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Le processus de classement du monde végétal

5.1 Le classement scientifique

L’étude des plantes ou tout au moins leur examen empirique doit avoir commencé en même temps que l’apparition de l’homme sur la Terre ; elle a dû coïncider avec les choix que l’homme opérait entre les plantes alimentaires et celles nuisibles. Par exemple, l’examen du bois utilisé pour la construction des palafittes, pour la réalisation des objets d’usage domestique et des outils pour la pêche et la chasse démontre que l’homme s’est intéressé, depuis la préhistoire, aux recherches botaniques. Cet intérêt est devenu de plus en plus fort, à tel point que l’on trouve déjà dans l’Égypte ancienne, le « jardin botanique de Karnak », réalisé par le pharaon Thoutmosis III (qui a vécu entre 1476 - 1424 environ av. J.-C.) où l’on peut observer un nombre important de plantes apprivoisées (Cheak, 2013 : 498). Bien qu’Aristote et d’autres philosophes grecs nous aient laissé des observations intéressantes d’ordre naturaliste, le véritable initiateur de la botanique est généralement reconnu en Théophraste (371-286 av. J.-C.). Il a succédé à Aristote dans la direction du Lycée et il a écrit deux traités de botanique représentant les véritables bases de cette nouvelle science : Recherches sur les plantes (en 9volumes) et Causes des plantes (en 6 volumes). Le premier traité est une sorte delivre de botanique générale où l’on trouve des notions de morphologie, anatomie, systématique etc., tandis que le second aborde la physiologie et les applications pratiques des plantes (répertoriées en aromatiques, alimentaires, médicinales, vineuses et vénéneuses) ; ces traités révèlent tous les deux le fait que Théophraste peut être considéré comme le premier véritable biologiste qui a étudié les phénomènes naturels d’un point de vue naturaliste et non philosophique (Magnin-Gonze, 2004 : 22).

6 Création de modèles plus ou moins complets ou efficaces expliquant comment les êtres humains affrontent la tâche de percevoir, reconnaitre et, surtout, catégoriser et nommer le monde extérieur et ses différentes parties (N.T.).

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En revanche, les Romains s’intéressent particulièrement à la botanique appliquée à l’agriculture, commele témoignent les œuvres de Caton (De re rustica écrit en latin vers 160 av. J.-C.), de Varron (De re rustica écrit en 37-36 av. J.-C. en trois volumes), de Virgile (Géorgiques, poème en quatre chants, écrit entre 36 et 29 av. J.-C.), etc. (Magnin-Gonze, 2004 : 22).

L’œuvre du botaniste grec Dioscoride, De materia medica, qui remonte au Ie siècle après J.-C., décrit toutes les substances capables d’exercer un effet physiologique sur le corps humain : elle comprend, donc, les médicaments proprement dits ainsi que celles toxiques et les aliments. L’organisation de l’ouvrage prévoit un chapitre pour chaque argument abordé ; chaque chapitre est ultérieurement divisé en paragraphes disposés selon un ordre interne. Ce n’est pas un système rigide, mais l’auteur indique en principe avant tout le nom et les synonymes de la substance qui est, dans la plupart des cas, représentée par un végétal ; puis, il en indique l’habitat et en fournit une description botanique ainsi que des propriétés et des emplois médicinaux, des effets secondaires, des quantités et des doses d’emploi et,enfin, des règles pour la récolte, la préparation et la conservation. Ce premier groupe d’informations est suivi par un deuxième portant sur le frelatage et les méthodes pour le révéler, les emplois vétérinaires, magiques ou qui ne sont pas proprement médicinaux, et l’auteur donne enfin l’indication précise des localisations géographiques où l’on peut repérer la plante/substance. Les chapitres sont regroupés en cinq livres : après le préambule dans lequel Dioscoride déclare avoir réuni les substances sur la base des effets observés et vérifiés de manière expérimentale, on trouve le premier livre qui traite des substances aromatiques (vingt-sept plantes et drogues médicinales, seize huiles, vingt-cinq onguents, dix- neuf résines et goudrons, trente-sept arbres et arbrisseaux, trente-deux fruits médicinaux et comestibles). Dans le deuxième livre, il décrit soixante-dix-sept substances utiles, fournies par les animaux (médicaments ou parties alimentaires) et cent plantes alimentaires (graminées, légumineuses, légumes à feuille, à tige, à racine ou à fruit). Dans les troisième et quatrième livres Dioscoride décrit toutes les autres substances médicinales végétales (respectivement cent soixante-dix et cent quatre-vingt-quatorze), tandis que dans le cinquième livre quarante-deux chapitres sont dédiés à la vigne et aux vins et quatre-vingt-dix-sept à autant de minéraux. Cet ouvrage a représenté un texte de référence dans le domaine de la médicine et il ne peut être comparé à aucune autre œuvre de son époque parce qu’il donne une description la plus claire et détaillée possible des médicaments, basée sur une méthode rationnelle valable encore aujourd’hui. Dioscoride est considéré à juste titre comme le père fondateur de la pharmacologie parce qu’il a jeté les bases logico-scientifiques de la thérapie pharmacologique ; il a collecté en outre dans son ouvrage tout le savoir thérapeutique de dérivation égyptienne, médio-orientale et gréco-romaine. Pour cette raison, en Occident et en Orient, l’influence exercée par ce traité sur la

