2.3 Propriétés fonctionnelles des céramiques de base BaTiO 3
2.3.5 Domaine d’utilisation en température des matériaux
Lorsqu’on travaille avec le titanate de baryum, l’inconvénient récurant concerne la
tem-pérature de Curie qui est trop basse. La Figure 2-15 présente l’évolution de la constante
diélectrique en température de la composition (Ba
0,99Ca
0,01)(Ti
0,99Co
0,005Nb
0,005)O
3-𝛿, 1 mol%
Li
2CO
3(noté BTCaCoNb, 1% Li
2CO
3) dont il a été vu que les propriétés s’approchent de
celles du PZT-4.
Figure 2-15 – Évolution en température de la constante diélectrique de (Ba
0,99Ca
0,01)(Ti
0,99Co
0,005Nb
0,005)O
3-𝛿, 1 mol% Li
2CO
3On trouve sur cette figure la température de Curie à 114 °C. On peut également observer la
transition de phase orthorhombique – quadratique qui commence vers 5 °C et qui implique une
variation de la constante diélectrique. On observe aussi une hystérésis thermique au niveau des
transitions de phase, caractéristique d’une transition de phase du premier ordre. La courbe
présentée sur cette figure nous permet ainsi de savoir qu’au-delà de 114 °C, le matériau perd
ses propriétés piézoélectriques. Cependant, elle ne nous renseigne pas sur l’évolution de ces
mêmes propriétés sur l’intervalle de température où le matériau piézoélectrique peut être
utilisé. En particulier, est-ce que le passage de la transition orthorhombique – quadratique
implique une variation des propriétés piézoélectriques ?
Trois expériences différentes ont alors été effectuées afin d’analyser le domaine de
tempé-rature sur lequel ces matériaux peuvent être utilisés. Trois échantillons de la composition
(BTCaCoNb, 1% Li
2CO
3) vont chacun subir un cycle différent de température tandis que
leurs propriétés piézoélectriques seront mesurées. Les échantillons sont plongés dans un bain
d’huile chauffé à l’aide d’un module thermoélectrique et les caractéristiques piézoélectriques
sont mesurées par impédancemétrie.
Expérience 1 : cycle de 25 à 80 °C aller/retour
Le but de cette expérience est de déterminer si les propriétés piézoélectriques évoluent
lorsque le matériau est chauffé. Le cycle de température s’arrête à 80 °C pour éviter de
se rapprocher de T
Cet les propriétés sont également mesurées lors du retour à 25 °C pour
déterminer si des modifications irréversibles se sont produites au sein du matériau. La Figure
2-15 nous indique que sur la plage de température considérée aucune transition de phase n’est
franchie.
La Figure 2-16(a) nous présente l’évolution de certaines constantes du matériau en fonction
de la température. On observe que le coefficient de couplage en mode épaisseur k
tne varie pas
de manière significative avec la température (confirmé par la Figure 2-16(c)). Cependant,
de façon surprenante, alors que le k
tprésente peu de variation, le k
p, lui, diminue lorsque
la température augmente. Cette diminution est bien marquée par la diminution de
l’inter-valle de fréquence entre la résonance et l’antirésonance du module de l’impédance présenté
Figure 2-16(b). Plus précisément, il passe de 41,1% à 25 °C à 31,1% à 80 °C. De plus, la
fréquence d’antirésonance du mode radial augmente avec la température : la vitesse suivant
le mode radial augmente, ce qui traduit une augmentation de la rigidité du matériau dans la
direction de ce mode. Ce phénomène est aussi reporté dans le cas de certains PZT lorsqu’on
se rapproche de la température de Curie [MEG18] (Annexe B). Pour finir, on constate que
cette diminution des propriétés est réversible. Lors du retour à 25 °C, le matériau récupère
les propriétés qu’il possédait à chaque température.
