FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1898-1899 Na
SUR U
Chez des Enfants
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 2 Décembre 1898
Jean-Joseph LA-RXIGUE
Né àMonléon-Maguoac(Htes-Py^énées),
le 21 Mai 1876
Élève duService de Santédela Marine
MM. I.AYET professeur.... Président.
Examinateursde la Thèse:
VERGELY profeSSeur""l
Jun„) ■ DUBREUILH agrège \Juges.
{
LE DANTEC agrégéLe Candidat répondra aux questions qui lui seront
faites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DU MIDI — PAULCA.SSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1898
Facilité de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
pjKOVIÏSSGUItg
MM. MIGÉ ï
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Pro fesseur.s honoraives.
Clinique interne
MM.
t PICOT.
/ PITRES.
. . \ DEMONS.
Clinique externe
j
LANELONGUEPathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
ACiRÉGBÏlS EH A SKCÏIONDE MÉDECINE (Patholog
MM. CASSA ET.
AUCIIÉ.
SABRAZÈS.
j
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS (MM. BINAUD. I .
, , UMM. CHAMBRERENT Pathologieexterne BRAQUEHAYE |
Accouchements..
piEUX.(
CHAYANNAZ.SECTION DESSCIENCESANATOM1QUES ET 1UIYSI01.0GIQUES
|MM. PRINCETEAU
| Physiologie MM. PACIION.'/ CANNIEU. | Histoire naturelle Médecine légale...
Physique
Chimie
Histoire naturelle .
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des maladiesdesenfants Chimiebiologique...
KXBDRCICBi! :
ie interneetMédecine MM. LE DANTEC
HOBBS.
MM.
MORACHE.
BERG0N1E.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECIIAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
légale.)
Anatomie
SECTION DESSCIENCES PHYSIQUES
Physique MAI. S1GALAS. | Pharmacie
€ ©BJ ElS C OSB 5° li K18 80 N 'fl' A 1 85 50S
Clinique desmaladies cutanées etsyphilitiques MM Clinique des maladies desvoies urinaires
Maladies du larynx, des oreilles etdu nez
Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conférence d'HydrologieetMinéralogie
LeSecrétaire de la Faculté
beillk.
M. BARTIIE.
DUBREUILH POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDÔT.
DENUCE.
CHAMBRE DUPOU Y.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANG1 CARLES.
LEMA1RE.
ONT.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions ennscsda ^
Thèsesqu'ellequi luin'entendsontleurprésentées doiventdonner niapprobation niêtre considéréesimprobation.commepropresà leurs autcu »,
A MON PÈRE ET A MA
MÈRE
Pour leur amour et leurs sacrifices.
A MES SŒURS ET A MON FRÈRE
A LA MEMOIRE DE MON ONCLE E. CASTERAN
CHEF DESCADRONS DARTILLERIE CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MON
BEAU-FRÈRE
C. MOREREA MON ONCLE CH. LARTIGUE
A MON MEILLEUR
AMI ROQUES ZABULON
élève de l'école du service de
santé
militaireA mes Camarades des Colonies etde la
Marine
A TOUS CEUX QUE J'AIME
A MES AMIS DE L'ÉCOLE ET DE
BORDEAUX
A laveilled'une
séparation peut-être éternelle.
A MONSIEUR LE DOCTEUR W. DUBREUILH
PROFESSEUR AGRÉGÉ CHARGÉ DU COURS DES MALADIES SYPHILITIQUES ET CUTANÉES A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE
DOCTEUR LAYET
MÉDECIN PRINCIPAL DE LA MARINE EN
RETRAITE
t/fPROFESSEUR D'HYGIÈNE A LA FACULTÉ DE
MÉDECINE DE B#&)ÉA'UX
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE
MÉDECI
OFFICIER DE LALÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
'Modeste est notre ambition en
présentant
cetravail à la
bienveillance de nosjuges. Nous avons eu
la bonne fortune,
pendant cettedernière
annéede médecine, d'observer à la
Clinique
dermatologique
de laFaculté de Bordeaux
un cas fortcurieux depemphigus chronique, chez
unepetite fille
de neufans.M. leprofesseur
Dubreuilh
abien voulu
nous communiquer unedeuxième observation de la môme affec¬
tion, chezunenfantégalement. Nous avons cru,
dès lors,
qu'il serait intéressant de rapporter cesdeux
caset d'en
faire lesujet de notre thèse inaugurale.
Le vrai pemphigus, pemphigus
chronique, est
eneffet
une maladie relativementrare, surtout chezles enfants.De plus,
chezeux, il y a peut-être quelques
points de symptomato-
logiequi sont toutù faitparticuliers, et la question du diag¬
nostic différentiel mérite certainement quelque
attention à
causedesmultiples affectionshuileuses
qu'on observe dans
l'enfance. Mous avons doncvoulu faire simplement un
tra¬
vail de
clinique
et nous laissons decôté, à dessein, toute
l'anatomie
pathologique
du pemphigus,qui est d'ailleurs la
même chez l'enfant que chez
l'adulte.
