3.5 Propriétés non linéaire : drift diélectrique
4.1.1 Instrumentation
L’étude des propriétés de matériaux subissant une sollicitation mécanique a été réalisée
sur des échantillons de titanate de baryum synthétisés. Les échantillons testés ont été réalisés
sous forme de barreaux de dimensions 4 x 4 x 13 mm
3+/- 0,07 x 0,07 x 1,08 mm
3. Ces
dimensions ont été choisies pour que : (i) le rapport de forme hauteur > 3 x largeur soit
respecté et (ii) la largeur des barreaux soit assez grande pour pouvoir coller les capteurs de
déformation. Concernant les échantillons polarisés, la polarisation a été effectuée par Field
Cooling, suivant la direction de leur hauteur (la plus grande dimension) à une tension au
moins supérieure à 400 V/mm.
Une machine de traction/compression est utilisée afin d’appliquer une force uniaxiale sur le
matériau. Les dimensions ainsi que le type de contrainte permettent de considérer que le
matériau est sollicité en mode barreau (contraintes latérales nulles).
On considèrera donc qu’une contrainte mécanique purement longitudinale est appliquée aux
échantillons. La Figure 4-1 présente la disposition du matériau dans l’appareil de
compres-sion (Criterion Model 43, MTS Systems Corporation). Cet appareil nous permet d’appliquer
une force 𝐹 pouvant atteindre 10 kN et renvoie au système d’acquisition (MTS TestSuite,
logiciel TWElite) les données du déplacement de la traverse et de la force appliquée au cours
de l’essai avec une précision de 0,5% sur les valeurs mesurées. La contrainte longitudinale 𝑇
3appliquée est alors calculée via l’équation :
𝑇
3= 𝐹
𝑆 (4.1)
Avec :
— 𝑆 surface d’appui des échantillons
Figure 4-1 – Schéma du dispositif expérimental utilisé pour la mesure des déformations de
matériaux sous contrainte mécanique uniaxial (le schéma n’est pas à l’échelle)
Comme le montre la Figure 4-1, le barreau est disposé verticalement sur la traverse inférieure
fixe avec un morceau de carton qui l’isole électriquement de celle-ci. De la même façon, un
morceau de carton est posé sur la face supérieure du barreau. Les plaques de carton, de 1,3 mm
d’épaisseur et pré-compressées à 1 kN, permettent d’isoler électriquement l’échantillon des
traverses métalliques mais aussi de compenser un éventuel défaut de planéité des faces de
l’échantillon. Leur influence sur l’acquisition des déformations est négligée.
Acquisition des déformations mécaniques
Afin de mesurer la déformation du matériau au cours de l’essai, des jauges de déformation
sont utilisées. Une jauge est constituée d’un fil possédant une certaine résistance (350 Ω
+/-0,2% dans notre cas). Lors de la déformation du matériau, la longueur du fil est modifiée ce
qui fait varier la valeur de sa résistance suivant la relation :
𝑅= 𝜌.𝑙
Avec :
— 𝑅 (Ω) résistance du fil
— 𝜌 (Ω.m) sa résistivité
— 𝑙 (m) sa longueur
— 𝑆 (m
2) sa section
Ainsi, une mesure de la variation de résistance de la jauge nous permet de remonter à la
variation de sa longueur et donc à la déformation du matériau.
Les faces latérales de l’échantillon sont polies afin d’assurer une adhérence optimale des jauges
lors de leur collage. De plus, un polissage est effectué sur les faces inférieures et supérieures
du barreau afin d’obtenir un parallélisme avec une précision de l’ordre de la dizaine de
mi-cromètres. Sur chacune des faces latérales, est disposée une plaque contenant une jauge pour
l’acquisition des déformations longitudinales et une autre pour les déformations
transver-sales. On dispose ainsi de huit jauges pour l’acquisition : quatre orientées pour l’acquisition
des déformations longitudinales et quatre pour les déformations transversales. Cela permet
de moyenner le signal obtenu sur les quatre faces du barreau afin de prendre en compte les
éventuels défauts d’alignement et de parallélisme.
Au cours de l’essai, le pilotage se fait en déformation, c’est-à-dire à vitesse de déformation
constante. Pour cela, une des jauges de déformation longitudinale est utilisée pour le pilotage
de l’essai. La mesure de la variation de résistance des jauges s’effectue à travers une mesure
de tension grâce à la connexion des jauges en pont de Wheatstone. Sept des jauges sont
connectées au système d’acquisition qui les relie en demi-pont avec une jauge de référence
placée sur un échantillon qui, au cours de l’essai, ne subit pas de contrainte mécanique. Ce
type de connexion permet de prendre en compte les variations de température qui influent
sur la mesure par dilation thermique. La jauge de pilotage est branchée en externe. On a
alors la possibilité de la brancher en pont complet au système. Cela permet une mesure plus
précise et une meilleure correction de l’effet de la température.
Acquisition de la quantité de charges déplacées et des déformations mécaniques
dans le cas d’un matériau piézoélectrique prépolarisé
Lors de l’application d’une contrainte mécanique, l’effet piézoélectrique direct se produit.
L’objectif est de récupérer les charges produites par l’échantillon lors de sa compression.
À cet effet, un condensateur est connecté en parallèle de celui-ci afin de récolter les charges
écoulées. Ce condensateur sera choisi avec une capacité très supérieure à celle de l’échantillon,
afin de pouvoir négliger l’influence de cette dernière. Pour la caractérisation des échantillons
polarisés, le schéma de la Figure 4-1 change donc pour celui de la Figure 4-2. Le barreau
piézoélectrique est disposé entre les traverses avec ses deux surfaces de contact recouvertes
d’une électrode d’argent. Deux plaques de cuivre (25 microns d’épaisseur) sont disposées de
part et d’autres du barreau et servent de reprise de contact pour la connexion au
conden-sateur. Un électromètre à très haute impédance d’entrée (200 TΩ) permet de récupérer la
tension aux bornes du condensateur et donc de remonter à la quantité de charges écoulées au
cours de l’essai. Bien que l’électromètre soit indiqué avec une impédance interne de 200 TΩ,
il a été constaté en continuant la mesure de la tension environ 1 h après la fin de la phase de
décharge mécanique que la valeur de la tension relevée par l’électromètre décroissait
réguliè-rement au lieu de rester constante. Cela signifie donc une décharge du condensateur. Pour
compenser cette perte de charge, cette perte a été estimée en la traçant au cours du temps et
en la modélisant par une courbe de type exponentielle décroissante. Cette exponentielle
dé-croissante est alors réappliquée en post-traitement sur la courbe expérimentale de la tension
en fonction de la contrainte afin de compenser les pertes de charges au cours de la mesure.
Pour finir, deux plaques de carton ayant le même rôle que précédemment sont utilisées.
Figure 4-2 – Schéma du dispositif expérimental utilisé pour la mesure des déformations
mécaniques et des déplacements électriques. L’échantillon est disposé entre deux plaques de
cuivre. Les faces supérieures et inférieures du barreau sont recouvertes d’une électrode
d’ar-gent. Le condensateur est chargé par la céramique piézoélectrique au cours de l’essai et la
tension aux bornes du condensateur est mesurée à l’aide de l’électromètre (le schéma n’est
pas à l’échelle)
Dans le document
Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques
(Page 111-115)