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Le silence de la recherche de terrain autunoise : le temps des grandes synthèses

PREMIERE PARTIE – ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES

1. Le silence de la recherche de terrain autunoise : le temps des grandes synthèses

C’est peut-être l’intensité des activités de la Société Eduenne et la qualité des travaux qu’elle a publiés dans ce dernier tiers du XIXème siècle, sous la présidence de J.-G. Bulliot, qui expliquent le creux que l’on peut observer au cours de l’essentiel du XXème siècle512

C’est une vision partielle que de considérer que l’archéologie naît avec la disparition de l’antiquaire, homme de cabinet, et l’émergence d’un homme de terrain, l’archéologue : l’archéologie progresse aussi grâce aux synthèses de ces archéologues du début du siècle, fussent-elles inégales ou dépassées (comment pourraient-elles d’ailleurs ne pas l’être ?). Si ces travaux ne livrent pas (ou peu) de données archéologiques nouvelles, en revanche ce sont des interprétations qu’ils proposent et qu’il est ensuite possible de discuter et de préciser.

. Le dynamisme du XIXème siècle a souvent été opposé au silence de la recherche autunoise du début du XXème siècle : cela dit, plutôt que de considérer que les recherches archéologiques sur le terrain connaissent une forte diminution, il faut avoir l’honnêteté de constater que la première décennie du XXème siècle a été décisive pour l’ensemble de la recherche archéologique. Ces années marquent en effet le temps des grandes synthèses archéologiques, approches de grande ampleur relativement négligées au siècle précédent – si l’on excepte le

Cours d’Antiquités de l’archéologue normand, A. de Caumont : C. Jullian et son Histoire des

Gaules (1908/1926), A. Blanchet et sa synthèse sur les enceintes romaines en Gaule, la

réalisation par le commandant Espérandieu du Recueil général des bas-reliefs de la Gaule

romaine, sans parler du travail considérable réalisé par J. Déchelette (1908-1914) puis A. Grenier (1931/1960), ni évidemment des grandes synthèses réalisées par des chercheurs étrangers.

1.1.Premières approches synthétiques autour des portes romaines d’Autun

512 La Société Eduenne semble essoufflée, ses membres les plus dynamiques ont disparu sans qu’un nombre suffisant de nouveaux membres ne prenne leur suite, ses travaux sont, bien sûr, perturbés par les guerres qui non seulement expliquent l’interruption des travaux pendant plusieurs années mais qui causent aussi des pertes irremplaçables dans les rangs des érudits éduens. La conjonction de ces facteurs explique le silence du XXème siècle comparé au dynamisme et à la prolixité du XIXème siècle.

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C’est en 1907 qu’Adrien Blanchet publie Les enceintes romaines de la Gaule : étude

sur l’origine d’un grand nombre de villes françaises, synthèse au sein de laquelle le chercheur commence par exposer, région par région, province par province, le catalogue des villes fortifiées des provinces de Gaule (Trois Gaules et Narbonnaise) et de Germanie. En ce qui concerne les portes romaines d’Autun, qu’il attribue au Ier siècle, A. Blanchet expose l’ensemble de la bibliographie qu’il connaît, à savoir Thomas 1846 (1660), Chamillart 1711, Maffei 1733, Millin 1807a et 1807b, Laborde 1816, Caumont 1831, Mérimée 1835, Devoucoux – Fontenay 1848, Nettement 1848, Taylor 1863, Viollet-le-Duc 1864, Roidot 1872, Fontenay – Roidot-Deléage 1872, Gloria 1877, Fontenay 1877, Fontenay 1889 et Joanne 1890 sans négliger les photographies des archives de la Commission des Monuments historiques, ni le fonds du département des Estampes de la Bibliothèque nationale513

A l’issue du catalogue, l’un des chapitres synthétiques est consacré aux portes urbaines. Les portes d’Autun sont érigées en exemples de véritables portes urbaines (à la différence des portes de villes dont le décor trahit la fonction honorifique, selon lui) en raison de la présence des « corps de garde », c’est-à-dire des tours de flanquement à talon. Autre caractéristique qui fait d’elles le modèle achevé de la porte urbaine : la présence de quatre passages, avec deux baies centrales flanquées de deux baies de moindre taille

