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Les portes de l'enceinte antique d'Autun et leurs modèles (Gaule, Italie, provinces occidentales de l'Empire romain)

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Les portes de l’enceinte antique d’Autun et leurs

modèles (Gaule, Italie, provinces occidentales de

l’Empire romain)

Vivien Barrière

To cite this version:

Vivien Barrière. Les portes de l’enceinte antique d’Autun et leurs modèles (Gaule, Italie, provinces oc-cidentales de l’Empire romain). Archéologie et Préhistoire. Université de Bourgogne, 2012. Français. �NNT : 2012DIJOL042�. �tel-01124095�

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UNIVERSITE DE BOURGOGNE

UFR de Sciences Humaines

THÈSE

Pour obtenir le grade de

Docteur de l’Université de Bourgogne Discipline : Archéologie

par

Vivien BARRIERE

7 décembre 2012

Les portes de l’enceinte antique d’Autun et leurs modèles

(Gaule, Italie, provinces occidentales de l’Empire romain)

Directeur de thèse

Olivier de CAZANOVE

Volume I – Texte

Jury

BONETTO, Jacopo, Professeur (Università di Padova)

DESSALES, Hélène, Maître de Conférences (Ecole Normale Supérieure – Paris) GUILLAUMET, Jean-Paul, Directeur de Recherches (UMR 6298 ARTEHIS) REDDE, Michel, Professeur (EPHE, Sciences historiques et philologiques) ROBERT, Renaud, Professeur (Université de Bordeaux III)

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UNIVERSITE DE BOURGOGNE

UFR de Sciences Humaines

THÈSE

Pour obtenir le grade de

Docteur de l’Université de Bourgogne Discipline : Archéologie

par

Vivien BARRIERE

7 décembre 2012

Les portes de l’enceinte antique d’Autun et leurs modèles

(Gaule, Italie, provinces occidentales de l’Empire romain)

Directeur de thèse

Olivier de CAZANOVE

Volume I – Texte

Jury

BONETTO, Jacopo, Professeur (Università di Padova)

DESSALES, Hélène, Maître de Conférences (Ecole Normale Supérieure – Paris) GUILLAUMET, Jean-Paul, Directeur de Recherches (UMR 6298 ARTEHIS) REDDE, Michel, Professeur (EPHE, Sciences historiques et philologiques) ROBERT, Renaud, Professeur (Université de Bordeaux III)

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Titre de la thèse

Les portes de l’enceinte antique d’Autun et leurs modèles (Gaule, Italie, provinces occidentales de l’Empire romain)

Thesis title

City gates of Augustodunum and their architectural models (Gaul, Italy, Western Provinces of the Roman Empire)

Résumé

Augustodunum, civitas Aeduorum, fondée à l’époque augustéenne, fut dotée de quatre portes urbaines : la porte d’Arroux et la porte Saint-André qui sont les mieux conservées, la porte Saint-Andoche dont il ne reste qu’une tour de flanquement et la porte de Rome, depuis longtemps disparue. L’étude stratigraphique du bâti des portes et la réflexion sur le fonctionnement du chantier de construction des portes urbaines d’Autun constituent le cœur de ce travail. Par ailleurs, antiquaires, voyageurs et artistes ont laissé depuis le XVIème siècle de nombreux témoignages de leur visite des portes romaines d’Autun. Ce fonds documentaire considérable, constitué de sources écrites et iconographiques, n’avait jusqu’alors pas été étudié de manière globale. Il a fallu mettre en série les sources textuelles afin de comprendre la part des emprunts aux travaux antérieurs. Un travail semblable de critique des représentations iconographiques des portes urbaines a également été effectué. Complément indispensable de l’étude stratigraphique des élévations conservées, l’étude de cette documentation ancienne a permis de proposer une hypothèse de restitution de l’histoire longue des portes d’Augustodunum de leur construction à nos jours. Le dernier volet de ce travail a consisté à replacer les portes d’Autun dans la série des portes urbaines monumentales de l’Occident romain construites entre le IIème siècle av. J.-C. et le IIème siècle ap. J.-C. mais aussi à présenter de nouvelles propositions de restitution du projet architectural, du plan des portes et de l’organisation interne de leurs tours de flanquement.

Abstract

Augustodunum, civitas Aeduorum, roman city founded under the reign of Augustus, was

equipped with four roman city gates : the gate of Arroux and the gate of Saint André, both well preserved, the gate of Saint Andoche which sole remaining part is a flanking tower, and the gate of Rome, destroyed long ago.

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The heart of this study lies in the stratigraphic reading of those gates structure and in thoughts about the building site of Autun’s city gates operating process.

Moreover, since the 16th century, antiquaries, travelers and artists have described in many ways their visits to the roman city gates of Autun. These accounts constitute a major documentary collection of written and iconographical sources that had never been studied as a whole before. A classification of written sources was necessary in order to understand the borrowings from previous works. A similar work of critical study has been realized for the iconographical representations of the gates.

As an essential complement of the stratigraphic reading of remaining elevations of the gates, the ancient archeological documentation study was indispensable to propose a restoration hypothesis of Augustodunum’s city gates long term history from their construction time to nowadays.

The last section of this study aims to locate Autun’s city gates in the series of monumental city gates built in Western Roman Empire between the 2nd century BC and the 2nd century AD. Furthermore, that section presents new propositions for the restoration of the architectural project, of the gates plan and of the inner organization of these gates flanking towers.

Mots-clés : porte urbaine ; fortification romaine ; archéologie de la construction ; stratigraphie

des élévations ; documentation ancienne ; histoire longue ; Autun ; Gaule romaine ; Italie romaine ; provinces occidentales

Keywords : Roman city gate ; Roman fortification ; archaeology of architecture ;

stratigraphic reading of elevations ; documentary sources ; long term history ; Autun ; Roman Gaul ; Roman Italy ;Western Roman Provinces.

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Table des matières

AVANT-PROPOS ... 19

INTRODUCTION ... 21

PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES ... 29

CHAPITRE UN – Aedua quanta fuit, ipsa ruina docet. Histoire de l’intérêt pour les portes romaines d’Autun ... 31

Etudier les portes romaines d’Autun. Pluralité des acteurs & évolution des approches de la Renaissance à la fin du XIXème siècle face à un même sujet d’étude ... 34

1. Erudits, cartographes et voyageurs de la Renaissance : premiers témoignages ... 34

1.1. Des documents méconnus et inexploités ... 36

1.2. Premiers témoignages de voyageurs sur les portes romaines d’Autun ... 40

1.3. Premiers travaux historiques sur l’antiquité d’Autun ... 42

1.4. Premières représentations cartographiques d’Autun ... 48

1.5. Premières représentations iconographiques des portes d’Autun ... 51

2. Le point de vue du voyageur : du récit de voyage littéraire au guide touristique 56 2.1. Les portes d’Autun dans les récits de voyageurs de la Renaissance et des Lumières ... 57

2.2. Le voyageur romantique face aux portes romaines : le récit de voyage au XIXème siècle ... 61

2.3. La vision des portes d’Autun dans les premiers guides touristiques ... 66

3. La technicité des hommes de l’art : artistes, architectes & ingénieurs... 71

3.1. Architectes et ingénieurs face aux vestiges de l’architecture antique ... 71

3.2. Les artistes et leur vision des portes antiques d’Autun ... 77

3.3. Les cartographes : tracé de l’enceinte et emplacement des portes ... 80

4. L’âge d’or des antiquaires ... 82

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4.2. Etudier les vestiges matériels pour comprendre le passé : la méthode

antiquaire ... 84

4.3. Les dessins des antiquaires ou la constitution de « musées de papier » ... 87

5. La diffusion des vues de monuments antiques ... 91

5.1. Un siècle de grandes publications illustrées (1784-1895) ... 91

5.2. Les portes romaines d’Autun et la révolution photographique (de 1851 à la Belle Epoque) ... 93

Les antiquités d’Autun aux mains des descendants des Eduens : une histoire des recherches locales sur les portes romaines ... 97

