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Les sources textuelles relatives aux portes d’Autun : présentation du corpus et des critères de définition

PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES

1. Les sources textuelles relatives aux portes d’Autun : présentation du corpus et des critères de définition

Il convient avant toute chose de présenter les critères sur lesquels je me suis fondé pour intégrer ou non un texte au corpus des sources textuelles relatives aux portes d’Autun. C’est de cette définition des critères, claire et précise, que dépendaient la qualité de la constitution du corpus et l’intérêt de son étude.

Il a fallu établir des critères pour déterminer si un texte devait ou non figurer au sein du corpus des sources textuelles évoquant l’une ou plusieurs des portes d’Autun ; en effet, dans ce domaine, il est non seulement impossible de relever de manière exhaustive l’ensemble des auteurs qui ne font que mentionner l’une des portes monumentales autunoises mais, bien plus, l’absence de critères précis aurait perturbé l’étude de ces sources au point d’empêcher leur exploitation ultérieure dans le cadre de l’étude du bâti des portes – ce qui est la raison première de notre intérêt pour ces documents même si j’espère ne pas avoir eu sur elles un regard trop étroitement positiviste. Sur quels critères le corpus des sources relatives aux portes romaines d’Autun a-t-il été constitué ? quel type de sources a été privilégié et pour quelles raisons ? lesquelles a-t-on délibérément laissées de côté et pourquoi ?

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Pour ce qui est de la nature de ces sources textuelles anciennes et des données qu’elles contiennent, ces documents écrits sont une masse composée de descriptions laissées par des voyageurs, de notices rédigées pour des guides touristiques, de comptes-rendus d’observations laissés par des antiquaires ou des archéologues… Des documents textuels, donc, mais à l’exclusion des plus récents. En ce qui concerne les bornes chronologiques, j’ai considéré que l’ensemble des documents écrits après le premier tiers du XXème siècle relevaient davantage du statut de travaux universitaires ou de commentaires de deuxième main que de celui de sources. J’ai donc fait le choix, pour le premier tiers du XXème siècle, de n’intégrer dans le corpus d’étude que les monographies consacrées à Autun544 et d’en exclure les travaux scientifiques tels que ceux d’A. Blanchet, de R. Schultze, d’A. Grenier ou de F. Frigerio que j’ai mentionnés plus haut et sur les hypothèses desquels je suis amené à revenir lors de l’étude archéologique du bâti des portes et de leur mise en série au sein de l’ensemble des portes monumentales de l’Occident romain. Je ne tenais pas à alourdir la base de données en y intégrant les travaux scientifiques et universitaires qui se développent avec le XXème siècle et, par ailleurs, ces documents ne sont absolument pas de même nature que les textes constituant une documentation primaire545

Est exclu du corpus étudié l’ensemble des écrits qui ne traitent pas directement des portes romaines mais qui commentent et critiquent les contributions d’auteurs antérieurs. Les fiches du catalogue ont pour but premier de rendre compte de manière précise et exhaustive du contenu de la contribution d’un auteur à l’étude des portes romaines. On ne trouvera par conséquent pas de fiches consacrées au Discours qui contient un jugement sur les historiens

d’Autun de l’abbé Germain ou à la Bibliothèque des auteurs de Bourgogne de l’abbé Papillon mais on trouvera en revanche un compte-rendu exhaustif de ce qu’ils nous apprennent des portes antiques dans les Lettres sur les antiquités d’Autun, en ce qui concerne l’abbé Germain, ou dans le Voyage de Bourgogne, adressé à M. Févret de Saint-Mesmin, en ce qui concerne l’abbé Papillon

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N’ont pas été non plus retenues les sources trop laconiques car l’un des intérêts de la base de données est de permettre l’exploitation de données indifférenciées mêlées dans un développement cohérent en les fragmentant et en les regroupant par champs ; si un auteur ne consacre que deux lignes aux portes d’Autun et que je juge nécessaire de les utiliser, il n’est pas pour autant utile de leur consacrer une fiche comportant plus de 80 champs pour permettre leur exploitation. Il est important de rappeler que cette base de données n’avait pas pour but de documenter la totalité des sources textuelles relatives aux portes d’Autun mais bien de permettre leur exploitation. Conformément aux objectifs que j’avais fixés lors de la conception de la base de données, il est clair que cet outil devait, avant toute autre considération, permettre l’exploitation d’une masse de données complexe et enchevêtrée avant de viser un recensement exhaustif des sources textuelles relatives aux portes monumentales d’Augustodunum : la priorité n’était pas à mes yeux de collecter l’ensemble des données disponibles au sein d’un seul outil à vocation documentaire mais de créer un outil permettant d’exploiter les données des sources les plus complexes à appréhender.

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544 On voit bien d’ailleurs comment les auteurs du premier XXème siècle, J. Déchelette, J. Bonnerot, L. Taverne ou E. Thévenot, quel que soit le degré de compétence archéologique de chacun, tendent à reformuler sans cesse les mêmes idées, à compiler et commenter des hypothèses anciennes sans parvenir à apporter quoi que ce soit d’inédit ou à en faire émerger des éléments nouveaux.

