FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1900-1901 N° 3
CONTRIBUTION A L'ETUDE
DE
LA BILÏÏARZIOSE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 16 Novembre 1900
Marie-Jean-Joseph-Henri BENTÉJAG
Ancienexterne desHôpitaux
Lauréat des Hôpitaux (Médaille de bronze).
Né à Montréal(Gers), le19 novembre 1876.
aaniilateiirsde la Thèse
( MM. ARNOZAN, professeur.... -Président.
\ MOUSSOUS, professeur.... i ) RONDOT, agrégé
|
Juges.[ BE1LLE, agrégé \
Le Candidat répondraaux questions qui lui serontfaites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. OADORET
17, IlUE PoQUEI.IN-MOLIÈpE, 17 (ancienneruemontméjan)
1900
FACULTE DE
MÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXM. de NABI AS Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ J
DUPUY Professeurs honoraires.
MOUSSOUS MM.
( PICOT.
Clinique interne j PITRES
. ( DEMONS.
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J
LANELoNGU Pathologieetthérapeu¬tiquegénérales VERGELY.
Thérapeutique... ARNOZAN.
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section de médecine (Pathologie interneetMédecine légale).
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N.
lagrange.
carles.
le dantec.
LeSecrétaire dela L'acuité: lemaire.
Pardélibérationdu 5 août1S79, la Facultéaarrêtéqueles opinionsémises dans les hèses qui
i sont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et quelle nenei
eurdonner ni approbation ni improbation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
A MA SOEUR
A TOUS MES PARENTS
A MES AMIS
A Monsieur le Docteur André BOURSIER
Professeur de Clinique gynécologiqueà In Faculté de Médecine de Bordeaux, Chirurgien des Hôpitaux,
Membre correspondant de la Société deChirurgie, Officierdel'Instruction publique.
A mon Président de Thèse,
Monsieur le Docteur ARNOZAN
Professeur de Thérapeutique à laFaculté de Médecine deBordeaux Médecin desHôpitaux,
Officierdel'Instruction publique.
AVANT-PROPOS
Nous ne voulons pas quitter Bordeaux sans
remercier
nosmaîtres de la Faculté et des Hôpitaux.
M. le professeurBoursier a
droit
àtoute notrereconnaissance.
Durant le temps que nous avons passé
dans
sonservice, il n'a
cessé de nous témoignerune constante sollicitude, et
c'est
grâceà ses savantes leçons que nous sommes arrivé à
savoir
un peudegynécologie.
M. le professeur Arnozan a
bien voulu accepter la présidence
de notrethèse. Nous ne saurions assez le remercier de la bien¬
veillance avec laquelle il nous a toujours
accueilli
etdu grand
honneur qu'il nous fait
aujourd'hui. Pendant notre dernière
année d'externat, il nous a prodigué les conseils
les plus
sageset les enseignements lesplus pratiques, qui nous
guideront tou¬
jours dans notre carrière médicale.
Nous n'oublierons pas non plus nos
amis,
et cen'est
pas sans regret que nous nous séparonsd'eux.
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
DE
LA BILHARZIOSE
LaBilliarziose commenceà êtretrèsconnue,grâce auxtravaux
de Bilhars, Cobbold, Sonsino, Belleli et d'autres.
A
cettemême
Faculté, a paru récemment sur ce
sujet la thèse du Dr Hédie,
inspirée par M. le professeur agrégé
Le Dantec, qui donne de
cettemaladie unedescription des plus
complètes dans
sonTraité
de pathologie exotique.
M. le professeurArnozana bien
voulu
nouscommuniquer
uneobservationd'hématurie provoquée parla
Bilharzia-hœmatobia.
Les conditions dans lesquelles cette
hématurie s'est montrée,
son évolution, nous révèlent dans l'histoire
clinique de cette
affection des pointsnouveaux quenous
allons étudier dans notre
thèse inaugurale.
HISTORIQUE
En 1851, Bilharz, professeur à l'Ecole de médecine du Caire,
découvrit le parasite qui porte son nom. Il reconnut également
que l'hématurie d'Egypte était due à la localisation de ce para¬
site sur la vessie.
Pendant longtemps on a-cru que c'était le seul viscère sur
lequel il pût exercer ses ravages.
On sait actuellement qu'il est bien peu d'organes chez
l'homme à l'abri de ses lésions.
Brault, en 1885, constate la présence des œufs de Bilharzia
dans le parenchyme rénal. Karlulis en a trouvé dans le foie.
Guillemard dans la rate et Griesinger dans le ventricule gau¬
che du cœur.
Pour la première fois en 1884, ils ont été vus dans le pou¬
mon. Voici comment s'exprime au sujet de cette découverte importante le Dr Haddad dans la Revue Moktatafd'Egypte ;
« Le 29 janvier 1884, je faisais des recherches avec les D1-s Maki et Maurisson sur le « distomum haematobium » dans les organes d'une personne morte qui en était infectée.
