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ANALYSER LA VIOLENCE RÉVOLUTIONNAIRE ET LA POSSIBILITÉ DE SA RÉSORPTION NÉGOCIÉE

CHAPITRE 1 : LES GUÉRILLAS AUX PRISMES DES INSURRECTIONS RÉVOLUTIONNAIRES, DE LA

2) Émergence des guérillas, triomphe des révolutions

Au-delà de la présentation des différentes vagues de guérillas latino-américaines, les études sur ce thème se sont tout d’abord interrogées sur les raisons de l’émergence des groupes de lutte armée dans certains pays d’Amérique latine et à des moments historiques particuliers. Cet aspect est généralement traité selon les orientations théoriques expliquant le recours à la violence politique. Mais l’explication de l’émergence des guérillas dans certains pays et à certaines époques, semble rétive à la généralisation. Aussi bien les analyses mettant en avant des explications structurelles (à partir des variables socio-économiques des pays en question, du degré d’ouverture ou de fermeture des régimes politiques, ou encore du caractère fortement répressif ou non) que, dans une perspective théorique opposée, les analyses davantage centrées sur les perceptions des acteurs (visions par les principaux acteurs des variables sociales, économiques et politiques, ou de leurs évolutions récentes, ou encore de leurs attentes vis-à-vis de ces évolutions) ne parviennent pas à donner des explications valables pour l’ensemble des expériences de la région.

Cette orientation, assez généralisée, conduit dès lors à resituer le contexte historique et culturel qui a suscité le choix de prendre les armes, par rapport à des modalités plus classiques de lutte pour le pouvoir. Afin d’aller au-delà d’un simple constat sur la diffusion de thèses prônant l’insurrection révolutionnaire, il convient de montrer jusqu’à quel point l’exemple cubain et sa propagation participent à enrichir l’univers des possibles, ou, pour reprendre le langage de la sociologie de la mobilisation des ressources, à modifier le répertoire culturel de l’action collective, en particulier auprès de nouvelles générations117. Comme elles sont centrées

117 De nombreux travaux sur l’émergence des guérillas en Amérique Latine soulignent ainsi la très forte diffusion du

marxisme dans les milieux intellectuels et académiques latino-américains pendant les années soixante, en particulier dans les sciences sociales, comme raison suffisante pour expliquer la première vague de guérillas. Même s’il est exact, le constat en lui-même ne suffit pas à expliquer le choix des armes, tant l’analyse marxiste n’est pas per se un appel aux armes ; il n’est pas non plus évident que sa domination dans les universités latino-américaines soit plus

exclusivement sur le moment de l’émergence d’organisations qui disposent d’effectifs numériquement limités, ces études portent essentiellement sur la détermination fine des contextes, en identifiant les origines sociales et culturelles des milieux dont proviennent les principaux dirigeants de ces groupes118.

Cette démarche demeure encore largement une orientation de recherche peu exploitée. Elle s’avère fertile pour dépasser les limites des théories précédemment évoquées sur la question du recours à la violence armée, tout en ayant pour limitation le fait qu’elle se restreigne au seul moment du choix de la violence par des acteurs. S’il est nécessaire de comprendre la question du choix des armes lorsqu’on s’interroge sur sa postérieure renonciation, le problème n’est pourtant pas central. Pour comprendre cette évolution, il est nécessaire d’analyser d’abord pourquoi les guérillas ont échoué dans leur tentative de prendre le pouvoir par les armes et, de manière plus approfondie, d’évaluer les formes prises par leur évolution dans un conflit armé prolongé.

