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B Spécificités du discours de voyage africain francophone

I : La littérature de l’immigration et l’historiographie du champ littéraire africain francophone

I. 6. B Spécificités du discours de voyage africain francophone

Un ouvrage comme Les discours de voyages. Afrique-Antilles, qui envisage de réviser différentes relations de voyage entre l’Europe impérialiste et ses anciennes colonies montre bien que l’écriture de ces mobilités, qu’il s’agisse de la relation d’explorateurs, d’anthropologues, de missionnaires ou d’écrivains attitrés aussi bien du Nord que de ceux du Sud, s’associe à une poétique aux contours difficiles à établir sur le plan des modalités de construction générique comme sur celui de la référence. D’autre part, l’écriture du voyage se prête assez agréablement aux variations liées à l’état des connaissances de la société de sa parution ainsi que des lois qui régissent le marché du livre de cette époque. C’est une littérature en phase avec les mentalités de l’époque de son élaboration. La littérature de voyage est en somme une écriture qui vise à toucher un lectorat plus large et donc se refuse a priori à toute forme d’érudition dans la composition. C’est l’espace de la connaissance de l’autre. C’est aussi un espace de création et de circulation du préjugé et du stéréotype culturel. Prendre en compte l’aspect du voyage permet d’appréhender les créations et les rémanences de la scène du personnage africain en métropole en même temps que d’articuler une poétique très peu représentée dans la réception du roman africain francophone, puisque Jean Sévry soutient que : « Le récit de voyages fait partie de nos aires de rêve, de nos espaces imaginaires, de nos terres d’évasion et d’aventures, et il véhicule ses propres conventions en termes d’esthétique du récit. »1

Dans le cas de la représentation de l’immigration africaine en France, parler d’une écriture du voyage revient à mettre en place un espace d’énonciation qui prenne en compte les modalités de discours qui servent à thématiser la rencontre d’une autre culture. Dans une telle perspective, le roman qui se construit sur un tel topos tend à

1 J. Sévry, « De la littérature de voyages et de leur nature, et à propos des premiers pas, des premiers

regards et d’un rendez-vous manqué, et d’autres réflexions » dans R. Fonkoua (dir.), Les Discours de voyages, op. cit., p.51.

109 mettre en intrigue tous les marqueurs sociaux du rapport intersubjectif dans l’ordre du réel, de l’imaginaire ou du symbolique. C’est à un tel inventaire par exemple que procède Jean Sévry dans l’article ci-dessus cité. À travers un répertoire d’attitudes kinésiques comme les modes de salutation ainsi qu’à travers le sens attaché à des actes comme le don, le repérage dans le temps, la valeur symbolique de la terre et le fantasme sur le corps et la sexualité, Sévry envisage de démontrer les causes de l’échec de la rencontre entre l’Occidental et l’Africain dans le contexte de l’Afrique coloniale. Ces marqueurs de différence se retrouvent également dans les œuvres dites de la "migritude" comme chez Biyaoula, chez Beyala, mais aussi dans le premier ouvrage de Fatou Diome, La

Préférence nationale. Ces points de démarcation des cultures sont également visibles

dans les premiers romans d’immigration africaine comme Mirages de Paris, Un Nègre à

Paris ou encore Dramouss. Une scène comme celle relative à l’invitation au dîner d’un

personnage africain auprès d’hôtes français que ce soit chez des amis ou dans la famille de la conjointe occidentale permet à Daniel Biyaoula dans L’Impasse1, de ressortir tous

les marqueurs de différence entre la culture de Joseph et celle des Rosta, les parents de Sabine, à commencer par la couleur de la peau, jusqu’aux conceptions sur l’art, les préférences alimentaires, les conditions d’hébergement, les problèmes de santé. De ce point de vue, cette scène rappelle bien celles précédemment représentées dans Mirages de

Paris, lorsque Fara se rend chez les Bourciez2 ainsi que dans L’Aventure ambiguë, à

travers la visite de Samba Diallo chez les Martial, les parents de sa conjointe Lucienne.3

Kocoumbo de même est à l’école chez les Brigaud, ses hôtes parisiens :

