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Remy Ul
To cite this version:
Remy Ul. Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques.
Autre. Institut National des Sciences Appliquées - Centre Val de Loire, 2018. Français. �NNT : 2018ISAB0005�. �tel-02415349�
ÉCOLE DOCTORALE
ÉNERGIE, MATÉRIAUX, SCIENCES DE LA TERRE ET DE L’UNIVERS
LABORATOIRE : GREMAN UMR 7347
THÈSE
présentée par :Rémy UL
soutenue le : 27 septembre 2018
pour obtenir le grade de : Docteur de l’INSA Centre Val de Loire Discipline : Énergétique Spécialité : Matériaux
Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques
THÈSE dirigée par :
Louis-Pascal TRAN-HUU-HUE Professeur, INSA Centre Val de Loire
RAPPORTEURS : Philippe PAPET Christian COURTOIS
Professeur, Institut Charles Gerhardt Montpellier Professeur, Université de Valenciennes
____________________________________________________________________
JURY :
Mario MAGLIONE Philippe PAPET Christian COURTOIS Dragan DAMJANOVIC Franck LEVASSORT Mai PHAM-THI
Louis-Pascal TRAN-HUU-HUE Michaël LEMATRE
INVITÉ :
Thomas LEISSING
Professeur, ICMCB UMR 5026
Professeur, Institut Charles Gerhardt Montpellier Professeur, Université de Valenciennes
Professeur, EPFL, Lausanne Professeur, Université de Tours
Experte en matériaux fonctionnels, Thales R&T Fr Professeur, INSA Centre Val de Loire
Maître de conférences, INSA Centre Val de Loire
Ingénieur R & D, Thales Underwater Systems
Je tiens, tout d’abord, à remercier Philippe Papet et Christian Courtois pour avoir accepté d’être rapporteurs de cette thèse. Au sein du jury, je tiens également à remercier Mario Maglione, président du jury, ainsi que Dragan Damjanovic pour l’attention portée à mes travaux et pour les discussions constructives que nous avons eues.
Le travail présenté dans ce rapport est le résultat de trois années passées au sein de deux sites différents. Le premier est le Laboratoire de Chimie et des Matériaux Multifonction- nels (LCMM) de Thales Research Technology (TRT) à Palaiseau, et le second est le pôle Acoustique et Piézoélectricité du Groupe de Recherche en Matériaux, Microélectronique, Acoustique et Nanotechnologies (GREMAN) situé à l’INSA Centre Val de Loire de Blois. Je voudrais commencer par remercier Élodie Leveugle qui a été mon encadrante de stage de fin d’étude à TRT et avec qui j’ai travaillé durant les premiers mois de ma thèse. Je remercie aussi Michaël Lematre qui a été mon encadrant au GREMAN. Je souhaite également dire un grand merci à Mai Pham-Thi qui a pris la suite de mon encadrement à TRT après le départ d’Elodie. J’ai énormément appris à ses cotés, que ce soit sur les matériaux piézoélec- triques ou sur le monde de la recherche et du travail. Elle m’a toujours poussé à aller au fond des choses et à ne pas avoir peur de demander, de foncer, d’y aller à fond (même si ce n’est pas forcément mon caractère de base) et je la remercie pour cela. Enfin, je tiens à remercier Louis-Pascal Tran-Huu-Hue pour avoir accepté d’être mon directeur de thèse.
Je l’ai trouvé toujours disponible pour répondre à mes questions sur la piézoélectricité ou l’acoustique, ou encore pour débattre sur telle ou telle série. Pascal, s’il y a bien une chose qui m’a beaucoup marqué quand on travaillait ensemble, c’est lorsqu’un problème se présentait sans solution évidente : tu me disais tout le temps que tu n’allais pas me donner de solution mais me montrer comment me passer de ce problème. Et ça fonctionnait ! Enfin, Pascal, j’ai adoré la chanson que tu as faite et jouée au ukulélé sur l’air de Salade de fruit jolie jolie pour mon pot de thèse, moment inoubliable !
Durant ma thèse, j’ai eu l’occasion de participer à un projet ANR dont Franck Levassort
était le Coordinateur. Je tiens vivement à le remercier pour sa gentillesse et pour toute l’aide
qu’il a pu m’apporter. A chaque fois, il m’a très volontairement aidé à corriger mes articles,
il a relu mon manuscrit de thèse de façon très méticuleuse, et il a été toujours très disponible
à l’autre bout du fil lorsque j’avais des préoccupations ou des moments de doute. Franck,
je t’en suis très reconnaissant et je suis heureux que tu aies fait partie de mon jury pour
assister à l’achèvement de mes travaux de thèse. Au sein de ce projet ANR, je tiens aussi
à remercier Anne-Christine Hladky-Hennion, Claire Bantignies, Pascal Marchet,
Philippe Veber et Huges Cabane, pour avoir travaillé avec eux et pour les différentes
discussions que nous avons eues. Je tiens de plus à remercier Monique Pouille et Christian
Granger de l’Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN)
Rouffaud qui m’a épaulé sur cette fin de thèse pour y voir plus clair entre base de données et simulation de SONAR.
Merci aussi à l’ensemble du LCMM pour leur présence et leurs conseils : Christophe, Gré- gory, Ana, Laurent, Paulo et Gaëtan mais aussi Laure et Joffrey, anciens thésards du laboratoire. Je tiens particulièrement à remercier Annie Marx, Albert Lordereau et Gérard Cibien pour leur aide dans la préparation des céramiques et leurs caractérisations.
