3.5 Propriétés non linéaire : drift diélectrique
4.1.3 Validation du dispositif expérimental
La Figure 4-3 présente les déformations longitudinales et transversales ainsi que
l’évo-lution du déplacement électrique pour deux échantillons de (BTCo
0,75%, 1% Li
2CO
3). Les
flèches rouges indiquent le sens de lecture des courbes (compression du matériau puis
décom-pression). On peut distinguer sur ces courbes plusieurs zones liées à différents mécanismes de
déformation [KAM01] :
— Partie 1, du début de la courbe jusqu’au point A :
Dans un premier temps, on observe un comportement linéaire qui est compatible avec une
déformation élastique du matériau. Au niveau microstructural, pour une contrainte
méca-nique suffisamment faible, les ions de la structure se déplacent légèrement de leur position
d’équilibre. Sur la Figure 4-3(a) le comportement élastique est présent jusqu’au point A.
— Partie 2, de A à B :
Passé le point A (qui situe le champ mécanique coercitif), le matériau se comporte de façon
non linéaire. Le titanate de baryum possède une structure cristallographique quadratique à
température ambiante. La dimension de la maille suivant l’axe c est donc plus grande que
suivant les axes a et b. Ainsi, la déformation non linéaire observée après le comportement
élastique du matériau (entre les points A et B sur la Figure 4-3(a)) peut être expliquée par
le mouvement des murs de domaines ferroélectriques/ferroélastiques. En effet, une
réorienta-tion d’un domaine dans la direcréorienta-tion perpendiculaire à la contrainte appliquée implique donc
une diminution des dimensions du cristallite. À l’échelle du matériau, on observe alors une
variation de dimension importante caractérisée par une vitesse de déformation plus élevée.
— Partie 3, de B à C :
Lorsque le phénomène de mouvement des parois de domaine s’arrête, la déformation du
ma-tériau redevient linéaire (à partir du point B). Les domaines ferroélectriques / ferroélastiques
ne sont plus impliqués et la déformation redevient purement élastique : les variations de
dimension en fonction de la contrainte appliquée sont alors moins importantes. Lors de la
décompression, la partie linéaire observée jusqu’au point C montre que les domaines
ferro-électriques ne bougent pas immédiatement lorsque la pression est relâchée.
— Partie 4, de C à D :
À partir du point C, un comportement non-linéaire est à nouveau observé et correspond à
une relaxation des domaines ferroélectriques. En effet, dans la zone entre B et C, la plupart
des domaines sont orientés dans une direction perpendiculaire à la direction de compression.
Ainsi, lors du relâchement de la contrainte mécanique, des mouvements ferroélastiques vont
désorienter les domaines par rapport aux directions perpendiculaires à l’axe de compression.
Reproductibilité des mesures
La reproductibilité des résultats obtenus par le montage expérimental est vérifiée en
ef-fectuant le même essai deux fois de suite sur deux échantillons frittés simultanément
appar-tenant à une même composition. Les résultats des essais pour le (BTCo
0,75%, 1% Li
2CO
3)
sont présentés Figure 4-3 où l’on observe bien sur les Figures 4-3 (a) & (b) la
superpo-sition des courbes de déformation mécanique des deux échantillons. Tout d’abord, comme
mentionné précédemment, les courbes de déformation mécanique présentées correspondent
à une moyenne sur la mesure de quatre jauges. À la contrainte maximale de compression
appliquée (ici -300 MPa), l’écart type respectivement entre les quatre jauges longitudinales
et transversales est de 3,6% et 4,6%. Ensuite, une fois moyenné, l’écart relatif de déformation
longitudinale entre les deux échantillons est de 2,6% à -100 MPa (lors de la compression) puis
passe en dessous de 1% à -200 puis -300 MPa. Les différentes valeurs des écarts relatifs sont
présentées dans le Tableau 4.1. Lors du retour à contrainte nulle, l’écart reste en dessous de
1%. Pour les déformations transversales, les écarts relatifs sont du même ordre de grandeur.
Ces résultats confirment par conséquent la bonne reproductibilité des essais.
