FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNEE 1902-1903 1» lOO
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DU
PEMPHIG US OCULAIRE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentéeet soutenuepuPliquementle 20 février1903
Julien-Joseph-Robert DARTIGALONGUE
Né à Riscle (Gers), le7 Avril 1875.
MM. BADAL, professeur, président.
MASSE, professeur.
DUBREUILH, agrégé CABANNES, agrégé.
Examinateurs delaThèse: ■
^^f^esseuT.
DUBREUILH, agrege.\
? Juges.Le Candidat répondra aux questions qni luiserontfaites surles diverses parties de l'Enseignementmédieal.
BORDEAUX
imprimerie J. DURAND, 20, rue Condillac
1903
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUI
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire.
PROFESSEURS :
MM. MICE .
DUPUY Professeurs honoraires.
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LAGRANGE.
GAREES.
Le Secrétaire de laFaculté:LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans
lf-
Thèsesqui luisont présentéesdoivent êtreconsidéréescommepropresà leursauteurs,61 qu'elle n'entend leur donnerni approbation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DE MAMÈRE
A MON
PÈRE
Faible dédommagement de tous les sacrifices qu'il n'a cessé de s'imposer pourmoi.
A
MON FRÈRE
DARTIGALONGUE. 1
A Monsieur le Docteur
G EN T F,S
Professeuragrégéà la Faculté de Médecine de Bordeaux
A MES MAITRES
DE LA
FACULTÉ
ET DES HOPITAUXBIBLIOTHEQUE DE
L'UNIVERSITE
EORDEAUX
Date
d'emprunt
:
Numéro
de
l'ouvrage
fff
Tomaison
:
Nombre
de
volumes
:Nom
de
l'auteur
|/-J
(pour
les
thèses)
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SECTION
MÉDECINE
f,
Fia
ce de la
victoire,
*
IORBEAU1
Ce
coupon
doit
rester
dans
l'ouvrage
emprunté
afin
de
pouvoir
être
présenté
à
toute
réquisition.
Ildoit être
rendu
en
même temps
que
l'ouvrage
auquel
il
se
rapporte.
PRÉFACE
Trop tôt hélas, l'heure
asonné où nous sommes obligé
d'essayer
nospropresailes. Seront-elles plus résistantes que
celles d'Icare, pour nous
permettre de sortir de ce nouveau labyrinthe? L'avenir
nousle dira.
En attendant, c'est avec un
indicible serrement de cœur
que nous
allons
nousséparer de nos chers maîtres de la
Faculté et des
Hôpitaux de Bordeaux.
Il y a
à peine
un an,alors que nous nous remplissions le
rôle d'externe bénévole à
la clinique ophtalmologique de l'hôpital Saint-André,
nousavions la bonne fortune de pou¬
voir examiner et
questionner tout à loisir un malade de
notre contrée
qui
necomprenait guère la langue française.
Nous lui servîmes
d'interprète auprès de plusieurs profes¬
seurs
spécialistes qui l'examinèrent et ainsi nous pûmes nous
intéresser
plus particulièrement à
samaladie.
Dès lors nous demandâmes à notre
Maître, M. le profcs-
seur Badal, de nous
réserver
cesujet de thèse, bien spécial,
il est vrai. Mais un
séjour de deux années à la clinique oph¬
talmologique
nous atellement séduit
quenous nous sommes
décidé a nous
spécialiser dans cette branche si intéressante
del'art de
guérir.
«Quand
on agoûté de l'oculistique, disait
naguère
unde
nosprofesseurs,
onn'en sort plus » nous som¬
mes decet avis.
Nous
remplissons
undevoir à la fois bien doux et bien
agréable
enremerciant ici
nosMaîtres de la faculté et des
hôpitaux, MM. les docteurs Démons, Pousson, Rondot,
Dubourg
etBoursier; pendant les quelques mois passés
auprès d'eux, ils n'ont cessé de
noustémoigner leur bienveil-
lance, etnousn'oublieronsni leurs excellents conseils nileurs
magistrales leçons.
Nous avons
passé
uneannée
entière dans le service de M. leprofesseur Pitres
: sonaffabilité,
sonenseignement
siprécis, si intéressant
etsiattrayant
nous avaientconquis
tout d'abord: nous leprions de
ne pas nous en vouloir si nousn'avons pas
profité plus longtemps de
sesdoctes
leçons etnous le remercions bien sincèrement des
quelques notions précises qu'il
nous ainculquées
surles
maladiesnerveuses.M. le
professeur
Badal nous a fait legrand
honneurd'accepter la présidence
de notre thèse :qu'il
nous permette de luitémoigner ici
toute notre reconnaissance pourl'affa¬
bilitéavec
laquelle il
nous atoujours
accueilli. Sa façon toutespéciale de
fairecomprendre les
choses lesplus délicates
et lesplus ardues,
son habileté surtout dans lesopérations les plus difficiles (à tel point qu'il semble qu'à la première fois
onpourrait
en faireautant)
nous ont faitparaître
bien courtes les deux années que nous avonspassées (et
avecquel plaisir!)
dans son service
hospitalier. Nous
allons nouséloigner bien
à regret, et
plus
tôt que nous ne l'aurions voulu, de ce cher Maître aimé et vénéré de tous ceuxqui
sont demeurés assezlongtemps auprès de lui
pourpouvoir
l'admirer. Nous leprions d'agréer
letémoignage
de notre bien vivegratitude.
Nous devons remercier tout
particulièrement
M. leprofes¬
seur
agrégé Cabannes
de son accueil si bienveillant et de sacomplaisance
à nousprodiguer
ses conseils et ses heures de loisir; toutenotresympathie lui
estacquise.
