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Etre une femme de lettres en France au XXe siècle : Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute, Marguerite Yourcenar

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Academic year: 2021

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(1)

HAL Id: tel-01127953

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Submitted on 9 Mar 2015

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Etre une femme de lettres en France au XXe siècle : Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute, Marguerite

Yourcenar

Anna Krykun

To cite this version:

Anna Krykun. Etre une femme de lettres en France au XXe siècle : Simone de Beauvoir, Nathalie Sar- raute, Marguerite Yourcenar. Littératures. Université Paris-Est; Natsional’nyi universytet ”Kyyevo- Mohylians’ka akademiya” (Kiev), 2014. Français. �NNT : 2014PEST0032�. �tel-01127953�

(2)

1 Université Paris-Est Créteil

Ecole Doctorale Cultures et Sociétés Université Nationale «Académie Mohyla à Kiev»

Doctorat du

Département des langues et littératures étrangères

Doctorat en cotutelle

Champ disciplinaire : Lettres Modernes

Anna Krykun

Etre une femme de lettres en France au XX

e

siècle :

Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute, Marguerite Yourcenar

Thèse rédigée sous la direction de Sylvie JOUANNY et Tetyana OGARKOVA Soutenue le 5 décembre 2014

Jury :

Sylvie Jouanny Tetyana Ogarkova Bruno Blanckeman Claude Burgelin Anne Coudreuse

Véronique Montémont

(3)

2 Je tiens à remercier Frédéric Sarter

pour sa relecture attentive et ses suggestions linguistiques et stylistiques éclairantes.

(4)

3

TABLE DES MATIERES SYNTHETIQUE

TABLE DES MATIERES SYNTHETIQUE ... 3

INTRODUCTION ... 14

A.Genèse du sujet ... 14

a) /¶pYLGHQFHRXODVLPSOLFLWp ... 15

b) La partialité ... 17

c) La non pertinence ... 19

B.État des lieux de la critique ... 21

a) /¶DSSURFKHGHs études féminines / féministes ... 22

b) Les lectures psychanalytiques ... 23

c) /HVpWXGHVUpDOLVpHVGDQVOHVLOODJHGHO¶KLVWRLUHGHVLGpHV ... 25

d) /HVpWXGHVG¶KLVtoire littéraire traditionnelle ... 28

C.Repères méthodologiques ... 29

a) /¶DSSRUWGXQpR-historicisme ... 29

b) La contribution des études de réception ... 33

c) /HVFRUUHFWLIVDSSRUWpVSDUODVRFLRORJLHGHODOLWWpUDWXUHHWGHO¶DUW ... 35

D.Choix terminologiques ... 38

E.Corpus.. ... 39

F. Annonce de plan ... 41

PREMIERE PARTIE ... 44

I. Le domaine de la « littérature féminine » : les femmes-écrivains parmi les écrivaines et les autoresses ... 45

A.Des qualités proprement féminines ... 46

B.La faiblesse des femmes ... 54

a) Les empreintes matérielles O¶HPSLULVPH ... 55

b) Les empreintes émotives : le sentimentalisme ... 58

c) Les empreintes primaires : le conservatisme... 60

d) Les empreintes locales : le régionalisme ... 61

¾Le droit du sol ... 62

¾Le mandat départemental ... 62

C.Les vertus féminines ... 63

(5)

4

a) Du sensualisme sans élan au vitalisme panthéiste ... 63

b) 'XVHQWLPHQWDOLVPHDXO\ULVPHGHO¶pFULWXUHSRpWLTXH... 64

c) Du conservatisme à la défense des valeurs ... 65

d) 'HO¶HVSULWGHJURXSHjO¶pWKLTXHRUJDQLTXH... 66

D.Le devenir-pFULYDLQGHO¶pFUivain-femme ... 69

a) /¶DWWUDLWSRXUOHVJHQUHVVRXSOHV... 70

b) Le penchant pour les effusions autobiographiques ... 72

II. La palette des écrits autobiographiques détournés O¶H[HPSOHGH0DUJXHULWH Yourcenar ... 77

A. Un grand vide comme point de départ de la carrière littéraire féminine : autour de la disparition de Remous ... 77

%/¶DXWRELRJUDSKLTXHGpJXLVpHQURPDQHVTXH : la typologie des mystifications littéraires de Marguerite Yourcenar ... 82

a) /¶DXWRELRJUDSKLTXHH[WUDGLpJpWLTXHODSDUWGHODPpPRLUHFROOHFWLYHGDQVO¶KLVWRLUH personnelle ... 82

¾Le travestissement des personnages autobiographiques ... 84

¾Le récit autobiographique à double-fond ... 88

E/¶DXWRELRJUDSKLTXHLQWradiégétique : la part du vécu personnel ... 95

¾/HFRQWH[WHKLVWRULTXHHWSROLWLTXHGHO¶LQWULJXHURPDQHVTXH ... 96

¾Les éléments irrDWLRQQHOVLPSRVVLEOHVjVRXPHWWUHjO¶LQWHUSUpWDWLRQ ... 98

¾/¶DXWRELRJUDSKLTXHFRPPHODVRXUFHSXOVLRQQHOOHJpQpUDWULFHGHVILJXUHVHWGHV images artistiques ... 106

III. Les enjeux des détours romanesques : les autobiographies détournées de Simone de Beauvoir ... 114

A.La scène du récit : la scène du crime ... 115

B./¶RUFKHVWUDWLRQGXSDVVpGDQVOHVDXWRELRJUDSKLHVGpWRXUQpHV : quelques indications générales de la partition ... 116

a) Diégèse versus mimesis ... 116

b) Fragmentation et incertitude versus cadre narratif unique ... 120

¾/¶DFFXPXODWLRQGHVYHUEHs de parole, de perception et de pensée ... 121

¾Le discours indirect libre au sein de la narration « objective » ... 122

¾La démultiplication des narrateurs ... 123

c) Fin ouverte versus rétrospective ... 124

d) Enjeux existentiels versus enjeux identitaires ... 131

¾Les âges de la vie : perspective chronologique de Primauté du spirituel ... 131

(6)

5

¾Le bien et le mal SHUVSHFWLYHD[LRORJLTXHGH/¶,QYLWpH ... 137

IV. Le « nouvel autobiographisme » de Nathalie Sarraute ... 143

$'HO¶DYDQWDJHG¶pFULUHGHV© nouveaux romans » ... 144

a) La disparition des noms propres ... 145

b) La dépersonnalisation de personnages ... 145

c) /HFORLVRQQHPHQWWHPSRUHOHWVSDWLDOGHO¶Xnivers du « nouveau récit » ... 145

d) /DGpILQLWLRQGHO¶REMHWG¶LQWpUrWGHO¶pFULYDLQ-femme) ... 146

B. La grammaire de la nouvelle autobiographie, ou ce que raconte le premier « nouveau roman » de Nathalie Sarraute ... 148

a) ELLE.. ... 151

¾/¶LQVWDQWDQpGXSUpVHQW ... 151

¾/¶LPDJHGXSDVVp : des traits indistincts dans un cadre net ... 152

¾/HWHPSVGHO¶KLVWRLUHSHUVRQQelle : saccades, époques et tournants ... 155

¾/¶LPDJHGXVRLRXOHSHUVRQQDJHG¶(OOH : des lectures de la protagoniste ... 160

¾Le récit disloqué : des scènes disparates ou une narration cohérente ? ... 163

¾Quelques consignes de lecture de la part du personnage du récit ... 165

b) /¶(1)$17 ... 169

¾/¶HQIDQFHFRPPHPpWDSKRUH ... 169

¾'HO¶ « enfant quelconque » à Enfance ... 170

¾Deux regards, un passé ... 172

¾Les charges contre le passé ... 174

¾/HYR\DJHDXF°XUGHVWénèbres ... 175

¾Le dæmon du génie poétique et le délire de la femme-écrivaine ... 178

c) ELLES ... 182

d) IL, le mari de la protagoniste ... 184

¾Le « moi-miroir » ... 185

¾Le « moi ªPLURLUGHO¶DXWUH ... 187

e)ILS, hommes sans qualités ... 188

¾Se définir contre ... 188

¾Se rallier à ... 189

C. Pourquoi se voile-t-Elle dans Tropismes ? ... 191

a) 7URSLVPHVOHGLOHPPHGHO¶XQLYHUVHOHWGXVLQJXOLHU... 191

b) /DSDUWGHO¶LUUpFXSpUDEOHRXOHVHQMHX[GHODUppFULWXUHGH7URSLVPHV ... 193

c)De la révision à la codification ... 194

d) Détour obligatoire ± ou passage obligé ? ... 196

(7)

6

DEUXIEME PARTIE ... 200

I. La réactio QGXSXEOLFjO¶HQWUpHGHVIHPPHV -écrivains dans le champ littéraire: réception critique des premiers ouvrages ... 201

A.La dynamique de la réception critique... 202

B.La réception des autobiographies détournées de la première période ... 208

a) Une femme qui écrit : singularité insolite, inconvenante, incongrue ... 208

b) Le caractère secondaire de la création féminine ... 210

c) Une logique bien chancelante ... 212

d) Une composition déréglée ... 213

e) 8QHVXEMHFWLYLWpH[DFHUEpHMXVTX¶DXVROLSVLVPH ... 215

f) Un sentimentalisme dit « féminin » ... 216

g) /¶pWDODJHGHO¶H[SpULHQFHIpPLQLQH ... 220

h)/DVXSHUILFLDOLWpGHO¶DXWRELRJUDSKLH ... 223

i) Un style qui manque de rigueur ... 224

C./DUpFHSWLRQGHV°XYUHVPDQLIHVWHPHQWD-subjectives de la deuxième période ... 227

a) Une lucidité énonciative appuyée ... 229

b) Des « sujets sérieux » ... 230

c) Le respect de tradition ... 232

II. /HV°XYUHVQRQOLWWpUDLUHVRXYURLUG¶XQHVXEMHFWLYLWpQRXYHOOH ... 238

A.Les portraits littéraires : la réduction phénoménRORJLTXHRXO¶HVVHQFHGXVLQJXOLHU 239 a) /HSUHPLHUPRXYHPHQWO¶DSHUoXELRJUDSKLTXH ... 240

¾Questions de méthode ... 244

¾/¶LQYRFDWLRQGHVDXWRULWpV ... 245

¾Le sujet transcendantal ... 246

b) Le deuxième mouvement : la futilité des recherches biographiques ... 250

c) Le troisième mouvement O¶DQDO\VHGHVWUDLWVFDUDFWpULVWLTXHVGHO¶°XYUHpWXGLp .. 252

