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PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES

5. La diffusion des vues de monuments antiques

Au-delà de l’intérêt des recherches que ces érudits passionnés par l’antiquité consacrent aux vestiges anciens, on reconnaitra aisément que l’écho suscité par leurs recherches est restreint à la communauté de leurs pairs ainsi qu’aux franges supérieures de la société. Il faut attendre les années 1780 pour que la diffusion des vues de monuments antiques s’élargisse davantage, dans un premier temps grâce à de grandes publications illustrées dont l’optique n’est plus celle des recueils d’images des antiquaires, et commence à toucher une part plus importante de la société – un phénomène qui se développe pendant tout le XIXème siècle et qui va de pair avec la vulgarisation scientifique et la démocratisation de la connaissance. Cela a conduit à une large diffusion auprès du public de représentations des ruines antiques, et notamment des vestiges d’époque gallo-romaine, sous forme d’estampes d’abord, de clichés photographiques ensuite.

5.1.Un siècle de grandes publications illustrées (1784-1895)

L’apparition des publications de grand format illustrées d’estampes à la fin du XVIIème siècle puis leur essor et leur apogée jusqu’à la seconde moitié du XIXème siècle s’expliquent par la convergence de deux phénomènes : d’une part l’intérêt grandissant pour les vestiges architecturaux de l’Antiquité, d’autre part le goût pour les récits de voyage – deux tendances qui sont perceptibles dès la Renaissance, on l’a vu, mais qui connaissent un essor exponentiel de la moitié du XVIIème siècle à la veille de la Révolution française. Ces grandes publications illustrées sont à la fois les héritières des grands recueils d’images des antiquaires, de ces « musées de papier » que l’on a évoqués, mais des héritières qui auraient cessé de se focaliser sur les édifices antiques, et les héritières du récit de voyage qui aurait perdu son caractère narratif pour devenir un catalogue d’images commentées : Ch.-H. Maillard de Chambure parle d’une « manière neuve d’envisager l’histoire » qui insiste désormais non plus sur les événements mais sur le « théâtre des faits »249.

En 1781, Jean-Baptiste de La Borde250, en collaboration avec le botaniste Jean-Etienne Guettard et l’encyclopédiste Edme Béguillet, notaire de la Province de Bourgogne qui avait pendant un temps collaboré au projet historique de l’abbé Claude Courtépée, publie le 1er volume de texte de la Description générale et particulière de la France251

249 Maillard de Chambure 1835, Avertissement. Pour les pages suivantes, cf. tome II, dans le catalogue des sources textuelles anciennes relatives aux portes d’Autun, fiches « Laborde 1816 », « La Borde et al. 1784 », « Maillard de Chambure 1835 », « Paté 1895 », « Taylor 1863 ».

; en 1784, c’est le 1er volume de planches illustrées qui paraît sous le titre de Voyage pittoresque de la France

250 Favori de Louis XV, J.-B. de La Borde (1734-1794) est un compositeur et un fermier général qui s’intéressa à l’histoire avant d’être guillotiné en 1794.

251 On y trouve des considérations historiques sur le « gouvernement de Bourgogne » mais pas une ligne de description des vestiges antiques d’Autun.

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avec la description de toutes ses provinces252, amorçant ainsi la tendance qui veut que l’adjectif « pittoresque » ne soit plus l’apanage des voyages dans les pays lointains et orientaux. Cet ouvrage présente des planches des portes d’Autun253 accompagnées de leurs notices explicatives ; ces estampes ont été réalisées à partir d’aquarelles et de dessins réalisés par le peintre dijonnais Jean-Baptiste Lallemand. La gravure des dessins originaux n’a hélas pas toujours été très fidèle et, dans l’optique d’une étude archéologique du bâti des portes d’Autun, il est préférable de consulter les originaux de Lallemand plutôt que les estampes publiées dans l’ouvrage de La Borde qui en ont été tirées par Née et Masquelier.