Cependant, concernant l’acquisition des charges qui s’écoulent de l’échantillon piézoélectrique
(Figure 4-3(c)), les écarts relatifs sont plus grands. Afin de visualiser réellement la grandeur
mesurée, la grandeur visualisée ici représente les charges récupérées par le condensateur et
non pas le déplacement électrique. Cette grandeur étant proportionnelle à la tension aux
bornes du condensateur, cela explique pourquoi elle démarre à zéro, alors que le déplacement
électrique en début de phase de compression est non nul, puisqu’il correspond alors à la valeur
en fin de polarisation. On peut observer sur la Figure 4-3(c) que les valeurs commencent à
Figure 4-3 – Essais sur deux échantillons de (BTCo
0,75%, 1% Li
2CO
3) polarisés avec (a)
Déformation longitudinale en fonction de la contrainte mécanique appliquée. (b)
Déforma-tion transversale en foncDéforma-tion de la contrainte appliquée. (c) Charges écoulées de l’élément
piézoélectrique par unité de surface
diverger vers -250 MPa : la décharge de l’échantillon piézoélectrique 1 est plus importante
que celle de l’échantillon 2. Cela indique une valeur initiale de D
3différente entre les deux
échantillons. Ainsi, lors de la compression, l’écart relatif passe respectivement de 3,1 à 0,23
puis à 2,5% lorsque la contrainte augmente de -100 à -200 puis à -300 MPa. Lors du retour
à contrainte nulle, l’écart est de 5,0% à -200 MPa, 7,3% à -100 MPa puis 10% à contrainte
nulle. Ces écarts sont plus importants lors de la décharge et peuvent éventuellement poser des
problèmes lors de l’intégration des résultats expérimentaux dans la modélisation du
compor-tement hystérétique sous contrainte de ces matériaux. Cependant, l’allure des courbes étant
sensiblement la même, ces différences proviendraient plus d’une différence d’état de
polari-sation initial des échantillons et ne remettent pas en cause le dispositif expérimental. Des
essais supplémentaires sont alors nécessaires pour comprendre pourquoi l’état de polarisation
initial des échantillons est différent.
Valeur de la
contrainte
Écart relatif sur
S
3Écart relatif sur
D
3Lors de la
compression
-100 MPa 2,6% 3,1%
-200 MPa < 1% < 1%
-300 MPa < 1% 2,5%
Lors de la
décompression
-200 MPa < 1% 5%
-100 MPa < 1% 7,3%
0 MPa < 1% 10%
Tableau 4.1 – Écarts relatifs à différentes valeurs de contrainte entre les déformations
longi-tudinales et entre les valeurs de déplacement électrique pour deux échantillons de (BTCo
0,75%,
1% Li
2CO
3)
Évaluation quantitative
Afin de valider de façon quantitative le dispositif expérimental, un essai a été effectué sur
un matériau piézoélectrique contenant du plomb connu et référencé. Le matériau Pz26 de
l’entreprise MEGGITT A/S (Danemark) a été choisi ; c’est un équivalent du PZT4 NAVY
type I. Afin de se situer dans le même cadre d’hypothèse (mode barreau) et le même ordre
de grandeur des sollicitation et des mesure, le test a été réalisé sur un cylindre préalablement
polarisé de rayon 3,1 mm et de hauteur 13,4 mm. L’évolution des déformations longitudinales,
de la constante de souplesse𝑠
𝐸33, du déplacement électrique D
3et du coefficient piézoélectrique
d
33est présentée Figure 4-4. Il est à noter que la représentation du déplacement électrique D
3en fonction de la contrainte T
3est réalisée en supposant que D
3est nulle lorsqu’on atteint la
contrainte maximale. En effet, ce déplacement électrique correspond à la mesure de la tension
électrique récupérée aux bornes du condensateur, à un décalage près en abscisse, puisque la
tension électrique aux bornes du condensateur démarre à zéro (condensateur initialement
déchargé) alors que le déplacement électrique démarre en phase de compression à sa valeur
après polarisation. Pour positionner correctement la courbe du déplacement électrique, il
aurait idéalement fallu pouvoir mesurer celui-ci durant la phase de polarisation. N’ayant pas
l’instrumentation nécessaire à disposition, le positionnement du déplacement électrique est
estimé en supposant que celui-ci devient nul lorsque la contrainte de compression atteint
entre -250 et -300 MPa. Cela reste une approximation, mais permet d’obtenir un ordre de
grandeur correct des vraies valeurs du déplacement électrique.
Figure 4-4 – Pz26 (NAVY type I). Les flèches rouges correspondent au sens de lecture des
courbes. (a) Mesure de la déformation longitudinale en fonction de la contrainte mécanique
appliquée. (b) Évolution de la constante de souplesse 𝑠
𝐸33en fonction de la contrainte. (c)
Mesure du déplacement électrique en fonction de la contrainte. (d) Évolution du coefficient
piézoélectrique d
33en fonction de la contrainte
4-4(b) est extraite des données de la Figure 4-4(a) et le coefficient d
33des données de la
Figure 4-4(c). La Figure 4-4(b) montre une valeur initiale du𝑠
𝐸33de 15,7 x 10
-12m
2/N. On
compare cette valeur à celle obtenue grâce à des mesures d’impédance sur le même type de
cylindre. Via la mesure de la vitesse acoustique et du coefficient de couplage k
33, on calcule
un 𝑠
𝐸33de 14,55 x 10
-12m
2/N. Cela représente un écart relatif de 7,3% ce qui est acceptable
aux vues de la méthode de mesure utilisée. Concernant le d
33, la Figure 4-4(d) indique une
valeur de 2,9 x 10
-10C/N à comparer à 2,67 x 10
-10C/N (calculé à partir du k
33et du 𝑠
𝐸33
)
soit un écart de 7,9%, ce qui est tout à fait acceptable aux vues des différences de méthodes
de mesure utilisées.
4.2 Comportement mécanique du BT:Ca,Co,Nb,Li non
Dans le document
Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques
(Page 116-121)