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Piraterie dans le monde entre 2006 à

Encadré 1 : spécificités et libéralisation du transport routier éthiopien

3 Corridors routiers : Djibouti – Addis-Abeba

3.4 Contexte régional et difficultés du train : à cause de l’hégémonie routière

3.5.3 ADR versus FER ou changement d’appellation ?

Au courant du mois de janvier 2011, les autorités djiboutiennes engagent une réforme du secteur routier. Dans cette réforme, l’Etat fusionne le Fonds d’entretien routier et la direction de l’équipement (ex travaux publics) qui deviennent l’agence djiboutienne des routes (ADR)116.

Le décret d’application transformant le FER en ADR n’est publié qu’en 2013. Le fonctionnement de l’ADR reste identique à celui du FER même si l'on assiste à un élargissement de ses prérogatives en matière d’entretien de l’ensemble du réseau routier du pays, y compris le corridor de transit. Un tel élargissement peut paraître peu compréhensible puisque l’État jugeait déjà insuffisantes les recettes de l’ex-FER pour l’entretien de l’unique corridor emprunté par le transit. Même en récupérant le budget de la direction de l’équipement, il semble que l’ADR ne dispose pas encore des moyens financiers pour assurer ses différentes tâches. En effet, les sommes collectées par le FER étaient déjà insuffisantes et la situation ne risque pas de connaître de grands changements avec une direction de l’équipement souffrant elle-même d’un manque de moyens pour accomplir ses propres missions. En fusionnant ces deux institutions, les pouvoirs publics semblent, encore une fois, ne pas mesurer les enjeux liés à la problématique de l’entretien des routes.

L’ADR fait face aux mêmes problèmes que le FER à commencer par la récolte de redevances routières et des dépenses courantes toujours plus importantes et non spécifiques aux missions de l’agence. Ce changement d’appellation est aussi une manière de répondre aux critiques concernant l’inadéquation entre les sommes récoltées et la dégradation continue du principal corridor d’évacuation du transit éthiopien.

Après une décennie d’activité l’agence chargée de l’entretien routier, le MET a fait le constat que le prélèvement actuel n’est pas à la hauteur des dégradations occasionnées par le trafic de poids lourds empruntant cette route. La redevance en vigueur ne couvrait pas les dommages en profondeur qui nécessiteront la reconstruction complète de la route

116Par la Loi n°108/AN/10 du 10 janvier 2011, le gouvernement a procédé à une réorganisation du

Ministère de l’Equipement et des Transports par la création de l’agence djiboutienne des routes en fusionnant la direction de l’équipement et le FER.

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après sa durée de vie. Autrement dit, si la redevance couvre les dommages superficiels (nid-de-poule, etc.) elle ne permet pas de compenser les dommages profonds subis par la route au fil des années.

Ainsi, l’étude du diagnostic sur le financement de l’entretien routier recommande le passage de la redevance à 50 dollars par camion, soit une augmentation de 30 dollars par rapport au prélèvement actuel afin de prendre en compte l’amortissement de la route en plus de l’entretien courant. Il s’agit là de trouver une réponse aux impacts du transport routier. En dépit de l’installation du système de pesage de camions, il reste encore non opérationnel. Il semblerait que ce retard soit dû essentiellement à la lenteur administrative et aux réticences éthiopiennes. En fait, les Éthiopiens ne sont pas opposés au principe de la mise en place de pont-bascule, mais jugent plutôt l’augmentation de la redevance routière quelque peu excessive.

Certes, certains matériels de pesage sont installés notamment, au principal centre de contrôle de l’ADR (Photo 3), à PK20 pour autant l’agence n’a pas encore changé son mode de prélèvement de redevance routière, l’ancienne tarification de 20 dollars par camion reste toujours en vigueur. Parallèlement, l’agence prévoit le déploiement des matériels de pesage sur d’autres points de la route afin d’éviter la longue file d’attente des transporteurs routiers. En fait, aujourd’hui où les transporteurs routiers passent en moyenne une dizaine de minutes pour s’acquitter de la redevance routière au centre de PK 20, délai susceptible d’augmenter avec l’introduction de contrôle de chargement de camions. Le temps de passage au guichet de l’ADR dépend du nombre de camions dans la file d’attente : s’il y a peu de camions, le délai de traitement prend quelques minutes tandis que dans le cas contraire, le passage, à ce point de contrôle, peut dépasser plus d’un quart d’heure. Avec une chaussée de deux voies, les longues files d’attente de transporteurs routiers qui se forment souvent à PK20 rendent la circulation très difficile pour l’ensemble des usagers de la route. Cette situation crée même un sentiment de lassitude chez les usagers djiboutiens qui ne comprennent pas pourquoi l’État ne prend pas des mesures pour élargir la voie dans cette section située à l’entrée de la ville.

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Photo 3 : poste de contrôle de l’ADR sur la RN 1

Photo personnelle, 6 mai 2017

Dans le même temps, la République de Djibouti à travers l’ADR doit être en mesure de répondre aux défis liés aux processus de l’intégration économique régionale dans le cadre de l’union douanière du marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Le COMESA assigne aux pays membres l’obligation de faciliter le commerce intracommunautaire par le développement des connexions terrestres.

Par ailleurs, nonobstant les contrôles effectués par la brigade de sécurité routière, les accidents restent encore fréquents sur ce corridor routier (Photo 4), même si aucune étude n’a été encore menée en la matière. Les interruptions de circulation causées par les accidents sont quasi quotidiennes sur cet axe routier freinant ainsi la compétitivité du corridor routier et corrélativement celle du port.

Les Autorités des Ports et des Zones Franches (APZF) souhaitent, depuis peu, s’impliquer davantage dans la gestion et le financement du corridor routier. Cela se traduira par une collaboration entre l’ADR et l’APZF par la création d’une Compagnie djiboutienne des Autoroutes. Il s’agit pour l’APZF de s’impliquer dans la gestion du corridor afin d’améliorer la performance du transport terrestre nécessaire à la compétitivité des ports djiboutiens. Toutefois, l’absence de représentants du secteur

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privé non encore associés aux efforts d’amélioration de la chaîne logistique suscite de nombreuses interrogations.

Photo 4 : épaves de camions de transport des marchandises sur le corridor

Photo: Bernard Lips Différentes photos des camions accidentés sur le corridor routier (RN1)