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La Société Eduenne et ses ancêtres : l’apparition des sociétés savantes à Autun au début du XIXème siècle : début du XIXème siècle :

PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES

2. La Société Eduenne et ses ancêtres : l’apparition des sociétés savantes à Autun au début du XIXème siècle : début du XIXème siècle :

408 qui ont aujourd’hui disparu alors que plusieurs témoignages concordants attestent leur existence. C’est également le cas, dans une moindre mesure toutefois, du théâtre. Ce phénomène est dû au fait que l’intérêt pour les vestiges d’Autun remonte au moins à la Renaissance tandis que celui porté à leur conservation ne s’est réellement concrétisé qu’au cours de la première moitié du XIXème siècle, laissant ainsi plusieurs siècles démanteler progressivement les édifices romains.

2. La Société Eduenne et ses ancêtres : l’apparition des sociétés savantes à Autun au début du XIXème siècle :

L’étude des antiquaires du XIXème siècle soulève des problématiques qui ne sont plus celles qui s’imposent lorsqu’il s’agit d’étudier la naissance et l’âge d’or de l’antiquarisme de la Renaissance aux Lumières. Pour reprendre la formule d’O. Parsis-Barubé, étudier le phénomène antiquaire dans le grand siècle de l’Histoire, ce n’est pas se contenter de décrire l’effacement de la figure de l’antiquaire devant celle de l’historien ou de l’archéologue, c’est surtout comprendre les modalités d’une survivance409

L’historiographie du XIXème siècle a longtemps été conçue comme un affrontement entre deux conceptions de l’histoire, l’une, d’inspiration romantique, qui s’attache à étudier les antiquités locales en insistant sur la présence constante du passé, l’autre, d’inspiration libérale, qui privilégie une approche rationnelle du passé et pour qui la référence reste l’Antiquité gréco-romaine ; en réalité, il ne s’agit pas, comme on l’a souvent cru, d’un simple clivage lié à un positionnement par rapport aux événements révolutionnaires de la fin du XVIIIème siècle mais de la permanence de deux tendances qui coexistent dans l’essence même de la culture antiquaire. Dès ses débuts, en effet, celle-ci intègre l’étude des vestiges antiques locaux aux côtés de celle des grandes œuvres de Rome ou d’Athènes : « l’attachement au vestige comme médiation privilégiée entre le présent et le passé ainsi que la volonté de fonder sur une méthode de recension des sources un corps de connaissances objectives

. Car le XIXème siècle, du moins dans sa première moitié, est bien lui aussi un siècle d’antiquaires.

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407 Cf ASM 5 ; Pinon 2010, p. 176.

» sont les

408 Le temple dit de Proserpine, qui est vraisemblablement un monument funéraire comme le temple dit de Pluton, lui aussi situé extra muros en bord d’Arroux, est également appelé « tour de Jouère ».

409 Parsis-Barubé 2011, p. 16. 410 Parsis-Barubé 2011, p. 16.

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deux composantes essentielles du mouvement antiquaire411. La figure de Caylus en témoigne, lui qui crée en 1759 dans son Recueil la section des « antiquités gauloises », à la fois distincte et aux côtés des antiquités classiques, c’est-à-dire « égyptiennes, étrusques, grecques et romaines ». Au XIXème siècle, la curiosité envers les vestiges locaux n’est donc pas nouvelle, même si le terme d’« Antiquités nationales » n’est apparu que dans les dernières années du XVIIIème siècle sous la plume d’A.-L. Millin et c’est davantage ce pôle local (national) que le pôle classique (égypto-gréco-romain) qui concentre désormais l’attention des érudits de la France post-révolutionnaire. C’est dans ce cadre qu’apparaît en 1804 l’Académie celtique dont le but est d’étudier la culture gauloise, première page de l’histoire nationale de la France, dans un « désir de retrouver et de réunir les titres de gloire légués à leurs descendants par les Celtes, les Gaulois et les Francs »412. En province, également, le foisonnement des sociétés savantes doit être compris dans ce cadre.