Nous serions bien
ingrat
si nous ne nous souvenions des servicessignalés
que nous a rendus M. leprofesseur agrégé Bégouin
: nous leprions d'agréer
nos très sincères remerciments et l'assurance de nos sentiments lesplus plus dévoués
et lesplus
reconnaissants.M. le docteur
Aubaret,
chef declinique ophtalmologique à
1
hôpital Saint-André,
a droit aussi à tous nos remerciments.- 11 —
Historique.
—Définition.
Lemot
Pempbigus implique la notion de bulle d'air
;il vient
des
expressions
grecquesiiop/poM
etiicu-cp^ qui signifient
vésiculeou bulle d'air dans l'eau bouillante.
Le terme courant,
vésicule de pempbigus
estdonc
unpléonasme
:aussi maintenant l'idée de pempbigus n'est plus
conçue comme une bulle
objective, mais
commel'idée
abstraite de
l'affection, caractérisée
parl'apparition de vési¬
cules.
Le
pempbigus des
yeux aété probablement décrit dans l'antiquité
sousle
nomde chérosis.
Le
premier
castypique paraît avoir été publié
en1800,
parWichmann;
d'autres cas ont étérapportés
en1833,
par Alibert; en 1836, parCade;
en1858,
parCooper.
En 1870,
Stellwag publie
sa «Syndesmitis dégénérative
»dans
laquelle
onvoit,
sansaffection antérieure, la
peau se rétracter etdégénérer
encertains endroits.
En 1896 et 1897
paraissent les travaux de Becker et de Dremmen, qui jettent
unjour
nouveau surcette redoutable
affection.
Enfin la discussion d'une observation
présentée
par Bellencontre en1898,
àl'académie de Médecine,
etles travaux
de Franke en 1900, mettent la
question oculaire
aupoint.
Nous ne
parlerons dans
cet ouvrage quede la forme chro¬
nique,
car, aupoint de
vuede l'organe de la vision, c'est la
seule
qui puisse
nousintéresser; elle
yrevêt
eneffet dans
tous lescas ce caractère.
Nous définirons le
pempbigus
: uneaffection de la
peau ou des muqueuses,formant des bulles
ouvésicules de dimen¬
sions très variables, contenant un
liquide séreux, purulent
ousanguinolent. Sur leur
pourtour,la
peau conserve ses carac¬tères ordinaires dans certains cas; dans
d'autres, elles sont
limitées par un anneau rouge.
- ■
'
: ■ ' " 'h ■
■
uicB
- 18 —
CHAPITRE PREMIER
Statistiques.
—Etiologie.
Le
pemphigus oculaire est heureusement fort
rare : nous disons heureusement, carc'est
unemaladie à évolution
pro¬gressive, contre laquelle, jusqu'à
cejour du moins, toutes les
tentatives de traitement ont échoué
depuis
unsiècle.
D'après les statistiques
que nous avons sousles yeux,
on observerait, en moyenne, un casde pemphigus cle l'œil
sur 20.900 malades seplaignant d'affections des
yeux :Stefïanen donne 1 cas sur84.000 malades;
Colinen donne 1 cas sur 50.001» malades;
Schôler en donne 1 cas sur50.000 malades;
Horner en donne 3 cas sur 70.000 malades;
Bàumleren donne 7 cas sur97.000 malades;
Frankeen donne 5 cas sur 45.000 malades;
Pergens
endonne 2
cas sur22.000 malades
;Badal, dans
salongue carrière de professeur, n'en
a vuqu'un seul
cas.Dans ce travail, laissant de côté toutes
les observations
douteuses, nous relaterons99
casde pemphigus oculaire, répartis
en97 observations,
carcelle de Klemm, n° 8,
encontient trois.
Sexe. —Le
pemphigus atteint
presqueégalement les deux
sexes; en effet, sur les
99
cas que nouscitons
noustrouvons
40 femmes, 34 hommes,
17 enfants
et8 malades
sans sexe donné.Age. — Si nous prenons une moyenne, nous voyons que
le
pemphigus
est unemaladie de tous les âges
:cette moyenne
— 14 —
est cle 36 ans et demi ou
plus exactement de 36,43. Il faut
aussi mentionner 16 cas sans
âge donné.
Siège des lésions. — Sur 97
observations, la maladie s'est
manifestée 48 foissurla peau,
les
muqueuseset les yeux poul¬
ies mêmes
sujets; 28 fois
surla
peauet les
yeux;13 fois sur
les muqueuses
et les
yeuxet 8 fois
surles yeux seuls.
Étiologie.
— Malheureusement on ne sait riende certain
sur
l'étiologie du pemphigus; quelques auteurs, dans ces
dernières années,
l'attribuent à des lésions
nerveuses.Dans
la séance de l'académie de Médecine du 4 mai
1898, Bellen-
eontre,après avoir présenté
uneobservation très caractéris¬
tique de pemphigus généralisé, avait émis cette idée en
disant : « Il est
permis de
penser quele pemphigus oculaire
constitue une altération
trophique dont la gravité résulte du
peu
de résistance des tissus atteints et dont la
causesiège
dans une
altération
nerveuseencoreinconnue «.Dans la même
séance,
Dufour rapportait le
casd'un enfant de sept
ansqui
était si subitement atteint
qu'on l'eût
crublessé accidentelle¬
ment; il ne fallait pas
plus de cinq minutes
pourvoir l'appa¬
rition de bulles
conjonctivales subites qui
seformaient
avec rougeur,douleur et larmes,
cequi, le même jour, faisait dire
à Chibret : a La nature du
pemphigus oculaire est évidemment
cl'presque
certainement
nerveuseet êpithéliale.
