques publiques à Rio et à la Baixada comme étant un des effets des politiques contrôlées et anti-distributives bénéficiant les classes de plus grand pouvoir acquisitif, créant des périphéries de plus en plus pauvres selon la distance les éloignant du centre de Rio, les infrastructures se faisant de moins en moins présentes et mettant en évidence le désintérêt des autorités municipales et d’État.

Ces problèmes sont à l’origine de la stigmatisation de la Baixada comme étant un milieu de pauvreté, de criminalité, et de légitimation politique de la violence, notamment par des hommes politiques tels que Tenório Cavalcanti35. On considérait alors que des politiciens tels Cavalcanti « tuaient, mais réglaient (les problèmes) »,

et, selon Siqueira Barretto, qu’ils « réglaient les problèmes parce qu’ils tuaient », et à partir de 1964, cette logique s’est étendue et accentuée avec l’oppression et la suppression de quelconque forme d’opposition politique au régime militaire.

Selon Alves (2002), c’est à partir d’une vague d’assassinats dans les années 70 et suite à cette stigmatisation subséquente qu’est née l’appellation de Baixada Fluminense. Ce qui avait commencé dans les années 60 comme une légitimation informelle de la violence pour contrer une criminalité montante (causée par l’abandon par les autorités locales de toute mesure ou infrastructure visant à assurer la sécurité des commerces et habitants des lieux) est devenu, avec la permissivité accordée aux « justiciers », « matadores » et aux « groupes d’extermination », un mode systémique de contrôle et d’intimidation des autorités politiques, policières et militaires (intimidation accentuée notamment par la couverture médiatique très marquée de ces atrocités).

Comme le montre M. José Cláudio Souza Alves (2003)36, la Baixada Fluminense porte une longue

tradition de violence politique qui se poursuit encore aujourd’hui, où se jouent des enjeux liés autant à l’influence des votes qu’à la corruption, au détournement de fonds et au narcotrafic.

Dans le texte du Diagnόstico Sociopolítico e Religioso dos Municípios da Diocese de Nova Iguaçu de 2004, proposé par le Centre Socio-politique du Diocèse de Nova Iguaçu, on rapportait le fait que près de 160 candidats aux élections municipales de cette année-là, dans la Baixada, étaient soit des tueurs, soit des individus compromis avec des gangs de tueurs. Ils forçaient les gens à voter pour eux ou à leur faire de la publicité, avec différentes techniques d'intimidation. Des gens ont été menacés de mort, certains ont été assassinés. Parmi les victimes, on retrouve entre autres des candidats à des postes politiques, des juges, des journalistes, des leaders d’associations de quartier. Parmi les intimidateurs : des maires, des députés, des conseillers municipaux… Pendant la campagne électorale, d’ailleurs, il n‘était pas rare de voir des candidats mettre ouvertement l’accent de leur propagande sur ce genre « d’argument » (d’ailleurs, notez que le président actuel du Brésil, Jair Bolsonaro, a été élu en ayant comme signe de ralliement la main simulant une arme à feu).

On pouvait aussi voir, à la même période (et ce, autant dans la Baixada que dans la grande région métropolitaine de Rio), des liens évidents entre la violence politique, le narcotrafic et certaines églises pentecôtistes, en particulier l’Église Universelle (des commissions énormes de partisans du PL partaient des manifestations à Nova Iguaçu en se rassemblant d’abord devant un édifice de culte de cette église, des stocks importants d’armements étaient retrouvés à l’intérieur d’églises pentecôtistes à Rio, des trafiquants de drogue et tueurs notoires étaient protégés par certains pasteurs, et des personnes très impliquées dans leur milieu m’ont expliqué comment de l’argent et des votes étaient obtenus, autant dans la Baixada qu’à Rio, avec l’emploi de la violence et de l’influence de certaines Églises pentecôtistes, par l’intermédiaire parfois d’associations communautaires de quartier).

35 Tenorio Cavalcanti était un homme politique des années 20 à 64 à la Baixada Fluminense (conseiller municipal,, puis député au niveau

de l’État puis du fédéral, pour l’État de Rio de Janeiro), très connu par son style politique ouvertement violent, faisant usage de l’intimidation et de l’usage des armes contre ses adversaires.

