FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1901-1902 H° 62
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CLINIQUE
DU PEMPHIGUS
DES
Premières Voies respiratoires et digestives
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le B1 Janvier 1902
PAR
François
-Marie MONFORT
Né à Durtol (Puy-de-Dôme), le 9 Avril 1877
Élève du Service de Santé de la Marine
Examinateurs de laThèse :
MM. ARNOZAN professeur.... Président FERRÉ professeur
MONGOUR agrégé
1 | Jwes.
CABANNES agrégé )
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJKAUX — 91 1902
Faculté de Médecine etjje Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES,
doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. M1GÉ \
DUPUY V Professeurs honoraires.
MOUSSOUS
\
MM.
PICOT.
/m , 1 rlUUl.
ul1111(^110 interne ^ PJ'PRES DEMONS.
LANELONGUE.
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ARNOZAN.
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Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique
générales.
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Médecine opératoire. Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que
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Physiologie ...
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Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des
maladies desenfants Chimiebiologique.. .
Physiquepharmaceu¬
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EXERCICE :
ie interne etMédecine MM. MONGOUR.
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CRURS COUI'l.li 11 S'I^TA 1 R Clinique desmaladiescutanées et
syphilitiques
Clinique desmaladies des
voies urinaires
Maladies du larynx,des
oreilles
etdu
nez...Maladies mentales Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Physiologie Embryologie
Ophtalmologie
*
Hydrologie etMinéralogie Pathologieexotique
Le Secrétaire dela Faculté:
M. DUPOUY.
BOS :
MM. DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCc/.
FIETJX..
PACHON.
PRINCETEAU
LAGRANGE.
CARLES.
LE DANTEC.
LEMAIRE.
Linsle-' Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises<
Thèsesqui lui sont présentées doivent être
considérées
comme propres aleurs auteurs
qu'elle n'entend leurdonnerniapprobation ni
improbation.
tMMWMHMwBp
s " " ,- " - J
A MONSIEUR LE DOCTEUR BOURRU
DIRECTEUR DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE PRINCIPALE DU SERVICE LE SANTÉ DE I,A MARINE OFFICIER DE LA LÉGION D*HONNEUE
OFFICIER DE i/INSTRUCTION PUBLIQUE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A UA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
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AYANT-PROPOS
Dans le courant du mois de novembre, notre attention était attirée à la Clinique
laryngologique
sur une malade qui présentait au voile du palais une éruption de pemphigus aigu. M. le Prof. Moure nous fit remarquer la rareté de cette lésion qui n'a pas encore été décriteen France et nous pro¬posa d'en faire l'objet de ce travail.
Quelques
jours après nous avions l'occasion de voir à laClinique ophtalmologique
de M. le Prof. Badal unmalade, pré- demment atteint d'une éruption de pemphigusgénéralisé,
qui présentait des lésions graves des conjonctives et uneéruption s'étendant au voile du palais, à
Tépiglotte
et à l'en¬trée du
larynx.
La ressemblance deces lésions avec cesérup¬tions localisées auxmuqueuses que l'on a décrites sous les noms de pemphigus isolé ou de pemphigus cicatriciel des muqueuses, nous donna aussitôt l'idée d'en faire l'étudeà la suite de celle du pemphigus aigu.
Il estbien agréable pour nous d'avoir l'occasion de remer¬
cier ici tous nosprofesseurs Me la Marine, des
Hôpitaux
et de la Faculté qui ont fait notre éducation médicale. Leur vie, toute de travail etd'abnégation,
restera pour nous un exemple.M. le Prof. Moure nous reçut dans son Service avec une
grande
bienveillance,
et pendant quelques mois nous avons pu apprécier le zèle constant du médecin pour ses malades etdu maître pour ses élèves. Ses encouragements et ses conseils nous ont été d'un grand secours pour la ré-- 10 -
daction de ce travail. Nous lui en témoignons toute notre gratitude.
Merci à nos camarades, le docteur Vaillant, médecin de l'armée coloniale, et Fistié, élève du Service de santé de la Marine, pour la gracieuseté aveclaquelle ils ontmis à notre disposition leur connaissance de la langue allemande.
C'est sous la direction de M. le Prof. Arnozan que nous avons eu le plaisir de commencer nos études à Bordeaux, et
nous avons gardé des utiles causeries decemaître lemeilleur souvenir. Il nous fait aujourd'hui le grand honneur d'accep¬
ter la présidencede notre thèse. Qu'il nous permette de lui
offrir ici l'hommage respectueux de notre reconnaissance.
INTRODUCTION.
DIVISIONLe mot pemphigus vient de
l'expression
grecque qui signifie bulle ousoulèvementépidermique
d'un volumeassezconsidérable.