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pensée scientifique a été incontournable et s’est prolongéependant dix-sept siècles, jusqu’à la naissance de la pharmacologie chimique (Magnin-Gonze, 2004 : 23).

L’encyclopédie de Pline l’Ancien Naturalis Historia, publiée posthume en 79 après J.-C. et dédiée à l’empereur Tite, est contemporaine de l’œuvre de Dioscoride. Dans cet ouvrage aussi, les arguments ‒ traités très amplement ‒ vont de la botanique à la pharmacologie et bien que l’auteur prenne en considération toutes les sources bibliographiques possibles, il ne cite jamais Dioscoride. La Naturalis Historia est formée de 37 livres dans lesquels Pline aborde les sujets suivants : la description du cosmos, la géographie, l’anthropologie, la zoologie, la botanique (du livre XII au XIX), la botanique médicale (du livre XX au XXVII) et la zoologie médicale (ces deux dernières sont importantes pour la connaissance des anciennes superstitions) et du livre XXXIII au XXXVII on discute de minéralogie, du traitement des métaux et donc de l’histoire de l’art, en fournissant des informations très importantes sur les œuvres et les auteurs autrement inconnus. L’œuvre encyclopédique de Pline est le résultat d’un travail énorme de préparation réalisé sur deux mille volumes et plus de cinq cents auteurs, une recherche qui l’a mobilisé pendant toute sa vie.Cette œuvre représente une mine incontestable d’informations en ce qui concerne l’existence humaine et la connaissance du lexique et de la science botanique ; en effet, dans les livres de l’Histoire Naturelle dédiés à la botanique, on trouve la présence d’un grand nombre de termes d’origine grecque, ce qui témoigne ‒ selon certains spécialistes ‒ de l’influence très forte que la pratique des sciences médicales grecques avait à Rome et du fait qu’elle était l’apanage exclusif des Grecs (Biville, 1993 : 47-50) seuls connaisseurs véritables de la médicine. Cette œuvre témoigne en revanche d’une certaine prise de conscience du rôle de la géosynonymie : Pline est déjà conscient de la différence de dénominations qu’une même espèce botanique peut recevoir d’un lieu géographique à l’autre, sur la base des différentes caractéristiques locales et socioculturelles que possède un peuple donné. Mais cette prolifération de désignations engendre, dans l’Histoire, une confusion par rapport à l’identification des espèces botaniques traitées qui amène l’auteur, dans la plupart des cas, à les différencier, alors qu’il s’agit en réalité de la même espèce. L’œuvre de Pline représente un document fondamental pour la connaissance des sciences de l’Antiquité et elle a été lue et étudiée pendant tout le Moyen Âge et la Renaissance.

