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Pour apprécier le travail métacognitif de l’élève en déficit de langage

apprendre des élèves en classe de langue

4. Exemples de critères individualisés pour évaluer la progression du travail métacognitif de l’élève

4.2. Pour apprécier le travail métacognitif de l’élève en déficit de langage

Comme nous l’avons souligné, un des objectifs importants d’enseignement/

apprentissage des langues étrangères aux élèves en défi cit du langage est de contribuer au développement de la compétence cognitive de l’apprenant ce qui renvoie à l’enrichissement, à la modifi cation et à la vérifi cation des concepts établis en langue maternelle. L’accès à ces concepts se fait par les actes de connaissance auxquels l’apprenant pourrait avoir accès s’il est suf-fi samment guidé par l’enseignant. Il est question d’orienter les pratiques pédagogiques sur les diffi cultés observées lors de la rééducation de la langue première (le polonais dans le cas des élèves à l’école polonaise). Néanmoins, la question se pose quant au choix des éléments susceptibles de provoquer des doutes chez les apprenants en diffi culté. Il est pourtant à retenir que certaines structures ou formulations peuvent paraître plus transparentes lors qu’elles sont utilisées en langue étrangère. À titre d’exemple, on peut citer

ici des observations des enseignants de langues travaillant avec les élèves en diffi cultés du développement du langage :

 l’ordre des mots dans les phrases des langues analytiques (par rapport aux langues fl exionnelles, comme le polonais) est relativement plus saisissable pour les élèves en défi cits auditifs : l’absence des suffi xes fl exionnels ainsi que des limites de modifi cation de l’ordre de mots à l’intérieur d’une phrase permettent de saisir ses éléments avec plus de sûreté et de produire des énoncés corrects de ce point de vue ;

 l’enchaînement des liens logiques entre le mot (ou une expression) et le concept sous-jacent est parfois plus nettement posé en langue étrangère (comme en français les noms composés du type : arbre de Noël, arc-en-ciel traduisent quasiment de manière explicite le sens),

 le choix de textes orientés vers une dominante (narrative, descriptive, argumentative, etc.) proposés en classe de langue étrangère permet d’envisager les fonctions des items linguistiques pour exprimer une intention communicative : les textes travaillés en cours de langue maternelle ont déjà une portée plus sophistiquée (généralement, ils sont plus longs et compliqués – leur fonction communicative est plus voilée), les écrits proposés en cours de langue étrangère amènent l’élève à repenser la valeur du schéma formel de ces textes (cf. Domagała-Zyśk & Karpińska-Szaj 2011 ; Karpińska-Szaj 2005).

Dans le cas des défi cits du langage, il est donc tout à fait avantageux de ne pas dissocier l’apprentissage de la langue maternelle de l’apprentissage de la langue étrangère, étant donné que ce dernier peut apporter des effets bénéfi ques sur le développement des compétences en langue première sou-mise à une rééducation à long terme.

À titre d’illustration nous présentons une séquence pédagogique réelle-ment proposée lors de l’apprentissage de l’anglais langue étrangère à un gar-çon sourd profond (11 ans, enfant oralisé, intégré dans une classe régulière)5. Le diagnostic des diffi cultés a été fait à partir des travaux écrits de ce garçon proposés en cours de polonais (langue maternelle). Un exemple de ces textes se trouve ci-dessous :

5 Cette séquence pédagogique a été réalisée en 2010 pendant une des rencontres individuelles accompagnant l’enseignement régulier dans un établissement à Poznań. Le cas ici décrit concernait un cours supplémentaire d’anglais langue étrangère. Étant donné que les élèves malentendants sont obligés d’apprendre une seule langue étrangère, dans la plupart des cas ils choisissent l’anglais. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’appuyer notre réfl exion sur le parcours thérapeutique proposé en cours d’anglais.

Image 1 : Fragment d’un texte écrit en polonais par un garçon sourd profond (11 ans) Ce fragment illustre certaines diffi cultés éprouvées par ce garçon : les fautes morphosyntaxiques, les erreurs d’organisation des idées, les détour-nements du sens. A cette étape d’enseignement scolaire, les problèmes de ce genre devraient être maîtrisés. L’élève risque donc une sanction sans pour autant avoir une occasion de repenser son apprentissage. Par contre, les activités facilitant la prise en compte de l’arrangement des informations dans le texte réapparaissent en cours d’une langue étrangère. Par le transfert des apprentissages, elles peuvent infl uer sur la qualité des tâches proposées aussi dans l’enseignement du polonais.

Nous avons donc proposé une activité de lecture en cours d’anglais langue étrangère, conçue pour offrir un soutien pour organiser la rédaction d’un texte descriptif. La consigne consistait à retrouver les sources d’informations sur les personnages à partir un récit simple et à l’aide d’un tableau (nous présentons ces deux documents ci-après) :

Images 2 : Texte soumis à la lecture et analyse (source : Ściborowska & Kubrakiewicz 2009 : 72).