1. Les antiquaires autunois : l’apport des érudits locaux de la Renaissance à la fin du siècle des Lumières ... 99

1.1. Antiquaires autunois de la Renaissance et du Grand Siècle ... 99

1.2. Les Lumières autunoises ... 118

2. La Société Eduenne et ses ancêtres : l’apparition des sociétés savantes à Autun au début du XIXème siècle : ... 126

2.1. Le phénomène des sociétés savantes ... 127

2.2. La Société libre d’agriculture, sciences et arts d’Autun : les promesses d’une société savante autunoise (1801-1808) ... 127

2.3. La Commission des antiquités d’Autun : les premiers travaux archéologiques collectifs ... 130

2.4. La naissance de la Société Eduenne en 1836 ... 132

3. Les portes romaines dans les travaux de la Société Eduenne ... 133

3.1. Autun archéologique par les secrétaires de la Société Eduenne et de la Commission des antiquités d’Autun ... 134

3.2. L’élaboration d’une documentation graphique scientifique : J. Roidot-Deléage ... 134

3.3. La 42ème session du Congrès Scientifique de France à Autun (1876) ... 137

3.4. H. de Fontenay ou la synthèse de quatre siècles de recherches autunoises 138 4. Développement de la notion de conservation du patrimoine ... 142

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4.1. La Société Eduenne aux avant-postes du combat pour la défense du

patrimoine autunois menacé ... 142 4.2. Mise en place d’actions et de structures chargées de la conservation des monuments anciens ... 144 4.3. Les ambiguïtés de la notion de conservation des Monuments historiques : les tensions autour de la restauration architecturale ... 150 Sommeil et renouveau des études autunoises (XXème siècle et début du XXIème siècle) 155

1. Le silence de la recherche de terrain autunoise : le temps des grandes synthèses 155

1.1. Premières approches synthétiques autour des portes romaines d’Autun ... 155 1.2. Un siècle de pause des recherches de terrain sur les portes urbaines ... 157 1.3. L’exception : la double contribution de P.-M. Duval à la connaissance des portes d’Autun ... 159 2. La renaissance d’Autun à l’archéologie des années 1980 à nos jours : le cas des portes urbaines ... 160

2.1. L’impulsion de la célébration du bimillénaire (1985) ... 160 2.2. L’étude des matériaux de construction et du lapidaire architectonique ... 161 2.3. Nouvelles recherches autour de l’enceinte urbaine d’Augustodunum et de ses portes monumentales ... 162 2.4. Le sort réservé aux portes d’Autun dans les synthèses récentes ... 164 CHAPITRE DEUX – Construction du savoir et construction du discours autour des portes romaines d’Autun. Etude critique des sources textuelles anciennes ... 167

Le corpus des sources textuelles : aspects méthodologiques ... 168 1. Les sources textuelles relatives aux portes d’Autun : présentation du corpus et des critères de définition ... 168 2. Etudier les portes romaines d’Autun au moyen d’une base de données dédiée aux sources textuelles anciennes ... 173

2.1. Conception d’un outil adapté à la complexité du corpus et aux objectifs d’une étude archéologique du bâti... 173

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2.2. Organisation interne de la base de données dédiée aux sources textuelles

anciennes ... 175

Parentés et filiations au sein des sources écrites anciennes relatives à Autun ... 179

1. Le stemma des sources textuelles ... 179

1.1. Transposition d’un outil philologique au service de l’archéologie du bâti 180 1.2. Constitution du stemma et méthodologie ... 181

1.3. Le rapport des auteurs du corpus avec les travaux de leurs prédécesseurs 194 2. L’abbé Germain et J. Rosny ou la relativité de la propriété intellectuelle ... 225

2.1. Des mémoires de Thomassin aux Lettres sur l’antiquité d’Autun de l’abbé Germain ... 225

2.2. La méthode historique participative selon J. Rosny ... 231

3. Le cas Stendhal : recettes pour décrire un édifice que l’on n’a pas vu ... 243

4. La réédition de l’ouvrage d’Edme Thomas ... 250

4.1. Remplacement des estampes originales par une illustration modernisée... 251

4.2. Le travail d’édition du texte et l’ajout d’un appareil de notes... 254

5. Archéologie & contexte éditorial autunois en 1847-1848 ... 258

Leçons et obsessions des auteurs anciens : l’exploitation du corpus des sources textuelles ... 268

1. Le nom des portes ... 268

1.1. La porte nord-ouest de l’enceinte romaine : Janus et l’Arroux ... 269

1.2. La porte nord-est de l’enceinte romaine : Hercule et saint André ... 271

1.3. La porte sud-est de l’enceinte romaine : Rome et le Marbre ... 272

1.4. La porte sud-ouest de l’enceinte romaine : les druides, Minerve et saint Andoche ... 274

2. Les jugements de valeur : les portes d’Autun au miroir de la subjectivité ... 277 2.1. La plus belle d’entre toutes : le fantasme de l’absente porte des Marbres . 277 2.2. La rivalité des deux sœurs : destins croisés des portes d’Arroux et de Saint-André 282

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3. Les hésitations sur la fonction des portes monumentales d’Autun ... 285

3.1. Les Portiques d’Autun : portes urbaines ou arcs honorifiques ? ... 285

3.2. Interrogations sur la fonction de la galerie supérieure des portes ... 287

4. L’unanime condamnation du vandalisme des Autunois ... 289

4.1. Le plus virulent et le plus entendu d’entre tous : A.-L. Millin ... 290

4.2. Ancienneté d’un reproche ... 291

4.3. Les successeurs de Millin : quand la dénonciation devient un lieu commun 293 DEUXIEME PARTIE – ETUDE ARCHEOLOGIQUE DES PORTES D’AUGUSTODUNUM ... 297

CHAPITRE TROIS – Description et étude archéologique des portes urbaines d’Augustodunum ... 299

Description des vestiges conservés ... 300

1. Porte d’Arroux ... 300

1.1. Localisation de la porte d’Arroux ... 300

1.2. Description des vestiges conservés de la porte d’Arroux ... 302

2. Porte Saint-André ... 311

2.1. Localisation de la porte Saint-André ... 311

2.2. Description des vestiges conservés de la porte Saint-André ... 312

3. Porte de Rome ... 324

3.1. Localisation de la porte de Rome ... 325

3.2. Description des vestiges conservés de la porte de Rome ... 327

4. Porte Saint-Andoche ... 330

4.1. Localisation de la porte Saint-Andoche ... 330

4.2. Description des vestiges conservés de la porte Saint-Andoche ... 330

Etude de l’économie du chantier de construction des portes urbaines d’Autun ... 337

1. Nature et provenance des matériaux de construction ... 338

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1.2. Le calcaire oolithique de Fontaines ... 340

1.3. Le granit à deux micas de Couhard ... 341

1.4. Le grès fin du Rhétien ... 342

1.5. Le marbre ... 342

1.6. La brique ... 345

1.7. Un approvisionnement en matériaux au sein du territoire éduen ... 346

2. Données sur l’organisation du chantier de construction des portes urbaines ... 348

2.1. L’appareil en pierre de taille ... 348

2.2. Les enseignements des parties originellement dissimulées au regard ... 351

2.3. L’étude des limites de ravalement et la chronologie des opérations de construction ... 352

2.4. Le manque de données relatives aux parties construites en petit appareil . 355 2.5. Désordres et anomalies dans la construction : malfaçons, repentirs ou abandons ... 359

Hypothèses de datation des portes romaines d’Autun ... 367

1. Un historique des propositions de datation des portes urbaines d’Augustodunum 367 2. La datation stylistique ... 371

2.1. Etude stylistique du décor de la porte d’Arroux ... 372

2.2. Etude stylistique du décor de la porte Saint-André ... 375

3. D’autres méthodes de datation ... 377

3.1. La fouille stratigraphique et l’étude du mobilier mis au jour (à la porte d’Arroux) ... 377

3.2. La datation de l’enceinte et de la trame viaire : quelques réflexions sur la chronologie relative des différentes étapes de la fondation d’Augustodunum ... 378

3.3. Les relations entretenues par les portes urbaines avec la voirie urbaine et routière ... 387

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3.5. La comparaison morphologique avec d’autres portes monumentales ... 391

CHAPITRE QUATRE – Apport des sources iconographiques anciennes à l’approche archéologique du bâti des portes romaines d’Autun ... 393