«Les cas où il suffit d'une
légère excitation
pourproduire
des bulles semblent aussi
indiquer
uneintervention
nerveuse.Parmi les autres causes incriminées et les maladies infec¬
tieuses
antérieures,
nousciterons
:Observation28. — Fièvre scarlatine à
cinq
anset éruption
de
pemphigus
assezvite après.
Observation 47. —Le malade attribue sa maladieau
plaisir qu'il éprouvait
à mangerdes
pommes crues.Observation 58. — Variole et
apparition cinq mois après
de bulles sur la main droite et la
joue gauche.
Observation 00. — Les bulles de la peau se
forment après
une contusion.
Observation 70.— Uneémotionprovoque
l'apparition subite
— 15 —
des bulles sur les membres,
les joues et les lèvres. Ce cas
vient biencorroborer la
théorie de la formation des bulles par
une influence nerveuse.
Parmi les nombreuses
observations
que nousrapportons,
les divers auteurs ne mentionnent
la syphilis
que pourla nier
dans leurs cas
respectifs. Cependant, dans l'observation 90,
lemari de la malade avoue
avoir contracté la syphilis, mais
tous les traitements contre cette
maladie ont échoué pour guérir l'affection des
yeuxdont souffre sa femme, bien qu'ils
aient étésuivistrès
rigoureusement et pendant très longtemps.
Dans l'observation 97, nous
avions pensé
unmoment à
une
syphilis possible, mais M. le docteur D
,médecin de
la famille, a levé tous nos
doutes à cet égard. Du reste tous
les traitements ont échoué contre
cette affection supposée.
Le
pemphigus est donc une maladie de tous les âges; il
peut
aussi bien apparaître chez l'homme que chez la femme,
surdes individus robustes comme sur
des sujets faibles et
débilités. La
fatigue et le surmenage sembleraient peut-être
agir
commecauseoccasionnelle.
Lescas où il suffit d'un
grattage
surla
peau,d'une contu¬
sion, ou d'une
émotion
pour provoquerl'apparition de bulles
militent tellement en-faveur delà
théorie
nerveuse quenous
pensons,nous
aussi,
quecette maladie est due à une altéra¬
tion nerveuse dont la nature a
échappé jusqu'ici à toutes les
recherches.
— 17 -
CHAPITRE II
Symptomatologie.
Symptômes oculaires. — Le début de la
maladie
estinsi¬
dieux : une
conjonctivite légère
ouvrele plus souvent la
scène; une
hyperémie
peuaccusée et
unesensation de pico¬
tements et de
grains de sable dans les
yeux.Le malade n'y
fait d'abord pas
attention, mais bientôt, la douleur augmen¬
tant, il se décide à se faire
soigner. Bien rarement alors, le
médecin consulté peut
diagnostiquer la véritable lésion, à
moins
cependant qu'un heureux hasard lui permette de
constater
quelque bulle
surla conjonctive, la cornée, ou un
pointquelconque du
corps.Le plus souvent, le traitement
ordinaire des
conjonctivites est ordonné et suivi, pendant
fort
longtemps quelquefois, mais
sanssuccès appréciable.
Cette
période de la maladie peut avoir
unedurée très variable :
de
quelques semaines
àplusieurs années.
Des
phénomènes plus
gravesmarquent le début d'une
deuxième
période
etle malade
commenceà être sérieusement
alarmé ; dans certainscas, une
conjonctivite d'aspect diphté- ritique remplace la conjonctivite légère et bénigne du
début;
dans d'autres,il
y aformation d'une
ouplusieurs
bulles
qui
presquetoujours passent inaperçues, car elles
crèvent très vite, vu le peu
de résistance des tissus qui les
recouvrent. Ce sont des bulles
conjonctivales
oucornéennes,
laissant
échapper
unliquide jaune citrin, sanguinolent,
muco-purulent
ou franchementpurulent selon les
cas.La constatation de ces bulles est assez rare : sur
97 obser¬
vations que nous rapportons,
elles n'ont été signalées que
dans un
quart à peine des
cas.Elles ont des dimensions très
variables : de la grosseur
d'un grain de mil à celle d'un
gros
grain de plomb de trois à quatre millimètres de diamètre.
L'écoulement
provoqué
parleur rupture
commenceà alarmer
le malade. Bientôt les
paupières sont gênées dans leurs
mou¬vements et l'acuité visuelle devient souvent mauvaise. A ce moment, constatant
l'inefficacité de
tousles traitements et justement préoccupé
parla marche progressive du mal, le
maladese décide à aller consulter un
spécialiste.
Les lésions sontalorsassez avancées:
photophobie; larmoie¬
ment aussi, car les
points lacrymaux sont enserrés de toute
part pardu tissu cicatriciel qui les oblitère
peuà
peu.Le diagnostic est
presquecertain
surtoutsi l'on
al'occasion de
constaterla
présence de bulles
sur unpoint quelconque du
revêtementcutanéou muqueux.
Si l'on examine le cul de sac
conjonctival inférieur,
onle
trouvetrèspeu
profond
:des
traînéescicatricielles blanchâtres
vontde la
conjonctive palpébrale à la conjonctive bulbaire,
les reliant l'une à
l'autre,
et elles serontplus tard si
nom¬breuses que
le cul de
sac aura totalementdisparu. Il
enest
de même pour
le cul
de sacconjonctival supérieur, mais
ici
d'habitude,
ledegré de la maladie
estmoins avancé. Le symblépharon
a commencéson œuvre etl'on constatesouvent
aussi de
l'entropion
etdu
trichiasis. Si l'onpeut
encoreretourner la
paupière supérieure,
onvoit
quele tissu cica¬
triciel
qui
aenvahi
laconjonctive palpébrale ressemble fort à
du trachomeet n'étaient les autres lésions concomitantes, on
pourrait
biens'y tromper.