Dans un premier chapitre, nous
définissons
ce que nous entendonsexactement par le termepemphigus
;puis, après
avoirrapporté tout au long nos deux
observations inédites,
nous passons en revue, dans différents
chapitres, la
symp-tomatologie, l'étiologie,
le diagnostic etletraitement de l'af¬
fectionqui nous occupe. Suiventensuite les
conclusions.
— 10 —
Et
maintenant,
arrivé au terme de nos étudesmédicales,
nous remercions bien sincèrement tous ceuxqui,de prèsou de loin, ont bien voulu s'intéresser à nous. Nos remercie¬
ments iront toutd'abord à M. le professeur W.
Dubreuilh,
dont nousavons suivi le service pendant une année avec zèle et grand intérêt. Ilnous a accueilli avec
bienveillance,
et ses conseils ne nous ontjamais fait défaut.
Enfin, il nous sera toujours douxderappelerà notre esprit
le souvenir des heureux moments passés au laboratoire
d'hygiène
delà Faculté, pendant l'année quivient de s'écou¬ler. Nous avons pu ainsi quelque peu
tromper
les ennuis et les heurespénibles
d'un régime dur à supporter ; et la par¬faite
bienveillance,
les aimables etfines causeries de M. leprofesseur Layet resteronttoujours gravées dans notre mé¬
moire. Nous voyons en lui un ami presqueautant qu'un
maître et nousle prions de vouloir bien agréer notre vive gratitudepour l'honneur qu'il nous faiten acceptant la pré¬
sidence de notre thèse.
Bordeaux, 20 novembre 1898.
CHAPITRE PREMIER
Ce
qu'il faut entendre
parle terme
«Pemphigus ».
La plus grande
confusion
arégné jusque dans ces der¬
nières années —et l'accord est loin d'être encore
fait à
ce sujet— surle sens exact à donner auterme
«Pemphigus
».Traditionnellement on désigne ainsi
la
presquetotalité des
affections huileuses, quel'on
spécifie ensuite
pardes quali¬
ficatifsvariés ; mais ces
affections sont si nombreuses, si
profondément diverses, que cette
unité nominale est deve¬
nuel'occasion de la plus
grande confusion dans la nomen¬
clature, et de la plus grande
obscurité dans la pratique.
Nous ne passerons pas en revue
ici les multiples classifi¬
cationsdu «
pemphigus
»proposées
parles divers auteurs
qui se sontoccupésde cette
affection (V. Besnier et Doyon,
mtraduction de Kaposi,
appendice
auchapitre «Pemphi¬
gus »). Disons seulement que la
question est entrée dans
unephase nouvelle depuis la
thèse de Nodet (Contribution à
l'étude des
éruptions pemphigoïdes aiguës (pemphigus
aigus,
dermatoses huileuses,pemphigoïdes) chez Vadulte,
Lyon
1880).
On reconnut alors l'erreurqu'on commettait
en appliquant abusivementle nom d'unemaladie à une lésion élémentaire de la peau et dès cemoment Besnier et Doyon
(Traduction deKaposi, lre édition,1881) crurent devoir sépa¬
rer du pemphigus toutes les affections
huileuses aiguës, subaiguës
et mêmeplus prolongées bénignes, qui
neren¬
traientpas dans le type de la maladie, grave au
plus haut
degré,
àlaquelle
doit être réservé le terme depemphigus.
- 12 -
En 1884, Duhring crée dans les affections
pemphigoïdes
untype nouveau « la dermalite
herpétiforme
» et réclame pour les lui annexer la presque totalité de cesphlycténodermies
ambiguës,flottantes,
qu'on ne savaittrop
de quel côté ranger et qu'on rapprochait provisoirement desérythèmes
huileux. Brocq peu après soumit la série entière des affec¬tions
érythématoïdes
oupemphigoïdes
au contrôle d'unecritique élevée, impartiale
et trèsprécise,
rectifia plusieurs points et vint apporter des hases fermes à la reconstitutiondifficile, compliquée
et obscure de cette partie de la patholo¬gie cutanée.
Beaucoup
de choses restent cependant encore vagues, et l'accordest loin d'être fait parmi lesdermatologistes
à cesujet. C'estainsi
qu'actuellement, d'après
nombre d'auteurs (V. Petrini, ZurPemphigusfrage, Monatshefte f. prakt. Der¬
matologie,
1896,tome XXII, page304)
il faudraitadmettreavec une certaine restriction la dermatiteherpétiforme
de Dali-ring
et ne pas renfermer dans ce cadre, commele font laplu¬
part des
dermatologistes
pour suivre le courant et être fidè¬les aux idées
modernes,
des castypiques
de pemphigus, par exemple.Il est certain que dans l'état actuel de la science, la ques¬
tion est encore dansla période
d'analyse.
