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Aspirations, mobilisations et idées pour la toponymie apitipi8inn

Problématique, objectifs et question de recherche

Chapitre 4. Résultats et discussion

4.4. Aspirations, mobilisations et idées pour la toponymie apitipi8inn

C’est à travers l’un des objectifs secondaires de cette recherche, celui de « contribuer à la reconnaissance, voire au rayonnement, de la toponymie apitipi8inni à plusieurs échelles », que des questions spécifiques à la transmission du savoir et aux gestes à poser en matière de pérennisation ont été posées aux participants et que des actions ont été prises afin de redonner les résultats de la recherche à la communauté. Nous aborderons dans un premier temps les réflexions sur les actions entreprises par la communauté et sur l’avenir de la toponymie apitipi8inni. Par la suite, nous détaillerons comment cette recherche est et sera mobilisée, et dans quelle mesure cela correspond aux aspirations apitipi8innik. Enfin, des réflexions accompagnées de recommandations portant sur la relation entre la toponymie « d’État » et la toponymie concluront la discussion sur la mobilisation possible autour de cette toponymie.

Au moment d’entamer cette recherche, les principales actions des Apitipi8innik en matière toponymique concernaient les démarches d’enquête sur l’occupation et l’utilisation du territoire, associées aux revendications territoriales. En effet, un employé du Conseil de bande travaille à la cueillette d’informations associées aux activités menées en territoire, dont les toponymes, les lieux de prélèvements fauniques ou de cueillette, les cimetières, etc. Les informations recueillies sont consignées sous forme d’enregistrements audiovisuels ou audios et de cartes papiers. Les informations ne sont pas, pour le moment, accessibles aux membres de la communauté. En plus de ces démarches déjà détaillées dans le cadre conceptuel, l’école primaire Mik8an dispense à ses élèves des cours de langue anicinape où les toponymes constituent une part du corpus linguistique transmis. C’est donc à raison de trois séances d’une heure et demie par cycle de neuf jours que les élèves de la maternelle à la 6e année s’initient au parler de leurs aïeux (Mowatt, 2018). L’enseignement de la langue à l’école a fait ses preuves chez les voisins orientaux des Anicinapek : les Atikamekw, où leur langue est celle de l’enseignement au premier cycle du primaire depuis 1992 (Atikamekw Sipi, 2020). Bien que l’argument de l’isolement des communautés atikamekw par rapport à la société dominante est avancé pour expliquer la force de leur parler, nous pouvons suspecter le rôle que peut jouer l’enseignement pour expliquer que l’atikamekw soit la « langue parlée le plus souvent à la maison » de 92,5% des habitants de Manawan, Obedjiwan et Wemotaci au recensement de 2016 (Statistiques Canada, 2016a, 2016b, 2016c). Aussi efficace l’enseignement de la langue anicinape à l’école pourrait-il être, une telle action d’ordre linguistique se veut par extension d’ordre toponymique. Donc, les démarches d’enquête sur l’occupation et l’utilisation du territoire et l’enseignement de la langue anicinape étaient les deux initiatives les plus développées en matière toponymique lors du séjour terrain à l’été 2018.

À la fois avec ces démarches et à travers les propos des participants à la recherche, nous constatons de façon invariable que les Apitipi8innik souhaitent une visibilité accrue de leur toponymie. La plupart des

participants sont aussi d’accord avec la reconnaissance par le gouvernement de cette toponymie, soit en officialisant des noms de lieux, mais surtout en détrônant des noms qui ne sont pas en langue anicinape au profit de leur nom d’origine. Certains sont plus sensibles que d’autres : alors que le nom « Harricana » plutôt qu’Anikana ou Kitci Sipi ne semble pas perturber grandement l’intelligibilité locale, des noms comme « rivière Allard » soulèvent des indignations à chaque évocation pour beaucoup d’individus. Les Apitipi8innik ont aussi été majoritairement en accord avec l’idée de promouvoir l’affichage de leurs noms de lieux dans l’espace public. Une participante répond lorsqu’on lui demande si l’officialisation et l’affichage en territoire seraient souhaitables en expliquant en quoi cela contribuerait à une forme de justice et surtout à l’apprentissage :

