MPSI B 2012-2013 DS 7 (le 08/02/13) 29 juin 2019
Problème 1.
Dans ce problème, lorsque P est un polynôme, on notera simplement P (a) le résultat de la substitution de X par a dans P .
Un nombre de Pisot est un nombre réel strictement plus grand que 1 et qui est racine d'un polynôme unitaire de degré au moins 1 , à coecients dans Z et dont toutes les autres racines dans C sont de module strictement plus petit que 1 .
On peut le reformuler ainsi : θ ∈ R est un nombre de Pisot si et seulement si θ > 1 et s'il existe P ∈ Z [X ] de coecient dominant 1 tel que
∀u ∈ C : u 6= θ P (u) = 0
)
⇒ |u| < 1
Partie I. Exemples
On note
1θ 0 = 1 2 (1 + √
5) et, pour tout n ∈ N
∗,
P n = X n (X 2 − X − 1) + X 2 − 1
1. En considérant X 2 − X − 1 , montrer que θ 0 est un nombre de Pisot.
2. Étude de P 1 = X 3 − X − 1 .
a. Montrer que P 1 a une unique racine réelle
2, notée θ 1 et appartenant à ]1, √ 2[ . b. Montrer que θ 1 est un nombre de Pisot.
c. Montrer que θ
1θ
−11= 1 + θ 1 + θ 2 1 . 3. Étude de P 2 = X 4 − X 3 − 1 .
a. Former le tableau de variations de la fonction d'une variable réelle associée à P 2 . En déduire que P 2 admet deux racines réelles notées α et θ 2 avec α < θ 2 . Où se placent-elles par rapport à −1 , 0 , 1 ?
b. Montrer que P 2 (− θ 1
2
) est strictement négatif.
c. Montrer que θ 2 est un nombre de Pisot.
4. a. Pour tout n ∈ N
∗, montrer que P n admet une racine réelle dans ]1, θ 0 [ . On admet qu'elle est unique et que c'est un nombre de Pisot. On le note θ n . b. Calculer puis factoriser le reste de la division de P n+1 par P n en traitant à part
les cas n = 1 et n = 2 . En déduire que (θ n ) n∈N
∗est strictement croissante.
c. Montrer que (θ n ) n∈
N∗
converge vers θ 0 .
1
Ce réel θ
0est aussi appelé nombre d'or.
2
Ce réel θ
1est appelé aussi nombre d'argent ou nombre plastique.
Partie II. Algorithme d'Euclide.
Soit y 6= 1 un nombre complexe.
1. Calculer la suite, commençant par X 3 − X − 1, X 2 − y , des polynômes obtenus par l'algorithme d'Euclide.
2. a. Caractériser de deux manières la propriété : X 3 − X − 1 et X 2 − y ont une racine en commun dans C.
b. En déduire que θ 2 1 est un nombre de Pisot et préciser un polynôme unitaire de Z [X] dont il est la seule racine de module strictement plus grand que 1 .
3. Montrer que θ 3 1 est un nombre de Pisot et préciser le polynôme de Z [X ] dont il est la racine de module strictement plus grand que 1 .
Partie III. Puissances presque entières.
Soit a 1 , a 2 , a 3 trois nombres complexes non nuls. On note S 0 = 3 et, pour tout n non nul dans Z, S n = a n 1 + a n 2 + a n 3 .
Dans cette partie, a 1 , a 2 , a 3 sont les trois racines complexes du polynôme P 1 = X 3 − X −1 déni en I et le nombre de Pisot θ 1 déni en I.2 et racine de P 1 sera désigné par θ .
1. a. Calculer S 1 , S 2 , S
−1.
b. Calculer S 3 et montrer que la suite (S n ) n∈
N
vérie une relation de récurrence à préciser.
2. a. Montrer que, pour tout x réel, | sin x| ≤ |x| . b. Montrer que, pour tout k et n dans N,
sin 2 (πθ k ) ≤ 4π 2 θ k ,
n
X
k=0
sin 2 (πθ k ) ≤ 4π 2 θ θ − 1 3. Soit u > 0 . Montrer que la suite Q n
k=0 cos(uθ
−kn∈N est convergente. Dans toute la n de cette partie, sa limite est notée Γ(u) .