Le comte Alexandre de Laborde254 fait publier en 1816 Les monuments de la France,

classés chronologiquement et considérés sous le rapport des fais historiques et de l’étude des arts. Le choix a été fait de présenter les monuments représentés par ordre chronologique, des édifices celtes aux édifices de la période gallo-romaine, à la différence de la grande publication illustrée du baron Taylor qui opte pour un classement régional. Les estampes de l’ouvrage de Laborde ont un trait précis : animées de personnages, elles montrent des ruines partiellement recouvertes de végétation : les vues des portes d’Autun n’y échappent pas, même si la présence de la végétation reste discrète255.

Isidore Taylor (1789-1879), surnommé le baron Taylor, publie, en collaboration avec Charles Nodier256, la série des Voyages pittoresques et romantiques dans l’Ancienne

France257, composée de 23 volumes dont la publication s’étale de 1820 à 1878. Les volumes comportant les vues des portes romaines d’Autun en même temps que les autres vues de Bourgogne paraissent, parmi les derniers, en 1863, à une époque où la photographie commence à se répandre. A la différence des publications de J.-B. de La Borde et du comte Alexandre de Laborde, les estampes ne sont plus obtenues par le procédé de gravure au burin mais par lithographie (le trait est moins précis mais le procédé, beaucoup plus économique, permet une diffusion plus large). Les Voyages pittoresques et romantiques partagent cela dit le même principe général consistant en l’alternance de notices descriptives et de planches figurées. L’examen des estampes consacrées aux portes d’Autun permet de se rendre compte que l’ouvrage porte bien son titre car les vues qu’il présente tendent à représenter la ruine romaine au milieu de son contexte environnant et des habitants contemporains : le baron Taylor a d’ailleurs choisi de faire appel à un dessinateur spécialisé dans les figures, Jules Gaildrau, qui intervient une fois achevé le dessin des structures architecturales afin d’y ajouter personnages et animaux pour créer cette vision romantique et pittoresque autour des monuments258.

252 Cette publication n’est que la continuation sous un autre titre des volumes de la Description générale et particulière de la France, ouvrage enrichi d’estampes d’après les dessins des plus célèbres artistes, ouvrage dû aux mêmes auteurs.

253 Cf tome II, fiches n° 41, 90, 130.

254 Grand voyageur, membre de l’Institut, Alexandre de Laborde (1773-1842) se partagea entre la diplomatie, la politique et l’archéologie : on lui doit entre autres des observations sur une mosaïque d’Italica et sur la céramique grecque.

255 Cf tome II, fiches n° 82, 136. Aux deux vues en élévation des portes, est jointe une planche présentant des vues de détail d’éléments architectoniques ainsi que le plan des portes.

256 Bibliothécaire de l’Arsenal, Charles Nodier (1780-1844) est l’un des pionniers du mouvement romantique en France.

257 Le titre sonne comme un écho du Voyage pittoresque de la France de J.-B. de La Borde (1784). 258 Cf tome II, fiches n° 21, 151.

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Charles-Hippolyte Maillard de Chambure259 publie un ouvrage dans la lignée de ces grandes publications illustrées mais, considérant que le projet de Taylor d’un catalogue exhaustif des monuments du Royaume est impossible à mener au vu de l’ampleur de la tâche, il se propose de mener cette entreprise au niveau régional260 : ainsi naît le projet du Voyage

pittoresque en Bourgogne : Description et vues des monuments antiques et du Moyen Age qui compte deux volumes, le premier consacré à la Côte-d’Or (1833), le second à la Saône-et-Loire (1835). Les vues présentées dans l’ouvrage dirigé par Maillard de Chambure manifestent plus d’intérêt pour les Monuments historiques que pour les paysages pittoresques, même si plusieurs d’entre elles évoquent les activités économiques (portuaires, minières, métallurgiques) de la région. Comme la majorité des dessins des deux volumes, ceux des portes d’Autun ont été effectués par Emile Sagot261 tandis que le texte d’accompagnement a été rédigé par Ch.-H. Maillard de Chambure. Au-delà des qualités du dessinateur, le grand intérêt des vues des portes d’Autun est lié à leur datation : elles ont en effet été réalisées une dizaine d’années avant les travaux de dégagement et de restauration de la porte Saint-André.