Il existeun groupe vaste et quelque peu incohérent d'affections huileuses, etnous croyons quetant qu'on neconnaîtra pas d'une manière positive
l'étiologie
de tousces faits, il est inutile et illusoire de vouloir essayer de les classer définitivement.Jusqu'à
plus ampleinformé,
disons donc qu'il fautséparer
du
pemphigus
vrai, dermatose à typeprincipalement hui¬
leux et cle naturepresque constamment maligne, la famille des
pemphigoïdes,
affections ordinairement bénignes, ren¬fermant des éléments
disparates,
qui peu à peu avec les pro¬grès de la science doivent retourner à leur véritable origine (urticaire
chronique huileux,
dermatites exfoliatrices pem¬phigoïdes,
pemphigushystérique
deFrank,
pemphigus
des
jeunes filles deHardy,
dermatiteherpétiforme
de Duhring,— 13 -
variétébullêuse
de l'impétigo hérpéti forme de Hébra-Kaposi,
etc.). Les
dénominations de P. syphilitique et P. lépreux doi¬
vent
naturellement être repoussées complètement. 11 n'y a
pas
plus de pemphigus syphilitique que de psoriasis syphili¬
tique :
il n'y
aquedes syphilides ou des léprides huileuses.
Ilesttotalement
inadmissible de conserver au mot pemphi¬
gus
la signification banale de lésion huileuse; ce nom ne
doitêtre donné
qu'à
unemaladie individualisée qui sera le
pemphigus.
Nouscroyons avec
Besnier et Doyon que le terme de pem¬
phigus aigu doit être abandonné, le vrai pemphigus ayant
une marcheessentiellement
chronique, maligne, qui ne peut
se rapprocher
nullement de ces cas d'éruptions huileuses,
accompagnées généralement de fièvre, qui guérissent au
bout de deuxou trois semaines.
C'est seulement par force
majeurequenous
parlerons de
«pemphigus des nouveau-
nés».
Ce
pemphigus vrai, qu'il est inutile d'appeler chronique,—
puisque le terme
pemphigus implique par lui-même l'idée de
chronicité,—sera doncune
dermatose huileuse, de nature en¬
core inconnue— puisque
l'étude histologique des tissus at¬
teints, l'examen des liquides
des bulles, chimique ou bactério¬
logique,
l'hématologie,l'urologie, l'étude étiologique, etc., etc...
neproduisent aucunedonnée
éliminatoire,
—mais derma¬
tose à marche essentiellement chronique
et maligne. Nous
essayonsd'en esquisser
les principaux symptômes dans un
chapitre
suivant.Dansquelques cas,comme
dans les deux observations qui
font le sujet de notre
travail, l'affection huileuse à l'origine
peut devenir exfolianteet se
caractériser
parune abondante
production de squames
qui laissent au-dessous d'elles un
épiderme rougeet suintant.
On est alors en présence
du pemphigus foliacé qu'on ne
doitpas, croyons-nous,
regarder
cc*mmeune entité morbide,
mais bien comme uneforme
particulière du P. vrai huileux
ordinaire. Il est également
faux, croyons-nous, de vouloir
faire du P. foliacé
l'aboutissant
commun des diverses affec¬tions huileuses dans les phases ultimes
desquelles
peuvent apparaîtrel'exfoliation
et la rougeur de la peau.EnfinNeumann et
plusieurs
autresdermatologistes
aprèslui,ont décritun
P.végétant
qui ne devrait peut-être pasêtre regardécomme appartenant à la série du pempliigus vrai.Nous n'avons pas d'ailleurs à nousoccuper de cette affection que nous ne connaissons pas et qui n'a rien à voir avec les deuxobservations que nous publions.
Observation I
(Inédite).
Marie L..., six. ans et demi, se présente à la Policlinique le 0janvier 1892. L'affection a débuté il y a quatre ans sur la face parun
petitplacard qui a récidivé. Les premiers symptômes ont apparu au mois de mars et lagénéralisation s'est faite au cours de l'hiver suivant
sous
l'aspect
de boutons punctiformes.Cette enfant est née à terme, bien constituée, de parents sains non
syphilitiques.
Elle aeu la diphtérie àl'âge
de huit mois,des fluxions de poitrine à un an et quinze mois. Il y a environ deux ans, quelquesaccidents de stomatite ont apparupendant une quinzaine dejours.
Elle avait deux ans quand les lésions ont débuté et, auparavant,la
peau était absolumentsaine. Elle aquelquepeupleuré quandl'affection
a intéresséla face; mais actuellementles douleurs sont nulles.L'appétit
est bon, il diminue seulement quand l'affection reparaît. Ily a un an, pendantl'hiver, la guérison a paru se faire pendant quelques jours; mais aubout de huitjours, l'affection a récidivé avec desquamation
à
grandes squames.
Etat, le 9 janvier 1892. —
L'éruption
couvre actuellement la totalité du tégument.Cependant,
la plante des pieds et la paumédes
mains ne sont que très peu atteintes. Elle se présente partout avec des caractères absolument
identiques.
La peau est un peu rouge,d
un rouge plus vifau niveau de petites crevassesirrégulières
où ily aun peu de suintement. Elle est entièrement couverte d'une desquamationen larges lamelles d'un centimètre en moyenne, irrégulières,
humides,
— 15 —
mélangées de
quelques croûtes jaunes, minces. Au-dessous des squames
quise
soulèvent
parleurs bords, on trouve un épiderme rouge humide
etsuintant.Cesuintement,
qui
sefait jour
sousles squames et dans leurs
intervalles, se dessèche en
croûtelles minces et humides et empèse les
lingesdont
est couverte l'enfant. Son lit est tous les matins totalement
rempli desquames.