¾/DMXVWLILFDWLRQG¶XQHWUDQVIRUPDWLRQVW\OLVWLTXH ... 253

¾/DMXVWLILFDWLRQG¶XQHFpVXUHGDQVO¶pYROXWLRQWKpPDWLTXHGHO¶°XYUH ... 256

d) Le quatrième mouvement : la non-pertinence des particularités individuelles de O¶°XYUHpWXGLpH ... 259

e) Le cinquième et le sixième mouvements : la part du « je ªGDQVO¶°XYUHRXOHPDO inévitable de la littérature ... 263

B.Les essais théoriques : un exercice de pensée spéculative ... 264

a) /¶HQQHPLH[WpULHXUO¶© homme qui se fait sérieux »... 266

b) /¶HQQHPLLQWpULHXU : le dévouement amoureux ... 268

(8)

7 c) Le « protagoniste » des traités philosophiques : « nous », « les hommes », un « jeune

homme » ... 273

C.La critique littéraire O¶pWXGHGHO¶°XYUHRXOHPDQLIHVWHGHO¶pFULYDLQ ... 278

a) 3DXO9DOpU\HWO¶(QIDQWG¶(OpSKDQW ... 279

¾La réflexion : une aventure existentielle ... 281

¾La réévaluation du savoir antérieur ... 281

¾Les règles du raisonnement critique ... 283

¾Les enjeux du ralliement ... 284

b) /¶(UHdu soupçon (1947-1956) après le temps du silence ... 286

¾Un(e) nouvel(le) auteur ? ... 286

¾Le nouveau venu entre les Charybde et Scylla du champ littéraire ... 287

¾/¶DOLELGX© je » ... 289

¾/¶DFWLRQGpIHQVLYH ... 290

D.Les études en anthropologie sociale UDSSRUWVGHO¶H[SpULHQFHYpFXHGXVXMHWIDQW{PH ... 291

a) 'XUpFLWGHVRLjO¶H[DPHQGHO¶ « éternel féminin » : l¶KLVWRLUHGX'HX[LqPH6H[H ««««««««««««««««««««««««««««««291 b) Du récit de voyage au compte rendu sur la transformation du pays : La Longue 0DUFKHGHO¶pFULYDLQ-femme ... 295

¾La fiabilité des sources ... 296

¾La rigueur de la méthode de recherche ... 297

¾La situation du sujet IR\HUGHSHUFHSWLRQHWG¶REVHUYDWLRQ ... 299

¾'HX[IDFHVGHO¶2ULHQW : récits des voyageurs et études des voyageuses ... 300

E.Le journalisme : comptes rendus, reportages, témoignages ... 302

a) La fiction du journal ... 302

¾Le rapport de forces renvHUVpHQWUHOHVXMHWHWO¶REMHWGXGLVFRXUV ... 303

¾/HVSHUVRQQDJHVHWO¶LQWULJXH ... 304

¾Le « je » et le « moi » de la narratrice ... 305

¾/DSDUWGHO¶LQWLPH ... 306

b) La chroniqueuse et son double ... 308

F. /HVRXYUDJHVG¶KLVWRLUHFXOWXUHOOHHWSROLWLTXHO¶+LVWRLUHFRPPHDJHQW ... 311

a) /HVWpPRLQVGHO¶+LVWRLUH ... 311

b)Les archivistes des époques révolues ... 312

G./¶LPSRUWDQFHG¶DFFRPSOLU©XQH°XYUHREMHFWLYH » ... 315

(9)

8

III. /HVHVVDLVVXUODOLWWpUDWXUHHWO¶DU t : YHUVXQHWKpRULHGHO¶pFULWXUHREMHFWLYH

... 317

A./¶$UWWRWDORXFRPPHQWIDEULTXHUGHO¶XQLYHUVHODYHFGXSDUWLFXOLHU ... 318

a) /DFUpDWLRQG¶XQDUWQRXYHDX ... 319

b) 8QHQRXYHOOHILJXUHGHO¶DUWLVWH ... 321

c) Une nouvelle réalité artistique ... 324

B./¶DUWIDFHDXUpHORXFRPPHQWMXVWLILHUOHVXSHUIOX ... 326

a) /¶LQVLVWDQFHVXUODYDOHXUGRFXPHQWDLUHGHVWH[tes littéraires ... 326

b) Une valeur épistémologique ou scientifique ... 328

¾/DGpP\VWLILFDWLRQGHO¶HUUHXU ... 330

¾La révélation de la vérité ... 331

c) 8QHYDOHXUVDYDQWHRXG¶pUXGLWLRQ ... 332

d) 8QHYDOHXUKXPDQLVWHG¶LQVSLUDWLRQH[LVWHQWLDOLVWH ... 337

¾/¶DSSHOjO¶KXPDQLWpGXOHFWHXU ... 338

¾/¶KXPDQLWpHWjO¶KXPDQLVPHIDFHjODJXHUUH ... 340

e) Une valeur herméneutique et éthique ... 341

f) Une valeur représentative ou politique... 347

IV. Les deux visages de la littérature impersonnelle ... 352

A.Le roman historique ... 352

«HWO¶KLVWRLUHKRUVGXWHPSV ? ... 357

¾Au-GHOjGHO¶KLVWRLUHpYpQHPHQWLHOOH ... 358

¾Les stratégies de subjectivation ± ou de survie ? ... 360

¾« Le plus menacé des hommes » ... 362

¾A la source de la menace ... 363

B.Le roman-fable philosophique ... 365

¾Une filiation honorifique ... 367

¾Récit dépersonnalisé ... 368

«HWO¶HQYHUVGXUpFLWH[HPSODLUH ? ... 368

C.Le roman-panorama social... 372

... et son envers ? ... 376

¾/HGpVLUG¶pJDOLWp ... 381

¾/HGpVLUG¶RXYHUWXUH sur le monde ... 382

¾Le désir de reconnaissance ... 383

D.Le roman expérimental de Nathalie Sarraute ... 387

«HWOHURPDQGHO¶DUWLVWH ? ... 391

(10)

9

E.Le récit autoréférentiel ... 395

«HWOHUpFLWDXWRWKpPDWLTXH" ... 399

¾Le narrateur ... 400

¾/¶KLVWRLUHQDUUpH ... 402

¾La narration ... 405

TROISIEME PARTIE ... 408

I. Les commentaires autobiographiques : à contre-courant de la légende dorée ... 409

A./¶LQWpJUDWLRQGDQVOHFDQRQ : cristallisation des images représentatives ... 410

a) /DYDOHXUUHSUpVHQWDWLYHGHO¶LQWHUYLHZ ... 413

b) 8QHH[LJHQFHG¶H[SOLFDWLRQVLQRQGHMXVWLILFDWLRQ ... 415

B.Esquives et lignes de fuite ... 419

a) /¶DXWRELRJUDSKLHLQWHOOHFWuelle : un « je » qui vit au milieu des textes lus et écrits 419 ¾Une vision de soi des années 1960 ... 420

¾Un nouvel autoportrait dix ans plus tard ... 422

b) La femme invisible : un « je ªTXLQ¶existe pas ... 424

¾/HVH[HHWO¶kJH ... 424

¾Les origines ... 424

¾Le domicile ... 425

- Le métier ... 425

¾Les traits physiques ... 426

c) Le mimétisme cryptique : un « je » comme tout le monde ... 428

d) Le mouvement de rapprochement : un « je » si proche de vous ... 430

C./¶pFULture autobiographique en suspens ... 433

a) /DGpVDFUDOLVDWLRQGHO¶pFULYDLQDXVRPPHWGHVDJORLUH ... 434

¾Le venin de la gloire ... 434

¾/¶DQWLGRWHGHO¶pFULWXUHGHVRL ... 437

b) 9XGHO¶LQWpULHXU : un témoignage irremplaçable ... 439

c) /¶pFULWXUHHQTXrWHGHVHVVRXUFHV ... 440

d) /DIRUFHGHO¶DUWYHUVXVODIRUFHGHVFKRVHV ... 442

¾La vérité sur soi-même ... 444

¾/DGpFRXYHUWHGHO¶DXWUH ... 445

e) /HVFRQWRXUVIHUPHVG¶XQ© moi » passager ... 447

¾Laisser une image de soi que les autres retiendront ... 447

¾/DLVVHUXQHHPSUHLQWHTXLVDXUDUHWHQLUOHVWUDLWVG¶XQ© moi » disparu ... 448

(11)

10

II. Les vérités partielles, ou les mythes de soi des autobiographes-femmes .... 451

A.Simone de Beauvoir : les chances de la liberté ... 452

a) /¶HQYHORSSHGXP\WKH : le prodige de la chance ... 453

b) La couche intermédiaire du mythe : les errances de la liberté ... 457

¾/¶DPELJXwWpGHVDSSDUHQFHV ... 462

¾La parade des représentations ... 462

¾Le spectacle du sérieux ... 463

¾/HFDUQDYDOGHO¶+LVWRLUH ... 463

c) /HF°XURSDTXHGXP\WKHRXOHVQRQ-GLWVGHO¶DXWRELRJUDSKLHGH6LPRQHGH Beauvoir ... 464

¾La volonté de puissance ... 464

¾/HEHVRLQG¶DPRXUHWG¶DSSUREDWLRQ ... 467

¾La volupté de la souffrance ... 473

B.Les labyrinthes de Marguerite Yourcenar, ou comment devenir un sage ... 483

a) Le premier cercle de la sagesse ODSXULILFDWLRQRXO¶DSRORJLHGHODUXSWXUH ... 484

¾Le déracinement ... 485

¾Le dépaysement ... 488

¾/¶DUWGHVGpSODFHPHQWV ... 490

b) Le deuxième cercle OHUHFXHLOOHPHQWGHO¶HVSULWOLEUHRXO¶DVFqVHGHO¶DUWLVWH ... 493

¾1¶rWUHSHUVRQQH QLVRLQLO¶DXWUH ... 493

¾Etre tout OHVRLHVWO¶DXWUH ... 494

c) Le troisième cercle O¶LOOXPLQDWLRQRXODYLVLRQGHO¶kPHVHUHLQH ... 495

¾Doter les faits de doublures abstraites, significations ou interprétations allégoriques OHIRQGXQLYHUVHOG¶XQ© petit fait vrai » ... 497