2.1.Le phénomène des sociétés savantes

Le XIXème siècle est en effet le siècle des sociétés savantes : sociétés archéologiques, commissions des antiquités, sociétés d’émulation, sociétés historiques fleurissent dans les nouveaux départements français. Elles ont vocation à lancer des enquêtes sur quantité de questions archéologiques non résolues, à ouvrir des fouilles, à relever les monuments antiques, à constituer des musées archéologiques, à faire connaître le patrimoine de leur ville et à en protéger les vestiges. Dès le début de l’Empire, on l’a dit, est fondée la première société savante d’importance, l’Académie celtique qui prendra en 1814 le nom de Société des Antiquaires de France : l’émergence de ces sociétés savantes marque la fin du temps des travaux menés en parallèle par les antiquaires et consacre les amateurs comme les nouveaux archéologues chargés de faire progresser la recherche de manière collective413. Or, s’il n’est pas rare que ces sociétés comptent en leur sein de grands esprits et des hommes de l’art compétents, on doit admettre qu’ils sont toutefois minoritaires et que l’essentiel des membres de ces sociétés sont des « notables de province, préfets, officiers, juges, députés, maires, médecins, professeurs, curés, imprimeurs… principaux artisans de l’archéologie française jusqu’à une date récente »414. C’est exactement la situation que connaît Autun dans les années qui suivent la Révolution française et marquent le début du XIXème siècle, Autun qui, comme Mâcon, voit une société savante apparaître tandis que Dijon et Besançon reconstituent leurs anciennes académies.

2.2.La Société libre d’agriculture, sciences et arts d’Autun : les promesses d’une société savante autunoise (1801-1808)

Plusieurs sociétés furent fondées à Autun avant que l’une d’elles, la Société Eduenne, ne s’impose durablement au point de survivre à la mode des académies pour perdurer jusqu’à

411 « La curiosité antiquaire européenne des XVIIe-XVIIIe siècles est une curiosité bipolaire ; cela vaut aussi pour l’archéologie du XIXe siècle ». Ces deux pôles sont d’une part le pôle des antiquités classiques (l’Egypte, la Grèce et Rome), témoignage du patrimoine commun des pays d’Europe et d’un pouvoir universel civilisateur, d’autre part, le pôle des antiquités locales et ethniques qui sont la propriété d’un seul peuple : selon les pays, ce sont les Gaulois, les Etrusques, les Celtibères, les Germains ou les Sarmates » (Pomian 1992, p. 63).

412 Lenoir 1807.

413 P. Pinon fait judicieusement remarquer que « ce ne sont plus les antiquaires qui dissertent, mais des notaires ou des médecins de campagne. Il y a foisonnement puisque le réseau des chercheurs s’est démultiplié, mais aussi régression souvent » (1991, p. 92).

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nos jours. Même si leur durée de vie fut moindre, l’étude de ces premières sociétés savantes permet de mieux cerner le climat intellectuel qui régnait dans les premières années du XIXème siècle à Autun.

La première des sociétés savantes autunoises est créée le 25 brumaire an X (16 novembre 1801) par un arrêté du sous-préfet d’Autun répondant à l’initiative d’un professeur de physique et chimie de l’Ecole centrale de Saône-et-Loire, sise à Autun, le citoyen Mathieu. Elle prend le nom de Société libre d’agriculture, sciences et arts et d’Autun415 et, comme son nom l’indique, il s’agit d’une société savante généraliste, qui n’a pas de vocation spécifiquement archéologique ou historique416. D’ailleurs, dans l’arrêté fondateur du sous-préfet Nardon, à la demande des pétitionnaires qui réclamèrent avec Mathieu la création de cette assemblée, les seize membres fondateurs417 sont répartis selon trois domaines : Physique

et chimie (Mathieu, Guillemain du Pavillon, Ballard fils, Thevenot, Grognot, Ubertin, Chapet, Roulhac), Arts et commerce (de Courtivron, George, Deroche) et Agriculture (Sautereau, Dugon, Thibault-Duvernay, Chopin, Buffot de Millery). Une salle de réunion est affectée dans les locaux de l’Ecole centrale, au grand Séminaire d’Autun, et la société se réunit pour la première fois le 29 nivôse an X (19 janvier 1802). Mathieu fut choisi comme président et le sous-préfet Nardon comme président honoraire, la Société décida également de nommer parmi ses membres le maire d’Autun, Raffatin ainsi que l’évêque d’Autun (d’abord Mgr de Fontanges puis Mgr Imberties). Cette première société se caractérise par un rare dynamisme et suscite un réel engouement : de 1802 à 1808, elle se réunit à 72 reprises418

La Société libre d’Autun se donne pour mission de contribuer à la diffusion des travaux de recherches locaux

