L.E.G.T.A. Le Chesnoy TB2−2011-2012
D. Blotti`ere Math´ematiques
Chapitre III
D´ erivabilit´ e d’une bijection r´ eciproque
Table des mati` eres
1 Rappels sur le th´eor`eme de la bijection 2
2 D´erivabilit´e et d´eriv´ee d’une bijection r´eciproque 6
3 La fonction arcsinus 7
4 La fonction arccosinus 8
5 La fonction arctangente 10
1 Rappels sur le th´ eor` eme de la bijection
Notation :On noteRl’ensembleR∪ {−∞,+∞}.
Th´eor`eme 1 (crit`ere d’existence de limites aux bornes d’un intervalle de d´efinition) :Soita, b∈R.
1. Soit f: [a, b[→ R une fonction monotone. Alorsf(x) tend vers une limite finie ou infinie quand x tend versb−.
2. Soit f: ]a, b]→R une fonction monotone. Alorsf(x) tend vers une limite finie ou infinie quand xtend versa+.
⋄ Exercice 1 Soitf la fonction d´efinie par :
f: [1,+∞[→R; A7→
Z A 1
e−x
2 2 dx
et soitgla fonction d´efinie par :
g: [1,+∞[→R; A7→
Z A 1
e−x2 dx.
1. ´Etudier le comportement asymptotique deg en +∞.
2. Montrer quef est croissante sur [1,+∞[. Que peut-on en d´eduire quant au comportement asymptotique def en +∞?
3. Montrer que pour toutx∈[1,+∞[ :
e−x
2
2 ≤e−x2.
4. En d´eduire quef(A) tend vers une limite finie quandAtend vers +∞. Th´eor`eme 2 (th´eor`eme des valeurs interm´ediaires)
1. 1`ere version : Soit I un intervalle et soit f: I → R une fonction continue sur I. Alors f(I) est un intervalle.
2. 2`eme version : SoitI un intervalle et soit f: I → R une fonction continue surI. Pour tout a, b∈ I, pour touty entref(a) etf(b), il existexentreaet btel quef(x) =y.
⋄ Exemple 1
1. La fonctionf, repr´esent´ee graphiquement ci-dessous, est d´efinie sur l’intervalle [1,3] et n’est pas continue sur [1,3] (elle n’est pas continue en 2). Son image, qui est [0,2]∪[3,5], n’est pas un intervalle. L’hypoth`ese de continuit´e dans le th´eor`eme des valeurs interm´ediaires est donc importante.
1 2 3 4 5
−1
1 2 3 4
−1
[
b
b b
2. La fonction f, repr´esent´ee graphiquement ci-dessous, est d´efinie et continue sur l’ensemble [1,3]∪[4,6]
qui n’est pas un intervalle. Son image, qui est{1} ∪[2,4], n’est pas un intervalle. L’hypoth`ese≪I est un intervalle≫ dans le th´eor`eme des valeurs interm´ediaires est donc importante.
1 2 3 4 5
−1
1 2 3 4 5 6
−1
b b b b
3. La fonction f, repr´esent´ee graphiquement ci-dessous, est d´efinie et continue sur l’intervalle [1,9]. Elle v´erifie donc les hypoth`eses du th´eor`eme des valeurs interm´ediaires.
• 1`ere version : Son image est donc un intervalle. On trouve graphiquementf([1,9]) = [3,11].
• 2`eme version : De plus pour touta, b∈[1,9], pour tout yentref(a) etf(b), il existe xentreaet btel que f(x) =y. Ci-dessous, on illustre cette propri´et´e pour a= 3,b = 8, y = 8.6. On a bien y compris entref(a) etf(b), carf(a)<7 etf(b)>10. On voit alors qu’il existexcompris entreaetb(i.e. dans [3,8]) tel quef(x) =y. En fait, il existe 3 telsx:x1,x2etx3d´etermin´es graphiquement. On notera en particulier que le th´eor`eme des valeurs interm´ediaires donne un r´esultat d’existence, mais pas d’unicit´e.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
−1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
−1 a b
f(b)
f(a)
x1 x2 x3
y
b b
⋄ Exercice 2
1. SoitP =X3+ 5X−4. Montrer queP poss`ede au moins une racine r´eelle.
2. Soit P =X3+a2X2+a1X+a0 un polynˆome `a coefficients a0, a1, a2 r´eels de degr´e 3. Montrer queP poss`ede au moins une racine r´eelle.
3. Comment peut-on g´en´eraliser le pr´ec´edent r´esultat ?
D´efinition (ensemble image d’une application) : Soit f:E → F une application. Alors l’image de f, not´eef(E), est l’ensemble des ´el´ements def qui poss`edent au moins un ant´ec´edent parf, i.e. :
f(E) ={y∈F : ∃x∈E f(x) =y}.
