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Etudier les portes romaines d’Autun au moyen d’une base de données dédiée aux sources textuelles anciennes

PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES

2. Etudier les portes romaines d’Autun au moyen d’une base de données dédiée aux sources textuelles anciennes

Afin de rendre concrètement possible l’exploitation des milliers de données relatives aux portes romaines d’Autun qui sont contenues dans les sources textuelles anciennes, il a fallu constituer une base de données destinée non seulement à permettre leur documentation mais aussi l’évaluation de leur fiabilité et leur mise en série. Cette base de données relative aux sources textuelles anciennes sur les portes d’Autun a été conçue avec le logiciel MS Access avant d’être éditée en format texte sous la forme d’un catalogue (présenté dans le tome II).

2.1.Conception d’un outil adapté à la complexité du corpus et aux objectifs d’une étude archéologique du bâti

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La prise en compte de la nature des données à traiter est la question qui conditionne la conception de la base de données. Comme cela vient d’être souligné, ces données sont des documents textuels : les sources iconographiques sont prises en compte dans une seconde base de données qui leur est spécialement dédiée, pour des raisons sur lesquelles je reviendrai dans le chapitre quatre, à l’occasion de la présentation de cette autre base et de cet autre corpus. Pourtant, ces deux bases de données, celle des documents textuels et celle des documents iconographiques, sont parfaitement complémentaires d’un point de vue scientifique : d’une part, certaines descriptions textuelles nous livrent exactement le même type d’informations qu’un plan, une coupe ou une élévation accompagnée de quelques annotations ; d’autre part, il est très fréquent que les sources textuelles soient accompagnées d’illustrations dont elles parlent dans leur texte, il leur arrive fréquemment de commenter des illustrations antérieures… La création de deux bases de données distinctes en fonction de la nature des documents peut donc paraître arbitraire étant donné l’évidente complémentarité de ces deux types de sources mais la création de ces outils avait pour premier but de permettre l’exploitation d’un fonds documentaire aussi considérable qu’hétérogène, principale raison pour laquelle il n’avait jamais été exploité jusqu’ici, sinon de manière ponctuelle. La base de données des sources textuelles a été conçue pour répondre à des interrogations précises mais distinctes de celles auxquelles permet de répondre la base de données des sources iconographiques. L’un des objectifs de cette thèse étant de prendre en compte cette documentation de manière globale et systématique, la priorité a été de créer des outils commodes permettant de gérer des données très nombreuses et de rationaliser des types d’informations très divers.

Le principe retenu pour l’organisation de la base de données est simple : à un ouvrage correspond une entrée dans la base, c’est-à-dire une fiche. Si un même auteur a consacré deux ouvrages aux portes romaines d’Autun, deux fiches distinctes ont été créées – ce qui permet de prendre en compte les éventuelles évolutions de la pensée de l’auteur.

Deux états de la base de données ont été successivement créés car chacun d’eux correspondait à des finalités différentes. Dans un premier temps, la base a été conçue avec des champs qui recevaient les réponses les plus normalisées possibles548 : ce premier état de la base de données des sources textuelles est idéal pour effectuer des requêtes sur l’ensemble du corpus. J’ai ensuite rapidement décidé de créer un second état de cette même base dans lequel les réponses normalisées ont été remplacées par les citations des passages relatifs à tel ou tel champ de la fiche : c’est cette dernière qui est présentée dans le second volume. J’ai voulu au maximum privilégier la présence de citations dans les champs plutôt que de reformulations – cela peut à première vue sembler contradictoire avec la vocation d’une base de données qu’il est plus facile d’interroger lorsque les réponses des champs sont le plus normalisées possible mais ce procédé permet une meilleure étude ensuite des parentés et des filiations qui existent entre les sources. Or, c’est là l’un des principaux objectifs de cette base, plus que la possibilité d’effectuer des requêtes sur absolument chacun des champs de la base – c’est la principale raison pour laquelle j’ai préféré éditer la base de données dans sa seconde version, documentaire, plutôt que dans sa première, interrogeable. Si le premier état de la base avait l’avantage de faciliter les regroupements et de permettre des tris rapides au sein du corpus des sources textuelles, lorsqu’il a fallu mettre de l’ordre dans ces regroupements, les préciser, comprendre leur logique interne, il a très vite été nécessaire de travailler sur le texte lui-même, et non sur la version simplifiée que reflétaient les réponses figées de tel ou tel champ.

