FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 1©8
Contribution à l'Étude Clinique
DE LA
SYPHILIS MÉDULLAIRE
THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 20mars 1903
PAR
Charles-Louis-Auguste GIRAULT
Né à La Rochelle (Charente-Inférieure), le 11 août 1877.
MM. ARNOZAN, professeur, président.
Examinateurs de la Thèse: l MOUSSOUS, professeur. \ 1 DUBREUILH, agrégé. > Juges.
DENUCÉ, agrégé.
)
Le Candidat répondraaux questions qui lui seront faitessur les diverses parties de l'Enseignement médieal.
BORDEAUX
imprimerie J. DURAND, 20, rue Condillac 1903
FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.
PROFESSEURS :
Doyen honoraire.
MM. MICE
DUPUY.. ) Professeurs honoraires.
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cité médicale BERGONIÉ.
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GAREES.
LeSecrétaire de lo.:Faculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les
Thèsesqui luisontprésentées doivent être considéréescomme propres à leursauteurs,et
qu'elle n'entend leur donnerni approbation niimprobation.
A LA
MÉMOIRE
DE MONPÈRE
A MA
MÈRE
A MES
FRÈRES
GEORGES et HENRITHÈSE GIRAULT
1
A Monsieur le Docteur L. MESNARD
Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Bordeaux, Médecin desHôpitaux.
PRÉFACE
Sur le point de quitter cette Faculté où nous avons
pabsé quelques années bien courtes pour les études que
nous avions à y faire, sur le point de pénétrer dans cet inconnu qui nous effraie et nous attire, ce n'est pas sans
une certaine mélancolie que nous jettons un regard en arrière vers ceux qui furent nos maîtreset vers nos amis.
Parmi les professeurs qui honorent cette Faculté, il en est que nous avons plus particulièrement connu; ce sont
ceux dans les services desquels nous avons fait notre stage
hospitalier.
M. le professeur Arnozan nous a initié à l'étude si inté¬
ressante de la médecine. La bonté dece maîtreet la profon¬
deur de son enseignement nous ont toujours attiré dans
son service que nous n'avons pu suivre aussi souvent que nous l'aurions voulu. Maintenant il nous fait le grand
honneur d'accepter la présidence de cette thèse. Qu'il reçoive l'expression de notre plus sincère reconnaissance.
Pendant le stage que nous avons faitauprès de M. le pro¬
fesseurDémons, nous avons pu apprécier la haute valeur de
son enseignement chirurgical, et l'intérêt qu'il porte à tous
ses élèves.
C'est dans le service de M. le professeur Picot que nous
avons appris lasaine clinique médicale qu'il enseigne avec tant de méthode et de clarté. Nousn'oublierons jamais les
conseils pratiques qu'il n'a cessé de nous témoigner, et nous nous efforceronsd'en profiterleplus possible. Nous sommes
heureux de pouvoir lui exprimer toute notre gratitude.
C'estavec un intérêt soutenu que nous avons
assisté
auxconsultations de M. le professeur
Moussous. Notre seul
regret est de
n'avoir jamais
pufaire partie de son service.
Enfin vers la fin de nos études, nous avons eu
la bonne
fortune de faire la connaissance de
M. le professeur agrégé
Mesnard. C'est àlui que nous
devons le sujet de cette thèse,
pour
laquelle il n'a ménagé ni son temps ni ses conseils
'
éclairés. Auprès
d'un tel maître,
nous avonsappris que la
bonté et la modestie rendaient la
science plus
pureet
meilleure. Qu'il reçoive
aujourd'hui,
avecl'expression de
notre reconnaissance, l'assurance respectueuse
du souvenir
durable quenous
garderons de lui.
Nous remercions enfin nos amis,
qui
nousont aidé à
passer
agréablement
cesquelques années d'études. Beaucoup,
et des meilleurs, nous ont déjà
quitté
;les nécessités de
l'existence en sont la cause. Ils peuvent être
certains
quenous garderons d'eux une
excellente mémoire.
C. G.
INTRODUCTION
Le grand fait qui semble caractériser l'évolution de la syphilis, c'est la tendance de cette maladie à imprégner tout l'organisme. Ses manifestations sont en effet multiples : il
n'est pas un appareil que la syphilis ne puisse envahir, pas
une fonction qu'elle ne puisse troubler.
Bien plus, elle se dissimule souvent sous les apparences d'une maladie quelconque dont les symptômes peuvent égarer le clinicien, et par suite faire méconnaître la cause du
mal.
