2.2 Modification de la base BaTiO 3
2.2.1 Matériau BaTiO 3 de départ
2.2.2.1 Dopage par un ion accepteur : le cobalt (+II/+III) . . . . 56
2.2.2.2 Dopage par un ion donneur : le niobium (+V) . . . . 56
2.2.2.3 Dopage par un ion isovalent : le calcium (+II) . . . . 57
2.2.2.4 Ajout de l’ion Li (+I) à la composition . . . . 57
2.2.2.5 Impact sur la structure pérovskite de l’ajout d’éléments
étrangers . . . . 58
2.2.3 Modification de la température de frittage : utilisation de fondant . 61
2.2.3.1 Utilisation de l’oxyde de lithium Li
2O . . . . 61
2.2.3.2 Influence du codopage sur le frittage . . . . 66
2.3.1 Choix du pourcentage de fondant sur critère des propriétés
piézo-électriques . . . . 68
2.3.2 Modification des propriétés piézoélectriques du BaTiO
3: impact du
lithium et mono-dopage . . . . 69
2.3.3 Propriétés piézoélectriques des matériaux co-dopés . . . . 71
2.3.4 Recuit sous oxygène des céramiques . . . . 73
2.3.5 Domaine d’utilisation en température des matériaux . . . . 74
2.3.6 Cycle d’hystérésis : écart par rapport au cas classique du BaTiO
3ferroélectrique . . . . 78
2.3.7 Évolution des propriétés des matériaux au cours du temps . . . . . 79
2.4 Conclusion . . . 79
Parmi les différentes familles de matériaux piézoélectriques sans plomb, c’est le titanate de
baryum qui a été choisi pour être étudié dans cette thèse. L’amélioration des propriétés de ce
matériau se fera essentiellement à travers le dopage de sa structure. L’objectif est de conserver
un procédé de synthèse simple et d’obtenir un matériau dont les propriétés piézoélectriques
sont à la fois augmentées et reproductibles.
Ce Chapitre 2 présente dans un premier temps le procédé céramique utilisé ainsi que les
dif-férentes méthodes de caractérisation physico-chimique, diélectrique et piézoélectrique. Dans
un deuxième temps, l’amélioration du matériau par dopage est étudiée. Les différents dopants
utilisés sont présentés ainsi que leurs effets respectifs sur le matériau. L’ajout de fondant au
matériau est ensuite étudié avec son impact sur le procédé céramique et sur le matériau.
Pour finir, les propriétés des matériaux sont présentées et comparées avec un matériau de
type PZT.
2.1 Procédé de synthèse et méthodes de caractérisation
des céramiques piézoélectriques
2.1.1 Synthèse du titanate de baryum
Le procédé céramique utilisé à TRT, présenté Figure 2-1, est un procédé céramique
clas-sique. Ce procédé était utilisé initialement pour des matériaux PZT et a ensuite été repris
pour la synthèse du titanate de baryum. Il est à noter que dans le cadre de cette thèse, aucune
modification majeure n’a été apportée aux étapes de broyage ou de chamottage de ce procédé.
En revanche, l’étape de frittage a été modifiée pour être optimisée lors de l’étude des ajouts
de fondant. De plus, l’étape de mise en forme des matériaux a également été légèrement
mo-difiée. En effet, afin de suivre les directives REACH, l’enrobant à base de polyvinylbutyral
(PVB) et de phtalate de dibutyle utilisé initialement a été remplacé par l’enrobant industriel
Optapix PAF 35 à base d’alcool polyvinylique (PVA). Aucune influence du type d’enrobant
choisi n’a été observée sur les propriétés des matériaux. Par conséquent, le type de liant
utilisé pour chaque matériau ne sera pas précisé dans la suite de ce mémoire.
Synthèse de la phase pérovskite
Le début du procédé céramique consiste en un mélange d’oxyde et carbonate en une seule
étape. Cette méthode a l’avantage d’être simple et permet d’obtenir une poudre pérovskite
quasiment sans impureté.