4. Soit n naturel non nul et s 1 , s n , · · · , s n dans ]0, 1[ . Montrer que (1 − s 1 )(1 − s 2 ) · · · (1 − s n ) ≥ 1 − (s 1 + s 2 + · · · + s n ) 5. a. Montrer que Q n
k=0 cos 2 (πθ
−kn∈
Nconverge vers un réel A > 0 . b. Montrer que Q n
k=0 cos 2 (πθ k
n∈
Nconverge vers un réel B > 0 . c. Montrer que Γ(πθ m ) 2
m∈N converge vers AB . En déduire que Γ ne converge pas vers 0 en +∞ .
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
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Rémy Nicolai S1207EMPSI B 2012-2013 DS 7 (le 08/02/13) 29 juin 2019
Problème 2.
Dans tout ce problème Q [X ] (respectivement Z [X ] ) désigne l'ensemble des polynômes à une indéterminée, à coecients dans Q (respectivement Z). Ces ensembles sont des anneaux commutatifs pour les lois + et × usuelles sur les polynômes.
Un polynôme Φ de Q [X ] (respectivement Z [X ] ) est dit irréductible sur Q (respectivement Z) s'il n'est ni constant, ni de la forme Φ = P Q avec P , Q dans Q [X] (respectivement Z [X ] ) et deg(P ) ≥ 1 , deg(Q) ≥ 1 .
Partie 1. Exemples.
1. Montrer que les polynômes X 2 − X − 1 et X 3 − X − 1 sont irréductibles sur Z.
2. Soit n ∈ N
∗et a 1 , . . . , a n des entiers relatifs deux à deux distincts. Dénissons Φ par Φ = (X − a 1 ) . . . (X − a n ) − 1
On remarque que Φ ∈ Z [X] . Le but de la question est de montrer qu'il est irréductible sur Z. Supposons qu'il existe P et Q dans Z [X] de degré supérieur ou égal à 1 et vériant Φ = P Q .
a. Montrer que a 1 , . . . , a n sont des racines de P + Q . b. En déduire que Φ = −P 2 .
c. Conclure.
3. Soit n un entier naturel impair et soient a 1 , . . . , a n des entiers relatifs deux à deux distincts. Montrer que (X − a 1 ) . . . (X − a n ) + 1 est irréductible dans Z.
Partie 2. Lemme de Gauss.
Soit P = P n
k=0 a k X k un polynôme non nul de Z [X ] . On dénit le contenu de P , noté c(P ) par
c(P) = pgcd (a 0 , . . . , a n ) Le polynôme P est dit primitif si c(P ) = 1 .
Soient P et Q dans Z [X ] .
1. On suppose dans cette question que P et Q sont primitifs.
Notons P =
n
P
k=0
a k X k , Q =
m
P
k=0
b k X k et P Q =
r
P
k=0
c k X k . Soit p un nombre premier.
a. Montrer qu'il existe un plus petit entier k ∈ {0, . . . , n} tel que p ne divise pas a k . Notons le k 0 .
Notons, de même, k 1 le plus petit entier k ∈ {0, . . . , m} tel que p ne divise pas b k . b. Montrer que p ne divise pas c k
0+k
1c. En déduire que c(P Q) = 1 .
2. Montrer que c(P Q) = c(P)c(Q) (lemme de Gauss).
Partie 3. Critère d'Eisenstein.
1. Soit Φ ∈ Z [X ] pour lequel il existe des polynômes P et Q de degré supérieur ou égal à 1 et à coecients rationnels tels que Φ = P Q . Montrer qu'il existe deux polynômes P 0 et Q 0 de Z [X ] proportionnels respectivement à P et Q et tels que Φ = P 0 Q 0 . 2. Soit Φ ∈ Z [X] . Montrer que Φ est irréductible sur Q si et seulement si il est irréductible
sur Z.
3. Soit Φ =
n
P
k=0
a k X k un polynôme non constant de Z [X ] . On suppose qu'il existe un nombre premier p tel que :
• p ne divise pas a n
• p divise a i pour i ∈ {0, . . . , n − 1}
• p 2 ne divise pas a 0
Montrer que Φ est irréductible sur Q.
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
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