Ben moi je me dis ‘on occupait le territoire’. Puis, pourquoi pas ? Pourquoi pas redonner des noms de lieux en lien avec les gens qui étaient déjà sur les lieux. Ça nous aiderait nous autres, pis aussi ceux qui le fréquentent plus ou moins. (Entretien #05, 2018)

Qui plus est, en dehors des actions de connaissance et d’enseignement, ce type de discours, de mobilisation, peut constituer en soi une action apitipi8inni en faveur du rayonnement de leur toponymie. Cela permet aussi de confirmer l’utilisation de la notion patrimoniale dans la toponymie : l’idée de poursuite, d’engagement, de « conscience » de l’héritage est l’une des caractéristiques qui nous permet de refaire un parallèle avec ce qui s’avère aussi des symboles d’une prise de conscience. Une autre catégorie d’action, similaire en matière de finalité visée, concerne la création de nouveaux toponymes, honorifiques ou encore réfléchis. Détonnant un peu avec la majorité des noms de lieux anicinapek, cette toponymie « planifiée », forme courante de dénomination chez la société dominante, est envisagée dans des cas ponctuels par certains Apitipi8innik. Dans cet exemple, un participant relate une discussion sur la possibilité de nommer un lieu en mémoire d’un couple de Kitci Anicinapek :

On parlait de son père. Son père, oui c’est ça. On parlait qu’on allait l’appeler du nom de leurs parents à eux autres, où ce qu’on restait, là. On [ne s’est jamais] vraiment arrêté à ça, mais un moment donné on en parlait… (Entretien #09, 2018)

La mobilisation prend donc plusieurs formes, dont certaines ne sont pas traditionnellement anicinapek, ce qui n’a pas empêché les Apitipi8innik de s’approprier l’utilisation de ces formes de diffusion. C’est le cas pour la cartographie, qui apparaît comme une façon d’offrir un support visuel adéquat, mais pas nécessairement complet aux données. La présentation des récits et du symbolisme derrière chaque toponyme apparaît toutefois plus délicate. C’est en considérant les volontés apitipi8innik sur la pérennisation de la langue et en voulant mettre en lumière l’étendue et la richesse de leur toponymie qu’un outil interactif a été mis sur pied

pour diffuser les informations acquises au courant de cette recherche. Pendant les entretiens, en réponse à l’offre d’un outil de transmission des données de type « cartographie interactive » ou encore de type « pamphlet », les participants ont été majoritairement ouverts à l’idée, une participante déjà citée explique son intérêt, partagé par d’autres répondants :

Tu sais, on va peut-être découvrir ben des affaires là. Pis ça serait un livre qui resterait à la communauté ou qui pourrait être acheté par les membres. Moi en tout cas, j’en achèterais c’est sûr là. J’aimerais ça avoir un livre comme ça dans mon chez moi. (Entretien #05, 2018)

Ces considérations ont donc abouti au document en annexe et à sa version principale offerte sur la plateforme

My Maps de Google. Des vidéos, des fichiers audios et des photos sont intégrés et d’autres pourront l’être.

Pareilles initiatives ont pris forme au Canada, notamment une démarche relativement similaire chez les Stz’uminus en Colombie-Britannique (Becker, 2014). La plupart des entités terrestres naturelles (péninsules, îles, montagnes, collines, etc.) ou humaines (portages, hameaux, etc.) furent tracées à la main et les entités aquatiques copiées à partir des fichiers hydrographiques préexistants. Les entités surfaciques permettent à l’utilisateur de mieux se figurer l’ampleur de l’entité par rapport à son voisinage géographique (rapport de taille) et permet aussi, de fait, d’augmenter la portée d’un clic en réduisant sa précision. Il est donc possible d’obtenir des informations sur un lac en cliquant n’importe où sur le lac en question, pas seulement sur un point centralisé en une coordonnée X Y., tel qu’on réduit souvent la représentation cartographique des toponymes. Topaki s’accorde avec l’affirmation de Julyan (2001 : 290), selon laquelle la « toponymie n’est plus une discipline non-technologique »,110 tout en offrant à la plateforme traditionnelle de transmission une place conséquente (fichiers audios et vidéos, et images).