Un grand merci à Richard pour son aide sur la science des céramiques ainsi que pour toutes ces discussions, pas toujours à propos du travail, mais qui pouvaient t’entrainer à partir tard le soir. Concernant TRT dans son ensemble, je remercie aussi pour leur aide Frédéric Wyczisk, Yves Gourdel et Renato Bisaro. Enfin je terminerai par un immense merci à Romain et Lilia, mes compagnons du groupe Tutoriel pour Rémy. Ils ont une grande part de responsabilité dans le fait que j’ai très bien vécu ces trois années de thèse. La bonne humeur au travail, ce n’était pas seulement parce que j’aimais ce sur quoi je travaillais !
Je remercie aussi l’ensemble des personnes que j’ai rencontrées lorsque j’étais à l’INSA : Jérôme, Géraldine, Séverine, Maxime, Guylaine, Guy, Gaël, Thomas, François, Lionel, Bruno, Didier, Pascal, Laurianne, Hossep, Nicoles, Julien, Francesco, Isa- belle et Marc. Je remercie tout particulièrement Michel Gratton pour toute l’aide qu’il a pu m’apporter dans le montage de la manip de compression. Enfin, je remercie l’ensemble des non-permanents avec qui j’étais dans l’open-space qui ont permis un travail toujours dans la bonne humeur. Je remercie donc nuage d’été et Guldo pour leur gentillesse, le musté- lidé pour ses goûts culinaires toujours équilibrés, Pierre Richard pour sa naïveté toujours très touchante et enfin le sparrow et M. Lacale pour les débats enflammés toujours dur à arrêter.
Pour finir, merci à ma famille d’avoir toujours été là, pour me soutenir quoi qu’il arrive. Je
ne le réalise pas toujours mais ça compte beaucoup pour moi et je vous en remercie. J’espère
que ça n’a pas été trop difficile, surtout durant les derniers mois de rédaction. Enfin, merci
beaucoup Gratianne, mon petit renard, mon petit bigorneau. Merci pour l’amour que tu
me portes, tu me supportes à temps plein et pas un jour ne passe sans que je ne réalise à
quel point je suis chanceux de t’avoir à mes côtés.
Introduction générale 9 1 Généralités sur la piézoélectricité et sur les matériaux piézoélectriques sans
plomb 13
1.1 Lois fondamentales de la piézoélectricité . . . . 15
1.1.1 Symétrie et piézoélectricité . . . . 16
1.1.2 Propriétés diélectriques . . . . 17
1.1.3 Propriétés élastiques . . . . 18
1.1.4 Lois phénoménologiques de la piézoélectricité . . . . 20
1.1.5 Couplage électromécanique . . . . 21
1.2 La ferroélectricité : cas classique du BaTiO
3. . . . 23
1.2.1 Domaines ferroélectriques et polarisation . . . . 23
1.2.2 Polarisation et hystérésis ferroélectriques . . . . 24
1.2.3 Domaines ferroélastiques . . . . 25
1.2.4 Température de Curie et transition de phase : cas du BaTiO
3. . . . 26
1.3 La structure pérovskite . . . . 28
1.3.1 Pérovskite complexe à base de plomb : cas du PZT . . . . 29
1.3.2 Propriétés des PZT et des autres systèmes avec du plomb . . . . 30
1.4 Contexte environnemental . . . . 31
1.4.1 Toxicité du plomb et législation européenne . . . . 31
1.4.2 Report temporaire de l’interdiction d’utilisation du plomb dans les ma- tériaux piézoélectriques . . . . 32
1.5 Céramiques piézoélectriques sans plomb : état de l’art . . . . 32
1.5.1 Cas des composés à base de bismuth et d’alcalins . . . . 34
1.5.2 Pérovskite sans plomb à plus haute température de Curie : le KNN . 36 1.5.3 Solution solide et dopage du BaTiO
3. . . . 38
1.6 Conclusion . . . . 40
2.1 Procédé de synthèse et méthodes de caractérisation des céramiques piézoélec-
triques . . . . 45
2.1.1 Synthèse du titanate de baryum . . . . 45
2.1.2 Préparation des échantillons pour mesures : procédés de polarisation . 48 2.1.3 Techniques de caractérisation diélectrique et piézoélectrique . . . . . 49
2.1.4 Fiabilité des résultats annoncés . . . . 52
2.2 Modification de la base BaTiO
3. . . . 54
2.2.1 Matériau BaTiO
3de départ . . . . 54
2.2.2 Dopage et codopage de la céramique . . . . 56
2.2.2.1 Dopage par un ion accepteur : le cobalt (+II/+III) . . . . . 56
2.2.2.2 Dopage par un ion donneur : le niobium (+V) . . . . 56
2.2.2.3 Dopage par un ion isovalent : le calcium (+II) . . . . 57
2.2.2.4 Ajout de l’ion Li (+I) à la composition . . . . 57
2.2.2.5 Impact sur la structure pérovskite de l’ajout d’éléments étran- gers . . . . 58
2.2.3 Modification de la température de frittage : utilisation de fondant . . 61
2.2.3.1 Utilisation de l’oxyde de lithium Li
2O . . . . 61
2.2.3.2 Influence du codopage sur le frittage . . . . 66
2.3 Propriétés fonctionnelles des céramiques de base BaTiO
3. . . . 68
2.3.1 Choix du pourcentage de fondant sur critère des propriétés piézoélec- triques . . . . 68
2.3.2 Modification des propriétés piézoélectriques du BaTiO
3: impact du lithium et mono-dopage . . . . 69
2.3.3 Propriétés piézoélectriques des matériaux co-dopés . . . . 71
2.3.4 Recuit sous oxygène des céramiques . . . . 73
2.3.5 Domaine d’utilisation en température des matériaux . . . . 74
2.3.6 Cycle d’hystérésis : écart par rapport au cas classique du BaTiO
3fer- roélectrique . . . . 78
2.3.7 Évolution des propriétés des matériaux au cours du temps . . . . 79
2.4 Conclusion . . . . 79
