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Oncologie : Article pp.279-281 du Vol.1 n°4 (2007)

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EXTRAIT DE COMMUNICATION

Troubles sexuels au cours des traitements antide´presseurs lors de leur utilisation dans les cancers gyne´cologiques

C. Perdrizet-Chevallier

Introduction

Les diffe´rents traitements des cancers gyne´cologiques laissent fre´quemment chez les patientes des se´quelles non ne´gligeables, en particulier sur le plan des fonctions sexuelles avec un retentissement sur leur qualite´ de vie [5]. Ainsi, ces femmes atteintes de cancers gyne´cologiques souffrent de troubles sexuels lie´s :

– aux interventions chirurgicales : mammectomie, ovariectomie, ou hyste´rectomie ;

– aux traitements chimiothe´rapiques et radiothe´rapi- ques entraıˆnant chute des cheveux, douleurs et fatigue ;

– aux traitements hormonaux qui provoquent des prises de poids.

L’ensemble de ces troubles provoque de se´rieuses perturbations de l’image du corps et de la repre´sentation de la fe´minite´, d’ou` les troubles sexuels [15].

Objectifs

De nombreuses e´tudes de´montrent que 20 a` 25 % de ces femmes souffrent d’e´tats de´pressifs dont on connaıˆt l’impact sur la sexualite´ [1,13]. De plus, la pre´sence d’un e´tat de´pressif pre´ce´dant un acte chirurgical, telle une vulvectomie, est un facteur de risque supple´mentaire de de´veloppement de troubles sexuels ulte´rieurs [3].

Les e´tats de´pressifs sont parfois difficiles a` reconnaıˆtre parmi l’ensemble des troubles cognitifs, psychologiques et physiques rencontre´s durant la maladie cance´reuse. En effet, certains symptoˆmes communs (fatigue, perte d’appe´tit, troubles du sommeil et de la concentration,

baisse de la libido) peuvent se confondre avec les manifestations somatiques induites par les perturbations lie´es au cancer lui-meˆme ou a` ses traitements [6]. Cela impose d’avoir recours a` une e´chelle d’e´valuation de l’e´tat de´pressif excluant les signes physiques. L’e´chelle HADS est ainsi couramment utilise´e dans le de´pistage des troubles anxio-de´pressifs en cance´rologie [10].

Une fois la de´pression reconnue, il s’agit de la traiter par antide´presseur en comple´ment de laquelle une psychothe´rapie semble essentielle ainsi que de la relaxa- tion [9].

Les approches psychothe´rapeutiques de la de´pression repre´sentent parfois une solution alternative a` l’emploi de psychotropes et peuvent dans certains cas eˆtre utilise´es seules, efficacement et sans effets secondaires ne´fastes sur la sexualite´ [14].

Nous voudrions par cet article sensibiliser les praticiens potentiellement prescripteurs d’antide´presseurs sur les effets inde´sirables d’ordre sexuel de ces mole´cules. Cette iatroge´nie me´dicamenteuse s’ajoute a` celle qui est induite par les traitements des cancers gyne´cologiques.

Il s’agit, en effet, de pre´server la sexualite´ lors de la prescription du traitement antide´presseur, parfois lui- meˆme a` l’origine de dysfonctionnement sexuel.

Me´thode

A` travers notre expe´rience de clinicienne et une bre`ve revue de la litte´rature, nous de´taillerons les effets attendus des diffe´rentes classes d’antide´presseurs sur les fonctions sexuelles et les e´ventuels moyens pour y reme´dier.

Discussion

De tre`s nombreuses patientes sont actuellement traite´es par les antide´presseurs se´rotoninergiques commune´ment appele´s IRS (inhibiteurs de la recapture de la se´rotonine).

Catherine Perdrizet-Chevallier (*) De´partement de psychiatrie,

IHP, ACCA-CMP Exelmans, 55000 Bar-le-Duc, France E-mail : catherine.perdrizetchevallier@wanadoo.fr Psycho-Oncologie (2007) 1: 279–281

©Springer 2007

DOI 10.1007/s11839-007-0049-6

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

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Tous peuvent eˆtre responsables de troubles sexuels a`

des degre´s divers, du fait de leur action sur le re´cepteur 5HT2 de la se´rotonine [13].

Le vrai dilemme du psychiatre ou du psycho-oncologue se trouve la` :

A` quel moment faut-il choisir d’utiliser des anti- de´presseurs susceptibles d’aggraver les troubles de la sexualite´ chez ces femmes fragiles ?