Outre ces informations ponctuelles et les outils développés à partir de ceux-ci, le séjour terrain et les multiples échanges avec les participants ont permis de réfléchir à la place de la toponymie apitipi8inni dans le paysage linguistique québécois et à sa relation avec la toponymie d’État. Ainsi, nous aimerions faire part de nos suggestions, ici destinées aux acteurs de la toponymie au Canada (commissions de toponymie, organes responsables des revendications territoriales, institutions universitaires et culturelles). Il serait ici question d’admettre d’autres recours au passé que ceux de la majorité. Dans cet ordre d’idées, on ne doit plus parler d’intégration de la toponymie autochtone ni d’adaptation, mais plutôt d’une représentation juste. En d’autres termes, il ne s’agirait pas de faire une place dans le système, mais de repenser celui-ci en fonction des multiples noms dans les multiples langues présentes chez les groupes fréquentant le territoire depuis des siècles. Une pluralité nominale est possible, tout en se préoccupant de la sécurité toponymique. Déjà en 1966,

des chercheurs, ici à propos de la langue innu-aimun, soulevaient des questions, que cette recherche ne fait en réalité que raviver et approfondir :

Les sujets choronymiques peuvent en effet se modifier selon des contingences fort variées dont il serait intéressant de dégager des enseignements précieux et, sans doute, des comportements-types et même des règles. À titre d'exemple, mentionnons le cas du portage (sentier, en général en forêt, qui contourne des rapides ou qui franchit une ligne de partage des eaux et qu'on emprunte pour ‘porter’ les canots d'un point à un autre) qui, en langue montagnaise, s'appelle Kaskametawatsistakan en été et Kaskampetsonan en hiver. (Dorion et Hamelin, 1966)

La multiplication des services dispensés par les technologies en matière de stockage des données et de représentations spatiales nous invite à aborder le stockage et l’affiche des connaissances toponymiques apitipi8innik différemment. En effet, les SIG permettent désormais la superposition de multiples éléments ; il serait donc possible d’envisager une pluralité de toponymies non-concurrentielles, affichée sur un même territoire et stockée dans une même base de données publique. Les exemples d’organismes d’État permettant la superposition de plusieurs noms abondent en Occident. Pensons aux exemples canadiens que sont l’affichage de noms gaéliques et anglais à l’Île du Cap-Breton (Nova Scotia, 2020), le bilinguisme officiel au Nouveau-Brunswick (Loi sur les langues officielles, 2002) et au Nunavut (Consolidation of Official Languages

Act, 2008) qui impliquent un affichage bilingue, ainsi que le geste très symbolique de l’officialisation de cinq

noms pour le fleuve Mackenzie par les Territoires du Nord-Ouest (PWNHC, 2015). Par une telle plurivocité officielle, la toponymie gouvernementale ne serait donc plus un modèle sur lequel les « autres » toponymies seraient adaptés, mais un regroupement de plusieurs toponymies aux particularismes représentés via des outils adaptés. Les prochaines recommandations concernent d’une part la relation qu’entretiennent les organes toponymiques d’État envers la toponymie apitipi8inni et d’autre part des possibilités d’adaptation des bases de données toponymiques.

