Chapitre 1
Mesure et int´ egrale (Rappel)
1.1 Tribus et mesures
Soit X un ensemble et P(X) l’ensemble des parties deX.
D´efinition 1.1.1 On appelle tribu sur X toute famille τ d’´el´ements de P(X) v´erifiant :
(1) ∅, X ∈τ;
(2) si A ∈τ, alors son compl´emontaire Ac∈τ; (3) si (An)n⊆τ, alors ∪nAn ∈τ.
Le couple (X, τ) est appel´eespace mesurable et les parties appartenant
`
a τ sont appel´es ensembles mesurables.
Si τ v´erifie (1), (2) et (3’) : si A, B ∈τ alors A∪B ∈τ, alors τ est dite alg`ebre de Boole.
Remarque 1.1.2 Soit (X, τ) un espace mesurable. De la d´efinition d’une tribu on d´eduit imm´ediatement les propri´et´es suivantes :
1) Si (An)n ⊆τ alors ∩nAn ∈τ. En effet ∩nAn= (∪nAcn)c.
2) Si A et B ∈τ alors leur diff´erence A\B ∈τ. En effet A\B =A∩(Bc) 3) La condition (2) de la d´efinition d’une tribu implique que
∅ ∈τ ⇐⇒ X ∈τ.
Exemple 1.1.3 1) Sur un ensemble X non vide, il existe au moins deux tribus, τ0 ={∅, X} et τ1 =P(X). Cette derni`ere est utilis´ee surtout lorsque X est d´enombrable.
2) On dit qu’une tribu τ est plus petite qu’une tribu τ0 si tout ´el´ement de τ appartient `a τ0. La tribu τ0 = {∅, X} est la plus petite des tribus sur X et τ1 =P(X) est la plus grande.
1
Si Aest un ensemble de parties deX, il existe une plus petite tribu conte- nant A (c’est l’intersection des tribus contenant A). Cette tribu est dite la tribu engendr´ee par A.
3) Soit X un espace m´etrique (ou, plus g´en´eralement, topologique), on ap- pelle tribu bor´elienne de X, et on notera B(X), la tribu engendr´ee par les ouverts (ou encore les ferm´es) de X, ces ´el´ements sont appel´es ensembles bor´eliens.
Prenons en particulier X = R avec sa topologie usuelle, on sait que tout ouvert de R est r´eunion d´enombrable d’intervalles ouverts. Donc la tribu bor´elienne de R est aussi engendr´ee par les intervalles ouverts.
De mˆeme la tribu bor´elienne de Rn est engendr´ee par les pav´es ouverts (rap- pelons qu’un pav´e est un produit d’intervalles).
D´efinition 1.1.4 Soit (X, τ)un espace mesurable. On appelle mesure sur la tribu τ (on dit aussi ”mesure sur (X, τ)), toute application µ:τ → [0,+∞]
ayant les propri´et´es suivantes : (1) µ(∅) = 0;
(2) si A et B sont deux ensembles mesurables deux `a deux disjoints, alors µ(A∪B) = µ(A) +µ(B);
(3) si(An)n est une suite d’ensembles mesurables deux `a deux disjoints, alors µ(
∞
[
n=1
An) =
∞
X
n=1
µ(An)∈[0,+∞].
- Une mesure µ est dite σ-finie si il existe une suite d’ensembles mesu- rables deux `a deux disjoints (An)n telle que X =∪nAn et µ(An)<+∞ pour tout n.
- Le nombre µ(A) est appel´e la mesure de l’ensemble mesurable A.
- La mesure µ(X) de X est appel´ee la masse totale de la mesure µ.
- Un espace mesur´e est un triplet (X, τ, µ).
- Si µ(X) est fini, on dit que µ est finie ou born´ee sur X.
-Si µ(X) = 1 alors on dit que µ est une probabilit´e.
Remarque 1.1.5 Dans la D´efinition 1.1.4, on a la condition (3) implique (2). En effet, il suffit de prendre An ={∅} pour n ≥3.
Th´eor`eme 1.1.6 (Th´eor`eme du prolongement des mesures)
Soit τ0 une alg`ebre de Boole et µ0 : τ0 → [0,+∞] une application v´erifiant les conditions (1), (2) et (3) de la D´efinition 1.1.4 (bien entendu on suppose que∪An dans (3) appartient `a τ0). Soitτ la tribu engendr´ee par τ0. Alors il existe une unique mesure µ:τ → [0,+∞] v´erifiant µ(A) =µ0(A) pour tout A∈τ0.
1.1. TRIBUS ET MESURES 3 Exemples
(1) Prenons τ =P(X) et soit une suite de points x1, x2,· · · de X et une suite de nombres strictement positifs α1, α2,· · ·.
Posons pour A∈τ,
µ(A) =X
n
αnχA(xn).
Alorsµ est une mesure dite atomique.
(2) Cas particulier de l’exemple pr´ec´edent . On suppose queXest d´enombrable, on prend pour x1, x2· · · tous les points de X et on pose αn = 1. La mesure obtenue est ditemesure de comptage :
µ(A) =
Card(A) siAest fini
+∞ sinon
o`u Card(A) d´esigne, le cardinal de A, c’est-`a-dire le nombre d’´el´ements de l’ensembleA.
(3) On prend τ =P(X) et soitx0 ∈X. Posons pour A∈τ, µ(A) =χA(x0).
Alorsµ est la mesure de Dirac, not´eeδx0. (4) Mesure de Lebesgue sur R.
SoitX =Rmuni de sa tribu bor´elienneB: notonsB0l’ensemble des r´eunions finies d’intervalles de la forme [a, b[ ou ]−∞, b[ ou [a,+∞[.B0 est une alg`ebre de Boole et soit l’application µ0 :B0 →[0,+∞], d´efinie par
µ0([a, b[) =b−a.
Le Th´eor`eme 1.1.5, montre alors qu’il existe une unique mesureµsur la tribu bor´elienne deRv´erifiant µ([a, b[) =b−a. Cette mesure est diteMesure de Lebesgue sur Ret on la note ”λ”.
Notons que la mesure de Lebesgue est une mesure diffuse (ou sans atomes) i.e. la mesure d’un ensemble r´eduit `a un point est nulle. Par cons´equent, la mesure d’un ensemble d´enombrable est nulle.
(5) Mesure de Lebesgue sur Rn.
Il existe une unique mesure sur la tribu bor´elienne de Rn, dite mesure de Lebesgue sur Rn, telle que la mesure d’un pav´e soit ´egale `a son volume.
1.2 Fonctions Int´ egrables
Soit (Ω, τ, µ) un espace mesur´e.
Une propri´et´e est dite vraieµ−presque partoutouµ−presque surement ouµ−p.p.ouµ−p.s.oup.p.si elle est vraie sur le compl´ement d’un ensemble de mesure nulle.
D´efinitions
• Une fonctionf : Ω→R est ditemesurable si pour tout a ∈R, f−1(]− ∞, a])def= {x∈Ω;f(x)≤a} est mesurable.
•On d´efinit l’int´egrale d’une fonction ´etag´eePN
i=1aiχAi, ai ∈[0,+∞], Ai ⊆ Ω mesurable et χAi d´esigne la fonction caract´eristique (ou indicatrice) deAi; par
Z
Ω
XaiχAidµ=X
aiµ(Ai).
