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3 Les évolutions démographiques récentes

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0 27. La forte baisse des coûts de transport éloigne les frontières de la ville et abaisse les densités centrales.

L’analyse économique privilégie le rôle des évolutions de prix et de revenus aux analyses, plus spontanées, mais plus fragiles, en terme de préférences. Le modèle de base de l’économie urbaine retient, depuis la formalisation de Wheaton (1974), que la hausse des revenus et la baisse des coûts de transport aplatissent le gradient de rente foncière et sous-tendent le mouvement de périurbanisation. La périurbanisation apparaît comme le fruit de la croissance économique. Dès lors, il convient d’avoir à l’esprit que vouloir s’opposer frontalement à la périurbanisation par des politiques publiques interdisant les conversions vers des usages urbains, risque d’affecter négativement le bien-être des agents en particulier des ménages. L’accompagnement de la périurbanisation par la minimisation de ses effets négatifs et la canalisation dans l’espace des migrations résidentielle constituent sans doute la base d’une politique plus raisonnable et probablement plus efficace.

3 Les évolutions démographiques récentes

a Des modèles de croissance démographique des aires urbaines de l’INSEE

L’INSEE propose deux grands modèles-types pour décrire le développement des aires urbaines. Selon un schéma classique, conforme aux mécanismes de l’étalement urbain de la NEU, Bessy-Pietri (2000) explique que les communes connaissent un taux de croissance d’autant plus élevé qu’elles sont éloignées du pôle urbain : « De 1990 à 1999, la population a

progressé de 0,12% par an dans les villes centres, de 0,42% dans les banlieues, et de 1,03% dans les couronnes périurbaines ». Au total, Bessy-Pietri rapporte que 42 aires urbaines sur

les 73 de plus 100000 habitants suivent ce premier schéma. Lorsque les aires urbaines sont en déclin, les communes-centres perdent plus d’habitants que les communes périurbaines. Au sein de ce modèle, l’étalement peut-être plus ou moins important. 31 autres aires urbaines de plus de 100 000 habitants ne suivent pas le schéma précédent, c'est-à-dire que le taux de croissance ne s’accroît pas régulièrement avec la distance. Bessy-Pietri explique que des

27 Une baisse des coûts de transport rend les localisations périphériques plus attractives et ce d’autant plus qu’elle sont éloignées mais inclues dans les limites de la ville rl. Ceci accroît les rentes des localisations périphériques et diminue les rentes des localisations centrales. r*est le point au delà duquel les localisations deviennent plus attractives. On observe une rotation autour de r* dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

singularités locales permettent souvent d’expliquer ces différences notamment lorsqu’il persiste des espaces non urbanisés encore importants à proximité du centre. La présence d’espace libre peut être attribuée à l’étendue de certaines communes ou à un phénomène de périurbanisation plus tardif. C’est alors soit la ville centre, soit la banlieue qui devient le fer de lance de la croissance démographique.

Entre 1990 et 1999, 11 grandes aires urbaines (sur 361 aires urbaines) totalisent, d’après Julien (2001), la moitié de l’accroissement de la population : Paris, Toulouse, Lyon, Montpellier, Nantes, Rennes, Marseille, Aix-en-Provence, Bordeaux, Nice, Toulon et Annemasse. La croissance démographique de la dernière période intercensitaire s’est très fortement concentrée puisque que durant l’avant dernière période intercensitaire 1975-1982, le nombre d’aires urbaines nécessaires pour totaliser la moitié de l’accroissement était de 19 à délimitation constante, 38 à délimitation 1982 et 73 à délimitation 1975.