Aucun terme n'a peut être prêté dans le
langage
médical à desinterprétations
plus diverses.Hippocrate
et les premiers auteurs comprennent sous ce titre tout à la fois les éruptions vésieuleuses ethuileuses,
notamment
l'herpes
labialis.Sauvages {Nosologie méthodique,
Paris, 1762)estle premier auteur qui semble en faire une affection distincte.Gilibert,
de Lyon, nousdonne une étude complète de cette maladie dans saMonographie
duPemphigus
ou Traitéde la maladie vésiculaire. 1813.Les auteurs cependant sont loin de s'entendre encore sur l'extension à donner au termepemphigus. Tandisque la plu¬
partdécrivent avec Gilibert une forme
aiguë
et une formechronique,
Willian, après lui Bateman son élève et, à uneépoque beaucoup
plus rapprochée de nous,Hébrarejettent la forme aiguë et ne décrivent sous ce titre qu'une affectionchronique.
D'une manière générale, on désigneaujourd'hui par lemot
pemphigus une affection à marche aiguë ou
chronique,
caractérisée par des bulles de dimensions
variables,
surve¬nant spontanémentsur la surface cutanée et sur certaines muqueuses et contenant soit de la sérosité
simple,
soit unmélangede sérosité et desang.
— 12 -
Ivaposi estle premier auteur qui
emploie le
termede
pem¬phigus des muqueuses; mais cette
localisation de l'éruption
huileuse avait de tout temps
attiré
l'attention.Gilibert en fut tellement frappé
qu'il
enfit
unde
sesquatre
grandssymptômescaractéristiques de l'affection.
Pourlui,
ce signe est constant quoiqu'il puisse se présenter
à des
degrés variables, depuis la simpleinflammation catarrhale
jusqu'àl'éruption
huileuse, en toutsemblable à l'éruption
cutanée. «Il faut remarquer, nousdit-il,que les
observations
où il n'en est pas fait mention sont
précisément les plus
courtes et les plus dénuées de détails
descriptifs.
»Alibert et Rayer mentionnent le
pemphigusdes
muqueuses et admettent un pemphigusintestinal.
D'après Hillairet et Gaucher
(Traité des maladies de la
Peau, 1885), le pemphigus
dans
saforme aiguë et dans
sa forme chronique peut se montrer surles
muqueuses en même temps que sur la peau. On l'aobservé, disent-ils,
sur les muqueuses de la bouche, de la langue,du voile du palais
et du pharynx, surla
conjonctive,
surla muqueusedu vagin
et sur celle de l'urètre
(Vidal
etColson).
La lésion des muqueuses accompagnant
le pemphigus
cutané est donc un fait banal. La plupart des auteurs nous la montrent comme débutant enmême temps que
l'éruption
cutanéeou suivant celle-ci de très près. Mais il est des cas où l'éruption huileuse paraît sur les muqueuses avant de se montrer sur le revêtementcutané; il en est même,
etKaposi,
Hébra ont attiré sur eux notre attention, où l'éruption
parait
sous une formeaiguë surles membranesmuqueuses ou
bien
y reste localisée des mois et
des années
sans quela
peaupré¬
sente la moindre atteinte.
C'est à l'étudedeces cas où
l'éruption
cutanéenevient pasen aide au clinicien que nous nous sommes borné.
Toutes les membranes muqueuses,
celles
de labouche, du
nez, du larynx et du pharynx, celle des organes
génito-
urinaires, la conjonctive, peuvent être atteintes. Lerevête¬
ment pulmonaireet le revêtement
intestinal
neseraient
pastoujours indemnes. Nous avons eu plus spécialement en vue l'étude des lésions apparentessur les premières voies respi¬
ratoires et digestives.
Dans un premier
chapitre,
nous exposerons nos idées sur lepemphigus aigu des muqueuses, sasymptomatologie,
sondiagnostic,
son pronostic etson traitement.Dans un deuxième chapitre, nousdirons ce qu'on entend parpemphigus chronique des muqueuses, nous en ferons la
description,
montrerons sa marche et son pronostic, et en discuteronsle diagnostic. Nous indiquerons très brièvement quel est l'état de nos connaissances surl'étiologie,
la patho¬génie et le traitement de cette affection encore mal connue.
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CHAPITRE PREMIER
Pemphigus aigu des
muqueuses.Tous les auteurs qui ont bien étudié le pemphigus aigu
nousparlent de sa localisation aux muqueuses.
Grilibert,
nous Pavons dit, y insistelonguement,
il en faitun des symptômes
caractéristiques
de l'affection et pense que l'inflammation vésiculaire des muqueuses n'estpas rareau cours de la maladie. Il cite même, paragraphe 18, une
observation empruntée à Dickson, où la lésion muqueuse précédant
l'éruption
cutanée est bien nette. Cette observa¬tion est en tout semblable à celle que rapporte le docteur Mesnard dans la Gazette
hebdomadaire
des Sciences médi¬cales de
Bordeaux,
du 15 juillet 1891. La malade de Dickson, âgée de vingt-trois ans, présente pendant trois jours des phénomènes angineux légèrement fébriles. Une bulle volu¬mineuse,
à contenuséreux,
est constatée le quatrième joursur la muqueuse
linguale,
et une seconde bulle, de dimen¬sions
moindres,
sur la face interne de la joue gauche. Lecinquième jour se montre sur le corps une éruption de pem¬
phigus qui évolue normalement et se termine en trois semaines après deux ou trois poussées de bulles.