» Le péritoine, le rein, le foie et le sangde la veine portecon¬
tenaient une infinité d'œufs. Le D1' Maki s'est étonné du nombre des œufs trouvés, de leur absence dans la circulation générale
et de leur présence dans les autres organes. Sur le champ, nous
avons fait deux coupes de poumon; le D1' Maurisson a examiné
au microscope l'une d'elles, et moi l'autre; elles regorgeaient
d'œufs. Cela nous a prouvé du même coup que leur expansion, quoique non constatéejusqu'ici en dehors du péritoine, du rein
et du foie, ne se limite pas seulement aux organes qui donnent
naissance aux embranchements de la veine porte et ceux qui les
— 15 —
avoisinent, comme on le croyait généralement, mais que ces
œufs passent dans la circulation générale et se trouvent dans
d'autres organes. » Deux ansplus tard, Belleli faisait une étude complète des altérations qu'ils produisent dans le parenchyme pulmonaire.
Damaschino, à la Société médicale des Hôpitaux en 1882,
décrit les lésions du distoma hœmatobium sur le gros intestinet
les ganglions mésentériques. Récemment Firket, dans une com¬
munication à l'Académie de médecine de Belgique, fait connaî¬
tre les symptômes de la dysenterie bilharzienne.
L'appendice, dont les lésions ont étébien étudiées cesdernières
années, et ont suscité de nombreuses polémiques, avait paru
jusqu'ici indemne des atteintes du parasite. Il n'en est rien, cependant, et nous verrons peut-être avant peu décrire une
« appendicite bilharzienne».En effet, Cureton, en1899, rapporte
une observation dans laquelle les œufs de la Billiarzia se trou¬
vaient exclusivement localisés à l'appendice. Nous croyons inté¬
ressant de reproduire cette observation en entier.
(Noteon a caseof Bilharzia disease. Cureton,the Lancet, 1899).
« Un habitant de Shrewbury, âgé de 41 ans, balayeur de son état, mourut subitement en octobre 1898. Il avait eu quelques
crises d'essoufflement et une atteinte d'angine; mais il n'avait
pas consulté de médecin. Un examen du corps, 12 heures après
la mort, révélait quelques adhérences pleurales d'origine an¬
cienne. Les poumons étaient d'ailleurs normaux. On notait un
point blanc sur la partie antérieure du ventricule
gauche. On
trouvait de vieilles lésions des valvules aortiques et un ané-
vrysme admettant tout le pouce, occupait le sinus aortique pos¬
térieur gauche et s'étendait dans l'artère coronaire adjacente.
Le ventricule gauche était hypertrophié. Le foie était un peu
gros et dur. La rate, trois fois plus grosse qu'à l'ordinaire,
étaittrès dense, dure et de couleur noirâtre. Les reins étaient
gros : le gauche avait doublé de volume et présentait des signes de congestion chronique.
» L'examen des intestins ne présenta rien d'anormaljusqu'au
cœcum ; mais arrivé là, on fut frappé du développement de l'appendice. Il était trois fois plus gros qu'à l'ordinaire et était
bulbeux et distendujusqu'àson extrémité qui était granuleuse
au toucher. Pas d'adhérences. De couleur bleuâtre dans le milieu etjaune à l'extrémité. Quelques nodules durs, du volume
d'une graine de moutarde, soulevaient la surface péritonéale de l'organe.
» Le cœur, des morceaux de foie etderate furentgardéspour être examinés. La rate était congestionnée comme le foie. En
faisant des coupes à travers les nodules ou tubercules de l'ap¬
pendice, on vit que chaque nodule paraissait formé dequelques
aréoles de tissu conjonctif dense, dont les fibres étaient dispo¬
sées d'une façon plus ou moins concentrique pour loger des
corps singuliers d'apparence, apparemment des parasites. On pouvaitcompter dans un mêmeespacetroisouquatre, oumême quinze ou vingt de ces corps. Ils variaient de grosseur, mais
étaient pour la plupart ovales, une extrémité arrondie et l'autre plus ou moins pointue et terminée fréquemment par une épine.
Leur longueur était en moyenne de 0m006. Dans certains points seulement, les capsules rétrécies desparasites avaientun aspect embarrassant, on eut dit à première vue un dépôt cristallisé quelconque. La coloration,difficile, étaitobtenueaprès un séjour prolongé dans la fuschine. De cette façon, il était possible de distinguer une capsule transparente légèrement colorée, conte¬
nant des granulations plus fortement colorées. Les parasites
étaient excessivement cassants et fragiles, à tel point qu'une légère pression de la lamelle de verre brisait la capsule. Plu¬
sieurs des parasites étaient si altérés dans leur forme, qu'ils en étaient méconnaissables ; mais ils avaient conservé l'aspect des
œufs de Bilharzia, ce qui permettait d'affirmer qu'on étaitbien
enprésence d'u\i cas de distomatose contracté de longue date.