Le corpus des sources iconographiques relatives aux portes romaines d’Autun ... 394

1. Représentation et perception du vestige antique ... 394

2. Un outil d’étude et d’évaluation ... 396

2.1. Objectifs recherchés et définition du corpus ... 396

2.2. Organisation interne de la base de données... 397

Etude critique des arts graphiques ... 400

1. Le stemma des dessins des portes antiques ... 400

1.1. La descendance des dessins originaux de l’auteur du De antiquis Bibracte monimentis ... 400

1.2. Les origines troubles de l’estampe publiée par A.-L. Millin ... 401

1.3. L’exploitation d’un filon autunois dans la première moitié du XIXème siècle 403 1.4. Les multiples origines des estampes ... 404

2. Evaluer une représentation graphique ... 405

2.1. L’utilisation de certaines sources anciennes pour évaluer les autres ... 405

2.2. L’identification des éléments caractéristiques du bâti des portes antiques 406 2.3. L’interprétation des erreurs figurant sur les représentations graphiques ... 408

Mise en série de la documentation cartographique ... 412

1. Une vision verticale du sud au nord ... 412

2. Les vues horizontales d’est en ouest ... 415

3. Deux ramifications partageant la même origine... 417

4. La lente élaboration d’un plan exact (XVIIIème – XIXème s.) ... 418

Etude du fonds photographique ancien ... 423

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2. Mise en série des photographies et des cartes postales anciennes représentant les

portes antiques ... 424

Evaluation de la documentation graphique réalisée par des architectes ... 430

1. Méthode d’évaluation des relevés architecturaux en élévation ... 430

2. Application de la méthode à des relevés anciens ... 431

2.1. Le dessin du manuscrit Français 4 031 ... 431

2.2. Le relevé de Boudan ... 432

2.3. Le relevé publié par Montfaucon ... 433

2.4. La vue pittoresque de Joubert et Adam ... 433

3. Les architectes du XIXème siècle ... 434

3.1. Les relevés de Van Cléemputte – Moutier (1816) ... 434

3.2. Les relevés de J.-I. Hittorff (1822) ... 436

3.3. Les relevés d’A.-M. Chenavard (1838) ... 439

3.4. Le dossier sur la porte Saint-André d’E. Viollet-le-Duc (1844) ... 440

3.5. La documentation graphique de J. Roidot-Deléage ... 441

3.6. Le relevé de L. Moissonnier ... 446

3.7. Le relevé de L. Sauvageot ... 446

CHAPITRE CINQ – Rescapées et disparues. Histoire longue du bâti des portes romaines d’Autun et de leur conservation ... 449

Porte d’Arroux ... 452

1. La porte urbaine du nord-ouest à l’époque antique ... 452

2. Les enseignements des sources les plus anciennes ... 453

2.1. La disparition des parties manquantes : démolition, démantèlement ou effondrement ? ... 454

2.2. Cassure de la face de parement d’un bloc côté campagne ... 455

2.3. Construction d’une chapelle de Notre-Dame d’Arroux contre le piédroit central 455 2.4. L’entrée triomphale de Roger de Bellegarde ... 458

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15

3. Grands travaux sur le cardo maximus en 1777 ... 459

4. Etat de la porte romaine durant le Premier Empire ... 459

5. Les travaux du Comité des antiquités d’Autun et de la Société Eduenne ... 460

6. Aménagements urbains autour du piédroit central de la porte d’Arroux ... 462

6.1. Deux dispositifs d’éclairage successifs ... 462

6.2. L’entrée de ville comme lieu d’affichage municipal... 462

6.3. Essai de chronologie relative et absolue des équipements urbains (1841-début du XXème s.) ... 463

7. Les travaux de l’architecte Daumet (1875-1888) ... 464

7.1. Travaux de consolidation en 1875... 464

7.2. Conséquences de l’irresponsabilité municipale : les travaux de 1881 et 1884 465 7.3. Mise au jour des tours de flanquement en 1886-1888 ... 466

8. La grande restauration de 1901 ... 466

9. Des travaux du Bimillénaire aux interventions à venir ... 467

Porte Saint-André ... 469

1. De la porte urbaine romaine au portail de Saint-André ... 469

1.1. Phases antiques ... 469

1.2. Deux dispositifs à la datation indéterminée ... 470

1.3. Installation d’une église médiévale au sein de la porte urbaine ... 471

2. Apport des sources d’époque moderne ... 472

3. Première intervention de conservation monumentale ... 475

4. Privatisation partielle de la porte urbaine (1793-1844) ... 476

5. Les initiatives des sociétés archéologiques autunoises ... 477

6. La restauration radicale conçue par Viollet-le-Duc (1844-1849) ... 478

6.1. Phases préliminaires ... 478

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16

7. Les années postérieures à la restauration de Viollet-le-Duc (années 1850-1860) 483

8. Problèmes récurrents de toiture (1871-1890) ... 485

9. Le XXème siècle ... 486

9.1. Les restaurations de 1901 ... 486

9.2. Aménagements de voirie ... 486

9.3. Travaux d’aménagement d’un Temple protestant ... 487

9.4. Réfection de la couverture de la porte ... 487

9.5. Aménagement du square piétonnier de la porte Saint-André... 488

Porte de Rome ... 489

1. Construction, démolition et enfouissement ... 489

2. Les investigations du XIXème siècle ... 491

Porte Saint-Andoche ... 493

1. Une porte urbaine précocement réaffectée ... 493

2. Remaniements et continuités à l’époque moderne ... 494

3. La tour Saint-Andoche depuis le XIXème siècle ... 495

Histoire longue des portes et de l’enceinte antique d’Autun : synthèse ... 497

1. Le devenir de l’enceinte antique au Moyen Âge et à l’époque moderne ... 497

2. Réflexions sur les causes de la survie des portes de la ville romaine ... 500

TROISIEME PARTIE – MISE EN SERIE ET RESTITUTIONS ... 503

CHAPITRE SIX – Les portes urbaines tardo-républicaines et alto-impériales de l’Occident romain. Essai de synthèse et de mise en série. ... 505

Construire des portes urbaines dans le monde romain de la fin de la République aux premiers siècles de l’Empire ... 506

1. L’âge d’or de la fortification romaine : la période tardo-républicaine et les débuts du Principat ... 506

1.1. La construction des enceintes et des portes urbaines en Italie : reflet du contexte politique et économique de la période tardo-républicaine ... 506

(18)

17

1.2. La construction des enceintes et des portes urbaines à l’époque

alto-impériale dans la partie occidentale de l’Empire ... 508

1.3. Des murs de la peur aux murs du prestige ? ... 511

2. Définition et fonctions des portes urbaines ... 517

2.1. Fonctions de l’enceinte et de la porte urbaine ... 517

2.2. Difficultés d’une définition architecturale et fonctionnelle des passages voûtés monumentalisés : porte urbaine et arc honorifique ... 529

Un Atlas des portes urbaines monumentales de l’Occident romain ... 532

1. Méthodologie : établissement du corpus et conception de l’atlas ... 532

1.1. Définition du corpus en lien avec les objectifs de l’atlas ... 532

1.2. Description de l’organisation interne de la base de données ... 536

2. Elaboration et diffusion d’un modèle architectural : la porte urbaine monumentale 539 2.1. Le nombre de baies ... 541

2.2. Systèmes de fermeture et dispositif de cour intérieure ... 542

2.3. Les tours de flanquement ... 554

CHAPITRE SEPT – Portes urbaines d’Augustodunum et de l’Occident romain. Eclairages mutuels et restitutions. ... 563

Réflexions sur le projet de construction des portes urbaines d’Augustodunum ... 565

1. L’insertion des portes au sein de la ville et de l’enceinte urbaine : le cas d’Augustodunum ... 565

2. Le plan des portes urbaines d’Augustodunum ... 566

2.1. Des tours de flanquement à talon ... 567

2.2. La disposition en façade des passages du premier niveau ... 570

3. Restitution du projet architectural des portes monumentales d’Autun ... 573 3.1. Hypothèse de restitution du projet de l’architecte pour la porte d’Arroux 573 3.2. Hypothèse de restitution du projet de l’architecte pour la porte Saint-André

(19)

18

4. Bilan comparatif sur la porte d’Arroux et la porte Saint-André... 579

Hypothèses de restitution des parties disparues ... 584

1. Un plan incomplet ? La question de la cour intérieure des portes urbaines d’Augustodunum ... 585

1.1. La porte d’Arroux, une porte urbaine à cour intérieure ... 585

1.2. Faut-il pour autant restituer une cour intérieure pour chacune des portes romaines d’Autun ? ... 595

2. Les systèmes de fermeture et leur restitution ... 599

2.1. Herses et vantaux de la porte d’Arroux ... 599

2.2. Vantaux et barres de bois de la porte Saint-André ... 602

3. Organisation interne des tours et nombre d’étages ... 604

3.1. Les niveaux de circulation au sein du corps central de la porte urbaine .... 604

3.2. Les étages des tours de flanquement ... 607

CONCLUSIONS ... 613

BIBLIOGRAPHIE ... 621

Documents manuscrits & archives ... 623

(20)

19

Sic decus Immensum majestatemque verendam, Ingentes urbis portae, & stridentia monstrant Limina, testanturque sibi nil cedere tecta

Interiora : ubi sum ? vigilone ! an somnia menti Vana observantur ?