3 Vieillissement et Drift Diélectrique 81 3.1 Comportement doux et dur des céramiques piézoélectriques : champ interne . 82 3.2 Processus de polarisation et vieillissement du BT :Co,Li . . . . 84
3.2.1 Polarisation par champ croissant à température ambiante (Increasing
Field IF) . . . . 84
du temps . . . . 87
3.3 Vieillissement et dipôle électrique de défaut . . . . 88
3.3.1 Dipôles électriques de défaut, théorie SRO (Short Range Order) . . . 89
3.3.2 Céramique BT :Co,Li non polarisée . . . . 92
3.3.3 Céramique BT :Co,Li polarisée . . . . 95
3.4 Compensation de charge . . . . 96
3.4.1 Cinétique de basculement des dipôles électriques de défaut . . . . 96
3.4.2 Compensation de charge - Modulation du champ interne . . . . 98
3.5 Propriétés non linéaire : drift diélectrique . . . 102
3.5.1 Non linéarité et comportement de Rayleigh . . . 102
3.5.2 Comportement piézoélectrique « dur » du BaTiO
3dopé et co-dopé . 103 3.5.3 BT :Co,Li : évolution en fonction de la concentration en lithium . . . 105
3.5.4 BT :Co,Li,F : rôle du fluor . . . 105
3.5.5 Évolution par cyclage électrique . . . 106
3.6 Conclusion . . . 108
4 Étude sous contrainte mécanique des matériaux piézoélectriques sans plomb synthétisés 109 4.1 Dispositif expérimental de mise sous contrainte mécanique . . . 110
4.1.1 Instrumentation . . . 110
4.1.2 Calcul des constantes élastiques et piézoélectrique . . . 114
4.1.3 Validation du dispositif expérimental . . . 115
4.2 Comportement mécanique du BT :Ca,Co,Nb,Li non polarisé : influence du tri-dopage Ca, Co, Nb sur le titanate de baryum . . . 120
4.3 Étude du comportement sous contrainte mécanique des matériaux polarisés . 121 4.3.1 Déformations mécaniques et déplacement électrique de BaTiO
3. . . . 121
4.3.2 Déformations mécaniques et déplacement électrique de BaTiO
3dopé 123 4.3.3 Cycle de compression sur le (BTCa
1%Co
0,5%Nb
0,5%, 1% Li
2CO
3) . . . 127
4.4 Modélisation du comportement hystérétique des céramiques piézoélectriques sous contrainte mécanique . . . 128
4.4.1 Description du modèle . . . 129
4.4.2 Résultats d’optimisation des paramètres du modèle avec les courbes expérimentales . . . 133
4.4.2.1 Principe de détermination des paramètres du modèle . . . . 133
4.4.2.2 Modélisation du comportement sous contrainte du BaTiO
3. 134
4.5 Conclusion . . . 137
5.1 Intégration dans des transducteurs ultrasonores de type mono-élément . . . . 141
5.1.1 Conception des transducteurs . . . 141
5.1.2 Caractérisation par impédancemétrie électrique . . . 144
5.1.3 Mesure des performances électro-acoustiques . . . 147
5.2 Intégration du titanate de baryum dopé dans des transducteurs SONAR de type Tonpilz . . . 150
5.2.1 Obtention de la base de données du titanate de baryum dopé . . . 152
5.2.2 Caractérisation des anneaux de céramique . . . 153
5.2.3 Montage et caractérisation des Tonpilz . . . 155
5.3 Conclusion . . . 157
Conclusion générale 159
Bibliographie 163
A Techniques de caractérisations physico-chimiques des matériaux 173
B Fiches techniques du PZ21 de MEGGITT A/S 177
C Fiches techniques du PZ26 de MEGGITT A/S 181
D Résultats RPE - ICMCB 185
Phénomène fondamental de l’interaction électromécanique, la piézoélectricité a été décou- verte à la fin du XIXe siècle par les frères Pierre et Jacques Curie. À ses débuts, l’engouement autour de ce phénomène était assez faible et restreint à des applications de laboratoire comme la balance à quartz inventée par les deux frères Curie. Ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard, suite aux dégâts provoqués par les sous-marins lors de la 1ère guerre mondiale, que le tout premier SONAR (toujours avec du quartz) fut inventé par Paul Langevin et son équipe.
Ce dispositif, permettant d’émettre et de détecter des ondes acoustiques dans l’eau, fut un succès et marqua le coup d’envoi de l’élargissement du champ d’application des matériaux piézoélectriques. Aujourd’hui, la piézoélectricité a conduit à une gamme très variée d’utilisa- tions, allant par exemple, de l’imagerie médicale aux capteurs et aux actionneurs, en passant plus récemment par les générateurs électriques dans le cadre de la récupération d’énergie.
Afin de répondre aux multiples applications pensées pour la piézoélectricité, une grande va- riété de matériaux existe. On peut en effet trouver l’effet piézoélectrique dans des matériaux de types très différents, tels que le polymère, la céramique ou encore les sels et les cristaux.
Cependant, même si la zoologie des matériaux piézoélectriques est extrêmement variée, une famille de matériaux céramiques prédomine dans l’industrie : la famille du zirconate titanate de plomb, ou PZT. Découvert dans les années 50, peu de temps après le titanate de baryum (BaTiO
3), le PZT (Pb(Zr
1-xTi
x)O
3) s’est imposé grâce à des propriétés piézoélectriques su- périeures à celles des autres matériaux. Ce type de matériau contenant du plomb a d’autant plus été mis en avant dans les années 80 lors de la découverte des monocristaux comme le PMN - PT aux constantes piézoélectriques géantes.