Les matières premières sont pesées en accord avec les proportions stœchiométriques calculées.
Au carbonate de baryum (BaCO
3, Alpha Aesar, 99,8%) et à l’oxyde de titane (TiO
2, Aldrich,
99,8%) sont ajoutés les différents dopants sous forme d’oxyde ou de carbonate. Le tout
Figure 2-1 – Organigramme du procédé céramique utilisé
constitue 55 g de poudre, broyée par attrition pendant 1 h avec 900 g de billes de Zircone
stabilisé au cérium (diamètre 2,4 – 2,8 mm) et 140 mL d’eau déionisée dans un broyeur à batch
d’axe vertical. Cette étape de broyage permet de mélanger de façon efficace et homogène les
poudres et de diminuer la taille des particules et ainsi d’augmenter leur réactivité.
Après broyage, la barbotine récupérée est séchée puis la poudre est tamisée. La poudre est
ensuite chamottée dans un four à moufle à 1100 °C pendant 2 h sous air. La phase pérovskite
se forme suivant l’équation :
BaCO
3+ TiO
2→ BaTiO
3+ CO
2(Réaction chimique de base sans dopant)
La poudre ainsi obtenue est ensuite tamisée puis rebroyée 1/2 h dans 140 mL d’eau déionisée
avec 900 g de billes de Zirconium et 5 gouttes de dispersant ammoniaque. Une fois le broyage
terminé, la barbotine est séchée puis la poudre obtenue est une nouvelle fois tamisée.
Mise en forme et frittage
Afin de réaliser la mise en forme, la poudre obtenue doit être enrobée (dans notre cas,
l’enrobant est à base de phtalate ou de PVA). En effet, il est nécessaire de lui incorporer un
liant et éventuellement un plastifiant pour permettre à l’objet formé de conserver sa cohésion
pendant et après la mise en forme. Par pressage uniaxial d’1,5 t/cm
2, la poudre contenue
dans un moule rigide est compactée à l’aide d’une presse axiale hydraulique. Le liant permet
alors d’assurer la cohésion des particules lors du pressage et le plastifiant permet de rendre
la pièce crue plus ductile et d’éviter ainsi qu’elle ne se casse en sortie de moule.
Les pièces crues ainsi formées sont ensuite frittées. Le frittage est une étape primordiale
qui permet de consolider la pièce granulaire à l’aide d’une élévation de température. Cette
consolidation permet alors le passage d’une pièce pulvérulente à un matériau cohérent et
s’accompagne donc d’une densification. De plus elle peut se faire avec ou sans fusion d’un ou
de plusieurs des constituants de la pièce crue.
La première étape du processus de frittage correspond à la soudure entre les différentes
par-ticules de la pièce crue. Ensuite, la deuxième étape consiste en la formation de ponts (ou
cous) aux points de contact des grains, ce qui entraine la formation d’un squelette
compor-tant une forte porosité ouverte. Lors de l’étape suivante, des diffusions de matière ont lieu
visant à diminuer les interfaces solide-gaz au profit des joints de grains : on observe alors une
croissance des ponts entre les particules, le matériau devient de plus en plus stable
thermo-dynamiquement et c’est à cette étape que l’on observe une importante densification. Enfin,
la dernière étape correspond à la fermeture complète ou quasi-complète de la porosité et au
grossissement des grains.
La diffusion de la matière lors du frittage repose sur plusieurs mécanismes : la diffusion en
surface, en volume, depuis les joints de grains, le transport en phase gazeuse, et la déformation
plastique. L’ajout d’un fondant au matériau avant l’étape de frittage permet d’ajouter un
mécanisme de transport de matière. En effet, lors d’un frittage où une faible quantité de
fondant est présent (quelques pourcents volumiques), une phase liquide va apparaitre au
cours du processus et va favoriser les mouvements de matière grâce à des phénomènes de
dissolution – reprécipitation. Ce mécanisme rend le transport de matière plus efficace et
permet de diminuer l’apport de chaleur nécessaire au frittage.