• Pour une fonctionf : Ω→R+∪ {+∞}, Z
Ω
f dµdef= sup{
Z
Ω
gdµ; 0≤g ≤f, g´etag´ee}.
• Pour une fonction f : Ω → R, On d´ecompose f = f+−f−, avec f+, f− : Ω→R+. Alors
Z
Ω
f dµ def= Z
Ω
f+dµ− Z
Ω
f−dµ.
Rappelons que si f+ = max{f,0} et f− = max{−f,0} alors
f =f+−f− et |f|=f++f−. Donc f+= 12(|f|+f) et f− = 12(|f| −f).
Alors, Z
Ω
|f|dµ <+∞ ⇐⇒
Z
Ω
f+dµ <+∞et Z
Ω
f−dµ <+∞.
• Pour une fonctionf : Ω→C, On d´ecomposef =<(f) +i=(f). Et, Z
Ω
f dµ= Z
Ω
<(f)dµ+i Z
Ω
=(f)dµ.
• Une fonction f : Ω → R (ou C) est dite int´egrable si R
Ω|f|dµ < ∞.
L’ensemble des fonctions int´egrables sera not´e L1(Ω, µ) (voir Chapitre II).
Propri´et´es de l’int´egrale (1) ”R
” est lin´eaire : si f et g sont deux fonctions int´egrables et α, β ∈ C alors
Z
Ω
(αf +βg)dµ=α Z
Ω
f dµ+β Z
Ω
gdµ.
1.2. FONCTIONS INT ´EGRABLES 5 (2) Si f ≤g µ−p.palors R
Ωf dµ ≤R
Ωgdµ.
En particulier si f =g µ−p.palors R
Ωf dµ =R
Ωgdµ.
(3) Si f est int´egrable alors|R
Ωf dµ| ≤R
Ω|f|dµ.
(4) si Ω0 ⊆Ω et Ω0 ∈τ alors R
Ω0f dµ =R
ΩχΩ0f dµ.
Th´eor`eme 1.2.1 Soit f : Ω → R+ une fonction int´egrable. Alors il existe une suite croissante de fonctions positives ´etag´ees (en)n telle que
f(x) = limn→+∞en(x) = supn→+∞en(x), pour tout x∈Ω.
En particulier, E(Ω) l’espace des fonctions mesurables ´etag´ees d´efinie sur Ω est dense dans L1(Ω, µ).
Retour sur la mesure de Lebesgue (voir Exemples (4) et (5) page 3).
Th´eor`eme 1.2.2 (i) Il existe une mesure unique λ sur la tribu bor´elienne de R telle que, si I est un intervalle d’extr´emit´es a et b (a < b), alors
λ(I) =b−a.
(ii) De plus si A est un ensemble bor´elien de mesure finie, alors pour tout >0 il existe une suite (In)n d’intervalles telle que
A⊂
∞
[
n=1
In et
∞
X
n=1
λ(In)≤λ(A) +.
(iii) Si f est une fonction int´egrable pour la mesure de Lebesgue, alors il existe une suite (fn)n de fonction int´egrables ´etag´ees telle que
n→∞lim Z
R
|fn−f|dλ= 0.
Une propri´et´e importante de la mesure de Lebesgue : (R,B, λ) est inva- riant par translation, c’est-`a-dire que si A ∈ B et a ∈ R alors A+a ∈ B et
λ(A+a) =λ(A).
Th´eor`eme 1.2.3 Si µ est une mesure sur (R,B) invariante par translation et si pour tout intervalle I born´e µ(I) < ∞ , alors il existe c ∈ R telle que µ=cλ.
Exercice : Soit A un ensemble mesurable. Montrer que (i)λ(A) = inf{λ(U); U ouvert, A⊂U}.
(ii) λ(A) = sup{λ(K); K compact, K ⊂A}.
Int´egrales au sens de Riemann et au sens de Lebesgue :
Rappelons la d´efinition de l’int´egrale au sens de Riemann sur un intervalle [a, b]. D’abord, une fonction u: [a, b]→ R est dite enescalier sur [a, b] si il existe une subdivisiona=x0 < x1 <· · ·< xn=bet des nombresα0,· · ·αn−1
tels que u(x) = αi si x∈]xi, xi+ 1[.
L’int´egrale de u est d´efinie par Z b
a
u(x)dx=
n−1
X
i=0
αi(xi+1−xi).
Soit E0([a, b]) l’espace des fonctions en escalier. Alors l’int´egrale ainsi d´efinie est une forme lin´eaire sur E0([a, b]).
Si f : [a, b]→R born´ee, on pose I0(f) = sup
Z b a
u(x)dx; u∈ E0([a, b]), u≤f
et
J0(f) = inf Z b
a
v(x)dx; v ∈ E0([a, b]), v ≥f
.
La fonction f est dite int´egrable au sens de Riemann si I0(f) =J0(f). Dans ce cas,
Z b a
f(x)dx=I0(f) = J0(f).
Remarque 1.2.4 Pour qu’une fonction born´ee f soit int´egrable au sens de Riemann il faut et il suffit que pour tout > 0, il existe deux fonctions u, v ∈ E0([a, b]) telles que
u≤f ≤v, Z b
a
(v−u)dx≤.
Consid`erons maintenant l’espace mesur´e de Lebesgue ([a, b],B, λ) et soit E([a, b]) l’espace des fonctions mesurables ´etag´ees d´efinie sur [a, b].
Pour une fonction f : [a, b]→R born´ee, posons I(f) = sup
Z b a
u(x)dλ(x); u∈ E([a, b]), u≤f
1.2. FONCTIONS INT ´EGRABLES 7 et
J(f) = inf Z b
a
v(x)dλ(x); v ∈ E([a, b]), v ≥f
. Sif est mesurable alorsI(f) =J(f) et
Z
[a,b]
f(x)dλ(x) =I(f) =J(f).
Remarque 1.2.5 Puisque, E0([a, b])⊆ E([a, b]), I0(f)≤I(f)≤J(f)≤J0(f).
Ainsi, si f est int´egrable au sens de Riemann elle est int´egrable au sens de Lebesgue, et les deux d´efinitions d’int´egrale co¨ıncident.
Par contre une fonction f peut ˆetre int´egrable au sens de Lebesgue sans ˆetre int´egrable au sens de Riemann, c’est-`a-dire que I(f) = J(f), mais que I0(f)< J0(f). Par exemple la fonction f d´efinie sur [0,1] par
f(x) =
1 six∈Q∩[0,1],
0 sinon
Dans ce cas, on a I0(f) = 0< J0(f) = 1 et I(f) = J(f) = 0
Insuffisances de l’int´egrale de Riemann :L’espace des fonctions Riemann- int´egrable n’est pas complet, le ”passage `a la limite” exige des hypoth`eses tr`es fortes...
Voici une d´eclaration de Henri-L´eon Lebesgue (1875-1941), qui illustre la strat´egie de son int´egrale :
Je dois payer une certaine somme ; je fouille dans mes poches et j’en sors des pi`eces et des billets de diff´erentes valeurs. Je les verse `a mon cr´eancier dans l’ordre o`u elles apparaissent jusqu’`a atteindre le total de ma dette. C’est l’int´egrale de Riemann. Mais je peux proc´eder autrement... Ayant sorti tout mon argent, je r´eunis les billets de mˆeme valeur, les pi`eeces semblables et j’effectue le paiement en donnant ensemble les signes mon´etaires de mˆeme valeur. C’est mon int´egrale.