Ladone, Augustoduni antiquitates, p. 12, écho de Virgile, Enéide, VII, 613

AVANT-PROPOS

Au seuil de ce mémoire, je tiens à remercier Olivier de Cazanove qui a accepté d’encadrer mes recherches et m’a apporté son concours en d’innombrables occasions : sa confiance, ses conseils et sa disponibilité, des débuts de mes travaux à leur achèvement, furent déterminants dans la conduite de mes investigations. Je remercie également Hélène Dessales pour son soutien, son attention et ses conseils toujours judicieux qui m’ont accompagné dans ma formation de chercheur.

Ma reconnaissance va également à Arianna Esposito, Sabine Lefebvre, Laurent Popovitch, Stéphane Ratti, Gilles Sauron, Daniele Vitali et Stefan Wirth pour l’intérêt qu’ils ont manifesté à l’égard de mes recherches et pour m’avoir suggéré des directions auxquelles je n’avais pas songé. Plusieurs chercheurs de l’UMR 6298 ARTEHIS ont également accepté de partager avec moi un peu de leurs connaissances sur Autun : merci à Jean-Paul Guillaumet et à Christian Sapin pour le temps qu’ils ont pu me consacrer.

Le travail de terrain que j’ai effectué à Autun doit beaucoup à la Ville d’Autun et au Centre d’Archéologie et du Patrimoine de la Ville d’Autun Alain-Rebourg – tout particulièrement à Yannick Labaune et à Angélique Tisserand : qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde reconnaissance pour leur gentillesse, leur disponibilité de tous les instants, leur appui logistique et leurs remarques avisées. Je n’oublie pas l’accueil bienveillant que m’avait réservé Pascale Chardron-Picault au Centre. Merci à Armelle Fort qui m’a très gentiment donné accès à ses travaux de recherche sur l’enceinte d’Augustodunum ainsi qu’à Antoine Louis dont les compétences architecturales et infographiques ont nourri mes réflexions sur la restitution de la porte d’Arroux. Je souhaite associer à ces remerciements liminaires la Société Eduenne, et notamment son secrétaire perpétuel, André Strasberg qui m’a servi de guide dans la riche bibliothèque de l’Hôtel Rolin et m’a accueilli chaleureusement, tout comme je le fus au Musée Rolin grâce à Brigitte Maurice-Chabard et à ses équipes. Un grand merci, enfin, aux Autunois, propriétaires ou occupants des parcelles situées à l’emplacement des portes romaines, qui ont répondu à mes questions, autorisé mes investigations et m’ont montré la vitalité des liens affectifs qui lient les Autunois à leurs

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portes. Ma gratitude va également au SRA Bourgogne, et notamment à Laure Dobrovitch, Conservateur du patrimoine en charge de la Saône-et-Loire, qui n’a cessé de témoigner de l’intérêt pour mes recherches en m’accordant les autorisations nécessaires : ses conseils ont permis le bon déroulement de mes activités sur le terrain.

A trois reprises, l’Ecole française de Rome m’a permis d’accéder au fonds de sa bibliothèque mais aussi de celles de l’Institut allemand et de la British School : ma reconnaissance va à Michel Gras et à Catherine Virlouvet qui m’ont ainsi offert d’excellentes conditions de travail. Un grand merci à Yann Rivière et à Stéphane Bourdin pour l’intérêt qu’ils ont porté à mes recherches et pour les pistes qu’ils m’ont suggérées. Je sais gré également aux professeurs italiens que j’ai sollicités et qui m’ont fait profiter de leur expérience avec une grande gentillesse : Jacopo Bonetto, Luisa Migliorati, Fausto Zevi. J’ai une pensée particulière et collective pour mes camarades boursiers de l’Ecole française de Rome avec qui les échanges scientifiques ont toujours été stimulants.

Mes travaux doivent d’avoir progressé grâce à plusieurs chercheurs, archéologues, architectes, historiens, historiens d’art, archivistes-paléographes et conservateurs qui ont fait preuve d’autant de disponibilité que de compétence lorsque je les ai sollicités : Audrey Bertrand, Caroline Blonce, Laetitia Borau, Daniel Castella, Jean-Luc Chappey, Thierry Dechezleprêtre, Marc Heijmans, Benoît Helly, Vincent Jolivet, Olivier Juffard, Michael Kiene, Frédérique Lemerle, Claire Maître, Susana Marcos, Florence Monier, Nicolas Monteix, Jean-Daniel Pariset, Richard Pellé, Pierre Pinon, Damien Richard, Clotilde Romet, Anaïs Roumégous, Pascal Schmitt, Magali Soulatges et Louis Torchet.

Un grand merci également à mes camarades étudiants et jeunes chercheurs pour leur aide sur le terrain mais aussi pour nos échanges scientifiques et amicaux : Lucas Aniceto, Carine Duthu, Mathieu Ribolet, Pierre-Antoine Lamy, Jonhattan Vidal. Merci aux collègues et aux amis qui, d’une manière ou d’une autre, ont été mis à contribution : Jean-Pierre Bat, Morana Causevic, Camille Fabre, Yves Wallerich. J’ai pu compter sur le savoir-faire de topographes compétents : Julian Anton, Mathias Belley, Jean-Baptiste Haquin et Alexandra Vivier. Ma reconnaissance va encore à Nathalie André pour m’avoir formé il y a quelques années au redressement numérique de clichés sous le logiciel AutoCAD. Un merci particulier à Albéric Olivier pour m’avoir transmis de la documentation graphique inédite sur la porte d’Arroux et, plus largement, pour nos échanges autour des portes romaines d’Autun.

Merci enfin à ma famille, à ceux dont j’ai sollicité les compétences multiples de linguistes (Francine, Juliette, Claudie, Pierre, Florian), et en particulier à mes parents, pour leur confiance et leur soutien indéfectible ; merci à Lisa pour son infinie patience et pour sa présence. A ceux qui m’ont accompagné dans les derniers mètres de l’interminable « dernière ligne droite » : Jean-Baptiste, Jonhattan, mes parents, Florian, Clémence et Lisa, les mots ne sauraient suffire à témoigner ma profonde reconnaissance.

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A en croire l’inspecteur général des Monuments historiques Mérimée, « les deux portes antiques d’Autun sont trop connues pour qu’il soit nécessaire d’en donner une nouvelle description »1 : c’est précisément parce qu’elles sont trop connues qu’il est utile d’entreprendre une étude nouvelle de ces portes. Une nouvelle étude, d’abord : elle vient en effet s’inscrire au terme d’une longue chaîne de recherches sur ces célèbres portes – une chaîne de descriptions, de dessins, de débats qui constitue ainsi un fonds de sources anciennes, tant littéraires qu’iconographiques, qu’il s’est agi d’étudier pour la première fois de manière précise et globale. Une étude nouvelle, ensuite : la jeune discipline de l’archéologie de la construction fournit des méthodes d’analyse permettant de tirer le meilleur parti des données archéologiques à notre disposition. Mais, afin de présenter le plus clairement possible le sujet qui occupe ce mémoire, je retracerai d’abord rapidement son origine.