Le profil thermique de frittage utilisé pour le titanate de baryum à TRT est présenté sur la
Figure 2-2. Le premier palier effectué à 600 °C permet la décomposition de l’enrobant. Le
deuxième palier correspond à la température de frittage et est maintenu 4 heures. Elle est de
1300 °C pour le titanate de baryum pur et peut être abaissée (à 1100 °C par exemple) lors
de l’ajout de fondant.
Au cours du procédé céramique, du mélange des matières premières à l’obtention de la
céra-mique après frittage, un certain nombre de caractérisations physico-chicéra-miques sont réalisées
Figure 2-2 – Profil thermique utilisé pour le frittage du titanate de baryum
afin de contrôler le déroulement du processus. Entre autre, la diffraction des rayons X, la
dilatométrie et la microscopie électronique à balayage sont utilisées et sont présentées en
Annexe A.
2.1.2 Préparation des échantillons pour mesures : procédés de
po-larisation
Afin de pouvoir réaliser les caractérisations piézoélectriques, il est nécessaire de fabriquer
des échantillons de géométrie bien précise (Figure 2-3). Trois types de géométrie ont été
utilisés : le barreau, le disque et la plaque. Après frittage, les matériaux sont donc usinés
afin de correspondre à la géométrie voulue. Des électrodes sont ensuite déposées. Elles sont
composées d’encre à base de poudre d’argent, déposées au pinceau sur les faces des matériaux,
et frittées 1 h à 500 °C.
Comme il a été expliqué dans le Chapitre 1, la céramique est constituée initialement de
domaines ferroélectriques orientés aléatoirement. Les échantillons ne possèdent donc pas de
polarisation électrique à l’échelle macroscopique. Ainsi, pour introduire l’anisotropie
néces-saire à la piézoélectricité, les échantillons doivent être polarisés.
Deux méthodes de polarisation ont été utilisées : la polarisation à champ constant et à
température décroissante (ou Field Cooling notée FC) et la polarisation à champ croissant et
à température constante (ou Increasing Field notée IF). La deuxième méthode a été utilisée
uniquement dans le cadre de l’étude sur le champ interne présentée Chapitre 3. Ainsi, tous
les échantillons présentés par ailleurs ont été polarisés suivant la méthode FC.
Polarisation à champ constant et à température décroissante (Field Cooling)
Cette méthode consiste à chauffer l’échantillon avant de lui appliquer un champ électrique.
Expérimentalement, l’échantillon est placé dans un bain d’huile et chauffé à 150 – 160 °C.
Dans le cas du titanate de baryum, la température monte donc au dessus de la température
de Curie. Un champ électrique de 600 V/mm est ensuite appliqué. Le champ est maintenu
constant et le matériau est refroidi jusqu’à une température d’environ 45 °C (au dessus de la
transition de phase orthorhombique – quadratique).
Polarisation à champ croissant et à température constante (Increasing Field)
Cette méthode n’implique pas d’élévation de température. Elle convient donc à des
ma-tériaux ayant des pertes diélectriques non négligeables qui induiraient des courants de fuite
trop importants lorsque la température augmente (cas du Field Cooling). Ainsi, lors de la
polarisation, l’échantillon reste dans un bain d’huile à température ambiante. Un champ
électrique croissant est alors appliqué et augmente jusqu’à plusieurs kilovolts. Ce champ est
ensuite maintenu pendant 15 min avant de décroitre.