» Le malade avait servi dans l'armée de juin 1883 à 1889. Il
avait séjourné dans le sud de l'Afrique à Pietermaritzburg en
1886, et aussi en Egypte et à Malte en 1889. Il avait eula fièvre intermittente en Egypte et aussi « une attaque de tremble-
— 17
ment ». Il est très vraisemblable qu'il avait été infecté par le parasite pendant son séjour en
Egypte. Le professeur Sheridan
Delepine,de l'Owen's Collège
de Manchester,
aexaminé quelques
coupesde l'appendice. 11
considère
queles lésions sont caracté¬
ristiques de la distomatose. »
Enfin, Chevreau et de Chazal ontpublié à
Maurice des
casde
vaginite et de métrite bilharziennes.
Comme on le voit, le domaine anatomique de la
Bilharzia
haunatobia s'est notablement accru depuis -la découverte
de
Bilharz. 11 en est de même pour son domaine
géographique et
la présence du parasite est
signalée dans des contrées où elle
n'avait pas été soupçonnée.
Onpensait que la
Bilharzia existait seulement
enEgypte. 11
est à peu près certain
aujourd'hui, qu'on la rencontre
sur pres¬que tout le continent africain.
llarley, en 1864, découvrit au Cap un
distome qu'il croyait
être d'une espèce nouvelle. Cobbold démontra
qu'il s'agissait
bien du parasite quinousintéresse.
Son existence dans l'Afrique
australe ne fait plus de doute.
Ellese rencontre sur toute la côte orientale, depuis le delta
du Niljusqu'au Cap.
Chevreau et de Chazall'ont vue à Maurice.
Corre, Brejon, Deblenne, à Nossi-Bé.
On l'aurait également constatée à la
Béunion et à Madagas¬
car.
Kirch a trouvé desbilharziques dans
l'Afrique centrale.
En 1888, Eyles et Edin ont observe la
Bilharzia
surla côte
occidentale.
Villeneuve (1891), Brault(1891),
Cahier (1893) ont,
parleurs
observations, mis son existence hors de doute en
Tunisie.
En Asie, on a signalé quelques atteintes
de Bilharziose
;mais
ces faits ne sont guèreprobants.
Nous-même, dans notre thèse, nous donnons
l'observation
d'une malade quia contracté la
Bilharzia haematobia
enGrèce.
Cette observation va nous permettre de
reprendre l'étude de
Bentéjac 2
18
l'Hématurie bilharzienne,l'une desprincipalesmanifestationsde la Bilharziose.
Notre sujet se divise encinq chapitres :
Chapitre I : Etiologie etpathogénie.
Chapitre II : Description du parasite.
Chapitre III : Anatomie pathologique, symptômes.
Chapitre IV : Diagnostic, marche, pronostic, traitement.
Chapitre V : Observation.
HÉMATURIE BILHARZIENNE
CHAPITRE PREMIER
Définition. Étiologie. Pathogénie.
1° DÉFINITION
On désignesous lenom à'hématurie bilharzienneunsyndrome
caractérisé par l'excrétion simultanée du sang et de l'urine, et dû aux lésions de la bilharzia haematobiasur l'appareil urinaire.
Cette affection est encore appelée hématurie des payschauds,
hématurie d'Egypte, hématurie du Cap, cystite vermineuse.
Ces diverses appellations doivent être abandonnées; l'héma¬
turie s'observe ailleurs qu'en Egypte, au Cap ou dans les pays
chauds; elle est produite par d'autres lésions que celles de la
vessie.
Sous quelle influence le parasite affecte-t-il l'organisme humain, par quelles voies y entre-t-il, et comment arrive-t-il à
se localiser sur le système urinaire? Telles sont les questions
que nous allons essayer de résoudre dans ce chapitre.
2° ÉTIOLOGIE
Race. — La race ne semble guère créer une immunité contre
la bilharziose. EnEgypte, d'aprèsBilharz, onl'observede préfé¬
rence par ordre décroissant, chez les Fellahs, les Coptes, les
Nubiens et les Nègres. Mais elle n'épargne pas les Européens,
non plus que les coolies indiens transportés clans les colonies anglaises de l'Afrique australe. Si les Européens sont un peu moins frappés, il faut l'attribuer à leur plus grand souci de l'hygiène et à leur genre de vie plus confortable en général que celui des indigènes.