1.3 Th´ eor` emes Fondamentaux de l’int´ egration
1.3.1 Th´ eor` emes de Convergences
Soit fn : Ω→Rune suite de fonctions int´egrables. La suite (fn)nest dite croissante si fn≤fn+1, µ-p.p.
Alors on peut d´efinir pour presque toutx∈Ω f(x) = lim
n→+∞fn(x) = sup
n
fn(x)∈R∪ {+∞}.
Th´eor`eme 1.3.1 (Convergence monotone (Beppo Levi)) Soit (fn)n une suite croissante de fonctions int´egrables `a valeurs dans R. On suppose que supnR
Ωfndµ <+∞. Alors f(x) = limn→+∞fn(x)∈R existe µ-p.p.
De plus f est int´egrable et Z
Ω
|fn−f|dµ→0, quand n→+∞.
En particulier Z
Ω
f dµ= lim
n→+∞
Z
Ω
fndµ= sup
n
Z
Ω
fndµ.
Th´eor`eme 1.3.2 (Lemme de Fatou) Soit (fn)n une suite de fonctions mesurables `a valeurs dans [0,+∞].
Alors f(x) = lim infn→+∞fn(x)∈R existe µ-p.p., mesurable et on a Z
Ω
f dµ ≤lim inf
n→+∞
Z
Ω
fndµ.
En particulier si supnR
Ωfndµ <+∞ alors f est int´egrable.
Remarque 1.3.3 L’in´egalit´e dans le Th´eor`eme (Lemme de Fatou), peut ˆetre stricte. Comme le montre l’exemple suivant :
Exemple Soit Ω =]0,+∞[ et µ=dx la mesure de Lebesgue.
Soitfn(x) =nexp(−nx). AlorsR+∞
0 fn(x)dx= 1 etlimn→+∞fn(x) = 0 pour tout x >0. Donc
Z +∞
0
n→+∞lim fn(x)
dx= 0 <1 = Z +∞
0
fn(x)dx.
Th´eor`eme 1.3.4 (Convergence Domin´ee (Lebesgue)) Soit (fn)n une suite de fonctions int´egrables `a valeurs dans R (ou C). On suppose que (i) pour presque tout x la suite (fn(x))n a une limite f(x),
1.3. TH ´EOR `EMES FONDAMENTAUX DE L’INT ´EGRATION 9 (ii) Il existe une fonction g : Ω → R+ int´egrable telle que pour tout n et presque tout x,
|fn(x)| ≤g(x).
Alors f est int´egrable et R
Ω|fn−f|dµ→0, quand n →+∞.
En particulier
Z
Ω
f dµ= lim
n→+∞
Z
Ω
fndµ.
Remarque 1.3.5 (I) La conclusion du Th´eor`eme pr´ec´edent dit que ”on commute les signes lim et R
”.
(II) Sans l’hypoth`ese (2), dite ”Hypoth`ese de Domination”, le Th´eor`eme de Convergence Domin´ee peut ˆetre faux (voir l’exemple pr´ec´edent ).
Th´eor`eme 1.3.6 (Int´egration terme `a terme d’une s´erie) Soit (fn)n
une suite de fonctions mesurables `a valeurs dans R (ou C). Alors Z
Ω +∞
X
n=1
|fn|
! dµ=
+∞
X
n=1
Z
Ω
|fn|dµ∈R+∪ {+∞}.
Si les deux membres sont finis, chaque fonction fn est int´egrable, et la s´erie P+∞
n=1fn(x) converge presque partout. Sa somme est une fonction int´egrable et on a :
Z
Ω +∞
X
n=1
fn
! dµ=
+∞
X
n=1
Z
Ω
fndµ.
1.3.2 Fonctions d´ efinies par une int´ egrale
Dans ce paragraphe on s’int´eresse `a des fonctions de la forme : F(x) =
Z
Ω
f(x, t)dµ(t)
o`u (Ω, µ) est un espace mesur´e et f(x, t) est une fonction de deux variables, f : D×Ω→R(ouC)
(x, t)7→f(x, t)
o`u D={x∈ R(ouC); la fonction t 7→f(x, t) soit int´egrable}, le domaine de d´efinition de F.
Le but de ce paragraphe est de donner des conditions suffisantes sur f pour ensuite d´eduire des propri´et´es surF, comme la continuit´e, la d´erivabilit´e...
Etude de la continuit´e de F
Th´eor`eme 1.3.7 (Continuit´e) Soit f : D×Ω→R
(x, t)7→f(x, t) une fonction telle que : (1) ∀t ∈Ω, la fonction x7→f(x, t) est continue sur D;
(2) Pour tout compact K ⊂D, ∃ϕK : Ω→R+ int´egrable sur Ω et telle que
∀x∈K, ∀t ∈Ω, |f(x, t)| ≤ϕK(t).
Alors la fonction F(x) =R
Ωf(x, t)dµ(t) est continue sur D.
Remarque 1.3.8 (I) La conclusion du Th´eor`eme pr´ec´edent dit que ”on commute les signes lim et R
”. Autrement dit, on a
∀x0 ∈D, lim
x→x0
Z
Ω
f(x, t)dµ(t) = Z
Ω
x→xlim0
f(x, t)
dµ(t) = Z
Ω
f(x0, t)dµ(t).
(II) Sans l’hypoth`ese (2), dite ”Hypoth`ese de Domination”, le Th´eor`eme 1.3.7 peut ˆetre faux.
ExempleSoit Ω =]0,1], µ=dt la mesure de Lebesgue et f(x, t) = x
x2+t2, (x, t)∈R×]0,1].
Alors l’hypoth`ese (1) est v´erifi´ee et on a
∀x∈R∗, F(x) = Z 1
0
x
x2 +t2dt = arctan(1 x).
MaisF(0) = 0 et limx→0−F(x) = −π2 et limx→0+F(x) = π2. DoncF n’est pas continue en 0. Par cons´equent l’hypoth`ese (3) n’est pas satisfaite.
Etude de la d´erivabilit´e F
L’exemple suivant montre que sans des hypoth`eses raisonnables, on peut avoir des surprises.
Exemple.Soit f(x, t) = sin(xt)t . Alors ∀x∈R, R+∞
0
sin(xt)
t dt converge.
DoncF(x) est d´efinie sur R.
Pour x >0, faisant le changement de variable u=xt, alors F(x) =
Z +∞
0
sin(xt) t dt =
Z +∞
0
sin(u)
u du = π 2. F(x) est constante et donc dFdx(x) = 0.
Par contre, ∂f∂x(x, t) = cos(xt) et R+∞
0
∂f
∂x(x, t)dt=R+∞
0 cos(xt)dt diverge.
Par cons´equent dFdx(x)6=R
I
∂f
∂x(x, t)dt.
1.3. TH ´EOR `EMES FONDAMENTAUX DE L’INT ´EGRATION 11 Th´eor`eme 1.3.9 (D´erivabilit´e) Supposons que
(1) Pour tout presquet ∈Ω la fonction x7→f(x, t) est d´erivable sur D; (2) ∀x∈D, la fonction t7→f(x, t) est int´egrable sur Ω;
(3) pour tout compact K ⊂D, ∃ϕK : Ω→ R+ int´egrable sur Ω et telle que pour tout t pour lequel x7→f(x, t) est d´erivable et pour tout x∈K,
|∂f
∂x(x, t)| ≤ϕK(t).