2.1.3 Techniques de caractérisation diélectrique et piézoélectrique
Détermination de la permittivité relative et des pertes diélectriques du matériau
La permittivité relative ou constante diélectrique du matériau est déduite de la mesure de
la capacité du matériau à 1 kHz. Elle est calculée à partir de la relation (1.7) présentée dans
le chapitre précédent :
𝜀
𝑟= 𝐶·𝑡
𝜀
0·𝑆 (2.1)
Avec :
— 𝜀
𝑟la constante diélectrique du matériau
— C (F) la capacité du matériau
— t (m) la distance entre les électrodes
— S (m
2) la surface des électrodes
— 𝜀
0(F/m) la permittivité du vide
Les pertes diélectriques tan𝛿
𝑒sont mesurées à 1 kHz et sont définies comme étant le rapport
entre la partie imaginaire 𝜀
′′et la partie réelle 𝜀
′de la permittivité :
tan𝛿
𝑒= 𝜀
′′La capacité et les pertes diélectriques sont mesurées par impédancemétrie à l’aide d’un
im-pédancemètre Agilent 4294A (40 Hz – 110 MHz).
Détermination de la température de Curie du matériau
Comme il a été vu dans le Chapitre 1, l’évolution de la constante diélectrique en
fonc-tion de la température permet de renseigner sur la posifonc-tion des transifonc-tions de phases en
température. Ainsi, un changement de phase cristallographique s’accompagne généralement
d’un maximum local de la constante diélectrique du matériau. On peut ainsi observer dans
le cas du titanate de baryum une grande augmentation de sa constante diélectrique à la
température de Curie, lors de la transition entre les structures quadratique et cubique.
Une étuve contenant des voies de mesures connectées à un impédancemètre permet d’effectuer
des mesures de la constante et des pertes diélectriques en fonction de la température. La
température de l’étuve peut atteindre 500 °C et descendre à environ -50 °C à l’aide d’une
circulation d’azote liquide. On peut donc déterminer dans le cas du titanate de baryum
la température de Curie (aux alentours de 90 – 130 °C en fonction du dopage) ainsi que
la température de transition de phase orthorhombique – quadratique. Pour chaque point
d’acquisition en fonction de la température, la constante diélectrique est mesurée entre 1 kHz
et 1 MHz afin d’observer un éventuel comportement relaxeur de l’échantillon.
Mesures d’impédance
Afin de déterminer les différentes constantes caractéristiques du matériau piézoélectrique,
des mesures d’impédance de bas niveau sont effectuées sur les échantillons. Un signal
élec-trique de 0,5 V et de fréquence variable leur est appliqué et le spectre d’impédance en
fré-quence est mesuré. Lorsque la longueur d’onde du signal émis est égale à environ deux fois
une des dimensions caractéristiques de l’échantillon, un phénomène de résonance
électroméca-nique se produit alors au sein de cet échantillon. On observe alors sur le spectre d’impédance
une résonance caractérisée par un minimum d’impédance suivie par une antirésonance
ca-ractérisée par un maximum d’impédance. Les fréquences de résonance et d’antirésonance
nous permettent ensuite de remonter aux valeurs des composantes tensorielles associées à la
direction selon laquelle le matériau a résonné.
En balayant en fréquence l’impédance de l’échantillon mesuré, on peut ainsi observer les
résonances électromécaniques liées aux trois dimensions de l’échantillon. Afin de découpler
suffisamment les modes de résonance pour éviter un recouvrement entre des harmoniques
et le mode fondamental de résonance, la géométrie des échantillons doit alors respecter des
dimensions bien précises. Ainsi les pièces céramiques synthétisées sont usinées afin de
corres-pondre aux normes CENELEC [CEN02] et ANSI IEEE Std 176-1987 [ANS88]. Les contraintes
dimensionnelles sont explicitées sur la Figure 2-3.