Expérience 2 : de 25 à 110 °C aller simple
On a vu que le coefficient de couplage k
tétait stable jusqu’à 80 °C alors que le k
pdiminuait
progressivement. Si on réalise l’expérience de 25 °C jusqu’à 110 °C, on observe que
l’échan-tillon se dépolarise à 110 °C, au niveau de sa température de Curie. On observe de manière
similaire à l’expérience précédente sur l’intervalle 25 – 105 °C que le k
treste stable alors
que le k
pdiminue progressivement. En allant plus loin, on observe avec la dépolarisation du
matériau que le k
tpasse brutalement de 43,5% à 0%.
Expérience 3 : cycle de 20 à -15 °C aller/retour
Figure 2-16 – Dépendance des propriétés du (BTCaCoNb, 1% Li
2CO
3) en fonction de la
température. (a) Évolution des coefficients de couplage k
pet k
t, et de la fréquence
d’antiré-sonance. Les couleurs orange et bleue permettent d’indiquer l’évolution respective lors de la
montée ou la descente en température. (b) Évolution en température du module de
l’impé-dance correspondant au mode radial. (c) Évolution en température du module de l’impél’impé-dance
correspondant au mode épaisseur
transition de phase orthorhombique – quadratique implique une évolution des propriétés
piézoélectriques.
Partant de 20 °C, on fait décroître la température jusqu’à -15 °C. Sur la Figure 2-15, il
faut donc considérer la courbe brune lors de la descente en température qui nous indique
une transition de phase autour de -5 °C. Cette valeur de température pour la transition de
phase quadratique – orthorhombique est confirmée dans cette expérience Figure 2-17(a) par
l’évolution de la capacité mesurée à 1 kHz. On observe de plus, comme sur la Figure 2-15,
Figure 2-17 – Dépendance des propriétés du (BTCaCoNb, 1% Li
2CO
3) en fonction de la
température. (a) Évolution des coefficients de couplage k
pet k
t, de la capacité et des pertes
diélectriques. Les couleurs bleue et orange permettent d’indiquer l’évolution respective lors
de la descente ou de la montée en température. (b) Évolution en température du module
de l’impédance correspondant au mode radial. (c) Évolution en température du module de
l’impédance correspondant au mode épaisseur
l’hystérésis thermique entre l’aller et le retour en température. Concernant les propriétés
pié-zoélectriques, on observe que les coefficients de couplage augmentent lorsqu’on se rapproche
de la transition de phase. En effet, le k
ppasse de 40,5 à 46,5% et le k
tde 43,0 à 49,0%. Passée
la transition, le k
preprend une valeur plus proche de sa valeur initiale (43,5%) mais le k
tconserve une valeur plus élevée (48%). Encore une fois, lors du retour à 20 °C, on retrouve
des propriétés très similaires à l’état initial. L’hystérésis thermique peut expliquer les valeurs
légèrement plus élevées obtenues pour le k
plors du retour à 20 °C : on se situe encore près
de la transition de phase.
Pour finir, on peut regarder les Figures 2-17 (b) & (c) représentant l’évolution du module
de l’impédance avec la température. On observe le même phénomène que pour l’expérience
1 : la fréquence de résonance du mode radial diminue avec la température, on a ainsi une
diminution de la vitesse. Cependant, on observe un saut entre -5 °C et -10 °C. Lorsque la
transition de phase est franchie, la vitesse réaugmente brutalement traduisant le changement
de rigidité du matériau lorsqu’il change de phase. La tendance de l’évolution de la vitesse des
ondes en fonction de la température semble ensuite s’inverser. En effet, passée la transition,
lorsque la température diminue de -10 à -15 °C, la vitesse augmente. De plus, contrairement
à l’expérience 1, ces évolutions de la vitesse des ondes dans le matériau sont aussi observées
suivant le mode épaisseur, ce qui est une nouvelle fois cohérent avec le fait que le matériau
change de phase.
2.3.6 Cycle d’hystérésis : écart par rapport au cas classique du
Dans le document
Céramiques piézoélectriques : le titanate de baryum dopé pour transducteurs acoustiques
(Page 75-79)