, c’est-à-dire avec la fréquence moyenne d’une réunion mensuelle pendant six années ! Le fonctionnement de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres ressemble beaucoup à celui qu’aura plus tard la Société Eduenne ; d’ailleurs, plus largement, cette société préfigure clairement, au début du Premier Empire, la future Société Eduenne qui naîtra sous la Monarchie de Juillet : distinction entre les membres résidents et les correspondants, composition sociologique des membres, curiosité et intérêt pour toute question locale, souci de publier les travaux, constitution d’un musée, lecture de notices nécrologiques lors du décès d’un membre, investissement des évêques d’Autun dans les travaux de la Société…

419 comme des dernières découvertes scientifiques et, dans ce souci de diffusion du savoir, décide l’impression d’un bulletin trimestriel420

415 En novembre 1804, placée sous le protectorat du prince Joseph Bonaparte, son nom évolue au profit de celui de Société d’agriculture, sciences et belles-lettres. La section des belles-lettres, créée comme telle en juillet 1807, a pour objets d’étude « la géographie de l’arrondissement d’Autun, la position de la ville, son histoire, ses antiquités et anciens établissements, les mœurs, habitudes, usages, langage, costume et nourriture des habitants des différents cantons » selon le Programme de travail pour les membres de la Société présenté par Mignard.

. Si elle n’est pas

416 La Société libre d’agriculture, sciences et arts d’Autun s’est ainsi illustrée par sa contribution à la diffusion de la vaccination dans l’arrondissement d’Autun ; de même, lorsque le gouvernement soumit à l’étude des sociétés savantes de France son projet de code rural, elle formule des préconisations qui furent ensuite suivies par le gouvernement et qui démontrent la compétence de la Société en matière agricole (Dumay 1881, p. 276-277). Elle se penche également sur des sujets d’ordre commercial ou industriel tels que l’opportunité de rendre navigable l’Arroux ou les causes du déclin des activités de plusieurs usines locales depuis la Révolution.

417 Parmi eux, on compte deux professeurs, trois médecins, deux directeurs de sociétés, un négociant et les huit autres sont définis comme des propriétaires à Autun, c’est-à-dire vraisemblablement des agriculteurs.

418 Dumay 1881, p. 269-300. Le registre des procès-verbaux de la Société libre d’Autun s’interrompt le 4 janvier 1808, sans doute en même temps que ses travaux et ses réunions.

419 La Société apparaît parmi les souscripteurs de l’Histoire de la ville d’Autun, publiée par J. de Rosny en 1802. 420 Comme le souligne G. Dumay, cette décision prise lors de la séance du 11 mars 1802 a donné lieu à l’impression du premier numéro (trimestre de nivôse, pluviôse et ventôse de l’an X) chez Dejussieu à Autun, sous le nom de Recueil de la Société libre d’agriculture, sciences et arts d’Autun (1881, p. 275-276, note 3). La bibliothèque de la Société Eduenne a longtemps conservé plusieurs feuillets de cette publication mais, depuis qu’ils ont été égarés, l’unique exemplaire de ce volume est conservé à la bibliothèque interuniversitaire de Strasbourg – la Bibliothèque nationale de France ne possédant pas ce titre dans ses collections.

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sa préoccupation première, l’archéologie occupe néanmoins les membres de cette société : c’est ainsi que certains d’entre eux (Auguste Creuzé de Lesser, Jacques Chapet et Sébastien Devoucoux, l’oncle du futur président de la Société Eduenne) servent de guides à l’antiquaire A.-L. Millin lors de son séjour à Autun en 1804, lui qui restera longtemps associé dans la mémoire autunoise à l’indignation qu’il manifeste avec virulence dans son Voyage dans les

départemens du midi de la France (1807), une indignation outrée contre l’attitude des

Autunois envers leurs monuments romains421 ; pourtant, lors de la séance du 30 janvier 1802, la lecture d’un mémoire sur les monuments d’Autun par le citoyen d’Hugon avait déjà provoqué une protestation collective de la société savante contre la destruction des vestiges antiques. La société savante autunoise n’avait donc pas attendu la visite de l’antiquaire Millin pour s’élever contre le sort qui était réservé aux ruines romaines et l’ironie teintée de mépris dont fait preuve l’antiquaire à l’égard du citoyen d’Hugon, « le meilleur naturaliste de l’endroit », est, sinon injuste422, pour le moins déplacée423