La
conjonctive
esthyperémiée
encertains endroits, blan¬
châtre en d'autres : on serait tenté de croire que ces
points
blancs
représentent
des cicatrices de bullesqui
sesont rom¬
pues
depuis
peu.L'angle interne des paupières est atteint le
premier
: peu à peula fente palpébrale
serétrécit
parla
soudure du bord libre des
paupières; l'angle externe n'est
atteint que
plus tard;
nous sommes enprésence de l'ankylo-
blépharon.
Dans une troisième
période, les phénomènes morbides
deviennent encore
plus menaçants
:suivant les expressions caractéristiques de plusieurs auteurs, la conjonctive est
comme « arrosée de lait », «
saupoudrée de farine
», « recou¬vertede cirefondue » ou
parsemée de membranes
«diphté- ritiques, d'exsudations croupales qui, si on les enlève, laissent
à leur
place
unesurface
rougeet saignante. Les gouttes de
collyre s'y maintiennent à l'état sphéroïdal, ne se diffusant
plus
surla
muqueuseoculaire toute entière. Enfin, la conjonc¬
tive est sèche et
xérotique,
carles
canauxsécréteurs des
glandes lacrymales sont enserrés à leur tour par le tissu
cicatriciel. Le
symblépliaron est complet
pourla conjonctive
et celle-ci s'avance
graduellement, mais incessamment, vers
la cornée
qu'elle
varecouvrir
enformant
avecelle un sym¬
blépliaron conjonctivo-cornéen, si
nouspouvons nous expri¬
mer ainsi. C'est
quelquefois la conjonctive palpébrale qui est
réunieà la cornée par
des adhérences, mais, le plus souvent,
c'est un bourrelet de la
conjonctive bulbaire qui
seforme
autour de la cornée
qu'il envahit
peuà
peu,et finit par la
recouvrirtoute entière. La motilité du
globe oculaire peut être
à ce
point diminuée
pardes brides cicatricielles qu'il en
résulte de la
diplopie.
La cornée est atteinte aussi en elle-même et dans son
tissu
propre : elle est le
siège d'un
pannusqui s'épaissit tous les
jours
« pannus carnosus » ;elle est terne, xérotique, cornée,
paraîtcouverte d'exsudations
croupales
oud'une membrane
demi
transparente,
commevoilée
par unelégère poussière.
Elle devient
staphylomateuse et des perforations se produi¬
sent dans la
grande majorité des
cas.Il suffit,
eneffet, de la
rupture d'une bulle ou du frottement
continuel des cils, frot¬
tement occasionné par
le trichiasis,
pourlivrer passage à
tous les germes
infectieux. De là hypopion, hernie delà mem¬
brane de
Descemet,
del'iris,
etmême expulsion spontanée
du
cristallin;
de là aussipanophtalmie et phtisie consécutive
du bulbe.
La perte de la vision est bientôt
absolue; le symblépliaron
THÈSE DARTIGALONGUE. 2
et
rankyloblépharon sont complets. Le malade, souvent très
cachectique à cette période, tombe dans le découragement et
le marasme, et
est emporté
parune affection intercurrente,
souvent
pulmonaire.
Telle est la marche
ordinaire du pemphigus oculaire.
Comme nous le verrons
dans les observations, il est difficile
desuivre les malades
qui, découragés
parl'insuccès du trai¬
tement et la marche
progressive des lésions, disparaissent
sans
qu'on puisse connaître l'évolution ultérieure de la
maladie. C'est
peut-être
pourcette raison que certains
auteurs ne
signalent qu'un œil malade; le plus souvent, en
effet, les
deux
yeux nesont
pasatteints simultanément, mais
l'un
après l'autre.
Il est descas d'amélioration:
peut-être bien cet arrêt dans
la marche du mal n'est-il que passager;
le statu quo peut se prolonger plusieurs années. Mais il est rare qu'une nouvelle
poussée, plus
oumoins tardive,
nevienne sortir le malade de
sa
quiétude momentanée.
Symptômes cutanés. —
L'éruption pemphigoïde de la peau
et des muqueuses
permet souvent de préciser le diagnostic
de la véritable lésion oculaire. Sur
le revêtement cutané,
nous retrouvonsdesbulles,
mais de dimensions plus grandes:
de un à quatre
centimètres de diamètre et souvent confluen-
tes. Elles sont
beaucoup moins éphémères à cause de la résis¬
tance
plus grande des tissus, aussi peut-on les observer dans
la
plupart des
cas.Elles contiennent
unliquide séreux, séro-
sanguinolent, muco-purulent
oufranchement purulent.
Après leur rupture, elles laissent à leur place des cicatrices
brunes
qui disparaissent
avecle temps : c'est la forme
bulleuse.
Dans d'autre cas, on
n'observe
pasde bulles, mais seule¬
ment une
éruption caractérisée
pardes croûtes qui, si on les
enlève, laissent à découvert
des croùtelles de même nature :
c'est le type
du pemphigus foliacé. Ces bulles
oucroûtes se
forment sans douleur ou seulement à la suite
d'un léger
prurit.
Le revêtement cutané tout
entier peut être atteint;
cepen¬dant la maladie attaque
le plus souvent la l'ace, le thorax, les
membres
supérieurs, et surtout les malléoles des membres
inférieurs.
Chaque nouvelle poussée de pemphigus de la peau est
habituellement suivie d'une
aggravation des symptômes
oculaires.