¾&RQVWUXLUHXQHLPDJHjSOXVLHXUVVWUDWHVOHIRQGGXQpDQWGHUULqUHOHIDLWG¶rWUH 498 ¾&RQVLGpUHU OD YLH FRPPH O¶DFFRPSOLVVHPHQW GX GHVWLQ OH IRQG GH O¶LQpOXFWDEOH VRXVO¶DSSDUHQFHGHVDOpDVGHO¶H[LVWHQFH ... 498

d) La leçon de sagesse ... 503

¾La parole déléguée : le discours indirect libre ... 504

¾Le travestissement des opinions personnelles : la mise en contexte « factuelle » 505 ¾Les détours allégoriques : la structure narrative en boucle ... 505

C.Une Enfance KRUVG¶HPSULVH : la folie et/ou la parole de Nathalie Tcherniak ... 507

a) La liberté des fous : la genèse et la généalogie de Nathalie Sarraute ... 507

¾La dépossession de soi ... 512

¾La souffrance et le martyre associés au génie ... 512

(12)

11

¾/¶H[LOHWO¶HUUDQFHGHVpOXVHQURXWHYHUVODWHUUHSURPLVH ... 513

b) /DGLDOHFWLTXHGHODOLEHUWpHWGHODFRQWUDLQWHjO¶XVDJHGHVHVSULWVFUpDWHXUV ... 517

¾La leçon de la mère : violence, coupure et silence ... 518

¾La leçon du père ODPDvWULVHGHVRLO¶H[SUHVVLRQREOLTXHHWO¶DUWGHVQRQ-dits . 519 c) /HVDSRULHVG¶XQHOLEHUté contrainte : impasses et issues ... 525

¾/DFRQWUDFWLRQGHO¶HVSDFHSHUVRQQHO ... 525

¾La rétraction du moi ... 527

¾Le salut dans la douleur ... 531

III. Etre une femme de lettres : une féminité à la dérive ... 536

A.La sensibilité féminine ... 538

a) Le cerveau de la femme ... 538

¾La raison des « femmes féminines » ... 538

¾/¶LQWHOOLJHQFHGHVFHUYHOLQHV ... 539

¾/HVUHPqGHVjO¶LQWHOOLJHQFHIpPLQLQH ... 542

b) /HF°XUGHODIHPPH ... 545

¾Le narcissisme amoureux ... 547

¾«RXODVHUYLWXGHDPRXUHXVH ... 549

¾La protestation virile ... 550

c) Le corps de la femme... 557

¾Les révélations des objets inanimés : le quotidien comme quintessence de la vie .... 558

¾Les limites des choses tangibles ODPDWpULDOLWpO¶LQWXLWLYLWpODSDVVLYLWp ... 559

B.La sexualité des femmes... 564

a) /¶DXGDFHGHVPRWV ... 564

b) La pudeur des gestes ... 566

¾/DSULVHG¶DSSXLVXUOHGLVFRXUVVDYDQWSRXUMXVWLILHUODVHQVXDOLWp ... 566

¾La propension à commenter au détriment du récit ... 567

c) /¶DSRORJLHGXGpVLUSXU ... 571

¾La subversion de la rhétorique de légitimation sociale : le mariage ... 572

¾La subversion de la rhétorique de légitimation naturelle : la maternité ... 573

C./¶LGHQWLWpGHODIHPPHGHOHWWUHV ... 577

a) Etre vu OHIRQGHPHQWGHO¶identité féminine ... 577

b) La tyrannie du regard ... 582

¾Le rapport de la femme à soi ... 582

¾/HVUHODWLRQVDYHFO¶DXWUH ... 583

c) Le « moi » invisible ... 584

(13)

12

¾Le noyau inaliénable du sentiment du « moi » ... 584

¾La non-visibilité comme espace vital ... 585

IV. Agir en femme de lettres : ODPDUJHGHPDQ°XYUHLPSRVVLEOH ... 588

A./¶HVSDFHGHYLH : le privé et le public au féminin ... 589

a) Une limitation spatiale ... 589

b) Les espaces parallèles ... 590

c) /¶HVSDFHWURXp ... 591

d) /¶HVSDFHVXUYHLOOp ... 592

e) /¶HVSDFHKLpUDUFKLVp ... 593

B./¶pFULYDLQ-femme : au-delà de la féminité et du féminisme ... 595

a) La féminité des écrivains-femmes ... 595

¾Une appartenance sexuelle non problématique ?... 595

¾Le problème du singulier féminin ... 597

¾/HVDSRULHVGHO¶pGXFDWLRQHWGHOD culture féminines ... 599

¾/¶LPSDVVHGHO¶DOLpQDWLRQHWGHO¶RXEOLGHVRL ... 604

¾Les contrariétés des carrières féminines ... 606

b) Le féminisme des écrivains-femmes ... 609

C./HPpWLHUGHO¶pFULYDLQ-femme) ... 612

a) /DIHPPHQHSRVVqGHSDVSOHLQHPHQWOHGRQGHO¶LPDJLQDWLRQFUpDWULFH ... 613

b) Les talents des femmes créatrices restent limités à certains arts ... 614

c) Littérature O¶DUWWDERXSDUH[FHOOHQFH ... 617

¾Le caractère public de la parole ... 617

¾/¶LQVFUiption dans la durée du discours écrit ... 618

d) /DIDoRQG¶pFULUHIpPLQLQH ... 622

e) Des femmes qui cherchent à écrire autrement... 624

CONCLUSION ... 629

A.Les grands traits du portrait de la femme-écrivain française du XXe siècle ... 633

a) Les retardataires ... 633

b) Les polyvalentes ... 635

¾/¶LPDJHjODPRGH ... 636

¾/DFDVTXHWWHG¶LQWHOOHFWXHOOH ... 637

c) Les persévérantes ... 638

d) Les uniques et les complémentaires ... 642

B. Les perspectives pour la recherche à venir ... 645

a) /¶DSSRUWDX[pWXGHVVXUOHVIHPPHV-créatrices ... 645

(14)

13

¾/DSHUVSHFWLYHGHO¶pYROXWLRQ ... 645

¾La perspective comparative ... 646

b) /DFRQWULEXWLRQDX[UHFKHUFKHVVXUO¶pFULWXUHGHVRL ... 648

¾/HPRGqOHGHVSURFHVVXVGHFRQVWUXFWLRQGHO¶LGHQWLWp ... 648

¾La droiture des « forts » et les détours des « faibles » ... 649

c) Les pistes pour les études littéraires ... 650

¾La configuration du canon ... 650

¾Les frontières du littéraire ... 651

BIBLIOGRAPHIE ... 653

I. TEXTES-SOURCES ET ETUDES DES TEXTES PRIMAIRES

... 654

II. ARRIERE-PLAN DISCURSIF

... 671

III. ETUDES SUR LES FEMMES CREATRICES

... 681

IV. 5(&+(5&+(6685/¶(&5,785('(62,

... 691

V. ETUDES GENERALES

... 695

(15)

14

INTRODUCTION

A. Genèse du sujet

« 1RXVVRPPHVjODUHFKHUFKHG¶XQauteur ªDQQRQFHQWG¶HPEOpe les héros de Six personnages HQ TXrWH GH O¶DXWHXU de Luigi Pirandello. La situation est probablement paradigmatique pour le chercheur en sciences humaines, qui a beau faire passer en audition des vedettes et (bien plus rarement) des acteurs de second plaQGHODVFqQHOLWWpUDLUHULHQQ¶\IDLW : la rencontre du personnage et GHO¶DXWHXUUHVWHVRXYHQWGXHDXKDVDUG&¶HVWGRQFHQSDUWLHOHKDVDUGTXLDYRXOXTXHM¶HQYLHQQHj écrire sur les femmes-écrivains françaises du XXe siècle, bien que rien au départ Q¶DQQRQokWO¶HQWUpHHQ VFqQHGHFHVSHUVRQQDJHV(QHIIHWjO¶RULJLQHODSUpVHQWHWKqVHUpGLJpHGDQVOHFDGUHG¶XQHFRWXWHOOH DYHF O¶$FDGpPLH 0RK\OD j .LHY VHPEODLW YRXORLU SUHQGUH WRXW ERQQHPHQW OD IRUPH G¶XQ WUDYDLO académique des plus classiques, poUWDQW VXU O¶pWXGH GHV JHQUHV OLWWpUDLUH HW SOXV SUpFLVpPHQW VXU OH JHQUHGHO¶DXWRELRJUDSKLHHQ)UDQFHGXPLOLHXGXVLqFOHGHUQLHU$XPRPHQWGHGpILQLUOHFRUSXVGHOD WKqVHMHPHVXLVSULVHjFRQVWLWXHUDYHFEHDXFRXSG¶DSSOLFDWLRQODOLVWHODSOXVH[haustive possible des textes de référence ; Georges Perec, Paul Nizan, Romain Gary, Roger Caillois et André Malraux y côtoyaient Marguerite Duras, Annie Ernaux et Simone de %HDXYRLU/¶pWDSHVXLYDQWHDFRQVLVWpj rayer de ma liste les noms des auteurs que je connaissais au moins de nom, et OHVWLWUHVG¶°XYUHVGpMjOXHVLO faut partir sans bagages pour des voyages lointains, car les habitudes ± de pensée et de lecture ± pèsent GpMj VXIILVDPPHQW ORXUG &¶HVW Oj TXH PHV IXWXUV SHUVRQQDJHV RQW IDLW OHXU entrée, de manière LQRSLQpHHQGHPDQGDQWV¶LO\DYDLWLFLXQDXWHXU© Quel auteur ? » - « 1¶LPSRUWHOHTXHOPRQVLHXU », tout comme chez Pirandello). En effet, il ne restait désormais sur ma liste que des auteurs féminins. Le fait était trop flagrant pour ne pas susciter des réflexions VLELHQTXHGLSO{PpHG¶XQ0DVWHUHQ/HWWUHV 0RGHUQHVM¶pWDLVPRL-même si peu familiarisée avec les textes des écrivains-femmes, cela semblait

(16)

15 VXJJpUHUTXHPDOJUpODULFKHVVHGHO¶RIIUHQHVHUDLW-FHTX¶HQWHUPHVTXDQWLWDWLIV, les auteurs-femmes étaient peu en demande auprès des institutions sociales (scolaires, académiques et médiatiques en premier lieu), qui ne faisaient semble-t-LOTXHSHXGHFKRVHSRXUPHWWUHHQDYDQWOHXUV°XYUHV