La
peaun'est nullement épaissie, elle est souple et
parfaitement mobile
;il n'y
aque peu ou pas cle démangeaisons.
Laface est aussi couverte de squames que
le reste du corps. Au
pourtour
de la bouche, les tissures ont une disposition un peu radiée,
maisleslésions s'arrêtent brusquement sur
le bord libre des lèvres et
despaupières
qui
nesont
pasépaissies et dont la mobilité et la souplesse
sontparfaites. Le
cuir chevelu est rempli de larges squames jaunes et
grasses
naturellement accumulées
enplus grande épaisseur que sur les
partiesglabres.
Ilexisteun suintement marqué des
conduits auditifs
;le pavillon des
oreilles estunpeu épaissi etsquameux.
Les conjonctives sont normales.
Dans touslesplis articulaires
(face antérieure du
cou,aisselle, pli du
coude, creuxpoplité, plis
inguinaux
etinguinaux-cruraux), la peau est
plus rouge, macérée, et suinte
abondamment. Il existe également un
léger degré de vulvite.
Le bord incarnatdes lèvres etla muqueuse
buccale sont
normaux.On remarque seulementun peuderougeur,
et
unepetite tache jaunâtre
miliairesurl'amygdale droite.
Sur laface dorsale des mains et despieds se
trouvent
encorequelques
ilôts de peau relativement saine. Ace niveau on
voit
quela limite des
lésions est formée par unsoulèvement
huileux de l'épiderme consti¬
tuant une ligne festonnée. On ytrouve
également quelques lésions au
début sous forme de plilyctènes flasques,
de la grandeur d'une
lentillea un haricot,contenant dupics,se
desséchant
parle centre en
une croûtejaune, mince, s'étendantpar
la périphérie
enproduisant un
décollement épidermique continuen
collerette, irrégulièrement serpigi-
neuxetsoulevépar du pus.L'épiderme
de la
paumedes mains et de la
plante des pieds estsec, un peu
épaissi
etprésente quelques pustules
Ûasques se desséchant aucentre. Ces lésions ne
paraissent nullement
douloureuses.
Les cheveux sont tombés une fois à lasuitede la chute
cle croûtes
épaisses quicouvraient le cuir chevelu.- 16 -
Les ongles des pieds et desmains sonttombés une quinzaine de fois
au dire de la mère. Cette chutese fait surtout à la suite de poussées plus violentes. Les ongles tombent isolément etnon tous ensemble.
Actuellement on remarque aux mains que
l'éruption,
très abondantesur les
doigts,
atteint tout le repli sus etpéri-unguéal,
qui estépaissi et rétracté. Les ongles unpeu déchaussés en arrière et sur les côtés sontfortement convexes dans les deux sens, non
épaissis, avec des sillons
paraboliques
transversaux,
et parfois avec une entaille quiindique unechute
incomplète.
Ilexiste des lésions analogues auxongles des pieds.L'enfant estpetite, mal
développée.
Sa musculatureestmédiocreetonremarqueundegré demaigreur assez accentué.
L'intelligence
est trèsdéveloppée.
Le ventre estun peu gros.L'appétit
est bon, le sommeil également. La dentition est normale. Pas de douleurs, pas dedéman¬geaisons. Par moment il se fait despoussées aiguës au cours desquelles les squames sont remplacées par des croûtes.
Comme
traitement,
onprescrit : Arsenic à haute dose, application de pommade à l'acide pyrogallique.6 février 1802. La malade revienten disant que la pommadeest mal toléréeet produit des sensations debrûlure.
Peu de
changements,
la desquamation esttoujours la même. Les squamesqui se soulèventsont décollées par une faible quantité de li¬quidelouche qui arrivequelquefoisà constituer de véritables pustules
flasques.
Amélioration du côté des doigts qui sont encore squameux, mais secsetsans gonflement; les ongles portent la trace de la pousséepérionyxique
du mois dernier. Rien à la paume des mains, ni à la plante des pieds. Sur le dos du pied, lamère signale une pustule,qui
n'existaitpas hier et qui a déjà le volume d'un haricot assez flasque.Les mains etlespieds sont toujours lesrégionsles moins atteintes.
Rien danslabouche:
l'amygdale
présente toujours le même point grisâtre.Traitement. — On
augmente la quantité d'arsenic,
pommade
al'oxyde
dezinc et goudron.5 mars.L'état de lamaladeesttoujours à peuprès le même,
maigre
une médicationarsenicale
énergique.
Certaines régions paraissentgué¬rir par moments, puis
l'éruption
reparaît sousforme de bulles flasquesoude décollements
épidermiques
suivisdedesquamation.