Muqueuses. —
Le début peut être brusque ou insidieux :
une douleur
comparée
parle malade à une sensation de
brûlure ouvre le
plus souvent la scène. Les muqueuses
buccale,
pharyngienne et laryngée sont plus particulièrement
atteintes; il est assez rare
d'observer une éruption de pem¬
phigus
surles
muqueusesgénitales; cependant nous en
trouverons
plusieurs
casdans les observations.
La muqueuse
qui tapisse la face interne des joues a pu,
dans certains cas, être assez
sérieusement atteinte pour gêner les mouvements de la mastication (Observations, 11,
70 et
87). De même la
muqueuselaryngée (Observation 21) a
été tellement envahie par
le tissu cicatriciel que le larynx a
été oblitéréet
qu'une trachéotomie'
aété pratiquée d'urgence.
Ces cas sont heureusement fort rares.
En effet, les bulles
de
pemphigus des
muqueusesont une durée très éphémère,
mais
guérissent dans la grande majorité des cas sans laisser
de cicatrices ; à
peine voit-on pendant quelques jours de
légères membranes blanchâtres, débris de la bulle crevée, et
qui
marquentl'endroit où elle siégeait.
Les bulles ont ici des dimensions
extrêmement variables :
de la grosseur
d'une lentille à celle d'une grosse noix et même
davantage.
Le voile du
palais, le larynx et le pharynx sont plus parti¬
culièrement atteints. Le
liquide renfermé
parles bulles est
souvent
jaune citrin, quelquefois hémorragique.
Il est
permis de
sedemander si d'autres muqueuses que
l'on ne peut
guère examiner intra vitam ne sont pas aussi
atteintes : nous verrons dans une
observation
quele malade
avait une attaque
de diarrhée qui précédait toujours l'érup-
tion de
pemphigus;
unautre malade est mort dans le
comaurémique; il était albuminurique depuis le début du
pem¬phigus.
Les muqueuses
intestinale et rénale étaient-elles atteintes
dans ces deux cas? C'est ce
qu'il
nousserait difficile de
prouver.
Alibert
etRayer ont cependant mentionné
un pem¬phigus intestinal.
CHAPITRE III
OBSERVATIONS
Observation I
(Wichmann, 1880).
(Ideenzur Diagnostik,2, Aufl. von 1902. Bd. I., page89.)
Une femme sonffre depuisonze ans
de pemphigus généralisé
: les deux yeux sont détruits.Observation II (Alibert, 1833).
(Clinique de l'hôpital St-Louis.)
Une femme a sur tout le corps des bulles d'où
s'échappe
unliquidepurulent. Sur la conjonctive, bulles remplies d'un
liquide
ichoreux.
Observation III (Cade,
1836).
(Observation surla Xérophtalmie ou le Xérosis. Gaz. Médic. Paris, 14 mai.)
Jacques Claude, vingt-trois ans : bulle de la
paupière
supé¬rieure droite : elle crève en dedans en donnant du pus. Les deux yeux sont atteints de symblépharon, de
xérosis
etde
trichiasis. Un morceau d'oignon
appliqué
surlaconjonctive
ne provoqueplus de
larmes.— 24 —
Observation IY(Cooper,
1858).
(Pemphigus ofthe
Conjunctiva. Ophtalm. Hosp. Rep. vol. I,
p. 155, pl. V. fig. 2.)
Unefemme de
vingt-quatre
ansest atteinte de pemphigus des
extrémités. Surla conjonctive,
bulles qui donnent du
pus.Sym-
blôpharonquatre
ansaprès. On emploie
sanssuccès les alcalis,
les acides et les cautérisations de bulles au crayon
de nitrate
d'argent.Observation Y
(Von Vecker, 1858).
(Pemphigus der Conjunctiva.
Klin.'Mon.
f. Aug.Bd. VI, S. 232.)
M.
Raquet, soixante-huit
ans,est atteint de pemphigus géné¬
ralisé
depuis
douze ans : levisage, la bouche et les
yeuxsont
atteints. Plusieurs fois, on a constaté desbulles sur
la conjonc¬
tive. Ulcération de la cornée gauche
qui devient xérotique;
symblépharon presque complet. Le
traitement
parl'arsenic
reste sanseffet.
Observation YI
(Lasôgue, 1868).
(Du pemphigus. Paris, p. 113.)
M. R., soixante ans, est atteint de
pemphigus du
nez,du
visage, des gencives et dupharynx. Les
deux
yeuxsont atteints
de symblépharon.
ObservationVII
(Hassan, 1868).
(Du pemphigus. Paris, p. 116 et 132.)
PierreS..., soixante-onze ans, atteint de
pemphigus généra¬
lisé avecbulles à sécrétion sanguinolente. On a
constaté plu-
sieurs bulles sur la
conjonctive. Ulcération de la cornée gauche
avec hernie de la membrane de
Descemet et synéchie posté¬
rieure.
État
très cachectique,mort proche.
ObservationVIII
(Klemm, 1870).
(Communications sur une
épidémie de pemphigus à Leipzig. Archives de la
Clinique médicale,tome IX,
cahier 2).
Trois enfants âgés de
quatre
ansfurent atteints de pemphigus
de la peau et
des
muqueuses.On constata plusieurs bulles sur
la conjonctive.
ObservationIX
(Kunkel, 1875).
(Uncas de pemphigusfoliacé. Presse
komœopalhique internationale,
tome V, page5.)
MUe R..., 26 ans, est atteinte
depuis
un ande pemphigus de la
peau. Onvoit souvent des bulles sur
les conjonctives; la vision
estabolie, la cornée est envahie parles
conjonctives
;symblé-
pharon.ObservationX
(Samelsohn, 1875).