⋄ Exemple 2
1. Repr´esentation d’une applicationf:E→F `a l’aide de diagrammes de Venn, puis son imagef(E).
2. D´etermination graphique, puis analytique, de l’image de la fonctionf: [0,1]→R; x7→2x−1.
Corollaire (image continue strictement monotone d’un intervalle) : Soit f une fonction continue et strictement monotone sur un intervalle I. Alors f(I) est un intervalle. Le tableau suivant donne la forme de f(I) en fonction de la forme deI et du sens de variation def.
f strictement croissante sur I f strictement d´ecroissante sur I
I= [a, b] f(I) = [f(a), f(b)] f(I) = [f(b), f(a)]
I=]a, b] f(I) =i
xlim→af(x), f(b)i
f(I) =h
f(b),lim
x→af(x)h
I= [a, b[ f(I) =
f(a),lim
x→bf(x)
f(I) =
xlim→bf(x), f(a)
I=]a, b[ f(I) =
xlim→af(x),lim
x→bf(x)
f(I) =
x→blimf(x),lim
x→af(x)
D´efinitions (application injective, application surjective, application bijective) :Soitf:E→F une application.
• On dit quef est injective si pour tout y∈F l’´equation : f(x) =y d’inconnuex∈E admet 0 ou 1 solution.
• On dit quef est surjective si pour touty∈F l’´equation : f(x) =y d’inconnuex∈E admet au moins une solution.
• On dit quef est bijective sif est injective et surjective, i.e. si pour touty∈F l’´equation : f(x) =y
d’inconnuex∈E admet une et une seule solution.
⋄ Exemple 3 : Repr´esentation d’une application f injective (resp. non injective, resp. surjective, resp. non surjective, resp. bijective) `a l’aide de diagrammes de Venn.
D´efinition (bijection r´eciproque) :Si f est bijective, on d´efinit sa bijection r´eciproque : f−1:F →E
comme ´etant la fonction qui `a touty∈F associe l’unique solution de l’´equationf(x) =y dansE. On a donc :
∀y∈F f−1(y) =x⇐⇒
f(x) =y et
x∈E .
De plus :
∀x∈E f−1◦f(x) =x et ∀y∈F f◦f−1(y) =y.
⋄ Exemple 4
1. Repr´esentation d’une applicationf bijective, puis def−1 `a l’aide de diagrammes de Venn.
2. D´emonstration de la bijectivit´e de f: [1,4]→[3,9] ; x7→2x+ 1, calcul def−1(y) pour tout y ∈[3,9], explication des repr´esentations graphiques def etf−1ci-dessous.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
−1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
y=x
Cf
Cf−1
Remarque importante : Si f est une application bijective, de repr´esentation graphiqueCf dans un rep`ere Rdu plan, alors la repr´esentation graphique def−1 dansRest le sym´etrique deCf par rapport `a la premi`ere bissectrice (i.e. par rapport `a la droite d’´equationy=x).
Th´eor`eme 3 (th´eor`eme de la bijection) :Soitf une fonction, de domaine de d´efinitionI. Si :
• I est un intervalle ;
• f est continue surI;
• f est strictement monotone surI
alorsf induit une bijectionf−1 def(I) surI. De plusf−1est continue surf(I) et de mˆeme monotonie que la fonctionf.
⋄ Exemple 5
1. En appliquant le th´eor`eme de la bijection `a la fonction sin|[−π2,π2]: h
−π 2,π
2
i→[−1,1] ; x7→sin(x)
on montre que sin|[−π2,π2]est bijective. Sa bijection r´eciproque est appel´ee fonction arcsinus et not´ee arcsin : arcsin: [−1,1]→h
−π 2,π
2 i.
On a :
∀y∈[−1,1] arcsin(y) =x⇐⇒
sin(x) =y et
x∈h
−π 2,π
2 i .
De plus :
∀x∈h
−π 2,π
2
i arcsin(sin(x)) =x et ∀y∈[−1,1] sin(arcsin(y)) =y.
Toujours grˆace au th´eor`eme de la bijection, on sait que arcsin est continue et strictement croissante sur [−1,1].
2. Calcul de arcsin(0), arcsin(√22), arcsin(−12).
2 D´ erivabilit´ e et d´ eriv´ ee d’une bijection r´ eciproque
Th´eor`eme 4 (d´erivabilit´e et d´eriv´ee d’une bijection r´eciproque ) : Soitf une application bijective et continue d’un intervalle I vers un intervalle J. Si f est d´erivable en x0 ∈ I, et si f′(x0) 6= 0, alors f−1 est d´erivable eny0=f(x0) et l’on a :
(f−1)′(y0) = 1 f′(f−1(y0)).