Souvent bénigne dans ses localisations primaires et secon¬
daires, la syphilis revêt une gravité extrême à la période
tertiaire. C'est en effet dans ce stade quel'on rencontre toutes les grandes lésions de la syphilis. C'est là que l'on trouve ces horribles lésions ulcéreuses, destructives qui entament, corrodent, mutilent les téguments cutanés et muqueux.
C'est là que l'on rencontre ces lésions qui s'attaquent au
parenchyme même des organes, en troublent gravement les fonctions, les abolissent même et créent à leur suite ou des délabrements incurables ou des infirmités persistantes. Ces
lésions affectent les viscères les plus indispensables à la vie, compromettent le principe même de l'existence.
Parmi ces manifestations tertiaires, les plus communes assurément sont les affections diverses du système nerveux portant sur les nerfs, la moelle et principalement sur l'encé¬
phale. A ce point qu'avec raison on a pu dire : « L'agent toxique qui constitue la syphilis estsurtout un poison pourle système nerveux » (Fournier) (1).
(1) Fournier. — Échéance du lertiarisme. (Congrès de dermat. et de syphilig., 1889.)
— 10 —
Dans ce travail, nous nous occuperons de la syphilis de la
moelle au point de vue clinique. Mais, laissant
volontaire¬
mentde côté tout ce qui a rapport aux affections dites para- syphilitiques, dont l'origine
spécifique donne
encorelieu
àdes discussions, nous nous contenterons d'étudier les mani¬
festations médullaires dont la cause est bien nettement
syphilitique.
Maissi, à l'heure actuelle, la connaissance des méfaits de
la syphilis vis-à-vis de l'axe
cérébro-spinal des syphilitiques
acquis est très avancée, leslésions de même ordre chez les
syphilitiques héréditaires sont bienmoins
connues.L'avenir
nous en montrera peut-être la fréquence.
Pour le moment, les hypothèses sont pourainsi dire seules permises, et trop peu de faits
précis, du moins
pour cequi
est des manifestations médullaires héréditaires dont l'origine
est nettement syphilitique, sont venus accroître nos
connais¬
sances pour qu'il nous soit permis d'en parler.
Nous bornerons donc notre étude à la syphilis médullaire, acquise, et :
Dans unpremier chapitre, nousferonsun historique rapide
de la question;
Dans un deuxième chapitre, nous étudierons 1'étiologie de
la syphilis médullaire;
Dans un troisième chapitre, nous en exposerons la sympto- matologie;
Dans un quatrième chapitre, nous donnerons quelques
observations dont la plupart sont inédites;
Dans un cinquième chapitre, nous chercherons à faire le diagnostic différentiel entre la syphilis médullaire et les affec¬
tions avec lesquelles on pourrait la confondre;
Dans un sixième chapitre, nous établirons le pronostic;
Dans un septième chapitre, nous chercherons quel est
l'avenir de ces syphilitiques;
Dans un huitièmechapitre, nous exposerons le traitement;
Puis nous en tirerons quelques conclusions.
— 11 —
CHAPITRE I
Historique.
Les affections syphilitiques de la moelle sont de connais¬
sance plus récente que celle ducerveau. Cependant en 1733,
Houstet avait signalé des paraplégies accompagnées d'incon¬
tinence d'urine et de matières fécales, et d'impuissance génitale susceptibles de guérir par des frictions mercurielles.
Mais ce n'est que dans la seconde moitié.du xixe siècle
qu'on a tenté de donner une description d'ensemble de la syphilis médullaire, description à laquelle les récentes recherchesontajouté plus d'un trait.
La partde l'encéphale étant faite dans les maladies syphi¬
litiques du système nerveux, restaient un certain nombre de
paraplégies qu'on fut conduit à rattacher à des altérations médullaires. Dans sa thèse sur " Les paralysies syphili¬
tiques " soutenue en 1861, Landreit de la Charrière (1) en rapporte 18 cas. Mais on n'avait trouvé à l'autopsie qu'excep¬
tionnellement des lésions nettement spécifiques, telles que des gommes; plussouvent on avait constaté desméningites.
Gros et Lancereaux(2), Zambaco (3), rapportent des cas de
méningites syphilitiques dans leurs travaux si documentés parus à la même époque.
Un peu plus tard, en 1879, MM. Charcot et Gombault publièrent une intéressante observation où ils signalaient
(1) Landreitde laCharrière. — Thèse de Paris (1861).