Sexe. — Les femmes seraient moins souvent atteintes que les
hommes. Cependant, il est difficile d'établir une statistique à ce
sujet, car dans les pays musulmans, où l'hématurie est endé¬
mique, les femmes consultent rarement le médecin.
Les observations d'hématurie bilharzienne chez la femme doivent être cependant assez rares. Malgré toutes nos investiga¬
tions, nous n'avons pu en trouver. A ce seul point de vue, la
nôtre n'est peut-être pas sans un certain intérêt.
Age. — L'enfance, loin d'être à l'abri de l'infection parasi¬
taire, lui paie au contraire un lourd tribut. A l'école de Tantah,
Sonsino découvre 100 cas d'hématurie sur 300 enfants. L'âge
adulte n'en est pas exempt. C'est à cet âge que beaucoup d'Eu¬
ropéens vo,nt aux colonies, soit comme soldats, soit comme colons et contractent 1a. maladie.
Saisons. — Pour l'Egypte, le maximum de fréquence a lieu
dans la saison chaude dejuin àjuillet, le minimum de septem¬
bre àjanvier (Coupland). Mais on n'est pas trop fixé à ce sujet.
Altitude. — C'est surtout dans les vallées et dans les plaines,
que l'hématurie est endémique. A mesure que l'on s'élève vers les plateaux, elle diminue de fréquence.
Climat. — Mais ce qui domine Pédologie de cette affection,
c'est la question de climat. Onl'observe eneffet, principalement
dans certaines contrées déterminées.
Afrique.— En Afrique, son domaine de prédilection est la
vallée du Nil. Elle existe encore sur la côte orientale, aucap de Bonne-Espérance, dans les iles de l'Océan indien, qu'onrattache
au continent africain. On l'a signalée au Congo, sur la côte occidentale, et dernièrement enTunisie.
Asie. — Les cas qui ont été publiés dans ce continent ne
sont pas tout à fait concluants. Les malades atteints avaient
habité l'Afrique.
— 21 —
Europe. —
Grossi
etRovelli ont découvert
uneespèce tout
à fait voisine de la Bilharzia humaine, chez les moutons en Sicile. Cette espèce avait déjà été vue
chez le bœuf
enEgypte,
par Sonsino,
qui lui avait donné le
nomde Bilharzia
crassa.En 1896, San Félice et Loi la retrouvent en
Sardaigne, égale¬
mentchez les bœufs.
Les deux espèces étant très
voisines,
apriori, il était possible
que la
bilharzia hsematobia pût
sedévelopper chez l'homme,
tout au moins dans l'Europe méridionale.
L'observation que nous rapportons
vient confirmer cette
hypothèse.11 s'agit, en effet, d'une
hématurie bilharzienne contractée
enGrèce.
Evidemment nous ne prétendons pas qu'elle
soit endémique
dans ce pays, d'autres cas
auraient été déjà signalés.
Mais nous voulons montrer sous l'influence de quelles causes elle s'y est développée et
comment
sousl'influence des mêmes
causes elle peut se développer
dans d'autres contrées d'Europe.
3° PATHOGÉNIE
Originehydrique. —
La plupart des auteurs sont d'accord
pour reconnaîtreque
le véhicule ordinaire du parasite est l'eau.
Cette théorie est du reste démontrée par le
maximum de fré¬
quence de
l'affection chez les riverains des grands lacs et des
grands cours d'eau.
D'autre part, les indigènes sont plus sou¬
vent atteints que les blancs et
ceci
nedoit point étonner, si l'on
considère que ces
derniers boivent de préférence de l'eau filtrée,
c'est-à-dire débarrassée de la présence du
parasite.
Quant au mode de pénétration
de la bilharzia dans l'orga¬
nisme,il prête encore à controverse
et deux opinions principa¬
les ont été émises sur ce sujet.
Les uns, en tête desquels il faut
placer Firket, font jouer
ungrand rôle aux
bains qui, mettant
encontact
avecles orifices
naturels telsque l'urètre, le rectum
et la vulve,
une eausouillée
d'éléments parasitaires,
permettraient à ceux-ci de remonter
dans les divers organes et en particulier dans la vessie où ils se
fixeraient.
Les autres, qui représentent actuellement la majorité, assi¬
gnent comme porte d'entrée à la bilharzia l'appareil digestif,la
bouche. Ce serait donc parl'ingestion de l'eau souilléeetnon pas seulement par un simple contact que se ferait la contamination.
On ne sait pas encore si cette eau contient le parasite à l'état
de cercairenageant librement ou si, au contraire, il se trouve à l'intérieur d'un hôteintermédiaire, probablement un mollusque,
dont l'ingestion produirait l'infection bilharzienne.
