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Déjà en 1854, Wunderlick mentionnait le tabès parmi les

conséquences des myélopathies

syphilitiques, mais il faut

arriver à Fournier (1) pour trouver soutenue ardemment

l'idée que tout tabès est d'origine syphilitique.

Une contre-épreuve d'une grande valeur

consisterait à

suivre les syphilitiquesdès le début de l'infection et à

recher¬

cher sur un nombre donnécombien sont devenus ataxiques.

C'est peut-être par ce procédé qu'on arriverait

tardivement,

mais sûrement, à la vérité. Oppenbeim, dans ce but, a

étudié

l'état du réflexe patelîaire chez soixante-dix malades

syphili¬

tiques depuis cinq ans au moins; or chez un seul

le réflexe

manquait. Lewin a fait savoir également que sur

800

person¬

nessoignées par lui depuis 1865, etdont

l'état

présent

lui est

connu, cinq seulement étaient venues le consulter pour

des

affections des centres nerveux, et pas une ne présente

actuel¬

lementdes symptômes d'ataxie.

Enfin, s'il nous est permis de parler des

malades dont

nous citons lesobservations, nous dironsque le

syphilitique

dont ilest fait mention à l'observation i atrès bien guéri et que depuis bientôt cinq ans, il a vu disparaître ses

accidents

médullaires.

Seules quelques douleurs venaient troubler les

premiers

temps de sa guérison, mais la reprise du traitement

mixte

remettait tout dans l'ordre. Voilà quatre ans qu'il

n'a phis

rien senti. Il apu reprendre son métier de tailleur et

l'exercer

aussi bien qu'avant sa syphilis médullaire. Il n'a pas

le plus

peLit symptôme de tabès, et cependant il

s'agissait d un

homme de 54 ans, c'est-à-dire arrivé vers l'âge où l'on

ren¬

contre le plus souvent l'ataxie locomotrice.

Un malade observé en 1889, par MM. Venot et

Cheminatle,

à Bordeaux, présentait une syphilis médullaire

très

évi-(1) Fournier. Ataxie locomotrice d'originesyphilitique 1884.

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dente. Il guérit et depuis lors il continue à remplir son métier d'infirmier. Il ne se ressentactuellement de rien et n'a pas la moindre incoordination tabétique.

Si l'on se fondait sur les cas précédents, on pourrait dire

que la syphilis médullaire ne produit pasle tabès.

Du reste à l'autopsie des tabétiques on ne trouve pas dans

la moelle les lésions habituelles de la syphilis, mais seule¬

ment unesclérose des cordons postérieurs.

Mais la question ne doit pas être résolue si légèrement,car dans bon nombre de cas detabès, on peut trouver la syphilis

dans les antécédents, et rien ne nousdit que, l'agentmême de la syphilis disparu, il ne reste pas une toxine capable de

s'exalter sous une cause banale telle que le refroidissement,

les excès, et de produire des accidents parasvphilitiques en déterminant la sclérose des cordons postérieurs de la moelle.

La plus grande réserve doit donc être gardée, car nous ne

connaissons pas toutes les causes qui peuvent agir pour déterminer un tabès à la suite d'une syphillis médullaire ou

pourl'empêcher d'apparaître. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les manifestations médullaires syphi 1litiques doivent déterminer une moindre résistance de la moelle, et que par conséquent celle-ci doit pouvoir permettre des localisations que l'on ne rencontrerait pas dans une moelle indemne de tares antérieures.

Et puis, enfin, la syphilis en général, et la syphilis ner¬

veuse en particulier est une affection tellement fréquente qu'il ne serait pas étonnant de la rencontrer dans les antécé¬

dents des tabétiques, sans que pour cela on puisse en tirer

une idée de jelation decause à effet.

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CHAPITRE VIII

Traitement.

Notre but dans ce chapitre n'est pas d'étudier tous les trai¬

tements qui ont été recommandés contre la syphilis médul¬

laire, mais de décrire celui qui nous a paru donner les meilleurs résultats.

Et tout d'abord un principe est àposer, c'est qu'il faut agir

vite. Les malades, en effet, ne viennent généralement con¬

sulterun médecin qu'un certain temps après ledébut de leur

affection, et souvent plusieurs semaines et même plusieurs

mois se sont passés depuis le moment où ils ont commencé à souffrir. Dans ces circonstances, le danger est grand, et il est indispensable d'administrer un traitement rapide pour prévenir les lésions médullaires si elfes n'existentpas encore,

ou pour les arrêter dans le cas contraire.

Le traitement qui nous a paru le plus promptement effi¬

cace est celui qui consiste à faire des injections de biiodure de mercure.

Voici comment nous l'avons vu administrer par M. le docteur Mesnard, et comment nous l'avons fait nous-même sous sadirection.

Pendant 10 jours, tous les jours 1 à 2 injections intramus¬

culaires

(fesse)

de 1 centimètre cube chacune de la solution suivante :

Biiodured'hydragyre.

Gaïacol

Huiled'olive stérilisée

0.10 centigr.

0.30 »

10 grammes.

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Puis pendant 10 jours, le malade prend 2 grammes

d'io-dure de potassium par jour; puis repos de2 à4 joursdurant lequel le malade se purge s'il est nécessaire; et on recom¬

mencela série.

Malheureusement, ce traitement oblige pour les injections

à voir le malade tous les jours, ce qui est souvent impossible,

surtout dans la classe ouvrière. On peut alors remplacer les injections par des frictions avec 3 ou 4 grammes d'onguent napolitain, que le malade peut se faire faire chez lui. Ces

frictions que l'on doit faire 4 à 5 jours de suite, se pratiquent

sur la face interne des cuisses, sur les aines ou les aisselles

de préférence. Mais elles occasionnent assez souvent delà salivation, et d'autres symptômes d'intoxication mercurielle.

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CONCLUSIONS

I. —La syphilis médullaire est une affection relativement

rare à l'état pur; elle est fréquemment associée à des acci¬

dents cérébraux.

II. Elle apparaît le plussouvent dans le cours des quatre premières années qui suivent le momentde l'infection, dans les cas de syphilis légèrementgrave, où le traitement a été nul ou insuffisant.

III. - La syphilis médullaire se présente sous des aspects

très variables dont les plus fréquents sont les méningo-myélites et la paralysie spinale syphilitique d'Erb.

IV. Elle doit être différenciée des autres myélites et du tabès.

V. Son pronostic est grave, carabandonnée àelle-même,

elle conduit à la mort. Mais ce pronostic est rendu moins sévère par un traitement précoce, établi avant que la maladie ait pu gagner le parenchyme médullaire. Plus tard l'amélio¬

ration est en rapport avec la cicatrice scléreuse de la moelle.

VI. Rien de certain ne

peut être avancé au sujet de l'avenir des syphilitiques médullaires guéris.

VII.—Le traitement spécifique doit être

mixte.

On peut faire, par exemple, des

injections d'une solution huileuse de

biiodured'hydrargyreà uncentigrammepar

centimètre cube,

etdonner de l'iodure de potassium à la dose de 2 grammes

au moins par jour.