(2) Gros et Lancereaux. — Des affections nerveuses syphilitiques.
Paris(1861).
(3) Zambaco. — Des affectionsnerveuses déterminées parla syphilis (1861)-
l'existence de lésions médullaires
de
naturesyphilitique à
foyers
disséminés.
Vers la même époque, Caizergues
(1) et Julliard (2), dans
leurs thèses étudièrent des cas de
myélite scléreuse diffuse
dont ils attribuèrent la cause à la
syphilis. Quelques années
plus tard,
Savard (3) reprenait le même sujet et en précisait
l'étude.
Dans cesdernières années, on a publié un
bon nombre de
cas de syphilis
médullaire bien étudiés
aupoint de vue
clinique et
anatomique.
Nousarrivons ainsiaux travaux si
remarquables de Gilbert
et Lion (4) et à la
thèse de Breteau (3). Ces auteurs signalent
l'existence de myélites
syphilitiques précoces survenues
l'année même de la contagion; ce
qui oblige à
rompreavec
l'habitude que l'on avait
de toujours considérer la syphilis
comme une affection ne paraissant que longtemps
après
l'accident primitif.
Nous pourrions
ici parler de tous les auteurs qui depuis
cette époque ont
publié des travaux
surla question, mais
nous sommes obligé de nous
limiter. Nous
nepouvons
cependant passer soussilence les remarquables travaux de
Marie (6) sur la
syphilis médullaire où
cesavant expose avec
clarté etsimplicité les
différentes formes
quepeut revêtir la
syphilis
médullaire.
Enfin la thèse de Sottas (7) nous parait
faire époque dans
l'histoire de la maladie qui nous occupe.
Sottas, d'après des
recherches personnelles,
s'attache à fixer le mode de début
des localisationsmédullaires dela
syphilis
enrecherchant sur
(1) Caizkrgues. — ThèsedeParis
(1878).
(2) Julliard. —Thèse deParis (1879).
(3) Savard. —Thèse de Paris(1882).
(4) Gilbert etLion. — Delamyélite
syphilitique précoce (Arch. gèn. de
Méd. 1889).
(5) Breteau. — Thèse deParis(
1888).
(6) Marie. — (Sem. méd. 1893).
(7) Sottas. — Thèse deParis
(1.893-94).
— 13 —
le cadavre les lésions qu'elles déterminent sur les vaisseaux,
les méninges et le parenchyme médullaire; il en
détermine
l'évolution, d'oùdécoule naturellement le pronostic.
Bien destravaux ont donc été publiés sur cette question, et cependant le sujet est loin d'être épuisé. C'est que lessymp¬
tômes et les lésions de la syphilis médullaire sont assez variables pour permettre la discussion et assez peu connus pour permettre l'erreur.
/
CHAPITRE II
Étiologie.
Un point est aujourd'hui hors de doute, c'est que la syphi¬
lis porte son action sur la moelle; mais quelle est la fré¬
quence, et l'époque de ces déterminations médullaires, quelles en sont les causes d'appel? Ce sont autant de ques¬
tions que nous devons nous poser au début de ce travail.
Certes la pathogénie et l'étiologie de la syphilis médullaire
sont choses mal connues; mais nous pouvons essayer, en étudiant les cas que la science possède, d'en tirer quelques conclusions.
Fréquence. — Cette manifestation de la syphilis est assez rare. Gilbertet Lion ont pu cependant en réunir 56 cas dont 44 comprennent des faits de syphilis médullaire dégagée de
tout désordre encéphalique. Mais Fournier, sur 1.085 syphi¬
lis nerveuses, n'a recueilli que 77 cas de syphilis médullaire à côté de 416 cas de syphilis cérébro-spinale. Comme on le voit la moelle épinière échappe beaucoup plus souvent queJe
cerveau auxatteintes de la syphilis.
Époque
d'apparition. — A quel âge de la maladie, lasyphi¬lis médullaire va-t-elle se montrer habituellement? Question étudiée depuis très longtemps et sur laquelle les auteurs ne sont pas d'accord.
De toutes les statistiques, la plus importante est assuré¬
ment celle de Savard, qui rapporte 74 cas sur lesquels 26 se sont produits entre 6 mois et un an et48entre un an et25ans.
— 16 —
Gilbert et Lion publient 47
observations dans lesquelles les
symptômes
médullaires
sesont montrés 16 fois du troisième
au sixième mois; 7 fois, du septième au
douzième mois;
14 fois, du treizième auvingtième
mois; 10 fois, du vingtième
mois à la dixième année. Voilà donc 37 cas dans lesquels
la
précocité de l'affectionmédullaire est évidente.