545 Je n’ai pas souhaité introduire de confusion en mêlant, au sein de la même base de données, des descriptions primaires censées résulter d’observations in situ avec des développements d’ordre synthétique fondés sur une sélection bibliographique dont l’intérêt n’est pas d’exposer des données inédites mais de leur offrir un cadre interprétatif cohérent.

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Ceci étant dit, j’ai bien sûr cherché à être le plus exhaustif possible, notamment d’un point de vue chronologique en tâchant de remonter le plus loin possible dans le passé afin de traquer les informations les plus éloignées de nous : dans la perspective de reconstituer l’histoire longue du bâti des portes romaines, il est compréhensible d’attacher la plus grande attention aux sources les plus anciennes. C’est donc volontairement que j’ai été un peu moins regardant sur la sélection des documents textuels évoquant les portes d’Autun qui dataient de la Renaissance que pour ceux du XIXème siècle. Il aurait été en effet vain et contreproductif de viser une collecte exhaustive de la documentation écrite de ce siècle du fait de la multiplication des témoignages conjointement causée par la facilité d’imprimer et par l’augmentation du nombre de voyageurs et de curieux, français et étrangers. J’ai également exclu les mentions brèves, redondantes ou stéréotypées issues entre autres d’encyclopédies britanniques ou de guides de la France du XIXème siècle547 J’ai en revanche pris soin de relever de la manière la plus exhaustive possible les mentions les plus anciennes conservées (XVIème– XVIIIème siècles). Ceci explique pourquoi plusieurs témoignages évoqués dans le premier chapitre au titre de leur intérêt historiographique ne figurent pas dans le corpus des sources écrites anciennes relatives aux portes romaines d’Autun. N’ont donc pas été retenues dans le corpus les mentions ne faisant pas l’objet de plus de deux phrases et celles se contentant de signaler la beauté, voire l’existence, du monument – ceci afin de ne pas multiplier les occurrences brèves ne contenant aucune donnée exploitable. Sont au contraire conservés les textes qui présentent des remarques inédites, des développements conséquents fondés sur des observations in situ, des illustrations, des comparaisons avec d’autres monuments romains, etc.

La page suivante donne la liste des contributions, imprimées ou manuscrites, qui ont été retenues dans le corpus des sources écrites. Le choix d’une présentation chronologique m’a incité à ne pas donner ici les dates de publication de ces divers témoignages et travaux mais celle à laquelle les observations ont été réalisées. Une présentation de ces auteurs, classés selon la date de publication de leurs travaux, aurait eu l’intérêt de mettre en évidence à quel moment les travaux de tel ou tel deviennent accessibles à la communauté des chercheurs mais j’ai remarqué que la date de publication n’était pas un critère aussi pertinent que je l’avais cru de prime abord. Des manuscrits circulent avant leur publication effective au sein des réseaux antiquaires (locaux, régionaux et nationaux), certains ne sont jamais publiés, certains sont purement et simplement oubliés jusqu’à ce qu’un tiers leur redonne une visibilité, comme le firent les membres de la Société Eduenne avec l’œuvre d’E. Thomas ou, il y a un demi-siècle, P.-M. Duval et P. Quoniam avec les relevés de l’architecte Roidot-Deléage.

547 Ces mentions de la porte d’Arroux, non retenues dans le corpus car jugées non pertinentes pour l’étude du bâti, sont du type suivant : « cette ville est remplie de beaux restes de monumens antiques : la porte d’Arroux est l’un des plus beaux » (extrait des Annales de la vertu ou Histoire universelle, iconographique et littéraire ; à l’usage des Artistes et des jeunes Littérateurs, et pour servir à l’éducation de la jeunesse, ouvrage publié en 1806 à Paris par S. F. du Crest Genlis) ou encore « Curiosités : la porte d’Arroux, ancien ouvrage des Romains, qui consiste, dit Millin, en deux grandes arcades pour le passage des voitures, et deux plus petites pour les gens de pied, couronnées par un bel entablement » (extrait du Guide classique du voyageur en France, dans les Pays-Bas et en Hollande, publié en 1827 par H. Reichard).

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Corpus des sources écrites relatives aux portes romaines d’Autun

Renaissance

J. Léauté (?), 1582-1600 F. Perrin, 1606 au plus tard

XVIIème siècle

E. Ladone, 1620 au plus tard F. Baudot du Buisson-Aubenay, 1646

E. Thomas, 1660 anonyme, dans NAF 11 246

XVIIIème siècle

F. Baudot, 1710 E. Martène, 1717 B. de Montfaucon, 1719

P. Papillon, 1722

B. Germain – L. Thomassin, vers 1727 Sc. Maffei, 1733 Caylus, 1759 I.-M. Crommelin, 1773 P.-J. Antoine, 1777 Cl. Courtépée, 1778 J.-B. de La Borde et al., 1784