. Ceci est emblématique du tri progressif qui se fait au cours du XXème siècle dans la bibliographie autunoise : les travaux des antiquaires, Léauté, Ladone, l’abbé Germain, Courtépée, Grivaud de la Vincelle ou Breton, ne sont plus cités, ni lus. Ne restent que les principales publications de la Société Eduenne (la réédition d’E. Thomas comprise) ainsi que sur le plan national, Millin, Caumont et Viollet-le-Duc dont les travaux ont en effet été considérés dès le XIXème siècle comme des ouvrages de référence. La porte d’Arroux se voit décrite en deux lignes tandis que douze lignes sont accordées à la porte Saint-André, ce qui donne l’occasion au chercheur de mentionner deux restaurations effectuées au XIXème siècle et de préciser que la galerie supérieure est une réfection antique. La source principale d’A. Blanchet est clairement l’ouvrage de Fontenay (1889) dont il reprend jusqu’aux illustrations. On observe toutefois quelques observations propres à Blanchet, notamment la réflexion sur le niveau de la galerie supérieure des portes, situé à 11 m de hauteur et utilisé jusqu’alors pour restituer la hauteur du chemin de ronde des murs de courtine : le chercheur fait remarquer qu’il faut envisager qu’une différence de niveau entre le chemin de ronde et le niveau de circulation de la galerie pourrait être réglée par deux petits escaliers de part et d’autre de la galerie.

514. S’ensuivent des considérations sur le système de fermeture des portes qui, comme le reste des remarques, n’aboutissent à aucune conclusion réelle. Le propos demeure très descriptif et ne propose ni typologie, ni réflexion sur l’évolution du modèle architectural de la porte urbaine. Les portes urbaines les plus souvent mentionnées par Blanchet comme comparables à celles d’Autun sont la porte d’Auguste à Nîmes, la porte de Cologne et la porta Nigra de Trèves.

Dès 1916, Albert Grenier se voit confier, à la demande de Camille Jullian, la poursuite de l’œuvre inachevée de Joseph Déchelette, ce dont l’archéologue s’acquitte à partir de 1931, date à laquelle est publiée la première partie de son Manuel d’archéologie gallo-romaine,

Généralités – Travaux militaires. C’est la porte d’Arroux qui illustre la couverture de ce volume, reconnaissance ultime de la primauté des portes urbaines d’Augustodunum au sein de l’ensemble des vestiges gallo-romains.

Les descriptions de la porte d’Arroux et de la porte Saint-André sont d’abord menées de front comme si elles étaient identiques. Le choix peut sembler étrange à première vue mais il est parfaitement cohéret avec l’effort de synthèse que s’impose A. Grenier : les matériaux de construction employés aux deux portes sont les mêmes et leur plan présente des

513 Blanchet 1979, p. 14-20. 514 Blanchet 1979, p. 268-269.

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similitudes. Le développement sur la restauration de la porte Saint-André révèle qu’A. Grenier n’a pas bien cerné les limites de l’intervention de Viollet-le-Duc : il croit que ce dernier a entièrement remonté la galerie supérieure au point qu’il se demande si l’architecte n’a pas, à tort, ajouté une volée d’arcades côté ville (alors que la porte d’Arroux ne possède qu’une volée d’aracdes côté campagne)515

Il est intéressant de constater que c’est en replaçant les portes d’Autun dans la série architecturale des portes urbaines romaines qu’A. Grenier en vient à proposer une datation augustéenne pour leur construction. Je crois par ailleurs que Grenier est le premier chercheur à s’étonner de l’absence de cour intérieure au niveau des portes d’Autun : ici encore, c’est la connaissance d’autres portes contemporaines, en Narbonnaise et en Italie, qui suscite cette interrogation légitime qui sera ensuite reprise avant d’être aujourd’hui démontrée. Les parallèles que l’archéologue convoque pour replacer les portes d’Augustodunum dans une série architecturale sont tout à fait intéressantes et pertinentes : la porte d’Auguste à Nîmes, la

porta Praetoria et l’arc honorifique d’Aoste, la porte urbaine de Fano, le cosidetto arc d’Auguste de Rimini et la porta Nigra de Trèves.