Le repas fut un exercice assez pénible pour lui. Tandis que ses hôtes maniaient la fourchette avec aisance et s’entretenaient en même temps de mille sujets qui pour lui étaient encore lettre morte, le jeune homme déployait toute son attention pour observer leurs manières de manger, de se tenir à table, s’efforçait de ne rien laisser tomber sur la nappe. À chaque plat, il attendait qu’ils aient tous entamé leur mets pour se servir à son tour de son couvert, les épiant avec toute la discrétion possible.4

1 D. Biyaoula, L’Impasse, op. cit., pp. 148-158 ; 171-175. 2 O. Socé, Mirages de Paris, op. cit., pp.

3 C. H. Kane, L’Aventure ambiguë, op. cit. , pp. 121-129. 4 A. Loba, Kocoumbo, l’étudiant noir, op. cit., p. 90.

110 Le roman de voyage fonctionne ainsi sur le plan de l’implicite, celui des dessous de la narration explicite, comme non seulement un texte de la découverte de l’autre, mais surtout comme un texte de la découverte de soi en présence de l’autre pris comme un miroir. C’est un genre, qui d’Hérodote et d’Homère à Michel Tournier, participe bien d’une longue tradition littéraire.

Toutefois, en dépit de la faible visibilité des spécialistes en littératures de voyages dans l’institution universitaire française, il ne fait aucun doute que le discours critique sur le roman de l’époque coloniale, construit sur le voyage d’un personnage français dans les colonies, a longuement préoccupé les chercheurs qui ont produit à ce sujet des ouvrages considérables et de qualité. En témoignent les travaux réalisés au sein de la SIELEC (Société Internationale d’Études des Littératures de l’Ère Coloniale) sur les littératures coloniale et exotique. Cependant, on note une absence presque totale de cette préoccupation dans le discours critique sur la littérature africaine. Dans quelle perspective heuristique l’écrivain africain a-t-il conçu son projet de voyage dans l’ancienne métropole ? En termes de sensibilité, quel renvoi de lui-même lui donne l’image de la France et des Français que dévoilent ses romans ? Quelle finalité se profile derrière son voyage ? Bien peu de chercheurs en littérature africaine semblent avoir abordé la question sous cet angle. Romuald Fonkoua, l’un des initiateurs du type d’étude qui nous préoccupe ici, distingue de ce point de vue deux types de voyageurs. « Le voyageur à l’endroit » et « le voyageur à l’envers ». Si le premier type de voyageur désigne celui de l’Européen qui séjourne aux colonies, « le voyageur à l’envers » renvoie à l’Africain qui met en texte son récit de voyage en Europe ou qui s’inspire d’un voyage en Europe pour construire une fiction.

D’emblée, Fonkoua relève une distinction de construction formelle entre le récit du voyageur à l’endroit et celui du voyageur à l’envers :

Le discours du « voyageur à l’envers » emprunte les genres familiers de la pratique littéraire sans aucune précision supplémentaire qui la distinguerait, sans la préparation nécessaire à une lecture spécifique, sans la création des conditions d’une écriture particulière et sans l’élaboration des discours théoriques et des mécanismes esthétiques propres à l’invention d’un genre particulier. En outre, à la différence de ce qui s’est produit dans les champs littéraires européens, les récits d’aventures dans l’univers de l’Autre, les comptes rendus ou les relations de voyage ne constituent pas

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un objet reconnu et institutionnalisé à travers des collections et séries spécifiques d’édition susceptibles de forger, de renforcer ou d’inciter une pratique du genre du voyage, ou d’établir entre divers écrivains une concurrence dans le champ littéraire et discursif qui conduirait à sa vitalité.1