0DLVPRQLJQRUDQFHSRXYDLWDXVVLQ¶rWUHTX¶XQHFRQVpTXHQFHGHPDIRUPDWLRQSOXVJpQpUDOHHQ OLWWpUDWXUHV HXURSpHQQHV GDQV ODTXHOOH OD SDUW GHV DXWHXUV IUDQoDLV Q¶DYDLW SDV pWp SDUWLFXOLqUHPHQW centrale, ce qui pouvait certes déformer ma perspective ; la question qui se posait était donc la suivante : le résultat aurait-il été tout-à-fait différent pour un étudiant français, et celui-ci aurait-il eu davantage connaissance de ces femmes-autobiographes ? Comme le doute persistait, je me suis tournée, en premier lieu, vers les programmes nationaux de littérature pour le baccalauréat de la série littéraire ± et à présent, parvenue au terme de ma recherche, je me prends à refaire le même exercice, sans guère constater de changement : des « Pensées » aux « Liaisons dangereuses », et des « Mémoire de guerre ªGH&KDUOHVGH*DXOOHj©)LQGHSDUWLHªGH%HFNHWWSDVXQVHXODXWHXUIpPLQLQQ¶\ILJXUH depuis six ans. Passons donc à un autre échelon du cursus académique français, à savoir les programmes de littérature française pour les concours du Capes et de O¶DJUpJDWLRQ GH /HWWUHV Modernes : là encore, sur les trente-six auteurs proposés aux candidats des concours de recrutement de SURIHVVHXUV GH O¶HQVHLJQHPHQW VHFRQGDLUH 0DUJXHULWH <RXUFHQDU HW 0DGDPH GH 6pYLJQp VRQW OHV seules femmes1 à tenir compagnie à Maurice Scève, Jean de Lafontaine, Crébillon fils, Fénelon, Aloysius Bertrand ou aux Contes du jour et de la nuit de 0DXSDVVDQW &H FRQVWDW Q¶HVW QXOOHPHQW DQRGLQFDUO¶DYHQLUVHSUpSDUHDXMRXUG¶KXLHWOHVSUpVXSSRVpVGHO¶RSLQLRQSXEOLTXHGHGHPDLQVXUla SODFH GHV IHPPHV GDQV O¶KLVWRLUH OLWWpUDLUH GpSHQGURQW HQ ODUJH SDUW GHV HQVHLJQDQWV IRUPpV GDQV OH FDGUHGXGLVSRVLWLIpGXFDWLIDFWXHO-HFURLVTXHF¶HVWjFHWLQVWDQWTXHM¶DLVXTXH© mes » personnages avaient trouvé leur auteur.

Les années qui ont suivi ont été particulièrement riches en commentaires, remarques et UpIOH[LRQV GHFROOqJXHV HWG¶DPLVFRQFHUQDQWO¶LQXWLOLWpG¶XQWHOVXMHWGHUHFKHUFKH ,OQ¶HVW SDVYDLQ G¶HQpYRTXHULFLOHVSOXVUpFXUUHQWV :

a) /¶pYLGHQFHRXODVLPSOLFLWp

Ecrire (et, à plus forte raison, mener une recherche) sur les femmes-écrivains est inutile, parce TX¶LOV¶DJLWG¶XQVXMHWRWRXWHVWG¶HPEOpHSDUIDLWHPHQWFODLUO¶LQpJDOLWpGHVGURLWVDFRQGLWLRQQpXQ DFFqVWUqVUpGXLWjO¶HQVHLJQHPHQWDXPDrché du travail HWVXUWRXWjO¶H[HUFLFHGHVPpWLHUV© publics » (de O¶KRPPH G¶(WDW GH O¶KRPPH G¶DIIDLUHV HW GH O¶KRPPH GH OHWWUHV FH TXL GpWHUPLQH OD représentation disproportionnée des hommes et des femmes dans les principaux domaines de la vie publiquH $ FHOD LO Q¶\ D FHUWHV ULHQ j UHGLUH 0DLV TXH VDYRQV-QRXV GH O¶H[LVWHQFH GHV IHPPHV

1 Cependant, Enfance GH 1DWKDOLH 6DUUDXWH ILJXUDLW GHX[ DQQpHV GH VXLWH HQ HW HQ DX[ F{WpV G¶Enfance

(17)

16 intellectuelles et artistes "4X¶HQVDYRQV-nous véritablement, au-delà de ces faits et vérités premières ? Que savons-nous précisément sur le train et les conditions de vie de ces femmes, sur leur quotidien, leurs habitudes, leurs lectures, sur les injonctions familiales et sociales, sur les représentations enfin de la IHPPHGDQVO¶LPDJLQDLUHFROOHFWLIO¶LGpHGHODIpPLQLWpHWGHVHVIURQWLqUHV O¶LPDJHGHV femmes propUHjO¶pSRTXHHWjODFXOWXUHGXSD\VHWF ? Pouvons-nous, HQHIIHWQRXVLPDJLQHUDXMRXUG¶KXL TX¶HQVRUWDQWVLPSOHPHQWOHVRLUDXWKpkWUHGX9DXGHYLOOHHOOHVDYDLHQWWRXWHVOHVFKDQFHVG¶\HQWHQGUH rappeler à son devoir une jeune fille qui, désireuse de mener une vie autonome, négligeait le fait que son comportement risquait de couvrir de honte la famille :

DE CHALVET. Malgré toutes les précautions, malgré les mensonges auxquels vous nous obligeriez, malgré le soin que vous pourrez prendre à vous cacher, votre situation ne sera pas ignorée autour de nous. Nous en serons tous diminués. Si, à la rigueur, on peut laisser un fou UpFODPHU OH GURLW GH GDQVHU GDQV OD ERXH LO FRQYLHQW GH O¶DUUrWHU ORUVTX¶LO pFODERXVVH VHV proches. Je viens défendre contre vous les miens, moi et vous-même. Je défends ma fille... Je défends ma fille, je vous dis, ma femme, votre mère, la famille ! Je défends nos morts ! PIERRETTE, faiblissant. Laissez les morts dormir en paix !

DE CHALVET. Ils ne dorment pas, ils vivent en nous. Tous ce que vous êtes, tout ce que je suis, tout ce que nous sommes, nous le leur devons. Notre rang social et moral, nous le devons DX[ VDFULILFHV TX¶D SX OHXU FR€WHU O¶REVHUYDWLRQ GH FHUWDLQHV UqJOHV TXH YRXV YRXGULH] YRXV arroger droit de mépriser.2

Pouvons-nous imaginer, HQRXWUHTX¶HOOHVDXUDLHQWHXELHQGXPDOjQHSDVSDUWDJHUHOOHV-mêmes la noble indignation des proches de la jeune fille, tant il semblait alors évident, y compris aux femmes, TXH OH FRPSRUWHPHQW G¶XQH IHPPH VHXOH XQH SLqFH pSRQ\PH est entièrement consacrée à la description de ce personnage nouveau dans la vie sociale française) relevait non seulement de O¶pJRwVPHPDLVpJDOHPHQWGHO¶K\SRFULVLH± car si certaines femmes revendiquent davantage de liberté, F¶HVWPRLQVSHQVH-t-on alors, par souci de justice que par arrivisme :

/8&,(11(6LMHP¶LQVWUXLVHWVLMHP¶DGRQQHDX[VSRUWVF¶HVWSDUFHTXHM¶DXUDLVYRXOXrWUH en pleine valeur morale et physique afin de mériter un homme supérieur par la fortune et par le WDOHQW>«@/¶DPRXUQH IDLWSDVOHERQKHXU,OIDXWVRQJHUjO¶DYHQLU1RXV\VRQJHRQV1RXVQH IDLVRQVTXHFHOD1RXVQHSHQVRQVTX¶jQRXVDVVXUHUOHPHLOOHXUUDQJIXWXUGDQVODVRFLpWpHW nous ne sommes pas des étourdies, ni des égoïstes. Nous voulons que nos enfants ne manquent SDVGXFRQIRUWGHO¶DLVDQFHTXHQRXVDYRQVHXV1RXVVRPPHVWUqVpTXLOLEUpHVYUDLPHQW MONSIEUR FELIAT, qui ne se contient plus(QHIIHW9RXVO¶rWHVYRXVrWHVjIDLUHIUpPLU3

(W VL DX OLHX G¶DOOHU DXWKpkWUH HOOHV pWDLHQW UHVWpHV j OD Paison à lire un roman, fraîchement SXEOLpFKH])ODPPDULRQSDUH[HPSOHHOOHVDXUDLHQWDXVVLW{WUHFRQQXGHUULqUHO¶LQWULJXHWDSDJHXVHGH La Garçonne, une fable instructive sur leur propre condition de femmes et sur les attentes de la société à leur égard. /HSHUVRQQDJHSULQFLSDO0RQLTXHXQHIHPPHPRGHUQHGHO¶HQWUH-deux-guerres, y mène XQHYLHOLEUHSOHLQHG¶DYHQWXUHVPDVFXOLQHVHWIpPLQLQHVMXVTX¶jFHTXHO¶DPRXUGH*HRUJHV%ODQFKHW QHODWUDQVIRUPHLQVWDQWDQpPHQWHWLUUpYRFDEOHPHQWMXVTX¶DXWUpIRQGV de son être : « Soif mystique de V¶KXPLOLHUHQSXQLWLRQGHVRQRUJXHLO/DUpYROWpHG¶DXWUHIRLVGHYDQWOHPHQVRQJHHWODEUXWDOLWpGH O¶KRPPH OD JDUoRQQH RUJXHLOOHXVH VH UHWURXYDLW IHPPH HW IDLEOH GHYDQW OD JUDQGHXU GX YpULWDEOH

2 Eugène Brieux, 3LHUUHWWHHW*DODRU/¶(QIDQW : comédie en trois actes, Paris, Stock, 1923, p.145-146.

3 Eugène Brieux, La Femme seule : comédie en trois actes, Paris, Stock, 1913, p.41-42.

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17 amour. »4 Heureusement, « de nos jours, les femmes qui lisent ont presque toujours, pour lire, une UDLVRQ GH IUDJLOLWp G¶LQILUPLWp /¶kJH HQ HVW XQH PDLV G¶DXWUHV IUDSSHQW HQ SOHLQH MHXQHVVH : consomption, rhumatismes, grossesses, etc... » 5 Aussi la plupart de femmes ne risquaient-elles guère, heureusement pour elles sans doute, de lire de tels passages.