Figure 18. Affichage en anglais et en gaélique sur l'Île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse (Crédit : Jimmy Couillard- Despré, 2019)

D’ores et déjà, nous affirmons qu’il n’y a pas de toponymie, mais bien des toponymies qui peuvent se côtoyer sur un même territoire. Les territoires ont tous leurs particularités, les relations qu’entretiennent des groupes à ceux-ci le sont aussi. La présente recherche aura confirmé que c’est bien le cas chez les Apitipi8innik, qui disposent d’une toponymie et d’une conception de la toponymie qui leur sont propres, divergeant en certains points, dont celui de la langue d’usage, de celle promue par les institutions étatiques. La toponymie apitipi8inni et plus largement les toponymies autochtones font face à des difficultés similaires lorsqu’il s’agit de leur relation à la toponymie dominante. Une première de ces difficultés concerne la mise en marge historique de la toponymie anicinape au profit de la toponymie dominante (Di Gangi, 2010) et une seconde difficulté concerne le maintien de cette mise en marge en faveur des objectifs de « favoriser la stabilité de la toponymie officielle » et « d’éviter la création de ressacs consécutifs au remplacement de noms officiels » (CTQ, 2020b). En effet, changer un nom de lieu auprès d’instances gouvernementales n’est pas chose aisée, bien que cela permettrait une reconnaissance des noms et un retour potentiel de leur emploi à plus grande échelle. Ces changements consistent en une première recommandation : un changement officiel de noms de lieux en territoire apitipi8inni, fait en collaboration avec la communauté, permettrait de réparer un fait historique. Dans le cadre des entretiens, les Apitipi8innik se sont montrés ouverts à ce que leur toponymie soit affichée sur des cartes et remise de l’avant par les institutions gouvernementales, mais conditionnellement à l’emploi de leur langue dans l’ensemble du nom et de l’utilisation de la graphie en vigueur à Pikogan. Une troisième difficulté

concerne cette condition linguistique. Les politiques étatiques, obligeant les noms d’entités à porter un générique francophone ou anglophone, même lorsque le spécifique est en langue anicinape, induisent une dévaluation de la langue et de la toponymie anicinape. Une deuxième recommandation vise donc ces difficultés : il serait souhaitable de procéder au changement de nom de certaines entités au profit de noms apitipi8innik, encore faut-il qu’ils soient entièrement en langue anicinape. Il est ainsi souhaité par les Apitipi8innik que les normes toponymiques puissent désormais intégrer des noms en langue anicinape.

Enfin, la recommandation que nous désirons mettre le plus en avant-scène possible en est une sur la nature des renseignements recueillis à propos de la toponymie apitipi8inni, ainsi que sur les outils employés. Les participants à cette recherche ont soulevé la nature descriptive de leur toponymie et la transmission orale de ce qui s’avère un recours au patrimoine. Pour, d’une part, éviter la muséification de ces savoirs et d’autre part, être cohérent avec les volontés apitipi8innik, l’emploi, de cartes, de SIG et de bases de données ne devrait pas se faire au détriment de la nature même de la toponymie apitipi8inni. Donc, nous suggérons d’incorporer une représentation du territoire grâce aux images, vidéos et sons des lieux et des locuteurs. De plus, le contexte du nom doit impérativement apparaître avec celui-ci et non pas sa traduction seule. Les Apitipi8innik sont détenteurs d’un savoir qui leur est propre, parfois partagé avec d’autres communautés anicinapek, il serait naturel qu’ils aient un contrôle sur ce savoir. Dans cette optique, les précédentes recommandations ne s’appliquent que si les Apitipi8innik sont d’accord avec pareille entreprise et que si les gens impliqués dans la documentation de ce type d’information sont des locuteurs de cette toponymie.