(Sur les troubles vaso-moteurs de l'œil. Archives
de Grœfe,
tomeXXI, III,page64.)
FerdinandM...,
cinquante-huit
ans,est atteint de pemphigus
de lapeau et surtout de la tête. Petite bulle de la
conjonctive.
Chaque éruptionest annoncéeparde la
photophobie, du larmoie¬
ment, de l'injection épisclôrale, de la
fièvre et
ungonflement de
la rate. Trichiasis, entropion
cicatriciel, kératite vasculaire
; aspect dutrachome.— 26 —
Observation XI
(Savy, 1876).
(Contribution àl'étudedupemphigus de laconjonctive, page 55.)
Une femme de soixante-trois ans est atteinte
depuis
huitans depemphigus qui
adébuté parla muqueuse buccale : la bouchene peut s'ouvrir qu'en partie. La peau de la tête, du thorax et desjambes est malade.
Symblépharon
total de l'œil droit depuis quelques mois. A l'œil gauche l'ouverturemaxima des paupièresest de cinq à six millimètres; une membrane demi transparente
recouvrela cornée.
Observation XII
(Pfluger
1878).(Du pemphigus delàconjonctive. Feuillemensuelle de laClinique,
tome XVI,pages7 à18.)
M. E..., aété atteint à
quarante-cinq
ans depemphigus de la
bouche et du pharynx; depuis, le revêtement cutané a été
atteint. Les deux yeux sont attaqués : fort
entropion, perfora¬
tion de la cornée avec un enclavement de l'iris à droite. La conjonctive recouvre en partie les deux cornées. La
maladie
a duré dix ans et demi ; perte complète de la vision et
mort du
malade. Fièvre à chaque éruption. Traitement par des com¬
presses de camomille, et des collyres d'huile d'olive et
d'atro¬
pine.
Observation XIII
(Pfluger, 1878).
(Lemême ouvrage que la précédente, page 17.)
MarieD..., seize ans, a eu tout le cops couvert de
bulles de
pemphigus. L'œil droit n'est pas atteint. L'œil
gauche est le siège
d'une sécrétion purulente avecperforation de lacornée et
enclavement de l'iris. La vision est abolie.
Observation XIV (Borysiekiewicz, 1879).
(Pemphigus vulgaire de la conjonctive. Feuille mensuelle de laClinique,
tome XVII, page 326.)
M. A.-F..., soixante-seize ans : le pénis a été le premier
atteint de pemphigus. OG • conjonctivite rebelle, membranes diphtéritiques, cornée terne et perforée; symblépharonentre la conjonctive et la cornée, ankyloblépharon et xérosis. OD :
attacpié tardivement, mais suit rapidement le processus de l'œil gauche et est bientôt aussi gravement atteint. Traitement spéci¬
fiquede la syphilis reste sans succès; atropine, onguent bella- doné, huiled'olive.
État
lamentable, cachexie complète.Observation XV(Sattler,
1879).
(Préparations de pemphigus de la conjonctive. Douzième rapportde la Société ophtalmologiquedeHeidelberg, page 221.)
Un homme âgé de trente-huitans : tout le revêtement cutané est atteint par le pemphigus. OD : la fente des paupières est rétrécie, le cul desac inférieurn'existe plus, le cul de sac supé¬
rieur est très diminué ; entropion et tricliiasis. La conjonctive
est comme arrosée de lait. Pannus crassus et xérosis de la conjonctive.0G : pannus ; la conjonctive s'avance sur la cornée.
Traitementpar la crème de cognassier, instillations d'huile et compresses de lait. Mort dephtisie pulmonaire.
Observation XVI (Meyer,
1879).
(RapportauCongrès de l'Associationophtalmologirpiede Heidelberg, p.232.)
Longue durée du pemphigus de la face; atrophiedes conjonc¬
tives.
Xérophtalmie.
— 28 —
Observation XYII
(Campbell, 1880).
(Un casde pemphigus de laconjonctive, dans le manuel d'oculistique
deSchweigger, 4e édition, page 300.)
Un homme de soixante-deux ans, atteint de pemphigus géné¬
ralisé. La conjonctive des deux yeux est atteinte.
Observation XVIII
(Arlt, 1881).
(Descriptionclinique desmaladiesde l'œil, page 84.)
Une fillette de quatreans est atteinte depemphigus
généralisé
dont les différentes éruptions se produisent de deux en
deux
mois avec fièvre. L'œil droit n'est pas encore atteint, caron
n'a
pusuivre le cours de la maladie. L'œil gauche a été
atteint de
conjonctivite rebelle avecsymblépharon;
laconjonctive est
grisâtre et ratatinée;ankyloblépharon.
La cornée est presque entièrement recouverte parla conjonctive; un seulpetit
espace libre du côté nasal est xérotique.Observation XIX
(Somogyi, 1882).
(Uncas depemphigus de la conjonctive. Szemészet,page 4.)
Un homme detrente-neufans, surle visageet le front
duquel
on a constaté
vingt-cinq
à trente bulles à liquide jaunetrouble.
Les deux conjonctives sont recouvertes d'une membrane crou-
pale qui découvre, si oul'enlève, un tissu saignant :
symblépha¬
ron complet des deux côtés au bout de deux mois. Aumoment
des éruptions, fièvre qui oscille entre 38 et 40 degrés.
Traite¬
ment : sangsues, dont les
piqûres
deviennentpurulentes le len¬
demain; intervention
chirurgicale
sans résultat. Malade no11 suivi.Observation XX (Schoeler,
1882).
(Société médicale de Berlin, 21 juin.)
Une fillette de huit ans fut atteinte, il ya sept ans, de pern¬
phigus généralisé à lapeau et aux muqueuses.