Dans l’analyse des réussites ou des échecs des guérillas, la formalisation théorique par les explications centrées exclusivement sur les acteurs ou, au contraire, sur les structures a montré, là encore, ses limites. Les analyses des succès des guérillas dans deux pays et de leur échec ailleurs montrent combien il faut éviter l’écueil de l’explication centrée sur le volontarisme des

forte au début des années soixante qu’avant ou après. De même, sur la diffusion des écrits d’Ernesto Che Guevara et Régis Debray, il convient de se garder d’une lecture par trop automatique, comme cela va être analysé plus loin. Pour des travaux représentatifs des évolutions du monde intellectuel latino-américain à partir des années soixante, cf. RANGEL (Carlos), Du bon sauvage au bon révolutionnaire. op. cit., LECHNER (Norberto), Los patios interiores de la democracia. Santiago : FCE, 1990, 183 p. ou MANSILLA (H. C. F.), « Los iluminados y sus sombras », Nueva Sociedad, 105, décembre 1990, p.118-129 qui affirme que « l’une des motivations pour intégrer un mouvement de guérilla peut se trouver dans les aspects socio-psychologiques, dans les idées sur l’histoire et dans les normes collectives qui déterminent un milieu et dans les schémas mentaux des révolutionnaires qui se manifestent dans la manière dont ils se révoltent contre l’autorité établie » (p.119).

118 C’est la démarche suivie par Timothy Wickam-Crowley lorsqu’il étudie l’émergence de la guérilla dans son

analyse comparée sur l’ensemble de la région, et sur les deux vagues de guérillas. Il s’attache ainsi en particulier à décrire les milieux sociaux d’où proviennent les principaux membres des guérillas, et à comprendre l’évolution de ces milieux. Ainsi il montre que les pays qui ont connu des mouvements importants de guérilla lors de la première vague sont ceux qui ont connu la croissance la plus élevée du nombre d’étudiants inscrits dans les universités dans la décennie 1955-65 (dans l’ordre décroissant Venezuela, Pérou et Colombie – le Guatemala étant 8è). La corrélation est vérifiée également pour les guérillas de la deuxième vague, même si elle est moins évidente (pour la décennie 1965-75, le Salvador est 2è, le Nicaragua 5è). Cf. WICKHAM-CROWLEY (Timothy), Guerillas and revolution in Latin America. op. cit.

mouvements de guérilla comme unique raison du triomphe de la révolution. Mais considérer pour autant que « les révolutions de Cuba et du Nicaragua apparaissent rétrospectivement comme des cas isolés, dont la réussite n’avait été rendue possible que par la conjonction heureuse de deux circonstances : d’une part, la fin de règne de deux dictateurs corrompus (…), d’autre part, le feu vert tacite donné par la Maison-Blanche soudainement lassée de soutenir des régimes qu’elle avait naguère contribué à mettre en place »119 relève de l’écueil inverse. En effet, l’état du régime en question et de sa relation avec Washington ne peut pas non plus être considéré comme l’unique variable explicative de la victoire du mouvement révolutionnaire, d’autant plus que cette « conjonction heureuse » se retrouve dans les années quatre-vingt lors de la chute du général Noriega au Panamá ou de la dynastie Duvalier à Haïti sans pour autant donner lieu à une révolution triomphante.

Avant de comprendre l’évolution des guérillas dans des conflits armés prolongés, un retour sur les contextes historiques de deux situations qui ont vu le triomphe de guérillas révolutionnaires s’impose. L’entrée victorieuse des colonnes de Fidel Castro a, comme il a déjà été dit, une importance essentielle dans la vague des guérillas des années soixante. Mais son influence sur les autres mouvements se transmet par une interprétation postérieure biaisée. Les écrits d’Ernesto Che Guevara présentent en effet une version de la révolution cubaine où le rôle de la guérilla en tant qu’avant-garde révolutionnaire armée agissant seule est survalorisé tant par rapport à ses relations avec le reste de l’opposition, à l’action politique et syndicale, que concernant l’état même du régime auquel elle s’attaque. D’après lui, les mobilisations ouvrières ou étudiantes qui ont eu lieu dans les villes et les grèves générales n’ont pas contribué à la victoire finale ; leurs échecs a été au contraire un moyen pour le régime de concentrer ses forces armées contre les foyers insurrectionnels. La modération du Partido Socialista Popular

(communiste) et de sa centrale syndicale conforte une analyse dans laquelle la guérilla est le centre politique de la révolution. Et ce qui est conçu initialement comme une analyse conjoncturelle, avec une certaine prudence pragmatique, disparaît dans ses textes postérieurs et devient de ce fait rapidement une doctrine à appliquer à la lettre120. Le rôle de la guérilla et du foyer insurrectionnel, déjà très importants, devient le point central de toute la doctrine. Cette tendance est encore plus forte dans les textes postérieur, et particulièrement dans la théorisation de l’expérience cubaine que va proposer Régis Debray121.