. Il est pourtant assuré que les deux pans de la galerie supérieure sont antiques et, dès le XVIème siècle, ils sont tous deux représentés. Là encore, ce sont les travaux d’H. de Fontenay qui servent de source principale, en particulier lors de l’exposé des dimensions des portes. Même les erreurs d’H. de Fontenay sont reprises (supposer que P. Mérimée ait pu parler en 1835 de la restauration de la porte Saint-André par Viollet-le-Duc qui ne commence pas avant la fin de l’année 1847 ; considérer que les sillons de herse de la porte d’Arroux aient pu être pratiqués a posteriori). A. Grenier ne manque toutefois pas de prendre ses distances avec H. de Fontenay sur un point capital : la datation flavienne des portes. Selon lui, pour la porte d’Arroux comme pour la porte de Saint-André, le premier niveau et le second niveau (la galerie supérieure) relèvent de deux phases distinctes, la première étant augustéenne et la seconde sans doute constantinienne.

Les chercheurs étrangers, allemands et italiens, ne sont pas de reste : R. Schultze publie en 1909 une étude synthétique sur les portes urbaines romaines, Die römischen

Stadttore. Au milieu des années 1930, l’architecte italien F. Frigerio profite d’une étude monographique sur l’enceinte romaine de Côme pour y adjoindre la première étude synthétique du type architectural de la porte urbaine romaine, Antiche Porte di città italiche e

romane. Dans la lignée de la contribution de Frigerio, vient l’article de synthèse de H. Kähler : Die römischen Torburgen der frühen Kaiserzeit (1942). Ces synthèses, dépassées sur nombre de points en raison des progrès continuels de la recherche, sont précisément à l’origine des progrès ultérieurs de la recherche : elles ne sont pas une rupture avec les travaux menés par la Société Eduenen au siècle précédent mais en sont l’accomplissement logique. En ce qui concerne Autun, elles s’appuient sur les travaux antérieurs pour développer leurs propres réflexions, nourries par l’approche comparatiste qui est la leur ainsi que par la réalisation de nouveaux relevés et, en particulier, par l’élaboration d’hypothèse de restitution architecturale du plan et des élévations des portes d’Autun516.

1.2.Un siècle de pause des recherches de terrain sur les portes urbaines

Entre la disparition de Roidot-Deléage (1878) et d’H. de Fontenay (1889) d’une part et les années 1980 d’autre part, bien peu de chercheurs s’intéressent aux portes romaines d’Autun. Les temps ne sont plus à la recherche de terrain et à la nouveauté à Autun : les historiens et archéologues dignes de ce nom se contentant de vulgariser les connaissances

515 Grenier 1931, p. 343, note 1.

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contenues dans Autun et ses monuments, leurs travaux prennent alors la forme de petits guides. Joseph Déchelette s’y prête en 1907 à l’occasion d’une session du Congrès archéologique de France517, de même que l’abbé Berthollet, autre membre de la Société Eduenne, correspondant de la Commission des Monuments historiques, qui offre au public un guide en 1948. Au milieu d’une description rapide qui doit beaucoup à H. de Fontenay ou à A. Grenier, l’abbé Berthollet introduit une hypothèse qui lui est propre : la galerie de la porte d’Arroux aurait été endommagée lors du siège imposé par Victorinus (et non Tetricus, comme le dit l’abbé) en 269-270 et les blocs cassés auraient été retirés au IVème siècle en vue d’une restauration de la galerie qui n’eut jamais lieu518.

Mis à part ces deux guides sommaires dus à des savants reconnus, quatre ouvrages relatifs à Autun et à ses vestiges paraissent dans les années 1920 et 1930 : ils sont dus à L. Taverne, J. Bonnerot et E. Thévenot. Etant donné qu’aucun n’apporte réellement d’informations complémentaires depuis H. de Fontenay et son Autun et ses monuments (1889) qui leur sert clairement de source principale, leur présentation sera réduite519

L. Taverne, imprimeur autunois, publie en 1921 un ouvrage sans prétention scientifique, intitulé Autun : époque romaine, époque moyen-âge, époque moderne. Il relève en effet davantage du guide à l’usage du visiteur que du travail historique tant il s’apparente au Guide pittoresque de l’étranger à Autun de F. Girardot (1847).

.