Cependant, depuis maintenant une vingtaine d’années, la prise en compte croissante des
impacts sanitaires et environnementaux liés à la production de matériel remet en question
l’utilisation des matériaux piézoélectriques à base de plomb. Au niveau européen, les di-
rectives RoHS et REACH visent à supprimer le plomb de toutes les applications qui en
contiennent plus de 0,1% massique. À cause des applications critiques dans lesquelles ils sont
engagés (médicale, militaire, . . . ), les matériaux de type PZT ont reçu des dérogations tem-
poraires mais devront à terme être remplacés par des matériaux moins nocifs. De ce fait, les
axes de recherche autour de la piézoélectricité sont maintenant principalement orientés vers
propriétés.
Le cadre de cette thèse se situe donc dans ce contexte, où la plupart des recherches sur les matériaux piézoélectriques sont tournées vers l’étude des sans-plomb. Le domaine d’étude de ce travail est concentré autour de la céramique piézoélectrique BaTiO
3pour utilisation dans des dispositifs de transduction ultrasonore, et plus particulièrement pour des applications en acoustique sous-marine. Les objectifs de cette thèse sont articulés autour de trois axes principaux. Le premier, orienté sur l’optimisation et la caractérisation de compositions de BaTiO
3, a pour but la synthèse d’une composition possédant les propriétés requises pour être intégrée dans des dispositifs de transducteurs pour des applications sous-marines. Une attention particulière a été portée au processus de synthèse céramique afin de le rendre re- productible et facilement transférable à l’échelle industrielle. Le deuxième axe de ces travaux se concentre sur des caractérisations plus poussées sur les compositions sélectionnées. Une étude du vieillissement dans les céramiques au comportement piézoélectrique dur a ainsi été réalisée. De plus, les matériaux ont été caractérisés lors de l’application d’une forte contrainte électrique ou d’une forte contrainte mécanique. Couplé avec les caractérisations à bas niveau effectuées dans l’axe 1, cela permet d’avoir une vue complète du comportement des échan- tillons synthétisés. Enfin, le dernier axe concerne la validation de la composition sélectionnée via la réalisation de plusieurs transducteurs ultrasonores.
Les travaux effectués au cours de cette thèse ont été réalisés au LCMM (Laboratoire de
Chimie et des Matériaux Multifonctionnels) de Thales Research & Technology France (TRT)
qui dispose de tous les équipements nécessaires à la synthèse et à la caractérisation des
céramiques piézoélectriques, ainsi qu’au GREMAN (Groupe de Recherche En Matériaux,
Microélectronique, Acoustique et Nanotechnologies) à l’INSA Centre Val de Loire pour
les caractérisations sous forte contrainte mécanique. De plus, cette thèse s’est déroulée en
parallèle du projet ANR HECATE qui a pour objectifs de développer de nouveaux matériaux
piézoélectriques sans plomb possédant de hautes performances et de les intégrer dans des
dispositifs pour des applications sous-marines et d’imagerie médicale. Dans ce cadre, des
collaborations avec l’IRCER (Institut de Recherche sur les Céramiques) à Limoges, l’ICMCB
(Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux) à Bordeaux ainsi que l’IEMN
(Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie) à Lille ont permis de
réaliser respectivement, des affinements Rietveld de diagrammes de rayon X, des mesures de
RPE ainsi que le montage et la caractérisation des transducteurs Tonpilz.
Le manuscrit se compose de cinq chapitres.
Le chapitre 1 est consacré aux généralités sur la piézoélectricité et sur les matériaux piézoélectriques. Il décrit le contexte actuel en termes de normes européennes sur la régulation des matériaux contenant du plomb puis présente un état de l’art des principaux matériaux sans plomb envisagés pour remplacer le PZT. Ils se regroupent en trois familles principales : les niobates de potassium et de sodium (KNN), les titanates à base d’alcalin bismuth, sodium et potassium (BNT ou BKT) et les titanates de baryum (BT).
Le chapitre 2 traite de l’optimisation des compositions et du processus de synthèse de BaTiO
3. Le cycle de frittage des matériaux est amélioré via l’utilisation de l’oxyde ou du carbonate de lithium. La modification des propriétés du BaTiO
3se fait à travers le dopage du matériau par les ions calcium, cobalt et niobium. L’effet de l’insertion des dopants est étudié de manière physico-chimique ainsi qu’à travers les caractérisations diélectriques et électromécaniques à bas niveau.
Le chapitre 3 s’intéresse au processus de vieillissement des céramiques synthétisées. Il s’inscrit dans un objectif général de compréhension des mécanismes responsables du vieillissement dans les céramiques piézoélectriques au comportement dur. Les phé- nomènes sont étudiés à travers l’acquisition des cycles d’hystérésis des matériaux et sont corrélés avec l’utilisation des dopants dans les différentes compositions. La fin du chapitre s’intéresse à la caractérisation non-linéaire de la permittivité des céramiques synthétisées sous forte contrainte électrique.
Le chapitre 4 présente une étude sous contrainte mécanique des compositions de BaTiO
3synthétisées. Le dispositif expérimental mis en place pour cette étude est dans un pre- mier temps décrit. L’étude du comportement des matériaux subissant des contraintes pouvant aller jusqu’à 300 MPa est réalisée puis les résultats sont comparés à un modèle semi-phénoménologique.