Devergie
nous dit, sans plus insister, que le pemphigus aigu se propageaux muqueuses.Saintorens
{Dupemphigus aigu,
Paris1867)
est d'avis que les lésions muqueuses sedéveloppent
en mêmetemps
quel'affection cutanée et suiventla même
évolution,
bien quese terminant toujours avant elle. Il en est ainsi, en effet, dans- 16 —
ses deux premières
observations, et c'est
surelles seules
qu'il a dûétablir
sonopinion.
Dans l'étude très soignée que
Nodet (de Lyon) fit,
en1880,
du
pemphigus aigu, il mentionne cinq fois
sursept observa¬
tions bien suivies des éruptions
huileuses, de nature séreuse
ou hémorragique, survenues sur
les diverses
muqueusesde
la bouche ou des organes
génitaux
externesdu premier
au septièmejour de la maladie.
Pialoux
{Du pemphigus aigu. Thèse de Bordeaux 1882)
effleure à peine
la question. Il
nousdit seulement
queles
conjonctives et les muqueuses
des
organesgénito-urinaires
sont quelquefois
atteintes. L'auteur rapporte cependant,
d'aprèsSpillmann,
uneobservation dans laquelle, huit jours
après ledébut d'un pemphigus aigu de la
peau,fut nettement
constatée la présence
de bulles
surla face dorsale de la lan¬
gue, le frein,
la voûte et le voile du palais, et jusque
surla
muqueuse
nasale.
L'observation de Dickson,
rapportée
parGilibert,
estdonc
la seule où l'éruption de la muqueuse a été
signalée avant
celle de la peau,et
nulle part
nousn'avons trouvé mention¬
nées ces éruptions
huileuses aiguës et spontanées de la
cavité buccale qu'il est juste
de désigner
sousle
nomde
pemphigus aigu.Avec M. le DrMoure, qui a une ou
deux fois
par anl'occa¬
sion de les observerdans sa clientèle, nous pensons cepen¬
dant que ces cas existent.
Symptomatologie.
— Lepemphigus aigu des
muqueuses a le plus souventundébut très brusque. Le malade
seplaint
d'avoir ressenti tout à coup
à
la gorge une vive douleurqu'il
compare d'ordinaire
à
unebrûlure
:cette douleur
étant sur¬tout marquée dans les mouvements
de déglutition de la
salive.
Cet accident est survenu sans aucun symptôme
prodro-
mique :le malade n'a constatéaucuntrouble
de l'étatgéné¬
ral, il n'a pas
ressenti
aupréalable
desécheresse anormale
w0mmwmsm
delà gorge. G'estle matin au réveil cju'il s'est aperçu de son mal, ou bien il prenait tranquillement son repas, et, sans
qu'il aitconstaté que les aliments fussent trop chauds ou
qu'il se fût fait en mangeantun traumatisme
quelconque,
la douleur s'est déclarée subitement.Ace moment, le patient s'est quelquefois regardé la gorge dansune glace et il a pu constater lui-même la présence d'une ou plusieurs bulles sur la muqueuse. Parfois le début du mal aura été annoncé par la sensation de rupture d'un corps
étranger
dans la cavité buccale, et le malade aura rendu à ce moment une certaine quantité de liquide clair,ou un caillot accompagné de sang en plus ou moins grande abondance. Dans ce cas, on ne pourra constater que les restes de la bulle se traduisant par une plaque
d'aspect
spécial.Les lésionsse présenteront donc sous deux aspects diffé¬
rents, bulles ou
plaques,
suivant que l'on sera appelé à prati¬quer l'examen de la muqueuse, avant ou après la rupture de la bulle.
Un des caractères les plus nets de la bulle de pemphigus
est deseprésenter à l'état isolé. Parfois deux bulles très voisines ontpu se réunir pour n'en former qu'une seule, et alors celle-ci montre nettement par ses contours qu'elle résulte de la fusion de deux autres, mais jamais les bulles
ne confluent pour former desgroupes, comme dans
l'herpès
par exemple.
La bulle présente une forme nettement arrondie ou ova-
laire; les dimensions varient du volume d'unelentilleà celui d'une forteamande, et même plus, une seule bulle pouvant quelquefois couvrir une grande partie du voile du palais. Le liquide qu'elle contient est tendu et soulève la muqueuse en une saillie
hémisphérique
régulièrequi sedétache nettementsurelle etprésente dans son ensemble
l'aspect
d'une phlyc- tène debrûlureau deuxième degré. La muqueuse voisine,saine audébut, présente bientôt une aréole rouge, conges- tive, plus ou moins
étendue,
mais toujours souple et peu infiltrée.Monf.