Boulloche (1) cite 70
observations dans lesquelles la date
exactede l'infection a pu être connue.
Les accidents médullaires se sont produits : 8 fois la première année;
18 fois la seconde année;
10 fois latroisième année;
10 fois la quatrième année;
16 fois de la cinquième annéeà la
dixième;
8 fois de ladixième à la vingt-cinquième année.
Par conséquent, 46
fois
sur70, la syphilis médullaire
adébuté pendant les quatre
premières années qui ont suivi le
chancre.
Il estdonc permis de dire que non
seulement la syphilis
médullaireest souvent précoce, mais encore
qu'elle est
pres¬que toujours
contemporaine des premières années de l'in¬
fection.
Gravité de la syphilis. — La syphilis
médullaire
appar¬tient-elle aux syphilisgraves ou biense
montre-t-elle dans les
syphilis habituellement
bénignes
aumoyennes? MM. Gilbert
et Lion, sur 42 cas de syphilis
médullaire précoce,
enont
relevé 16 dans lesquels l'infection s'était montrée
sévère dès
le début autant par la gravité des
accidents cutanés et mu-
queux que par
leur apparition à
unâge
peuavancé de la
diathèse. Au contraire les observations de Lancereaux
(2) ont
(1) Boulloche. — Contribution à l'étude des paraplégies
syphilitiques
{Annal, de dermat., 1891).
(2) Lancekeaux. — Sem. méd., 1891,p. 149.
— 17 —
trait à des myélopathies éclatant au début de syphilis où ilne s'était manifesté jusque làaucun symptôme grave.
Dans la série des observations de Boulloche, on ne trouve querarement mentionnée la gravité des accidents antérieurs.
Il nous serait donc permis de conclure qu'il en est de la
moelle comme,du cerveau, c'est-à-direqueles déterminations
de la syphilis sur ces organes s'observent plus souvent dans
les cas d'infection légère ou moyennement grave.
Insuffisance ou absence de traitement. — La question
est de savoir si le traitement prévient dans une certaine
mesure l'apparition des localisations médullaires; car nous trouvons paradoxal de prétendre, comme l'ont fait quel¬
ques auteurs, que les accidents médullaires sont plus fré¬
quents dans les syphilis traitées que dans celles qui ne le
sont pas.
Si nous examinons la statistique de Boulloche, nousvoyons
qu'il y a 52 cas dans lesquels il est fait mention du traite¬
ment suivi avant l'éclosion des troubles médullaires. Dans 10 cas, le traitement fut nul; dans 24, insuffisant; dans 18, suffisant.
Donc 18 fois sur 52, le traitement a été rigoureusement
suivi dès ledébut, et les efforts de lathérapeutique n'ont pas mis le malade à l'abri des manifestations précoces de la dia- thèse, puisque parmi les 18 syphilitiques soignés, il y en a eu 10 chez lesquels l'affection s'est montrée dans les deux premières années.
Mais cependant nous voyons que, sauf cette exception, les
accidents médullaires semblent éclater deux fois moins sou¬
vent chez les syphilitiques qui sont bien soignés que chez
ceux qui n'ont pas pris de mercureou qui en ont pris d'une manière insuffisante.
S'il nous est permis de tirer des conclusions des faits qui
nous sont personnels, nous dirons que tous nos malades étaient des syphilitiques inconscients, et par suite non trai¬
tés. Il ne nous semble donc pas douteux que le traitement
— 18 —
nul ou très insuffisant ne favorise l'éclosion des manifesta¬
tions médullaires de la syphilis, comme du reste toutes les
manifestationstertiaires précoces ou tardives.
Age, sexe. —Enfin l'âge du malade et son sexe
prédispo¬
sent-ils à l'apparition des symptômes de la
syphilis médul¬
laire? Pour ce qui est de l'âge du malade, son rôle ne sem¬
ble pas très bien marqué; beaucoup de malades sont
jeunes,
puisque dans nos observations on en trouve âgés de26, 31,
34, 38 ans; dans celles de [Boulloche plusieurs malades ont 22, 24, 30 ans. Mais la plus grande réserve doit être gardée à
ce sujet.
La syphilis médullaire se rencontre plus souvent chez
les
hommes que chez les femmes. Gilbert et Lion, sur
56 mala¬
des, n'ont trouvéque 4 femmes.