Alors la fonction F(x) =R
Ωf(x, t)dµ(t) est de classe C1 sur D et on a :
∀x∈D, dF dx(x) =
Z
Ω
∂f
∂x(x, t)dµ(t).
Cette derni`ere ´egalit´e est dite ”Formule de Leibniz”.
Remarque 1.3.10 L’hypoth`ese (3) implique l’int´egrabilit´e de la fonction t 7→ ∂f∂x(x, t) pour tout x ∈ D, mais pas forc´ement celle de la fonction t7→f(x, t), comme le montre l’exemple suivant.
Exemple Soit f(x, t) = exp(t) +xexp(−t),
alors f est continue de R×[0,+∞[ et ∂f∂x(x, t) = exp(−t).
D’o`u, ∀x∈R, ∀t ∈[0,+∞[, |∂f∂x(x, t)| ≤ϕ(t),
o`u ϕ(t) = exp(−t) fonction continue, int´egrable sur [0,+∞[.
Par cons´equent, l’hypoth`ese (3) est v´erifi´ee mais F(x) =R+∞
0 f(x, t)dt, n’est mˆeme pas d´efinie, car
f(x, t) = exp(t)[1 +xexp(−2t)] ∼
+∞exp(t), non int´egrable,∀x∈R.
Corollaire 1.3.11 Soitf :D×Ω→Rune fonction telle que ∂∂xkfk(x, t)existe pour 1≤k≤n (o`u n∈N∗). Supposons que :
(1) ∀t∈Ω, la fonction x7→ ∂∂xnnf(x, t) est continue sur D;
(2) ∀x∈D, les fonctions t7→ ∂∂xkfk(x, t), 0≤k ≤n, sont int´egrables sur Ω; (30) Pour tout compact K ⊂ D,∃ ϕK : Ω → R+, continue par morceaux, int´egrable sur Ω et telle que
∀x∈K, ∀t ∈Ω, |∂nf
∂xn(x, t)| ≤ϕK(t).
Alors la fonction F(x) =R
Ωf(x, t)dµ(t) est de classe Cn sur D et on a :
∀x∈D, ∀k ∈N,1≤k ≤n, dkF dxk(x) =
Z
Ω
∂kf
∂xk(x, t)dµ(t).
1.3.3 Int´ egration sur un espace produit
Soenit (Ω1, τ1, µ1) et (Ω2, τ2, µ2) deux espaces mesur´es. On suppose qu’ils sont tous deux σ-finis et soitµ=µ1⊗µ2
Th´eor`eme 1.3.12 (Fubini-Tonelli) Soit f : Ω1 ×Ω2 → R+ une fonction mesurable par rapport la mesure produitµ. On suppose que pour presque tout x∈Ω1, la fonction y 7→f(x, y) est int´egrable sur Ω2 et que
R
Ω1
R
Ω2f(x, y)dµ2(y)
dµ1(x) < +∞. Alors f est int´egrable par rapport la mesure produit µ et on a
Z
Ω1×Ω2
f(x, y)dµ(x, y) = Z
Ω1
Z
Ω2
f(x, y)dµ2(y)
dµ1(x) =
= Z
Ω2
Z
Ω1
f(x, y)dµ1(x)
dµ2(y).
Th´eor`eme 1.3.13 (Fubini) Soit f : Ω1 ×Ω2 →C une fonction int´egrable par rapport la mesure produit µ. Alors
(1) pour presque tout x ∈ Ω1, la fonction y 7→ f(x, y) est int´egrable sur Ω2 et la fonction x7→R
Ω2f(x, y)dµ2(y) est int´egrable sur Ω1
(2) pour presque tout y ∈ Ω2, la fonction x 7→ f(x, y) est int´egrable sur Ω1 et la fonction y7→R
Ω1f(x, y)dµ1(x) est int´egrable sur Ω2 (3)
Z
Ω1×Ω2
f(x, y)dµ(x, y) = Z
Ω1
Z
Ω2
f(x, y)dµ2(y)
dµ1(x) =
= Z
Ω2
Z
Ω1
f(x, y)dµ1(x)
dµ2(y).
Th´eor`eme 1.3.14 (Changement de variables)
Soit ϕ : Ω0 → Ω, t → x = ϕ(t) un C1-diff´eomorphisme d’un ouvert Ω0 sur un ouvert Ω de Rn et soit sa matrice jacobienne Dϕ(t) =
∂ϕj
∂ti(t)
i,j avec t= (t1,· · ·, tn), ϕ(t) = (ϕ1(t),· · ·, ϕn(t)) et ϕi : Ω0 →R pour i= 1,· · ·n.
Alors
f ∈L1(Ω) ⇐⇒ (f ◦ϕ)|detDϕ| ∈L1(Ω0), et dans ce cas
Z
Ω
f(x)dx= Z
Ω0
f(ϕ(t))|detDϕ(t)|dt.
1.4. ETUDE DE LA FONCTION GAMMA 13
1.4 Etude de la Fonction Gamma
La fonction Gamma d´efinie par Γ(x) =
Z +∞
0
tx−1exp(−t)dt, dont le domaine de d´efinition est D=]0,+∞[. En effet, En z´ero : puisque limt→0exp(−t) = 1, exp(−t)tx−1∼
0 tx−1 = t1−x1 . Donc en z´ero l’int´egrale converge si (1−x)<1, (⇐⇒ x >0) et diverge si x≥0.
A l’infini : On a ∀x∈R, limt→+∞t2tx−1exp(−t) = 0, d’o`u
pour = 1,∃A > 0 tel que ∀t ≥ A, tx−1exp(−t) ≤ t12, donc, d’apr´es le th´eor`eme de comparaison, l’int´egrale converge `a l’infini et ceci ∀x∈R. En conclusion : R+∞
0 tx−1exp(−t)dt, converge si et seulement si x > 0.
Donc le domaine de d´efinition de la fonction Gamma est D=]0,+∞[.
D’autre part, par une int´egration par parties on montre que, pour x >0, Γ(x+ 1) =xΓ(x),
en particulier pour x=n ∈N, on trouve Γ(n+ 1) =n!.
Le changement de variablet =u2 donne Γ(x) =
Z +∞
0
u2x−2exp(−u2)2udu= 2 Z +∞
0
u2x−1exp(−u2)du, d’o`u pour x= 12 on trouve
Γ(1 2) = 2
Z +∞
0
exp(−u2)du=√ π.
En appliquant encore Γ(x+ 1) =xΓ(x), on trouve pourn ∈N, Γ(n+1
2) = (n− 1
2)(n−3 2)· · ·3
2.1 2Γ(1
2) = 1.3.5.· · ·(2n−1) 2n
√π,
soit
Γ(n+1
2) = (2n)!
22nn!
√π.
1.4.1 Continuit´ e de la fonction Gamma sur ]0, +∞[
La fonction (x, t)7→f(x, t) =tx−1exp(−t) est continue sur ]0,+∞[×]0,+∞[.
D’autre part, pourx >0, soit 0< α≤x≤β, alors
∀t ∈]0,1], tx−1 ≤tα−1 et donc |f(x, t)| ≤tα−1exp(−t), et
∀t∈[1,+∞], tx−1 ≤tβ−1 et donc |f(x, t)| ≤tβ−1exp(−t).