Les bulles lais¬
saient échapperunliquide trouble ou
sanguinolent.
Lerectum,
l'urèthre, les grandes et lespetites
lèvresfurent atteints.
Lafente des paupières est ferméepar une
membrane croupale
;la
cornée est entourée d'un anneau terne. Ankyloblépharon et
xérosis. Légère fièvre.
Observation XXI
(Mader, 1882).
Unhomme, Andrévon L., soixante-huitans, eut des bulles sur le tronc et les membres. Les muqueuses nasale, buccale et
laryngienne
sont atteintes, cette dernière si fortement qu'une trachéotomie estpratiquée
d'urgence. Larmoiement, photo¬phobie, paupières épaissies. La conjonctive palpébrale est pâle,
couverte d'écaillés blanches. Symblépharon, cicatrisation des points lacrymaux; cornées ternes et xérotiques. Ulcère de la
cornée gauche. Mort de bronchite fibrineuse.
Observation XXII (Reich,
1882).
(Pourl'enseignement de la bronchite fibrineuseetau sujet desa relationavec le pernphigus des muqueuses. Feuille hebdomadaire médicale de 'Vienne,
pages302, 336 et suivantes.)
H.Peikrischwili,dix-neufans,atteintdepernphigus de lapeau.
Larmoiement;
conjonctives troubles et comme arrosées de lait, transformées en tissu cicatriciel. Commissure externe rétrécie par unankyloblépharon.
Observation XXIII
(Horner, 1882).
(.Feuille de correspondancepourles médecins suisses, page 12.)
Dit seulement que lesyeux sont malades. Unetransplantation
cle conjonctive humaine arrête peules progrès dumal. Pronostic mauvais.
Observation XXIV
(Critchett
et Juler,1883).
Une femme, Hannah H., cinquante ans. La
conjonctive
res¬semble à une membrane sèche, rude, opaque, qui envahit les
deux tiers inférieurs des cornées, elles-mêmes sèches et brunes.
Obsera^ation XXV
(Schweigger, 1884).
{Archivesd'oculistique, tome XIII,page247.)
Un homme de soixante-dix ans; la cavité buccale estatteinte.
Conjonctivite rebelle; symblépharon. Une bulle a été constatée
à la conjonctive bulbaire.
Observation XXVI
(Seggel,
1884).Un soldat; bulles sanguinolentes du dos, des membres
et de
la paupière inférieure gauche. Stomatite.
Conjonctivite aiguë et
fièvre à
chaque
éruption.Observation XXVII
(Steffan, 1884).
(.Feuillemensuelle de la clinique, tome XII, page271.)
Hélène Hiilss;
le'pharynx
et la cavité buccale sontatteints,
ainsi que les paupières. La conjonctive
s'atrophie lentement;
— 31 —
ankyloblépharon
de l'angle interne. Une bulle de la conjonctiveinférieure droite. Vastes perforations des deuxcornées, qui sont totalement détruites, avec enclavements d'iris plusieurs fois
excisé. Atrophiedu bulbe.
Observation XXVIII
(Baûmler, 1885).
Enfant, neuf ans; bulles à contenu séro-sanguinolent sur la
peau et les muqueuses. Larmoiement, entropion,
symblépharon
ettrichiasis. La cornée est recouverte d'une membrane demi-
transparente avec un ulcère au centre. Les yeux sont à peine
mobiles. La fente des paupières, qui a seulement deux milli¬
mètres de large, ne peut ni s'ouvrir ni se fermer
davantage.
Xérosis de la conjonctive et de la cornée.
Observation XXIX
(Lang,
1885).(Trans. Ophth. Soc. Un. Kingd. Tome XI, page 125.)
Florence W.,
vingt-quatre
ans. Pemphigus généralisé : une irritationinsignifiante
suffît pour provoquer l'apparition de bulles. Trichiasis, entropion etsymblépharon.Observation XXX
(Colin,
1885).(Revuemédicale de Breslau, n° 10 et suivants.)
Enfant, quatre ans. Début de la maladie par la bouche et le larynx. Bulles sur la peau et les muqueuses. Tout pincement provoque
l'apparition
de bulles. Symblépharon progressif;. la fente des paupières est rétrécie. La cornée et la conjonctivesont recouvertes d'une membrane blanchâtre. La conjonctive envahit peu à peu les cornées, qui sont bientôt complètement recouvertes.
Traitement : atropine, zinc, lait, arsenic, bains, emmaillotte- ments, sans succès.
Observation XXXI
(Gelpke,
1885).(Feuille mensuelle de la clinique, tomeXXIII, page
191.)
EmmaFinner,
quatorze mois. Bulles
surla
peaudu visage et
des mains. Les cornées se sont ulcérées
rapidement
: ellessont
blanches, comme saupoudrées defarine, ainsi
queles conjonc¬
tives. Vastesperforations des cornées avec
enclavement de l'iris
et émergence du cristallin.
Observation XXXII
(Dickinson, 1886).
(Courrier médical deSaint-Louis, tomeXVI,page 117.) Femme, soixante ans. Bulles des
paupières supérieures. OD
: intact. OG : une bulle à la conjonctive bulbaire;entropion,
sym- blépharon; la conjonctive envahit la cornée.Observation XXXIII
(Tilley, 1887).
(Americ. Journ. ofOphth., tome IV,page 145.)
C. T..., gamin de douze ans, a été atteint dès l'âge
de six
anspar le pemphigus, avec bulles sur les bras et les mains.
Ptosis,
symblépharon; cornée voilée en bas en forme de
croissant;
exsudatsgraisseux, blancsjaunâtres.