Jean Bonnerot (1882-1964), bibliothécaire à la Sorbonne, est l’auteur d’un Autun (1921) et d’un Autun et le Morvan (1933), plus développé que le précédent. Bien qu’il considère que les travaux de Viollet-le-Duc aient alourdi la silhouette de la porte Saint-André, les diverses réparations et restaurations sont mentionnées avec une rare précision, pour les deux portes les mieux conservées. Il n’oublie pas de faire le point sur la porte de Rome, ni sur la porte Saint-Andoche dont il signale la tour conservée. Plusieurs erreurs ponctuent toutefois sa description des portes d’Autun : il parle du séjour autunois de Stendhal comme d’un événement réel, il considère que l’état visible de la galerie de la porte d’Arroux avec ses trois arcades manquantes ne résulte pas d’une destruction mais témoigne de son inachèvement520, il parle tantôt de portes, tantôt d’arcs de triomphe, il se méprend en considérant que la porte Saint-Andoche n’a été démantelée qu’en 1584. Il rejette en revanche, à juste titre, la proposition de Viollet-le-Duc de dater du Moyen Âge la herse de la porte d’Arroux. Son style est souvent lyrique : « les moellons en escalier attendent que les pierres soient posées, pour que les arceaux de la galerie poursuivent plus loin leur dentelle immense dans le ciel »521

Emile Thévenot (1904-1966), alors jeune professeur, vécut deux ans à Autun avant d’obtenir une mutation pour Nîmes ; les travaux de ce membre de la Société Eduenne sont emblématiques du désert scientifique que constitue ce début de XXème siècle à Autun, dès lors que l’on se rappelle le dynamisme et la compétence des Fontenay, Bulliot et autres Roidot-Deléage. L’apport des travaux d’E. Thévenot en ce qui concerne les antiquités d’Autun est en

. En somme, le travail de J. Bonnerot n’est pas inintéressant mais sa contribution ne présente aucune avancée par rapport à l’ouvrage de Fontenay (1889) dont il ne s’éloigne que pour remonter la date de construction de la porte d’Arroux avant le changement d’ère.

517 Déchelette 1907. L’archéologue indique explicitement que son guide n’est qu’un « petit abrégé » de l’ouvrage d’H. de Fontenay (1889). Fidèle à sa parole, à aucun moment il ne s’écarte du chemin tracé par son prédécesseur. 518 Berthollet 1948, p. 10.

519 Cf tome II, fiches « Taverne 1921 », « Bonnerot 1921 », « Bonnerot 1933 », « Thévenot 1932 »/

520 Ce propos résulte manifestement d’une mauvaise compréhension des propos d’H.de Fontenay (1889). Ce dernier évoque l’inachèvement de la galerie supérieure de la porte d’Arroux parce que, sur son revers, certains blocs de chapiteaux sont épannelés alors que d’autres blocs sont restés bruts de taille. A aucun moment, l’érudit autunois ne suggère que c’est la lacune de trois arcades qui lui permet de conclure à l’inachèvement de la galerie. 521 Bonnerot 1921, p. 12, 31-32 ; Bonnerot 1933, p. 18-21.

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effet quasi-nul522. Malgré sa bonne connaissance de la bibliographie autunoise du XIXème siècle, sa conception de l’Histoire se rapproche parfois des travers de certains érudits des XVIème et XVIIème siècles : ce professeur a notamment écrit un ouvrage dont le titre à lui seul dénonce le parti-pris, Les Eduens n’ont pas trahi, essai sur les relations entre les Eduens et

César au cours de la guerre des Gaules et particulièrement au cours de la crise de 52. Dans

Autun, cité romaine & chrétienne : histoire, monuments, sites (1932), E. Thévenot a davantage tendance à exprimer les impressions qu’il ressent face aux portes romaines plutôt qu’à en donner une description architecturale et archéologique. Du point de vue de la connaissance des portes romaines d’Autun et de l’étude de leur bâti, cet ouvrage ne présente aucun intérêt particulier.

1.3.L’exception : la double contribution de P.-M. Duval à la connaissance des portes d’Autun

Si la recherche sur les portes d’Augustodunum n’a pas été complètement délaissée, on, le doit à Paul-Marie Duval (1912-1997), qui succéda à C. Jullian et à A. Grenier en tant que titulaire de la chaire d’Archéologie et histoire de la Gaule au Collège de France de 1964 à 1982. A deux reprises, en effet, il a focalisé son attention sur les portes d’Autun, une première fois en 1951 pour revenir sur le problème de la datation de leur construction et une seconde fois en 1963 pour faire connaître les relevés réalisés par J. Roidot-Deléage dans le troisième quart du XIXème siècle – travail dont j’ai déjà souligné l’influence dans les progrès de la science autunoise.