— 17 —
Actuellementla face etle cuir
chevelu
sonttoujours couverts de lar¬
gessquames
jaunâtres et molles. Sur les mains et les pieds, surtout à la
face dorsale, il s'est fait une
nouvelle poussée de bulles flasques à
contenuséreuxclair. Ces
bulles,
de lagrandeur d'une lentille à celle
d'une piècede 1
franc,
sedessèchent
aucentre et le contenu devient
ra¬pidement
séro-purulent. Ces bulles apparaissent très vite,
enquelques
heures.
Surlecorpset
les
membres,il paraît
yavoir
unecertaine améliora¬
tion.Ladesquamation estbeaucoup
moins abondante. On
nevoit plus
deceslargessquames soulevéespar une
mince
nappede liquide vis¬
queux. Lessquamessont petites,
friables
commedes petites croûtes
ou un véritable sable. La peau est sèche,
modérément
rouge,quelques
pointssontmême presquesains. A la
face antérieure des bras et des
avant-bras la peauestcomme papillomateuse,
veloutée; il semble
queladesquamation se fasse sous forme de papilles
filiformes
aulieu de
lames. Toutecette partie est veloutée avec des fissures
irrégulières
produitespar lesmouvements d'extension.Pasde
démangeaisons.
2 avril 1892. Àlasuite du traitement, la maladea eu des
oedèmes
etaurinédu sang. Ilya eu diminution de la quantité d'urines à
la date
du24 mars avecœdème considérable.
Onnetrouveplus de bulles. L'éruption est partout
sèche, la desqua¬
mationestbeaucoup moins abondanteet l'on trouve de
notables
éten¬dues depeausaine. Surle tronc, les bras etles cuisses, sur la figure et la face dorsale des mains etdespieds, ilyades amas
épidermiques
as¬sezépais, maissans suintementet avec peu de desquamation
active. En
soulevantles squames on trouveen beaucoup d'endroits un
épiderme
blanc,secetd'aspectparfaitement normal.Lenfant présente un très gros ventre, notablement
plus volumi¬
neuxquelemoisdernier ; elleensouffreconstamment; selles
irrégu¬
lières,pas d'appétit. Oppression très marquée. A
l'auscultation,
on trouve dans lapoitrine, des deux côtés, degrosrâles
ronflants,sifflants
etquelquefoishumides. L'enfantesttrès faible et très abattue.
Lusomme, l'état cutanéest meilleur, mais l'état général est peu sa¬
tisfaisant.
Pas d'albumine dans les urines.
Lar. o
10 avril. La malade urine du sang pur.
Lesjoedèmes
vont ens'aggra-
vant
jusqu'au
24 avril avecdiminution progressive des urines qui sesupprimentLe24 presque complètement.
Rougeur
des yeux etphotophobie.
avril5 onsupprime tout traitement. Une légère améliorationse
produit.
14 mai 1892. Onapplique un vésicatoire sur chaque bras dont toute la peausuinte abondamment. La peau du tronc et des
membres infé¬
rieurs avait àpeu près complètement guéri. Mais cette améliorationa
été de courte durée ettout le corps, couvert par
l'éruption,
desquame abondamment. Les squames sontlarges,
plus oumoinsengluées
de suin¬tement concrété et
mélangées
de croûtes minces. Parmi les squameson trouve delarges
phlyctènes flasques trèsirrégulières,
de plusieurscen¬timètrescarrés desurface, où
l'épiderme
trèsmince, grisâtre,estsoulevé par une sérosité louche ousimplement décollé,
et ressemble alorsàdu papieràcigarette mouillé.Rarementetseulement aux extrémités, on trouve quelques bulles bien formées. Dans diverses régions
(cou, aine),
en général dansles plisarticulaires,
on trouve delarges
surfaces excoriées où l'épidermemacéré prend un aspect finement velouté.
L'étatest donc aussi mauvais qu'aupremierjour.
L'arsenic est malsupporté. L'enfantse plaint de gène de la respira¬
tion. A
l'auscultation,
on trouve des râles rouflants et sibilants dissé¬minés. Etatgénéral mauvais.
Depuiscette
époque,
la petite malade n'a plusreparu â la Clinique.Nousavons pu apprendre, à
grand'peine,
car elle habitaitune com¬mune très
éloignée
deBordeaux, qu'elleasuccombéquelques moisapr^dans unétat de cachexie très prononcé.
Observation II
(Inédite).
Amélie R..., neufans, vient à laconsultation le 15 novembre 18L- L'affection a débuté il y a deux ans.
Iln'y a riende spécial à noter chez les ascendants. Il s'agit
dune
enfant unique, née à terme, parfaitement constituée, de parentssains,
non
syphilitiques.
Ellen'apas eu d'affectiongrave pendant la prennes enfance et s'estdéveloppée
normalementjusque
il y a deux ans.- 19 —
Ellea alors
présenté,
audire de la mère, quelques troubles d'appétit.
L'enfantmangeaitpeu, s'amusait avec moins
d'entrain
qu'auparavant.Lamaladie a débuté aux membres inférieurs par des élémentspapu- leux
(?) groupés
sousforme de placards formant
une couronne.La
régression desplacards se faisaitpar lecentre. Le prurit était excessi¬vementvif.