Soit ϕα,β(t) =tα−1exp(−t) +tβ−1exp(−t) = [tα−1+tβ−1] exp(−t), alors ϕα,β :]0,+∞[→R est continue, int´egrable (car limt→+∞t2ϕα,β(t) = 0) et on a
∀x∈[α, β], ∀t∈]0,+∞[, |f(x, t)| ≤ϕα,β(t).
Les hypoth`eses du Th´eor`eme (continuit´e), sont v´erifi´ees et donc la fonc- tion Gamma est continue sur ]0,+∞[.
1.4.2 D´ erivabilit´ e de la fonction Gamma sur ]0, +∞[
La fonction x7→f(x, t) =tx−1exp(−t) est d´erivable sur ]0,+∞[ et pour tout t∈]0,+∞[, on a
∂f
∂x(x, t) = tx−1ln(t) exp(−t).
Plus g´en´eralement, pour k∈N∗, pour tout t >0, la fonctionx7→f(x, t) est k fois d´erivable et on a
∂kf
∂xk(x, t) =tx−1(ln(t))kexp(−t).
Soit n ∈ N∗ alors ∀t ∈]0,+∞[, la fonction x 7→ ∂∂xnnf(x, t) est continue sur ]0,+∞[ et∀x∈]0,+∞[,les fonctionst 7→ ∂∂xkfk(x, t), 0≤k ≤nsont continues et int´egrables sur ]0,+∞[.
D’autre part, pour x >0, soit 0< α≤x≤β, alors
∀t∈]0,1], tx−1 ≤tα−1 et donc |∂nf
∂xn(x, t)| ≤tα−1|ln(t)|nexp(−t), et
∀t∈[1,+∞[, tx−1 ≤tβ−1 et donc |∂nf
∂xn(x, t)| ≤tβ−1|ln(t)|nexp(−t).
1.4. ETUDE DE LA FONCTION GAMMA 15 Soit ϕα,β(t) = [tα−1+tβ−1]|ln(t)|nexp(−t), alors
ϕα,β :]0,+∞[→R est continue, int´egrable (car limt→+∞t2ϕα,β(t) = 0) et on a
∀x∈[α, β], ∀t ∈]0,+∞[, |∂nf
∂xn(x, t)| ≤ϕα,β(t).
Les hypoth`eses du Th´eor`eme (D´erivabilit´e) (Corollaire 1.3.11) , sont v´erifi´ees et donc la fonction Gamma est de classe Cn sur ]0,+∞[ et on a
Γ(n)(x) = Z +∞
0
tx−1(ln(t))nexp(−t)dt.
Commen est arbitraire, la fonction Γ est de classe C∞ sur ]0,+∞[.
1.4.3 Variations de la fonction Gamma
Puisque , pour x >0, Γ(x+ 1) =xΓ(x), on obtient en particulier, Γ(2) = Γ(1) = 1.
D’apr`es le Th´eor`eme de Rolle,∃α∈[1,2] tel que Γ0(α) = 0.
D’autre part, Γ(2)(x) = R+∞
0 tx−1(ln(t))2exp(−t)dt > 0.
Donc Γ0(x) est strictement croissance.
Donc Γ0(x)≤0 pour x∈]0, α] et ≥0 pour x∈[α,+∞[.
En particulier, la fonction Γ est croissante sur [α,+∞[.
Donc pour x≥3, x−1≥2 et Γ(x) = (x−1)Γ(x−1)≥(x−1)Γ(2).
D’o`u pour x≥3, Γ(x))≥(x−1) et
x→+∞lim Γ(x) = +∞.
La continuit´e de la fonction Γ en x= 1, implique que Γ(x) = Γ(x+ 1)
x ∼
0
Γ(1) x = 1
x. D’o`u
lim
x→0+Γ(x) = +∞.
Tableau de variations
x Γ0(x)
Γ(x)
0 α +∞
− 0 +
+∞
+∞
Γ(α) Γ(α)
+∞
+∞
Direction asymptotique
x→+∞lim Γ(x)
x = lim
x→+∞
x−1
x Γ(x−1) = +∞.
Prolongement de Γ(x) pour x n´egatif Bien que pour x ≤ 0, l’int´egrale R+∞
0 tx−1exp(−t)dt diverge, grˆace `a la relation Γ(x+ 1) =xΓ(x), on peut poser par convention
∀x∈]−1,0[, Γ(x) = Γ(x+ 1)
x .
En effet le second membre de l’´egalit´e est bien d´efinie, puisque pourx∈]−1,0[, x+ 1>0.
De mˆeme, pour x ∈]−n,−n+ 1[, x+n > 0, de proche en proche, on obtient
Γ(x) = Γ(x+n)
x(x+ 1)(x+ 2)· · ·(x+n−1). Graphe de la fonction Γ
Chapitre 2
Les espaces L p
2.1 Fonctions convexes
D´efinition 2.1.1 Une fonction f :I →R o`u I ⊆ R un intervalle, est dite convexe sur I si pour tout x, y ∈I et tout t ∈[0,1],
f((1−t)x+ty)≤(1−t)f(x) +tf(y).
Remarque 2.1.2 (1) G´eom´etriquement, cette in´egalit´e signifie que pour x1 < x < x2, les points (x, f(x)) de la courbe de f sont situ´es au-dessous de la droite passant par les points (x1, f(x1)) et (x2, f(x2)).
(2) Si f est convexe sur un intervalle ouvert, alors elle est continue sur cette intervalle.
Exemple 2.1.3 1) La fonction f(x) = exp(x) est convexe sur R. 2) La fonction f(x) =xp est convexe sur R+.
Th´eor`eme 2.1.4 Soit f : I → R une fonction d´efinie sur I ⊆ R un inter- valle. Les conditions sont ´equivalentes :
(1) f est convexe ;
(2) pour tout x, y ∈I, f(x+y2 )≤ f(x)+f(y)2 ;
(3) ∀x1, x2,· · ·, xn ∈I, ∀t1, t2,· · ·, tn ∈[0,1], Pn
i=1ti = 1 , f(
n
X
i=1
tixi)≤
n
X
i=1
tif(xi);
(4) pour tout α ∈ I fix´e, la fonction hα(x) = f(x)−f(α)x−α , x ∈ I, x 6= α est croissante.
17
Th´eor`eme 2.1.5 (In´egalit´e de Jensen) Soitµune mesure positive sur Ω avec µ(Ω) = 1. Soit f ∈L1(Ω, µ) avec f(x)∈I pour tout x∈Ω.
Supposons que ϕ est une fonction convexe sur I, alors ϕ
Z
Ω
f dµ
≤ Z
Ω
(ϕ◦f)dµ.
2.2 D´ efinitions et propri´ et´ es des espace L
pSoit (Ω, τ, µ) un espace mesur´e, dans ce chapitre, bien que la plus part des r´esultats soient annonc´es dans un cadre g´en´eral, on s’int´eresse parti- culi`erement `a la mesure de Lebesgue dans R ouRn.
Soit 1 ≤ p < +∞ et f : Ω → R ou C, une fonction mesurable, alors la fonction |f|p est positive et mesurable (comme compos´ee de f avec une fonction continue, t7→tp). La quantit´e
kfkp def= Z
Ω
|f|pdµ 1p
, est bien d´efinie et appartient `a [0,+∞].