Il nous reste à parler des causes communes que
l'on
retrouve dans presque toutes les maladies infectieuses, nous voulons nommer l'alcoolisme, la misère physiologique, les excès, toutes les causes enfin qui affaiblissent l'organisme.
L'alcoolisme joue un rôle incontestable dans l'évolution
de
la syphilis vers la période tertiaire, mais comment
agit-il
pour déterminer ou tout au moins favoriser la
localisation
médullaire de la syphilis?
Ne savons-nous pas que l'alcoolisme peut produire à
lui
tout seul des accidents nerveux? Par suite rien ne nous
empêche d'admettre qu'il puisse agir sur le système nerveux
en général et la moelle en particulier pour les mettre en
état
d'infériorité, de moindre résistance et par conséquent
favori¬
ser le développement médullaire de la syphilis. Du reste
chez
plusieurs des malades dont nous citons plusloin les
observations, nous trouvons l'alcoolisme d'une façon
mani¬
feste.
Les excès eten particulier les excès de coït semblent
pré¬
disposer à la syphilis médullaire. Le coït seul en excès ne peut-il pas déterminer des
myélites?
La fatigue extrêmeagit
de même. Marie cite le cas d'un syphilitique qui fut pris
d'ac-
cidents médullaires après avoir fait en bicyclette une course excessive.
Nous ne croyons pas devoir nous arrêter plus longtemps
sur cette étiologie. Nous avons rapporté ce qui a été dit sur la question, avec toutes les hésitations que l'on est obligé d'avoir, car comme on le voit dans toute cette étiologie, on est encore réduit à des hypothèses. Rien de certain ne peut être avancé; cela tient à la nature même de la syphilis et à
son évolution souvent insidieuse.
THÈSE GIRAULT
2
- 21 ~
C II A PITRE III
Symptomatologie.
Les manifestations cliniques de la syphilis médullaire se
présentent à nous sous des aspects nombreux et par la durée
variable de leur évolution et par la diversité du tableau symptomatique que le clinicien peut observer. Au surplus, l'anatomiepathologique nousdonne l'explicationde ces varié¬
tés d'aspects, en nous montrant que, si la lésion médullaire syphilitique esten quelquesorte invariabledans son essence, et si l'on trouve toujours des altérations vasculaires parais¬
sant commander les lésions médullaires, du moins le siège
variable et la diffusion plus ou moins étendue des'lésions permetd'expliquer l'existence de tels ou tels symptômes.
En effet ne savons-nous pas que l'influx nerveux passe par les cornes antérieures de la moelle pouraller par l'intermé¬
diaire des nerfs périphériques agir sur les muscles pour leur
donner le mouvement; et de plus l'anatomie pathologique et laclinique n'ont-elles pas démontré que ces cornes antérieu¬
res se comportaient comme de vrais centres trophiques vis à
vis des fibres musculaires? Par suite des altérations des cornes antérieures de la moelle vont produire des troubles de la motilité d'autant plus graves que ces lésions seront plus importantes,et desatrophies musculaires, ainsi du reste que les altérations des conducteurs nerveuxquimettent lescornes antérieures en rapport avec les muscles.
Or si la motilité est dévolue à la partie antérieure de la moelle, à la partie postérieure appartient la sensibilité. La lésion descornes postérieures vadonc produire des troubles
de la sensibilité se
traduisant
pardes douleurs si la moelle
n'est qu'irritée, par
des anesthésies si elle est détruite. Une
lésion sur unpoint
quelconque des nerfs centripètes produira
des troubles presque
identiques.
Nous pouvons par
conséquent, étant donné le symptôme
douleur ou
paralysie
ouatrophie, diagnostiquer une lésion
detelle ou telle partie de
la moelle.
Ceci étantdit pour
rendre l'intelligence des symptômes plus
complète etplus
facile,
nousallons essayer de décrire les prin¬
cipales formesque
revêt la syphilis médullaire.
Nousendistinguerons
quatre principales et nous étudierons :
A. — La méningite
spinale et la méningo-myélite syphi¬
litiques ;
B. — La myélite
dorsale,
encoreappelée du nom de celui
qui l'a
décrite le premier, la paralysie spinale syphilitique
d'Erb;
C. — La myélite
aiguë, c'est-à-dire le ramolissement
médullai
resyphilitique;
D. — Enfin nous dirons
quelques mots de cas de pseudo¬
tabès syphilitique.