C’est en travaillant sur les techniques de construction des enceintes urbaines dans l’Italie romaine de la fin de la République, dans le cadre d’une maîtrise en Archéologie à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris I) sous la direction de Françoise Dumasy et sous la conduite d’Olivier de Cazanove, que j’ai pris contact pour la première fois avec les portes urbaines, un objet architectural tout à fait particulier qui connaît de profondes transformations lors des derniers siècles de notre ère. Après avoir manifesté mon souhait de poursuivre mes recherches dans cette direction, O. de Cazanove m’a proposé de travailler sur les portes monumentales d’Autun. D’abord sous la forme d’un mémoire de Master 2 puis sous celle d’une thèse de doctorat inscrite sous la direction d’O. de Cazanove, mes recherches se sont concentrées sur l’étude du bâti antique des portes d’Autun et de leurs modèles. S’il s’agissait avant tout de combler une lacune historiographique et de proposer une étude monographique des portes d’Autun, il est apparu immédiatement essentiel de relier les portes urbaines d’Augustodunum à leurs modèles situés de l’autre côté des Alpes.

Etudier les portes romaines d’Autun est le point de départ idéal pour une étude cherchant à cerner les portes urbaines romaines d’époque tardo-républicaines et alto-impériales. En effet, l’enceinte urbaine d’Augustodunum, ville de Gaule Lyonnaise fondée ex

nihilo à l’époque augustéenne pour servir de capitale aux Eduens, comptait quatre portes monumentales : la porte d’Arroux au nord-ouest, la porte Saint-André au nord-est, la porte de Rome au sud-est et la porte Saint-Andoche au sud-ouest. Si la porte de Rome n’est plus visible au moins depuis le XVIème siècle, les trois autres portes sont, quant à elles, aujourd’hui conservées à des degrés divers. De la porte Saint-Andoche, il ne subsiste qu’une partie rectangulaire de la tour de flanquement méridionale. Les portes d’Arroux et Saint-André sont les mieux conservées : deux larges baies, flanquées de part et d’autre par deux baies plus petites, soutiennent une galerie supérieure scandée par une série d’arcades et de pilastres cannelés. La porte Saint-André conserve sa tour de flanquement septentrionale, complète en plan mais réduite en hauteur. Une telle situation de conservation est à ma connaissance sans exemple au sein de l’Empire : ni Rome, ni l’Italie, ni la Gaule Narbonnaise, ni aucune autre province occidentale ne présentent au sein de la même ville un tel ensemble de portes urbaines d’époque augustéenne dont la galerie supérieure et les tours de flanquement soient conservées2

1 Mérimée 1835, p. 52.

. Les portes urbaines d’Italie qui paraissent les mieux conservées, à Spello ou à Turin, sont aussi celles qui furent le plus restaurées (dans les années 1930) ; quant à la porte d’Auguste de Fano ou la porta Praetoria d’Aoste qui conservent partiellement leurs tours de

2 L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle et avait déjà été formulée sous la Monarchie de Juillet : « L’étude de ces portes est d’autant plus intéressante que ce sont les seules qui existent, tant en Italie qu’en France, dans un état de conservation aussi complet. Celle de Saint-André est donc propre à donner l’idée de ce que pouvait être ce genre de monuments, et du degré d’importance que les Romains leur donnaient quand ils en élevaient à l’entrée des grandes villes. » (Dureau de la Malle et al. 1839, p. 121).

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flanquement, c’est leur galerie supérieure qui a disparu. L’étude des portes d’Autun ne se justifie donc pas du seul point de vue « gallo-romain », ce sont les potentialités de sa contribution à la connaissance globale du type architectural de la porte urbaine dans l’Occident romain qui m’ont incité à me lancer dans l’examen approfondi de leur architecture et de l’ensemble des marques visibles dans leur bâti.

En définitive, le détour par les portes appartenant au contexte augustéen, pour le dire vite, est bel et bien un détour (puisque ces portes nous ramèneront sans cesse aux portes d’Autun) sans en être un. Il doit en effet permettre de replacer dans leur contexte ces différentes portes, de les mettre en série : pour autant, ces portes ne sauraient trouver leur place dans une série linéaire unique, ce n’est qu’en proposant plusieurs fils conducteurs (type de plan, d’élévation, de décor, techniques de construction adoptées…) qu’on peut espérer identifier des filiations, des emprunts ou des adaptations. Il s’agira donc de trouver non pas le modèle des portes d’Autun, mais leurs modèles. Délibérément centrée sur Autun, cette étude ne prétend donc pas être une nouvelle synthèse sur les portes urbaines de la fin de la République et du Haut Empire dans la partie occidentale du monde romain. Ses ambitions sont limitées mais se veulent toutefois précises. Il s’agira de faire le point sur le fonds documentaire ancien, de déterminer précisément dans quelle mesure il est exploitable, de proposer une étude archéologique du bâti des portes, de cerner l’économie de leur chantier de construction, de restituer leur histoire sur le temps long, de les recontextualiser en les replaçant au sein de leur type architectural et de proposer des hypothèses de restitution de leur forme originelle.

Des quatre portes monumentales d’Augustodunum, les deux portes les mieux conservées ont concentré toute l’attention, la troisième, disparue depuis longtemps, a cristallisé les légendes et la dernière a tout simplement été ignorée alors même qu’elle donne à voir des éléments que les deux premières portes n’ont pas conservés. Il s’agit respectivement des portes d’Arroux, de Saint-André, de Rome et de Saint-Andoche.

La porte d’Arroux et la porte Saint-André ne sont pas n’importe quel monument romain : la première est considérée comme « le plus bel ouvrage laissé par les Romains dans la Gaule celtique. C’est un monument du plus grand intérêt, non-seulement pour la ville d’Autun, mais encore pour toute la France. » selon deux membres de la Société Eduenne, société savante autunoise3, elle est le symbole de la période gallo-romaine (c’est bien la porte d’Arroux que l’on trouve représentée sur la page de titre du Manuel d’archéologie

gallo-romaine d’A. Grenier). C’est à propos des portes romaines d’Autun que P. Gros qui connaît si bien l’architecture romaine de ces périodes affirme : « des quatre portes qui solennisaient les accès à la ville et donnaient au voyageur une sorte d’image anticipée de sa parure architecturale, deux subsistent seulement, mais elles comptent parmi les plus belles du genre sur notre territoire »4

Par ailleurs, il se trouve que ces vestiges sont des portes de ville, un objet architectural tout à fait à part. Plusieurs aspects symboliques entourent la notion même de porte : l’enceinte urbaine a toujours marqué une césure entre l’espace interne et l’espace externe, l’espace interne étant le monde fini et connu, le monde des vivants par opposition à l’espace extérieur, ouvert, sans limites, l’espace des nécropoles. Or, l’enceinte n’est pas que séparation ; par l’entremise des portes, elle est aussi un lieu de médiation entre ces deux univers. Elle est plus qu’un lieu de passage fonctionnel, elle a, pour reprendre l’expression de G. Rosada, un rôle de . Sans chauvinisme autunois aucun, on doit reconnaître avec ces spécialistes que ces portes comptent parmi les monuments les mieux conservés et les plus significatifs de Gaule romaine.

3 Devoucoux – Fontenay 1848, p. 46. 4 Gros 1991, p. 60-61.

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« diaphragme » qui offre une image de l’extérieur ou de l’intérieur encadrée par l’arc de la porte. Les portes sont en effet un lieu cardinal, elles sont l’espace où les murs s’interrompent, elles sont la concrétisation architecturale du contact entre une structure plate (la voie romaine, vecteur dynamique de pénétration et de lien) et une structure en élévation (l’enceinte, dispositif statique de défense et de fermeture)5.

Par conséquent, on ne saurait douter de l’intérêt d’une étude approfondie des portes d’Augustodunum ; c’est pourquoi on ne manque pas d’être surpris au moment de dresser l’état des connaissances sur ces portes.