Derrière le constat apparent d’une croissance démographique concentrée dans les aires urbaines, Bessy-Pietri et Sicamois (2001) observent qu’au niveau national, 1/3 des aires urbaines ont perdu des habitants entre 1990 et 1999. Ces derniers précisent que dans quatre régions intérieures, Champagne-Ardenne, Midi-Pyrénées, Limousin et Bourgogne, plus des trois quarts des petites aires urbaines perdent de la population.

b Un ralentissement au cours des années 1990 contrasté par une croissance soutenue des communes multipolarisées

En 1999, 45 millions de personnes, soit 77% de la population française vivaient dans une aire urbaine (48 millions dans l’espace à dominante urbaine, ou EDU, si l’on ajoute les communes multipolarisées). Si les années 1990 ont encore vu la population des aires urbaines s’accroître, cette croissance repose largement sur une extension physique des périmètres. Alors que la part de la population française localisée dans les couronnes périurbaines s’est accrue de plus de près 4,5% entre 1990 et 1999, à zonage constant cette hausse n’est que de 0,8%. Bessy-Pietri et Sicamois (2001) révèlent, en outre, que sur les 3,8 millions de nouveaux habitants des aires urbaines, seulement 1,5 millions provenaient d’un accroissement de la concentration de la population dans les limites de 1990 tandis que 2,3 millions ont été gagnés par l’extension des limites des aires urbaines. De plus, Bessy-Pietri et Sicamois soulignent que « plus de 1000

communes, multi polarisées en 1990, sont intégrées dans les couronnes périurbaines en 1999, soit près de 800 000 habitants ». Julien (2000) observe également que « la croissance démographique est particulièrement forte dans une « deuxième couronne périurbaine » formée des communes qui envoyaient, en 1990, 25% à 40% de leurs actifs dans ces grandes villes ».

A l’échelle nationale, les communes de banlieue connaissent, depuis la dernière période intercensitaire 1990-1999, des difficultés démographiques puisque leur solde migratoire est devenu négatif passant de +321 000 à –268 000. Bessy-Pietri (2000) explique que ces dernières bénéficient toujours d’un solde naturel toujours excédentaire qui traduit l’agrandissement des familles qui y ont élu domicile. Ce solde est d’ailleurs plus élevé que dans les villes centre et les couronnes périurbaines. A l’inverse, Chavouet et Fanouillet (2000) remarquent que les villes centre ont vu le déficit de leur solde migratoire se réduire passant de -580 000 à -250 000 personnes. L’excédent des sorties des pôles urbains sur les entrées s’est réduit avec le retour des jeunes de mois de 25 ans qui quittent les communes périurbaines. L’évolution démographique des pôles est ainsi redevenue positive grâce à un solde naturel positif. Enfin, Bessy-Pietri (2000) constate, qu’en 1999, les couronnes périurbaines bénéficient du seul solde migratoire positif et d’un solde naturel légèrement inférieur aux villes centre et aux banlieues.

Malgré le ralentissement de la périurbanisation, la croissance des couronnes périurbaines (communes périurbaines et multipolarisées) affichait encore une moyenne de 1% entre 1990 et 1999 (Bessy-Pietri, 2000). Cette croissance est fortement soutenue par le solde migratoire des communes multipolarisées et leur rattachement statistique aux couronnes périurbaines. En outre, la population de résidents permanents de l’EDR a crû depuis 1999 de 0,5% par an, soit 260000 habitants au total entre 1999 et 2003.

c Regain d’intensité ou plus grande diffusion de la périurbanisation ?

La tendance engagée depuis les années 1990 se prolonge : les franges des aires urbaines sont l’objet des plus forts taux de croissance démographique. « Avec une appréhension plus

extensive de l’espace urbain, l’augmentation la plus forte s’est également déplacée pour se situer toujours dans l’espace à dominante urbaine, mais cette fois dans la zone proche des limites extérieures des aires urbaines : + 1,2 % en moyenne par an dans les espaces situés à la confluence de plusieurs aires urbaines (espaces multipolarisés), + 1% à l’intérieur des aires urbaines, et + 0,7 % dans les communes de l’espace à dominante rurale » (Morel et

Redor, 2006)

Par ailleurs, il semble que les différences de dynamiques démographiques s’estompent à la frontière entre l’EDU et l’EDR. « Cet ensemble de résultats indique que c’est au sein des

communes rurales de l’espace à dominante urbaine que se porte aujourd’hui la croissance démographique, là où l’on se trouve à la fois dans un cadre de vie rural et dans la zone d’attraction d’un ou plusieurs pôles urbains. Cependant, l’écart de croissance de la population entre l’espace à dominante rurale et les aires urbaines s’est fortement réduit, en

passant de 0,7 point sur la période 1990-1999 à 0,3 depuis 1999. Si l’étalement urbain s’accélère et s’étend depuis 1999, il se double aussi désormais d’une accélération de la croissance démographique dans l’ensemble de l’espace à dominante rurale » (Morel et

Redor, 2006).