Dernière série d’ouvrages de grand format, les six volumes de la collection La France

artistique et monumentale dirigée par Henry Havard entre 1892 et 1895. La notice consacrée à Autun est rédigée par Lucien Paté, secrétaire de la Commission des Monuments historiques : elle traite de l’ensemble du patrimoine monumental d’Autun, de l’époque antique à l’époque moderne. Ces pages sont notamment illustrées par deux estampes de la porte Saint-André (vue depuis l’intérieur de la ville) et de la porte d’Arroux (vue depuis la campagne), des estampes qui ont été réalisées, non plus à partir de dessins mais à partir de deux photographies262.

5.2.Les portes romaines d’Autun et la révolution photographique (de 1851 à la Belle Epoque)

La découverte du procédé de capture et de reproduction photographique a progressivement remplacé puis définitivement évincé les procédés de reprographie fondés sur le principe de la gravure. On comprend bien la révolution qu’a représentée cette découverte et l’application immédiate qui en a été faite par les archéologues : il était dès lors possible de capter la réalité d’une scène à un temps T et, même si ce propos doit être évidemment nuancé, c’était l’avènement d’une méthode de documentation graphique objective, la fin des erreurs, des distorsions et des oublis que les dessinateurs ne manquaient pas d’introduire dans les représentations des portes romaines d’Autun263

259 Membre de la Commission des Antiquités de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, Maillard de Chambure (1798-1841) occupa la fonction de conservateur des Archives de Côte-d’Or et de l’ancienne province de Bourgogne avant d’être élu président de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, le pendant dijonnais de la Société Eduenne.

.

260 Maillard de Chambure 1835, Avertissement : « un Voyage pittoresque en France, tel que MM. Nodier et Taylor l’avaient d’abord conçu, s’il était le plus magnifique, était aussi le plus inexécutable monument que l’on pût imaginer ».

261 Architecte dijonnais et dessinateur très doué, Emile Sagot (1805-1874 ?) fut secrétaire-adjoint de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or et membre de la Société Française d’Archéologie. Cf tome II, fiches n° 77, 135.

262 Cf tome II, fiches n° 62, 225.

263 Le propos doit être nuancé, d’une part parce que les choix du photographe créent une vision subjective (choix du cadrage, possibilité de mises en scène), d’autre part parce que les retouches des épreuves sont fréquentes (dès les années 1850 en ce qui concerne les clichés des portes d’Autun). Sur l’officialisation par Arago du procédé photographique et sur les interrogations relatives au devenir du dessin et de la peinture, cf McCauley 1997, § 3, 45.

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La date retenue pour l’invention de la photographie est traditionnellement fixée en 1839, date à laquelle François Arago évoque publiquement le procédé mis au point par Niépce et Daguerre devant l’Académie des sciences. A Autun, la photographie n’a, semble-t-il, été réellement introduite qu’en 1856 par Charles Maron264. Autre photographe actif à Autun dans les années 1880 (et peut-être 1870) : Jules Rebreget dont plusieurs clichés attestent de la pratique commerciale qu’il faisait de la récente invention265. Il a laissé au moins deux clichés des portes d’Autun266. L’autre nom des débuts de la photographie autunoise est Georges André (1848-1937), un photographe amateur, passionné par l’archéologie (en particulier par le passé de sa ville) et ouvert aux progrès de la technique. L’activité photographique de ce vétérinaire autunois couvre les années 1885-1910 (ce n’est qu’à partir des années 1880 que les appareils photographiques deviennent plus légers et accessibles aux amateurs)267. A sa mort, il laisse près de 3000 plaques photographiques dont 2172 plaques au gélatino-bromure d’argent, aujourd’hui conservées au Service régional de l’Inventaire de Bourgogne, dont plusieurs ont pour sujet les portes d’Arroux et de Saint-André268. Toutefois, si C. Maron, J. Rebreget et G. André comptent indubitablement parmi les premiers Autunois à avoir mis en œuvre la récente invention de la photographie, la première attestation de son utilisation à Autun est encore antérieure à ces trois personnages. Les deux plus anciens clichés (attestés à ce jour) qui aient été réalisés à Autun datent en effet de 1851 et ont pour sujet la porte d’Arroux et la porte Saint-André.