Si les descriptions succinctes des portes d’Arroux et Saint-André – les deux portes les mieux conservées sur les quatre que comptait Augustodunum à l’origine – abondent dans la littérature archéologique depuis plusieurs siècles, il n’existe pas, en revanche, de monographie présentant l’ensemble des connaissances archéologiques sur les quatre portes d’Autun, ni même de monographie consacrée à l’une de ces portes en particulier. Paradoxalement, ces portes qui sont depuis longtemps perçues et présentées comme des vestiges gallo-romains symboliques du patrimoine national français n’ont pas donné lieu aux recherches approfondies qu’elles méritaient. Décrétées a priori « trop connues » pour être étudiées, ces portes nous posent en définitive encore beaucoup de questions auxquelles il est délicat de répondre avec assurance.

De manière plus large, il n’existe pas non plus de synthèse récente sur les portes urbaines de l’époque augustéenne à laquelle on puisse se reporter. Pourtant, la période augustéenne se caractérise notamment par une floraison d’enceintes urbaines, qu’il s’agisse de constructions ex novo, de restaurations ou de restructurations, en Italie comme en Gaule.

Pour résumer les incertitudes les plus criantes, à ce jour on ne peut pas plus dater précisément les portes d’Autun que proposer une restitution complète de leur plan ou de leur élévation. Concernant la datation, les hypothèses sont aussi fragiles que nombreuses : on ne sait dater les portes d’Autun ni en datation absolue, ni les unes par rapport aux autres. D’ailleurs, jamais une réflexion sur la datation relative des quatre portes d’Autun n’a été réellement entreprise.

En dépit de ces incertitudes, nous avons la chance que l’intérêt pour les portes d’Autun soit ancien : aussi les descriptions et les représentations iconographiques de ces vestiges archéologiques ne manquent-elles pas. Edme Thomas en 1660, l’abbé Germain et l’ingénieur Thomassin au milieu du XVIIIème siècle, J. de Rosny en 1802, la dynamique Société Eduenne et notamment H. de Fontenay en 1889, A. Rebourg et A. Olivier à la fin du XXème siècle, entre autres, ont tous brossé une description des portes et dressé un bilan plus ou moins développé des connaissances de l’époque. Cette documentation nous est d’autant plus précieuse que les fouilles des fondations des portes, de leurs tours de flanquement ou des zones à leur immédiate proximité ont été très rares et n’ont pas souvent permis d’obtenir des données concluantes. D’une manière assez logique, les archéologues concluent leur description des portes d’Autun en avouant leur impossibilité d’en dire plus en l’absence de fouilles nouvelles. Est-il illusoire d’espérer que de telles fouilles aient lieu, à court ou moyen terme, étant donné leur forte intégration à l’urbanisme moderne ? Dans l’attente de ces fouilles éventuelles, il est toutefois possible de faire progresser la connaissance archéologique des portes d’Autun par d’autres biais. En effet, outre les sources écrites, nous disposons d’une

5 Ces analyses ont été formulées par G. Rosada (1990, p. 366-369) mais également, à plusieurs reprises, par P. Gros (1992 ; 1996).

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iconographie très riche sur les portes antiques d’Autun6, qu’il s’agisse de dessins de voyageurs, de tableaux, de photographies anciennes, ou de relevés et de plans réalisés par des architectes (Roidot-Deléage, architecte qui a relevé l’essentiel des monuments romains d’Autun dans le troisième quart du XIXème siècle ; Guenand, qui réalisa des fouilles au niveau de la porte d’Arroux en 1886 ; Viollet-le-Duc, à qui la Commission des Monuments Historiques a confié en 1844 le soin de restaurer la porte Saint-André…). L’inquiétude suscitée par l’absence d’étude approfondie de la porte est donc tempérée par le bilan des sources disponibles, sources aussi anciennes que riches, aussi riches que nombreuses.

La nouvelle approche que j’ai adoptée, fondée sur les méthodes de l’archéologie du bâti, laisse donc entrevoir des résultats inédits. Pour définir rapidement l’archéologie de la construction dans cette introduction, je dirai seulement qu’il s’agit d’une approche archéologique reposant sur l’idée qu’un édifice porte sur lui les traces de sa longue vie et que l’étude des transformations des constructions en élévation n’est pas moins fructueuse que la fouille en sous-sol.

Ce mémoire est constitué de trois parties : la première relève de l’historiographie, la seconde, de l’étude archéologique et la dernière, de l’interprétation archéologique.

Dans un premier temps, il s’avère nécessaire de faire le point sur la manière dont les portes d’Augustodunum ont été perçues ou étudiées par le passé, ce qui m’a amené à retracer l’histoire de l’intérêt qui leur fut porté par les Autunois comme par les étrangers, par les antiquaires comme par les voyageurs, par les hommes de l’art comme par les simples curieux. Ce travail permet de sonder la nature et la profondeur du fonds documentaire à disposition de qui souhaite étudier les portes d’Autun. Il s’agit ensuite d’établir un protocole d’étude de l’ensemble des sources écrites laissées par nos devanciers, de déterminer comment il est possible de dépasser leur caractère répétitif et de proposer une étude critique globale des descriptions textuelles anciennes des portes romaines d’Autun. Tels sont les objectifs attribués aux deux premiers chapitres.

Dans un second temps, au cœur de cette démarche, c’est l’étude archéologique du bâti des portes d’Augustodunum qui est présentée sous la forme de trois chapitres. Le premier s’attache à décrire les portes, à proposer une lecture stratigraphique de leurs élévations, à réfléchir sur le processus qui a abouti à leur construction et à s’interroger sur leur datation. Ensuite, ce sont les sources iconographiques qui sont étudiées de manière critique en tenant compte de leur diversité et des particularités inhérentes à leur nature (arts graphiques, plans de ville anciens, photographies du XIXème siècle et des débuts du XXème siècle, relevés architecturaux). Ceci constitue une étape préliminaire à la restitution sur le temps long des différentes phases identifiables des quatre portes romaines d’Autun.

Enfin, le dernier volet de mes recherches a consisté à m’intéresser au type architectural de la porte urbaine tel qu’il se manifeste dans l’Occident romain à la fin de la République et durant le Haut Empire. Ce faisant, j’ai souhaité à la fois pouvoir éclairer les portes d’Autun grâce à la série des portes romaines d’Italie et des provinces occidentales mais aussi éclairer ces dernières grâce à la connaissance renouvelée des portes d’Autun. En me fondant sur l’étude archéologique du bâti des portes autunoises et sur les parallèles architecturaux fournis

6 Selon A. Rebourg, les deux portes conservées en élévation doivent leur survie à leur « transformation en sanctuaires chrétiens : la porte d’Arroux en chapelle Notre-Dame d’Arroux et la porte Saint-André en église du même nom. Les travaux du XIXe siècle ont voulu redonner à ces deux portes un aspect antique en les débarrassant de ces sanctuaires, mais il reste à réétudier l’iconographie ancienne – particulièrement abondante – pour voir si des éléments de ces portes n’ont pas été détruits à ce moment-là. Telles qu’elles apparaissent aujourd’hui, ces portes ne sont en effet pas complètes. » (1998, p. 168). Il importe de fournir enfin une réponse à cette interrogation.

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par l’Italie, la Gaule et les provinces occidentales de l’Empire, j’ai formulé des hypothèses de restitution du plan des portes d’Augustodunum, de leur système de fermeture et de l’organisation interne de leurs tours de flanquement. C’est également dans ce septième et dernier chapitre que j’aborde la question du projet architectural qui a présidé à la construction des quatre portes monumentales de la capitale éduenne.