4
— 18 -
D'aspect le
plus souvent translucide, la bulle est quelque¬
fois recouverte d'un léger enduit
blanchâtre. Si
onla crève,
elle laisse sourdre un liquide
clair et limpide
commede
l'eau, qui
n'est autre chose
quedu sérum sanguin trans-
sudé des vaisseaux: c'est la
forme séreuse.
Telle a été la marche et l'aspect
initial des accidents dans
les deux premiers casque nous
rapportons.
Observation I
(Inédite).
(Due à l'obligeance de M.
le Prof. Moure.)
M. X..., soixante ans environ, me
consultait il
yaquelques années
pour une
sensation de brûlure qu'il éprouvait à la gorge depuis déjà
deux ou troisjours.
Il
medit qu'en
seregardant dans
uneglace il avait
constatésur levoile du palais,un peu
au-dessus de la luette,
unesaillie
bulleuseressemblant à une brûlure. La muqueuseétait
soulevée
par un liquide séreux,translucide, qui rapidement s'écoula au dehors sous
l'influence desefforts de la mastication, laissant après
lui
unesurface
ridée, semblable à celle qui
succède à
unephlyctène
envoie de dessic¬
cation.
Lorsque
j'examine le malade, je constate simplement
unerougeur
très localisée aupoint oû a
siégé la bulle
enquestion. Cette rougeur est
très vive et se détache nettement sur le reste de la muqueuse
palatine
qni a son aspect
rosé ordinaire. Je prescris
ungargarisme à base
cocaïnée et toutrentrepeu à peu
dans l'ordre,
aupoint
quehuit jours
aprèsil était à
peine possible de voir le siège qu'avait occupé l'éruption
bulleuse.
J'aieu l'occasion derevoirce malade un an après cet accident, car
je
l'avais prié de venir me
revoir s'il présentait de nouvelles lésions de ce
genre. Lorsqu'il se présente à mon examen,
je constate
surle voile du
palais une bulle
parfaitement
nette,d'aspect grisâtre, avant environ
2 centimètres delong sur 1 centimètre de
large. Des lésions analogues
sont disséminées sur le reste du voile du palais, qui présente
deux
outrois bulles plus petites que la
première. Je les
perceà l'aide d'une
— 19 —
pointe de bistouri : il s'écoule un liquide limpide commede l'eau,etla bulle s'affaisse immédiatement.
Après m'êtreassuré auprès du malade qu'on ne pouvait nullement
attribuer cette lésion àune brûlure antérieure, je prescris letraitement ordinaire : gargarisme, borax, bromureet cocaïne. Comme la première fois, toutrentre dans l'ordre en l'espace de quelques jours.
Je n'ai plus eul'occasion de revoir depuis ce malade qui neprésentait
à ce moment, ni lors de la première éruption,aucune sorte de lésionsur la peau. Son étatgénéral était excellent.
Deux foisil s'était agi incontestablementde pemphigus.
Observation II
(Inédite).
(Recueillie à la consultation de M. le Prof. Moure.)
Auguste F..., vingt-quatre ans, exerçantla profession de cultivateur,
se présenteàla consultation le 29 mars 1900. Le malade seplaint d'une difficultépour avaler survenue brusquement depuis la veille. Ila une sensation de brûlure assez vive,surtout marquée dans la déglutition des liquides.
Al'examen de la cavité buccale,on constatesur la partie antérieure de la luette, à son point de jonction avecle voile dupalais, une bulle
de la dimension d'une noisette remplie d'un liquideun peu louche. La muqueuse voisineestcongestionnée, elle forme autour de la bulle une aréole érythémateuse s'étendant à quelques millimètres dans tousles
sens. La luette n'est pasoedémateuse. Rien au larynx.
La bulle a quelquefois une coloration noirâtre,et rompue, elle laisse écouler un mélange de sérosité et de sang : c'est la forme
hémorragique.
Observation III
(Inédite).
(Due àl'obligeance de M. le Prof. Moure.)
Sœur X..., âgée d'une trentaine d'années, vient me consulterpour
une sensation de brûlure à la gorge qu'elle éprouve depuis la veille. Ce symptôme est apparu au moment où la malade déjeunait d'une soupe
- 20 -
qui ne lui parutpas trop chaude. La douleur persistant depuis vingt- quatre heures, elle vientmemontrer sa gorge.
A l'examen,je constateen avant et au-dessus de la luetteune vaste bullenoirâtre,qui mesure environ 3 centimètres delong sur 1 cent. 1/2
de large. Elle présente unesurface lisse et fait saillie au-dessus de la
muqueuse. A côté se trouvent deux autres bulles de dimensions bien
moindres. La muqueuse environnante est absolument saine ; pas la
moindretuméfaction. La luette n'est pas oedémateuse. 11 semblequ'ilse soit fait sous la muqueuse une hémorragie quia soulevé l'épiderme
pourlui donner cet aspect bulleuxtout à
fait spécial.