A. — 1° La méningite spinale
syphilitique n'est point une
affection commune à
l'état isolé; c'est plutôt et surtout la
phase
initiale des affections médullaires ou du moins de la
méningo-myélite spécifique, qui est, comme nous le verrons,
la forme la plus commune
de la syphillis médullaire. La
méningite
spinale n'envahit pas tout le canal rachidien, mais
elle se limite le plus
généralement à une portion de ce canal
et tout spécialement
à la région cervicale.
Elle se traduit par des
douleurs violentes siégeant le long
de la colonne
vertébrale et s'irradiant dans les épaules, dans
les bras.On note
aussi fréquemment des douleurs en ceinture
sur les parois
du thorax. En même temps que ces douleurs,
se produit une
rigidité spasmodique de la colonne vertébrale,
rendant les mouvements
du
coutrès pénibles. Si l'on percute
ou si l'on presse même modérément sur les apophyses épineuses de la région cervicale, on détermine une douleur
très vive.Tousces symptômesnes'accompagnent pasd'éléva¬
tion de latempérature.
Les douleurs sont rarement continues; bien plus souvent,
elles revêtentuncaractèreparoxystique et reviennent périodi¬
quement tous les soirs ou toutes les nuits.
Ne retrouvons-nous paslà, dans cetteexacerbationnocturne des douleurs, un caractère bien propre à la syphilis ?
Dans unede sesbrillantes leçons cliniques, Charcot insiste
surla haute signification diagnostique de la rachialgie syphi¬
litique. Déjà dansson traité de la syphilis, Lancereaux avait
dit : « L'un des plus importants symptômes; dans le cas
» d'altération des enveloppes est une rachialgie localisée
» parfois plus intense et plus violente la nuit. » Cette douleur est souvent atroce et les malades la comparent à un ferrouge, à un couteau qui leur traverserait les chairs. C'est sûrement la forme la plus douloureuse de la syphilis médullaire, mais
elleest aussi la plus favorable au point de vue du pronostic, lorsqu'on intervient à temps, c'est-à-dire avant l'apparition
des lésions de la moelle. Cette forme est donc uniquement douloureuse; mais il n'y a pas généralement de troubles de
la motilité, ni d'atrophies musculaires.
Cependant dans quelques cas la méningite syphilitique
s'accompagne
de phénomènes parétiques des extrémités etd'atrophie musculaire. Nous nous trouvons ainsi en présence
de ce que l'on appelle la pachy-méningite hypertrophique syphilitique. Cette affection est due à ce que l'inflammation primitive frappant les méninges y détermine d'abord une
irritation et on a alors la méningite, puis une réaction de ces
méninges qui s'hypertrophient par place et forment des productions inflammatoires et des gommes qui vontexercer des compressions sur la périphérie de la moelle.
Dans nos observationsI et 11, il s'agit d'une pachy-ménin¬
gite
hypertrophique
cervicale. En effet, aux symptômes habituels de la méningite, rachialgie, raideur de la nuque,viennent s'ajouter des signes
de compression de la moelle. La
sensibilité est manifestement diminuée, sans
qu'il
yait
pourcela de l'anesthésie vraie; la peau des
extérmités est lisse et
cyanosée. Il y a
enfin de l'atrophie
en massedes muscles des
membres supérieurs, qui ont
considérablement perdu leur
force surtout à droite. De plus les réflexes
des membres
supérieurs, quinormalement sont
peuappréciables, sont ici
très exagérés. Tous ces
symptômes semblent bien indiquer
que les racines nerveuses
sont comprimées
auniveau du
renflement cervical. Les racines antérieures et
postérieures
semblent atteintes à peu prèsdans les
mêmes proportions.
Cette forme de syphilis médullaire peut
donc tenir place
entre la méningite proprement
dite
etla méningo-myélite où
nous allons voir s'affirmer les symptômes de
la pachy-
méningite.2° La méningo-myélite syphilitique fait le plus
ordinaire¬
ment suite à la méningite spinale. Cette
affection débute le
plus souvent par
des paralysies, des troubles vésicaux, en
rapport avec
l'envahissement de la moelle. Mais cette phase
prodromique
de la méningo-myélite spécifique peut se
présenterde
plusieurs façons.
Jurgens(l) sefondant
exclusivement
suruncertain nombre
d'examens anatomiques, avait émis l'opinion que
les lésions
syphilitiques,dans les centres
nerveux,suivaient
unemarche
descendante. Il sembleque cliniquement, il
soit possible de
suivre cette évolution descendante dans beaucoup de cas.