Le chapitre 5 conclut ce manuscrit en présentant des démonstrateurs de transducteurs
acoustiques. Une composition de BaTiO
3est sélectionnée et comparée à un PZT dur
de type PZT-4 (norme Navy I) à travers la fabrication : (i) d’un transducteur mono-
élément et (ii) d’un transducteur Tonpilz pour l’acoustique sous-marine.
Généralités sur la piézoélectricité et sur les matériaux piézoélectriques sans
plomb
Sommaire
1.1 Lois fondamentales de la piézoélectricité . . . 15
1.1.1 Symétrie et piézoélectricité . . . . 16
1.1.2 Propriétés diélectriques . . . . 17
1.1.3 Propriétés élastiques . . . . 18
1.1.4 Lois phénoménologiques de la piézoélectricité . . . . 20
1.1.5 Couplage électromécanique . . . . 21
1.2 La ferroélectricité : cas classique du BaTiO
3. . . 23
1.2.1 Domaines ferroélectriques et polarisation . . . . 23
1.2.2 Polarisation et hystérésis ferroélectriques . . . . 24
1.2.3 Domaines ferroélastiques . . . . 25
1.2.4 Température de Curie et transition de phase : cas du BaTiO
3. . . 26
1.3 La structure pérovskite . . . 28
1.3.1 Pérovskite complexe à base de plomb : cas du PZT . . . . 29
1.3.2 Propriétés des PZT et des autres systèmes avec du plomb . . . . . 30
1.4 Contexte environnemental . . . 31
1.4.1 Toxicité du plomb et législation européenne . . . . 31
1.4.2 Report temporaire de l’interdiction d’utilisation du plomb dans les matériaux piézoélectriques . . . . 32
1.5 Céramiques piézoélectriques sans plomb : état de l’art . . . 32
1.5.1 Cas des composés à base de bismuth et d’alcalins . . . . 34
1.5.2 Pérovskite sans plomb à plus haute température de Curie : le KNN 36
1.5.3 Solution solide et dopage du BaTiO
3. . . . 38
1.6 Conclusion . . . 40
L’étude de la pyroélectricité, phénomène connu depuis le 18
èmesiècle dans certains mono- cristaux, permit aux frères Pierre et Jacques Curie de découvrir en 1880 la piézoélectricité. En effet, l’étude de cristaux tels que la tourmaline ou le sel de Rochelle leur a permis de mettre en évidence l’effet direct de la piézoélectricité. Sous l’effet d’une contrainte mécanique, une po- larisation électrique apparaissait dans de tels matériaux ! Le couplage réciproque de l’énergie mécanique et électrique au sein d’un matériau piézoélectrique fut observé expérimentalement peu de temps après.
Il faudra attendre la Première guerre mondiale pour voir apparaître les premières applications pratiques de cette propriété. En utilisant des cristaux de quartz, Paul Langevin élabore le premier transducteur ultrasonore pour la détection sous-marine à base de matériaux piézo- électriques : le SONAR (SOund Navigation And Ranging).
Toutefois, ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale qu’apparaît une brusque avancée dans le domaine de la piézoélectricité avec la découverte du titanate de baryum (BaTiO
3).
Avec ce composé apparaît une nouvelle classe de matériaux : les céramiques ferroélectriques de structure pérovskite. Ce type de matériau possède une constante piézoélectrique très supérieure aux monocristaux connus à l’époque et a l’avantage d’être facilement synthéti- sable. La découverte seulement quelques années plus tard des pérovskites à base de plomb Pb(Zr
1-xTi
x)O
3(PZT) dont les propriétés supplantent largement celles du BaTiO
3vont conduire à remplacer les cristaux dans les dispositifs de transduction ultrasonore par ces céramiques ferroélectriques.
Après l’essor des céramiques piézoélectriques, des mono-cristaux de même composition ont commencé à être développés. Ces monocristaux piézoélectriques, coupés dans des plans cris- tallographiques particuliers, ont permis l’obtention de propriétés bien supérieures à celles des céramiques. Ils sont aujourd’hui utilisés pour certaines applications de transduction ultraso- nore.
1.1 Lois fondamentales de la piézoélectricité
La piézoélectricité est un phénomène qui résulte du couplage entre les propriétés méca- niques et électriques d’un matériau. C’est la propriété que possèdent certains corps à se polariser électriquement sous l’action d’une force mécanique. Un matériau est dit piézoélec- trique s’il apparaît des charges électriques de surface Q
S(C/m
2) lorsqu’on le soumet à une contrainte T (N/m
2). C’est l’effet direct de la piézoélectricité. Elle se traduit par une relation de proportionnalité entre la contrainte appliquée et la polarisation électrique qui apparait en réponse à cette contrainte :
𝑃
𝑖= 𝑑
𝑖𝑗𝑘𝑇
𝑗𝑘𝑎𝑣𝑒𝑐 1 ≤ 𝑖, 𝑗, 𝑘 ≤ 3 𝑒𝑡 𝑖, 𝑗, 𝑘 𝑒𝑛𝑡𝑖𝑒𝑟 (1.1)
Avec :
— 𝑃
𝑖(C/m
2) vecteur de la polarisation électrique
— 𝑑
𝑖𝑗𝑘(C/N) tenseur des constantes piézoélectriques d’ordre 3
— 𝑇
𝑗𝑘(N/m
2) tenseur des contraintes mécaniques d’ordre 2
Le phénomène inverse existe aussi, c’est l’effet inverse de la piézoélectricité. C’est donc la propriété que possèdent certains corps de se déformer sous l’effet d’un champ électrique.