Ce dernier mode de contagion se rapprocherait assez de celui
qui existe pour la douve du foie. On sait, en effet, que celle ci
ne se transmet pas à l'homme ouauxautres animauxquiensont ordinairementatteints d'une façondirecte, mais bienparl'inter¬
médiaire d'un petit mollusque (Limnœa truncatula), que l'on
trouve en grande abondance dans certaines eaux douces.
Cette hypothèse est d'autant plus plausible que la bilharzia
est un distome, c'est-à-dire appartient à la même famille que la
douve du foie.
Contagion directe. — Certains auteurs, s'appuyant sur les
observations deChevreau et deChazal, pensent que la contagion peut, dans certains cas, être directe, et ne seraient pas éloignés
d'attribuer des métrites et vaginites bilharziennes à une infec¬
tion par rapport sexuel.
Contagionpar les légumes et les fruits. — Un mode de con¬
tagion sur lequel nous insistons davantage, bien qu'il soit à peine signalé par les auteurs, c'est la contagion par les légu¬
mes et les fruits. Celle-ci nous parait pouvoir être mise en cause dans le cas quinous intéresse. Il s'agit, dans notre obser¬
vation, d'une malade qui n'a jamais quitté l'Europe, qui, par
conséquent, n'a pas eu l'occasion de boirejamais de l'eau pro¬
venant de pays souillés par le parasite, mais qui, par contre,
en Grèce où elle a habité, a mangé souvent des fruits et des
légumes venant d'Egypte, c'est-à-dire d'un pays où la bilharzia règne à l'état endémique.
Ces légumes et ces fruits ont probablement été en contact
— 23 —
avec de l'eau contenant des éléments parasitaires. Ceci est
encore en faveur de la contagion par l'intermédiaire d'un
hôte
accidentel, d'un mollusque probablement.
En effet, les expériences de Moty ont démontré que
les
em¬bryons de bilharzia
placés dans l'eau succombent
aubout de
vingt-quatre heures.
Les légumes
oufruits transportés d'Egypte
ne peuvent guère être
consommés
quetrois
ouquatre jours
après leur récolte et
seul
unmollusque
achance de vivre aussi
longtemps privé d'eau et de
fournir ainsi
auparasite
unhôte de
passage qui lui permettra
d'arriver jusqu'à l'homme et de
se développer dans sonorganisme. La bilharzia arrive-t-elle
parce moyenà l'homme à l'état
d'œuf
et sedéveloppe-t-elle ensuite
complètement dans son
tube digestif,
oubien
sesœufs, ingérés
par le mollusque,
subissent-ils chez lui
uncommencement
d'évolution qui les transforme en
embryon,
encercaire
; nousn'en savons rien, et, du reste, peu nous importe.
Le seul point intéressant,
celui
surlequel
nous tenons àatti¬
rer l'attention, c'est la possibilité de la contagion par
les fruits
et les légumes etcela surtout au
point de
vueprophylactique.
Nous ne voulons pas dire que ce
mode de contagion soit très
fréquent, mais enfin il peutexister, notre observation
enfait foi.
D'autre part, l'Egypte et d'autres pays
contaminés,
enparticu-
culier la Tunisie,expédient ailleurs
qu'en Grèce, patrie de notre
malade, des fruits et des légumes. Nous tenons à attirersur ce point l'attention des
médecins,
caril arrive bien souvent
quecertaines hématuries sont qualifiées d'essentielles
lorsqu'on
ne peut les attribuer ni à de latuberculose, ni à
unetumeur, alors
que peut-être, dans
certains
cas,il serait possible, si l'on était
mieux prévenu, de leur attribuer avec
juste raison
uneorigine
parasitaire. C'est, du reste, cequi
estarrivé dans le
casde notre
malade : le diagnostic d'hématurie
parasitaire avait été écarté
tout d'abord en raison de ce fait que le sujet n'avait pas
quitté
l'Europe, et c'est seulement aprèsavoir pensé pendant
un cer¬tain temps à une
hématurie essentielle
quel'on est ensuite
revenu au diagnostic de parasitisme confirmé par
l'examen mi¬
croscopique des urines.
Quoi qu'il en soit, la Bilharzia introduite dans le tubedigestif pénètre dans la circulation porte. Voici, d'après Blanchard, par
quel chemin elle arriverait àla vessie : « Les veines du système porte sont dépourvues de valvules etla bilharziapeut descendre
par la veine mésentérique inférieure jusque dans les veinesrec¬
tales, d'où elle passe dans les veines hémorrhoïdales moyennes
ou inférieures. De là elle peut remonter par les anastomoses
dans les veines honteuses internes et les veines vésicales par l'intermédiaire du plexus de Santorini ».
Elle passe dans la circulation généraleau moyen des anasto¬
moses qui font communiquer le plexus du petit bassin avec la
veine hypogastrique et par suite avec la veine cave. Il est pro¬
bable que c'estcette voie qu'elle prend pour atteindre les reins.