En effet, la prescription d’antide´presseur n’est jamais anodine, car elle devra se faire sur une dure´e classique- ment comprise entre six mois et un an afin d’e´viter les risques de re´cidives [12].

Certes, le proble`me de la le´gitimite´ de cette prescription ne se pose pas lorsque les scores aux e´chelles de cotation de la de´pression retrouvent des chiffres e´leve´s, synonymes de gravite´. Le profil d’action recherche´ et le degre´ de tole´rance de la mole´cule choisie guideront le prescripteur en confirmant son impression clinique.

En revanche, dans le cas des e´tats de´pressifs « dits le´gers », voire de troubles de l’adaptation avec humeur de´pressive, il ne faut jamais prendre de risque.

Et si l’on doit avoir recours a` ceux-ci, la patiente devra eˆtre e´troitement surveille´e et l’on devra re´gulie`rement faire des e´valuations de ses troubles sexuels, par exemple a`

l’aide d’e´chelles spe´cifiques telles que l’e´chelle Asex (Arizona sexual rating scale) ou bien RSI (Rush sexual inventory) [8,15,18].

Dans la pratique clinique, de nombreuses familles d’antide´presseurs, tels que les ISRS, NaSSA ou IRSNa, sont actuellement utilise´es et cela sans aucun controˆle de leur retentissement sur la sexualite´ des patientes.

On ne retrouve que tre`s peu d’e´tudes sur les troubles sexuels induits par la prise d’antide´presseurs. De meˆme, les e´tudes concernant la sexualite´ chez les femmes ayant des antide´presseurs sont assez limite´es.

Les quelques e´tudes disponibles concernent les anti- de´presseurs ISRS [8,9] ou NaSSA (telle la mirtazapine ou Norset®) [7]. La mirtazapine a l’avantage de ne pas entraıˆner de troubles sexuels, mais l’inconve´nient est le risque d’une prise de poids. Ce produit reste donc inte´ressant pour les femmes ayant perdu beaucoup de poids et exprimant une tre`s forte angoisse.

Certains IRSNa, tel l’Ixel®ou chlorhydrate de milnaci- pran, peuvent eˆtre utilise´s en premie`re intention quand les femmes ont peur de prendre du poids, car ils sont de´pourvus d’effets sur la sexualite´ et sur une prise de poids [16]. Enfin la duloxe´tine (Cymbalta®), en cours de commercialisation, serait susceptible de ne donner que tre`s peu d’effets inde´sirables sur la sexualite´ [4].

Les troubles sexuels induits par les antide´presseurs peuvent eˆtre une absence ou une diminution de la libido, une absence ou une diminution de lubrification, une absence d’orgasme [8,11].

Malheureusement, les psychiatres sous-estiment ou me´connaissent ces effets ne´gatifs sur la sexualite´. Il est pourtant essentiel de faire une e´valuation des troubles sexuels avant la mise en route du traitement et de bien informer les patientes des risques des traitements qui vont eˆtre mis en place.

Concernant l’utilisation des antide´presseurs responsa- bles de troubles des fonctions sexuelles, plusieurs attitudes ont e´te´ sugge´re´es [11,17] : re´duction des posologies utili- se´es, feneˆtre the´rapeutique, remplacement par un autre antide´presseur moins de´le´te`re sur la sexualite´ (par exemple la tianeptine ou Stablon®) [2].

De manie`re ge´ne´rale, la prudence est d’avoir recours a` des psychothe´rapies ou a` des se´ances de relaxation en association avec les antide´presseurs.

Conclusion

Il est important pour le clinicien de reconnaıˆtre ces dysfonctionnements tout au long du suivi, car ceux-ci peuvent eˆtre source de proble`me quant a` l’adhe´sion au traitement et, de ce fait, compromettre l’ame´lioration de ces patientes [8].

Il est essentiel de prendre en compte la variabilite´ chez chaque femme, du ve´cu sexuel et de la place de la sexualite´

dans chaque couple, d’ou` l’importance d’une e´valuation initiale par le psychiatre, et une personnalisation de la prise en charge.

Re´fe´rences

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6. Manzanera C, Lalay N, Papet N, Senon JL (2003) Cancer, de´pression et anxie´te´. Ann Med Psychol 161: 140-7

7. Nutt DJ (2002) Tolerability and safety aspects of Mirtazapine. Hum Psychopharmacol 17 Suppl. 1: S37-41

8. Perdrizet-Chevallier C (2001) Troubles sexuels au cours des traitements antide´presseurs Inhibiteur de la recapture de la se´rotonine. Savoir les de´celer, les prendre en charge et e´ventuelle- ment les traiter. Ann Med Psychol 159: 124-7

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