Premier XIXème siècle

J. Rosny, 1802 A.-L. Millin, 1804 I.-M. Crommelin 1806 C.-M. Grivaud de la Vincelle, 1810-1811 R.-J.-F. Vaysse de Villiers, 1813 A. de Laborde, 1816 L.-A.-F. de Marchangy, 1819 E. de Jouy, 1827 C.-H. Maillard de Chambure, 1835 P. Mérimée, 1834-1835 A. de Caumont, 1838 Stendhal, 1837-1838

anonyme, dans Dureau de la Malle et al., 1839 E. Breton, 1839

J. S. A. Devoucoux – J. de Fontenay, 1846 F. Girardot – Royer, 1847

J. S. A. Devoucoux – J. de Fontenay, 1848 A. Nettement, 1848

Second XIXème siècle

A. de Caumont, 1862 A. Joanne, 1863 I. Taylor, 1863 E. Viollet-le-Duc, 1864 J. Roidot 1872 J.-G. Bulliot 1876 (CSF) H. de Fontenay, 1876 (CSF) J. Roidot-Deléage, 1876 (CSF) P. G. Hamerton, 1882 B. Lewis, 1883 P. Besnier, 1888 H. de Fontenay, 1889 L. Paté, 1892-1895

Premier tiers du XXème siècle

J. Déchelette, 1907 P. Allen, 1912 L. Taverne, 1921 J. Bonnerot, 1921 Thévenot, 1932 J. Bonnerot, 1933

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Tableau statistique général de la nature des documents retenus dans le corpus des sources écrites anciennes relatives aux portes romaines d’Autun

Epoque Voyageurs Travaux d’érudition

sur Autun antique

Synthèses, vulgarisation Total Renaissance 0 2 0 4 % 2 XVIIème s. 1 3 0 8% 4 XVIIIème s. 3 5 3 11 22 % 1er XIXème s. 6 4 5 29 % 15 2nd XIXème s. 2 5 6 25 % 13 1er 1/3 XXème s. 1 0 5 6 12% Total 26 % 13 37 % 19 37 % 19 100 % 51 Tableau détaillé Epoque Voyageurs Travaux d’érudition sur Autun antique Synthèses, vulgarisation Ordinaires Erudits Publications illustrées

Travaux de synthèse Vulgarisation tout public Renaissance 0 2 0 XVIIème s. 1 3 0 XVIIIème s. 0 3 5 3 0 0 1er XIXème s. 3 3 4 2 1 2 2nd XIXème s. 2 0 5 2 2 2 1er 1/3 XXème s. 1 0 0 0 - 5

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Pour la bonne interprétation des données chiffrées présentées, je précise qu’il ne s’agit pas ici d’un reflet strict de la réalité mais uniquement des témoignages retenus dans mon corpus d’étude, c’est-à-dire d’une part les témoignages conséquents sur les portes, d’autre part ceux que nous avons conservés.

La catégorie « voyageurs érudits » n’a pas vocation à stigmatiser les autres types de voyageurs mais permet de distinguer les observations d’un antiquaire non autunois de celles d’un voyageur lambda. La case correspondant aux travaux de synthèse du début du XXème siècle n’a pas été remplie car ces documents n’ont pas été intégrés dans le corpus retenu ; cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient inexistants (Blanchet en 1907, Schultze en 1909, Grenier en 1931, Frigerio en 1935). Les chiffres montrent toutefois clairement le remplacement des investigations de terrain par des ouvrages de vulgarisation qui trouvent souvent leur source principale dans l’Autun et ses monuments d’H. de Fontenay (1889).

Identité des voyageurs :

Baudot du Buisson-Aubenay (XVIIème s.), Martène, Papillon et Maffei (XVIIIème s.), Millin, Marchangy et Mérimée (voyages érudits du XIXème s.), Vaysse de Villiers, Stendhal, Dureau de la Malle, Hamerton et Lewis (autres voyageurs du XIXème s.), Allen (début XXème s.).

Identité des auteurs de travaux érudits consacrés aux vestiges antiques d’Autun : Léauté et Perrin (Renaissance), Ladone, Thomas et l’anonyme de NAF 11 246 (XVIIème s.), Baudot, Germain – Thomassin, Crommelin, Antoine et Courtépée (XVIIIème s.), Rosny, Grivaud de la Vincelle, Breton, Devoucoux et J. de Fontenay (premier XIXème s.), Roidot, Roidot-Deléage, Bulliot et H. de Fontenay à deux reprises (second XIXème s.).

Identité des auteurs de publications illustrées :

Montfaucon, Caylus et La Borde (XVIIIème s.), Laborde et Maillard de Chambure (premier XIXème s.), Taylor et Paté (second XIXème s.).

Identité des auteurs de travaux de synthèse :

Caumont (premier XIXème s.), Caumont, Viollet-le-Duc (second XIXème s.). Identité des auteurs d’ouvrages de vulgarisation :

Girardot et Nettement (premier XIXème s.), Joanne et Besnier (second XIXème s.), Déchelette, Taverne, Thévenot et Bonnerot à deux reprises (début XXème s.).

Trois contributions n’apparaissent pas dans le tableau : l’œuvre de fiction d’E.de Jouy (1827), la réédition de l’ouvrage d’E. Thomas par Devoucoux et Fontenay (1846) et les mémoires autobiographiques de Crommelin (1806).

2. Etudier les portes romaines d’Autun au moyen d’une base de données dédiée aux