L’étude spatiale de la répartition de la croissance démographique de la figure n°1 indique que ce sont les communes les plus éloignées des pôles urbains dont la population s’accroît le plus sous l’effet des migrations.

Figure n°1 : Croissance démographique en fonction de la distance aux pôles urbains

Source : INSEE, (Morel et Redor, 2006)

Morel et Redor (2006) observent que la distance moyenne, où la croissance démographique est la plus forte, s’éloigne : « pour l’ensemble des communes de moins de 10 000 habitants,

c’est à 15 km du centre des aires urbaines que la croissance de la population a été la plus forte entre 1990 et 1999. Depuis 1999, ce pic de croissance maximale s’est éloigné, passant à 25 km. L’écart des taux de croissance augmente avec la distance et atteint 0,5 point entre 20 km et 50 km. Pour les seules communes de l’espace à dominante rurale, l’accélération de la croissance est beaucoup moins dépendante de la distance, et elle est aussi plus prononcée (+ 0,6 point en moyenne). Le changement est particulièrement sensible pour les communes du rural situées à plus de 30 km du centre d’une aire urbaine. Leur population, stable entre 1990 et 1999 (moins de 0,1 % de hausse par an), a augmenté depuis 1999 à un rythme annuel moyen de 0,7 % ».

d Hypothèses sur le ralentissement et de la diffusion de la périurbanisation

Les données précédentes témoignent d’un ralentissement de la périurbanisation au cours des années 1990. Un ralentissement similaire de l’intensité de la ‘sub-urbanisation’ a été observé aux Etats-Unis durant les années 1980. Fischel (2004) explique ce ralentissement par l’arrivée à maturité de la génération qui marque le pic du baby-boom. Les ménages trentenaires, nés dans les années 1950, se seraient déjà « ex-urbanisés » dans les années 1980. D’autres hypothèses peuvent être également avancées. L’évolution des revenus des ménages dépend à la fois de la croissance économique mais aussi du partage des fruits de cette croissance. La faible croissance économique et le gel des salaires ont contribué à affaiblir le mouvement de périurbanisation. La hausse récente des prix du pétrole ne manque pas de renchérir le coût des mobilités alternantes. Mais cette hausse est encore trop récente pour avoir un effet observable. De plus, les gains énergétiques des moteurs pourraient atténuer les effets de la hausse du cours du pétrole. Si ces hypothèses peuvent expliquer le ralentissement de la périurbanisation, elles n’expliquent pas pourquoi la périurbanisation se diffuse plus largement en direction des communes multipolarisées.

Beauvois (2004) explique que la reprise de la croissance démographique des communes rurales les plus éloignées des couronnes périurbaines des communes multipolarisées mais aussi de celles de l’EDR, constatée depuis 1999, peut s’interpréter à la lumière de la reprise de vigueur du marché immobilier. Selon cette première hypothèse (a), la hausse des prix en ville pourrait être transmise aux couronnes périurbaines par le jeu des enchères foncières plus élevées des ménages quittant les villes centres. Les ménages ayant les enchères foncières les plus plates reporteraient désormais leur localisation dans des communes plus éloignées. Cette hypothèse repose sur le concept de rente différentielle urbaine de la NEU.

Une seconde hypothèse alternative (b) invoque le rôle des restrictions foncières accrues des POS des premières couronnes périurbaines. Les municipalités des premières couronnes périurbaines ont, selon certains experts comme Wiel (2002), Comby (2004) ou Nguyen (2004), procédé à des restrictions foncières plus fortes sur les superficies affectées à l’urbanisation. Ces restrictions foncières n’auraient pas d’effet sur les prix fonciers en première couronne tant que les restrictions du zonage ne modifient pas les proportions des usages fonciers urbains. Par contre, la rareté des terrains à bâtir en première couronne conduirait les ménages à rechercher des localisations plus éloignées.