Mais si, par hasard, une fervente lectrice était en pleine possession de sa santé physique et PRUDOHHWTX¶LOOXLSUHQDLWO¶LGpHGHVHIDLUHHOOH-même auteur, la littérature contemporaine lui aurait G¶HPEOpHUHQYR\pXQUHIOHWSHXJORULHX[PDLVLQVWUXFWLIGHFHjTXRLpWDLWVXSSRVpHDERXWLUXQHWHOOH ambition. En effet, ayant suivi dans toutes ses épreuves le personnage de Thérèse de Victor Margueritte, la brebis égarée aurait certainement fini par comprendre que la charité, et non la littérature, est la véritable vocation féminine : « Ah TXDQGMHSHQVHTXHMHUrYDLVG¶pFULUHGHVOLYUHV ! Et que je voulais réaliser mes rêves par la littérature alors que je les puis réalisHUSDUO¶DFWLRQ&¶HVW beau, O¶DFWLRQ ! »6

Les évidences comme les apparences sont souvent trompeuses.

b) La partialité

Autre objection souvent soulevée devant mon choix de sujet : écrire (et, à plus forte raison, mener une recherche) sur les femmes-écrivaiQVVHUDLWYDLQSDUFHTX¶LOV¶DJLWG¶XQVXMHWWURSVHQVLEOHHW TXL G¶DLOOHXUV OH GHYLHQW GH SOXV HQ SOXV GDQV XQH VRFLpWp DFWXHOOH DX[ SULVHV DYHF OD WkFKH SDUIRLV malaisée de redéfinir les frontières traditionnelles des genres. Question trop brûlante, un tel sujet ne permettrait donc pas de conserver la neutralité nécessaire à la recherche. En effet, bien que O¶DGPLVVLRQHWPrPHODSOHLQHUHFRQQDLVVDQFHGHO¶LPSRUWDQFHGH la subjectivité du chercheur dans les sciences humaines et sociales soit au fondement même de la définition de ces disciplines, et soit G¶DLOOHXUVSUpFLVpPHQWFHTXLGLVWLQJXHFHOOHV-ci des sciences de la nature au moins depuis Wilhelm Dilthey7, le VSHFWUHG¶XQHREMHFWLYLWpVFLHQWLILTXHTXLVHUDLWWRXWGHPrPHO¶LGpDOjDWWHLQGUHQHFHVVe de KDQWHUO¶HVSULWHWODFRQVFLHQFHGHVOLWWpUDLUHV/DSUpVHQWHUHFKHUFKHUHSRVHDXFRQWUDLUHVXUO¶LGpH TXH OH GHJUp ]pUR GH O¶pFULWXUH RX VD WRWDOH QHXWUDOLWp UHOqYHQW GH O¶LPSRVVLEOH HW TXH O¶DUW HW OD VWUXFWXUHGXFKDPSVRFLDOO¶pWKLTXHHWODSROLWLTXHO¶pFRQRPLHHWODPpWDSK\VLTXHQHVRQWLVROpHVTXH

4 Victor Margueritte, La Garçonne, Paris, Flammarion, 1972 (édition originale 1922), p.295.

(QRXWUHO¶DPRXUHIIDFHOHVWUDFHVKRQWHXVHVGXOLEHUWLQDJHSDVVpHWUHQGjO¶KpURwQHODSXGHXUHWO¶LQH[SpULHQFHG¶XQH jeune fille : « 6RQYLVDJHV¶pFODLUDLWFRPPHXQPDWLQGDQVODURVpH,OVRXOHYDOHVEUDVHOOHV¶\ODLVVDWRPEHULQFOLQDQWVXU OH OLW VRQ EXVWH TXH OD EORXVH SURWpJHDLW G¶XQ ERXFOLHU EODQF 8QH VRUWH GH SXGHXU TX¶HOOH Q¶DYDLW MDPDLV pSURXYpH OD PDLQWHQDLWSHORWRQQpHFRQWUHOXL1LO¶XQQLO¶DXWUHQHVRQJHDLWGDQVO¶pWHUQLWpGHFHWWHPLQXWHjFXHLOOLUODURVHGXEDLVHU TXLV¶RXYUDLWjOHXUVOqYUHVª&IIbid., p.296.

5 Marcel Prévost, 1RXYHOOHVOHWWUHVj)UDQoRLVHRXODMHXQHILOOHG¶DSUqV-guerre, Paris, Flammarion, 1928, p.25.

6 Victor Margueritte, La Garçonne, op.cit., p.187.

7 Wilhelm Dilthey, ,QWURGXFWLRQjO¶pWXGHGHVVFLHQFHVKXPDLQHVHVVDLVXUOHIRQGHPHQWTX¶RQSRXUUDLWGRQQHUjO¶pWXGH GHODVRFLpWpHWGHO¶KLVWRLUH, Paris, Presses universitaires de France, 1942 (édition originale allemande 1883) ; Wilhelm Dilthey, 7KpRULH GHV FRQFHSWLRQV GX PRQGH HVVDL G¶XQH SKLORVRSKLH GH OD SKLORVRSKLH, Paris, Presses universitaires de France, 1946 (première publication 1911) ; Wilhelm Dilthey, ¯XYUHVYRO/¶pGLILFDWLRQGXPRQGHKLVWRULTXHGDQVOHV VFLHQFHVGHO¶HVprit / Présentation et notes par Sylvie Mesure, Paris, Editions du Cerf, 1988 (édition originale 1910).

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18 dans le découpage académique des disciplines et des filières. 2UORLQGHYRXORLUWUDQVIRUPHUO¶pWXGHGH O¶KLVWRLUHOLWWpUDLUHHQFKDPSGHEDWDLOOHRXGHQRXVDSSOLTXHUVLPSOHPHQWjUHOHYHUOHV manifestations GH WHO RX WHO SDUWL SULV LGpRORJLTXH GDQV OHV °XYUHV GH ILFWLRQ QRXV FKHUFKHURQV DYDQW WRXW j QRXV interroger sur la manière dont la conception actuelle de la littérature participe de ce que Jacques Rancière appelle le « partage du sensible »8 :

/¶DFWLYLWpSROLWLTXHUHFRQILJXUHOHSDUWDJHGXVHQVLEOH(OOHLQWURGXLWVXUODVFqQHGXFRPPXQ des objets et des sujets nouveaux. Elle rend visible ce qui était invisible, elle rend audibles FRPPHrWUHSDUODQWVFHX[TXLQ¶pWDLHQWHQWHQGXVTXHFRPPHanimaux bruyants.

/¶H[SUHVVLRQ © politique de la littérature » implique donc que la littérature intervient en tant TXHOLWWpUDWXUHGDQVFHGpFRXSDJHGHVHVSDFHVHWGHVWHPSVGXYLVLEOHHWGHO¶LQYLVLEOHGHOD parole et du bruit. Elle intervient dans ce rapport entre des pratiques, des formes de visibilité et des modes du dire qui découpe un ou des mondes communs.9

&¶HVW MXVWHPHQW GH FH SRLQW GH YXH TXH QRXV HVVD\HURQV GH FRPSUHQGUH SRXUTXRL SRXU XQ écrivain français du siècle dernier, il pouvait encore sembler « insupportable de faire jouer cette pièce SDU GHV IHPPHV SDUFH TX¶RQ QH YHUUDLW SOXV O¶rWUH KXPDLQ RQ Q¶\ YHUUDLW TXH GHV IHPPHV qui se disputent »10, alors même que, toujours selon ce même auteur : « &¶HVW WUqV FXULHX[ PDLV TXDQG MH construis mes SHUVRQQDJHV MH QH YRLV SDV GH FRQGXLWH VSpFLILTXHPHQW PDVFXOLQH« »11 Cherchant à éclairer ce SDUDGR[HQRXVVHURQVpJDOHPHQWDPHQpVjFRQVWDWHUTXHO¶H[WUrPHQHWWHWpGHO¶LPDJHGHOD IHPPHHVWjODVRXUFHG¶XQHIRUPHG¶pWKLTXHSURIHVVLRQQHOOHGHVDXWHXUVféminins : « Pour un écrivain, MHFURLVTX¶LOV¶DJLWG¶HIIDFHUVDSHUVRQQDOLWpULHQjFUDLQGUHLOHQUHVWHUDWRXMRXUVDVVH] !) pour être WRXWDX[DXWUHV(QVRPPHFHQ¶HVWSDVVLGLIIpUHQWGXYpULWDEOHDPRXU ».12 Et si, en effet, les femmes- écrivains semEOHQWQ¶DYRLUULHQjFUDLQGUHGHFHWWHHQWUHSULVHG¶DEQpJDWLRQHWG¶HIIDFHPHQWGHVRLF¶HVW TX¶DXIRQGHOOHVQ¶\ULVTXHQWULHQG¶HVVHQWLHO : « 3DUFHTX¶LOOHXUHVWLPSRVVLEOHG¶rWUH© neutres ª>«@

(OOHVRQWFHUWDLQHVKDELWXGHVFHUWDLQHVPDQLqUHVG¶rWUH, une certaine voix, certaines intonations dont OHV WURLV TXDUWV j PRQ DYLV VRQW IDEULTXpHV VRQW OH IDLW GH O¶pGXFDWLRQ »13 (QILQ O¶HQVHPEOH GHV FRQQRWDWLRQV TXL V¶DWWDFKHQW DX IpPLQLQ HW OXL IRQW FRPPH XQH DXUD GH VLJQLILFDWLRQV GLIIXVHV OH féminin eVW DLQVLDVVRFLpSDUH[HPSOHjWRXWFHTXLHVW SRSXODLUHSDURSSRVLWLRQjO¶pOLWLVPHGHOD FXOWXUHPDVFXOLQHHWjXQUHJLVWUHSULPLWLIRXSULPRUGLDOVHQVXHOpPRWLI«SHUPHWDXVVLGHMHWHUOD OXPLqUH VXU O¶LGpDO G¶LPSHUVRQQDOLWp GH O¶pFULWXUH TXL V¶H[prime chez les auteurs-femmes : « Il faut, comme pour une expérience chimique, créer les conditions, grâce à une certaine température, une FHUWDLQH OXPLqUH HWF SRXU TXH oD MRXH H[DFWHPHQW HQWUH GHX[ FRQVFLHQFHV G¶R HVW pOLPLQp WRXW O¶H[WpULHXUGHX[FRnsciences presque jO¶pWDWQXjO¶pWDWG¶pJDOLWp. »14

/¶HQFKDvQHPHQWGHFHVGHX[TXDOLILFDWLIVQRXVSDUDvWici tout à fait parlant.

