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Oncologie : Article pp.191-192 du Vol.2 n°4 (2008)

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E´DITORIAL

Psycho-oncologie et cultures

N. Pe´licier

Pourquoi ce the`me ?

Pour rendre compte, encore et toujours, de la ne´cessite´ de s’inte´resser a` l’autre pour comprendre ses repre´sentations de la maladie cancer, de ses traitements de plus en plus innovants.

Pour observer comment le monde de la cance´rologie a e´volue´ ces dernie`res anne´es dans le sens du progre`s des soins et de l’organisationnel, re´gi par des textes officiels, des re´fe´rentiels et des dispositifs. S’y retrouve-t-on pour mieux aider les patients et dans nos propres cultures de soins ?

L’e´thnopsychiatrie, l’anthropologie de la sante´ et de la maladie, de´ja` sollicite´es depuis quelques anne´es, pour explorer l’institution cance´rologique ou soutenir le regard du corps social sur les patients, apportent leur propre e´clairage.

Nous aborderons aussi le transculturel dans la clinique psycho-oncologique et nous aurons sans doute, avec le fil conducteur du the`me culturel, a` repenser a` l’intrication dans nos pratiques de soins, des ‘‘formes’’ culturelles (au sens ou` l’on parle de culture de soins, de culture des droits des malades, de culture palliative…).

S’agit-il simplement d’interroger l’e´le´ment d’anamne`se que constitue le contexte culturel du patient dans l’ensemble du champ psychosocial ? On verra que la litte´rature et les recherches en psycho-oncologie, sur ce the`me sont peu prolixes.

Quand un patient dit ‘‘dans ma culture…’’ ou quand un soignant dit ‘‘dans leur culture…’’ que signifie cette prise de position ? Veut-on se relier ou stigmatiser voire exclure ? L’espace de compre´hension libe´re´ par le psy- cho-oncologue permet de restituer au patient comme aux e´quipes, ce que cette re´fe´rence au culturel peut tour a` tour masquer (c’est le « syndrome me´diterrane´en »… pas

l’angoisse de la maladie) ou de´voiler (il faudra prendre en compte la famille… dans tel rituel du mourir !).

L’intentionnalite´ de cette e´coute participe a` la disponibilite´

du sujet pour se re´approprier ses donne´es culturelles dans une organisation de´fensive face a` la maladie.

La psycho-oncologie rede´couvre aussi ces donne´es culturelles comme une e´vidence, quand le sens vient a`

manquer. Pourquoi tel comportement de refus, telle intensite´ e´motionnelle ? L’exploration des re´fe´rences du sujet soutient la compre´hension de certains symptoˆmes ou situations de crise.

Le cance´rologue, inte´resse´ par les origines de son patient, dans une lecture e´pide´miologique, pourra aussi y englober son interpre´tation du ve´cu possible de la maladie. ‘‘patient d’origine polyne´sienne, isole´ de sa famille…’’ ; ‘‘cancer du cavum : patient maghre´bin…’’.

L’ide´e de la de´sinsertion possible, des particularismes ethniques jouant comme facteurs de risque ou obstacles a` la re´alisation simple du traitement seront parfois pre´dominants. Barrie`re de la langue, place des familles, repre´sentations de la maladie, selon l’origine sociocultu- relle, envahissent aussi les repre´sentations des soignants envers les patients e´trangers, mettant trop a` distance le ve´cu commun de la maladie.

Que dire du ‘‘non e´tranger’’, ne´anmoins confronte´ a`

l’e´trangete´ de nos structures de soins et de la maladie grave. Ne remarquons-nous pas, re´gulie`rement, ce qui se joue la` aussi, comme ‘‘choc des cultures’’ ?

Monsieur X, paysan breton, arpentait soir et matin, ses terres. La fatigue de la chimiothe´rapie, apre`s une amputation pe´nienne, ne lui autorise plus la de´ambulation…qui e´tait sa vie. Dans la logique des soignants, suˆrs de ‘‘leur expe´rience’’, l’asthe´nie ne justifie pas qu’il ne se mobilise pas plus a`

l’hoˆpital et cette incompre´hension fait appeler le psy.

E´voquer ses re´fe´rences, sa culture de vie est pourtant la cle´

de cette ‘‘immobilite´’’, au-dela` de la side´ration de´pressive.

Ce the`me ‘‘transculturel’’ nous rame`ne a` l’exploration de nos propres attitudes de soins, de´termine´es par l’adaptation aux impe´ratifs de l’organisation nouvelle des soins en cance´rologie. Qu’en est-il de la ‘‘culture de soins’’

N. Pe´licier (*)

Pre´sidente de la SFPO, unite´ de psycho-oncologie de l’HEGP E-Mail : nicole.pelicier@egp.aphp.fr

Psycho-Oncologie (2008) 2: 191–192

©Springer 2008

DOI 10.1007/s11839-008-0100-2

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

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et des nouvelles pratiques ou` tout est a` ge´rer au de´triment parfois de l’essentiel ?

Nouvelle culture de soins pour quels enjeux, sur quel constat ?

La ne´cessite´ de re´pondre aux re´alite´s collectives de l’acce`s aux soins, aux droits des malades, aux impe´ratifs socio- e´conomiques dans une culture dite de solidarite´ rend-elle raison aux besoins du sujet malade ?

Ne proce`de-t-on pas a` une ‘‘mise en culture’’, culture contre culture ? L’abord social de la vulne´rabilite´ des patients apparaıˆt comme une chance, une avance´e. N’est-il pas aussi un formidable e´vitement, de l’angoisse de mort suscite´e par le patient trop proche et de la pe´nurie de moyens de´die´s en propre aux malades devenus des usagers ?

L’effacement interpre´tatif, conscient et inconscient, nous interpelle en tant que psy mais tous les acteurs du

soin en cance´rologie se posent ces questions du sens des pratiques.

Le corps social s’est empare´ culturellement de la question du cancer : cine´ma, internet, litte´rature disser- tent sur le sujet. Les patients s’y retrouvent-ils ou voient-ils ainsi leurs souffrances envahir l’espace culturel de leur vie ?

Il y a un dedans et un dehors pour l’institution, le sujet, sont-ils perc¸us ?

Si on doit respecter le sujet dans sa culture (soignant ou patient) l’usage de la repre´sentation culturelle pour qualifier les pratiques de soins au nom d’un consensus d’organisation, va-t-il re´pondre aux besoins psychologi- ques des patients et de leur entourage ?

Comme en te´moigne la clinique psycho-oncologique, l’autre et l’ailleurs continuent d’exister. Meˆme si le regard globalisant de nos socie´te´s organise´es se porte vers d’autres objets.

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