Avant de parler des modifications qu'elle imprime àces orga¬
nes, nous croyons bon de faire connaître en quelques mots le parasite.
CHAPITRE II
Description du parasite.
Notre description est empruntée à de
Nabias, Archives clini¬
ques cle Bordeaux,
1893; Le Dantec, Précis de pathologie exoti¬
que, 1900.
La bilharzia est lin ver plat de l'ordre des distomes.
Son
nom scientifique accepté par tousaujourd'hui est Bilharzia hsemato-
bia. Elle vit en effet dans le sang et on la rencontre surtout
dans la veine porte. « Ce parasite
dont les
sexessont séparés
déroge à la loi qui régit les
distomes chez lesquels l'hermaphro¬
disme est la règle constante. Cependant le
mâle
etla femelle
sont unis durant la majeure partie de leur existence.
La femelle
se trouve logée dans l'intérieur même
du mâle, qui la reçoit
dans un long canalgynécophore.
En raison de cette association
qui caractérise legenre,
Diesing avait proposé la dénomination
de gynecophorus,
remplacée
parcelle de Bilharzia
enl'honneur
de Bilharz, médecin au Caire et célèbre
helminthologiste
»(de
Nabias).
Nous décrirons successivement le mâle, la femelle, les œufs
et l'embryon. Enfin nous dirons un
mot d'une espèce très voi¬
sine, la bilharzia crassa. ■
Mâle. — C'est un ver de 10 à 11 millimètres de longueuret large d:un millimètre.
Aplati
àl'état de cadavre,
sesdeux bords
latéraux serapprochent pendant
la vie et forment
unegouttière
dans laquelle se loge la
femelle. Cette gouttière,
pourcette rai¬
son, a reçu le nom de
canal gynécophore.
On peut considérer
chez le mâle
uneportion postérieure qui
forme le canal gynécophore, une
portion antérieure où
setrou-
vent une ventouse buccale et une ventouse ventrale. C'est par
ces ventouses qu'il se fixe à la paroi des vaisseaux.
Le tube digestifest aveugle. Il part de la ventouse buccale,
se divise en deux branches au niveau de la ventouse ventrale et
se termine en un seul cœcum à l'extrémité caudale.
En arrière de la ventouse ventrale, se voient cinq ou six vési¬
cules, qui représentent les testicules. Elles aboutissent àun seul conduit qui s'ouvre dans le canal gynécophore. Le sperme s'en écoule, et arrive par capillarité jusqu'à l'orifice vaginal de la femelle, car le mâle ne possède pas d'organe copulateur.
Femelle. —La femelle mesure 2 centimètres de longueur et
est ténue comme un fil de soie. Le tube digestif présente la
même disposition que chez le mâle.
Les organes génitaux sont placés entre les deux branches que forme le tube digestif. Ils se composent d'un ovaire auquel fait
suite l'oviducte qui débouche dans la glande coquillère destinée
à sécréter la coque de l'œuf. Decette glande part l'utérus qui se continue par le vagin et la vulve. La vulve débouche en arrière de laventouse ventrale.
OEufs. —•Les œufs sont de forme allongée, assez régulière¬
ment ovale et mesurent 160 g sur 60 g. La coque de l'œuf est
lisse etunie. Elle présente à l'une deses extrémités un éperon pouvant atteindre 25 p.. L'éperon est d'ordinaire exactement
polaire; parfois il est plus ou moins latéral. Il ne serait,d'après Moty, que le reliquat de l'insertion de l'œuf dans la glande coquillère.
Par leurs dimensions, et par la présence d'un éperon polaire,
les œufs de Bilharzianepeuvent donner lieuàaucuneconfusion.
On les observe en général dans les urines où ils peuvent se
trouver en très grand nombre. Cobbold relate l'observation d'unjeune enfant dont les urines en contenaieut des milliers.
Embryons. — Les embryons sont ciliés et ressemblent à un infusoire holotriche. Zancarol les a observés dans la vessie et le
parenchyme rénal.
Suivant leur degré de développement, ils présentent une ébauche de tube digestif plus ou moins complète et quelques
— 27 —
masses réfringentes, sur lesquelles on n'est pas trop fixé. Leur développement ultérieur n'estpas connu. Ces détails suffisent à
les fairedistinguer des infusoires des voies génito-urinaires qui
ont des flagellum et ne présentent pas de cils vibratiles.
Moty les a examinés en plaçant le dépôt d'une urine bilharzi-
que dans de l'eau. Ils sont d'une agilité surprenante. Après les
avoir laissés pendant 24 heures dans de l'eau pure, ils les a trouvés morts et méconnaissables; aussi, il croit que l'embryon
ne peut atteindre l'état adulte sans passer par un hôte intermé¬
diaire. Cet bote doit sans doute vivre dans l'eau douce ou avoir
une petite taille ou être comestible (Moty, Société de Biologie, 1893).