8 Jacques Rancière, Le partage du sensible : esthétique et politique, Paris, Editions de la Fabrique, 2000.

9 Jacques Rancière, Politique de la littérature, Paris, Galilée, 2007, p.12.

10 Nathalie Sarraute, Simone Benmussa, Entretiens avec Nathalie Sarraute, Tournai, La Renaissance du livre, 1999, p.152.

11 Ibid., p.153.

12 Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts : Entretiens avec Mattieu Galey, Paris, Centurion, 1980, p.300.

13 Nathalie Sarraute, Simone Benmussa, Entretiens avec Nathalie Sarraute, op.cit., p.152.

14 Ibid., p.131.

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19

c) La non pertinence

Ecrire (et, à plus forte raison, mener une recherche) sur les femmes-écrivains du siècle écoulé serait également inutile, aux yeux de certains, dans la mesure où traiter la problématique des auteurs- IHPPHVQHVHUDLWSHUWLQHQWTXHSRXUO¶pWXGHGHODOLWWpUDWXUHGHO¶kJHFODVVLTXHROHVIHPPHVGHOHWWUHV occupaient en effet une place secondaire, mais légitime, dans le canon littéraire15 ; en revanche, O¶pJDOLWp des droits acquise au cours du XXe siècle semble rendre moins pertinentes, sinon parfaitement YDLQHVOHVFRQVLGpUDWLRQVVXUO¶LPSDFWGXVH[HRXGXJHQUHGDQVOHFKDPSGHODFUpDWLRQLQWHOOHFWXHOOH et/ou DUWLVWLTXH FRQWHPSRUDLQH /¶pYROXWLRQ GX VWDWXW OpJDO GH OD IHPPH HVW FHUWHV LQFRQWHVWDEOH : le droit de disposer librement de son salaire a été inscrit dans la législation française dés 1907, O¶HQVHLJQHPHQWVHFRQGDLUHSRXUILOOHVV¶HVWDOLJQpVXUFHOXLGes garçons à partir de 1924, le droit de YRWHHWO¶pOLJLELOLWpRQWpWpRFWUR\pVSDUO¶RUGRQQDQFHG¶$OJHUHQHWOHSULQFLSHGHO¶pJDOLWpGH droit entre les hommes et les femmes est posé dans le préambule de la Constitution de 1946. Les dernières traces G¶LQpJDOLWpMXULGLTXHGLVSDUDLVVHQWHQ)UDQFHDYHFODUpIRUPHGXUpJLPHPDWULPRQLDOHQ 1964 (les femmes y gagnent la garantie de pouvoir librement gérer leurs biens, leurs comptes bancaires HW OHXU pSDUJQH HW G¶H[HUFHU OH PpWLHU UpPXQpUp GH OHXU FKRL[ la loi Neuwirth autorisant la FRQWUDFHSWLRQHWODGpFODUDWLRQGXSULQFLSHG¶pJDOLWpHQPDWLqUHG¶DXWRULWpSDUHQWDOH6L QRXVSHUFHYRQVFHVFKDQJHPHQWVFRPPHODPDUFKHWULRPSKDOHHWLQLQWHUURPSXHGHO¶pPDQFLSDWLRQGHV femmes, nous pourrions dRQF rWUH WHQWpV GH FRQFOXUH TX¶XQH pWXGH SRUWDQW VXU OD VSpFLILFLWp GH O¶LWLQpUDLUHVRFLRSURIHVVLRQQHOGHV femmes-écrivains du XXe VLqFOHQ¶HVWJXqUHVXVFHSWLEOHG¶DSSRUWHU

15 La littérature à ce sujet est abondante. Cf. entre autres : Charles-Augustin Sainte-Beuve, Portraits de femmes / Edition présentée, établie et annotée par Gérald Antoine, Paris, Gallimard, 1998 (édition originale 1844) ; Michel Lequenne, Grandes dames des lettres. Tome 1 : De Sappho à Ann Radcliffe, Paris, Syllepse, 2011 ; /¶pPHUJHQFHOLWWpUDLUHGHVIHPPHV à Lyon à la Renaissance, 1520-1560 / Etudes réunies et présentées par Michèle Clément et Janine Incardona, Saint-Étienne, 3XEOLFDWLRQVGHO¶8QLYHUVLWpGH6DLQW-Étienne, 2008 ; La galerie des femmes illustres au Grand siècle. Actes du colloque organisé à Paris par la Société des Amis des archives de France le 16 novembre 2006, Paris, Editions de la Bouteille à la mer, 2007 ; /HFWULFHV G¶$QFLHQ UpJLPHActes du colloque de 27- MXLQ RUJDQLVp SDU O¶8)5 $UWV OHWWUHV FRPPXQLFDWLRQGHO¶8QLYHUVLWp5HQQHV6RXVODGLUHFWLRQG¶,VDEHOOH%URXDUG-Arends, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003 ; Annette Shahar, /¶pFULWXUHIpPLQLQHDX;9,e siècle en France $YHFODSUpIDFHG¶,ODQD=LQJXHU1HZ-York, The Edwin Mellen Press, 2008 ; Ingrid Åkerlund, Sixteenth Century FrencK :RPHQ :ULWHUV 0DUJXHULWH G¶$QJRXOrPH Anne de Graville, the Lyonnese school, Jeanne de Jussie, Marie Dentière, Camille de Morel, New-York, The Edwin Mellen Press, 2003 ; Patricia Francis Cholakian, Women and the Politics of Self-Representation in the Seventeenth Century France, Newark : University of Delaware Press, London, Cranbury, Mississauga : Associated University Presses, 2000 ; Faith Evelyn Beasley, 5HYLVLQJ0HPRU\:RPHQ¶V)LFWLRQDQG0HPRLUVLQ6HYHQWHHQWK-Century France, New Brunswick, Rutgers University Press, 1990 ; Elizabeth C. Goldsmith, 3XEOLVKLQJ :RPHQ¶V /LIH 6WRULHVLQ )UDQFH -1720: from Voice to Print, Aldershot, Ashgate, 2001 ; /DIDEULTXHGHO¶LQWLPHPpPRLUHVHWMRXUQDX[GHIHPPHVGX;9,,,e siècle / Textes établis, présentés et annotés par Catriona Seth, Paris, Robert Laffont, 2012 ; Femmes en toutes lettres : les épistolières du XVIIIe siècle / Textes réunis et présentés par Marie-France Silver et Marie-Laure Girou Swiderski, Oxford, Voltaire Foundation, 2000 ; La tradition des romans de femmes : XVIIIe-XIXe siècles / Textes réunis et présentés par Catherine Mariette-Clot et Damien Zanone, Paris, Honoré Champion, 2012 ; Élisabeth Badinter, Mme du Châtelet, Mme G¶(SLQD\ RX /¶DPELWLRQ IpPLQLQH DX ;9,,,e siècle, Paris, Flammarion, 2006 ; Kathleen Hart, 5HYROXWLRQ DQG :RPHQ¶V Autobiography in Nineteenth-Century France, Amsterdam, Rodopi, 2004 ; Brigitte Louichon, Romancières sentimentales : 1789-1825, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2009 ; Chantal Bertrand-Jennings, Un autre mal du siècle : le romantisme des romancières, 1800-1846, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2005 ; Christine Planté, La Petite V°XUGH%DO]DFHVVDLVXUODIHPPHDXWHXU, Paris, Seuil, 1989 ; Rachel Sauvé, 'HO¶pORJHjO¶H[FOXVLRQOHVfemmes auteurs et leurs préfaciers au XIXe siècle, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2000.

(21)

20 XQHFRQWULEXWLRQPDMHXUHjODFRPSUpKHQVLRQGHOHXUV°XYUHVSDVSOXVTX¶jFHOOHGH O¶pYROXWLRQGH O¶KLVWRLUHOLWWpUDLUHFRQWHPSRUDLQH.

2UIRUFHHVWGHFRQVWDWHUTXHO¶pJDOLWpGHVGURLWVVXUOHSODQMXULGLTXHQ¶DEROLWHQULHQFHTXLSHXW SHUVLVWHUGXFDUDFWqUHLQpTXLWDEOHGHVP°XUVFRPPHQRXVOHUDSSHODLWGpMjQRQVDQVVDJDFLWp$OHxis de Tocqueville dans ses réflexions sur les paradoxes qui marquent les rapports entre les groupes VRFLDOHPHQWSULYLOpJLpVHWGpVDYDQWDJpV&RQWUDLUHPHQWjFHTX¶RQSRXUUDLWFURLUHUHPDUTXHHQHIIHWOH SKLORVRSKHODUHFRQQDLVVDQFHGHO¶pJDOLWpOpJDOHRu juridique ne suffit pas à venir à bout des disparités GDQVOHWUDLWHPHQWGHVJURXSHVRXGHVLQGLYLGXV$XERXWGXFRPSWHHWF¶HVWOjWRXWOHSDUDGR[HHOOH est même loin de les atténuer VL OHV SURJUqV GH O¶pJDOLWp HQ GURLW IRQW WRPEHU OHV FORLVRQV institutionnelles entre les différents groupes dans la société et créent ainsi les conditions de la porosité GHV VWUDWHV VRFLDOHV GRQF GH OD PRELOLWp GHV LQGLYLGXV G¶XQH FODVVH j O¶DXWUH FHOD QH YD SDV VDQV remettre en cause la prétention des groupes socialement favorisés à certains privilèges symboliques, qui perdent de ce fait de leur pertinence. L¶LPSRVVLELOLWp GH IDLUH EDUUDJH VXU OH SODQ MXULGLTXH j O¶LQWUXVLRQGHJURXSHVGRPLQpVGDQVFHTXHOHVFRXFKHVIDYRULVpHVFRQVLGpUDLHQWQDJXqUHFRPPHOHXUV chaVVHVJDUGpHVHQYLHQWGRQFjUHQIRUFHUVXUOHSODQLGHQWLWDLUHO¶pOLWLVPHGHFHX[TXLUHVWHQWGHIDLW maîtres de la situation. Au nivellement progressif des différences juridiques, les groupes dominants RSSRVHQW DLQVL O¶DFFHQWXDWLRQ DX VHLQ GH OD VRFLété, des inégalités imaginaires. Or ces dernières ne FHVVHQWSDVSRXUDXWDQWGHFRQGLWLRQQHUOHIRQFWLRQQHPHQWG¶HQVHPEOHGHVUDSSRUWVVRFLDX[jWUDYHUV WRXWOHV\VWqPHGHVP°XUVGHVRSLQLRQVDXWRULVpHVRXDFFUpGLWpHVHWGHVUHSUpVHQWDWLRQVLQVWLWXpHVRu répandues de soi-PrPHHWGHO¶DXWUH :