Cette propriété relie proportionnellement la déformation du matériau au champ électrique appliqué :
𝑆
𝑖𝑗= 𝑑
𝑖𝑗𝑘𝐸
𝑘(1.2)
Avec :
— 𝑆
𝑖𝑗tenseur des déformations d’ordre 2
— 𝐸
𝑘(V/m) vecteur du champ électrique
1.1.1 Symétrie et piézoélectricité
Un matériau piézoélectrique est un matériau diélectrique. À l’échelle cristalline, la piézo- électricité se manifeste par l’apparition d’une polarisation électrique. Lorsqu’une contrainte mécanique est appliquée, l’effet direct de la piézoélectricité se traduit alors par l’apparition de dipôles électriques grâce à la séparation des barycentres des charges négatives et positives lors de la déformation de la structure cristalline (Figure 1-1).
Il existe en tout 32 classes cristallines dans le domaine des matériaux : 11 sont centrosy- métriques et 21 non-centrosymétriques. Elles sont classées selon le schéma présenté Figure 1-2. Tout d’abord, les matériaux ayant une symétrie centrosymétrique ne peuvent être pié- zoélectriques. Ensuite, mis à part le groupe de symétrie non-centrosymétrique 432, les 20 autres symétries non-centrosymétriques permettent des propriétés piézoélectriques. On re- trouve ensuite parmi ces 20 classes cristallines 10 symétries polaires, qui ont la propriété de posséder une polarisation électrique en l’absence de champ électrique externe appliqué.
Ce type de matériau est dit pyroélectrique et leur polarisation spontanée est dépendante de la température. Enfin, parmi ces matériaux pyroélectriques, il existe des matériaux dont la polarisation électrique peut changer d’orientation sous l’influence d’un champ électrique externe : ces matériaux sont appelés ferroélectriques.
En suivant l’organisation des groupes de symétrie de la Figure 1-2, on peut remarquer
que tous les matériaux ferroélectriques possèdent des propriétés piézoélectriques mais la ré-
ciproque n’est pas vraie. Le quartz (groupe de symétrie 32), par exemple, est un matériau
piézoélectrique sans pour autant être ferroélectrique (il est non polaire). Le titanate de ba-
ryum (BaTiO
3, groupe de symétrie 6mm), lui, est piézoélectrique et ferroélectrique. Enfin,
Figure 1-1 – Représentation schématique de la condition de non-centrosymétricité nécessaire à l’apparition de la piézoélectricité
Figure 1-2 – Classification cristalline : un ensemble de propriétés
la tourmaline (groupe de symétrie 3m) est piézoélectrique et pyroélectrique mais ne possède pas de propriétés ferroélectriques.
1.1.2 Propriétés diélectriques
Lorsqu’un matériau diélectrique homogène est placé dans un champ électrique 𝐸
𝑗, il n’y a
pas de création de courant électrique mais les ions chargés se déplacent légèrement de leur
position d’équilibre. Les charges positives se déplacent dans la direction et le sens du champ
et les charges négatives dans le sens opposé. Il y a création de moments dipolaires et donc
création d’une polarisation 𝑃 , moyenne volumique des moments dipolaires. On a alors :
𝑃
𝑖= 𝜀
0𝜒
𝑖𝑗𝐸
𝑗(1.3) Avec :
— 𝜀
0permittivité du vide
— 𝜒
𝑖𝑗tenseur d’ordre 2 de susceptibilité diélectrique défini par : 𝜒
𝑖𝑗= 𝜀
𝑖𝑗,𝑟− 1 = 𝜀
𝑖𝑗𝜀
0− 1 (1.4)
Avec :
— 𝜀
𝑖𝑗,𝑟tenseur d’ordre 2 des permittivités diélectriques relatives (ou constante diélec- trique) du matériau
— 𝜀
𝑖𝑗tenseur d’ordre 2 des permittivités diélectriques du matériau
Dans le domaine électrique, en plus du champ 𝐸
𝑗et de la polarisation 𝑃
𝑖, le déplacement électrique 𝐷
𝑖(C/m
2) est utilisé comme autre variable. Cette variable est souvent plus pratique à utiliser, elle est reliée à 𝐸
𝑗suivant la relation :
𝐷
𝑖= 𝜀
𝑖𝑗𝐸
𝑗(1.5)
ce qui conduit à la relation entre polarisation et déplacement électrique :
𝐷
𝑖= 𝜀
0𝐸
𝑗+ 𝑃
𝑖(1.6)
Pour finir, on définit la capacité 𝐶
𝑖𝑗(F) du matériau par : 𝐶
𝑖𝑗= 𝜀
𝑖𝑗𝑆
𝑡 (1.7)
Avec :
— 𝑆 (m
2) surface des électrodes du matériau
— 𝑡 (m) distance entre les deux électrodes du matériau
1.1.3 Propriétés élastiques
La piézoélectricité résultant du couplage entre les domaines élastique et électrique, les va-
riables mécaniques vont jouer un rôle important dans les lois qui la décrivent. Lorsqu’un
solide est soumis à des forces externes suffisamment importantes, les éléments qui le com-
posent (atomes, ions) vont se déplacer de leur position d’équilibre. Le solide se déforme alors
et des contraintes apparaissent qui tendent à ramener le solide dans un état au repos. Si,
lorsqu’on retire ces forces externes, le solide retrouve son état initial, il est dit élastique. Si-
non, il a alors subi des déformations plastiques. Les déformations peuvent donc être définies
comme un gradient de déplacement des éléments du matériau les uns par rapport aux autres.