La malade neprésente sur aucune autre partie du corps de lésions analogues. Elle n'a aucun phénomène réactionnel général.
Considérantqu'il s'agit d'une forme de pemphigus hémorragique,
je
prescris un simple gargarismeémollient (borate de soude
et bromurede
potassium),
et prie lamalade de revenir
mevoir le lendemain.
Lorsqueje revoisla malade vingt-quatre après,
les bulles
sont com¬plètement affaissées. Ilnereste
plus qu'une teinte ardoisée
auniveau
du point primitivementatteint. La malade me dit
avoir
crachéla veille
au soir un peu de sangnoirâtre.
Elle continue sontraitement, et quatre ou cinqjours après il n'existe plus commetrace de la
lésion dont elle vient d'être atteinte qu'une
sur¬face un peu rougeâtre,qui va peu à peu en
diminuant
pourfinir
par disparaître.Obsbrva.tion IV (Inédite).
(Une à l'obligeance de M. le Dr Briudel).
Un soldat, se plaignant de douleur à la gorge, se présente à
M. le
DrBrindel, alors médecin auxiliaire aux chasseurs alpins. C'était à une étape, aprèsune marcheassez
pénible.
Le malade dit avoir perçutout à coup dans la gorge la sensation
de
corpsétranger, s'accompagnant de phénomènes
douloureux
àla déglu¬
tition. Cet accidentétait survenu brusquement : il n'avait pas été
pré¬
cédé de sécheresse de la gorge, aucune sensation anormale ne
l'avait
annoncé.
A l'examende la cavité buccaleon constate, à l'union du voile etde
la voûte palatine, unetuméfaction allongée d'avanten arrièreet mesu¬
rant 2 à3 centimètres delongsur 1 centimètre de large environ. Cette tumeur, de couleur noirâtre, soulevait régulièrement la muqueuse et présentait assez bien dans son ensemble l'aspect d'une sangsue gorgée
de sang. La muqueuse voisine était saine. Sur la luette, fortement tuméfiée, on constate une tumeur de mêmeaspect, mais de dimensions moindres,qui pend surlabase de la langue. Pas de phénomènes géné¬
raux.
Une légère incision est faite à la surface des tumeurs à l'aide d'un bistouri, et il s'en écoule unliquide brunâtre, mélange de sérosité et de sang. Les tumeurs s'affaissent, ne laissant à leur place qu'une mince pelliculede coloration brunâtre, reste de la membrane enveloppant la
tumeur. Le malade se dit fortement soulagé, bien que la douleur à la déglutition aitenpartie persisté.
On prescrit des gargarismes émollients et trois jours après tout est rentré dansl'ordre, la muqueuses'étantréparéesans cicatrice.
Le nombre des bulles est
quelconque,
mais d'ordinaireassezlimité. Rarement uniques, elles sont le plus souvent
au nombre de trois ou quatre, mais quelquefois aussi dissé¬
minées sur toute la muqueusebuccale et sur les muqueuses voisines.
Leursiège est non moins variable. On peut les rencontrer sur la muqueuse desjoues et des lèvres, sur la muqueuse
linguale,
quelquefoissur la paroi postérieure dupharynx
ou sur la muqueuse nasale, rarement sur les amygdales; par¬fois même à l'état isolé on les a trouvées sur
l'épiglotte
et les cartilages aryténoïdes, ainsi qu'on le foit dans l'observation suivante.Observation Y
(Wagnier)
(Compte rendu de la Société belge d'olologie et de larvngologie, lîevve de
lûryngologie, 15 juillet1892.) Femphigus aigu bénin du larynx.
Le 27 mai 1891, le nommé Charles D..., âgé de soixante-trois ans,
journalier,
entrait àl'hôpital de la Charité, àLille, dans le service du— 22 —
professeur Lemoine, pour un mal degorge qui avait débuté deux jours auparavant. Il racontait avoir éprouvé d'abord de la gène à avaler;
peu après, il avait eu unfrisson assezintense et de lafièvre. La douleur de gorge, qui ne se manifestait quedans les mouvementsde déglutition, futbientôtpermanente,en même temps que la voix devenait rauqueet larespiration difficile. On constata unefièvre modérée, un état général
peu déprimé.
Larégion latérale gauche du cou était un peu douloureuse, surtout
vers l'angle de la mâchoire dece côté. Les piliers du voile du palais
étaientassez rouges, ceuxdu côté gauche un peu tuméfiés; on n'aperçut
sur l'isthme ni enduit ni membrane; il n'existaitnon plus aucun engor¬
gement ganglionnaire.