Pour en revenir à cette séance du 10 pluviôse an X (30 janvier 1802). 424, d’Hugon présenta un « mémoire sur les moyens à employer pour empêcher les dégradations et les démolitions journalières de nos anciens aedifices », mémoire dans lequel il condamne fermement la destruction progressive des monuments romains entreprise par les Autunois eux-mêmes425

Il examine successivement et avec l’enthousiasme de l’art ceux dont les débris encore magnifiques attestent l’antique splendeur, il voit avec depit leurs fragmens sacrés, arrachés chaque jour par des mains avides de leurs sièges vénérables, servir à d’ignobles usages, et leur ruine accélérée par ceux même qui devoient les protéger

, que ce soit pour réemployer les matériaux ou pour les vendre : il utilise les termes de « demi barbarie des habitans », d’« abus digne du vandalisme » et emploie un vocabulaire religieux faisant des monuments antiques, de véritables reliques et de leur conservation, une croisade :

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Il préconise deux mesures : l’interpellation des autorités municipales pour faire cesser ces destructions et la création au sein de la Société d’une commission dédiée à la conservation des

.

421 Si Millin exprime un mépris condescendant envers certains érudits autunois, sa colère est, quant à elle, dirigée vers le vandalisme des Autunois qui sont les principaux promoteurs de la destruction des vestiges antiques – un point de vue que partagent l’antiquaire et les membres de la Société libre d’agriculture, sciences et arts d’Autun. 422 On peut en effet concéder à Millin que le citoyen d’Hugon, officier en retraite à qui il plaisait de se consacrer aux questions archéologiques, avait certainement trop de respect pour la parole d’autorité et trop peu de culture historique pour émettre un jugement critique en matière d’archéologie : ainsi, dans la séance du 10 ventôse an XI (1er mars 1803), il présente, sans jamais émettre la moindre objection, une dissertation de l’ingénieur Antoine, vice-président de l’académie de Dijon et correspondant de la Société libre d’Autun, sur la Découverte des ruines d’un monument triomphal qui a existé à Dijon, depuis environ l’an 560 avant Jésus-Christ. C’est le même Antoine qui date les portes d’Autun du IXème ou Xème siècle, leur trouvant un air « tudesque ».

423 En été 1807, peu de temps après la publication du Voyage de Millin, le nouvel évêque d’Autun, Mgr F.-S. Imberties est nommé membre de la Société libre et dans le discours de remerciements qu’il prononce à cette occasion, il évoque l’affaire Millin : « En vain un auteur recommandable par ses talens et par son érudition, a-t-il témérairement imputé aux habitans et au corps municipal d’Autun une indifférence excessive pour la conservation des divers monuments antiques dont cette ville est enrichie : ils ont parfaitement été justifiés par M. Creuzé de Lesser [sous-préfet d’Autun et l’un des membres de la Société ayant accompagné Millin sur le terrain] ; il s’est récrié avec force contre des reproches si déplacés, en publiant qu’il a lui-même admiré longtemps l’activité, le zêle des Autunois à défendre ces anciens monuments afin d’en prévenir l’entière destruction. Il s’est fait un devoir d’assurer encore que les Autunois, loin d’être des Vandales, aiment les arts et s’en occupent plus que beaucoup d’autres villes. » (Dumay 1881, p. 286).

424 Un extrait du procès-verbal de la séance ainsi que le mémoire du citoyen d’Hugon sont transcrits dans les annexes (cf tome II).

425 G. Dumay, dans l’étude qu’il fait de la Société libre d’Autun, opère une confusion chronologique, lorsqu’il interprète la condamnation du vandalisme par la Société en janvier 1802 comme la conséquence des reproches adressés par Millin aux habitants et à la municipalité d’Autun (1881, p. 280) alors que ces critiques liées au séjour de l’antiquaire dans la cité éduenne en 1804 ne sont publiées qu’en 1807.