Elles sont exprimées par la relation suivante : 𝑆
𝑘𝑙= 1
2 (︁ 𝜕𝑢
𝑘𝜕𝑥
𝑙− 𝜕𝑢
𝑙𝜕𝑥
𝑘)︁ (1.8)
Avec :
— 𝑢
𝑘et 𝑢
𝑙les vecteurs de déplacement
Dans le cas d’un solide élastique non-piézoélectrique, Robert Hooke établit au 17
èmesiècle une relation de proportionnalité entre contrainte et déformation :
𝑇
𝑘𝑙= 𝑐
𝑘𝑙𝑚𝑛𝑆
𝑚𝑛𝑎𝑣𝑒𝑐 1 ≤ 𝑘, 𝑙, 𝑚, 𝑛 ≤ 3 𝑒𝑡 𝑘, 𝑙, 𝑚, 𝑛 𝑒𝑛𝑡𝑖𝑒𝑟 (1.9) Avec :
— 𝑐
𝑘𝑙𝑚𝑛tenseur des constantes élastiques d’ordre 4
Le tenseur 𝑐
𝑘𝑙𝑚𝑛possède alors 81 composantes mais pour des considérations de symétrie, on peut démontrer qu’elles peuvent être réduites à 36 [ROY00a]. Les couples (kl) et (mn) ne peuvent prendre alors que six valeurs indépendantes et peuvent être contractés de la façon suivante (convention de Voigt) :
(11) = 1; (22) = 2; (33) = 3; (23) = (32) = 4; (13) = (31) = 5; (12) = (21) = 6 De plus, la constante élastique conserve la même valeur si les deux premiers ou les deux derniers indices sont échangés tel que :
𝑐
𝑘𝑙𝑚𝑛= 𝑐
𝑙𝑘𝑚𝑛𝑒𝑡 𝑐
𝑘𝑙𝑚𝑛= 𝑐
𝑘𝑙𝑛𝑚(1.10) La relation 1.9 devient alors :
𝑇
𝛼= 𝑐
𝛼𝛽𝑆
𝛽𝑎𝑣𝑒𝑐 1 ≤ 𝛼, 𝛽 ≤ 6 (1.11)
Où 𝛼 est lié à (𝑘𝑙) et 𝛽 à (𝑚𝑛) . Cette relation peut être inversée pour exprimer la déformation en fonction de la contrainte :
𝑆
𝛼= 𝑠
𝛼𝛽𝑇
𝛽𝑎𝑣𝑒𝑐 1 ≤ 𝛼, 𝛽 ≤ 6 (1.12)
Où 𝑠
𝛼𝛽correspond au tenseur des souplesses élastiques d’ordre 4 avec :
𝑠
𝛼𝛽= (𝑐
𝛼𝛽)
−1(1.13)
La notation avec les indices contractés (𝛼𝛽) est souvent utilisée car elle facilite la lecture.
Cependant, les composantes des tenseurs ne sont pas toujours égales aux composantes des
tenseurs avec indices contractés. Notamment concernant les tenseurs de déformation, de souplesse élastique et des constantes piézoélectriques 𝑔 (introduits dans la section suivante) et 𝑑 :
𝑠
𝛼𝛽= 2
𝑝𝑠
𝑘𝑙𝑚𝑛𝑒𝑡 𝑆
𝛼= 2
𝑝𝑆
𝑘𝑙𝑒𝑡 𝑔
𝑖𝛼= 2
𝑝𝑔
𝑖𝑘𝑙𝑒𝑡 𝑑
𝑖𝛼= 2
𝑝𝑑
𝑖𝑘𝑙Avec :
— 𝑝 = 1 si 𝛼 > 3 ou 𝛽 > 3 ; 𝑝 = 2 si 𝛼 > 3 et 𝛽 > 3 ; 𝑝 = 0 dans les autres cas
1.1.4 Lois phénoménologiques de la piézoélectricité
La piézoélectricité consiste en un couplage entre les domaines élastique et électrique. Les relations établies précédemment permettent d’établir des équations reliant ces grandeurs. Il est alors possible d’obtenir, en partant de considérations thermodynamiques comme l’éner- gie libre de Gibbs et en négligeant les phénomènes thermiques et magnétiques, deux équa- tions constitutives de la piézoélectricité aux deux variables indépendantes 𝐸
𝑖et 𝑇
𝛽([IKE96], [ROY00a]) :
𝑆
𝛼= 𝑠
𝐸𝛼𝛽𝑇
𝛽+ 𝑑
𝑖𝛼𝐸
𝑖(1.14)
𝐷
𝑖= 𝜀
𝑇𝑖𝑗𝐸
𝑗+ 𝑑
𝑖𝛼𝑇
𝛼(1.15)
Ces deux équations traduisent l’effet piézoélectrique. L’effet direct correspond à la déforma- tion du matériau lors de l’application d’un champ électrique 𝐸
𝑖et l’effet inverse correspond à l’apparition d’une polarisation électrique lors de l’application d’une contrainte mécanique 𝑇
𝛽.
