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Pour aborder et construire notre objet, nous avons eu recours à plusieurs des outils d'investigation qu'offre la sociologie, de l'enquête par questionnaire aux entretiens en passant par des analyses de cas comparées. La multiplication de "terrains" a constitué en outre un élément de contrôle des connaissances accumulées, les mêmes hypothèses de recherche ayant été confrontées à des objets variés. Et cette diversité a permis d'affiner le questionnement général. Il s'agit moins ici de restituer le processus de recherche avec ses aller-retour (entre terrains, entre terrain et problématique) que de présenter brièvement les différentes enquêtes réalisées sachant que nous y reviendrons en détail en introduction de chacune des parties. Précisons toutefois que cet univers des formations en gestion nous était étranger en 1995, lorsque nous avons commencé notre recherche, et que ce n'est que progressivement que nous avons bénéficié d'"entrées" privilégiées dans ce milieu1.

Dans un premier travail, nous avons enquêté de façon exploratoire sur les enseignants de gestion du supérieur, c'est-à-dire des agents centraux pour comprendre le fonctionnement de la gestion comme discipline. Il ne s'agissait pas de réaliser une sociographie d'un groupe professionnel mais de s'interroger sur "ce qui les fait courir" et "pourquoi font-ils ce qu'ils font ?". Une première enquête par entretien avait pour objectif de prendre connaissance de trajectoires individuelles en choisissant des cas différenciés d'enseignants rendus visibles (et de ce fait accessibles pour l'enquêteur) par un investissement particulier dans leur discipline. Nous avons ainsi interviewé un auteur de

in Le management, voyage au centre des organisations, Paris, Editions d’Organisation, 1998 (1ère édition américaine 1989), pp. 125-147.

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Le fait de ne pas avoir suivi d’études de gestion ne nous est pas apparu comme un manque ou un stigmate durant l’enquête. La relation entre le sociologue et le gestionnaire et celle entre le sociologue et le philosophe, sont sur ce mode non comparables (et à mettre en relation avec la légitimité intellectuelle accordée aux différentes disciplines). Louis Pinto, étudiant les philosophes, note à ce propos : "La possession d’un capital philosophique semble donc être l’un des présupposés sociaux d’une sociologie de la philosophie : elle procure un savoir indispensable et, sous certaines conditions (entre autres institutionnelles), le moyen de résister à la terreur du déclassement ou de l’infamie à laquelle aurait des chances de succomber le profane désigné comme profanateur." Cf. Louis PINTO, Les philosophes entre le

lycée et l'avant-garde, Paris, L'Harmattan, 1987, note 1 p. 6.

Si nous n’avons pas suivi d’études de gestion, nous avons en revanche "expérimenté" le monde professionnel du marketing, en étant ponctuellement durant le début de notre thèse "chargée d’études qualitatives" pour une société d’étude de marchés. La lassitude d’utiliser ses connaissances et son énergie pour des fins jugées peu stimulantes peut devenir une motivation pour devenir enseignant comme nous l’avons constaté chez certains lors d’entretiens. On a pu d’autant plus le comprendre avec notre expérience.

rapport officiel sur la gestion, un membre de la section sciences de gestion du Comité national des universités (CNU), des fondateurs d'instituts d'administration des entreprises, des directeurs de revues de gestion, l'auteur d'un livre d'histoire de la gestion, mais aussi des personnes que nous avons eu l'opportunité de rencontrer par nos propres "réseaux" (un membre de la Société d'histoire des sciences de l'homme, un sociologue ayant enseigné en école de gestion). Universitaire ou enseignant dans une école, spécialisé dans une discipline pointue ou généraliste, en activité ou retraité, ces 14 individus formaient un échantillon exploratoire contrasté. Les questions portaient sur leur trajectoire socioprofessionnelle, leur conception de la gestion, leurs activités actuelles concrètes. L'intérêt était double. Il consistait tout d’abord à se familiariser avec le milieu étudié : se déplacer dans certains lieux inconnus telles les écoles de commerce, accumuler des données sur la personne interviewée avant et durant l'entretien, collecter des points de vue sur la gestion comme discipline, obtenir des connaissances factuelles. Par l’accumulation d’itinéraires singuliers, il s’agissait ensuite de tenter de cerner la structuration de cette "communauté disciplinaire". Qu’est-ce qui les rassemble et qu’est-ce qui les différencie en termes de milieux d’origine, de formations initiales, d’intérêts intellectuels, d’activités de conseil, d’investissements dans leur institution de formation, de possibilité de carrière ? Quels ont été leurs alliés et leurs "ennemis" et dans quels types de combats ? Ambitionnent-ils d’être reconnus plutôt par leurs pairs ou plutôt par les praticiens d’entreprise ? Il s’agissait d’entretiens souvent courts  rarement plus de deux heures  réalisés avec peu d’informations pour les préparer, et c’est seulement relativement tard, en ayant affiné notre questionnement et complété certaines données, que nous avons pu exploiter ce matériau initial1.