Dansune observation de la thèse de Lamy(2), on trouve
cette
marche descendante nettement indiquée: Il s'agit
d'un
maladequi la première année
de Linfection syphilitique fut
pris de
méningite cérébrale,
avecparalysie de la troisième
paire, céphalées nocturnes
accompagnées de vomissements.
Ultérieurement ilfut pris de rachialgie spécifique;
puis dans
(1). Jurgens. — Charité annalen 1885.
(2). Lamy. — Thèse de Paris (1893-94).
une troisième étape, la moelle fut envahie ce
qui
setraduisit
par une hémiplégiespinale avec
syndrome de Brown-Séquard
et plus tard par une paraplégie.
Mais dans un grand nombre de cas, les troubles prémoni¬
toires de l'affectionmédullaire offrent des caractères beaucoup
moins spéciaux. La rachialgie si particulière fait défaut. Aussi beaucoup de malades qui se présentent atteints de paraplégie prétendent n'avoir jamais éprouvé comme symptômes pré¬
curseurs que de légers troubles subjectifs de la sensibilité,
tels que engourdissement, fourmillements des extrémités, parfois une douleur lombaire peu intense et principalement
des phénomènes vésicaux (dysurie, légère incontinence).
Ceux-ci en effet sont habituellement signalés comme très précoces dans les observations.
Toutefois par un examen attentif, on peut se convaincre
dans certainscas, qu'il y a lieu de soupçonner un processus
analogue à celui que nous avons étudié précédemment. Une observation de Lamv en fait foi. Làencore la série des acci¬
dentsnerveux estinaugurée par des céphalées d'une grande violence; et, après une période d'accalmie, apparaissent des douleurs sourdes dans la région lombaire et les membres inférieurs, précédantla paralysie. De plus, l'examen des yeux faitdécouvrir uneparalysie de l'accommodationavec pertedes
réflexes pupillaires, qu'il est permis de considérer comme le vestige d'une parésie de l'oculomoteur.
Il n'est pas exceptionnel enfin que la période prémonitoire manque entièrement; ou bien que les symptômes qui la
caractérisent soient tellement légers que leur signification
soit aisément méconnue. Il semble que cela ait lieu plus
souvent dans les formes graves, qui évoluent cliniquement
avec les allures d'une myélite centrale aiguë. Les accidents médullaires, les paralysies se développent avec une grande rapidité, parfoisd'une façon soudaine.
Quel que soit son mode dedébut,la méningo-myéliteaboutit toujours à la paralysie.
Le type le plus habituel est la paraplégie. Sur 44 cas,
Gilbert et Lion n'ont trouvé que 4 fois seulementdes troubles
— 26 —
de lamotilité dans les membres supérieurs. La caractéristique
de cette paraplégie, très variable du reste
dans
sonintensité,
est de n'être jamais absolue; et alors même
qu'elle
est assez grave pour empêcher la marche,les
mouvementsactifs
nesont pas abolis complètement.
Enfin elleprédomine toujours dans un
membre,
ets'accom.
pagne de troubles sensitifs
qui
peuventavoir
tousles degrés
d'intensité, et se manifester sous un ou plusieurs
modes. Il
peut y avoir hypoesthésie,
perversion de la thermesthésie,
erreur de localisation, etc...Trèsrarement il existe de l'anes-
thésie absolue (observation
in),
et d'unefaçon générale les
troubles sensitifs nesont pas en proportion avec les
troubles
moteurs. Ils peuvent exister soitassociés sur le
même
mem¬bre aux troubles moteurs, soit occupant le côté opposé et
réalisant le syndrome de Brown-Séquard ; mais ce
syndrome
n'est pas parfait et « l'hémianesthésie croisée a souvent
les
» attributs de ladissociation syringomyélique. » (1)
La paralysie estgénéralement tlaccide à l'origine;
pourtant
il est trèscommunde trouverdès le début les réflexes tendi¬
neux du genou exaltés avec ou sans
trépidation épileptoide
du pied. En tous cas, les
phénomènes de
contracture ne manquent pasde se produire etcela
àbrève échéance. On
en trouvera des exemples dans les observations que nous citons plus loin (observations vi et
viii).
Les troubles des sphincters et l'impuissance
génitale
(observationviii) sontdes symptômes constants.Parfois il
ya incontinence d'urine vraie, c'est-à-dire que le malade sans
s'enapercevoir urine sous lui;
parfois
lemalade
sentle besoin
d'uriner, mais il est obligé d'y satisfaire desuite
(observa¬
tion vi); parfois enfin le malade
n'urine
que parregorgement.
