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Une analyse thématique a posteriori, ancrée et ciblée ciblée

codage thématique a posteriori

II. Une analyse thématique a posteriori, ancrée et ciblée ciblée

L’analyse thématique est une production par réduction phénoménologique (Paillé & Mucchielli, 2013). C’est une réduction supplémentaire à l'énoncé phénoménologique. Chaque thème est une courte expression qui désigne l’essentiel d’un contenu, c’est un

propos fondamental qui renvoie à ce qui est abordé dans l’extrait du corpus. Il fournit des indications sur la teneur des propos. Il peut être repéré à partir d’un sous-titre dans un énoncé phénoménologique (voir Illustration 1 ci-après). Dans notre protocole, le codage n’est pas une opération préliminaire, initiale. Elle est plutôt guidée par la problématique de recherche dans le contexte de chaque trajectoire globale et comparativement entre les entretiens.

Plusieurs techniques d’analyse thématique (ibid., p. 235) dépendent de la démarche adoptée. 1/ la nature du support technique (a/ le papier, b/ le traitement de texte ou le logiciel spécialisé) et 2/ le mode d’inscription des thèmes.

1/a/ Nous avons d’abord privilégié le ‘contact papier’ car il est ‘cognitivement’ facilitant. Il offre une meilleure flexibilité et favorise l’apprentissage de la technique de codage (en marge du texte). Mais l’abondance du corpus est un frein et la méthode papier n’est pas centralisée.

b/ Par conséquent, nous utilisons le traitement de texte. Le copier-coller permet de coder un extrait plusieurs fois. Contrairement à certains logiciels spécialisés, l’usage du traitement de texte est simple, flexible et rétroactif. Il propose des fonctions automatiques de repérage (via le raccourci : ctrl+f) et de visualisation : via Word, l’utilisation des Styles (titres 1, 2, 3, etc.) permet de classer hiérarchiquement les catégories. Le volet de navigation (dans Affichage) offre la possibilité de voir rapidement la structuration du récit, voire de reclasser facilement (voir Illustration 1).

Illustration 1. Volet de navigation présentant l’organisation des thèmes via un logiciel de traitement de texte (cas 1C13)

2/ Quant au mode d’inscription des thèmes, nous avons thématisé en continu. C’est-à-dire selon une démarche ininterrompue et en parallèle de la construction d’un arbre thématique heuristique et itératif (utilisé seulement sous forme de brouillon). Ce dernier est utile rapporté à une problématique (et construit selon le principe de saturation). Il est donc partiel. Le risque est qu’il soit affiné en permanence, vainement. L’ancrage au terrain et l’abondance des données requièrent un juste milieu et une analyse descriptive souple.

Ce travail thématique a posteriori est parallèle et complémentaire à l’énoncé phénoménologique. Des thèmes généraux, comme les étapes biographiques, sont considérés comme des rubriques (une rubrique est une forme générique de catégorie). Mais tous les éléments du discours ne relèvent pas d’un processus et ne sont pas classables chronologiquement. Ils sont alors à relier à leur contexte (ex. la représentation de l’entreprise est relative à la rubrique ‘carrière’).

La contrainte chronologique est notre consigne a priori (Rosenthal, 2004). Les relations entre les rubriques sont temporelles et descriptives (et non causales). Certains rubriques sont des catégories a priori car elles sont liées au guide d’entretien ou relèvent de grandes étapes de vie (études, carrière, coaching). Elles permettent de subdiviser le texte en amont dans une forme de proto-thématisation. Notons que les rubriques ne peuvent faire l’objet d’une saturation, cela n’aurait pas de sens (tous les enquêtés présentent la catégorie ‘carrière’).