Bilharzia crassa. — A côté de la Bilharzia de l'homme existe
une espèce très voisine, que l'on trouve chez les animaux.
En 1876, sur un taureau de trois ansabattu à Zagasig, Son-
sino trouve dans la veine porte un grand nombre de bilharzies.
Il se rend compte que ceséchantillons diffèrent peu de celles
de
l'homme.
Plus tard il retrouva l'hématozoaire chezdeux moutons, et lui
donna le nom de Bilharzia crassa.
Grossi et Bovelli montrèrent qu'elle était très fréquente chez
les moutons, en Sicile.
Enfin, en1896, San Félice etLoi l'ont observée chez les bœufs
enSardaigne, Mais ils spécifientqu'ils ne l'ont trouvéeque
dans
les grands conduits biliaires.
Ces différents auteurs en donnent la description suivante : La Bilharzia crassadiffère très peu de celle de l'homme. C'est
par la forme de ses œufs seulement qu'on peut en
faire
une espèce à part.Les femelles sont accolées aux mâles.
Le mâle mesure 2 centimètres et est un peu plus gros que
celui que l'on trouve chez l'homme.
Les œufs sont longs et étroits, enforme de fuseaux, renflés au centre et rétrécis auxdeux extrémités. Un des pôles présente un
éperon terminal. Leur diamètre
longitudinal varie
entre0mm16
et 0mm18, leurdiamètre transversal entre0mrn04et 0"im05.
Même structure anatomique chez les deux espèces.
CHAPITRE III
Anatoraie pathologique. Symptomatologie.
1°ANATOMIE PATHOLOGIQUE
La Bilharzia hsematobia produit sur l'appareil urinaire les
lésions suivantes.
Vessie. — La vessie est, en général, de petit volume; les
deux examinées par Ruault et Fouquet étaient environ du
volume du poing. Mais leurs parois atteignaient l'épaisseur du
ventricule gauche d'un cœur normal. Leur cavité peut être
tellement réduite par suite de cette épaisseur des parois, qu'on
en a vu qui auraient pu à peine contenir une noix.
La muqueuse à l'œil nu parait saine, ou bien elle est granu¬
leuse et parsemée de végétations.
A l'examen microscopique, d'après Ruault, on peut voir une
quantité d'œufs de Bilharzia dans l'épaisseur de l'organe. Ces
œufs sont surtout nombreux dans la muqueuse et immédiate¬
ment au-dessous. L'épaississement des parois est dû à une abondante production du tissu conjonctif, bien que Damaschino prétende qu'il se fait aux dépens des couches musculaires. Les
fibres musculaires sont elles-mêmes altérées.
Uretères. — Cet épaississement considérable de la paroi de
la vessie obstrue partiellement l'orifice inférieur des uretères et porte obstacle à l'écoulement de l'urine. On trouve alors ces conduits notablement élargis.
Ils peuvent également présenter les mêmes altérations que les parois vésicales, et les œufs du parasite se logent dans la
sous-muqueuse,
— 29 —
Dans ce cas, leur lumière est normale, ou quelquefois tout à
fait rétrécie.
Reins. — Il est impossible que de telles
lésions, quand elles
existent, ne retentissent pas sur le rein.
Le rein est fréquemment atteint d'hydronéphrose.
Il
estalors
très gros. Dans un cas de Zancarol, sa surface
était bosselée et
présentait trois saillies volumineuses, enforme de cavités kysti¬
ques, lesquelles communiquaient avec
le bassinet, qui était lui-
même très élargi. La distinction des deux substances
corticale
et médullaire du rein avait tout à fait disparu, et le tissu de l'organe était uniquement constitué par une
couche
presque homogène, manifestement indurée, et dontl'épaisseur
au som¬met des bosselures ne dépassait pas trois ou quatre
millimè¬
tres.
Le rein peut présenter des lésions
de néphrite interstitielle.
Le même auteur en rapporte un exemple. Entre
les divers tubes
existait un (issu fibreux très dense; les éléments tubulaires
étaient littéralementétouffés par ce tissu morbide et
avaient
en grande partie disparu. Les tubescontournés étaient moins
atteints. Un grand nombre de glomérules
avaient subi la
trans¬formation fibreuse.
Ruault a observé des œufs et des embryons de Bilharzia dans
le parenchyme rénal. Autour des
œufs,
onvoit du tissu conjonc-
tif de nouvelle formation, produisant une néphrite
interstitielle
d'origine vasculaire.Prostate. — Nous parlons de cet organe en
dernier lieu,
caronn'a eu guère occasion d'y observer
des lésions. Ruault
y atrouvé cependant des œufs de
distoine
avecbeaucoup de tissu
conjonctif de nouvelle formation.
