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Erudits, cartographes et voyageurs de la Renaissance : premiers témoignages

PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES

1. Erudits, cartographes et voyageurs de la Renaissance : premiers témoignages

Je précise avant toute chose que lorsque je parle de « premiers témoignages », il faut entendre l’expression au sens de « témoignages les plus anciens à être parvenus jusqu’à nous » sans évidemment méconnaître qu’il en existe d’autres, plus anciens, qui ont échappé à notre connaissance. L’existence de documents médiévaux évoquant les portes est d’ailleurs attestée mais, à supposer qu’ils aient été conservés jusqu’à notre époque, leur recherche est délicate et j’ai dû pour ma part me contenter de mentions passagères relatives aux portes dans plusieurs pièces d’archives ecclésiastiques autunoises13

13 A titre d’exemples, on peut citer pour la porte nord-ouest de la ville la mention d’une « porta Arroti », dans un Registre de la grèneterie du chapitre cathédral d’Autun, de 1436-1437 (Fontenay 1889, p. 35 : archives départementales de Saône-et-Loire) ou encore, pour la porte urbaine opposée, à l’autre extrémité du cardo

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de cette documentation médiévale est sans commune mesure avec celle qui fut produite, à la Renaissance, avec l’émergence du phénomène général d’intérêt nouveau pour l’antique qui caractérise cette période. Ce mouvement se manifeste notamment à travers l’apparition de ces amateurs passionnés, de ces curieux, de ces collectionneurs que l’on appelle « antiquaires » et qui sont les prédécesseurs de l’archéologue moderne.

Mais, si le Moyen Âge ne donne pas lieu réellement à une production documentaire et interprétative sur les portes d’Autun comme on l’observe seulement à partir de la Renaissance, on ne peut pas pour autant dire que la période médiévale se désintéresse de ces vestiges antiques dont les élévations continuent souvent à dominer le paysage urbain environnant. Le décor des portes romaines a d’ailleurs inspiré les architectes médiévaux qui ont conçu au XIIème siècle le faux triforium de la cathédrale d’Autun (dans les années 1130-1140) : cette galerie en trompe-l’œil qui surplombe les grandes arches de la nef est en effet constituée d’une succession d’arcades séparées par des pilastres cannelés surmontés de chapiteaux. Ce faisant, elle reproduit précisément la composition de la galerie supérieure de la porte d’Arroux plutôt que de recourir à de simples colonnes engagées comme cela était courant ailleurs à cette époque. P. Mérimée, lors de sa visite en Bourgogne en tant qu’inspecteur général des Monuments historiques, qualifie d’innovation ce « retour à des formes antiques »14 qu’il constate à Autun mais aussi dans les villages environnants ou encore à Saulieu15

Bien que les sources ne soient pas légion, on peut toutefois citer le témoignage de Guillaume le Breton

.

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Edua quos mittit urbs antiquissima, plena

, auteur de la Philippide, une chronique en vers latins qu’il composa en l’honneur de Philippe-Auguste entre 1214 et 1224. Dans le chant I, à partir du vers 570, le prêtre évoque les deux places fortes du duché de Bourgogne, Dijon et Autun :

Divitiis, multisque tumens legionibus olim, Romulidisque fide junctissima, gente superba, Assiduis bellis plusquam vicina fatigans, At modo nulla fere raris habitata colonis ; Nobilibus vicis, ubi gaza domusque fuere, Pro gaza silvas monstrat, pro gente myricas ; Quam rex Arturus Rome subduxit, eamdem Postea Norvegus evertens Rollo redegit In nihilum prorsus, vix ut vestigia restent17

maximus, un acte d’amodiation par les chanoines de la cathédrale à Clément Paregot d’Autun, de deux moulins sis à Autun, sous le fort des Marbres en date du dimanche précédant la sainte Magdeleine (15 juillet) 1386 : « Duo molendrina sita Edue, extra muros, subtus fortem de Marmoribus. » (Fontenay 1889, p. 46 : archives de Saône-et-Loire. Cathédrale d’Autun).

.