Le thème doit rester descriptif dans un premier temps pour que les signifiants les plus importants se trouvent signifiés. Nous avons effectué des doubles codages au départ avec un chercheur confirmé (notre directeur de thèse), nos codages étaient convergents. Nous les avons effectués sur les premiers entretiens puis sur des entretiens aléatoires. Malheureusement, cette méthode s’avère peu réaliste empiriquement compte tenu des contraintes de temps des chercheurs. De plus, un code efficace doit théoriquement être facilement compréhensible, précis et synthétique. Ce qui est difficile avec les codes communs car ils s’accompagnent d’une perte d’information et d’une montée en abstraction. L’annexe 7 illustre une partie de notre tableau général des thèmes (c’est un brouillon qui nous sert de base de travail, il n’est pas exploitable en tant que tel et requiert des refondations selon la problématique traitée et les concepts théoriques mobilisés).

Enfin, lorsque deux thèmes s’opposent, ils déterminent un axe. Le Tableau 6, déjà présenté (Chapitre 2. II.), montre l’intérêt de croiser des axes pour faire émerger une perspective intéressante.

Par exemple, une transition peut être caractérisée selon son caractère brusque ou progressif, et selon un déclencheur choisi ou subi, professionnel ou personnel.

Toutefois, pour comprendre le caractère brusque ou progressif d’une transition, il faut la contextualiser dans le récit. Cela implique de ‘donner à voir’ dans une analyse de contenu ou un codage. Par exemple, l’annexe 2 illustre une transition brusque à partir d’un déclencheur professionnel choisi. D’après le récit de nos enquêtés, la transition choisie peut prendre la forme d’un refus de poste (promotionnel) ou d’un départ volontaire. La transition subie se caractérise par un licenciement, une période de chômage ou un événement personnel difficile. La transition brutale peut dépendre d’un burnout, la transition progressive d’une proposition de mission de coaching ou encore d’une formation de développement personnel (pour un consultant par exemple).

Ces catégorisations dichotomiques ont le mérite de distinguer huit types de transition significative à partir de six critères. Néanmoins, il est parfois difficile de catégoriser de tels éléments de trajectoire tant ils s'imbriquent dans des processus complexes et pluriels.

Tableau 6. Typologie des types de transition et des types de déclencheurs

Déclencheur choisi Déclencheur subi

professionnel personnel professionnel Personnel

Caractère brusque 1C6, 1C8, 1C9, 1C11, 1C14, 1C15, 1C18, 1C19, 1C23 1C16, 1C25 1C1, 1C12, 1C20 1C2, 1C21 Caractère progressif 1C3, 1C4, 1C5, 1C7, 1C10, 1C13, 1C22 1C17, 1C24

Conclusion du Chapitre 3. De la réduction

phénoménologique à l’émergence d’axes thématiques

Notre attitude analytique repose sur des techniques de transposition des données selon deux piliers complémentaires : 1/ l’énoncé phénoménologique qui est une reconstitution du récit. Il vise à produire des résumés et des tableaux de synthèse pour chaque enquêté et à rendre compte de la trame principale et chronologique des récits fidèlement aux propos des enquêtés. Il s’agit de pouvoir contextualiser en permanence tout verbatim dans l’entretien global et dans la rubrique concernée (ex. la carrière). C’est une organisation a

priori des codes thématiques que nous avons effectuée à partir d’un logiciel de traitement

analyse thématique consécutive. Cela aide le chercheur à s’approprier la logique du récit et à dépasser les limites du codage façon Grounded Theory.

2/ L’analyse thématique a posteriori est une réduction phénoménologique supplémentaire. Avoir contextualisé le récit dans sa chronologie permet de faire signifier les signifiants du discours. Aussi, distinguer des caractéristiques via des thèmes est une façon de souligner des types de transition de carrière en vue de faire émerger des axes (ex. l’axe transition progressive ou brusque).

Pour mobiliser la perspective des CMS au sens foucaldien, il convient désormais de pouvoir faire signifier les récits à partir d’une analyse critique de discours (Chapitre 4.).

Tournant linguistique, analyse critique de