36 ALVES, José Cláudio Souza (2003): Dos barões ao extermínio: uma história da violência na Baixada Fluminense. Duque de Caxias:

Bien que les années 80 aient été les plus intenses en ce qui concerne la violence, (de même que son association médiatique avec l’image de la Baixada), c’est aussi à cette même période (surtout à partir de 1974) que l’on voit les quelques actions dispersées et limitées de la population locale se transformer dans un véritable mouvement populaire organisé, l’un des plus connus de l’État de Rio de Janeiro, l’Église Catholique ayant beaucoup contribué à son organisation, comme nous le verrons avec Dos Reis.

Sur le plan politique, l’élection de Brizola, en 1982, est présentée par Siqueira Barreto comme ayant été un vote d’opposition dont le discours était orienté vers les classes populaires et ayant fortement marqué les élections municipales. Cependant, force est de constater que cet impact a été, lors des années 90, partiel et davantage discursif qu’effectif. Il a surtout été coloré par le clientélisme et diverses pratiques illégales (distribution de places dans des écoles et garderies, de rendez-vous médicaux et d’opérations gratuites, jumelés à diverses tactiques d’intimidation), alors que sur l’échiquier politique, le brizolisme ne comptait plus qu’un seul maire (celui de Nilópolis, « Neca »), le PT un seul conseiller, et que les mouvements sociaux et les CEB’s ne démontraient plus le même dynamisme que dans les années 80.

Sur le plan médiatique, par contre, les années 90 se sont avérées être une période d’atténuation des stigmates de la Baixada, depuis l’apparition, dans le journal « O Globo », du supplément « Cahier de la Baixada ». Cette tendance a été encore accentuée dans les années 2000 avec la perception que le phénomène de la violence était généralisé et ne se limitait pas exclusivement ni préférentiellement à la Baixada mais touchait également Rio, depuis que le flux de personnes se dirigeait autant de la Baixada à Rio que dans le sens inverse et que la distance physique et symbolique entre les deux zones diminuait (grâce notamment à la construction des lignes de métro rouge et jaune). La Baixada était aussi davantage considérée comme un milieu culturel dynamique et comme un marché commercial potentiel.

Il reste que les disparités socio-économiques entre la Baixada et Rio sont enracinées profondément dans les infrastructures et les esprits. Les municipalités de la Baixada Fluminense ont des revenus par famille plus modestes que Rio, aussi une plus grande disparité sociale, dans le sens où les écarts entre les plus fortunés et les plus démunis sont plus importants qu'à Rio. Il y a aussi plus de violence, de problèmes sociaux et ils partagent des préjugés et un sentiment de rejet de la part de Rio. On prétend ouvertement que les pauvres de Rio et tous ses maux viendraient des gens de la Baixada, et le support financier et social a aussi tendance à s'en aller aux grandes favelas de Rio rendues célèbres par Michael Jackson37 ou Cidade de Deus38 etc., pendant

que la Baixada est négligée.

En ce qui concerne en particulier les 7 municipalités de la Baixada (sur 11) qui constituent le diocèse de Nova Iguaçu, les données sur la santé, l’éducation et la répartition des richesses sont éloquentes. Dans toutes ces municipalités, le dixième le plus fortuné de la population possède des revenus plus importants que ceux des 60% des moins fortunés. Dans le cas de Nova Iguaçu, ville » mère » à partir de laquelle ce sont formées les autres municipalités de la Baixada, cette disparité est moins marquée que dans les autres municipalités : le dixième le plus fortuné possède 34,47% des revenus alors que les 60% les moins fortunés en possèdent 25,94%. Dans la municipalité de Nilópolis, au contraire, cette disparité est particulièrement marquée : le 10% le plus fortuné y possède 39,87% des revenus alors que le 60% moins fortuné a 23,14% des revenus. Le taux d’alphabétisation varie, dans les municipes du diocèse de Nova Iguaçu, entre 84,1% (à Japeri) et 96,2% (à Mesquita). À Nova Iguaçu, il est de 93,9%. Cependant, en regardant les données de plus près, on peut constater une certaine variation en calculant les années d’instruction. Ainsi, l’analphabétisme a des taux

37 Michael Jackson a été à l’origine d’une polémique au Brésil, en 1995, lors du tournage de son clip “They don’t care about us” dans le

bidonville de Santa Marta, à Rio, entre autres parce qu’il a payé un puissant narco-traficant afin d’assurer sa sécurité, mais aussi parce qu’il y dénonçait la pauvreté local précisément au moment où Rio devenait candidate aux Jeux Olympiques de 2004.