'pMj OD ORL HW HQ SDUWLH O¶RSLQLRQ SURFODPHQW TX¶LO Q¶H[LVWH SDV G¶LQIpULRULWp QDWXUHOOH HW SHUPDQHQWH HQWUH OH VHUYLWHXU HW OH PDvWUH 0DLV FHWWH IRL QRXYHOOH Q¶D SDV HQFRUH SpQpWUp MXVTX¶DXIRQGGHO¶HVSULWGHFHOXi-FLRXSOXW{WVRQF°XUODUHSRXVVH'DQVOHVHFUHWGHVRQkPH OHPDvWUHHVWLPHHQFRUHTX¶LOHVWG¶XQHHVSqFHSDUWLFXOLqUHHWVXSpULHXUHPDLVLOQ¶RVHOHGLUH et il se laisse attirer en frémissant vers le niveau. Son commandement en devient tout à la fois timide et dur GpMj LO Q¶pSURXYH SOXV SRXU VHV VHUYLWHXUV OHV VHQWLPHQWV SURWHFWHXUV HW ELHQYHLOODQWV TX¶XQ ORQJ SRXYRLU LQFRQWHVWp IDLW WRXMRXUV QDvWUH HW LO V¶pWRQQH TX¶pWDQW OXL- même changé, son serviteur change ; il veut que ne faisant pour ainsi dire que passer à travers la domesticité, celui-ci y contracte des habitudes régulières et permanentes TX¶LO VH PRQWUH VDWLVIDLWHWILHUG¶XQHSRVLWLRQVHUYLOHGRQWW{WRXWDUGLOGRLWVRUWLUTX¶LOVHGpYRXHSRXUXQ homme qui ne peut ni le protéger nLOHSHUGUHHWTX¶LOV¶DWWDFKHHQILQSDUXQOLHQpWHUQHOjGHV êtres qui lui ressemblent et qui ne durent pas plus que lui.16

Remplaçons simplement ici le pronom « il » du serviteur par un « elle », et on ne trouverait pas GHVFULSWLRQ SOXV H[DFWH GH O¶pYROXWLRQ GH O¶pWDW G¶HVSULW GRPLQDQW j OD VXLWH GH O¶pPDQFLSDWLRQ GHV femmes au siècle dernier. En réalité, à la reconnaissance de droits égaux succède moins une idylle G¶pJDOLWpDEVROXHTX¶© une guerre sourde et intestine »17 ± une guerre des représentations qui a pour FKDPSGHEDWDLOOHO¶LPDJLQDLUHFROOHFWLIGHODVRFLpWp/DGLVFULPLQDWLRQQpHGHFHWWHJXHUUHTXLQHGLW SDVVRQQRPHVWODWHQWHHPSUHLQWHG¶XQHDSSDUHQWHFRXUWRLVLH ; sa violence a un caractère symbolique,

16 Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique / Choix de textes, introduction, notes, bibliographie et glossaire par Philippe Raynaud, Paris, GF Flammarion, 2010 (édition originale 1835 pour le premier et 1840 pour le deuxième tome), p.225-226.

17 Ibid., p.227.

(22)

21 F¶HVW XQH YLROHQFH GRXFH WDFLWH HW feutrée RQ Q¶LQWHUGLW SDV j OD IHPPH G¶pFULUH HW PrPH RQ QH FULWLTXH SOXV G¶XQ WRQ DFHUEH OD IHPPH TXL pFULW PDLV RQ SUpWHQG DYHF XQH ELHQYHLOODQFH WRXWH SDWHUQDOLVWHFRUULJHUVHVGpIDXWVHWO¶pGXTXHU

B. État des lieux de la critique

En France, la prise de conscience du statut seulement à demi légitime (irait-RQ MXVTX¶j GLUH bâtard ?) des femmes-pFULYDLQV GDQV OH FKDPS FXOWXUHO GH O¶pSRTXH PRGHUQH HW FRQWHPSRUDLQH V¶HVW effectuée dans le sillage de la pensée de Michel Foucauld. Plusieurs parutions récentes témoignent G¶XQLQWpUrWDFFUXSRUWpjO¶KLVWRLUHGHVIHPPHVHWHQSDUWLFXOLHUGHVIHPPHVpPLQHQWHVGHFHOOHVTXL sortent du rang.18 1pDQPRLQV PDOJUp G¶LQFRQWHVWDEOHV SURJUqV FH TX¶LPSOLTXH SRXU XQH IHPPH OD question du devenir-écrivain demeure larJHPHQW LQH[SORUpH (Q HIIHW j O¶H[FHSWLRQ G¶XQ FHUWDLQ QRPEUH G¶DQDO\VHV VROLGHV OD SOXSDUW GHV pWXGHV FRQVDFUpHV DX VXMHW VRXIIUHQW G¶LQVXIILVDQFHV PDMHXUHV /¶pFUDVDQWH PDMRULWp GHV pWXGHV TXL DERUGHQW OD SUREOpPDWLTXH GHV IHPPHV-écrivains

18 Le dictionnaire universel des créatrices / Sous la direction de Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber, Paris, Des femmes, 2013 ; Littérature, Histoire, Théorie n°7 : « Y a-t-il une histoire littéraire des femmes ? », avril 2010 ;

&DKLHUGHO¶+HUQHQƒ6LPRQHGH%HDXYRLU3DULV(GLWLRQVGHO¶+HUQH ; Cherchez la femme: Women and Values in the Francophone World (GLWHG E\ (ULND )O|S DQG$GULHQQH$QJHOR, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars, 2011; Terra incognita : femmes, savoirs, créations / Sous la direction de Michèle Ramond, Paris, Indigo, 2006 ; Femmes et création $FWHV GH OD MRXUQpH G¶pWXGHV GX DR€W j O¶8QLYHUVLWp GH OD 1RXYHOOH-Calédonie / Sous la direction de 0RXQLUD&KDWWL3DULV(GLWLRQVGHO¶$PDQGLHULa littérature au féminin. Actes du premier congrès international organisé par le groupe de recherches en philologie française, études linguistiques et littéraires les 3-5 avril 2002 / Sous la GLUHFWLRQGH0RQWVHUUDW6HUUDQR0DĖHV0D&DUPHQ0ROLQD5RPHUR/LQD$YHQGDĖR$QJXLWD*UDQDGD8QLYHUVLGDGGH Granada, 2002 ; Femmes et littérature. Actes du colloque des Universités de Birmingham et de Besançon en janvier 1998 / Etudes réunies par Philippe Baron, Dennis Wood et Wendy Perkins, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 2003 ; Femmes et livres / Sous la direction de Danielle Bajomée, Juliette Dor et Marie-Élisabeth Henneau, Paris, O¶+DUPDWWDQ ; Lectrices : la littérature au miroir des femmes / Textes rassemblés par Marianne Camus et Françoise Rétif, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2004 ; Les Cahiers du GRIF : Le langage des femmes, Bruxelles, Editions Complexe, 1992 ; Lyrisme et féminité. Actes GXFROORTXHLQWHUQDWLRQDORUJDQLVpSDUO¶eTXLSHCréativité et imaginaire du Centre de recherches interdisciplinaire sur les femmes en janvier 1990 / Textes recueillis par Élisabeth Béranger et Ginette Castro, Talence, Presses universitaires de Bordeaux, 1991 ; French Women Authors: The Significance of the Spiritual (1400-2000) / Edited by Kelsey L. Haskett and Holly Faith Nelson, Newark, University of Delaware Press, 2013 ; Women in Europe Between the Wars: Politics, Culture and Society / Edited by Angela Kershaw and Angela Kimyongür, Aldershot, Ashgate, 2007 ; Des femmes écrivent la guerre / Sous la direction de Frédérique Chevillot et Anna Norris, Paris, les Editions Complicités, 2007 ; Myth and Violence in the Contemporary Female Text: New Cassandras / EdLWHG E\ 6DQMD

%DKXQ-5DGXQRYLü DQG 9.G. Julie Rajan, Burlington, Ashgate, 2011 ; The Female Face of Shame / Edited by Erica L.

Johnson and Patricia Moran, Bloomington, Indiana University Press, 2013 ; Women in the Arts : Eccentric Essays in Music, Visual Arts and Literature / Edited by Barbara Harbach and Diane Touliatos-Miles, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars, 2010 ; Laurel Thatcher Ulrich, Well-Behaved Women Seldom Make History, New-York, A. A. Knopf, 2007 ; Laure Adler, Stefan Bollmann, Les femmes qui écrivent vivent dangereusement, Paris, Flammarion, 2007 ; Geneviève Guilpain, Les célibataires, des femmes singulières : le célibat féminin en France, XVIIe-XXIe siècle 3DULV O¶+DUPDWWDQ 2012 ; Béatrice Didier, /¶(FULWXUH-femme, Paris, Presses universitaires de France, 1981 ; Laurence Enjolras, Femmes écrites : bilan de deux décennies, Saratoga, ANMA Libri, 1990 ; Andrée Mansau, Des femmes : images et écritures, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2004 ; Michèle Ramond, Quant au féminin, ParLVO¶+DUPDWWDQ ; Nathalie Epron, Création, où sont les femmes ?, Montbonnot-Saint-0DUWLQ7HUUHVG¶pFODW ; Élisabeth Seys, Ces femmes qui écrivent : de madame de Sévigné à Annie Ernaux, Paris, Ellipses, 2012 ; Laurence M. Porter, :RPHQ¶V9LVLRn in Western Literature: the empathic community, Westport ± London, Praeger, 2005 ; Jaishree K. Odin, Hypertext and the Female Imaginary, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2010 ; Leah D. Hewitt, Autobiographical Tightropes: Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Monique Wittig, and Maryse Condé, Lincoln, University of Nebraska Press, 1990 ; Suzette A. Henke, 6KDWWHUHG 6XEMHFWV 7UDXPD DQG 7HVWLPRQ\ LQ :RPHQ¶V /LIH-Writing, New-York, St.

0DUWLQ¶V3UHVV6XVDQ,QJUDPZaratKXVWUD¶V6LVWHUV:RPHQ¶V$XWRELRJUDSK\DQGWKH6KDSLQJRI&XOWXUDO+LVWRU\, Toronto, University of Toronto Press, 2003.