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CHAPITRE UN – Aedua quanta fuit, ipsa ruina docet. Histoire de l’intérêt pour les portes romaines d’Autun

« Il se trouve des gens, à qui il semble, quand ils ne savent rien des fondateurs, ni des premiers ans des villes, qu’il leur est loisible et fort beau, d’en songer : moqueurs, qui par fausses allégations, par faux témoignages, et sottes raisons, trompent les simples gens le plus habilement qu’ils peuvent. Quant à moi, j’ai toujours pensé que celui qui veut rechercher l’antiquité de quelque lieu, s’en doit aller voir, et bien visiter les vieilles murailles, regarder partout s’il n’y a point quelque pierre qui parle, feuilleter tous les vieux auteurs qui en peuvent avoir fait mention. »7

Dresser l’historique des recherches relatives aux portes romaines d’Autun ne relève pas simplement d’un exercice académique qui réduirait cette phase du travail au rôle de simple préambule à l’étude proprement dite. Comprendre l’histoire des recherches est au contraire ce qui conditionne en profondeur la façon dont le sujet devait être envisagé pour être traité de manière à la fois nouvelle et pertinente. Ceci est d’autant plus vrai pour les portes d’Autun qui ont suscité depuis plusieurs siècles tellement de dessins, de relevés, de commentaires, de descriptions ou d’observations qu’il est plus simple de se contenter de souligner la richesse de cette documentation que de réellement en proposer une étude critique, comme nous avons tenté de le faire. Mais, avant de nous livrer à l’étude proprement dite des sources écrites (cf chapitre 2) et des sources iconographiques (cf chapitre 4) relatives aux portes d’Autun, il s’agit ici de dresser le panorama le plus exhaustif possible de l’ensemble de la documentation qui s’est accumulée en cinq siècles grâce à la contribution d’acteurs dont les préoccupations, les centres d’intérêt et les savoir-faire étaient des plus variés : clercs et érudits locaux, voyageurs, artistes, antiquaires, géographes, historiens, architectes, ingénieurs…

Ce chapitre consacré à l’histoire de l’intérêt pour les portes romaines d’Autun est aussi d’une certaine manière l’un des chapitres de l’histoire de la recherche sur les antiquités d’Autun qui reste à écrire8, même si les travaux de P. Pinon9 ou de F. Lemerle10 en constituent déjà des jalons directeurs. Il ne s’agit donc pas de proposer un simple état de l’art qui mentionnerait les principales études qui viennent immédiatement à l’esprit de tout chercheur ayant travaillé sur Autun11 avant de proposer une sélection des extraits les plus intéressants mais bien de présenter le résultat d’une recherche attentive et minutieuse de l’ensemble des témoignages anciens relatifs aux portes urbaines d’Augustodunum. Remettre à la lumière un témoignage oublié ou un dessin passé inaperçu depuis plusieurs siècles est en effet de nature à faire progresser les recherches, dès lors que l’examen critique de ces sources a permis de s’assurer de leur pertinence. Si les enjeux idéologiques et historiographiques de cette documentation ancienne ne constituent pas le cœur de mon intérêt qui se concentre avant tout sur la question des modalités d’exploitation de cet immense fonds documentaire dans le cadre d’une étude archéologique du bâti d’un édifice antique, je me sens toutefois tenu de ne pas les ignorer complètement.

7 Elie Vinet, L’Antiquité de Saintes et Barbezieux, Bordeaux, P. de Ladime, 1571.

8 Une telle étude a été engagée en 2008-2009 pour le temple dit de Janus (Duthu 2012). Par ailleurs, dans le cadre du PCR relatif au quartier de la Genetoye (en cours), il a été décidé de procéder à la numérisation de l’ensemble de la documentation iconographique disponible sur le temple de Janus.

9 Pinon 1991, Pinon 2010. 10 Lemerle 2005.

11 Pour cela, on consultera les pages consacrées à une présentation rapide de l’histoire de la recherche archéologique à Autun dans Pinette – Rebourg 1986, p. 21-28 ; Rebourg 1993a, p. 27-30 ; Rebourg 1993c, p. 54-60 ; Rebourg 2002, p. 15-23.

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Nous chercherons ici à présenter les différentes approches qui ont concerné les portes d’Autun, c’est-à-dire pour l’essentiel les portes d’Arroux et de Saint-André : en effet, si l’intérêt qu’on leur a porté est ancien et s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui, il faut toutefois chercher à en comprendre les évolutions pour se rendre compte qu’au fil des siècles ce sont des raisons différentes qui ont amené les hommes à s’intéresser à elles. Ce chapitre se donne également pour objectif de présenter les sources que nous ont laissées ces témoins sur les portes d’Autun : ces sources se répartissent majoritairement en deux grands ensembles, les documents graphiques (dessins, estampes, plans, photographies…) et textuels (courte description, notice de guide de voyage, étude détaillée…), des ensembles qui reflètent parfaitement tous deux la variété des motivations qui ont poussé des individus à évoquer ces portes monumentales ou à consacrer énergie et temps à leur étude.

Nous tenterons alors d’établir comment le discours sur les portes d’Augustodunum, tenu à l’origine par des amateurs férus d’antiquités et des antiquaires, a progressivement pris la voie de l’archéologie scientifique moderne, en analysant le rôle moteur joué par les sociétés savantes d’Autun dans la naissance et le développement de la prise de conscience de la nécessité de conserver le patrimoine – la notion de conservation du patrimoine étant une étape essentielle pour comprendre l’évolution de la curiosité pour les antiquités vers la discipline archéologique moderne.

Nous conclurons ce panorama des recherches effectuées sur les portes urbaines d’Autun en évoquant les travaux récents consacrés à la cité éduenne et en insistant notamment sur les résultats obtenus suite au renouveau des études autunoises que l’on observe à partir du milieu des années 1980.

Il ne s’agit pas du tout ici d’écrire l’histoire intellectuelle d’Autun de la Renaissance à nos jours ou de brosser le panorama exhaustif de l’histoire de la recherche sur Autun antique mais seulement d’y apporter une contribution précise en nous concentrant sur les auteurs de descriptions ou de représentations des portes romaines de la ville. Afin de ne pas surcharger inutilement ce chapitre historiographique, seuls seront donc évoqués les auteurs jugés utiles à la présente recherche ; par conséquent, un ouvrage figurant dans la bibliographie des études autunoises que l’on pourrait croire avoir été oublié de ce panorama historique a pu être laissé de côté volontairement, c’est notamment le cas – pour ne citer qu’un seul exemple – des

Recherches et mémoires servans à l’histoire de l’ancienne ville d’Autun de J. Munier et C. Thiroux (1660) qui, malgré leur titre, ne contiennent aucune information pertinente qui serait relative au bâti des portes antiques d’Autun. Malgré cela, le fonds documentaire ancien demeure considérable. Pour preuve, de la fin du XVIème siècle au début du XIXème siècle, pas moins d’une douzaine d’ouvrages monographiques sont consacrés aux antiquités d’Autun, ce qui fait d’elle l’une des villes françaises les plus étudiées sous l’Ancien Régime12

12 Avec Arles, Bordeaux et Nîmes, d’après Pinon 2010, p. 173.

. Et, loin de s’éteindre avec la Révolution française, l’intérêt pour les vestiges de la ville gallo-romaine atteint son apogée au cours du XIXème siècle sous les auspices de la Société Eduenne d’Autun. Il importe de s’interroger sur la nature de cet intérêt, ses modalités, son rythme et ses acteurs : telles sont les principales questions auxquelles ce chapitre aspire à répondre. Par ailleurs, si un mouvement global de progrès semble bien se dessiner des balbutiements de la science antiquaire de la Renaissance à la naissance de l’archéologie moderne au XIXème siècle, ce serait toutefois une erreur de considérer que les progrès de la science antiquaire sont linéaires : l’exemple des recherches effectuées sur les portes d’Autun démontre, comme je l’expose dans les pages suivantes, que des observations dignes d’être qualifiées de scientifiques existent dès le XVIème siècle tandis que le XVIIème siècle peut encore laisser libre cours aux discours les plus saugrenus sur les fondateurs mythiques de la cité éduenne, qu’ils

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s’appellent Samothès ou Hercule. Cette absence de déterminisme linéaire vaut également pour les représentations iconographiques : contrairement à l’idée selon laquelle plus un dessin est ancien, plus il est susceptible d’être fantaisiste, il s’avère totalement vain de chercher une corrélation entre la date de réalisation d’une vue architecturale et sa fidélité à la réalité ou la précision de son rendu.