Parallèlement, nous avons pris pour objet des présentations contemporaines de corps enseignants de grandes écoles de commerce (brochures produites et diffusées par les écoles les plus prestigieuses compilant des curriculum vitae) et de la filière universitaire de sciences de gestion (document administratif réalisé par la Direction du personnel de l'enseignement supérieur et de la recherche, appelé le "cocotier"). Leur analyse permet de s'interroger sur les délimitations "indigènes" du groupe des enseignants : sont distingués un corps universitaire de maîtres de conférences et professeurs en sciences de gestion et des corps d'enseignants permanents propres à chacune des grandes

écoles et spécialisés en marketing, finance, comptabilité-contrôle de gestion, etc. Dans chacun de ces deux systèmes, seule une fraction des enseignants apparaît : les titulaires de poste dans les universités et les "enseignants permanents" dans les écoles ; sont exclus tous les intervenants contractuels ou vacataires, qu'ils soient parallèlement doctorants ou en poste dans une entreprise ou une administration.

Nous avons ainsi produit à partir de ces documents datant du milieu des années 1990, des données systématiques relatives à l'âge, le sexe, le statut et la possession ou non d'un doctorat concernant les corps enseignants de HEC (N = 106), l'INSEAD, Institut européen d'administration des affaires (N = 101), l'ESCP, Ecole supérieure de commerce de Paris (N = 93), l'ESSEC, Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (N = 72) et les titulaires d'un poste à l'université en sciences de gestion (N = 802). Pour les universitaires, nous avons complété cette base initiale avec quelques données concernant en particulier la thèse (la discipline et le type de doctorat, le directeur de thèse, l'université d'inscription, l'intitulé de thèse) et le passage par l'Ecole nationale supérieure de Cachan (l'agrégation du secondaire correspondant à une voie d'accès à l'enseignement supérieur comme dans d'autres disciplines).

Les brochures des grandes écoles (particulièrement celle de HEC, la plus dense) ont l'avantage de fournir une véritable "présentation de soi" des enseignants c'est-à-dire à la fois des informations factuelles relativement riches (formations, activités, etc.) et une mise en forme des données (nomenclature standardisée, sélection des informations, etc.). Cet objet particulièrement "préconstruit" nous a fourni une première matière — en particulier la description de la production intellectuelle et des expériences professionnelles — pour adapter et tester les indicateurs de capitaux académique, scientifique, entrepreneurial et politico-économique. Le travail de réduction du réel à des variables et modalités de variables oblige à étudier les classements indigènes, à clarifier ses hypothèses, à penser ensemble la singularité des trajectoires et la généralité des oppositions. Cette opération de déconstruction aux retombées immédiates faibles — nous n'avons finalement pas réalisé l'analyse statistique des CV des professeurs d'HEC — a été féconde à plus long terme. Elle a été en particulier réinvestie à l'occasion de l'analyse des trajectoires d'enseignants formés en Amérique du Nord par la Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises (FNEGE).