548 En voici deux exemples. La réponse « 1-2-1 » dans le champ « Sur le 1er niveau » correspondait à la présence dans le document étudié d’une phrase indiquant que la porte était percée de deux baies centrales, flanquée de part et d’autres de baies plus petites. Autre exemple : la réponse « 7/10 » dans le champ « Sur le 2ème niveau » indiquait que 7 arcades étaient conservées sur les 10 que possédait à l’origine la porte.

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2.2.Organisation interne de la base de données dédiée aux sources textuelles anciennes Etant donné que l’intitulé donné aux différents champs qui constituent la structure de la base de données peut ne pas toujours rendre compte de la totalité des cas qu’il recouvre, les explications qui suivent sur la définition et la fonction de ces champs me paraissent utiles. Structure générale de chaque fiche

Du point de vue de sa structure générale, toute fiche de la base de données comporte quatre parties : si ces parties peuvent paraître très déséquilibrées les unes par rapport aux autres, chacune d’entre elles remplit néanmoins une fonction qui lui est propre. La première partie rassemble les données permettant non seulement d’identifier clairement la source et son auteur mais aussi de comprendre le rapport qu’entretient l’auteur avec les sources écrites antérieures, la seconde partie collecte les remarques relatives à l’enceinte urbaine d’Autun, la troisième partie se concentre quant à elle sur les données spécifiques aux portes urbaines tandis que la dernière partie permet de rassembler les conclusions en soulignant les spécificités de la source, l’intérêt des informations qu’elle apporte ou encore le degré de confiance qu’on peut lui accorder. D’une fiche à l’autre, on remarquera que ces quatre grandes parties peuvent varier de taille selon la richesse plus ou moins grande de la source étudiée mais, dans tous les cas, c’est toujours la troisième partie – celle qui concerne spécifiquement les données relatives aux portes d’Autun – qui occupe le plus d’espace : cette troisième partie se décompose en effet elle-même en cinq ensembles qui sont respectivement dédiés à la porte d’Arroux, à la porte André, à la porte de Rome, à la porte Saint-Andoche et aux autres portes (prétendument romaines) éventuellement mentionnées par la source en question.

La structure générale de chaque entrée au sein de la base de données des sources textuelles anciennes relatives aux portes d’Autun peut donc se résumer sous la forme suivante :

1. Données générales sur la source et ses liens avec les travaux antérieurs 2. Remarques sur l’enceinte

3. Données relatives aux portes 3.1 Mention de la porte d’Arroux 3.2 Mention de la porte Saint-André 3.3 Mention de la porte de Rome 3.4 Mention de la porte Saint-Andoche 3.5 Mention d’autres portes

4. Bibliographie et conclusions

Première partie : informations générales relatives à la source en question

Une première série de champs a pour fonction d’identifier la source et son auteur : « auteur », « dates de l’auteur », « profession de l’auteur549

549 Peuvent également figurer dans ce champ les données relatives à la nationalité ou à l’origine géographique de l’auteur de la source, bien que ces données n’aient évidemment rien à voir avec une quelconque profession – ceci afin de pouvoir distinguer les érudits locaux des voyageurs français ou étrangers.

», « titre de la source », « titre de l’ouvrage », « édition », « pages concernant les portes ». Leur intitulé est suffisamment explicite pour ne pas en dire davantage.

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Le champ « date de l’état décrit » sert, comme son nom l’indique, à donner la date précise à laquelle l’auteur a pu observer les portes d’Autun, si elle est connue ou s’il est possible de la déduire grâce à certains éléments figurant dans ou hors de la source, et, si ce n’est pas le cas, c’est la date de publication de la source qui permet de fixer un terminus ante

quem. Dans la perspective d’une étude archéologique du bâti qui entend restituer les différentes phases successives de la vie d’un édifice et les situer chronologiquement, il est en effet fondamental de pouvoir dater le plus précisément possible tout témoignage relatif à cet édifice afin de savoir à quel état du bâti exact il fait référence.