Lessymptômes restèrent les mêmes pendant trois jours, au bout des¬
quels,malgréla chute de la fièvre, la gêne à la déglutition et àla respi¬
ration persistaitau même degré.
C'estalors que M. Lemoineme demanda d'examiner le larynx.
L'isthme dugosier était, lors de mon inspection, lesiège d'unehyper-
hémiemodérée, à peu prèségale des deux côtés; dès queje découvrisle larynx,j'aperçus deux tumeurs situées, l'une vers l'épiglotte, l'autre
au-dessus dela glotte, d'aspect absolument semblable et de volume à peine différent: elles ont, en effet,toutes deux le volume d'une petite noisette. L'une estsituéesurla face buccale de l'épiglotte, du côtégau¬
che prèsde la ligne médiane; l'autre s'attache àla faceinterne de l'ary-
ténoïdegauche et à l'espace aryténoïdien; elle dépasse la ligne médiane, masquant la moitiéenviron de la glotte, mais ne reposant pas sur
les
cordes vocales, de sortequela voixn'est que modérémentrauque. Elles
sont toutes deuxhémisphériques, comme tendues, à surface lisse et
de
couleur blanc grisâtre. Le reste du larynx présente une
hyperhémie
modérée. Onne pouvait considérer l'affection que comme une
éruption
bulleuse, un pemphigus aigu.
Je résolus de ponctionner la tumeur siégeant près de la glotte :
dès
qu'elle fut ouverte,je la vis s'affaisser lentement sans que je pusse distinguer la couleur du liquideinclus. Le maladeseditun peusoulagé.
Je le revis lelendemain; la bulle épiglottique quej'avais laissée
intacte
s'était crevée spontanément; le malade avalait et respirait beaucoup
mieux ; on voyaitlesmembranes
d'enveloppe aplaties.
Lesjours sui-
vants, lesplaces qu'elles avaient occupées portaient une sorte d'enduit grisâtre qui ne se reproduisit plus après qu'il se fût détaché, de sorte qu'au bout de seize jours on en voyait à peine trace; le malade était déjà sorti de l'hôpital.
Lesantécédents du malade au point de vue pathologique étaient bons;
il n'était nullement cachectique, ni syphilitique, ni alcoolique; il n'avait jamais présenté aucune maladie du tégumentexterneoude la muqueuse buccale; il rapportait seulement avoir eu, deux ans auparavant, une maladie analogue, mais il avait été, disait-il, beaucoup moins sérieuse¬
ment atteint, et il n'avait été l'objetd'aucunexamen spécial. Sice ren¬
seignement ne permetpas d'admettreavec certitude que cette poussée bulleuse ait été la seconde que le sujet ait offerte, il faut toutefois consi¬
dérercette hypothèsecomme possible.
L'observation qui précède date d'un an. J'ai revu il y a quelques jours mon malade, retrouvé avec quelque peine, mais que je tenais à interroger et à examiner à nouveau. Dans cetintervalle il n'a aucune¬
ment souffert, l'étatgénéral s'est maintenu bon, aucuneéruption nes'est montrée. Dans le larynx, ilestimpossible de trouver trace des bulles qui s'y sontproduites.
Toutefois lesiège le plus habituel de l'éruption, siège que nous trouvons une seule fois épargné dans les observations que nous avons pu réunir, est levoile dupalais.
Si bien que l'on pourrait presque donner au pemphigus aigu,
lorsqu'il
reste localisé aux muqueuses supérieures, lenom de
pemphigus du
voile dupalais.
La durée des bulles est le plus souvent éphémère, et elles
nesont constatées dans leurintégrité qu'à titre exceptionnel.
Développées brusquement,
leplussouventsansque le malade lui-même se soit aperçu de leur accroissement, elles crèvent souvent à son insu. Elles cèdent d'ordinaire après quelques heures aux mouvements de déglutition. Elles peuventcepen¬dant persister deuxou troisjours, mais serompent toujours spontanément.
La lésion seprésente alors sous un aspect tout différent.
On constate tout d'abord, au milieu de la muqueuse congés-
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tionnée et au siège même préalablement occupé parla bulle,
une petite membrane opaline, ridée, en tout semblable à celle qui succède à une phlyctène qui s'est rompue. Cette membrane se rétracte bientôtpour devenir une plaque blan¬
cheou jaunâtre, quelquefois grisâtre, d'aspect fibrineux,et régulièrement appliquée sur la muqueuse; elle présente
une forme arrondie et des contours bien nets. La partie cen¬
trale de cette plaque exsudative offre souvent des irrégula¬
ritésplus ou moins frangées, indice de la rupture de la bulle préexistante. Tel a été
l'aspect
de la plupart des éléments de l'éruption dans les deux cas suivants.ObservationVI
(Personnelle).
(Recueillie dansle Service de M. le Prof. Moure.)