Pourles troubles du sphincter anal, le type le plus commun
est la constipation; la paralysie complète de ce
sphincter
n'appartenant guèrequ'aux variétés
gravesde la méningo-
myélite.
(1) Brissaud. — Le double syndrome de Brown-Séquard (Progrès
médi¬
cal 1897).
Les masses musculaires paraissentconservergénéralement
leur volume et leurs réactions électriques. Cependant Lance-
reaux a signalé l'atrophie et l'inexcitabilité des muscles.
Marie, dans de nombreux casde cette affection, a remarqué
que alors même que les membres supérieurs sont respectés,
il est fréquent d'observer l'exagération des réflexes tendineux
du coude et du poignet. L'observation VI est un exemple d'atrophie musculaire extrême.
Tel est l'aspect le plus ordinaire de la méningo-myélite syphilitique. Mais ses variétés d'intensité sont nombreuses et la paraplégie présente souvent dans sa marche des change¬
ments remarquables.
On peut voir la force musculaire varier d'un jour à l'autre
dans un membre paralysé. Après une phase d'amélioration,
la rachialgie peut se montrer de nouveau avec la faiblesse musculaire.
Siémerling
a observé des oscillations remarqua¬bles dans l'état des réflexes rotuliens, qui exagérés un jour, disparaissent le lendemain pour se montrer de nouveau ensuite. Dans nos observations, on trouvera des cas où les réflexes tendineux présentent ces oscillations (Observ. ni).
Quoiqu'il en soit, la méningo-myélite syphilitique aboutit
dans les cas les plus communs à une infirmité incurable, compatible avec l'existence; mais parfois elle se termine par la mort. Les eschares de décubitus qui s'observent dans les formes graves et l'infection des voies urinaires sont généra¬
lement les complications ultimes auxquelles les malades succombent au bout d'un temps relativement long (trois mois dans un cas de
Lancereaux).
S- — La myélite dorsale. — La clinique nous présente
souvent la paraplégie
développée
chez un syphilitique sous une forme qui s'écarte de la précédente par deux caractèresprincipaux. En premier lieu, les manifestationsprémonitoires
que nous avons considérées commeliéesàlaméningite spinale
font défaut; il semble que la moelle soit touchée primitive¬
ment. D'autre part, le
développement
de la maladie est lent— 28 —
et progressif, et s'accuse plutôt comme un
état spasmodique
des membres inférieurs que comme une véritable
paralysie.
Le Professeur Erb (1) a appelé l'attention sur ces
formes
communes de paraplégie syphilitique auxquelles
il
propose de donner le nom de paralysie spinale syphilitique.Le développement de la maladie a lieu
d'une façon
pro¬gressive. Les symptômes se constituent dans le cours
de
semaines, de mois, parfois même d'années.Ce sont d'abord des paresthésies, des douleurs dans
les
membres inférieurs, dans lerachis; de la faiblesse et de la
raideur des jambes; des troubles vésicaux. Parfois
ceux-ci
précédent tous les autres et même parfois ils existentseuls
pendant longtemps. Puis plus tard la maladieévolue jusqu'à
la parésie spasmodique, rarement jusqu'à la
paraplégie
com¬plète. La démarche spasmodique est alors typique.
Mais,
règle générale, la paralysie à proprement parler reste peuaccentuée : on peut constater que le malade conserve une grande force musculaire dans les différents segments
des
membres inférieurs. (Obs. x et xn.)
Pour Marie (2) la démarche des malades ne tient pas seu¬
lement à la spasmodicité, mais aussi à la paralysie des flé¬
chisseurs des membres inférieurs. En outre, l'adduction des
cuisses est troublée et le malade ne peut empêcher de les
écarter de quelques centimètres lorsqu'elles sont en contact.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est que la tonicité perma¬
nente des muscles, la contracture est rarement portée à un
haut degré, tandis que les réflexes tendineux sont très exa¬
gérés et qu'il existe presque
de
latrépidation spinale.
Les troubles de la sensibilité sont toujours
relativement
légers, parfois à peine indiqués. Les plus constants sontles
troubles subjectifs : les malades se plaignent
d'engourdis¬
sement, de fourmillement dans les extrémités; mais,
règle
(1) Erb. — Ueber byphilitische Spinxl-Paralysie. (Neurolog. Central-
blatt, 1891).
(2) Marie. — Bull, de la Soc. raéd. des hop. de Paris (1902).