14 « Les architectes du moyen-âge les voyaient et les admiraient comme nous. Ils ont imité le modèle qu’ils avaient sous les yeux, mais, peu soucieux des règles de l’art antique, ils n’ont pas trouvé assez riches à leur gré les chapiteaux corinthiens et ioniques des portes romaines, et ils les ont remplacés par ceux qui étaient alors à la mode. » (Mérimée 1835, p. 66-67). Voir aussi Batissier 1860, p. 581-582 sur l’influence des monuments romains sur les conceptions architecturales de la première partie du Moyen Âge dans le Midi de la France, la Bourgogne, le Nivernais, le Bourbonnais…

15 Pour ma part, je suis moins convaincu par la parenté de la galerie supérieure de la porte d’Arroux avec le triforium de la basilique Saint-Andoche de Saulieu (construite à la fin du XIème siècle) qu’avec celui de la cathédrale Saint-Mammès de Langres (construite tout au long de la seconde moitié du XIIème siècle).

16 Prêtre et chapelain de Philippe Auguste (1180-1223), Guillaume le Breton naquit vers 1165 et mourut en 1226. 17 La traduction française qui suit est due à François Guizot, historien nîmois et chef du dernier gouvernement de la Monarchie de Juillet : « la ville très-antique d’Autun, ville remplie de richesses, jadis regorgeant de nombreuses légions et d’une population superbe, très-fidèlement unie aux enfans de Rome, fatiguant plus que de raison ses voisins par des guerres continuelles, mais plus récemment presque déserte, et n’étant plus habitée que par un petit nombre de colons, ayant alors de nobles rues où avaient été des trésors et des maisons, et montrant au lieu de trésors des bois, au lieu d’habitans des bruyères. Le roi Arthur l’avait enlevée aux Romains, et dans la

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L’image qui ressort d’Autun au début du XIIIème siècle est donc celle d’une ville désertée où la végétation a fini par recouvrir la trame urbaine antique – c’est une situation identique à celle que les sources de la Renaissance évoqueront trois siècles plus tard. Ceci étant dit, pour la période médiévale, les sources littéraires évoquant la ville d’Autun restent rares et peu précises18.

1.1. Des documents méconnus et inexploités

En réaction à la méfiance que pouvait témoigner depuis la seconde moitié du XIXème siècle la communauté historique et archéologique vis-à-vis des témoignages laissés par les antiquaires19

La figure et l’activité de l’antiquaire évoluent de la Renaissance à l’apogée du XVIIIème siècle mais elles restent constamment caractérisées par une forme d’amateurisme et d’émotion face aux vestiges antiques tandis qu’au XIXème siècle, ces érudits passionnés sont progressivement éclipsés par des archéologues qui revendiquent quant à eux une méthode résolument scientifique rompant avec l’affectivité antiquaire. Si le passage de témoin de l’antiquaire à l’archéologue a indiscutablement lieu au cours du XIXème siècle, il demeure essentiel de chercher à déterminer les modalités de ce changement en analysant concrètement un cas pratique, celui de l’intérêt pour les portes romaines d’Autun. Pour autant, à la Renaissance, tout amateur portant un intérêt à des vestiges antiques peut être qualifié d’antiquaire puisqu’il n’existe pas réellement à cette époque d’antiquaire à plein temps, si j’ose dire, comme le seront un Montfaucon ou un Caylus : il s’agit de voyageurs, de curieux, d’érudits qui, entre autres activités et sujets d’intérêt, portent une attention ponctuelle à des témoignages matériels de l’Antiquité.

, un courant historiographique encore récent, porté par les travaux de P. Pinon, F. Lemerle ou V. Krings, tend à réhabiliter l’antiquarisme et la nébuleuse de ces témoignages anciens.

Si les travaux des historiens et des antiquaires du XVIème siècle sont méconnus dans le cadre des recherches sur Autun antique, c’est parce qu’un consensus s’est formé au sein des érudits dès le XVIIIème siècle pour considérer que le premier historien d’Autun était Edme Thomas. Cet érudit local avait laissé à sa mort, en 1660, une Histoire de l’antique cité

d’Autun qui ne fut que partiellement imprimée mais dont la postérité dans les études

autunoises fut pourtant considérable20

suite Rollon le Norwégien la renversa et la détruisit si complètement qu’on pouvait à peine en retrouver les traces » (Guizot 1825 (éd.), p. 28).

. Puisqu’Edme Thomas était le pionnier, les

18 Une recherche des mentions d’Autun au sein du corpus des romans chevaleresques du Moyen Âge mériterait toutefois d’être menée.