Conclusion

Il aurait été vain de faire une recherche sur la toponymie apitipi8inni sans les Apitipi8innik, tout comme il serait vain de tenter une synthèse de ce portrait sans réemployer leurs mots : nous pouvons donc revenir sur l’ontologie et les composantes de la toponymie apitipi8inni en affirmant que les Apitipi8innik « ne nomment pas le territoire, c’est le territoire qui leur dit ses noms » (O. Kistabish, 2019). Cette vision intégrée de la toponymie dans les pratiques en territoire explique les caractéristiques du corpus et de la dénomination anicinape, à commencer par son utilité et son importance pour les locuteurs. Essentiels pour identifier le territoire, les noms décrivent les entités, jouant un rôle certain de marqueur spatial, au même titre que tous les noms de lieux, mais au-delà, décrivent aussi des pratiques culturelles en projetant leurs noms dans l’espace. C’est alors que les toponymes apitipi8innik peuvent être considérés comme appropriés, condition à leur considération comme symboles. On retrouve dans les noms de lieux apitipi8innik des conseils, des façons de procéder, des recommandations sur les comportements, des histoires d’événements passés, etc. D’un point de vue linguistique, cette intégration entre la langue, le territoire et les pratiques explique une utilisation des génériques « utilitaires » et non pas « systémiques » où l’on nomme une entité avec son générique s’il est nécessaire de le distinguer d’une autre entité. Il en va de même pour les types d’entités, où l’on retrouve des cas ne pouvant correspondre aux catégories usuelles de l’État. Ce qui peut être qualifié de « topocomplexe » associe un ensemble cohérent pour les Apitipi8innik, ensemble qui pourrait être divisé en plusieurs entités si l’on procédait avec la vision étatique de la toponymie. Ne disposant d’aucune frontière physique, la toponymie apitipi8inni décrit le territoire vécu et le mode de vie anicinape, de façon directement associable à la territorialité de ce peuple.

Les deux concepts, toponymie et territorialité, sont ainsi intrinsèquement associés et ce, jusque dans l’utilisation et l’intelligibilité du corpus, qui ne semble révéler aucune contrainte d’utilisation entre les genres ni entre les groupes d’âges. Rappelons que certains répondants ont même évoqué l’universalité possible de leur corpus : « je pense que c’est quelque chose qui faut transmettre à d’autres générations futures pis au peuple, au peuple québécois aussi » (Entretien #11, 2018). Bien que théoriquement illimitées, les perspectives de la toponymie apitipi8inni semblent toutefois indissociables de celles de la langue anicinape, faisant face à des défis communs en matière de transmission. En effet, il a été possible de constater que même si la langue anicinape n’est pas dominante à Pikogan, elle est fondamentalement perçue par les répondants de cette étude comme l’essence même de l’expression du territoire, garante de la description des activités et de l’intelligibilité de la toponymie. Qui plus est, l’utilisation – plus que l’intelligibilité – des toponymes est associable, voire explicable par la volonté d’affirmation culturelle en territoire. Outil permettant une

visibilisation de la culture et plus largement du groupe, l’affirmation culturelle en territoire est rendue possible parce qu’un ensemble d’éléments culturels, dont la toponymie, est considéré comme approprié et qu’une volonté de l’affirmer motive l’action. Elle comprend donc l’affichage et les autres moyens de diffusion, ainsi que les raisons motivant cette diffusion. Il aura été constaté dans le cadre de cette recherche que le moyen privilégié par les Apitipi8innik est l’oralité, mais non exclusivement, car la majorité des répondants se sont montrés ouverts à l’utilisation de moyens non traditionnellement anicinapek tels l’affichage, la cartographie et l’emploi de système d’information géographique pour la diffusion de leur corpus et des savoirs associés. Non sans surprise, l’un des éléments prépondérants motivant l’affirmation culturelle en territoire est le processus de revendication territoriale actuellement mené par la communauté dans le cadre de la politique fédérale, ce qui n’est pas sans poser des questions sur son instrumentalisation et sa patrimonialisation.

Avant toutefois de « devenir patrimoine », les noms de lieux et les entités territoriales désignées par ces noms sont des géosymboles, ce qui a été confirmé lors du séjour terrain et ce à plusieurs échelles. En effet, certains lieux disposent d’une signification pour la communauté, d’autres pour un groupe familial et enfin, bien que nous n’ayons pas autant développé cet aspect, nous n’excluons pas l’idée que chaque individu puisse avoir sa propre relation à une entité du territoire. C’est notamment lorsqu’ils sont reconnus en la qualité de symbole que la patrimonialisation peut avoir cours. Les propos des répondants corroborent la reconnaissance d’un « héritage » toponymique, en plus d’exprimer une volonté de poursuite de la connaissance et de l’utilisation du