Pendant le Moyen Âge, la botanique reste étroitement liée à la médecine ; elle est enseignée aux médecins dans les universités, comme en témoigne l’école de médecine de Salerne où les matières universitaires concernant l’hygiène et l’alimentation sont basées sur les connaissances botaniques grecques et arabes. On enregistre ainsi, dans cette période, l’explosion des études sur les plantes officinales, recueillies dans les herbiers où elles sont illustrées grâce à des figures riches et détaillées. Comme l’affirme Le Guyader (1986 : 72-73), la présence des illustrations des

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plantes confirme que les moyens linguistiques résultent insuffisants pour les décrire et pour les classer. En outre, le manque de critères pour reconnaître les plantes amène à confondre les noms et les espèces elles-mêmes. Il n’y a pas de classifications véritables des espèces, et les sources grecques et arabes étudiées amènent seulement à des inventaires d’arbres, d’arbustes ou d’herbes auxquels sont associés des « vertus », dans la plupart des cas, médicinales.

Avec la Renaissance, les premiers herbiers sont progressivement remplacés par d’autres où les plantes sont reproduites parfois avec rigueur et exactitude (par ex., le très bel herbier de Ulisse Aldrovandi de Bologne) ou bien elles sont conservées après avoir été séchées. La création des premiers jardins botaniques (de 1544 à 1567), dénommés initialement « jardins simples » parce qu’on y cultivait surtout les herbes officinales utilisées pour les préparations en pharmacologie, remonte aussi à cette période ; ces jardins ont été, en même temps, botaniques, médicaux et pharmacologiques (par ex., un des plus anciens a été celui fondé à Pise par Ghini en 1543). L’institution des jardins botaniques universitaires de Padou, Pise, Florence, Rome et Bologne a représenté un attrait important pour les botanistes européens qui ont reconnu à l’école botanique italienne une place privilégiée dans les études portant sur le monde végétal (Pignatti, 1982 I : 3). En effet, le point de vue de la Renaissance sur le monde végétal change par rapport au Moyen Âge pour deux raisons principales : d’un côté, le développement d’une vision naturaliste sur l’homme et la nature qui l’entoure amène les spécialistes à enrichir les études traditionnelles de nouvelles observations et même de critiques et decommentaires des ouvrages anciens ; de l’autre côté, l’invention de l’imprimerie favorise de manière extraordinaire la connaissance et la diffusion des nouvelles œuvres et recherches. De plus, cet intérêt général pour la nature et pour les études naturalistes est stimulé par la découverte de nouvelles espèces végétales originaires d’Afrique et surtout d’Amérique. La botanique commence ainsi à s’orienter vers l’étude des espèces végétales en tant que telles plutôt que de continuer avec l’exploration traditionnelle de leurs propriétés médicinales (Magnin-Gonze, 2004 : 43).

Parmi les botanistes les plus importants du XVIe siècle, onpeut citer Mattioli (1500-1577) et Cesalpino (1519-1603), représentant l’école botanique italienne tandis que, du côté européen, on trouve les contributions de Fuchs et Brunfels, Tragus, de l’Écluse, de l’Obel, Gessner, Jean et Gaspard Bauhin.

Son œuvre Commentarii in sex libros Pedacii Dioscoridis de Materia medica constitue une référence dans laquelle les principes de botanique médicale de Dioscoride sont commentés et approfondis grâce aux connaissances du monde des plantes que Mattioli possède et qui lui permettent d’identifier un nombre considérable de végétaux et de décrire leurs vertus médicinales. L’observation directe et scientifique caractérise de plus en plus la botanique à tel point que l’on introduit un classement des plantes selon un système basé sur leur ressemblance, ce dernier

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est apparu dans les recherches de Fuchs et Brunfels. La science botanique commence ainsi à s’imposer dans le domaine des sciences naturelles et on voit la prolifération d’ouvrages dédiés à la description et au classement des végétaux. Le travail de Hieronymus Bock, dit Tragus, se situe dans ce courant d’études en donnant, pour la première fois, une description d’environ 800 plantes basée sur le stade de croissance, le nombre des pétales, la période de floraison et l’habitat ; de plus, Tragus fournit aussi la première tentative de division des plantes en différents groupes. Même s’il les juge plus avancés par rapport à ceux des époques précédentes, Le Guyader affirme que ces types de classements ne permettent pas une recherche aisée des plantes mais que cependant, un classement véritable doit se baser sur un système hiérarchisé des espèces végétales (1986 : 73).