De ce fait, les foyers insurrectionnels ne cherchent pas à répéter les facteurs historiques de la victoire de la guérilla cubaine. Ils suivent davantage l’interprétation qui en a été donnée, principalement par les écrits de Régis Debray et d’Ernesto Che Guevara. D’autre part, leur modèle de référence est le résultat révolutionnaire de la Cuba socialiste des années soixante, et non le processus révolutionnaire des années cinquante, la lutte commune contre la dictature de Fulgencio Batista. Ainsi, par exemple, le rôle donné a posteriori à l’attaque contre la caserne de la Moncada à Santiago le 26 juillet 1953 est significatif de cette évolution : elle est présentée comme l’action de quelques combattants déterminés, acte inaugural de la victoire révolutionnaire à venir. Le nom du mouvement de Fidel Castro (Movimiento 26 de Julio ou M-26) se réfère directement à la date de cet événement – qui deviendra par la suite jour férié. Pourtant cette

120 Dans le texte de la première édition de La guerra de guerillas, Ernesto Che Guevara présente son analyse comme

le résultat de l’expérience cubaine, susceptible d’être modifiée et enrichie par d’autres. Pour une analyse de l’évolution de la pensée d’Ernesto Che Guevara et de Régis Debray sur la guérilla, cf. CHILDS (Matt), « An historical critique of the emergence and evolution of Ernesto Che Guevara’s Foco theory », Journal of Latin American Studies, 27, 3, 1995, p.593-624.

121 À la suite des voyages que Régis Debray accomplit à Cuba en 1959 puis en 1961, il rencontre les principaux

dirigeants des guérillas latino-américains en 1963 et 1964, puis publie deux essais « Le castrisme, la longue marche de l’Amérique latine » en janvier 1965 et « Problèmes de la stratégie révolutionnaire en Amérique latine » en mars de la même année, où il théorise une conception de la révolution exclusivement centrée sur le rôle du foyer de guérilla en milieu rural. Ces textes sont repris et intégrés à une publication plus large (DEBRAY (Régis), Révolution dans la révolution ?. Paris : Maspero, 1967, 138 p.), publiée également en espagnol à Cuba en 1967, et très largement diffusée. Mais pour analyser le véritable degré d’influence des thèses de Régis Debray, il convient de mettre en rapport leur date de publication avec l’évolution des guérillas dans les autres pays : à partir de 1965 les guérillas latino-américaines d’inspiration castriste sont déjà en reflux, en 1967, aucune ne survit. Si influence il y a, elle réside davantage dans les guérillas urbaines du Cône sud, voire, après une relecture critique, dans certains groupes de la deuxième vague.

attaque n’a été qu’un coup de main parmi d’autres. Réalisée par 150 hommes, mal armés, mal organisés, l’attaque est un échec militaire fracassant : la moitié des assaillants vont être tués pendant l’attaque ou exécutés après, les autres arrêtés, jugés et emprisonnés. Ce qui est transformé postérieurement en un des mythes de la guerre révolutionnaire ne fait en réalité qu’annoncer par son échec militaire cuisant les tentatives futures de mouvements de guérillas dans le reste du sous-continent. Dans de nombreux pays, les insurrections sont précipitées, à l’image de l’attaque de la Moncada, sans aucun succès, ni politique, ni militaire.