L'éruption a conservé cette forme pendant unequinzaine de jours
environ; elleagagné ensuite le tronc et les membres supérieurs et s'est
modifiée dansson aspect.
IIs'estproduit alors brusquement, presque sur toutle corps, une
éruption de bulles de la grandeur d'une pièce de cinquante centimes à
unfranc. Ceslésionsse sont généralisées depuis un an environ. Dèsce moment,il nes'est plus produit de bulles, mais une desquamation en lamelles detoutela surface du corps.
Actuellement letégumenttout entier est couvert de squamesjaunâ¬
tres,unpeugrasses, qui s'exfolient en grande abondance et qui laissent
voir au-dessous d'elles des surfaces rouges légèrement rugueuses et suintantes.
Lecuircheveluaété atteintendernier lieu. Ilya euaussi des poussées huileusesà la face. Bien qu'ilne sesoitpasproduit de bulles depuis un an,onvoit encore auxmains de petits soulèvements épidermiques d'as¬
pect bulleux avec un épiderme macéré, excessivement friable, recou¬
vrantunesurfacerouge etsuintante.
Dans les quelquesrarespointsoùla peau semble normale, l'épiderme
selaissefacilementdissocieravecl'ongle.
A lafaceet dans le cuir chevelu la desquamation est moins abon¬
danteetonvoit un amas de croûtes .sèches, fortement tassées, recou¬
vranttoutle cuir cheveluàlafaçon d'unecarapace d'aspect amiantacé.
Au-dessousdecescroûtes existe un peude suintement.
Lenfant estd'une maigreur extrême. Ses membres inférieurs sont surtouttrès grêles. La station droiteestpénible, les jambes sontfléchies
etle corps penché en avant.
L attitudegénérale ainsi quelefaciès donnent à la petite malade un aspectvieillot,tout àfait caractéristique. L'intelligence paraittrès dé¬
veloppée.'
Lappétit est bon, le sommeil est normal. La maladea toujours froidetrien nepeutfaire disparaîtrecette sensation.
- 20 —
La bouche ne présente rien departiculier. Lapaume des mainsetla plante des pieds sont également atteintes. Sur le dos des mainsetdes pieds, ainsi qu'un peu sur les avant-bras, on remarque desproductions croùteuses, concrètes, recouvrantdes surfaces rouges ethumides.
Comme
traitement,
onprescrit: liqueur de Fowleret applicationsde pommaded'.ichthyol.
24 novembre 1897. La malade va mieux. Il y a de larges soulève¬
ments
épidermiques
en plaques sur lespieds et les mains, maisl'érup¬
tion dans son ensemble est plus sèche. La malade a marché un peu ces
joursderniers.
On continue le même traitement.
3janvier 1898. Il s'est formé une poussée de soulèvements épider¬
miques au niveau des mains. La malade présente une légère diarrhée due probablement autraitement.
17janvier.
L'éruption
toujours généralisée estsèche et squameuse.Les mains sont sèches et on n'y trouve plus que quelques traces de bulles. Le cuir chevelu est toujours recouvert d'une calotte squameuse.
A la face,
desquamation
àlarges
lames. Sur tout le reste du corps la desquamation se fait trèsabondante,
sous forme de masses grenues etfriables,
produisant sur la peau des amasirréguliers
fissurés verticale¬ment à tous lesplis de flexion.
On prescrit unepommade au thiol.
9février. Légère amélioration. Il n'existe de bulle à aucun endroit.
A laface, on constate
quelques
lambeaux cle peau saine, les membres inférieurs sont couverts d'amasépidermiques
friables. Les croûtes sont sèches, lamère n'ose pas lesenlever.2mars. L'amélioration persiste. La peau est sèche partout. Il n'y a pasde bulles, ni de décollements
épidermiques,
si ce n'est un peusur letronc. Sur les membres, la peau est sèche, finement papillomateuse,
très rugueuse autoucher et
desquame
non en lames, mais enpetites
masses grenues. Aucunpoint de lapeau n'est respecté. Sur la paume des mains, la peau est un peu épaissie et rugueuse par exagération
desplis et lignes papillaires. On constate deux ou trois bulles sur les doigts. Les ongles sonttoujours convexeset
longs
;lespieds sontatteints
comme les mains dans leur totalité, avec deuxoutrois bulles surlaface dorsale.
— 21 —
Oncontinuela
pommade
autliiol.
Gavril. Iln'y arien
de changé dans l'état de la malade. On supprime
l'arsenic et on
prescrit X gouttes de teinture de noix vomique à chaque
repas.
25mai. La suppression
de l'arsenic
a.été immédiatement suivie,
d'unerecrudescencedebulles quiont
disparu quand
on arepris le
médicament.
Actuellement l'éruption estsèche
partout, mais la
peauest couverte
d'une desquamation
abondante, lamelleuse
surle tronc, mais formée
surlesmembres de petitsblocs durs et
friables. Sur les mains, notam¬
ment,l'épiderme
corné,
formant unecouche de
unmillimètre d'épais¬
seur, estdivisépar une
foule de fissures verticales correspondant aux
lignes de flexion dela
peaunormale. Il
enrésulte
unefoule de petits
blocs grisâtres, irrégulièrement
prismatiques, donnant à la
peauun
aspectgrenu etpapillomateux, toutenlui laissant
sasouplesse.