La problématique des écritures de l’immigration nous semble arriver à point nommé pour combler ce vide constaté par Fonkoua. Bien qu’instable par rapport à la saisie d’un canon générique spécifique, le récit de voyage « à l’envers », selon Fonkoua présente une unité d’orientation discursive. C’est une écriture en relation avec le discours soit de type pittoresque, associé à l’étude des paysages mais aussi à la connaissance des espaces visités ; soit de type sérieux visant la production d’un discours de type scientifique ou philosophique. En outre, s’inspirant des travaux de Michel Fabre sur le séjour des écrivains afro-américains à Paris autour des années 1930, Romuald Fonkoua démontre que loin de s’associer à une logique de récits pittoresques qui ont été l’apanage des écrivains afro-américains immigrés à Paris dans les années 1930, l’écriture de voyage de l’ancien colonisé francophone ne peut qu’adopter le type du discours sérieux. C’est le récit qui s’inspire du récit du voyageur du XVIIIe siècle français dans lequel « le savoir, la connaissance et l’interrogation philosophique priment sur la description du paysage. »2

Finalement la propension à articuler une réflexion philosophique sur la relation du voyage que l’on retrouve dans Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome ou dans

L’Impasse de Daniel Biyaoula, tient d’une longue tradition inaugurée par les écrivains

pionniers dont les écritures de soi de Bernard Dadié, précisément son œuvre autobiographique Climbié (1956) ainsi que ses autres romans Un Nègre à Paris (1959),

Patron de New York (1964) et La Ville où nul ne meurt (1969), ébauchaient déjà les

motifs, puisqu’elles se posent comme une réflexion du personnage africain sur les sociétés africaines et occidentales, précisément européennes et américaines. À propos du roman Climbié par exemple, Robert Pageard rapporte : « On pourrait considérer cette

1 R. Fonkoua, « Le voyage à l’envers. Essai sur le discours des voyageurs nègres en France » dans R.

Fonkoua (dir.), Les Discours de voyages, op. cit., p.118.

112 œuvre, en partie autobiographique, comme le premier volet d’une quadrilogie qui s’intitulerait Le Monde vu par un Noir. »1

Le récit du voyageur nègre ancien colonisé s’associe, de ce point de vue à un sentiment de malaise ou d’angoisse lié à sa mise en contact avec la culture occidentale. C’est certes les représentations post-coloniales de ces rencontres interculturelles que décrivent les nouvelles écritures de l’immigration en France, mais c’est aussi, dans un contexte antérieur, le récit de Fara, héros de Mirages de Paris d’Ousmane Socé, celui de Tanhoe Bertin, héros narrateur d’Un Nègre à Paris de Bernard Dadié, qui procède à un examen minutieux des mœurs du Parisien. C’est aussi le récit des tribulations auxquelles est confronté Diaw Falla, le personnage que met en scène Sembène Ousmane dans son roman Le Docker noir. C’est encore le récit pathétique des étudiants africains comme Samba Diallo, héros du roman L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, Kocoumbo dans le roman éponyme d’Aké Loba ou celui de Fatoman le narrateur de

Dramouss de Camara Laye. C’est, dans le contexte de l’espace colonial, le récit d’un

personnage africain instruit à l’école française ou d’un personnage qui aspire à compléter son instruction dans le cadre d’une formation à l’université française. Par ailleurs, le poids du passé qu’il traîne comme un fardeau dans sa conscience ne prédispose pas l’ancien colonisé à l’exaltation des paysages ainsi que des êtres qu’il découvre en Occident. Dans sa relation de voyage, « tout semble interdit : l’agrément, la villégiature, l’exotisme, le pittoresque pour le pittoresque, la découverte pour la découverte, l’exaltation des paysages.»2 On peut ressentir cette dimension initiatique chez tous les

personnages d’immigrés sans distinction de génération.

À l’instar du Prométhée de la mythologie, le voyageur francophone, du moins dans les œuvres pionnières du roman de voyage, se présente comme un émissaire africain en Occident. Aussi voit-on Fara, dans Mirages de Paris, s’improviser cicérone des jeunes Françaises sur la place de l’Exposition coloniale et Tanhoé Bertin, le narrateur d’Un

Nègre à Paris, expliquer la vie française à son interlocuteur africain. Le récit aux élans

didactiques du voyageur vise, entre autres, à informer ses amis africains des réalités de la

1 Cité par J. Riesz, « Astres et Désastres »−Histoire et récits de vie africains de la Colonie à la

Postcolonie, Hildesheim. Zürich. New York, Georg Olms Verlag, 2009, p. 238.