Grâce à une enquête originale, nous avons pu étudier précisément une population centrale dans l'enseignement de la gestion : les bénéficiaires d'une bourse de la FNEGE qui, entre 1968 pour les premiers et 1979 pour les derniers, ont effectué un séjour de

formation en Amérique du Nord organisé et financé par cette organisation, et se sont engagés en contrepartie à devenir, au moins durant quelques années, formateurs en gestion. Dans le cadre d'une commande de cette organisation sur sa propre histoire, nous avons eu l'opportunité et les moyens de réaliser une enquête par questionnaire auprès de 340 anciens "boursiers"1. Cette recherche, qui s’est progressivement autonomisée, nous intéressait à différents titres. Elle nous plongeait au cœur de l'institutionnalisation et de la professionnalisation des enseignants de gestion dans les années 1970. Elle rendait possible l’analyse de l'enjeu du passage par l'Amérique du Nord et ce qu'il recouvrait en matière de savoir acquis et d'expérience vécue. Enfin, elle avait l'intérêt de viser une population d’agents qui, un temps, ont envisagé de devenir formateurs en gestion mais ne le sont pas nécessairement devenus ou restés. On pouvait donc, a posteriori, réfléchir sur l'espace des possibles professionnels qui s'offrait à eux et sur d'éventuelles dispositions spécifiques à s'investir dans l'univers des formations supérieures de gestion, à l'université ou dans les écoles de commerce. S’il s’agissait d’une population spécifique (formée en Amérique du Nord pendant au moins un an), nous pouvions néanmoins la considérer comme révélatrice des processus en cours pour les entrants des années 1970. Evidemment, pour exploiter les réponses à ce questionnaire (N = 158), nous nous sommes largement appuyée sur notre travail de codage préalable. Permettant d'analyser les contours du groupe en termes de trajectoires, l'accès à ce terrain constituait donc pour nous une opportunité exceptionnelle. Cette enquête était en outre l’occasion de collaborer avec M.-E. Chessel, historienne qui a initié l'enquête par questionnaire puis s'est centrée sur les premières années de fonctionnement de la FNEGE et sur sa genèse (1965-1970)2. Cette étude d'histoire de la FNEGE, de par l'investissement qu'elle nous a demandé, a largement influencé la chronologie finale de notre thèse3. On a poursuivi ensuite ce

1 Nous reprenons parfois ce terme utilisée par la FNEGE pour désigner les bénéficiaires d’une

bourse de formation et qui nous évite d’utiliser la périphrase "individu formé au management en Amérique du Nord dans les années 1970". Ce terme a l’inconvénient de se référer implicitement à "la figure du boursier", jeune et issu d’un milieu dévalorisé économiquement (ce qui est rarement le cas des individus étudiés).

2 Aux intérêts intellectuels s'ajoutait un intérêt matériel déterminant puisque ce cadre de recherche

nous a permis d'être financée grâce à une bourse de recherche de la FNEGE.

3 Ce travail, commencé fin 1997, a donné lieu à un rapport de recherche intermédiaire puis, après

de nouvelles enquêtes, à un ouvrage paru début 2001. Durant toute la recherche, s'est réuni un "comité de pilotage" composé, outre de M.-E. Chessel, (ancienne secrétaire de rédaction de la Revue française de

gestion puis chargée de recherche au CNRS) et moi-même, de Jean-Claude Cuzzi, secrétaire général de la

FNEGE, Jean-Marie Doublet, ancien secrétaire général et rédacteur en chef de la Revue française de

gestion (et initiateur de ce projet) et enfin Patrick Fridenson, directeur d'études à l'EHESS. Cf.

Marie-Emmanuelle CHESSEL, Fabienne PAVIS, La Fondation nationale pour l'enseignement de la

gestion des entreprises (1968-1977) : Quel impact sur la formation à la gestion en France ? Rapport intermédiaire de recherche, FNEGE - Centre Pierre Léon d'Histoire économique et sociale - Cultures et

travail de biographie collective sur une autre fraction d'enseignants engagée dans l'univers des formations en gestion dans la période antérieure : les directeurs d'IAE en poste entre 1955 et 1968 (N = 23). Se centrer sur ces économistes et juristes, investis au moins statutairement dans la gestion nous a conduit à préciser l’univers intellectuel et institutionnel des facultés de droit. Sur la base de ces diverses enquêtes, nous avons mis en rapport les dispositions et prises de positions d'agents dans l'univers de la formation en gestion à différents moments et ainsi clarifier le mode de structuration de cette profession peu unifiée.