Je n’insiste pas ici sur cette deuxième contribution sur laquelle je reviens dans le chapitre quatre523 pour me concentrer sur les questions de datation des portes d’Autun. P.-M. Duval est bien conscient que la datation proposée par H. de Fontenay (le règne de Vespasien) ne va pas sans poser de problèmes : l’érudit autunois considérait en effet que la construction des portes d’Arroux et de Saint-André était postérieure à celle du reste de l’enceinte urbaine. Si la proposition d’A. Grenier de remonter cette datation à l’époque augustéenne est retenue sans réserves par P.-M. Duval, le débat se situe au niveau de la galerie supérieure. Les galeries supérieures des portes d’Autun sont-elles contemporaines de la construction du premier niveau (c’est la thèse d’H. Kähler) ou correspondent-elles à une phase de réfection tardo-antique (comme le suggère A. Grenier) ? A l’instar de l’abbé Berthollet, P.-M. Duval opte pour une solution intermédiaire : la porte d’Arroux et le premier niveau de la porte Saint-André sont augustéens tandis que le deuxième niveau de la porte Saint-Saint-André est une réfection. L’étude du bâti des portes que j’ai menée confirme le phasage de Berthollet et Duval. Pour ce qui est de la datation de ces phases, P.-M. Duval cherche à affiner la proposition de Berthollet (Ier siècle pour la phase de construction, IVème siècle pour la phase de réfection) en se fondant sur les sources écrites antiques.

Les travaux de P.-M. Duval, en dépit de leur modestie, amènent à nuancer l’idée selon laquelle les portes d’Autun auraient été totalement délaissées par la communauté scientifique.

522 Rebourg 1993c, p. 63; Rebourg 1998, p. 147. Il semble qu’à la fin de sa vie E. Thévenot ait renié cet ouvrage de jeunesse, écrit pour combler un vide éditorial. Le reste de sa contribution aux études archéologiques ne doit donc pas être jugé à l’aune de sa monographie sur Autun.

523 Il s’agit d’un article, paru dans Gallia en 1963 et écrit avec P. Quoniam, dans lequel sont présentés et publiés les relevés, jusque là très peu diffusés, de l’architecte-voyer de la Société Eduenne. Ne faisant qu’ébaucher l’étude, certaines des conclusions alors formulées sont discutables. Tout le travail d’évaluation critique de la valeur des relevés de J. Roidot-Deléage reste à faire : on ne saurait d’autant moins s’en dispenser que ces relevés sont constamment utilisés depuis que P.-M. Duval et P. Quoniam les ont, pour ainsi dire, révélés à l’ensemble du monde de la recherche (Duval – Quoniam 1963).

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Toutefois, lorsque je parle du « silence » de la recherche autunoise dans les trois premiers quarts du XXème siècle, c’est moins pour signifier un silence de mort que par contraste avec le foisonnement et le dynamisme du siècle précédent. D’une part, l’interruption des recherches archéologiques qui caractérise cette période est un phénomène national lié aux deux conflits mondiaux, d’autre part, le site d’Autun n’a jamais complètement cessé de susciter l’intérêt. Il y a toujours eu au moins un chercheur pour continuer à travailler sur Autun antique, qu’il s’agisse, avant guerre, de C. Boëll (1877-1940) et de J. Berthollet524 (1905-1953) ou, dans la seconde moitié du siècle, de G. Vuillemot, de J.-P. Guillaumet et d’A. Rebourg – chercheurs qui restent tous liés d’une manière ou d’une autre à la Société Eduenne ou au musée Rolin. L’une des causes de cette impression de vide scientifique au XXème siècle réside assurément dans le fait que les travaux de C. Boëll et surtout de J. Berthollet sont restés inédits alors qu’ils prolongeaient et amendaient utilement les résultats du siècle précédent. Les années 1970 et 1980 marquent un renouveau de la recherche avec notamment le développement des fouilles de sauvetage et, en 1984, la création du service archéologique municipal, aujourd’hui appelé du nom de son premier responsable, le centre d’archéologie et du patrimoine Alain