2 R. Fonkoua, « Le voyage à l’envers. Essai sur le discours des voyageurs nègres en France » dans R.

113 métropole. C’est également ce à quoi s’attellent certains personnages, dans les écritures de la nouvelle génération. En témoigne les propos persuasifs ou dissuasifs que les immigrés tiennent dans les romans de Fatou Diome, de Biyaoula et de Mabanckou ; les uns encourageant leurs compatriotes à l’émigration, les autres leur tenant au contraire un discours sincère sur la situation sociale des immigrés africains en France qui est toute faite d’humiliation et d’indigence. Ainsi, à de rares exceptions près, le voyageur africain francophone effectue son séjour en France comme une vérification de ses connaissances historiques acquises à l’école, dans le contexte des premières énonciations, à l’école ou dans les médias de masse dans le contexte de la société de globalisation. Climbié par exemple en préparant son examen d’entrée à l’école normale se représente la métropole comme un espace moins violent que la Colonie :

À l’étude, il ne participait pas au bavardage de ses camarades. Il feuilletait son livre de géographie, s’absorbait dans les cartes et les photos. Ici la France avec ses provinces : Le Maine, L’Anjou, La Normandie – peuplées des pommiers, des poiriers semblables à de jeunes manguiers – La Sologne, le Limousin ; et des noms de villes, Paris, Lyon, Reims, Toulouse, Mâcon […] Là-bas, dans un ciel aussi doux, avec des paysages aussi reposants et des eaux sans le moindre remous, les choses, sans aucun doute, doivent se passer plus humainement.1

Les personnages mis en scène dans les romans de voyageurs africains en France, notamment chez Dadié, Loba ou Socé comme ceux de Mabanckou montrent bien leur admiration pour l’espace géographique français. C’est au contraire l’entregent, la culture ou son instrumentalisation qui pose problème au voyageur. Cet état de choses n’est pas nouveau. Il est mis en lumière par Robert Pageard, dans son article intitulé « L’Image de l’Europe dans la littérature ouest-africaine d’expression française », portant essentiellement sur les œuvres des années 1930-1960. Le critique en tire notamment la conclusion suivante :

Dans l’ensemble, l’adaptation à la vie européenne s’avère difficile et la société française, peu pénétrable. Les « serres morales » dont parle Socé dans Mirages de

Paris (page 157) tendent à se constituer aussi bien à Paris qu’à Marseille ; les

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Africains noirs tendent à se regrouper et à s’isoler pour retrouver la solidarité familiale qui a baigné leur enfance.1

Il s’agit bien ici d’une mise en évidence de ce que bien des travaux critiques des nouvelles écritures de l’immigration considèrent comme une forme de communautarisme dans les œuvres de l’immigration contemporaine. Dans une telle perspective, l’écriture de voyageurs francophones en France s’apparente à une stratégie d’argumentation. Elle se pose comme un exotisme de renvoi dans la mesure où elle reprend à son compte le mode de fonctionnement du discours ethnographique de l’ancien colonisateur et l’applique à l’univers de la vie quotidienne de celui-ci. Ainsi que le soutient Fonkoua :

Elle permet au voyageur qui ne découvre rien du monde perçu en réalité qui ne soit déjà connu, rien qui puisse constituer des fondements intangibles dans l’avancée des savoirs proprement dits, d’occuper une place dans le champ des discours et de réfuter tous ceux qui se sont élaborés par le « voyage à l’endroit. »2

L’absence d’un discours en amont de l’énonciation, en l’occurrence celui de l’exotisme entraîné par le fait de la colonisation, nous semble l’élément déterminant de la différence des écritures de l’immigration africaine en France avec les autres formes de littératures migrantes.