Dans le champ « sources antérieures mentionnées », figure la liste des auteurs et des ouvrages qui sont explicitement cités, mentionnés, repris ou réfutés dans la source étudiée, et en particulier au sein du passage consacré à l’enceinte et aux portes urbaines. Les données contenues dans ce champ ne correspondent pas nécessairement à la réalité des lectures effectuées par l’auteur qui, pour des raisons diverses allant du manque de place à l’omission volontaire, peut en taire un certain nombre. Le champ suivant, « jugement sur les sources antérieures », est l’occasion d’établir le rapport qu’entretient l’auteur avec les écrits de ses devanciers : adhésion, prise de distance, citation fidèle, mauvaise compréhension, etc.

Le champ intitulé « accompagné de représentations » donne la liste des éventuelles illustrations qui accompagnent le développement textuel et précise leur nature, leur sujet et leur auteur. On trouvera quasi systématiquement ces illustrations dans la base de données dédiée aux documents iconographiques sous forme d’une reproduction et d’une fiche détaillée.

Le champ « action de l’auteur sur les lieux » permet d’indiquer si l’auteur prétend avoir fait des observations in situ, face aux portes d’Autun, s’il dit avoir pris des mesures ou relevé le monument, etc. C’est dans ce champ que l’on indique, le cas échéant, les doutes que l’on peut avoir sur la réalité de la présence in situ de l’auteur.

Deuxième partie : données relatives à l’enceinte

Cette partie qui précède l’enregistrement de l’ensemble des données relatives à chacune des portes d’Autun a pour but de collecter les éléments d’informations relatifs à l’enceinte romaine de la ville. Elle ne comporte que deux champs : « remarques sur l’enceinte » et « nombre de portes à Autun ». C’est à l’intérieur du premier que sont rassemblées les éventuelles remarques sur la datation des remparts, sur leur technique de construction, sur leurs dimensions, sur le nombre de tours, sur leur état de conservation, etc. tandis que le second champ indique tout simplement le nombre de portes que comptait l’enceinte d’Autun selon l’auteur de la source en question. Les données relatives à ce champ sont donc des données numériques qui prennent fréquemment la forme suivante : x / y – « x » étant le nombre de portes conservées aux dires de la source et « y » le nombre de portes que comptait originellement l’enceinte d’Augustodunum. Tous les savants et tous les voyageurs ne se sont en effet pas accordés pour considérer, comme aujourd’hui, que l’enceinte d’Augustodunum ne pouvait compter que quatre portes étant donné que l’ensemble des voies qui convergeaient vers Autun se regroupaient en quatre tronçons à l’approche des murs de la capitale éduenne.

Au-delà de son caractère inédit550

550 L’étude qu’A. Fort a proposée de l’enceinte romaine d’Autun reste purement archéologique au sens technique du terme, le fonds documentaire n’y faisant pas l’objet d’une étude systématique (Fort 2007).

, la collecte de données relatives à l’enceinte et au nombre des portes n’est pas une démarche exclusivement documentaire, elle vise d’abord à rappeler que l’étude des portes urbaines ne peut être totalement déconnectée de la prise en compte de l’enceinte mais c’est aussi un excellent moyen de situer les sources les unes par

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rapport aux autres, en comparant des données numériques précises (périmètre, nombre de tours, nombre de portes…). La différence entre une description originale et un développement composé d’emprunts devient alors flagrante.

Troisième partie : données relatives aux portes monumentales d’Autun

Comme cela a été exposé plus haut, cette troisième partie se décompose en cinq sous-ensembles. Les deux premiers sous-ensembles étant consacrés respectivement à la porte d’Arroux et à la porte Saint-André – les deux portes les mieux conservées et, par conséquent, les plus souvent et longuement décrites –, elles disposent de champs plus précis et plus nombreux que les sous-ensembles suivants qui sont dédiés quant à eux à l’enregistrement des données relatives à la porte de Rome (qui a disparu) et à la porte Saint-Andoche (dont seule subsiste une tour de flanquement et qui n’a pas été toujours identifiée comme porte urbaine).