La « mission héliographique » de 1851 : premières photographies des portes urbaines d’Augustodunum

En 1851, la Commission des Monuments historiques décida d’exploiter la jeune technique photographique afin de documenter l’état des principaux monuments du pays : c’est ce que les historiens ont appelé a posteriori la « mission héliographique »269. Par une sorte de paradoxe que décrit A. de Mondenard, la photographie, à peine inventée, est mise au service de la promotion des vestiges antiques270

264 Charmasse 1908, p. 387. Bibliothécaire municipal, Charles Mauron a également été, de 1840 à 1869, le rédacteur du jounal hebdomadaire connu sous le nom de L’Eduen puis du National de Saône-et-Loire devenu ensuite l’Echo de Saône-et-Loire. Il succédait à L. Boivin en tant que rédacteur en chef le 9 août 1840 et à Jovet en tant que bibliothécaire le 26 septembre 1842.

. C’est précisément en raison de son caractère moderne et novateur qu’elle est perçue comme un outil en mesure de reproduire la réalité de manière exacte et de produire une copie enfin fidèle du monde. Il y a une conjonction entre l’invention de la photographie en 1839 et la prise de conscience progressive durant le premier XIXème siècle d’un patrimoine architectural qu’il faut protéger, non seulement parce que la période révolutionnaire ne l’a pas épargné mais aussi parce qu’on se rend compte que les vestiges antiques comme les édifices médiévaux participent de l’idée de nation. Je reviendrai plus loin sur la naissance de cette prise de conscience qui va conduire à l’institutionnalisation de la notion de conservation du patrimoine ; ce qui m’intéresse pour l’heure, c’est la décision très moderne qu’ont prise P. Mérimée et la Commission des Monuments historiques lorsqu’en

265 Ses clichés sont collés sur un carton jaune avec un liseré rouge, en-dessous duquel il est précisé « J. REBREGET PHOT. »

266 Cf tome II, fiches n° 66, 163.

267 Lauvergeon – Hugonnet-Berger 1993, p. 3-5. Outre les photographies des vestiges antiques d’Autun, une preuve de l’intérêt que porte G. André aux questions historiques et archéologiques réside dans la présence de son nom au sein de la liste des membres du Congrès Scientifique de France dont la 42ème session s’est tenue à Autun en 1876.

268 Cf tome II, fiches n° 37, 45, 61, 274.

269 Mondenard 1997, § 2-3. Le terme employé alors est celui de « missions pour dessins photographiques ». 270 Mondenard 2002, p. 12.

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1851 est manifestée la volonté de mettre une technologie révolutionnaire au service de la gestion du patrimoine national.

Pour la première fois, une commission ministérielle passe une commande publique collective à des photographes, créant ainsi le premier état photographique du patrimoine monumental français. Cinq photographes sont envoyés dans toute la France, chacun avec un itinéraire préétabli : Edouard Baldus, Hippolyte Bayard, Gustave Le Gray, Henri Le Secq et Mestral. C’est E. Baldus, considéré comme les plus consciencieux des cinq photographes, qui est chargé de la Bourgogne, sa mission dure du 9 juillet au 13 novembre 1851 et les deux seules photographies qu’il réalise à Autun sont celles des portes d’Arroux et de Saint-André (côté campagne). Pour éviter les problèmes liés au manque de recul, il utilise une technique que bien peu maîtrisent alors, la juxtaposition de plusieurs négatifs271 : peut-être y a-t-il eu recours au moins pour la porte Saint-André car il est difficile de trouver suffisamment de recul pour photographier sa façade dirigée vers la campagne. Ces deux premiers clichés de l’histoire des portes romaines d’Autun sont pris quelques mois avant le coup d’Etat bonapartiste, deux ans après l’achèvement de la restauration de la porte Saint-André par Viollet-le-Duc.