Le champ émergent de la littérature dite de l’immigration africaine en France nécessite un recul dans le temps, une saisie du roman africain francophone de voyage dans sa genèse. Dans les travaux critiques analysés, moindres sont les études visant à étudier les corpus d’immigration avec les modalités de conquête de la reconnaissance institutionnelle des écrivains. Légitimer la naissance d’une littérature de l’immigration, induit une relecture des scénographies fondatrices de l’immigration africaine en France ; ce qui impose une prise en compte du contexte d’énonciation des différentes œuvres d’immigration ainsi que l’espace institutionnel assigné à la littérature africaine dans les littératures de langue française. En d’autres termes, l’assignation identitaire que connote

1 R. Pageard, « L’Image de l’Europe dans la littérature ouest-africaine d’expression française » dans

Connaissance de l’étranger. Mélanges offerts à la mémoire de Jean-Marie Carré, Paris, Marcel Didier, 1964, p.344.

2 R. Fonkoua, « Le voyage à l’envers. Essai sur le discours des voyageurs nègres en France » dans R.

115 un terme comme la "migritude" nécessite une étude de l’histoire du roman africain sur la longue durée. L’œuvre de littérature africaine, à travers l’historiographie, est-elle toujours présentée comme une production littéraire, bien qu’en phase de parturition, à mettre sur un pied d’égalité avec les belles lettres françaises ou plutôt le travail critique a-t-il été celui de la propagande plus ou moins complaisante de l’expression d’une collectivité écrasée par la domination et l’oppression ? En effet, il est certes possible que le texte littéraire africain soit mimétique de l’histoire africaine. Cela fait-il pour autant de la voix de l’écrivain africain la mise en scène de l’ethos collectif de l’Afrique ? Ces interrogations qui portent sur le statut de la littérature africaine au sein de la République

mondiale des Lettres1, instruisent le débat des modes d’énonciations thématisés ou passés

sous silence par la critique à propos de cette production littéraire. Il nous semble inévitable, pour mieux appréhender l’émergence d’un courant littéraire nouveau, d’interroger les modalités de réalisation de ruptures dans la création littéraire africaine depuis les textes fondateurs. Notre intention ici n’est pas de nier la fictionalisation de l’oppression coloniale dans les œuvres de Dadié ou de Socé et autres. Nous voudrions plutôt établir que la représentation littéraire de cet univers colonial n’a pas uniquement consisté à présenter la différence culturelle de l’Afrique et de l’Occident de façon exclusive, que les voyageurs, écrivains ou personnages, ont mis en place un tiers espace que les écritures de l’immigration post-coloniale entérinent.

Par ailleurs, si l’on soutient que la littérature africaine rassemble les critères suffisants pour se désigner comme un champ, entre autres, son autonomie2, l’intérêt

s’impose, dans cette étude qui vise à définir les contours à partir desquels on peut inférer la validité du concept de la "migritude" en tant que posture littéraire, d’établir le lien de filiation ou d’écart entre les deux générations des littératures de voyage. Ainsi, il s’agira, en se plaçant dans la perspective de l’analyse du discours, entre autres dans les différents

1 P. Casanova, La République mondiale des Lettres, Paris, Le Seuil, 1999.

2 L’application de la sociologie des champs littéraires de Bourdieu dans l’espace francophone subsaharien a

donné naissance à deux travaux principaux, Les Champs littéraires africains, Karthala, 2009, travail collectif coordonné par R. Fonkoua et Pierre Halen ainsi que l’essai de David K. Ngoran, Le Champ littéraire africain. Essai pour une théorie, paru chez L’Harmattan en 2009. Au sujet de l’autonomie de ce champ, les points de vue divergent. Paul Aron par exemple, dans son article intitulé « Le fait littéraire francophone » dans R. Fonkoua et P. Halen (dir.), Les Champs littéraires africains, Paris, Karthala, 2001, pp. 39-55, est réservé sur cette autonomie.

116 niveaux de la saisie de la parole ou du discours romanesque, entre le discours de surface et le discours de profondeur, entre les énoncés assumés et les insinuations que ces énoncés présupposent, entre le langage de l’énoncé et l’acte de langage que décrit l’énonciation romanesque ; de situer les textes des deux générations par rapport à leur rapport à la langue française, puisque la démarcation du point de vue du style est évidente