Les champs communs aux quatre portes

Les champs « nom donné à la porte » et « autres noms donnés à la porte » permettent d’établir de quelle manière l’auteur désigne telle ou telle porte et de documenter les informations qu’il rapporte sur ses éventuelles autres appellations qu’elles soient populaires, anciennes ou tout simplement fantaisistes. Quant au champ « interprétation des structures », il indique si l’auteur identifie l’édifice comme une porte urbaine, comme un arc honorifique ou comme un temple.

Deux champs sont dédiés à la collecte des informations relatives à des représentations iconographiques des portes auquel notre auteur fait référence, qu’il commente ou qu’il critique : « représentations anciennes mentionnées » et « jugement sur ces représentations ». Si elles sont parvenues jusqu’à nous, on trouvera leur reproduction accompagnée d’une fiche détaillée dans la base de données dédiée aux représentations graphiques anciennes des portes.

L’ensemble des remarques liées à l’état de conservation des portes, aux dégradations qu’elles ont subies sont consignées dans le champ « remarques sur les dégâts du temps » tandis que celui qui est intitulé « éléments pour l’histoire longue » rassemble toutes les informations rapportées par l’auteur sur l’évolution de la fonction de la porte au fil des siècles, sur les divers événements qui s’y sont déroulés et sur les restaurations ou les fouilles qu’elle a pu connaître. A propos des parties manquantes, j’ai été attentif à préciser, dans la mesure du possible, si l’auteur attribuait leur absence à la mauvaise conservation de telle ou telle partie de l’édifice, à l’inachèvement ou à la destruction de tel élément551, s’il mentionnait les causes de la destruction552

Le champ « comparaisons avec d’autres portes » précise de quelle autre porte (ou de quel autre édifice) la porte est rapprochée par l’auteur et détaille la nature exacte des points de comparaison. Le champ « datation proposée » a vocation à rassembler l’ensemble des

ou de l’inachèvement, s’il préconisait de consolider telle partie, etc. Selon la nature des informations distillées par l’auteur, ces données ont pu être documentées dans les champs « remarques sur les dégâts du temps », « éléments pour l’histoire longue » ou « remarques ». En ce qui concerne les parties visibles décrites par l’auteur, elles trouvent leur place dans un champ libre intitulé « description ».

551 Il est en effet fondamental d’établir si l’auteur considère qu’une partie n’est pas visible à son époque parce qu’elle a été détruite à une époque antérieure ou tout simplement parce qu’elle n’a jamais été construite. Bien souvent, pourtant, cette donnée n’est pas exprimée de manière explicite par l’auteur ; cela dit, l’idée que se fait l’auteur de l’état originel de telle ou telle porte transparaît nécessairement dans sa façon de l’évoquer.

552 Les causes se limitent essentiellement à deux, d’après la grande majorité nos sources : les ravages du temps ou la main barbare.

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éléments de datation avancés par l’auteur tandis que le champ intitulé « jugement esthétique » sert à regrouper tous les éléments relevant du ressenti subjectif et autres jugements de valeur émis par l’auteur à propos de la porte en question. Tels sont les onze champs communs aux quatre portes romaines d’Autun.

Les champs spécifiques à l’enregistrement des données relatives à la porte d’Arroux et à la porte Saint-André

Là où l’on se contente d’un unique champ « description » pour les portes de Rome et Saint-Andoche, les portes d’Arroux et de Saint-André disposent de onze champs détaillés qui ont vocation à documenter, pour les premiers, des données numériques (accompagnées de l’unité de mesure utilisée par l’auteur), et, pour les autres, des données descriptives : il s’agit des champs « largeur », « hauteur », « profondeur », « dimensions du 2ème niveau », « sur le 1er niveau », « sur l’entablement »553, « sur le 2ème niveau », « sur les tours », « techniques de construction », « système de fermeture » et « remarques diverses ».Sans détailler ce que l’intitulé des champs décrit clairement, il suffit de dire que ces champs ont pour seul but de répartir rationnellement des remarques qui sont souvent mêlées dans les développements des auteurs et de faciliter ainsi leur exploitation.