19 Ce constat doit toutefois être immédiatement nuancé. Comme l’établit une étude récente (Robert – Terrer 2010), l’officier-archéologue Emile Espérandieu a accordé une grande attention aux travaux des antiquaires au cours de la réalisation du Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine – faisant la preuve de sa modernité dans une époque, le premier tiers du XXème siècle, où la défiance du milieu scientifique à l’encontre de la science antiquaire était généralisée. Il suffit de citer les propos très durs d’A. Grenier qui se méfie tout particulièrement des premiers antiquaires dont le travail « ne vaut ni plus ni moins que la prétendue tradition populaire à laquelle on recourt parfois encore de nos jours ». Selon lui, les érudits de la Renaissance, comme ceux du Moyen Âge, relèvent de « l’âge du mythe archéologique », c’est-à-dire d’une époque où l’humanité n’était pas capable de distinguer le vrai du faux, ni soucieuse de découvrir la vérité (Grenier 1931, p. 17, 20).

20 Ce statut de pionnier des études autunoises que l’on attribue à E. Thomas (et qu’il n’a d’ailleurs pas manqué de s’attribuer lui-même) mérite toutefois discussion. E. Thomas n’a pas surgi de nulle part et ses travaux s’inscrivent dans la continuité de ceux des premiers antiquaires autunois, dont il partage certaines des qualités mais aussi certains des travers. La conception de l’Histoire de l’antique cité d’Autun comme un phare dans la nuit des études autunoises n’est qu’une construction historiographique qu’a contribué à fonder son auteur et qui s’est développée a posteriori dans le discours des historiens et antiquaires du XVIIIème siècle sous prétexte que

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témoignages laissés par ses prédécesseurs ne méritaient donc pas l’examen et d’ailleurs les premières pages de l’Histoire de l’antique cité d’Autun ne manquaient pas de souligner leurs lacunes et leurs défauts : rien de valable avant 1660, tel est le point de vue qu’ont durablement imposé les successeurs d’E. Thomas et qui, d’une certaine manière, s’est perpétué jusqu’à maintenant, laissant inexplorés et inexploités les témoignages de la Renaissance sur les antiquités d’Autun. Or, la rigueur scientifique la plus élémentaire impose que soit menée une étude critique de ces sources avant de les écarter, leur précocité n’étant pas a priori un gage de médiocrité. Il importe donc d’établir lesquels de ces premiers témoignages sont susceptibles d’apporter des données nouvelles à côté desquelles sont jusque là passés la grande majorité des historiens et des archéologues.

Bien que le mépris pour les témoignages antérieurs au XVIIème siècle ne soit qu’un parti-pris largement infondé et pour le moins regrettable qui nous prive de données n’ayant quasiment jamais été exploitées à leur juste valeur, ce phénomène n’est toutefois pas propre aux recherches sur les antiquités d’Autun et on le reconnaît à l’œuvre pour l’ensemble des études de l’Antiquité. Dans l’ensemble, les documents de cette période sont largement méconnus, pour ne pas dire ignorés, pour de multiples raisons dont aucune n’est au fond suffisamment valable pour justifier qu’on puisse négliger ces témoignages : ces ouvrages peuvent être écrits en latin, l’écriture manuscrite du XVIème siècle requiert des notions minimales en paléographie ainsi que de bons yeux, la consultation des témoignages manuscrits ne peut se faire que sur leur lieu de conservation et, même lorsque l’on a affaire à des imprimés, il faut bien admettre que le très faible nombre d’exemplaires conservés ne facilite pas davantage leur consultation. Outre ces raisons d’ordre purement pratique, la cause la plus profonde de ce désintérêt réside dans la défiance que les archéologues et les historiens manifestent à l’encontre de ces amateurs d’antiquités de la Renaissance, semblant considérer que les premiers travaux sérieux apparaissent à la fin du XVIIème siècle, pour ne pas dire au XVIIIème siècle. Cette défiance est d’ailleurs loin d’être injustifiée et plusieurs auteurs ayant traité des antiquités d’Autun nous en ont donné des preuves : je pense aux interminables développements sur l’astronomie ou l’origine des vents que l’on peut trouver chez l’auteur du

De antiquis Bibracte monimentis (peut-être le médecin autunois J. Léauté) ou encore aux liens que certains établissent entre ce qui relève de l’histoire ou de la préhistoire avec la tradition biblique21

l’œuvre d’E. Thomas était le premier ouvrage imprimé en langue française à traiter des vestiges romains d’Autun.