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Etudier les portes romaines d’Autun. Pluralité des acteurs & évolution des approches de la Renaissance à la fin du XIXème siècle face à un même sujet d’étude

Nombreux sont ceux qui, après avoir vu les portes urbaines de l’antique

Augustodunum, ont laissé un témoignage de leur passage ou de leurs observations – qu’il prenne la forme d’un texte ou d’un dessin – mais les raisons de leur intérêt pour ces vieilles pierres, les détails qui retinrent leur attention et l’approche qui fut la leur sont des plus diverses, selon la nature de ces témoins (leur origine, leur formation intellectuelle, leur savoir-faire technique, leur conception de l’antiquité) et selon les époques (l’influence jouée par l’état des connaissances d’une époque et le progrès des techniques de diffusion de l’information ou de relevé est en effet considérable).

Il va de soi que les plus anciens témoignages relatifs aux portes romaines d’Autun méritent d’être présentés en premier lieu. Ils ne sont sans doute pas les premiers témoignages à avoir jamais existé mais ils ont le mérite d’être les plus anciens à être parvenus jusqu’à nous – ce qui leur confère une autorité particulière et exige de la part du chercheur une attention à la fois privilégiée et scrupuleuse. Trop souvent, en effet, dans le cadre d’une étude archéologique du bâti cherchant à restituer les différentes phases de vie d’un édifice, autrement dit son histoire longue, l’étude des documents les plus anciens est menacée par deux périls opposés : d’une part, un préjugé consistant à considérer leur trop grande ancienneté comme un obstacle à leur exploitation au sein d’un raisonnement scientifique, d’autre part, au contraire, une fascination pour la source qui apparaît comme la plus éloignée de nous et, par conséquent, comme la plus proche chronologiquement de l’état le plus pur de l’édifice, comme la plus voisine de la vérité, pour le dire vite. Pour autant, si la rareté de ces sources les plus anciennes leur confère une valeur évidente, elle ne doit pas amener le chercheur à renoncer à faire preuve de la même exigence critique vis d’elles que vis-à-vis des documents plus récents, logiquement plus nombreux et par conséquent jugés moins précieux.

Après avoir présenté les documents les plus anciens dont nous ayons connaissance à ce jour, ces mentions et ces vues des portes d’Autun remontant à la Renaissance, il sera possible d’éviter un fastidieux inventaire chronologique et de regrouper les différents thèmes afin d’évoquer successivement l’apport des voyageurs à la connaissance des portes urbaines, l’apport des détenteurs d’un savoir technique (dessin, architecture, ingéniérie), l’apport de ces érudits férus d’antiquité que l’on appelle les « antiquaires » et, pour finir, le rôle joué par les grandes publications illustrées puis par la photographie dans la diffusion des vues des portes de l’antique Augustodunum.

1. Erudits, cartographes et voyageurs de la Renaissance : premiers témoignages

Je précise avant toute chose que lorsque je parle de « premiers témoignages », il faut entendre l’expression au sens de « témoignages les plus anciens à être parvenus jusqu’à nous » sans évidemment méconnaître qu’il en existe d’autres, plus anciens, qui ont échappé à notre connaissance. L’existence de documents médiévaux évoquant les portes est d’ailleurs attestée mais, à supposer qu’ils aient été conservés jusqu’à notre époque, leur recherche est délicate et j’ai dû pour ma part me contenter de mentions passagères relatives aux portes dans plusieurs pièces d’archives ecclésiastiques autunoises13

13 A titre d’exemples, on peut citer pour la porte nord-ouest de la ville la mention d’une « porta Arroti », dans un Registre de la grèneterie du chapitre cathédral d’Autun, de 1436-1437 (Fontenay 1889, p. 35 : archives départementales de Saône-et-Loire) ou encore, pour la porte urbaine opposée, à l’autre extrémité du cardo

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de cette documentation médiévale est sans commune mesure avec celle qui fut produite, à la Renaissance, avec l’émergence du phénomène général d’intérêt nouveau pour l’antique qui caractérise cette période. Ce mouvement se manifeste notamment à travers l’apparition de ces amateurs passionnés, de ces curieux, de ces collectionneurs que l’on appelle « antiquaires » et qui sont les prédécesseurs de l’archéologue moderne.

Mais, si le Moyen Âge ne donne pas lieu réellement à une production documentaire et interprétative sur les portes d’Autun comme on l’observe seulement à partir de la Renaissance, on ne peut pas pour autant dire que la période médiévale se désintéresse de ces vestiges antiques dont les élévations continuent souvent à dominer le paysage urbain environnant. Le décor des portes romaines a d’ailleurs inspiré les architectes médiévaux qui ont conçu au XIIème siècle le faux triforium de la cathédrale d’Autun (dans les années 1130-1140) : cette galerie en trompe-l’œil qui surplombe les grandes arches de la nef est en effet constituée d’une succession d’arcades séparées par des pilastres cannelés surmontés de chapiteaux. Ce faisant, elle reproduit précisément la composition de la galerie supérieure de la porte d’Arroux plutôt que de recourir à de simples colonnes engagées comme cela était courant ailleurs à cette époque. P. Mérimée, lors de sa visite en Bourgogne en tant qu’inspecteur général des Monuments historiques, qualifie d’innovation ce « retour à des formes antiques »14 qu’il constate à Autun mais aussi dans les villages environnants ou encore à Saulieu15

Bien que les sources ne soient pas légion, on peut toutefois citer le témoignage de Guillaume le Breton

.

16

Edua quos mittit urbs antiquissima, plena

, auteur de la Philippide, une chronique en vers latins qu’il composa en l’honneur de Philippe-Auguste entre 1214 et 1224. Dans le chant I, à partir du vers 570, le prêtre évoque les deux places fortes du duché de Bourgogne, Dijon et Autun :

Divitiis, multisque tumens legionibus olim, Romulidisque fide junctissima, gente superba, Assiduis bellis plusquam vicina fatigans, At modo nulla fere raris habitata colonis ; Nobilibus vicis, ubi gaza domusque fuere, Pro gaza silvas monstrat, pro gente myricas ; Quam rex Arturus Rome subduxit, eamdem Postea Norvegus evertens Rollo redegit In nihilum prorsus, vix ut vestigia restent17

maximus, un acte d’amodiation par les chanoines de la cathédrale à Clément Paregot d’Autun, de deux moulins sis à Autun, sous le fort des Marbres en date du dimanche précédant la sainte Magdeleine (15 juillet) 1386 : « Duo molendrina sita Edue, extra muros, subtus fortem de Marmoribus. » (Fontenay 1889, p. 46 : archives de Saône-et-Loire. Cathédrale d’Autun).

.

14 « Les architectes du moyen-âge les voyaient et les admiraient comme nous. Ils ont imité le modèle qu’ils avaient sous les yeux, mais, peu soucieux des règles de l’art antique, ils n’ont pas trouvé assez riches à leur gré les chapiteaux corinthiens et ioniques des portes romaines, et ils les ont remplacés par ceux qui étaient alors à la mode. » (Mérimée 1835, p. 66-67). Voir aussi Batissier 1860, p. 581-582 sur l’influence des monuments romains sur les conceptions architecturales de la première partie du Moyen Âge dans le Midi de la France, la Bourgogne, le Nivernais, le Bourbonnais…

15 Pour ma part, je suis moins convaincu par la parenté de la galerie supérieure de la porte d’Arroux avec le triforium de la basilique Saint-Andoche de Saulieu (construite à la fin du XIème siècle) qu’avec celui de la cathédrale Saint-Mammès de Langres (construite tout au long de la seconde moitié du XIIème siècle).

16 Prêtre et chapelain de Philippe Auguste (1180-1223), Guillaume le Breton naquit vers 1165 et mourut en 1226. 17 La traduction française qui suit est due à François Guizot, historien nîmois et chef du dernier gouvernement de la Monarchie de Juillet : « la ville très-antique d’Autun, ville remplie de richesses, jadis regorgeant de nombreuses légions et d’une population superbe, très-fidèlement unie aux enfans de Rome, fatiguant plus que de raison ses voisins par des guerres continuelles, mais plus récemment presque déserte, et n’étant plus habitée que par un petit nombre de colons, ayant alors de nobles rues où avaient été des trésors et des maisons, et montrant au lieu de trésors des bois, au lieu d’habitans des bruyères. Le roi Arthur l’avait enlevée aux Romains, et dans la

Figure

Tableau statistique général de la nature des documents retenus dans le corpus des sources  écrites anciennes relatives aux portes romaines d’Autun

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