Un troisième type d'approche a consisté en des études de cas comparées : l'une concernant trois revues, l'autre quatre institutions de formation en gestion. Il s'agissait, après avoir situé les cas étudiés dans un espace plus large — première étape basée sur des travaux existants pour les institutions ou nécessitant un travail original pour les revues —, de mettre en œuvre une étude fine s'appuyant sur différentes méthodes (entretiens, analyse documentaire, comptages, etc.). L'étude qui porte sur les publications dans lesquelles écrivent les enseignants de gestion visait à interroger la distinction usuelle opposant les revues académiques aux revues professionnelles en mettant au jour les ressources des publications — ressources qui proviennent de la spécialité de la revue, de la reconnaissance des membres du comité de rédaction, du statut des auteurs, des propriétés formelles des articles, des origines de la revue, etc. — et en les comparant1. Autant les revues nous sont apparues rapidement comme un objet évident, canonique pour une sociologie des disciplines, autant l'objet institution de formation ne s'est imposé à nous que plus tardivement, une fois que nous avions pris la mesure de la spécificité de la gestion (discipline avant tout de formation, enseignée dans des institutions au rôle social varié, etc.). Et c'est à nouveau dans le cadre du programme de recherche sur l'histoire de la FNEGE que nous avons réalisé cette enquête. En nous donnant accès à certaines sources (en particulier les archives de la FNEGE) et en nous finançant, la fondation nous donnait les moyens d'enquêter sur quatre institutions spécialisées dans l’enseignement de

sociétés urbaines, Novembre 1998, 274 p. ; Marie-Emmanuelle CHESSEL, Fabienne PAVIS, Le

technocrate, le patron et le professeur, op. cit. Nous avons repris dans cette thèse les trois chapitres que

nous avons écrits dans l’ouvrage : le chapitre 8 de l’ouvrage est repris et développé dans les chapitres 2 et 3 de la thèse tandis que les chapitres 9 (et partiellement 7) sont développés dans les chapitres 5 et 6 de la thèse.

gestion : l’ESSEC, l'IAE d'Aix-en-Provence et les écoles supérieures de commerce (ESC) de Rouen et de Lyon2. Il nous revenait en contrepartie de proposer une analyse des conséquences de l'action de la FNEGE en posant la question intéressant les commanditaires : en quoi les "boursiers" de la fondation sont-ils devenus des "acteurs du changement" ? La période étudiée, qui correspond à la création de la FNEGE (milieu des années 1960 - milieu des années 1970), avait le double intérêt de se focaliser sur une période déterminante pour le développement de la gestion et de ne pas toucher (du moins

a priori) aux enjeux actuels du milieu. C’est dans ce cadre que nous avons réalisé 25

entretiens auprès de directeurs d’établissements et d’enseignants en poste à l’époque. L’objectif, à travers ces points de vue singuliers et situés, était de restituer, pour les quatre établissements, les conditions de constitution d’un corps enseignant spécialisé en s’intéressant en particulier aux relations avec la tutelle (chambre de commerce ou ministère) ainsi qu’aux tensions entre enseignants et direction d’institution et entre enseignants. L'enquête était facilitée en travaillant sur une période révolue (et valorisée par les acteurs, celle de la "modernisation" de l'enseignement de gestion) et en étant introduite par la FNEGE.

Enfin, d'autres approches du terrain ont été utilisées tout au long de cette thèse : l'observation et la recherche documentaire. Différentes manifestations "académico-mondaines" du milieu de la gestion ont constitué des "micro-objets" ayant nourri la recherche aux différentes étapes : colloques, journées d'études, conférences publiques, soutenance de thèse, cérémonie en l'honneur des professeurs honoris causa du Groupe HEC. Dans une optique plus ethnographique, on s'interrogeait sur la forme particulière que prenaient les rituels académiques dans cette discipline hétéronome et sur ce qui s’y jouait. La recherche documentaire a également accompagné l'ensemble du travail : revues, ouvrages de spécialistes de gestion, annuaires, rapports officiels, histoire interne de la gestion, témoignages publiés, statistiques sur les formations en gestion et l'insertion professionnelle des étudiants, presse spécialisée et générale. Ces données issues de documents datant des années 1950 à aujourd’hui, outre leur valeur strictement informative essentielle, ont surtout été utilisées à titre complémentaire pour construire des données morphologiques (par exemple sur l’évolution du corps enseignant à l’université depuis trente ans), construire des indicateurs (pour positionner les institutions