(23)

22 relèvent de O¶XQHRXO¶DXWUHGHTXDWUHDSSURFKHVPpWKRGRORJLTXHVSULQFLSDOHVGRQWFKDFXQHSqFKHj PHV\HX[SDUXQHGpIDLOODQFHFUXFLDOHGDQVO¶DQDO\VHVXVFHSWLEOHGHUHPHWWUHHQFDXVHOHVUpVXOWDWVGH la recherche LO V¶DJLW GHV pWXGHV IpPLQLQHV RX IpPLQLVWHV, des lectures psychanalytiques, des UHFKHUFKHV TXL VH UHYHQGLTXHQW GH O¶KLVWRLUH GHV LGpHV HW GHV VHQVLELOLWpV HW HQILQ GH O¶DSSURFKH OLWWpUDLUHWUDGLWLRQQHOOHV¶DSSX\DQWVXUOHFRPPHQWDLUHGXWH[WHHWOHUHOHYpGHVpOpPHQWVVWUXFWXUDQWVGH O¶°XYUH 4XHOVsont les aspects vulnérables de chacune de ces méthodes ? Et peut-RQ DOOHU MXVTX¶j GpGXLUHGHFHVGpIDXWVTXHOHVFRQFOXVLRQVDX[TXHOOHVRQSHXWDUULYHUHQDSSOLTXDQWFHVRXWLOVG¶DQDO\VH jODSUREOpPDWLTXHTXLHVWODQ{WUHUHVWHQWIRQFLqUHPHQWHQWDFKpHVG¶insuffisance ?

a) /¶DSSURFKHGHVpWXGHVIpPLQLQHVIpPLQLVWHVHWjXQPRLQGUH degré, des études de genre)

19

Les recherches menées dans le cadre de ce paradigme conceptuel reposent sur une vision dichotomique, de nature essentialiste : on y présume en effet une masculinité et une féminité idéales ou à tout le moins idéal-typiques, ainsi que des rapports entre les sexes placés sous le signe de la FRHUFLWLRQ HW GH O¶DQWDJRQLVPH /HV efforts des chercheurs qui travaillent dans cette direction se concentrent ainsi sur les tentatives de retrouver une « voix authentiquement féminine ª DX F°XU GX WH[WHSURGXLWSDUO¶pFULYDLQ-IHPPHG¶\UHSpUHUOHVVLJQHVGHVROLGDULWpIpPLQLQHOD© sororité ») ou, à GpIDXWHWHQO¶DEVHQFHGHFHVGHUQLHUVG¶H[SOLTXHUOHVGLVWRUVLRQVGXODQJDJHIpPLQLQSDUO¶RSSUHVVLRQ phallologocentrique des sociétés patriarcales &¶HVW DLQVL TXH -RKQ 3KLOOLSV GpFULW O¶REMHFWLI GH VD recherche dans le chapitre « /¶LGHQWLWpGXVXMHW » de son étude consacrée à Nathalie Sarraute :

We shall pursue this link between the metaphor and the Imaginary, in hypothesising a quest for WKH )HPLQLQH LQ WKH PHWDSKRUV RI 1DWKDOLH 6DUUDXWH¶V WH[WV LQ RSSRVLWLRQ WR WKH ULJLG phallocentrism of the Symbolic. This is to reflect a consensus view among post-Lacanian feminists such as Irigaray and Cixous that femininity, as presented from the masculine position, is distorted, but that the truly feminine voice ± an ambiguous, multiple and fluid voice

± can be heard in the corporeal rhythms and images of a liberated poetic language.

There are many passages in Sarraute which appear to valorize a feminine, in opposition to a masculine principle, the uterine fluidity of sensations which have no place in the rigid categories of the Nom du père.20

$LQVLWRXWGDQVO¶°XYUHG¶XQpFULYDin-femme passe au crible de cette vision binaire dont le but est de séparer les composantes proprement « féminines » du texte des effets de la présence masculine oppressive. Dans le cas de Nathalie Sarraute, par exemple, son attention à la violence verbale, son

19 3DUPLFHVpWXGHVRQSHXWFLWHUjWLWUHG¶H[HPSOH : Writing and Sexual Difference / Edited by Elisabeth Abel, Chicago, University of Chicago Press, 1982 ; Kathy Ferguson, Self, Society and Womankind: The Dialectic of Liberation, Westport, Greenwood Press, 1980 ; Mary Jacobus, Women Writing and Writing About Women, Totowa ± New-Jercy, Barnes and Noble, 1979 ; Mary Evans, Masks of Tradition: Women and the Politics of Writing in Twentieth-Century France, Ithaca, Cornell University Press, 1987 ; Susan Suleiman, Subversive Intent: Gender, Politics and the Avant-Garde, Cambridge, Harvard University Press, 1990 ; Displacements: Women, Tradition, Literatures in French / Edited by Joan De Jean and Nancy Miller, Baltimore, John Hopkins University Press, 1991 ; Sarah Barbour, Nathalie Sarraute and the Feminist Reader:

Identities in Process, Lewisburg: Bucknell University Press; London ± Toronto: Associated University Presses, 1993 ; Jean Leighton, Simone de Beauvoir on Woman, Rutherford ± New-Jercy, Fairleign Dickinson University Press, 1975 ; Yolanda Paterson, Simone de Beauvoir and the Demystification of Motherhood, Ann Arbor, UMI Research Press, 1989.

20 John Phillips, Nathalie Sarraute: Metaphor, Fairy-Tale and the Feminine of the Text, New-York ± Washington ± Baltimore ± San-Francisco ± Bern ± Frankfurt-am-Main ± Berlin ± Vienna ± Paris, Peter Lang, 1994, p.9-10.

(24)

23 UHFRXUVFRQVWDQWjGHVPpWDSKRUHVGXGpFKLUHPHQWSDVVLRQQHODLQVLTXHO¶LPDJHULHGXPRUFHOOHPHQW GHVFRUSVGHODWRUWXUHRXGHO¶LPPRODWLRQTXLPDUTXHQRPEUHGHVHVSHUVRQQDJHVVRQWFRQVLGpUpHV UpYpODWULFHVG¶XQHSUpVHQFHSHUQLFLHXVHGHO¶KRPPHGDQVO¶XQLYHUVYLFWLPLVpGHODIHPPH$O¶LQYHUVH ODTXrWHG¶XQSUp-ODQJDJHRXG¶XQODQJDJHSUp-logique et donc non coercitif, se voit posée comme une forme de résistance à la tyrannie phallologocentrique, et le recours à des formes ou des images issues des contes populaires est envisagé comme une issue thérapeutique pour le sujet féminin en souffrance.

Il est WUqVUpYpODWHXUTXHPrPHOHVSOXVYLJRXUHXVHVWHQWDWLYHVG¶RXWUHSDVVHUFHWWHYLVLRQGHOD rivalité, sinon du combat, de deux essences métaphysiques pWUDQJqUHVO¶XQHjO¶DXWUH± le Masculin et le Féminin ± aboutissent, en fin de compte, à une contradiction performative. Ainsi Julia Kristeva, V¶DSSX\DQWVXUO¶DQDO\VHGHVSURQRPVSHUVRQQHOVdans les textes de Nathalie Sarraute, conclut-elle que le caractqUH SDUWLFXOLHU GH VRQ XVDJH GH OD ODQJXH XQH V\QWD[H GLVORTXpH O¶LQVWDELOLWp GHV LQVWDQFHV QDUUDWLYHVHWO¶LQFHUWLWXGHGHODSRVLWLRQDXFWRULDOHUpYqOHODSOHLQHDSSDUWHQDQFHGHO¶DXWHXUGHVFruits G¶2U à la troisième génération des féministes, avec tous les traits distinctifs qui caractérisent cette GHUQLqUHjVDYRLUO¶LGHQWLILFDWLRQDX[PRGqOHVPDVFXOLQVO¶DIILUPDWLRQGHVGLIIpUHQFHVLQGLYLGXHOOHV OD GpGUDPDWLVDWLRQ GH O¶DQWDJRQLVPH HQWUH OHV GHX[ VH[HV HW OD PLVH HQ YDOHXU GH ODsingularité de O¶expérience et de la vision de chaque femme).21 Quel meilleur exemple pourrait-RQ WURXYHU G¶XQH contradiction performative " /¶HIIDFHPHQW GHV U{OHV VRFLDX[ WUDGLWLRQQHOV O¶HIIULWHPHQW RX OD désagrégation des personnages nettement reconnaissables comme féminins ou masculins, O¶LQVLVWDQFH sur la singularité du style de chaque auteur VRQWUpLQWHUSUpWpVFRPPHFDUDFWpULVWLTXHVSUpFLVpPHQWG¶XQ certain type (la « troisième génération ªG¶pFULWXUHIpPLQLQHSOXVSXOVLRQQHOOHSOXVFRUSRUHOOHSOXV viscérale et, en FHFLjQRXYHDXUDGLFDOHPHQWGLIIpUHQWHGHO¶pFULWXUHmasculine. Le serpent performatif se mord la queue : la démarche même qui efface les barrières entre le masculin et le féminin recrée un SHXSOXVORLQFHWWHPrPHIURQWLqUHTX¶HOOHQHIDLWDXIRQGTXHdéplacer.

b) Les lectures psychanalytiques

Dans leur immense majorité, celles-ci hypostasient une expérience originaire du sujet, le plus VRXYHQW XQ WUDXPDWLVPH OLp DX[ UDSSRUWV DYHF OD PqUH &¶HVW j FHW pOpPHQW IRQGDWHXU TXH VHUD FRQWLQXHOOHPHQWUDPHQpHO¶Ldentité GHO¶pFULYDLQ-femme.22 Ainsi, sous cet angle ouvertement réducteur, OHV OHLWPRWLYV HW OHV SULQFLSDX[ WUDLWV UpFXUUHQWV GH O¶pFULWXUH \RXUFHQDULHQQH DXVVL GLYHUV VRLHQW-ils, VHURQW WRXV GpGXLWV G¶XQ pYpQHPHQW XQLTXH OD PRUW SUpPDWXUpH de la mère : « Le refus de la contemporanéité, autrement dit, peut-rWUH OX FRPPH OD QpJDWLRQ DEVROXH GH O¶pYpQHPHQW GH

21 Voir à ce sujet : Julia Kristeva, « Le temps de femmes » dans Julia Kristeva, /HVQRXYHOOHVPDODGLHVGHO¶kPH, Paris, )D\DUGSRXUODSUHPLqUHSXEOLFDWLRQGHO¶DUWLFOH

22 9RLU j WLWUH G¶H[HPSOH /DXULH &RUELQThe Mother Mirror: Self-Representation and Mother-Daughter Relation in Colette, Simone de Beauvoir et Marguerite Duras, New-York ± Bern ± Paris, Peter Lang, 1996.

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