En effet, les différents travaux sur le succès castriste mettent en avant l’ensemble du contexte historique qui permit le triomphe de la guérilla, bien au-delà du volontarisme politique et militaire de cette dernière. Certaines raisons de la victoire finale relèvent bien de l’activité de la guérilla, comme sa capacité à créer un véritable soutien paysan dans ses zones d’activité, en particulier dans la Sierra Maestra, où les conditions géographiques sont idéales à la guerre de guérillas122 et où les paysans sans terre (les « precaristas ») sont à la fois proportionnellement plus nombreux que dans le reste du pays, et mieux organisés. Mais il convient de mettre en lien ces raisons avec des facteurs liés à l’état du régime, et à sa situation internationale. Les États-Unis ont adopté une attitude bienveillante envers l’opposition, et approuvent la fin d’un régime en pleine déliquescence dont le caractère patrimonial et prétorien123, voire mafieux, n’apparaît plus conforme aux modèles de la Maison Blanche. Il y a également, et de façon tout à fait significative, la formation d’une large alliance inter-classiste d’opposition au régime de Fulgencio Batista, dans laquelle face à la faible organisation de partis représentant les intérêts des classes aisées et moyennes, la guérilla parvient à être un porte-drapeau. Son discours modéré et nationaliste où abondent les références aux idéaux de José Martí, son audace militaire, son

122 LACOSTE (Yves), « Stratégies autour de la Sierra Maestra », Hérodote, 5, 1977

123 Cette qualification est reprise de la typologie établie par Alain Rouquié sur les régimes militaires. Cf. ROUQUIÉ

recours à des actions non armées (grèves, manifestations), et le soutien de nombreux pays étrangers, y compris des États-Unis, constituent autant de facteurs qui contribuent à sa victoire.

De nombreux éléments de ce scénario se reproduisent vingt ans plus tard lors de la victoire du Frente Sandinista de Liberación Nacional (FSLN) à Managua124. Et pourtant dans un premier temps la guérilla chercha là aussi à reproduire la stratégie foquiste par la constitution de foyers révolutionnaires (Rio Bocay en 1963, Pancasán en 1967), rapidement écrasés par la garde prétorienne du régime d’Anastasio Somoza. Dans les années soixante-dix, malgré quelques actions d’éclat, le FSLN ne parvint pas à menacer sérieusement le pouvoir et se divisa en trois factions aux options tactiques stratégiques différentes. Sur ce point encore, la réussite des sandinistes est due en grande partie à leur habileté politique à tirer parti de l’affaiblissement d’un régime patrimonialiste et prétorien qui par son intransigeance et ses excès avait vu se liguer contre lui une alliance de l’ensemble de l’opposition.

L’assassinat en janvier 1978 de Pedro Joaquín Chamorro, directeur du journal conservateur La Prensa, et porte-parole d’une bourgeoisie d’affaires qui s’opposait de plus en plus à la mainmise du dictateur sur l’ensemble de l’activité économique, permit la constitution en juillet de la même année du Frente Amplio de Oposición, rassemblement de tous les groupes d’opposition, y compris l’Église catholique, qui entama des négociations pour un retrait du dictateur. Son refus en janvier 1979 contribua à renforcer les partisans de la lutte armée, conjoncture dont le FSLN tira pleinement parti en apparaissant comme la branche armée d’une opposition rassemblée, par la création d’une direction militaire unifiée de ses trois tendances et la transformation des colonnes de guérilleros en une armée qui bénéficiait d’un réel soutien paysan et urbain. Elle put ainsi créer, ou appuyer, des situations insurrectionnelles à partir d’attaques à

il analyse comme régimes « patrimonialistes et prétoriens », les cas des régimes de Fulgencio Batista à Cuba, de la dynastie Somoza au Nicaragua, de Rafael Trujillo en République Dominicaine et du général Stroessner au Paraguay.

des casernes ou des centres de pouvoir – l’affrontement armé y est néanmoins d’une intensité bien plus importante qu’à Cuba, puisqu’il y eut plus de 50 000 victimes. L’attitude des États-Unis y est également importante, car en cessant leur aide militaire au dictateur et en appelant à une alternative démocratique, ils retirent leur appui à un régime qu’ils avaient auparavant soutenu125, au nom de la diplomatie des Droits de l’Homme et de la détente, et confèrent une légitimité certaine à l’opposition unie.