Pour p= +∞ etf : Ω→R ouC, une fonction mesurable, on pose kfk∞
def= inf{M ≥0; |f| ≤M}
la derni`ere in´egalit´e ”|f| ≤ M” veut dire que ”|f(x)| ≤ M pour µ presque toutx∈Ω (p.p.)”. Alorskfk∞ est bien d´efinie et appartient `a [0,+∞] et on a
kfk∞= inf{ sup
x∈Ω\A
|f(x)|; µ(A) = 0}
Si f est mesurable alors il existe un ensemble mesurable A ⊆ Ω, de mesure nulle, tel que
kfk∞ = sup{|f(x)|; x∈Ω\A}.
En effet, si kfk∞ = +∞ alors n’importe quel ensemble A v´erifiant µ(A) = 0 convient (par exempleA=∅).
Supposons que kfk∞ < +∞, alors, par d´efinition de inf, pour tout n ∈ N∗, ∃An avec µ(An) = 0 et supx∈Ω\An|f(x)| ≤ kfk∞+ n1. Posons A =∪An
alors µ(A) = 0 et pour tout n ∈N∗, on a kfk∞≤ sup
x∈Ω\A
|f(x)| ≤ sup
x∈Ω\An
|f(x)| ≤ kfk∞+ 1 n, et donckfk∞= supx∈Ω\A|f(x)|.
2.2. D ´EFINITIONS ET PROPRI ´ET ´ES DES ESPACE LP 19 Par cons´equent,
|f(x)| ≤ kfk∞ µ−p.p. x∈Ω, etkfk∞ est le plus petit nombre v´erifiant cette in´egalit´e.
D´efinition 2.2.1 Soit (Ω, τ, µ) un espace mesur´e et 1≤p < +∞, on pose Lp(Ω, µ)def= {f : Ω→C, mesurable telle quekfkp <∞}
et
L∞(Ω, µ)def= {f : Ω→C, mesurable telle quekfk∞<∞}.
Une fonction appartement `a L∞(Ω, µ) est diteessentiellement born´ee.
Remarque 2.2.2 (1) Attention, une fonction essentiellement born´ee n’est pas forc´ement born´ee.
Exemple Soit Ω = R+ et µ la mesure de Lebesgue et f : R+ → R d´efinie par
f(x) =
exp(−x) si x∈R+\Q, x si x∈Q+.
Alors f est mesurable. D’autre part, puisque Q+ est d´enombrable, sa mesure de Lebesgue est nulle. Donc |f(x)| ≤exp(−x) µ-p.p.
Par cons´equent, kfk∞ ≤ 1. Donc f est essentiellement born´ee (i.e. f ∈ L∞(R+, µ)).
Par contre f n’est pas born´ee. En effet, supposant au contraire, il existe M > 0 tel que |f(x)| ≤ M et soit x = E(M) + 1. Alors x ∈ Q+ et donc f(x) = E(M) + 1> M contradiction. Donc f n’est pas born´ee.
(2) On peut remarquer que f ∈ Lp(Ω, µ) pour tout p∈[1,+∞].
(3) Soit Ω⊆Rn un ouvert et µ la mesure de Lebesgue. Si f ∈C(Ω,C) alors kfk∞= sup{|f(x)|; x∈Ω}.
Remarque 2.2.3 (1) Il est facile de v´erifier que pour tout α ∈C, kαfkp =|α|kfkp et kαfk∞ =|α|kfk∞.
(2) Si f, g ∈ Lp(Ω, µ), 1≤p < +∞, alors f +g ∈ Lp(Ω, µ).
En effet, ceci r´esulte de l’in´egalit´e suivante si a, b≥0 alors (a+b)p ≤2p−1(ap +bp).
(Utiliser la convexit´e de la fonction x7→xp dans R+).
Pour p =∞, le r´esultat se d´eduit de l’in´egalit´e triangulaire du module ( ou de la valeur absolue).
(3) Comme cons´equence de (1) et (2), on a pour tout p∈[1,+∞], Lp(Ω, µ) est un espace vectoriel.
Remarque 2.2.4 Pour 1≤p≤+∞, on a
kfkp = 0 ⇐⇒ |f|p = 0 µ−p.p. ⇐⇒ |f|= 0 µ−p.p. ⇐⇒ f = 0µ−p.p.
Soit Nµ,p={f ∈ Lp(Ω, µ); f = 0µ−p.p.}.
Alors Nµ,p est sous-espace ferm´e de Lp(Ω, µ).
D’autre part, la relation R d´efinie sur Lp(Ω, µ) par f, g ∈ Lp(Ω, µ); f R g ⇐⇒def f −g ∈ Nµ,p
est une relation d’´equivalence.
D´efinition 2.2.5 (Espaces Lp)
Soit (Ω, τ, µ) un espace mesur´e et 1≤p≤+∞. On d´efinit Lp(Ω, µ)def= Lp(Ω, µ)Nµ,p,
l’espace des classes d’´equivalence des fonctions de Lp(Ω, µ) pour la relation R.
Remarque 2.2.6 (1) Pour fˆ ∈ Lp(Ω, µ), on pose kfkˆ p = kfkp o`u f est repr´esentant de la classe f. Alorsˆ kfˆk est bien d´efinie carkfk ne d´epend pas du choix de f dans fˆ.
(2) Lp(Ω, µ) est un espace vectoriel.
Remarque 2.2.7 Si, 0 < p < 1, alors la quantit´e kfkp = R
Ω|f(x)|pdµ1p n’est pas une norme. Donc l’espaceLp n’est pas un espace norm´e. C’est pour cela qu’on consid`ere toujours p≥1. En effet,
(1) Si Ω = [0,1], µ = λ la mesure de Lebesgue et f = χ[0,1
2[ et g = χ[1
2,1[, alors
kfkp =kgkp = (1
2)p1 d’o`ukfkp+kgkp = 21−1p <1 =kf +gkp. Donc l’in´egalit´e triangulaire n’est pas v´erifi´ee.
(2) Lp(Ω, µ)est un espace vectoriel, muni de la distance d(f, g) =R
Ω|f(x)− g(x)|pdµ, f, g ∈Lp(Ω, µ), est un espace m´etrique complet.
2.3. IN ´EGALIT ´ES DE H ¨OLDER ET MINKOWSKI 21
2.3 In´ egalit´ es de H¨ older et Minkowski
Dans toute la suite et en l’absence d’ambiguit´e, on confondra fˆ et f.
Les in´egalit´es qui vont suivre jouent un rˆole tr`es important dans l’´etude des espacesLp. En particulier, elles permettent de montrer quef 7→ kfkp est une semi-norme sur Lp(Ω, µ) et une norme sur Lp(Ω, µ).
Dans toute la suite, on ´ecrira Lp (reps. Lp) `a la place de Lp(Ω, µ) (resp.
Lp(Ω, µ)).
On dira que p, q ∈]1,+∞[, sont exposants conjugu´es si ils v´erifient la relation
1 p +1
q = 1,
si p= 1 alors q=∞ et si q=∞ alors p= 1; (∞1 = 0) Remarquons que si p, q >1 alors
1 p+1
q = 1 ⇐⇒ p= q
q−1 ⇐⇒ q= p
p−1 ⇐⇒ p+q =pq ⇐⇒ p−1 = p q. Lemma 2.3.1 (In´egalit´e de Young) Soit a, b ≥ 0 et p, q ∈]1,+∞[ avec
1
p +1q = 1. Alors
ab≤ ap p + bq
q.
