Universit´e Pierre & Marie Curie Master de math´ematiques 1
Ann´ee 2011-2012 Module MM020
Th´ eorie des Nombres - TD6
Fonction Zˆ eta et th´ eor` eme des nombres premiers
Sauf mention explicite du contraire, les ´equivalents et les limites sont pris en +∞.
Exercice 1 : Montrer que Li(x) :=Rx 2
dt
logt ∼ logxx. Exercice 2 :
a) On d´efinit Γ(s) :=R+∞
0 e−tts dtt.
i) Montrer que Γ est holomorphe sur Re (s)>0.
ii) Montrer que pour tout s∈C tel que Re (s)>0, on a Γ(s+ 1) =sΓ(s).
iii) Montrer que Γ se prolonge en une fonction m´eromorphe sur C. On admet que celle-ci ne s’annule pas.
iv) Calculer Γ(n), pour n≥1 entier.
v) Montrer que si Re (s)>1, alors ζ(s) = Γ(s)1 R+∞
0 ts et−1dt
t.
b) Soitf une fonctionC∞surR+`a d´ecroissance rapide `a l’infini. On d´efinitL(f, s) := Γ(s)1 R+∞
0 f(t)ts dtt pour Re (s)>0.
i) Montrer queL(f, .) admet un prolongement holomorphe `aC tout entier.
ii) Montrer que pour tout n∈N, on a L(f,−n) = (−1)nf(n)(0).
c) On d´efinit les nombres de Bernoulli (Bn)n∈N par le d´eveloppement de Taylor de la fonction f0 :t7→ et−1t en 0 : on ´ecrit ce d´eveloppement P
n≥0Bntn!n.
i) Montrer queζ(s) = s−11 L(f0, s−1) pour tout s∈C tel que Re (s)>1.
ii) Montrer queζ a un prolongement m´eromorphe `aC, avec un unique pˆole, qui est simple de r´esidu 1, en s= 1.
iii) Montrer que pour toutn∈N,ζ(−n) = (−1)n Bn+1n+1 (en particulier, ζ(−n)∈Q).
d) On d´efinit la fonctionF(z) := 1z +P+∞
n=1
1
z+n+z−n1
.
i) Montrer que F est une fonction m´eromorphe sur C, avec des pˆoles simples de r´esidu 1 en les entiers. Montrer ´egalement queF est impaire et 1-p´eriodique.
ii) On note G(s) :=F(z)−πcotan(πz). Montrer que la fonctionG est born´ee sur l’ensemble des s∈C tels que|Re (z)| ≤ 12 et Im (z)≥1.
iii) En d´eduire que Gest la fonction nulle sur C.
iv) En d´eduire que pour tout k ≥ 1, on a ζ(2k) = −12B2k(2iπ)(2k)!2k (en particulier, ζ(2k) est un multiple rationnel de π2k).
Exercice 3 : L’objectif de cet exercice est de montrer la forme faible du th´eor`eme des nombres premiers qui affirme qu’il existe deux constantes A, B > 0 telles que pour tout x > 0 suffisamment grand,
A x
logx ≤π(x)≤B x logx,
et d’expliciter les constantes A etB. On rappelle que la fonction Λ :N∗ →R est d´efinie par Λ(n) = log(p) si n=pk,p premier, et Λ(n) = 0 sinon.
a) On pose T(x) :=P
n≥1Λ(n)E(xn). Montrer que T(x) =P
n≤xlog(n).
1
b) En d´eduire que T(x) =xlog(x)−x+O(logx).
c) Montrer que T(x)−2T(x2)≤π(x) log(x).
d) Montrer que l’on peut prendre pour A tout r´eel<log 2.
e) Montrer que T(x)−2T(x2)≥log(x2) π(x)−π(x2) . f) En d´eduire que π(x)≤2 log(2)Plog2(x)
k=1
x/2k
log(x/2k)+O(logx).
g) En d´ecomposant la somme pr´ec´edente enk≤ 101 log2(x) etk > 101 log2(x), montrer que l’on peut prendre pour B tout r´eel> 209 log(2).
h) En raffinant ces methodes, on peut pr´eciser ce r´esultat avecA∼0,921 etB ∼1,105. Utiliser ce r´esultat pour en d´eduire le postulat de Bertrand (asymptotique) : pour toutn≥1 suffisamment grand, il existe un nombre premier p tel quen < p≤2n.