G. D..., dix-sept ans, estunejeune fille maigre,un peu anémiée,très myope. Sa mère est en bonne santé. Son père souffre de la poitrine depuis cinq anset a une hémiplégie gauche.
La malade a eu dans son enfance deuxatteintes de faux croup. Il y a quatre ans elle eut une angine quis'accompagna de fièvre etqui obligea
la malade àgarder le lit pendanthuitjours.
Ellese présente à la consultation de l'hôpital Saint-André, le 12 no¬
vembre 1901, se plaignant de douleurs dans l'oreille droite et disant avoir eu deuxjours auparavantune sensation de brûlure au voile du palais.
La malade, qui aégalement une déviation àgauche de la cloison car¬
tilagineuse du nez, présente de l'otite moyenne sèche double avec tym¬
pansdéprimés et synéchiesau centre.
A l'examen de lagorgeontrouve, symétriquement placées, à 1 cen¬
timètre environ de chaque côté de la ligne médianeet à l'union du voile du palais avec la voûte, deux petites plaques de la dimension d'une lentille, à bords nets, grisâtres, se détachant sur le restedelà muqueuse qui estrougeetenflammée. Un peudouloureusesau toucher,cesplaques n'offrent pas d'infiltration profonde : elles sont souples sur les tissus sous-jacents. Ellesne présentent pas de perte de substance véritable et
ne sont pas en sailliesul' la muqueuse voisine. La partie centrale de chacuned'elles présente une déchirure irrégulière, etelles donnentdans leur ensemble l'impressionde deux bulles ayant versé leur contenu dans la bouche.
On trouve également sur le pilier antérieur droit une vésicule aber¬
rante de la grosseur d'un grain de chènevis, recouverte d'un enduit blanchâtre. Les amygdales ne présententpas traced'inflammation : rien nonplus à la paroi postérieure du pharynx. Pas de tuméfaction gan¬
glionnaire.
Hier, 11 novembre, la malade a eu une céphalée continue qui a dis¬
paru ce matin. Elle ditne pas avoireu de fièvre. Actuellement elle n'a pas d'élévation de température et présente seulement un léger état saburral des premières voiesdigestives. L'appétitestconservé, mais la mastication etla déglutition sont douloureuses.
On prescrit le traitement alcalin et un gargarisme émollient avec
borax et bromure depotassium.
Le 14 novembre, la malade présente toujours deux petites macules blanchâtres. L'inflammation
périphérique
du voileabeaucoup
diminué.Le 24, les macules n'ont pas complètement disparu : elles se pré¬
sententencore sous forme de deux petites plaques blanchâtres. La vési¬
culeconstatée sur le pilierdroit a totalement disparu. La malade n'a ressenti aucune nouvelle douleur à la gorge. Elle a depuis cinq jours
unepetite éruption de sept à huit vésicules
d'herpès,
aujourd'hui en voiededessiccation,
surle rebord dela lèvre inférieure.Le 9 décembre, il nereste plus à la place des macules qu'une très
légère hyperhémie de la muqueuse sous forme de deux petites taches rouges. La muqueuse n'est pas
hypertrophiée
et ne présente pas de cicatrice. Pasde nouvelleéruption.Observation VII (Inédite].
(Recueillie à la Clinique de M. le Prof. Moure.)
L..., cinquante-huit ans, portefaix, vient àlaconsultation de l'hôpital
Saint-André,
le 26avril 1901, accusant unegêne de la déglutitioncons¬tatéepar le malade, la veille, à son lever.
L'examen de la bouche permetde constater sur la moitié droite du voile du palais, non loin de la luette, une plaque blanchâtre, d'aspect laiteux. Cet exsudât présente une forme assez régulièrement ovalaire, quoique un peu.déchiquetéesur ses bords à sa partie antérieure. Son grand diamètre, situé d'avant en arrière, mesure 1 centimètreenviron et son diamètre transversal. 5 à 0 millimètres. Cette plaque se détache nettementsur la muqueuse voisine qui l'entoure d'une aréole congestive.
Lelarynx ne présente pas d'éruption, maisun simple état catarrhal.
Dans ces deuxcas,lediagnostic de pemphigus aiguaété porté,et cette foiscomme lapremière onprescrit des gargarisme? émollients auborax et aubromure de potassium.
Au lieu de cette membrane blanchâtre, l'emplacement de la bulle, lorsqu'elle a été
hémorragique,
reste souvent indi¬qué par une pellicule brune plus ou moins
étendue, pré¬
sentant parfois dans son ensemble
l'aspect
d'un large sac rompu, commel'aconstaté Law dans l'observation suivante:Observation VIII (M. T. Law)
(Compterendu de la SociétélaryngologiquedeLondres;séance du 11 novem¬
bre 1896. Revue delaryngologie, 6 mars 1897.)
Un cas d'hématome du palais ?