Th´eor`eme 2.3.2 (In´egalit´e de H¨older) Soit p, q ∈ [1,+∞] deux expo- sants conjugu´es (1p + 1q = 1). Soit f, g deux fonctions mesurables. Alors
kf gk1 ≤ kfkpkgkq Corollaire 2.3.3 Si f ∈Lp et g ∈Lq alors f g∈L1
Dans le cas p=q= 2, alors pet q sont exposants conjugu´es et on a Corollaire 2.3.4 (In´egalit´e de Cauchy-Schwartz)
Z
Ω
f gdµ ≤ kfk2kgk2
Th´eor`eme 2.3.5 (In´egalit´e de Minkowski)Soitp∈[1,+∞]etf, g deux fonctions mesurables. Alors
kf+gkp ≤ kfkp+kgkp Corollaire 2.3.6 Soit p∈[1,+∞], alors
(1) L’application f 7→ kfkp est une semi-norme sur Lp. (2) L’application f 7→ kfkp est une norme sur Lp.
2.4 Compl´ etude des espaces L
pLe but de ce paragraphe est de d´emontrer que l’espaceLp est complet et donc un espace de Banach.
D’abord nous donnons un r´esultat sur les s´eries normalement convergente dans Lp
Th´eor`eme 2.4.1 Soit p ∈ [1,+∞[ et (fn)n une suite de fonctions de Lp, normalement convergente i.e.
∞
X
n=1
kfnkp <∞.
Alors
(i) la s´erie P∞
n=1fn converge p.p. et sa somme f(x) = P∞
n=1fn(x) (d´efinie p.p.) appartient `a Lp;
(ii) on a
Nlim→+∞k
N
X
n=1
fn−fkp = 0.
Th´eor`eme 2.4.2 (Th´eor`eme de Riesz-Fischer) Soit p∈[1,+∞[. Alors Lp est un espace norm´e complet .
Plus pr´ecis´ement, si (fn)n une suite de Cauchy de fonctions de Lp, alors (i) ∃f ∈Lp telle que
n→+∞lim kfn−fkp = 0.
(ii) ∃(fnk)k une sous-suite de (fn)n telle que
k→+∞lim fnk(x) = f(x) p.p.
Remarque 2.4.3 Attention, la conclusion (ii) du Th´eor`eme pr´ec´edent dit qu’il s’agit bien de la convergence simple d’une sous-suite mais pas forc´ement la convergence de la suite, comme le montre l’exemple suivant.
Exemple. Il existe une suite de fonction fn ∈ Lp([0,1]) avec la mesure de Lebesgue, telle que limn→+∞kfn−fkp = 0., mais la suite fn(x) ne converge pour aucun x∈[0,1].
D’abord un r´esultat d’arithm´etique :
(i) ∀n∈N∗, ∃pn, qn∈N uniques tels que n= 2pn+qn et qn <2pn.
(La preuve de l’existence peut se faire par r´ecurrence, en remarquant que si n, m∈ N, m < n alors m+ 1 ≤ n et pour l’unicit´e, on suppose qu’il existe
2.4. COMPL ´ETUDE DES ESPACES LP 23 deux d´ecompositions de n et on aboutit `a une contradiction)
(ii) Soit
fn =χ[qn 2pn,qn+12pn ], f1 =χ[0,1],
f2 =χ[0,1
2], f3 =χ[1
2,1], f4 =χ[0,1
4], f5 =χ[1
4,12], f6 =χ[3
4,1], · · ·
Alors, clairement, pn →+∞ quand n→+∞ et on a Z 1
0
|fn(x)|pdx= Z 1
0
χ[qn
2pn,qn+12pn ](x)dx=
Z qn+12pn
qn 2pn
dx= 1
2pn →0, donc kfn−0kp →0 quand n →+∞.
(iii) Soit x ∈ [0,1] alors ∀p ∈ N, ∃q ∈ N tel que x ∈ [2qp,q+12p ]. Posons np = 2p+q alors fnp(x) = 1 et fnp+1(x) = 0. Donc il existe deux sous-suites de fn(x) qui ne converge pas vers la mˆeme limite. Par cons´equent, pour tout x∈[0,1], la suite fn(x) ne converge pas.
Th´eor`eme 2.4.4 (Th´eor`eme de Riesz-Fischer pour L∞) L∞ est un espace norm´e complet.
Th´eor`eme 2.4.5 (Convergence Domin´ee dans Lp)
Soit 1≤p < ∞, (p6=∞) et (fn)n⊂Lp une suite de fonctions telles que (1) fn →f p.p.,
(2) ∃ϕ∈Lp tel que ∀n, |fn| ≤ϕ p.p.
Alors fn converge vers f dans Lp, i.e.
n→+∞lim kfn−fkp = 0.
Remarque 2.4.6 Le th´eor`eme pr´ec´edent est faux pour p=∞.
En effet soit Ω = [0,1], µla mesure de Lebesgue et soit fn=χ[0,1
n], n∈N∗. Alors fn ∈L∞ et
(1) fn →0 =f p.p.,
(2) ∀n, |fn| ≤χ[0,1] =ϕ, ϕ∈L∞ pourtant
n→+∞lim kfn−fk∞ = lim
n→+∞kfnk∞= 16= 0.
Remarque 2.4.7 Soit E un espace norm´e. On d´efinit le dual topologique de E par
E∗ ={f :E →C, forme lin´eaire continue}.
Dans le cas des espaces Lp, on peut d´emontrer que
(1) pour 1< p <∞, (Lp)∗ =Lq avec 1p + 1q = 1 et (L1)∗ =L∞; (2) pour 0< p <1, (Lp)∗ ={0}.
2.5 Th´ eor` eme de densit´ e dans L
pSoit Ω⊆Rn un ouvert etf : Ω→C (ou R)
D´efinition 2.5.1 La fonction f est dite `a support compact si il existe un ensemble K ⊂Ω compact tel que f(x) = 0, ∀x∈Ω\K.
• Nous notons l’ensemble des fonctions continues `a support compact sur Ω par
Cc(Ω) def= {f : Ω→C, continue `a support compact}.
• On appelle le support de f dans Ω l’ensemble
SuppΩ(f)def= {x∈Ω; f(x)6= 0} ⊆Ω, o`u la barre d´esigne l’adh´erence dans l’ouvert Ω.
Remarque 2.5.2 On a
f ∈Cc(Ω) ⇐⇒ SuppΩ(f) est compact.
Exemple 2.5.3 fonction `a support compact (1) Soit f :R→R d´efinie par
f(x) =
2x−1 si 12 ≤x≤1, 1 si 1≤x≤2,
−2x+ 5 si 2≤x≤ 52,
0 ailleurs.
Alors f est continue sur R, SuppR(f) = [12,52] et donc f ∈Cc(R) (2) Soit f :R→R d´efinie par
f(x) =
exp(−1−x1 2) si x∈]−1,1[,
0 ailleurs.
Alors f est continue sur R, SuppR(f) = [−1,1] et donc f ∈Cc(R)
Soit f, g : Ω→C (ou R). Puisque SuppΩ(αf) =
SuppΩ(f) si α6= 0,
∅ si α= 0.
et
SuppΩ(f +g)⊆SuppΩ(f)∪SuppΩ(g), on a le lemme suivant.