B. L

ES EFFETS DE L

ECHEC ET DE LA PROLONGATION DE L

INSURRECTION

Des conjonctures comparables qui permirent le succès des révolutions castristes et sandinistes ne se reproduisent dans aucun des autres pays, comme le montrent la plupart des travaux comparés sur les guérillas latino-américaines. En effet, l’existence de deux cas de réussite, et d’une vingtaine de cas d’échecs ont permis l’élaboration d’explications comparées, fondées sur l’existence d’une conjonction de facteurs, liés à la fois aux comportements des acteurs internes, et entre autres de la guérilla, à l’état des régimes, aux contextes internationaux. Ces facteurs se retrouvaient à Cuba à la fin des années cinquante, dans le Nicaragua de la fin des années soixante-dix, et nulle part ailleurs. Dans le cadre des analyses comparées, les deux cas ici étudiés, et tout particulièrement le Salvador, servent souvent d’exemple négatif. Il est certain que le Salvador « continue à représenter le défi révolutionnaire le plus fort posé aux institutions politiques d’un pays dans toute l’Amérique latine »126 : il s’est agit, d’une part, du pays où, au regard de la force politique et militaire de la guérilla, l’insurrection avait le plus de chance de

124 Sur la victoire des révolutionnaires au Nicaragua, et l’évolution postérieure du régime, cf. CHRISTIAN (Shirley),

Revolution in the family. New York : Random, 1985 et BOOTH (John), The end and the begining. Boulder : Westview, 1985.

125 La célèbre affirmation du Président Roosevelt sur le fondateur de la dynastie des Somoza (« he is a son of a b…,

but he is one of ours ») résume assez crûment l’appui inconditionnel des États-Unis au régime qui gouverna le Nicaragua de 1936 à 1979.

triompher127 et d’autre part du seul cas où l’action armée de la guérilla a été continue sur une douzaine d’années, sans que le régime ne parvienne à la réduire de façon significative, malgré l’aide intense des États-Unis128.

Mais entre les rares situations de réussite et les nombreuses situations d’échec définitif, certains pays, et tout particulièrement le Salvador et la Colombie, connaissent des situations intermédiaires, où des guérillas parviennent à une lutte prolongée mais ne réussissent pas à renverser des régimes solides, que Timothy Wickham-Crowley qualifie d’« also-rans »129 et Eduardo Pizarro d’insurrections chroniques, « mouvement où un ensemble de groupes insurrectionnels qui ayant réussi à passer l’étape initiale de l’émergence, ont réussi à se développer et à se consolider, sans que cela se traduise néanmoins par une capacité réelle à renverser le régime en place et constituer un nouveau régime »130. Dans le cadre d’une étude centrée sur l’évolution des guérillas vers une fin négociée du conflit armé, c’est bien sur l’analyse de cette étape, davantage que sur celles de l’insurrection ou du triomphe révolutionnaire, que doit porter la réflexion. Car ce sont en effet dans les dynamiques politiques

127 Bien que les chiffres sur les effectifs combattants des guérillas soient par essence estimés avec une grande marge

d’incertitude, il est possible de contraster les 7 000 combattants du FMLN en 1983 aux 2 000 du FSLN en 1979, et aux 3 à 4 000 du M-26 en 1959. Le rapport au moment de l’insurrection entre effectifs de la guérilla (entre 3 et 4 000) et effectifs de l’armée (autour de 12 000) était extrêmement avantageux à la guérilla, puisque dans un contexte de guerre irrégulière, un rapport de 1 sur 10 est considéré comme déjà très favorable aux insurgés. Pour ces chiffres, cf. GRENIER (Yvon), Guerre et pouvoir au Salvador, op. cit., p. 231-4. En 1992, au moment de la démobilisation, ce rapport continue à être favorable à la guérilla salvadorienne qui compte alors 8 000 membres pour 60 000 soldats réguliers.

128 Comme cela va être analysé en détail dans les chapitres 3, 4, 5, et 7, le Salvador constitue le deuxième théâtre

d’engagement extérieur des États-Unis pendant la guerre froide, après le Vietnam, en terme d’assistance militaire. L’aide militaire des États-Unis au Salvador est estimée à près de 4 milliards de dollars entre 1980 et 1988, soit un million de dollars par jour.

129 Dans son ouvrage, l’auteur distingue « the winners, the losers and the also-rans ». Le terme anglais « also-rans »

met en avant le caractère non achevé, de second ordre, de ces expériences, par rapport aux situations de réussite