1 Ce travail, initié en 1996, a fait l'objet d'une communication puis d'un article. Fabienne PAVIS,

"Les revues de gestion françaises : légitimité savante versus légitimité entrepreneuriale ?", Information sur

les sciences sociales, vol. 37, n° 1, mars 1998, pp. 81-112.

de formation en gestion les unes par rapport aux autres), pour cumuler des prises de position publique (par exemple au moment des réformes universitaires des années 1960). Les quelques incursions réalisées dans les archives nationales ou celles du rectorat de Paris ont été peu productives et celles de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris ont été très partielles. Dès lors que nous avons commencé à travailler dans le cadre de l’histoire de la FNEGE, nous avons en effet renoncé à chercher des traces des politiques publiques (ou consulaires) visant le renouveau de la gestion dans le cadre d’une division du travail avec M.-E. Chessel qui a en partie pris en charge ce domaine. Etant donné l’importance des deux enquêtes sur lesquelles nous nous étions engagées, nous avons également abandonné l’idée de travailler précisément sur l’histoire de l’université Paris-IX-Dauphine ou sur d’autres filières dans lesquelles la gestion s’est imposée, comme les IEP ou la section d’AES1

. Nous nous sommes restreinte à un travail de mise en perspective fondé sur des investigations limitées. Précisons par ailleurs que nous avons mis à disposition du lecteur des documents issus de sources variées (brochures, entretiens, statistiques, observations…). Il peut s’agir également de développements périphériques que nous estimions importants sans néanmoins souhaiter les intégrer dans le corps du texte. Ces documents et encadrés jalonnent le texte, page de gauche.

Nous voudrions attirer l'attention sur deux difficultés rencontrées au cours de l'enquête : l'une concerne la question de l'anonymat et l'autre la relation observateur/observé. La question de l'anonymat se pose d'une façon particulière dans l'univers de l'enseignement supérieur et de la recherche, puisque l'un des enjeux de cet espace consiste justement à "se faire un nom", y acquérir une visibilité nominale auprès de ses pairs mais aussi du monde profane. Outre le fait qu’anonymiser est souvent difficile tant la position d'un individu renvoie à un nom propre, c'est prendre le risque de ne pas considérer dans l'analyse le capital spécifique lié au nom ("la notoriété"). Nommer, à l'inverse, c'est prendre le risque de penser (et de lire) en termes de "personne",

1 Précisons qu’un travail universitaire portant sur Paris-IX Dauphine devrait prochainement voir le

jour, le président actuel étant d’accord pour ouvrir l’accès aux archives. Concernant les filières non spécialisées en gestion, leur étude aurait permis de saisir d’autres formes de résistance à la montée de la gestion dans l’enseignement supérieur ou au contraire d’alliance avec les gestionnaires. Dans ces filières, ce sont en particulier les enjeux de postes liés à des intitulés de cours que l’on aurait pris pour objet. Pour une description de ces questions dans le cas de la science politique (face au droit constitutionnel en particulier), cf. Jacques LAGROYE, "L’enseignement de la science politique dans les universités", in Pierre FAVRE, Jean-Baptiste LEGAVRE (dir.), Enseigner la science politique, Paris L’Harmattan, 1998, pp. 291-323.

c'est-à-dire de singularité irréductible aux propriétés intéressant le sociologue1. Dans notre travail, nous alternerons l'usage ou non de l'anonymat suivant en particulier les conditions d'accès au matériau et son mode de restitution. Dans la mesure où la population étudiée est (en très grande majorité) vivante, encore en activité et susceptible de lire la thèse, nous préférons, afin d'éviter tout risque d'interprétation en termes de