Figure 2-3 – Schéma présentant les différentes restrictions conseillées par les normes sur les
dimensions. En dessous de chaque géométrie sont indiquées les constantes électroacoustiques
auxquelles on peut accéder à partir de celles-ci. Les surfaces grisées correspondent aux surfaces
sur lesquelles sont déposées des électrodes
Afin de déterminer les différents paramètres indiqués sur la Figure 2-3 comme par exemple
les coefficients de couplage, il est nécessaire de mesurer les fréquences de résonance et
d’an-tirésonance. Ces fréquences peuvent être définies de plusieurs manières. Elles peuvent être
respectivement définies par le minimum et le maximum du module de l’impédance et sont
alors notées f
met f
n. Si l’on regarde au niveau de la phase de l’impédance, elles sont définies
par l’annulation de l’angle de phase. Cela correspond à l’annulation de la susceptance dans
le cas de la résonance et à l’annulation de la réactance dans le cas de l’antirésonance. On les
note respectivement f
ret f
a. Un autre moyen de les définir consiste à assimiler la résonance
électromécanique du matériau à un circuit électrique équivalent. Cette méthode utilise le
circuit équivalent de Mason présenté Figure 2-4(a) [ROY00b]. Ce circuit est constitué de
deux branches parallèles : une comprenant une capacité statique C
0et une deuxième appelée
branche motionnelle comprenant une résistance R, une inductance L et une capacité
dyna-mique C. Un exemple d’ajustement de l’impédance à l’aide du schéma équivalent de Mason
est présenté Figure 2-4(b).
On définit alors à partir du circuit électrique équivalent une fréquence de résonance f
set
d’antirésonance f
pcalculées à partir des relations suivantes :
𝑓
𝑠= 1
2𝜋√
𝐿𝐶 (2.3)
𝑓
𝑝= 1
2𝜋
√︂
1
𝐿𝐶(
𝐶
𝐶
0+ 1) (2.4)
Figure 2-4 – (a) Circuit équivalent de Mason modélisant la résonance électromécanique de
l’élément piézoélectrique [ROY00b] et (b) Mesure d’impédance d’un disque de BaTiO
3dopé
(en bleu) et ajustement (en pointillés rouge) de l’impédance par le circuit équivalent de Mason
à la résonance
mesuré.
Mesure des cycles d’hystérésis ferroélectriques
Le cycle d’hystérésis des matériaux piézoélectriques est mesuré au sein d’un montage
Sawyer-Tower à l’aide d’un oscilloscope Lecroy Waverunner 6030. Dans ce montage, un
condensateur de très forte capacité (environ 1000 fois supérieure à celle de l’échantillon)
est placé en série avec l’échantillon. Lors de l’application du champ électrique, le cycle
d’hys-térésis est construit via la mesure de la tension aux bornes du condensateur placé en série.
La mesure du cycle d’hystérésis des échantillons nous permet alors d’étudier le comportement
ferroélectrique du matériau et d’accéder à sa polarisation rémanente et à son champ coercitif.
2.1.4 Fiabilité des résultats annoncés
Incertitudes sur les mesures d’impédance électrique
Dans la suite de ce chapitre, sont présentées des propriétés diélectriques et piézoélectriques
obtenues à partir de mesures d’impédance. Il est donc intéressant de s’interroger sur les
erreurs éventuelles dues au dispositif de mesure. Deux sources principales d’incertitudes sont
vérifiées : le bruit de l’appareil et l’impédance de contact entre le porte-échantillon et le
matériau mesuré.
Concernant le bruit, après chaque démarrage des appareils, une calibration du dispositif
est réalisée. Après calibration, en circuit fermé, le bruit sur le module de l’impédance dans
l’intervalle de fréquence [1 kHz – 30 MHz] reste inférieur à 10 mΩ. En termes de comparaison,
pour des céramiques de titanate de baryum dopé d’épaisseur d’environ 0,5 mm, l’impédance
est de l’ordre de la dizaine de kΩà 1 kHz, de l’ordre de plusieurs centaines d’ohm à 100 kHz
et de l’ordre de 5 et 2 Ω à respectivement 10 et 30 MHz. Le bruit a donc plus d’importance
à plus haute fréquence mais reste cependant inférieur à 1% à 30 MHz.