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monuments anciens. Plus concrètement, le citoyen d’Hugon propose de concentrer les efforts sur les deux portes d’Arroux et de Saint-André (des crampons de fer pour solidariser certains blocs et des contreforts pour empêcher l’écartement des piédroits des voûtes)427. Le maire d’Autun, Raffatin, rappelle que la ville a toujours veillé à la conservation de ces édifices, que les auteurs de dégradations encourent des peines réelles428

Certains membres de la Société libre d’Autun s’investiront ensuite au sein du Comité d’antiquités fondé à Autun en 1820, voire pour les plus jeunes d’entre eux au sein de la Société Eduenne. C’est le cas de B. Billardet, médecin et maire d’Autun (1817-1826), de Ch. Desplaces de Martigny, de S. Devoucoux, d’A.-P. Guyton l’aîné et de son frère L.-M. Guyton ou d’H. Laureau. Et l’on voit se dessiner la société des antiquaires d’Autun au début du XIXème siècle, historiens (le chanoine G. Troufflaut), archéologues (Desplaces de Martigny, Devoucoux oncle), collectionneurs (Guyton l’aîné, Chapet

et que seul le manque de fonds empêche la municipalité d’entreprendre au plus tôt la restauration des vestiges antiques. A l’issue de la discussion, d’Hugon et l’ingénieur Vaillant sont chargés d’établir un devis estimatif des réparations à effectuer d’urgence pour conserver les monuments anciens de la ville, à la suite de quoi la Société est prête à lancer une souscription pour lever des fonds.

429) ou encore écrivains amateurs (Billardet, Creuzé de Lesser). Ce sont essentiellement des notables (maire, député, sous-préfet, magistrat), des médecins, des professeurs, des fonctionnaires préfectoraux mais on trouve également des militaires et des ecclésiastiques.

2.3.La Commission des antiquités d’Autun : les premiers travaux archéologiques collectifs La première société à vocation spécifiquement archéologique créée à Autun prend le nom de Commission des Antiquités d’Autun430, elle est fondée le 6 mars 1820. Parmi ses fondateurs, on compte notamment Laureau de Thory, S. Devoucoux, Guyton, Jovet et d’Espiard. Ses activités se partagent entre la recherche et la protection des vestiges du passé intéressant l’histoire locale431

Cette première société archéologique d’Autun connut bien des difficultés et des contretemps : abandon du projet de transfert du tombeau de Brunehaut à la cathédrale, difficultés à acquérir les terrains nécessaires, suspension des travaux en 1822 par manque d’argent, reprise des fouilles en 1830, dissolution par le sous-préfet puis réorganisation en 1834, échec de la fusion en 1837 avec la section d’archéologie de la Société Eduenne

: réalisation de sondages et de fouilles, réparation des vestiges menacés de ruine, conservation des archives médiévales…

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427 D’Hugon 1802, p. 2.

… Le principal problème a souvent été d’ordre financier. Les terrains où se trouvaient les vestiges

428 Millin, dans le récit de la visite qu’il fit à Autun en 1804, en témoigne : « la ville poursuit juridiquement ceux qui emportent des pierres des monumens antiques ; nous avons vu un homme qui venoit d’être condamné à une amende de vingt francs pour ce fait » mais il ajoute immédiatement à la suite « mais cette poursuite n’a point pour objet la conservation des monumens : le droit de les détruire n’appartient qu’à la ville ; c’est un vandalisme dont elle se réserve le privilège exclusif. » (1807a, p. 310). Le garde du Cabinet des médailles ne se contente pas de pointer du doigt les simples Autunois, il insiste sur la lourde responsabilité des autorités municipales et ecclésiastiques d’Autun, les accusant, à juste titre d’ailleurs, d’avoir largement contribué au démantèlement de l’amphithéâtre et d’autres édifices antiques.

429 « Jacques Chapet, directeur de la verrerie du Creusot ; numismatiste distingué, il avait réuni précédemment, au collège des Oratoriens d’Autun dont il faisait partie, un médaillier curieux que la Révolution a malheureusement dispersé ; plus tard il entretint des relations suivies avec MM. Laureau de Thory, Guyton aîné, Sébastien Devoucoux, Jovet et Louis de Monard, qui, sous son inspiration, s’adonnèrent aux études archéologiques et devinrent pour la plupart les fondateurs de la Société Eduenne » (Dumay 1881, p. 291).

430 On trouve aussi souvent l’appellation de Comité d’antiquités d’Autun.

431 Le récapitulatif des activités accomplies entre 1820 et 1852 figure dans le tome II. 432 Devoucoux, Fontenay 1848, p. 43.

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archéologiques appartenaient pour la grande majorité d’entre eux à des particuliers qui commençaient à comprendre le bénéfice qu’ils pouvaient tirer du nouvel intérêt de la