Exercice 4 : On souhaite d´emontrer directement le postulat de Bertrand, `a savoir : pour toutn≥1, il existe un nombre premierptel quen < p≤2n.
a) Montrer que 2nn
≥ 42nn.
b) On veut montrer que pour tout r´eel x≥2, on a Q
p≤xp≤4x−1.
i) Montrer qu’il suffit de le montrer pourx=qpremier. On va alors le montrer par r´ecurrence sur q.
ii) Montrer que siq = 2m+ 1, on a Q
p≤m+1p≤4m etQ
m+1<p≤2m+1p≤ 2m+1m . iii) Montrer que 2m+1m
≤4m. iv) Conclure.
c) Montrer que la valuationp-adique de 2nn
vaut P
k≥1
E(2npk)−2E(pnk) . d) Montrer que pour tout n,p,k,E(2npk)−2E(pnk) = 0 ou 1.
e) Montrer que la valuationp-adique de 2nn
est inf´erieure ou ´egale `a max{r :pr≤2n}.
f) Montrer que sin≥3, 2nn
n’est divisible par aucun nombre premier p tel que 23n < p≤n.
g) Montrer que 2nn
≤(2n)
√2n−1Q√
2n<p≤23npQ
n<p≤2np.
h) On suppose que pour un entier n≥2, il n’existe pas de nombre premierp tel que n < p≤2n.
Montrer que 2nn
≤(2n)
√2n−142n3 .
i) En d´eduire qu’un tel nest major´e par une constante explicite.
j) Conclure.
Exercice 5 : Soita, b, x1, . . . , xndes r´eels tels quea≤x1 <· · ·< xn≤b. Soientα(x1), . . . , α(xn)∈C.
On poseA(x) :=P
xi≤xα(xi), poura≤x≤b. Soit f : [a, b]→Cune fonction de classe C1. Alors
n
X
i=1
α(xi)f(xi) =A(b)f(b)− Z b
a
A(x)f0(x)dx .
Exercice 6 :
a) Montrer que le th´eor`eme des nombres premiers implique quepn ∼nlog(n). De mˆeme, montrer qu’il implique que θ(x) :=P
p≤xlog(p)∼x.
b) Si dn:=pn+1−pn, montrer queP
n≤x dn
logn ∼x.
c) Montrer que lim inf log(n)dn ≤1≤lim suplogdnn.
d) Montrer que l’ensemble des quotients de deux nombres premiers est dense dansR+. 2
e) Montrer les formules suivantes : P
p≤x log(p)
p ∼log(x) et P
p≤x 1
p ∼log(log(x)).
f) Montrer que le th´eor`eme des nombres premiers implique que pour toutλ >1, on aπ(λx)−π(x)∼ (λ−1)log(x)x .
En d´eduire que pour tout λ > 1, il existe x(λ) ∈ R+ tel que pour tout x ≥ x(λ), l’intervalle ]x;λx] contienne un nombre premier.
Exercice 7 : On souhaite montrer que le th´eor`eme des nombres premiers implique la non-annulation deζ sur la droite Re (s) = 1.
a) On note ζP(s) := P
p 1
ps. Montrer que la fonction f(s) := log(ζ(s))−ζP(s) (d´efinie pour s ∈ ]1; +∞[) s’´etend en une fonction holomorphe sur Re (s)> 12.
b) Soitt >0. Montrer que les trois assertions suivantes sont ´equivalentes : i) ζ(1 +it)6= 0.
ii) ζP se prolonge en une fonction holomorphe au voisinage de 1 +it.
iii) ζP(σ+it) = o(log(σ−1)) quand σ→1+. c) Montrer que pour Re (s)>1, on aζP(s) =P∞
n=1π(n) (n−s−(n+ 1)−s).
d) Montrer qu’il existe une fonction holomorphe sur Re (s) > 0, not´ee δ, telle que pour tout s, si Re (s)>1, on aζP(s) =sP
n≥1 π(n)
n n−s+δ(s).
e) Montrer que dans la question b), on peut remplacer ζP par Π :s7→P
n≥1 π(n)
n n−s. f) Soit une s´erie de Dirichlet `a coefficients strictement positifs g(s) = P
n≥1ann−s. On suppose que g a une abscisse de convergence absolue not´ee σ0, et que g(σ0) diverge. Soit ´egalement h(s) =P
n≥1bnn−s, avecbn∼an. Montrer que l’abscisse de convergence absolue deh est aussi σ0 et que |g(s)−h(s)|= o(g(Re (s))) quand Re (s)→σ0.
g) On pose h(s) :=P
n≥2 1
lognn−s. Montrer que h0(s) = 1−ζ(s) pour Re (s) > 1, et que h(σ) ∼
−log(σ−1) quand σ→1+.
h) Montrer que |Π(s)−h(s)|= o(log(Re (s)−1)) quand Re (s)→1+. i) Montrer que pourt >0,|Π(σ+it)|= o(log(σ−1)) quand σ→1+. j) Conclure que ζ ne s’annule pas sur la droite Re (s) = 1.
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