La nécessité de plus en plus croissante de trouver des critères classificatoires propres aux végétaux amène à une véritableorganisation de la méthode botanique : la morphologie végétale commence à apparaître à l’horizonet elle se base sur l’analyse des différentes parties de la plante, sur la comparaison entre les organes de chaque végétal et sur les différents aspects qu’ils prennent dans chaque espèce botanique (Magnin-Gonze, 2004 : 51-66). Dans ce renouvellement de la botanique, le premier véritable descripteur est le botaniste flamand Charles de l’Écluse qui propose en effet une classification par « groupes » des êtres végétaux d’où résultent trois groupes principaux (Magnin-Gonze, 2004 : 67-68) :

1 Arbres Arbustes

Plantes bulbeuses à fleurs odoriférantes sans odeur puantes 2 Plantes venimeuses narcotiques âcres laiteuses ombellifères fougères graminées légumineuses 3 Champignons

Bien que partielle, cette classification fournit des diagnostics précis et détaillés d’espèces déjà connues ainsi que d’autres inconnues et qui sont décrites pour la première fois par cet auteur.

La flore des environs de Montpellier et des Cévennes a été l’un des sujets d’intérêts du botaniste Mathias de l’Obel (1538-1616) qui a eu le grand mérite d’avoir introduit, en 1581, le critère de la « forme des feuilles » pour la classification scientifique des espèces végétales qu’il a

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illustrées. Son travail est en outre remarquable à cause des informations exactes et précises concernant les localités et le territoire auquel il s’est intéressé.

Les botanistes ont cherché, pendant toute la Renaissance, à trouver une réponse au problème concernant le rôle et les critères qu’une classification du monde végétal doit avoir. Depuis Aristote et Théophraste, cette question a animé d’importants débats qui peuvent se résumer autour de cette interrogation : la classification doit-elle avoir une disposition pratique pour permettre de retrouver aisément et rapidement les plantes ou bien elle doit organiser les plantes sur la base de leurs traits naturels ?

Une réponse ferme arrive du botaniste suisse Conrad Gessner (1516-1565), connu aussi comme le « Pline allemand » et qui a basé sa classification des plantes sur les traits des fleurs, des fruits et des graines caractérisant chaque végétal. Il conçoit, en effet, le monde végétal comme une organisation de relations complexes entre ses différents membres dans laquelle ils sont regroupés en classes hiérarchiquement ordonnées. Son œuvre est complétée par un recueil d’illustrations de toutes les plantes qu’il a analysées et classées et dans lequel on peut trouver des informations détaillées sur la morphologie des fleurs, des graines et des fruits pour chaque espèce végétale. Malheureusement, son œuvre demeure presque inconnue jusqu’au XXe siècle, période pendant laquelle ses illustrations ainsi que ses commentaires et ses annotations reçoivent l’estime qu’ils méritent de la part des milieux scientifiques (Magnin-Gonze, 2004 : 72-73).

Il a donc été nécessaire d’attendre l’œuvre singulière d’Andrea Cesalpino (1519-1603) pour voir la réalisation du premier vrai système de classification botanique. Cesalpino, classé parmi les botanistes les plus remarquables de l’école italienne, a travaillé à Pise et il s’est occupé de classifier les plantes en ensembles déterminés sur la base de la structure des graines, ces derniers ont été ultérieurement divisés en sous-ensembles basés sur d’autres traits, tels que les fleurs, les feuilles, les racines, le latex, etc. Cesalpino a compris, très tôt, l’importance que revêt unevraie méthode basée sur les traits principaux et constants des végétaux pour en arriver à ce qu’une classification des plantesdevienne effective (Magnin-Gonze, 2004 : 77-78).

Le XVIe siècle présente deux autres protagonistes des études botaniques : Jean Bauhin (1541-1613) et Gaspard Bauhin (1560-1624). Ils ont décrit six mille plantes différentes, mais leur plus grand mérite est le fait qu’ils ont adopté une dénomination binominale pour désigner les différentes espèces, en anticipant d’un siècle Linné. Bien que claire et commode, cette nomenclature binominale présente de très grandes limites,et notamment, le fait qu’elle mélange des groupes végétaux basés surleurs traits morphologiques avec d’autres basés sur des facteurs extérieurs aux plantes, tels que l’habitat, la pharmacologie ou leur utilité pour les êtres humains. La contribution de Cesalpino est en général totalement ignorée (Magnin-Gonze, 2004 : 80-82).