Telles sont les lésions qui, au symptôme
hématurie,
enajou¬
tent quelques autres dont
l'étude
va nous occupermaintenant.
2° SYMPTÔMES
Avant l'apparition de tout symptôme,
il existe
unepériode
d'incubation dont la durée estvariable. Hatchaobservé, à Bom-
30
bay, un individu arrivé de Suez, où il était resté quinze jours,
et qui, un mois après, était pris d'hématurie bilbarzienne. « A
Natal, beaucoup de coolies des plantations deviennent bilharzi- ques six mois après leur arrivée dans la colonie ». (Bourel- Roncière).
L'hématurie peut se montrer seule ou bien accompagnée d'autres phénomènes. C'est ce qui se produit ordinairement. Au symptôme hématurie s'ajoutent douleur, pollakiurie et pyurie;
en un mot, les signes de la cystite.
Douleur. — La vessie est le siège le plus habituel de la dou¬
leur chez les urinaires. C'est, en effet, la partie des voies d'ex¬
crétion qui participe le plus activement à l'acte de la miction.
Ce symptôme doit fixer toute notre attention, car la douleur peut être unélément précieux pour le diagnostic de localisation
des lésions. Elle est enfin l'objet des principales préoccupations
du malade, et les efforts du médecin devront s'attacher à la calmer.
Nous étudierons l'époque où elle apparaît, les conditions qui
la déterminent ou l'atténuent, ses rapports avec la miction et
ses différents temps. Quelquefois, elle précède la première hématurie; elle peut apparaître avec elle ou seulement assez
longtemps après. Elle s'établit graduellement et arrive plus ou moins lentement à sa période d'état. Cette douleur peut exister
d'une façon continue; le malade éprouve une sensation pénible
dans larégion hypogastrique.Lamarche, des exercices violents,
le coït, l'augmentent ou la réveillent. Mais c'est sous l'influence de l'émission d'urine qu'elle se- fait sentir habituellement ou
qu'elle devient plus forte.
Chez certainsmalades, la douleur précède la miction ; le be¬
soin est douloureux; toute sensation pénible est effacée par l'émission de l'urine. On a affaire àdes lésions peu étendues et
peu profondes du col ou même du corps de la vessie.
Chez d'autres, la douleur apparaît à la fin de la miction; le siègede la lésion est ordinairement au col.
Des irradiations douloureuses peuvent également se produire
à la fin de la miction.
— 31 —
Ces irradiations sepropagent àl'anus, au périnée, à la racine
de la verge. Brault a observé chez son malade des irradiations
dans la sphère du crural.
Dans des casplusrares,lorsque le rein est atteint, onobserve
de la courbature lombaire, ou même des douleurs violentes pouvant simuler la colique néphrétique.
Quoiqu'il ensoit,noustenons à faire remarquer la corrélation qui existe entre le signe douleur et le phénomène de la miction
dont nous allons étudier les caractères.
Miction. — Le besoin d'uriner est en général très fréquent.
Mais les malades se retiennent par suite de la douleur que pro¬
voquent les mictions. On en cite qui n'urinaient qu'une
fois
ou deux fois par jour. Le jet ne subit,d'ordinaire,
aucunemodifi¬
cation dans sa forme, son calibreou sa projection. Cependant,
des caillots peuvent s'engagerdans le canal de l'urèthre et pro¬
voquer une rétention d'urine. Cefait estnoté dans une
observa¬
tion rapportée par Mohamed Ghaker. Le passage
des œufs du
parasite sur unemuqueusetrès sensibleou uncalcul vésical
sont capables de provoquer un spasme de l'urèthre etde faire subir
aujet, un arrêt brusque (Ilédie).
Dans notre cas, les mictions sontnormales; elles n'ont aucun caractère douloureux.
Pas de sensation pénible dans la région
vésicale. On observe
une simple lassitude au niveau des reins
quand les hématuries
se produisent.
Hématurie. — L'hématurie est le signe constant de la locali¬
sation de la Bilharzia sur l'appareil urinaire. Il en est
quelque¬
fois le seul. Et il nous sembleque l'explication en est
facile.
On peut en effet rapprocher cette
hématurie parasitaire de
l'hématurie précoce de la tuberculose
vésicale. Dans cette der¬
nière maladie, on distingue deux phases : une phase
dans la¬
quelle le bacille de Koch existe seul,
manifestant
saprésence
principalement parl'issuede quelque peude
sang avecl'urine
;une phase de douleurs violentes avec
pyurie
etpollakiurie, dé¬
veloppée sous l'influence d'infections
secondaires qui viennent
se greffer sur les lésions bacillaires.