De façon plus générale, en prenant en compte les phénomènes thermiques (thermoélasticité, pyroélectricité), un matériau piézoélectrique est défini par trois relations d’état en ajoutant aux deux relations précédentes l’entropie 𝜎 liée à la température 𝜃 [BER64] :
𝑆
𝛼= 𝑠
𝐸,𝜃𝛼𝛽𝑇
𝛽+ 𝑑
𝜃𝑖𝛼𝐸
𝑖+ 𝜆
𝐸,𝜃𝛼∆𝜃 (1.16)
𝐷
𝑖= 𝜀
𝑇 ,𝜃𝑖𝑗𝐸
𝑗+ 𝑑
𝜃𝑖𝛼𝑇
𝛼+ 𝑝
𝑇,𝜃𝑖∆𝜃 (1.17)
𝜎 = 𝜆
𝐸,𝜃𝛼𝑇
𝛼+ 𝑝
𝑇 ,𝜃𝑖𝐸
𝑖+ 𝜌𝐶
𝑇 ,𝐸𝜃
0𝜃 (1.18)
Avec les constantes 𝜆 , 𝑝 , 𝜌 et 𝐶 correspondant respectivement aux termes thermomécanique,
pyroélectrique, à la masse volumique et à la capacité calorifique, le ou les exposants 𝐸 , 𝑇 et 𝜃
signifiant respectivement à champ électrique constant et/ou à contrainte mécanique constante et/ou à température constante.
Usuellement, les effets de la température sont négligés de sorte que les équations utilisées sont (1.14) et (1.15). À ces deux équations s’ajoutent six relations qui découlent de l’expression de trois autres fonctions thermodynamiques : l’énergie libre d’Helmholz, l’énergie élastique de Gibbs et l’énergie électrique de Gibbs. On a donc huit relations fondamentales qui décrivent la piézoélectricité (Tableau 1.1) qui sont interdépendantes via des relations entre les constantes 𝑐 , 𝑠 , 𝜀 , 𝑑 , 𝑔 , 𝑒 , ℎ et 𝛽 .
Grandeurs Électriques Grandeurs Mécaniques 𝐷 = 𝑑𝑇 + 𝜀
𝑇𝐸 𝑆 = 𝑠
𝐸𝑇 + 𝑑𝐸 𝐸 = −ℎ𝑆 + 𝛽
𝑆𝐷 𝑇 = 𝑐
𝐷𝑆 − ℎ𝐷 𝐸 = −𝑔𝑇 + 𝛽
𝑇𝐷 𝑆 = 𝑠
𝐷𝑇 + 𝑔𝐷 𝐷 = 𝑒𝑆 + 𝜀
𝑆𝐸 𝑇 = 𝑐
𝐸𝑆 − 𝑒𝐸
Tableau 1.1 – Équations constitutives de la piézoélectricité. Pour des considérations de clarté, les indices ont été omis
1.1.5 Couplage électromécanique
La conversion d’énergie électrique en énergie mécanique et inversement est décrite par le coefficient de couplage électromécanique 𝑘 . Il est défini comme le rapport entre l’énergie d’interaction, élastique et diélectrique. En négligeant les effets thermiques et magnétiques, l’énergie interne du système 𝑈 s’exprime :
𝑈 = 𝑈
𝑀+ 𝑈
𝐸(1.19)
𝑈 = 1
2 𝑆
𝛼𝑇
𝛼+ 1
2 𝐸
𝑖𝐷
𝑖(1.20)
En combinant avec l’équation (1.14) et (1.15) : 𝑈 = 1
2 𝑠
𝐸𝛼𝛽𝑇
𝛽𝑇
𝛼+ 1
2 𝑑
𝑖𝛼𝐸
𝑖𝑇
𝛼+ 1
2 𝐸
𝑖𝑑
𝑖𝛼𝑇
𝛼+ 1
2 𝐸
𝑖𝜀
𝑇𝑖𝑗𝐸
𝑗(1.21)
𝑈 = 𝑈
𝑒+ 2𝑈
𝑚+ 𝑈
𝑑(1.22)
Où 𝑈
𝑒correspond à l’énergie élastique, 𝑈
𝑚à l’énergie d’interaction et 𝑈
𝑑à l’énergie diélec- trique. Le coefficient de couplage 𝑘 est ainsi défini par la relation suivante :
𝑘 = 𝑈
𝑚√ 𝑈
𝑒𝑈
𝑑=
1
2
𝑑
𝑖𝛼𝐸
𝑖𝑇
𝛼√︁
14
𝑠
𝐸𝛼𝛽𝑇
𝛽𝑇
𝛼𝐸
𝑖𝜀
𝑇𝑖𝑗𝐸
𝑗(1.23) Explicité d’une autre façon, Mason avait donné la définition suivante [MAS58] :
𝑘 = 𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑚 𝑒𝑐𝑎𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘´ ´ 𝑒𝑒
𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑒𝑙𝑒𝑐𝑡𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑓 𝑜𝑢𝑟𝑛𝑖𝑒 ´ = 𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 ´ 𝑒𝑙𝑒𝑐𝑡𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘´ 𝑒𝑒
𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑚´ 𝑒𝑐𝑎𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑓 𝑜𝑢𝑟𝑛𝑖𝑒 (1.24) L’expression du coefficient de couplage par l’équation (1.23) est assez compliquée. Elle se simplifie lorsque le nombre de constantes indépendantes est réduit par symétrie et lorsque la plupart des contraintes appliquées sont nulles. De façon pratique, le coefficient de couplage est mesuré aux fréquences de résonance. Lorsqu’un champ électrique alternatif est appliqué à un matériau piézoélectrique, il se met à vibrer et sa fréquence de résonance est dépendante de sa géométrie et du mode de vibration considéré.
Mode épaisseur 𝑘
𝑡= √
𝑒33𝑐𝐷33𝜀𝑆33
Mode longitudinal 𝑘
33= √
𝑑33𝑠𝐸33𝜀𝑇33
Mode transversal 𝑘
31= √
𝑑31𝑠𝐸11𝜀𝑇33
Mode radial 𝑘
𝑝= 𝑘
31√︂
21+𝑠𝐸12
𝑠𝐸11
Mode de cisaillement 𝑘
15= √
𝑑15𝑠𝐸55𝜀𝑇11