Concernant l’impédance de contact, celle-ci est plus difficile à mesurer. Elle dépend de la
nature et de la qualité des électrodes mais aussi du contact et donc de la pression exercée
par le porte-échantillon sur l’échantillon. Lors de la caractérisation des matériaux
piézoélec-triques, les mesures d’impédance sont effectuées de façon à ce que le minimum de pression
soit appliqué à l’échantillon. Afin d’avoir un aperçu de l’influence de l’impédance de contact,
deux mesures sont alors effectuées sur un échantillon de titanate de baryum dopé. Pour la
première mesure, une pression minimale mais suffisante pour que l’échantillon soit maintenu
est appliquée. La deuxième mesure est ensuite réalisée en appliquant une pression légèrement
supérieure (mais malheureusement non quantifiable) à l’échantillon. Les résultats montrent
alors un écart négligeable de la valeur de l’impédance à 1 kHz et un écart de 1,2% à 30 MHz
entre les deux mesures.
Écart-type sur les propriétés diélectriques et piézoélectriques
Afin d’estimer les incertitudes sur certaines mesures qui seront présentées dans la suite de
ce chapitre, une composition de titanate de baryum dopé avec 0,5% de cobalt et avec ajout
de 1% molaire de Li
2O (BTCo
0,5%, 1% Li
2O) a été synthétisée. À partir de cette
composi-tion 24 pastilles ont été mises en forme et frittées en même temps. La température du four
durant le frittage a atteint 1084 °C (au lieu des 1100 °C désirés). La dispersion de certaines
caractéristiques diélectriques et piézoélectriques est alors présentée dans le Tableau 2.1 et
correspond à une population de 21 échantillons. Les écarts-types présentés sont donnés en
pourcentage de la moyenne. Ils permettent de rendre compte de l’homogénéité de la
composi-tion synthétisée mais mettent aussi en évidence des difficultés à évaluer correctement certains
paramètres. Ainsi, les mesures du coefficient de couplage en mode planaire, de la constante
diélectrique, des pertes diélectriques et de la température de Curie sont des mesures fiables et
les écarts-types de respectivement 2,5, 3,5, 6,3 et 0,9% montrent que la composition
synthéti-sée est homogène et donne des résultats reproductibles. Cependant, le coefficient de couplage
k
tet le facteur de qualité mécanique Q
mmontrent une forte dispersion des résultats avec
respectivement un écart-type de 7,1 et 30,1%. Ces deux écarts-types traduisent des
difficul-tés de mesure. Notamment, le signal de la résonance en mode épaisseur est souvent bruité et
entraîne des incertitudes. Concernant le Q
m, pour des matériaux à faibles pertes mécaniques,
la valeur est difficilement mesurable. Il faudra donc garder en tête cette incertitude pour
les valeurs supérieures à 200. Cependant, à part pour la température de Curie, les valeurs
annoncées pour les propriétés diélectriques et piézoélectriques correspondent toujours à une
moyenne sur quatre ou cinq échantillons. L’erreur faite sur la valeur annoncée en est donc
fortement réduite.
k
pk
t𝜀
33/𝜀
0Q
mtan𝛿
𝑒T
C(°C)
Moyenne 0,401 0,438 1665 558 1,2% 119,1 °C
Écart-type (%) 2,5 7,1 3,5 30,1 6,3 0,9
Tableau 2.1 – Moyenne et écart-type des propriétés électromécaniques, diélectriques et
pié-zoélectriques d’une population de sept échantillons pour la mesure de T
Cet de vingt-et-un
échantillons pour les autres mesures de (BTCo
0,5%, 1% Li
2O)
2.2 Modification de la base BaTiO3
Le titanate de baryum pur en tant que tel ne présente pas de propriétés piézoélectriques
suffisantes pour pouvoir remplacer les PZT. Le travail présenté dans cette partie traite des
différentes solutions employées qui modifient chimiquement et structurellement le titanate de
baryum afin d’augmenter ses propriétés. La solution principale utilisée consiste à doper la
céramique.
2.2.1 Matériau BaTiO
3de départ
À but comparatif, des échantillons de titanate de baryum ont été synthétisés en suivant
Dans le document
Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques
(Page 44-57)