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Le XVIIe siècle est caractérisé par les œuvres des premiers naturalistes voyageurs qui contribuent de manière considérable au développement des études portant sur la morphologie végétale et sur une classification moderne des êtres végétaux. L’invention du microscope a eu une importance fondamentale pour les études systématiques. Cet instrument a permis de transformer les spécialistes de compilateurs simples et passifs en observateurs méthodologiques capables de vérifier leurs propres sources et d’aboutir à de nouvelles découvertes. L’importance du microscope a été observée d’abord dans le domaine des études anatomiques qui ont été considérées comme les points de départ pour réaliser de nouvelles classifications. L’œuvre de John Ray trouve sa dimension à partir de cette perspective. Il a projeté, avec son collègue Willoughby, la réalisation de la systématisation de toute la nature ; mais, après la mort prématurée de ce dernier, Ray a continué à travailler seul et en 1682 il a réussi à proposer un nouveau système de classification des plantes dans lequel on introduit le concept d’« espèce », au sens moderne du terme. Ce nouveau concept représente, en effet, le premier pas vers la création d’un système naturel de classification des plantes. Les recherches de Ray aboutissent à la publication de deux ouvrages fondamentaux : l’Historia generalis plantarum (1686-1704) en trois volumes où l’auteur décrit et classifie 18.600 espèces selon leur aspect (notamment la forme et la structure de la fleur, de la feuille, des racines et des fruits) ce qui lui permet d’introduire deux autres différentiations entres les plantes, c’est-à-dire les monocotylédones et les dicotylédones. L’autre ouvrage est dédié à la classification des animaux et a paru en 1693 avec le titre de Synopsis

methodica animalium quadrupedum et serpentini generis (Magnin-Gonze, 2004 : 85).

En 1689, le botaniste Pierre Magnol (1638-1715) publie le Prodromus historiæ generalis

plantarum, in quo familiæ per tabulans disponuntur où il introduit, pour la première fois, le

concept de « famille » botanique ; dans cet ouvrage il classifie 76 familles de plantes.

Le début du XVIIIe siècle est marqué par l’œuvre importante du botaniste français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) qui a le mérite d’avoir introduit les concepts de « genre » et d’ « espèce » botaniques. En 1694, Tournefort publie son œuvre la plus importante, Éléments de

botanique, ou Méthode pour reconnaître les plantes où il regroupe 7 000 espèces de plantes et

décrit plus de 700 genres, en simplifiant ainsi le classement. Cet ouvrage obtient un énorme succès et, en 1700, il est traduit en latin avec le titre de Institutiones rei herbariae dans lequel Tournefort propose, de manière définitive, une classification des végétaux sur la base de la structure des fleurs : en effet il ne classifie pas seulement les plantes selon la forme de leurs corolles, mais il fait aussiune distinction nette entre genre et espèce, en anticipant de cefait Linné. Cette nouvelle méthode de classification des végétauxest résultée exploitable de manière efficace non seulement en botanique mais aussi à des fins didactiques car en mettant au centre du classement le « genre » botanique, il est possible d’aller du genre à la classe, en remontant au

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niveau supérieur et du genre à l’espèce, en descendant la hiérarchie d’un niveau : Tournefort cherche donc essentiellement à donner un classement naturel des plantes où l’on puisse accéder, à partir du genre, à l’espèce et à la classe d’appartenance d’unvégétal.

Mais le système de classification botanique le plus valable reste toujours celui du botaniste suédois Charles Linné (1707-1778) qui a développé une véritable recherche scientifique sur le monde végétal, avec une attention particulière à la classification des plantes. En 1735, dans l’œuvre Systema naturae Linné explique pour la première fois ses critères de classification taxinomique des règnes animal, végétal et minéral. Cependant, l’œuvre qui a influencé le plus les botanistes a été Philosophia botanica, publié en 1751 où Linné a affirmé que les espèces végétales, en tant que parties du projet divin de la création, sont classifiables selon un système immuable fondé sur leurs caractéristiques. Il a donc été possible de reconstruire les relations internes et les différences entre variétés, espèces, genres, ordres et classes. Linné a introduit, à