38 Cidade de Deus, film réalisé en 2002 par Fernando Meireles et Katia Lund, a gagné plusieurs prix au pays et à l’international. Il raconte

très variés, allant de 3,76% à Nilópolis à 12,4% à Japeri. Et le pourcentage d’analphabétisme fonctionnel (i.e. des personnes qui savent lire et écrire mais qui ont moins de quatre années d’instruction) parmi les personnes de 15 ans et plus varie entre 12,92%, à Nilópolis et 29,58% à Japeri.

Le nombre de lits d’hôpitaux par 1000 habitants dans les municipalités du diocèse de Nova Iguaçu est un autre indicateur pouvant illustrer les conditions de vie et les difficultés d’accès aux services dans la Baixada Fluminense. À l’exception de Paracambi qui dispose alors d’un hôpital psychiatrique desservant la grande région métropolitaine de Rio de Janeiro (ce qui a pour effet de gonfler les données pour cette ville jusqu’à 52,15 lits par 1000 habitants), toutes les municipalités du diocèse disposaient de moins de 3 lits d’hôpitaux par 1000 habitants. Dans le cas de Belford Roxo (0,69) et de Nilópolis (0,89) on n’atteint même pas 1 lit par 1000 habitants.,

L’espérance de vie dans les municipalités du diocèse de Nova Iguaçu tourne autour de 67 ans, et ne varie presque pas d’une municipalité à l’autre. La mortalité infantile (soit le nombre d’enfants décédés avant d’avoir complété l’âge d’un an pour chaque 1000 enfants nés), qui varie de 20,2 à Nova Iguaçu à 31,1 à Queimados, est une des raisons qui expliquent ces chiffres. Une autre, très importante, est le nombre de décès par homicide, surtout chez les jeunes hommes.

Depuis les années 80, le taux de mortalité par mort violente a considérablement augmenté au Brésil. Alors que dans les années 80 cette augmentation était due surtout à des accidents de la route, à partir des années 90 c’est le taux d’homicide qui en est responsable. Selon le IBGE, le taux d’homicide a augmenté de 130% entre 1980 et 2000, passant de 11,7 pour chaque 100 000 habitants à 27 pour 100 000. Rio de Janeiro est le deuxième État en importance pour ces statistiques, où le taux est de 51 personnes assassinées par tranche de 100 000. Le Brésil est le pays ayant le plus fort taux de mortalité par homicide chez les jeunes de 15 à 24 ans. Pour les jeunes hommes appartenant à cette tranche d’âge, le taux était, en 2000, de 95,6 pour chaque 100 000, ce qui représente une augmentation de 46% depuis 1991. Pour ce qui est des jeunes hommes, c’est l’État de Rio qui a le plus haut taux d’homicide, avec 205 jeunes hommes âgés entre 15 et 24 par 100 000, en l’an 2000, dont 89% ont été tués par des armes à feu, ce qui représente une augmentation de 45% par rapport à 1991.

Cette réalité, fortement reliée au chômage, à l’exclusion sociale et surtout à l’attrait d’ascension sociale et économique que présente pour certains le lien avec des gangs reliées au narcotrafic, était constamment présente pendant mon terrain, alors qu’à chaque semaine des personnes travaillant avec des jeunes me racontaient combien de dizaines de jeunes, voire des enfants, des adolescents, avaient été assassinés cette semaine-là, des jeunes avec qui ils travaillaient et qu’ils connaissaient personnellement, qui mouraient par dizaines à chaque semaine dans l’anonymat presque total, souvent sans même que leur mort ne soit signalée dans les journaux (journaux par ailleurs beaucoup plus sensationnalistes que ne pourront jamais l’être, ici, quelque « Allô-Police39 » qui soit).