Leprurit estnul oupresque
insignifiant.
Nousperdonsdepuis lors la
malade complètement de
vue.Nous n'avons
pumalheureusement la revoir ni même
savoir
cequ'elle était devenue.
Etant donnés sonmauvais état général et
la période de cachexie
assez profonde àlaquelleelle étaitdéjàparvenue,il est à présumer qu'elle a
dû succomber plusou moins rapidementaux
progrès de
sonatfection,
commelapetite malade quifait le
sujet de notre première observation.
Observation III
(BesnteretDoyon, in traduction de Kaposi,2e éditionfrançaise,p.
836.)
Lngarçonactuellementâgé deonzeansest né
de parents parfaitement
sains,non syphilitiques. La mère avaitsubiungrave
accident de voiture
aupremiermois de la grossesse.
Au momentdelanaissance,l'enfant, à terme, très
fort et vigoureux,
avait surlecorps « des places où l'épiderme
s'enlevait
commeunvésica-
toire» ; lapeau, aurapport de lamère,sécha
vite, mais resta
rugueuse.-Aquatre mois,onconstataunepremière
poussée de bulles
surle tronc,
une seconde à dix mois, lapeau restant
toujours
«dure
»,■A deux ans, crise violente de bulles sur tout le corps, avec fièvre, durant deuxmois, pendantl'été. Même
réapparition
pendantl'été,
à troisans. Lesbulles se produisent entous lespoints ducorps,surtout lesjours
de
pluie,
maisparticulièrementauxpiedset auxmains. Pendantl'hiver,les bulles ne paraissaient plus, mais la peau continuait à s'exfolier sur
letronc,C'est lecou, lesmembres. L'enfantrestaitfaible et
malingre.
à cette
époque
que l'enfant nous est amené. Le premier aspect est celui de la forme la plus accentuéed'ichthyose
noire que l'on puisseimaginer.
Mais, avant même d'avoir entendu le récit qui vient d'être rapporté, l'intensité del'exfoliation,
qui est lamelleuse enbeaucoup
de points,l'engainement
completdesmains etdesdoigtsdans desgaines for¬
mées de lamelles superposées que l'on peut arracher avec une certaine facilité, l'envahissement de la
figure,
du cuir chevelu, de tous lesplisde flexion ne laisse aucune valeur àl'apparence
première. En quelques points, aucou-de-pied,
sur lepoignet,en soulevant quelquessquames,on trouve un peude suintement et le frottement d'une chaussure ou d'une manchette détermine quelquessoulèvements bulleux.Sur lecuirchevelu,on ne voitpas de bulles, mqpsune exfoliation lamelleuse abondante; les cheveuxsont plutôt exubérants.
Jamais,
à aucun moment,l'enfant
n'a, ni n'a eu de prurit; les alimentsréputés excitants pourla peau n'ont aucune influencesur l'état des lésions, etles bainsirritants,
qui exaspèrent les poussées huileuses,ne causent pas de
démangeaisons.
L'enfant ne souffre que de la vésication bifilaire, après la bulle produite, et de la décortication
mécanique
des surfaces en desquama¬tion.
De trois àsixans, des bulles isoléesen petit nombre se produisent à divers
intervalles,
de mai à septembre. La veille dujour
où une bulle doit paraître, l'enfant a toujours Mu malaise et de la fièvre.Pendantl'hiver, aucune bulle, mais l'exfoliation demeure presque gé¬
néralisée.
Desix à sept ans, l'enfantse
développe,
devient fort, les bulles se montrent moins nombreuses, l'exfoliation persiste, la peau estseule¬
mentamendéepar lestopiques et par
l'usage
interne de l'arsenic.Dehuit à neufans, trèsrares bulles seulement en avril et en sep¬
tembre. Pendant l'hiver, aucunebulle.
- 23 —
A neufans,
l'enfant
agrandi, a sensiblement la taille et l'aspect des
autres enfantsde sonâge ;
il
abon appétit, dort bien, n'est tourmenté
paraucun
trouble de sensibilité de la peau, et n'a pas de prurit, lequel
a d'ailleurs toujours
été insignifiant. Un
assezgrand nombre de points
dela peau
préalablement très exfoliants ont repris l'aspect normal et
l'exfoliation intense est reculée au cou, au tronc et aux
extrémités.
A dixans, lasituation
continue de s'améliorer, mais
onnote
encore pendantl'été deux poussées huileuses disséminées qui semblent avoir
étéprovoquéespar
des interventions médicamenteuses nouvelles
:l'une,
l'emploi de
l'ichthyol intus
et extra;l'autre, des bains
presqueindiffé¬
rents pris dans une eau
sulfureuse faible. Ces poussées ont d'ailleurs été
de courtedurée, etlerétablissements'est
fait rapidement.