… Bien souvent, en effet, l’examen critique des sources qu’ils convoquent à l’appui

21 Combien de tentatives pour nous expliquer que la fondation d’Autun est à mettre au crédit du petit-fils de Noé qui fut le premier roi des Gaulois… Ce phénomène bien connu s’explique par la volonté des Français de se hisser au niveau des autres nations en rattachant l’histoire gauloise à l’histoire universelle, et accessoirement d’établir ainsi leur antériorité par rapport à Rome, c’est-à-dire leur supériorité. La publication en 1497 des Antiquitatum variarum volumina d’Annius de Viterbe (1432-1502), alias Giovanni Nanni, connut un immense succès pour cette raison : l’auteur se fonde sur des textes apocryphes qu’il attribue notamment à Bérose et à d’autres auteurs antiques pour détailler la chaîne généalogique qui relie les Français à Noé en passant par tous les rois Gaulois. Même succès pour Jean Lemaire de Belges et Les Illustrations de Gaule et singularitez de Troye, publiées entre 1509 et 1513 : on y apprend que le fils de Noé, Japhet, est le père des peuples européens et que son fils aîné, Samothès ou Gomer, est le père des peuples d’Europe occidentale, c’est-à-dire de ceux que les Grecs appellent « Galates », et les Romains, « Gaulois ». Joseph Juste Scaliger (1540-1609) démontra pourtant dès le XVIème siècle que les sources sur lesquelles s’était fondé Annius de Viterbe étaient apocryphes. Autre exemple caractéristique, extrait d’un manuscrit anonyme conservé à la BnF : « Nostre cité donc fut fondée sous le second roy des premiers Gaulois envoié en Troie, cent ans après le déluge » (Français 14 392, fol. 2v°) : ici l’auteur convoque deux concepts historiographiques caractéristiques de son époque. En premier lieu, il rattache l’histoire d’Autun au récit fondateur de la littérature occidentale (l’épopée homérique) en inventant des ancêtres troyens, comme l’avait déjà fait pour Rome toute une tradition d’époque hellénistique dont Virgile est sans doute le promoteur le plus talentueux et, pour la France, Ronsard avec sa Franciade qui expose en 1572 comment les Francs descendaient du Troyen Francus. Le deuxième concept est quant à lui caractéristique d’une histoire qui ne s’est pas encore dégagée du poids de la religion : c’est le souci de rattacher l’histoire humaine au récit biblique

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de leurs développements fait défaut, ce qui donne au lecteur une impression de confusion entre mythologie, légende, tradition et histoire. Mais, lorsque l’on oppose cet amateurisme à la rigueur des historiens des siècles suivants, on oublie un peu vite parfois que bien d’autres amateurs, plus ou moins érudits, en particulier au sein des sociétés savantes locales, n’ont pas agi différemment plusieurs siècles après : il est aussi désolant que désagréable de voir le pauvre abbé Devoucoux (appelé pourtant à présider la Société Eduenne) s’empêtrer dans une démonstration d’une centaine de pages tendant à établir des rapports kabbalistiques entre les proportions architecturales d’un édifice (antique ou chrétien) et la valeur numérique de tel ou tel nom biblique obtenue en additionnant la somme des valeurs de ses lettres et jeter ainsi le discrédit sur un ouvrage aux prétentions scientifiques légitimes : Autun archéologique par les

secrétaires de la Société Eduenne et de la commission des antiquités d’Autun (1848). C’est pourquoi la présence, au sein des sources du XVIème siècle, de développements entièrement gâtés par une forme d’amateurisme ne doit pas empêcher le chercheur de se concentrer sur d’autres passages du même auteur, susceptibles d’être préservés de ces défauts et de livrer au contraire des informations précises, totalement méconnues et inexploitées.

