seur étant cependant plus considérable, surtout lorsque plusieurs
bulles
se sontreproduites successivement
en un même point de la muqueuse.L'exsudat
est de consistance molle, facile à enlever, et l'on trouve au-dessous le chorioii de la muqueuse rouge, congestionné, quelquefois un peu granuleux et saignantfacilement. Il
persisted'ordinaire
quatre ou cinq jours, dix à douze auplus,
puis tombe, etla
réparation dela
muqueuse sefait
sans cicatrice. Thost a bien décrit cette marché des lésions dans l'observationqui
suit.
Observation XVI
(Thost)
(Revue delaryngologie, 23 mai 1896.)
H. R..., cinquante-neufans, ancien employé des télégraphes, a
souf¬
fert autrefois de coryza chronique et d'épistaxis. Pas de syphilis.
Le
malade attribueson affection au séjour clans un magasin de tabac etde cigares.
Ily acinq ans, apparurentles premiers symptômes. Pas de douleur véritable, mais sensation de brûlure en avalant les boissons, et de cuis¬
son en mangeant des aliments épicés. Le malade esten observation depuis déjà deux ans.
Sur la muqueuse du pharynx, du voile du palais, de l'espace naso-pharyngiep et du larynx se trouvent des îlots plus ou moins
grands,
recouverts delambeaux épidermiques détachés, d'un blanc deneige, qui
se sont en partie fixés de nouveau commedans les phlyctènes d'une
brûlure. Ces îlots sont entourés d'une aréole rouge ; si l'on détache l'épiderme, on voit, au-dessous, la couche capillaire saignante. Le pro^
cessus guérit vite, sans cicatrisation. Ces îlots proviennent de bulles fluctuantes, maisquel'on n'aperçoit que très rarement,car
elles
crèvent toujours bientôt.Ces bulles se développentsans fièvre,sansdouleur, ellessont peuten¬
dues. Leur contenu est grisâtre par transparence, et elles se
laissent
romprefacilement avec écoulement d'un liquide séreux trouble.
Cet état est permanent. Les régions muqueusesaffectéessont
tantôt
plus grandes,tantôt plus petites, mais les muqueuses ne sontjamais
libres. Lessièges de prédilection sont les piliers palatins,
l'espace
naso-pharynglen, l'épiglotte, la face externedes cartilagesaryténoïdes.
Syné-chies dansle nez.
Depuis le même temps, la conjonctive des deux yeux est
affectée
: elle présente de la sclérose cicatricielle en divers points. Letraitementn'aeu aucun effet. Le repos absolu dans la chambre, comme pour
les
opérations sur lesyeux, paraît agir le plus favorablement.Un
tempssec, poussiéreux favorise l'éruption. La saison
froide paraît aussi
exa¬gérer les poussées de bulles.
Pas defièvre,léger trouble de l'étatgénéral. Aenjuger par le tégu¬
mentexterne, lanutrition générale laisse à désirer ;la peau estde cou¬
leur terreuse; le tégument externe n'est jamais atteint. Les organes
internes, l'urine, etc., ne présentent pas d'altération.
Unesœur du patient est atteinte d'un catarrhechronique atrophique
des voies aériennes supérieures ; elle paraît en bonne santé sous
les
autresrapports.
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Telle est l'évolution habituelle d'une bulle sur la mu¬
queuse delà cavitébuccale; elle est la mêmesurla muqueuse nasale. La conjonctive présentera des accidents un peu spé¬
ciaux. Une conjonctivite banale marquera le début du mal, puis il se formera des bullesqui disparaîtront toujours rapi¬
dement, laissant après elles des exsudats fibrineux persis¬
tants. Les mouvements des paupières deviennent alors dou¬
loureux, les conjonctives s'ulcèrent, des adhérences s'éta¬
blissent entre lesconjonctivespalpébraleetoculaire, amenant
un rétrécissement graduel de l'orifice
palpébral.
Secondaire¬ment, les culs-de-sac conjonctivaux sont envahis par des tractus fibreux et tendent à disparaître, la sécrétion lacry¬
male diminue, la cornée s'ulcère et s'opacifie, elle se vascu-larise et le tissu de sclérose s'étendant jusqu'à sa surface, il
se forme un véritable pannus. La vue s'affaiblit graduelle¬
ment, puis disparaît par suite de l'opacité de la cornée et de la compression graduelle du bulbe oculaire qui finit par
s'atrophier.
Le nombre des bulles, et par suite l'étendue des fausses membranes qui leur succède, est très variable. Dans les formes ordinaires à marche lente,on n'en constaterajamais qu'une ou deux à la fois. Elles auront les sièges les plus
variables et s'accompagnerontdephénomènessubjectifs plus
ou moinsmarqués; elles
disparaîtront
sans laisser de trace, remplacées le plus souvent, il est vrai, par une nouvelle poussée toujours aussi peu abondante, la muqueuse ne se montrant absolument libre que d'une manière tout à fait exceptionnelle. C'est l'aspect que nous trouvons dans les trois cas suivants:Observation XVII (A. Fasano)
(Arch. lnternaz., octobre1893.)