La malade vint, le 28 octobre, et sur la recommandation de sonmé¬
decin, consulter l'auteurpour de violentes douleurs au côté gauche de
la bouche etde la gorge, de la difficultéet des douleursà ladéglutition,
et de la tuméfaction en arrière et au-dessous de l'angle de la mâchoire du même côté.
Elleracontait que, la veille au soir, en mangeant du rôti, quelque
chosecassa brusquement dans sa bouche et qu'elle rendit immédiate¬
mentun groscaillot de sang d'un aspectparticulier et, peu après, envi¬
ron un gobelet de sang vermeilet de salive. Pas de toux ni de vomisse¬
ments. Avant l'accident la malade n'avait éprouvé ni douleurs, ni
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sécheresse, ni gêne, nitoute autre sensation désagréable, soit dans la bouche, soit dans lagorge.
Al'examen,on aperçutunlarge sac,forméparl'évidement d'une pus¬
tule. s'étendant dupalais dur au voile,et affectant la forme d'une poire
à grosse extrémité dirigée en avant. Uncertain nombre de petits points
rougessitués au-dessous de l'épithélium/lui donnaient un aspectecchy- motique, et àunecertaine distance autouronvoyait une vive rougeur.
L'épiglotte était hyperhémiée, maisla muqueuse oro-pharyngée n'offrait
rien d'anormal. Grâce à l'administration de pastilles d'aristol et de cocaïne, et sous l'influence d'un régime approprié, l'état de la malade s'améliorarapidement.
Cette membrane qui succède à la bulle est peu
épaisse
: si on y passe le doigt, elle ne paraît pas en saillie sur la mu¬queuse voisine. Elle s'enlève facilement, et laisse au-dessous d'elle le chorion de la muqueuse un peu douloureux â la pression, légèrementcongestionné, mais souple et saignant
rarement.
D'une durée de quelques jours, la plaque disparaît peu à peu,laissant après elle une congestion assez marquée de la muqueuse, se traduisantpar unevive rougeur. La muqueuse reprend en une ou deux semaines son aspect normal : elle
se
répare
complètement, sans cicatrice et sans perte de substance.Lessymptômes fonctionnels se traduisent ordinairement par des troubles de la déglutition, que le malade compare à
une sensation de brûlure. En dehors des mouvements de
déglutition,
lemalade ressent de la gêne, de la sécheresse de la gorge, mais pas de douleur véritable. Le larynx, nous l'avons dit, peut lui-même être le siègede l'éruption, et dansce cas les symptômes fonctionnels dépendront de l'empla¬
cement des bulles. Celles-ci reposent-elles sur les cordes vocales? Le timbre de la voix sera modifié de diverses façon
et se traduira par de l'aphonie et de l'enrouement. La mu¬
queuse des cartilages aryténoïdes est-elle au contraire le siège de
l'éruption?
Il peut se faire dans ce cas, comme dans- 28 -
l'observation de Wagnier, un rétrécissement de l'orifice glottique, qui se traduira par de la toux et de la gêne dans les mouvements respiratoires.
Peu ou pas de phénomènes réactionnels, ni de retentisse¬
mentsur l'état général, du moins quand la lésion doit rester localisée à la muqueuse. Il n'y a jamais de tuméfaction gan¬
glionnaire. A peine constate-t-on dans quelques cas un léger
état saburral des premières voies digestives. La fièvre man¬
que le plus souvent. Si cependant nous assistons au début d'un pemphigus qui doit se généraliser, nous trouverons
commed'ordinairelesprodromes de cette affection :
céphalée,
frissons, courbatures, abattementgénéral, et le plussouventune élévation de température assez marquée, persistant
jusqu'au
moment où se sera établie l'éruption. Tel fut le début, dans l'observation du docteur Mesnard, que nous rapportons ici :Observation IX (L. Mesnard)
fGazette hebdomadaire des Sciences médicalesde Bordeaux, 5juillet 1891.) Pemphigus aiguayant débutépar la muqueuse buccale où il a
étélocalisépendant plus de cinq jours.
M. Vid...,vingt-cinq ans, représentant decommerce. Avoue quelques
excès alcooliques. Il présente untremblement alcoolique évident.
Pas d'antécédents morbides héréditaires ou personnels, sauf une
légère bronchite quand il était militaire.
Ledimanche 25 mai, il estpris d'une inflammation de la cavité buc¬
cale, sur laquelle je n'ai que des renseignements insuffisants.
Lelundi, la muqueusebuccale etle pharynxsontexcoriés, nousdit-il,
au point qu'ilne peut avaler qu'à grand'peine du lait ou du bouillon.
Pendant encore deuxjours, il refuse de voirunmédecinetsecontente du repos etde la diète comme touttraitement.
La fièvre est vive lesoir, avec des frissons multiples. Je le vois le jeudi 29. La cavité buccale, le pharynx etla muqueuse intérieure sont excoriés d'unefaçon presqueuniforme. On observepar places, dans la