Des personnes de mon entourage immédiat me racontaient des épisodes de violence qui avaient eu lieu régulièrement autour d’eux, comme lorsque, par exemple, une des personnes travaillant à la maison a vu en rentrant chez elle un jeune homme qui venait de recevoir une balle à l’abdomen se faire transporter à l’hôpital dans une charrue (il n’a pas survécu); ou encore, lorsqu’une autre personne en lien avec la maison a dû consoler sa voisine dont le mari avait été traîné de force hors de la maison, aux petites heures du matin, par une dizaine d’hommes lourdement armés, puis retrouvé criblé de balles sur l’autoroute qui traverse la ville; ou encore lorsqu’une autre personne travaillant à la maison me racontait ce qui s’était produit à l’école de ses enfants, où un jeune homme, déjà blessé par un coup de feu, avait été poursuivi à travers toute l’école, en plein jour et au milieu des enfants, par un groupe d’hommes armées. Il s’était caché dans une salle et s’est agrippé à son

père, à qui les poursuivants ont exigé de « lâcher » son fils « car on n’a rien contre toi et on ne veut pas te faire du mal, à toi », avant d’assassiner son fils sous ses yeux, et ce à l’intérieur de l’école, remplie d’enfants.

Des histoires comme celles-là arrivaient en quantité, à toutes les semaines, et la plupart des intervenants auprès des jeunes, avec qui j’ai pu en discuter, s’entendaient pour dire que des enfants de 10-11 ans sont tout à fait conscients40 qu’en s’engageant dans le narcotrafic ils ne peuvent espérer vivre au-delà de

10 années supplémentaires, mais qu’ils se disent qu’au moins pendant ces 10 ans ils auront de l’argent et surtout les biens de consommation qui pourront leur assurer une reconnaissance sociale qui leur est, autrement, niée.

Pendant mon séjour à Nova Iguaçu, le Brésil se trouvait en période préélectorale pour les municipalités. Ces élections ont eu lieu le 3 octobre 2004: elles étaient considérées comme un thermomètre électoral pour les élections présidentielles de 2006, d’autant plus que certains maires des grandes villes avaient une aspiration avouée à la présidence. Des victoires nombreuses au niveau municipal faciliteraient au fédéral la mise en place des changements dans les politiques sociales auxquelles aspire le parti, ainsi qu’une occasion de renforcer ou d'affaiblir le gouvernement d’alors. Il faut ajouter que la Baixada Fluminense représente un créneau politique important avec ses 23,82% de la population de l’État de Rio de Janeiro, soit près du cinquième de ses électeurs. Il s’agissait donc d’un enjeu important, et j’ai eu l’occasion de constater la ténacité de cet héritage de la violence dans le domaine politique.

Dans les discours préélectoraux, le chômage était le principal point sur lequel les candidats insistaient, et dans les conversations quotidiennes ce sujet revenait souvent, il était un sujet de préoccupation chez beaucoup des gens que j’ai rencontré, et était aussi très présent dans la campagne électorale. Pendant mon terrain, il est arrivé que la municipalité ait annoncé 50 places pour des emplois, et alors 1500 personnes se sont présentées. À une autre occasion, un nouveau magasin de souliers recevait des CV pour 70 places, j'ai alors vu une file de 2000 personnes, et les gens continuaient à arriver au bout de cette file. En 2 jours, pas moins de 10 000 personnes avaient postulé pour ces 70 places. Il y a eu des personnes qui ont passé la nuit dans la file, avant le premier jour, afin d'avoir une chance.

L’augmentation effarante du taux de mortalité par homicide chez les jeunes dans les années 1990 au Brésil, et dans l’État de Rio en particulier, était fortement reliée au taux de chômage et à l’exclusion sociale qu’entraîne la pauvreté qui en découle, et cela alors que l’attrait de l’ascension sociale rapide se révélait extrêmement puissant auprès de cette population, surtout à travers le narcotrafic. Dans ce cas-ci, si toute la famille souffrait des effets de la pauvreté, c’est sans doute chez les jeunes, population plus vulnérable à l’impatience et aux comportements à risque, qu’elle semblait montrer les conséquences les plus tragiques.

4.2 Religion et politique dans la Baixada Fluminense et Nova