Apparition des cartes postales et multiplication des vues des portes d’Autun

Réservée à un milieu restreint d’initiés jusqu’aux années 1880, la pratique de la photographie se diffuse progressivement et certains particuliers acquièrent leur appareil photographique personnel. C’est également à cette époque que les vues photographiques commencent à circuler par l’intermédiaire d’un nouveau moyen de diffusion, la carte postale. Immédiatement, J. Déchelette est conscient qu’avec les cartes postales apparaît « un nouveau domaine bibliographique à explorer » pour les archéologues :

la mode des cartes postales illustrées, en prenant depuis quelques années un énorme développement, a mis à la disposition des archéologues une masse de documents photographiques que la modicité du prix de vente rend particulièrement intéressants272

Il tente de créer des cadres structurants mais constate que ce support demeure difficile à étudier faute d’inventaires listant par éditeur les monuments publiés. Ces inventaires sont par ailleurs très délicats à réaliser, étant donné que les cartes postales ne sont pas soumises au dépôt légal et qu’il conviendrait donc de faire le tour de chaque éditeur pour obtenir de lui la liste des monuments proposés dans son catalogue. Malgré tout, J. Déchelette propose, dans un article paru dans la Revue archéologique, une ébauche de catalogue des cartes postales illustrées représentant les monuments romains de la France. L’érudit recense alors cinq types pour la porte d’Arroux

.

273 et sept autres pour la porte Saint-André274

271 Mondenard 2002.

. Pour ma part, j’ai fait le choix de privilégier les cartes postales antérieures à la Première guerre mondiale au sein du catalogue des représentations anciennes des portes d’Autun. Ceci, pour deux raisons, l’une scientifique, l’autre pratique : d’une part des restaurations importantes ont lieu dans les premières années du XXème siècle, d’autre part, à partir de 1900, la carte postale connaît son

272 Déchelette 1906, p. 329.

273 La Porte d’Arroux. Coll. N. D. [Neurdein frères] phot., 9 (cf tome II, fiche n° 60) ; La Porte d’Arroux. Ch. Dumothier, Autun, 100 ; Porte d’Arroux, époque romaine, Nourry et Guignard, libr. Autun ; Porte d’Arroux, monument historique. Phot. J. Coqueugniot, Autun ; Porte d’Arroux. B F, 15.

274 La Porte Saint-André. Coll. N. D. phot., 34 (cf tome II, fiche n° 153 ou 154) ; La Porte Saint-André. Monument historique. Phot. J. Coqueugniot, Autun ; La Porte Saint-André. Epoque romaine. Nourry et Guignard, libr., Autun ; La Porte André. Coll. Ch. Dumothier, Autun, 101 (fiche n° 109) ; La Porte Saint-André. J. C. Autun ; La Porte Saint-Saint-André. B. F. Saône, 10 ; La Porte Saint-Saint-André. B. F. Chalon-sur-Saône, 35 (fiche n° 161).

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âge d’or et les types se multiplient. L’étude du fonds de cartes postales permet alors de documenter avec précision l’état du bâti des portes autunoises dans les dernières années du XIXème siècle et à la Belle Epoque.

Les cartes postales ne sont pas le seul vecteur de diffusion à très grande échelle de la représentation des portes romaines d’Autun. La découverte et la rapide diffusion du procédé chromolithographique a également permis la diffusion d’un nombre considérable d’images publicitaires (par exemple, dans les tablettes de chocolat) : plusieurs d’entre elles représentent la porte d’Arroux et la porte Saint-André.

Evidemment, les représentations publicitaires des portes d’Arroux et de Saint-André, souvent grossières, ne sont pas comparables aux estampes des grandes publications illustrées du XIXème siècle qui avaient pour la première fois permis de faire connaître ces vestiges antiques sans qu’il y ait besoin de voyager, la découverte des plus beaux vestiges gallo-romains pouvant désormais se faire chez soi ou en bibliothèque. Quant à la carte postale, elle correspond à une étape ultérieure de diffusion qui a vu les portes d’Autun entrer dans les boîtes aux lettres de France et de Navarre.

Au terme de cette présentation des différents acteurs de la recherche sur les vestiges antiques de la capitale éduenne, d’une part, et des divers auteurs de représentations figurées des portes monumentales, d’autre part, ce qui ressort en premier lieu, c’est la pluralité des approches autant que la diversité des motifs d’intérêt pour ces édifices. Pour autant, il était fondamental de tenter de structurer le gigantesque fonds documentaire que constituent ces descriptions, ces dissertations historiques, ces relations de voyage, ces relevés architecturaux, ces plans, ces dessins et ces cartes postales. Sans cet effort de catégorisation et de remise en contexte, toute exploitation de ces sources dans le cadre de l’étude archéologique du bâti des