4.4 Modélisation du comportement hystérétique des céramiques piézoélectriques
4.4.2 Résultats d’optimisation des paramètres du modèle avec les courbes
4.4.2.2 Modélisation du comportement sous contrainte du BaTiO 3 . 134
Les courbes expérimentales ajustées correspondent à celles présentées sur les Figures 4-5
& 4-6 de la partie expérimentale de ce chapitre présentant le BaTiO
3non dopé.
Ajustement des courbes de déplacement mécanique du BaTiO
3non polarisé
À l’aide du principe d’optimisation précisé dans la Section 4.4.2.1, les valeurs suivantes
ont été relevées par ajustement des paramètres sur les courbes ferroélastiques :𝐸
𝑦= 168 GPa ;
𝜈 = 0,34 ;𝜎
0= 26 MPa, 𝜀
𝑐= 0,167%,𝐻
𝑚0
= 79 MPa, 𝑚
𝑚= 0,53.
Les valeurs de𝐸
𝑦et𝜈 sont ainsi tout à fait en accord avec les valeurs classiquement trouvées
pour du titanate de baryum. Les valeurs de 𝜎
0et 𝜀
𝑐sont en accord avec les valeurs citées
dans les articles de Landis ([LAN02],[LAN04]). Enfin, les paramètres phénoménologiques
𝐻
𝑚0
et 𝑚
𝑚sont les paramètres du potentiel énergétique de type mécanique dont les valeurs
permettent de suivre le profil des deux courbes durant les phases non-linéaires de basculement
des domaines.
Figure 4-11 – Courbes expérimentales et courbes théoriques simulées des déformations
lon-gitudinales (courbes de gauche) et transversales (courbes de droite) du BaTiO
3en fonction
de la contrainte mécanique appliquée
Le résultat d’optimisation de ces paramètres est visualisé sur les deux courbes ferroélastiques
qui sont représentées sur la Figure 4-11 en comparaison avec les mesures expérimentales.
Il peut ainsi être observé que l’optimisation des paramètres donne un très bon accord global
entre les courbes simulées de déformations longitudinale et transversale avec les courbes
mesurées. On note néanmoins un écart observé sur la partie « coudée » en fin de phase
linéaire. Ce « coude » observé sur les courbes simulées provient du fait que le modèle suppose
une phase linéaire et élastique jusqu’à la valeur de la contrainte de seuil 𝜎
0. Cette phase
linéaire et élastique en début de compression devrait être la même que la phase linéaire
et élastique lors du début de décompression. Or, il apparait pour le BaTiO
3que la pente
observée durant la phase linéaire lors de la compression n’est pas la même que celle observée
lors du début de la phase de décompression. Cela signifie donc, a priori, que la première phase
linéaire et élastique en début de compression est en réalité très courte (presque inobservable),
mais qu’elle est en fait suivie d’une autre phase, elle aussi linéaire mais plastique, et possédant
une pente différente. Dans ce cas, il faut voir la contrainte de seuil (𝜎
0) de ce modèle comme
définissant la fin de la phase linéaire plastique.
Optimisation des courbes de déplacement électrique et de déformation mécanique
du BaTiO
3polarisé
On s’intéresse maintenant à l’optimisation des courbes pour le BaTiO
3dans l’état
po-larisé. En injectant les paramètres précédemment déterminés dans l’algorithme
d’optimisa-tion des courbes de déplacement électrique et de déformad’optimisa-tion en foncd’optimisa-tion de la contrainte
appliquée sur le matériau polarisé, on obtient les valeurs suivantes : 𝑃
𝑚𝑎𝑥= 0,13 C/m
2,
𝑑
33= 2,68.10
-10m/V, 𝐻
𝑒0
= 203.10
3mV/C, 𝑚
𝑒= 5,18,𝛽 = 2,08.
La valeur du 𝑑
33présenté dans le modèle est le 𝑑
33qui correspond à la pente des cycles de
déformation en « ailes de papillon » 𝜀 =𝑓(𝐸)lors de la polarisation à saturation. La valeur
est donc supérieure à celle mesurée au Berlincourt (𝑑
33= 145 pC/N) dans le Chapitre 2. À
titre de comparaison, Sonia et al. [SON12] présentent une valeur 𝑑
33= 3,35.10
-10m/V pour
du BaTiO
3obtenu par frittage micro-onde. La valeur obtenue par le modèle est donc du
même ordre de grandeur. De plus, la valeur 𝑃
𝑚𝑎𝑥est également du même ordre de grandeur
que celle mesurée à partir des cycles d’hystérésis 𝑃 =𝑓(𝐸)qui est de 0,065 C/m
2. Enfin, les
paramètres 𝐻
𝑒0
et 𝑚
𝑒sont ceux du potentiel énergétique de type électrique dont les valeurs
permettent de suivre le profil des trois courbes (une de déplacement électrique et deux courbes
de déformation mécanique) durant les phases non-linéaires de basculement des domaines.