Danslesgrandes poussées, les
bulles
sefont
un peupartout, excepté
surle cuir chevelu, la faceetle cou ; onles observe sur
le
tronc, àla
ceinture, auxmembres, surtout auxextrémités
:quelques-unes
ne sou¬lèvent pas ou nerompentpas la couchesquameuseet ne se
manifestent
quepardu suintement et un
soulèvement partiel. Durant le même
temps, l'exfoliation
s'accroît,
etl'on
ramassechaque jour dans le lit
del'enfant la valeur d'une cuillerée à soupe ordinaire pleine de squa¬
mes.
Touteslespousséeshuileuses sont
précédées
etaccompagnées de
ma¬laise,defièvre, de tristesse, de perte
d'appétit. Dans leur intervalle,
l'enfantestgai, intelligent,studieux, annonçant
des aptitudes exception¬
nellespour touslestravaux d'esprit,pourle
dessin, la musique,
etc.Sondéveloppement est àpeuprès
normal
aupoint de
vuephysique.
Au mois dejanvier 1890, l'enfant a atteintsa
onzième année. Le dos
desmains, lesjambes, le thoraxen avant et en
arrière
sontredevenus
presquenormaux. Les cheveux, abondants, présentent à leur base en plusieurs endroits, surtout aux tempes, une
exfoliation
un peu grasse, amiantacée; sur la figure, furfurations auniveau des commissures
oculaires, buccales, nasales. Le cou est couvert d'unedesquamation
granitéecoloréeen noirsur plusieurs points où
l'on n'a
pas pufaire de
toilette, l'enfant étant enrhumé depuis quelquessemaines. L'abdomen,
lesaisselles,les creux poplités so.ntle siège
des maxima desquamatifs
sousforme de lambeaux d'un diamètrevariable de quelques millimètres
a uncentimètre ; les mains, face dorsale, sont engainées desquames,
— 24; —
fendillées auniveau desplis de flexion; les ongles sains, bombés latéra¬
lement etd'avanten arrière ; les faces palmaires en état de kératose uniforme épaisse,
jaunâtre,
donnant par le grattage des lambeaux épaisde plus d'un centimètre de diamètre; cette région est halitueuseet sudorale comme àl'état normal.
En février 1890, à la suite d'une attaque
d'influerez
a ; il estsurvenu— ce qui n'arrive querarement chez lui durant l'hiver — unepoussée de bulles assez intense, surtout auxpieds, avec dépression des forceset étatfébrile.
Toutes les périodes d'amélioration qui ont été constatéesontétéen
rapportavec la médication arsenicale ; toutes les fois où l'emploi de l'arsenic aété
interrompu,
outoutes les fois où on a essayé unemédica¬tion nouvelle, une aggravation s'est produite, ou l'état est redevenu stationnaire. L'enfant supporte parfaitement X gouttes de liqueur de
Fowler par 24 heures. Les bains lui sont avantageux; les bains légers degoudron
(coaltar saponiné)
lui sont toujours favorables.Nous avons rapporté cette observation à la suite des deux premières qui font le sujet de notre travail, parce qu'ellea
avec elles plusieurs points de ressemblance. Besnier range provisoirement ce cas à la suite du
pemphigus foliacé,
en attendant que son classement définitif soit légitimé.Il y a pourtantquelques différences assez grandes et assez
importantes
d'avec nos deux observations que nous croyons être des castypiques
de «pemphigus
». C'est d'abord le début qui n'est pas lemême : chez nos deux malades l'érup¬tion s'est montrée à deux ans
(Obs.
I) et à sept ans(Obs. II)>
tandisque dans le cas de
Besnier,
l'affection est déjà déve¬loppée
au moment de la naissance etparaît êtrecongénitale.
. Ensuite, il existe chez son malade des accalmies corres¬
pondant aux diverses saisons
(l'éruption
se montrant sur¬tout en
été),
fait quel'on n'observe paschez nos deuxmala¬
des. Enfin, l'étatgénéral est bien plus mauvais, lamarche
de
l'affection bienplus maligne dans nos deux cas, et cetteder¬
nière différence est, croyons-nous, particulièrement impor¬
tante. Il ne s'agirait probablement pasd'une affection se
rat-
tachant à la famille du
pemphigus vrai, et
cefait montre
clairement combien nos
connaissances
sur cesdermatoses
mixtes sontencore rudimentaires.
Voici, d'ailleurs,
ce que dit Besnier à ce sujet : «L'observation
que nous venonsde
rapporterétablit l'existence d'une dermatite exfoliante et
huileuse déjà développée au
moment de la naissance
—pem¬phigus foliacé congénital (?)
-bien distincte de la dermatite
exfoliatrice des nouveau-nés et des autres dermatoses ex¬
foliantes ethuileuses des nouveau-nés. Cette
affection, qui
évolue pendant toute
l'enfance, semble
serapprocher
— parle processus
décroissant
avecl'âge du sujet, les accalmies,
l'influence saisonnière, l'intolérance de
certaines médica¬
tionset le bénéficede quelques
autres, etc.
—de maladies
cutanéesinfantiles encore
imparfaitement
connues,telles
que Yurticaire
pigmentaire et Vhydroa des enfants de
Unna.»