Remarque importante : Soit f: I → J une bijection d´erivable (et donc continue) sur l’intervalleI. Alors l’ensemble de d´erivabilit´e def−1, not´eDf′−1, est donn´e par :
Df′−1 ={y∈J : f′(f−1(y))6= 0}.
Autrement dit,D′f−1 est d´efini par la non annulation du d´enominateur dans la formule du th´eor`eme 4.
Preuve de l’assertionD′f−1 ={y∈J : f′(f−1(y))6= 0}.
⊃ Soity0 ∈J tel que f′(f−1(y0))6= 0. Soit x0 =f−1(y0). On a donc f(x0) = y0. Le th´eor`eme 4 appliqu´e enx0 montre quef−1est d´erivable eny0. On a donc l’inclusion :{y∈J : f′(f−1(y))6= 0} ⊂ D′f−1.
⊂ Soity0∈ D′f−1. Commef−1 est d´erivable eny0et quef est d´erivable enf−1(y0), la fonctionf◦f−1est d´erivable en y0. D’apr`es la formule de d´erivation d’une compos´ee, on a alors :
(f◦f−1)′(y0) = (f−1)′(y0)×f′(f−1(y0)). (1) Mais on a ´egalementf◦f−1(y) =ypour touty∈J. On en d´eduit quef◦f−1est d´erivable surJ et que pour touty∈J : (f◦f−1)′(y) = 1. En particulier on a :
(f ◦f−1)′(y0) = 1. (2)
De (1) et (2) on d´eduit que :
(f−1)′(y0)×f′(f−1(y0)) = 1. (3) Par suite, f′(f−1(y0)) ne peut ˆetre nul et doncy0 ∈ {y ∈J : f′(f−1(y))6= 0}. On a donc l’inclusion D′f−1 ⊂ {y∈J : f′(f−1(y))6= 0}.
⋆ Notons au passage que de (3), on d´eduit ais´ement la formule du th´eor`eme 4.
⋄ Exercice 3 : On se propose de donner une d´efinition de la fonction racine carr´ee et de retrouver quelques unes de ses propri´et´es, en particulier son domaine de d´erivabilit´e et sa d´eriv´ee, en appliquant le th´eor`eme 3, le th´eor`eme 4 et la remarque importante qui le suit.
Soitf la fonction d´efinie par :
f: [0,+∞[→R : x7→x2.
1. Montrer quef induit une bijection de [0,+∞[ sur [0,+∞[. On notef−1la bijection r´eciproque. C’est par d´efinition la fonction usuelle racine carr´ee. Dans la suite on r´epondra aux questions sans jamais invoquer de propri´et´es≪connues≫ de la fonction racine carr´ee.
2. Calculerf−1(4).
3. Montrer quef−1est d´erivable en 4 et calculer (f−1)′(4).
4. Donner le domaine de d´erivabilit´eD′f−1 def−1. 5. Calculer (f−1)′(y) pour touty∈ D′f−1.
3 La fonction arcsinus
La fonction arcsinus, not´ee arcsin, a ´et´e d´efinie dans l’exemple 5.
Th´eor`eme 5 (propri´et´es de la fonction arcsin)
1. La fonction arcsin est d´efinie sur [−1,1] et prend ses valeurs dans l’intervalleh
−π 2,π
2 i. 2. On a :
∀y∈[−1,1] arcsin(y) =x⇐⇒
sin(x) =y et
x∈h
−π 2,π
2 i .
3. On a :
∀x∈h
−π 2,π
2
i arcsin(sin(x)) =x et ∀y∈[−1,1] sin(arcsin(y)) =y.
4. La fonction arcsin est impaire.
5. La fonction arcsin est continue sur [−1,1].
6. Le domaine de d´erivabilit´e de arcsin est ]−1,1[.
7. Pour touty∈]−1,1[
arcsin′(y) = 1 p1−y2. 8. Le tableau de variations de arcsin est :
x −1 1
π 2
Variations de arcsin
ր
−π 2
9. Le tableau de signes de arcsin est :
x −1 0 1
Signe de arcsin − 0 +
10. La courbe repr´esentative de arcsin dans un rep`ere orthonorm´e du plan est :
0.5 1.0 1.5 2.0
−0.5
−1.0
−1.5
−2.0
0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
−0.5
−1.0
−1.5
−2.0
Csin|[−π 2,π
2]
Carcsin
y=x
⋄ Preuve du th´eor`eme 5 Remarque :La courbeCsin|[−π
2,π
2] pr´esente deux demi-tangentes horizontales : en−π
2 et en π
2. Par suite (cf.
sym´etrie par rapport `a la premi`ere bissectrice), la courbe Carcsin pr´esente deux demi-tangentes verticales : en
−1 et en 1. On retrouve ainsi graphiquement le fait que la fonction arcsin n’est d´erivable ni en−1, ni en 1.