Ce que j’ai appris de la présentation du

per-sonnage principal Ce que je sais des actions du personnage principal

famous detective, lived in London, helped many people, played the violin Comment je peux nommer les liens entre

les personnages présentés dans le texte

Quels sont les passages du texte qui ne disent rien sur le personnage principal ?

They always worked together.

----Tableau 2 : Collecte des informations reliées au personnage (élaboration propre)6. Travailler la répartition logique des idées contenues dans un texte relative-ment simple en cours de langue étrangère s’explique par le besoin de s’assu-rer de sa compréhension. De sorte, cette activité n’est pas ressentie comme banale ou peu adhérente au niveau de la maturité cognitive de cet élève.

La même grille a été proposée ensuite pour que l’élève puisse autoéva-luer sa production écrite en polonais (le même texte sur son chien) et le représenter à l’évaluation par l’enseignant de polonais. En même temps nous lui avons demandé de préparer un texte en anglais sur le même sujet (nous présentons sa production ci-après) :

6 Les consignes dans ce tableau ont été écrites en polonais, nous les avons traduites pour les besoins de cet article (d’autres propositions se basant sur les mêmes principes rédigés en français se trouvent dans Karpińska-Szaj 2005 : 286-287).

Image 3 : Texte écrit en polonais et en anglais par un garçon sourd profond après une intervention pédagogique axée sur le transfert des apprentissages.

L’effort de l’élève qui consistait à repenser ses préparatifs de l’expression écrite a été évalué pour ses qualités de production en polonais et en anglais.

5. En guise de conclusion

L’idée de promouvoir la compétence d’apprentissage dans l’enseignement de langues étrangères n’est pas du tout nouvelle. Pourtant l’objet et l’objectif du savoir apprendre d’une langue étrangère étaient souvent limités au développe-ment des stratégies d’apprentissage sans se rendre compte que celles-ci sont fortement conditionnées par la pédagogie des moyens de connaître axée sur l’apport de la métacognition. Dans notre propos, nous avons voulu mettre en relief la nécessité du travail sur l’acte métacognitif afi n de prévenir l’échec dans l’apprentissage des langues étrangères. Par le fait que celui-ci s’interpose sur tout un éventail de compétences de nature non seulement langagière, la valorisation de la métacognition pourrait contribuer à compenser les défi cits d’apprentissage général de l’élève. Ces observations sont aujourd’hui appré-ciées dans les documents de l’Europe Unie visant la formation de la politique linguistique7. Néanmoins, il manque d’instruments d’évaluation du progrès de l’élève se rapportant justement à cet aspect d’enseignement/apprentissage de langues étrangères qui, dans beaucoup de cas, reste primordial. Notre propos n’est qu’une contribution pour ce nouveau défi .

Références bibliographiques

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7 Un résumé intéressant des principaux documents formant la politique linguistique en Europe Unie (avec un regard critique porté sur certaines idées idéologues) se trouve dans l’ouvrage sommatif de Bruno Maurer de 2011.

Domagała-Zyśk, Ewa & Karpińska-Szaj, Katarzyna (2011), Uczeń z wadą słuchu w szkole ogólnodostępnej. Podstawy metodyki nauczania języków obcych, Kraków: Ofi cyna Wydawnicza Impuls.

Castellotti, Véronique (2001), La langue maternelle en classe de langue étrangère, Paris : Clé International.

Giasson, Jocelyne (1995), La lecture. De la théorie à la pratique, Montréal-Paris : Ed. Gaetan Morin.

Karpińska-Szaj, Katarzyna (2005), Pédagogie de la lecture en langue étrangère. Défi s rééducatif, Poznań : Wydawnictwo Naukowe UAM.

Grangeat, Michel (1999), « Processus cognitifs et différenciation pédagogique », in Ch.

Depover & B. Noël, éds, L’évaluation des compétences et des processus cognitifs; Modèles, pratiques et contextes, Bruxelles : De Boeck, pp. 115- 127.

Le Boterf, Guy (2004), Ingénierie et évaluation des compétences (4e édition), Paris : Éditions d’Organisation.

Maurer, Bruno (2011), Enseignement des langues et construction européenne. Le plurilinguisme, nouvelle idéologie dominante, Paris : Éditions des Archives Contemporaines.

Perrenoud, Philippe (2004), « Evaluer des compétences », l’Éducateur, n° spécial La note en pleine évaluation, mars 2004, pp. 8-11.

Robert, Jean-Pierre & Rosen, Evelyne (2010), Dictionnaire pratique du CECR, Paris: Éditions Ophrys.

Ściborowska, Barbara & Kubrakiewicz, Ilona (2009), Super Kids 1. Podrecznik dla szkoły podstawowej. Ksiażka ucznia, Warszawa : Macmillan.

Tagliante, Christine (2005), L’évaluation et le cadre européen commun, Paris : Cle International.

Tardif, Jacques (1997), Pour un enseignement stratégique. L’apport de la psychologie cognitive, Montréal: les Éditions Logiques.

Wolfs, José-Luis (2007), Méthodes de travail et stratégies d’apprentissage; Du secondaire à l’université. Recherche-Théorie-Action, Bruxelles: De Boeck Université.

III. Autour des compétences :