L’un des écueils lorsque l’on étudie les premières sources à avoir parlé des portes d’Autun réside dans la disparition d’un certain nombre d’entre elles, dont on ne connait l’existence et, dans le meilleur des cas, quelques extraits que parce qu’elles sont mentionnées par des auteurs postérieurs. C’est par exemple le cas de Chervot dont nous ne connaitrions pas l’activité antiquaire sans les témoignages de ses contemporains, F. Perrin et P. de Saint-Julien de Balleure22. Pour autant, si nous savons que ses recherches avaient pour objet les antiquités d’Autun, nous ignorons tout en revanche de leur teneur réelle. Autre exemple : l’un des derniers témoignages de la Renaissance consiste dans la description des vestiges d’Autun qu’a laissée en 1610 un procureur du roi au baillage d’Autun23, dénommé Anfert. Le manuscrit d’Anfert a appartenu à la bibliothèque d’H. de Fontenay avant de disparaître, probablement mis en vente en 194024

Je développe enfin un dernier exemple qui me permet de faire la transition avec la présentation des premiers témoignages laissés par des voyageurs : un érudit autunois du XVIIIème siècle, l’abbé Bénigne Germain, signale l’existence d’un ouvrage in-8° de Nicole de Goultiers, intitulé Les nouvelles découvertes des antiquités d’Autun et publié à Paris en 1581 ; il précise avoir vu cet ouvrage dans la bibliothèque de M. Baluze sans avoir pu le consulter

. Par chance, on en conserve plusieurs extraits grâce aux citations qu’en a faites H. de Fontenay dans Autun et ses monuments.

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en évoquant le déluge comme terminus post quem. Pour autant, ceci ne doit en rien contraindre nos explorations :on sait bien que le travail de l’historien n’est jamais neutre et que si toute recherche historiographique entend comprendre comment l’histoire a été écrite, elle s’attache avant tout à constater qu’à toute époque, la foisonnante Renaissance comme le rigoureux XIXème siècle, les historiens ont étudié le passé à l’aune du présent dans lequel ils vivaient et des idées de leur temps.

. La recherche de cet ouvrage a d’abord été vaine, l’abbé Germain étant le seul à mentionner cet ouvrage et cet auteur ! La précision de ses indications m’a toutefois permis dans un second temps d’identifier l’ouvrage et de retrouver son titre, Les grandes et effroiables merveilles

22 P. de Saint Julien de Balleure mentionne le nom du « Chantre Chervot d’Autun » pour regretter que ce dernier lui ait refusé l’accès à ses travaux (Saint-Julien de Balleure 1581, p. 226), contrairement à F. Perrin qui dit puiser des informations « ès Mémoires susdits aucthorisés par bons tesmoignages » (Français 14 392, fol. 3 ; transcrit dans Abord 1886, p. 29). Selon H. Abord, il s’agit de Jacques Charvot, le fils de Jean Charvot qui fut vierg d’Autun à trois reprises entre 1512 et 1545 ; Jacques Charvot fut abbé de Saint-Pierre-L’Etrier avant de devenir grand chantre de la cathédrale d’Autun de 1558 à 1573 (Abord 1886, p. 29, note 1).

23 Fontenay 1883, p. 32.

24 F. Lemerle a recherché sans succès le manuscrit avec le concours d’A. Strasberg (conservateur au Musée Rolin d’Autun et Secrétaire perpétuel de la Société Eduenne) et de Mme Demazure, arrière-petite fille d’H. de Fontenay (Lemerle 2005, p. 115, note 219).

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veues le premier jour du mois de juin près la ville d’Authun Ville fort ancienne en la duché de Bourgongne, de la caverne nommée aux fées et la déclaration de la dite caverne, tant des Fées, Seraines, Géans et autres esprits, et de restituer le nom correct de l’auteur, « Dom Nicolle de Gaulthières, gentilhomme espagnol »26. Enfin, l’ouvrage n’a pas été publié à Paris en 1581, comme l’avançait B. Germain, mais à Rouen en 1582. H. de Fontenay a par ailleurs consacré une étude à ce petit ouvrage dans un article publié au sein des Mémoires de la

Société Eduenne. La lecture de l’ouvrage confirme dans un premier temps les craintes qu’on pouvait légitimement fonder à la seule lecture de son titre : le voyageur espagnol, après avoir admiré les vestiges autunois, décide de s’aventurer non loin de la ville dans une caverne, à l’intérieur de laquelle il découvre un véritable palais souterrain, des trésors architecturaux entourés de statues de divinités, de jardins peuplés de fées et de sirènes mais aussi de singes et