⋄ Exercice 4 :Calculer Z 12
0
√ 1
1−x2 dx.
4 La fonction arccosinus
On d´emontre, en utilisant le th´eor`eme de la bijection, que la fonction cos|[0,π]: [0, π]→[−1,1], x 7→cos(x)
est bijective. Sa bijection r´eciproque est appel´ee fonction arccosinus et est not´ee arccos.
⋄ Exemple 6 :Calcul de arccos(0), arccos(12), arccos(−1).
Th´eor`eme 6 (propri´et´es de la fonction arccos)
1. La fonction arccos est d´efinie sur [−1,1] et prend ses valeurs dans l’intervalle [0, π].
2. On a :
∀y∈[−1,1] arccos(y) =x⇐⇒
cos(x) =y et
x∈[0, π]
. 3. On a :
∀x∈[0, π] arccos(cos(x)) =x et ∀y∈[−1,1] cos(arccos(y)) =y.
4. La fonction arccos n’a aucune propri´et´e de parit´e.
5. La fonction arccos: [−1,1]→[0, π] est continue sur [−1,1].
6. Le domaine de d´erivabilit´e de arccos est ]−1,1[.
7. Pour touty∈]−1,1[,
arccos′(y) =− 1 p1−y2. 8. Le tableau de variations de arccos est :
x −1 1
π
Variations de arccos
ց
0
9. Le tableau de signes de arccos est :
x −1 1
Signe de arccos + 0
10. La courbe repr´esentative de arccos dans un rep`ere orthonorm´e du plan est :
0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
−0.5
−1.0
−1.5
0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5
−0.5
−1.0
−1.5
−2.0
Ccos|[0,π]
y=x
Carccos
⋄ Preuve du th´eor`eme 6
Remarque :La courbeCcos|[0,π] pr´esente deux demi-tangentes horizontales : en 0 et enπ. Par suite (cf. sym´etrie par rapport `a la premi`ere bissectrice), la courbeCarccospr´esente deux demi-tangentes verticales : en−1 et en 1.
On retrouve ainsi graphiquement que la fonction arccos n’est d´erivable ni en−1, ni en 1.
Rappel (corollaire du th´eor`eme des accroissements finis) : Si f est une fonction d´erivable sur un intervalleI et si pour toutx∈I :
f′(x) = 0 alors la fonctionf est constante surI, i.e. :
∃K∈R ∀x∈I f(x) =K.
⋄ Exercice 5 :Montrer que :
∀x∈[−1,1] arcsin(x) + arccos(x) = π 2.
5 La fonction arctangente
On d´emontre, en utilisant le th´eor`eme de la bijection, que la fonction tan|]−π2,π2[ :
i−π 2,π
2
h→R, x 7→tan(x)
est bijective. Sa bijection r´eciproque est appel´ee fonction arctangente et est not´ee arctan.
⋄ Exemple 7 :Calcul de arctan(0) et arctan(1).
Th´eor`eme 7 (propri´et´es de la fonction arctan)
1. La fonction arctan est d´efinie surRet prend ses valeurs dans l’intervallei
−π 2,π
2 h. 2. On a :
∀y∈R arctan(y) =x⇐⇒
tan(x) =y et
x∈i
−π 2,π
2 h .
3. On a :
∀x∈i
−π 2,π
2
h arctan(tan(x)) =x et ∀y∈R tan(arctan(y)) =y.
4. La fonction arctan est impaire.
5. La fonction arctan est d´erivable (donc continue) surR.
6. Pour touty∈R,
arctan′(y) = 1 1 +y2. 7. On a :
arctan(x)x−→
→−∞−π
2 et donc par imparit´e arctan(x)x−→
→+∞
π 2. 8. Le tableau de variations de arctan est :
x −∞ +∞
π 2
Variations de arctan
ր
−π 2
9. Le tableau de signes de arctan est :
x −∞ 0 +∞
Signe de arctan − 0 +
10. La courbe repr´esentative de arctan dans un rep`ere orthonorm´e du plan est :
1 2 3 4 5
−1
−2
−3
−4
−5
1 2 3 4 5 6 7
−1
−2
−3
−4
−5
Ctan
|]−π2,π 2[
y=x Carctan
⋄ Preuve du th´eor`eme 7
⋄ Exercice 6 :Montrer que :
∀x∈R∗ arctan(x) + arctan 1
x
=
−π
2 six <0 π
2 six >0 .