2.5. TH ´EOR `EME DE DENSIT ´E DANSLP 25 Lemma 2.5.4 Cc(Ω) est un espace vectoriel.
Lemma 2.5.5 Soit Ω un ouvert de Rn et λ la mesure de Lebesgue, alors (1) Cc(Ω) ⊂Lp(Ω) pour tout p∈[1,+∞],
de plus si p=∞ et f ∈Cc(Ω) alors kfk∞= sup{|f(x)|; x∈Ω}.
(2) Si f, g ∈Cc(Ω) alors
f =g p.p. ⇐⇒ f =g.
(3) Cc(Ω) est un sous espace vectoriel de Lp pour tout p∈[1,+∞].
Preuve(1) Si f ∈Cc(Ω) alors f est continue sur un compact. Donc elle est born´ee et on a kfk∞= sup{|f(x)|; x∈Ω}<∞. Donc f ∈L∞.
Soit 1 ≤p < +∞ et f continue `a support compact, K. Puisque λ(K) <∞ (la mesure de Lebesgue d’un compact est finie), on a
kfkp = Z
Ω
|f|pdλ 1p
= Z
K
|f|pdλ 1p
≤(kfkp∞λ(K))p1 =kfk∞λ(K)1p <∞.
Donc f ∈Lp.
(2) Pour d´emontrer (2), il suffit de montrer que f(x) = 0 p.p. ⇒ f = 0.
Soit V ={x∈Ω, f(x)6= 0}. Alors λ(V) = 0 (puisque f(x) = 0 p.p).
D’autre part, puisquef est continue,V est un ouvert dans Ω, donc un ouvert de Rn. Or, la mesure de Lebesgue d’un ouvert est > 0 (car tout ouvert contient un pav´e non vide). Par cons´equent V =∅et f = 0.
Th´eor`eme 2.5.6 (Densit´e de Cc dans Lp) Soit 1 ≤ p < ∞, (p 6= ∞), alors Cc(Ω) est dense dans Lp(Ω) pour la norme k.kp, i.e.
∀f ∈Lp(Ω),∃(fn)n ⊂Cc(Ω) tel que lim
n→+∞kfn−fkp = 0.
Remarque 2.5.7 Cc(Ω) n’est pas dense dansL∞(Ω).
Par Exemple : si a < b alors C([a, b]) n’est pas dense dans L∞([a, b]). En effet, si a < c < b et f =χ[a,c] alors ∀g ∈C([a, b]), on a
kf −gk∞≥ 1 2. Il suffit de remarquer que
kf−gk∞≥max{|g(c)|;|1−g(c)|} ≥ 1 2.
Remarque 2.5.8 Si Ω est compact, alors Cc(Ω) =C(Ω) l’espace des fonc- tions continues.
Corollaire 2.5.9 Supposons queΩest compact. Soit 1≤p <∞, (p6=∞), alors C(Ω) est dense dans Lp(Ω) pour la norme k.kp, i.e.
∀f ∈Lp(Ω),∃(fn)n⊂C(Ω) tel que lim
n→+∞kfn−fkp = 0.
2.6 Exercices
Exercice 2.6.1 Soit (Ω, µ) un espace mesur´e fini (µ(Ω) <∞).
(1) Montrer que Lq(Ω)⊂Lp(Ω pour tout 1≤p < q ≤+∞
(2) Montrer que l’injection Lq(Ω),→Lp(Ω est continue i.e.
∃C >0 tel que kfkp ≤Ckfkq pour tout f ∈Lq(Ω)
Solution Si f est mesurable alors |f| ≤ kfk∞ µ−p.p. Donc |f(x)|p ≤ kfkp∞ µ−p.p. D’o`u, pour q =∞ et f ∈Lq(Ω), on a
kfkp ≤ kfk∞ Z
Ω
dµ 1p
= (µ(Ω))1pkfk∞<+∞, puisque µ(Ω) <+∞.
Par cons´equentf ∈Lp etLq(Ω)⊂Lp(Ω.
Supposons que q < +∞ et posons r = q−pq alors 1q p
+1r = 1. Si f ∈ Lq, par l’in´egalit´e de H¨older, on obtient
Z
Ω
|f|pdµ≤ Z
Ω
|f|pqp
pq Z
Ω
dµ 1r
d’o`u kfkp ≤ kfkq(µ(Ω))1p−1q <+∞
Par cons´equentf ∈Lp etLq(Ω)⊂Lp(Ω
(2) D’apr`es (1), si on poseC = (µ(Ω))1p siq=∞etC = (µ(Ω))1p−1q siq <∞, alors kfkp ≤Ckfkq pour tout f ∈Lq(Ω). Donc l’injection est continue.
Remarque : La constante C est la meilleure possible, pour le d´emontrer, il suffit de prendref =χΩ. Autrement dit, la norme d’op´erateur de l’injection est ´egale `a C.
Exercice 2.6.2 Soit (Ω, µ) un espace mesur´e et p, q ∈ [1,+∞]. Soit f ∈ Lp(Ω), g ∈Lq(Ω) et r tel que 1r = 1p + 1q.
Montrer que
kf gkr ≤ kfkpkgkq
2.6. EXERCICES 27 SolutionSupposons quep, q ∈[1,+∞[. Alors 1r = 1p+1q implique 1 = 1p
r
+1q r
. Par H¨older, k(f g)rk1 ≤ kfrkp
rkgrkq
r. D’o`u kf gkr = (k(f g)rk1)1r ≤
kfrkp
r
1r kgrkq
r
1r
=kfkpkgkq
Dans le cas p = +∞ et q < ∞, r = q ou dans le cas p = q = ∞, utiliser l’in´egalit´e |f(x)| ≤ kfk∞µ−p.p. pour conclure.
Exercice 2.6.3 (I) Soit a, b≥0 et 0< t <1.
(i) Montrer que
atb1−t≤ta+ (1−t)b.
(ii) Montrer qu’il y a ´egalit´e si et seulement si a=b.
(II) Le cas d’´egalit´e dans l’in´egalit´e de H¨older.
Soit (Ω, µ) un espace mesur´e.
(i) Soit p= 1, q =∞ et f ∈L1(Ω), g∈L∞(Ω).
Donner une condition n´ecessaire et suffisante pour l’´egalit´e kf gk1 =kfk1kgk∞.
(ii) Soit p, q ∈]1,+∞[, 1p +1q = 1. Soit f ∈Lp(Ω), g ∈Lq(Ω). Montrer que kf gk1 =kfkpkgkq ⇐⇒ ∃C1, C2 ≥0, C1|f|p =C2|g|q p.p..
Solution (I)−(i)
Si a = 0 ou b = 0 il n’y a rien `a d´emontrer. Supposons que a, b > 0. Soit ht(x) = 1−t+tx −xt, x > 0. Alors h0t(x) = t−txt−1 = t(1−xt−1) et h0t(x) = 0 ⇐⇒ x= 1. Et, x= 1 est un minimum.
D’o`u 0 =ht(1) ≤1−t+tx−xt, pour toutx >0.
Pour x= ab, on trouve 0≤1−t+ta
b − at
bt d’o`u 0≤(1−t)b+ta− at btb.
Et donc,
atb1−t≤ta+ (1−t)b.
(I)−(ii)
Sia =b l’´egalit´e est facile `a v´erifier.
Inversement, supposons atb1−t=ta+ (1−t)b vraie∀a, b > 0. Alors (a
b)tb=ta+ (1−t)b d’o`u (a
b)t=ta
b + (1−t).