Observation XXXIV
(Schmidt-Rimpler, 1887).
[Feuille mensuelle de la clinique, tome XXV, page
379.)
Ottilie Diel, quarante-trois ans. Début de la maladie, à
l'âge de trente-cinq
ans, par des bulles surles bras et les mains;toute la
peau du corps a été ensuite recouverte de bulles.
Ptosis,
sym¬blépharon;
cornée voilée à sa partie inférieure enforme de
demi-lune;
exsudats graisseux blanc-jaunâtres.Observation XXXV
(Gosetti, 1888).
(Annales d'ophtalmologie, tome X\ II, page288.)
Catherine P...,
soixante-sept
ans. Début, à soixante-cinq ans, par la région ombilicale; la maladie s'estdepuis généralisée
a tout le revêtement cutané. OG : conjonctivite purulente, pau¬pières bleuâtres; ouverturedespaupières diminuée; la conjonc¬
tive envahit la cornée tout entière comme un pcinnus carnosus.
OD : atteint plus tard, mais de la même façon. Exsudats crou- paux; atrophie des bulbes oculaires.
Observation XXXVI
(Czermak,
1888).[Feuille hebdomadaire médicalede Vienne, page546.)
Un homme a une éruption de pemphigus surtout le corps. La fente palpébraleneparaîtplusque commeunsillonpeuprofond,
sans cavité conjonctivale.
Observation XXXVII (Morris et Roberts,
1889).
Femme, soixante ans.La peauetlesmuqueuses sont atteintes.
Atrophie conjonctivale; la fente palpébrale est rétrécie. Les cornées sontvoilées. On a constaté des bullessurlaconjonctive.
Apeine si la malade
distingue
le jour de la nuit.Observation XXXVIII (Symonds 0.,
1890).
(Trans. Clinic. Soc. London, tome XXIII, page 274.)
Homme, quarante-deux ans. L'épiglotte, le pharynx, le palais
et la bouche sont atteints par le pemphigus. On a constaté des bulles sur la conjonctive de l'œil droit.
Observation XXXIX
(Vossius,
1890).(.Associationmédicale de Giessen, 25novembre.)
LouiseB..., âgéede douze ans. Bulles à la
jambe,
àl'avant-
bras et auvisage. Ensuite, de nouvelles
éruptions
surles
pau¬pières et la conjonctive, et on constate
plusieurs fois des bulles
sur la cornée. L'atrophie de laconjonctive
poursuivit
samarche.
La cornée était xérotique dans sa moitié
inférieure et voilée à
sa moitié supérieure par un léger pannus. A chaque
éruption
correspondun accèsde fièvre.Traitement : deux fois on a essayé, du reste sans
résultat
appréciable, une transplantation de la peauvoisine des
pau¬pières.
Observation XL
(Taiiffert, 1891).
(.Feuille hebdomadaire médicale deMunich, page589.)
Enfant de neufans : unebulle surlacornée droite etpeu
après
perforationet hyppopion.Toutle corps a étéatteint et peut-être
aussi les poumons, car cet enfant est mort d'une
pneumonie fou¬
droyante.
Observation XLI
(Kromayer, 1891).
(Soixante-quatrièmeassemblée denaturalistes etmédecins allemandsà
Halle).
[Cahiersmensuels pour dermatologie pratique, tome XIII,page
397.)
Homme, quarante ans. La muqueusebuccale estatteinte. Sym-
blépharon double. Les cornées sont recouvertes de tissucon- jonctif vascularisé.Observation XLII (Kôbner,
1891).
(Cahiersmensuelspour dermatologie pratique, tome XIII, page
397.)
Homme, soixante ans.
Éruption
autour de l'anus, aupérinée,
aupharynx,au larynx et à la cavité buccale. Petites
bulles de la
conjonctive bulbaire; elles guérissent sanslaisser
de traces.
— 35 —
Observation XLIII
(Cross,
1891).(Trans. Ophlh. Soc. Un. Kingd., t. XII, page58.)
Madame D.quarante-septans. Le début est marqué pardes
bulles du seingauche ; lapeau et les muqueuses buccale et pha¬
ryngienne sont atteintes.
Symblépharon
et entropion. La con¬jonctive se change en unemembrane blanche. Les paupières ne peuvent
plus
s'ouvrir largement. Pannus des deux côtés. Xérosis.Vision très affaiblie.
Observation XLIV (Juler, 1891).
(Mêmeouvrage que la précédente, page61.)
Un géant qui eut une bulle sur la cornée et
plusieurs
dans le larynx et le pharynx.Observation XLV
(Deutschmann,
1891).(EtudepourVoculistique, tome I,page 119.)
Une femme de soixante-onze ans souffre depuis six ans de pemphigus de la muqueuse buccale. La peau n'a jamais été atteinte. L'œil gauche fut pris ily a deux ans. Au moment de
l'observation,
cet œil était le siège d'un ankyloblépharon partielet d'un symblépharontotal.Xérosis de la cornéequin'a plusque
quelques petits points humides. OD, les mêmes symptômes
sontunpeu moins accentués.
A droite, Deutschmann résolut le symblépharon et incisa la commissure externe : succès passager. Plus tard, il fit unetrans¬
plantation de peau pédiculée sur la conjonctive de la paupière
inférieure,
tout enlaissant cetteconjonctive adhérente aubulbe.Xeuf mois après, le résultat paraissait satisfaisant, grâce à des cautérisations successives, en vue d'arrêter la marche envahis¬
sante de la conjonctive. Le lambeau pôdiculê de peau trans¬
plantée devintxérotique comme la conjonctive et la cornêe^et
THÈSE DARTIGALONGUE. 3