Le résultat d’optimisation de ces paramètres est visualisé sur les deux Figures 4-12 (a) & (b)
pour lesquelles ont été superposées les courbes expérimentales avec les courbes optimisées.
La Figure 4-12(a) correspond aux courbes de déformations longitudinale et transversale, et
la Figure 4-12(b) à la courbe du déplacement électrique, en fonction de la contrainte de
compression. De manière similaire au cas ferroélastique, les deux courbes optimisées des
dé-formations longitudinale et transversale sont globalement en très bon accord avec les mesures
effectuées.
Figure 4-12 – Courbes expérimentales et courbes théoriques simulées (a) des déformations
longitudinales et transversales et (b) du déplacement électrique du BaTiO
3polarisé en
fonc-tion de la contrainte mécanique appliquée
de compression (Figure 4-12(b)) est de moins bonne qualité. Il est cependant à noter que
qualitativement, l’allure globale liée aux phénomènes physiques mis en œuvre (phases
élas-tique linéaire et phases de basculement des domaines) est vérifiée, et les ordres de grandeur
sont présents. D’un point de vue quantitatif, il peut être noté qu’expérimentalement, le
dé-placement électrique décroit moins rapidement à mesure que la contrainte de compression
augmente par rapport à la prédiction du modèle. De plus, il commence à une valeur plus
élevée que celle du résultat expérimental. Cela peut s’expliquer par le « décalage » en
abs-cisse effectué pour obtenir la courbe expérimentale du déplacement électrique. On a supposé
dans la Section 4.1.3 le déplacement électrique égal à zéro en fin de phase de compression
mais cette hypothèse est peut être trop forte. Cela reste une approximation qui est nécessaire
du fait que nous n’avons pas eu accès à l’histoire complète du matériau, en partant de sa
phase de polarisation. Si l’hypothèse n’est pas complètement valide, la courbe expérimentale
du déplacement électrique en fonction de la contrainte est alors à décaler davantage vers la
droite, c’est-à-dire vers des valeurs de déplacement électrique plus élevées, ce qui serait alors
davantage en accord avec les résultats du modèle.
4.5 Conclusion
Une étude du comportement des céramiques BaTiO
3et BaTiO
3dopé sous forte contrainte
mécanique a été réalisée. Cette étude a permis de mettre en évidence que le dopage du
matériau modifie son comportement d’un point de vue mécanique. Ces résultats s’inscrivent
dans la continuité du Chapitre 3. De manière similaire aux expériences sous forte contrainte
électrique AC, les matériaux BT:Co,Li ont une meilleure résilience vis-à-vis de la contrainte
mécanique que le BaTiO
3ou le BT:Co,LiF. Cela souligne une nouvelle fois le comportement
piézoélectrique dur du BaTiO
3dopé avec des ions Co
2+/3+et Li
+.
Cependant, lorsqu’on regarde l’évolution du d
33en fonction de la contrainte mécanique
ap-pliquée, on s’aperçoit que le Pz26 a un comportement qui s’adapte mieux à la mise sous
contrainte mécanique. En effet, le gain de performance autour d’une contrainte d’environ
-50 MPa est plus important et plus stable que pour le BaTiO
3dopé. Il reste maintenant à
voir si cette différence de comportement est déterminante lors de l’intégration des matériaux
dans des dispositifs de type Tonpilz.
En perspective, des travaux sont toujours à l’étude sur la modélisation du comportement
hys-térétique observé dans les matériaux piézoélectriques subissant une contrainte mécanique.
Le modèle proposé par Landis possède des performances intéressantes pour modéliser le
comportement mécanique de matériaux piézoélectriques, qu’ils soient polarisés ou non. Le
modèle permet ainsi une bonne simulation de l’évolution des déformations sous l’effet d’une
contrainte, d’un matériau non polarisé et polarisé. Cependant, ce modèle est encore à
amélio-rer dans sa partie électrique afin d’obtenir des courbes de déplacement électrique en fonction
de la contrainte de compression qui soient plus réalistes. De plus, la connaissance complète
de l’histoire du matériau, c’est-à-dire, en suivant les évolutions du déplacement électrique
et des déformations lors du processus de polarisation du matériau permettrait une meilleure
optimisation des paramètres et des courbes résultantes. Il faut donc voir ce modèle en l’état
comme une première approche de modélisation des comportements hystérétiques observés.
Évaluation et comparaison de
transducteurs acoustiques BaTiO
3
dopé
-PZT 4 (NAVY type I)
Sommaire
5.1 Intégration dans des transducteurs ultrasonores de type
Dans le document
Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques
(Page 137-142)