Patient de cinquante et un ans, a toujours joui d'une bonne santé, abstraction faite de légers accès de rhumatismearticulaire et de quel¬
ques éruptions herpétiques. Au mois de janvier de l'an dernier,il
corn-- 55
-mença à souffrir d'une toux quinteuse, qui s'accompagna plus tard
d'accès de suffocation. Au bout de sept mois de traitement aussi varié qu'inefficace, lepatient vint à la policlinique de Naples, au commen¬
cementd'août, où il futexaminé par l'auteur.
L'épiglotte était rouge, tuméfiée., et sur sa surface laryngée il y avait une petite membrane blanchâtre, mince. Sur le cartilage aryté-noïde droit se trouvait une membrane analogue, mais beaucoup plus épaisse, ainsique sur le cartilage aryténoïde gauche. Cordes vocales intactes. Rien dansla bouche, ni dans lepharynx. Rien non plus dans
lapoitrine. Pas d'antécédents héréditaires. Le patient nie touteaffection vénérienne. L'auteur ordonne des insufflations d'iodoforme.
Le patient disparutpendant environ trois semaines, puis revint un beaujouren se plaignant d'une forte aggravation deses souffrances, et de ne pouvoir avaler que difficilement les aliments.Il avait la mine souffranteet avaitmaigri.
L'examen montraun tableau sensiblement modifié. Il yavaitsur la
voûte du palais, à proximité des molaires supérieures, une vésicule
assez grosse qui fut ouverte et laissa échapperun contenu limpide.
D'autres vésicules analogues se trouvaientsur le voiledu palais. Ily avaitsurlesgencives des pertesde substance superficielles.Larougeuret latuméfaction de l'épiglotte et des cartilages aryténoïdes avaient aug¬
menté, et les derniersétaient recouverts en quelques points d'une memr brane blanche très épaisse. Des membranes identiques de couleur gris blanchâtre se trouvaient aussi sur les cordes vocales et la trachée.
Légère adhérence des extrémités antérieuresdes cordes vocales.
Pas defièvre, pas de tuméfaction glandulaire, aucun signe d'éruption
quelconque.
Les jours suivants, on constata que quelques vésicules du palais avaient disparu sans laisser de traces, tandis que d'autres apparais¬
saient.Même chosedans la trachée. L'auteur portaalors le diagnostic de pemphigus
laryngo-trachéal.
Ce tableau se maintient encore pendant deux mois, pendant lesquels l'auteurfit des badigeonnages de cocaïne, des insufflations d'iodoforme,
de morphine, de cocaïne, etc.,en même temps qu'il prescrivait une
alimentation fortifiante. Il réussit ainsi à combattre l'inanition. Après
celapsde temps, la maladie commença à diminuer etbientôt la trachée
et le palais furent complètement débarrassésdes vésiculesetmembranes.
Il n'en restaitqu'un peudans lelarynx. Le patientretourna chez lui et
ne reparutpas.
Observation XVIII
(Thost)
{Revue delaryngologie, 23 mai 1896.)
C. L...,vingt-six ans,marié. N'ajamaiseu la syphilis. L'affection de
la muqueusedate de quatre ans. Il se plaint seulementde cuisson dans la gorge. Chez luil'affection est moins étendue que chez le premier ma¬
lade dontj'ai rapporté l'observation, mais elle a le même aspect et pré¬
sente les mêmes allures. Laparoi postérieure du pharynx est presque
toujours recouverte de lambeaux épidermiques, presque toujours aussi l'épiglotte. Deux eschares en avantsur la cloison nasale, mais leur pro¬
venance de bullesdepemphigus n'a pu encore êtreétablie. Le patientest faible, d'aspect cachectique. Le tégument externe n'ajamais été affecté.
Les yeuxsont complètementnormaux.
Les organesinternes, l'urine, etc., ne présententpas d'altération sen¬
sible.
Observation XIX
(Alexander)
(Compterendu de la Sociétédelaryngologiede Berlin; séancedu11mai1900.
In Revue delaryngologie, du 1er décembre 1900.)
L'auteur présente un jeune peintre de dix-sept ans, chez lequelon constate la présence de dépôts blanc grisâtre, confluents en partie sur la
muqueuse duvoile du palais qui est très rouge, et de points hémorragi¬
ques sur la voûte palatine. On trouve les mêmes dépôts sur les amygda¬
les, sur la paroi postérieure du pharynx, dans le naso-pharynx, sur l'épiglotte qui se montre trèsinfiltrée, enfin dans les sinus piriformes et
sur la base de la langue. L'iodure de potassium ne fait qu'aggraver
l'état. Il survient une éruption cutanée qu'un dermatologiste déclare
êtrede l'acnénécrotique. L'arsenic procure une amélioration.
Au bout d'un mois on trouve sup la voûte palatine une vésicule du volume d'un pois, et d'autres ayant le volume d'une tête d'épingle sur la muqueuse labiale. La muqueuse entourant les vésicules devenait
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