FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
-A.Î^N'ÉÎE: 190S -1903 N° 40
LÀ GREFFE OCULAIRE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
présentée et soutenue publiquementte 10 Décembre 1902
par
Georges-Auguste LEAET Élève du Service de Santé de la Marine
Néà Grenoble (Isère), le16Décembre 1877.
MM. BADAL, professeur.. Président..
, .
, YL, ) MASSE, professeur.. ) Examinateursde laThese <
LAGRANGE, agrégéJuges.
CABANNES, agrégé )
Ée Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diversesparties de l'Enseignementmédical.
BORDEAUX
m p r i m e r i e' à . l_ a f o n
41, Rue de Metz, 41 1902
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. deNABIAS Doyen. I M. PITRES Doyen honoraire,
PROFESSEURS
MM. MICÉ )
DUPUY \ Professeurshonoraires.
MOUSSOUS )
Clinique interne
i îîîSnÏA
PITRES.Médecine
Physiquemédicalelégale MORACIlE.
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Histoirenaturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
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Médecineexpérimentale FERRE.
Cliniqueophtalmologique BADAL.
Clinique des maladieschirur¬
gicalesdesenfants PIÉCHAÛD.
Clinique gynécologiqueBOURSIER.
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maladies desenfants. A. MOUSSOUS
Chimiebiologique DENIGES.
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Pathologie exotique— LE
DANTEC,
Clinique externe
j SLN0SNGUE
Pathologie etthérapeu¬
tiquegénérales VERGELX.
Thérapeutique ... ARNOZAN.
Médecineopératoire.. MASSE.
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Anatomiepathologique COYNE.
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section demédecine (Pathologie interne et Médecinelégale).
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sectiondes sciences anatomiques et physiologiques
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section des sciences physiques
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COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique desmaladiescutanées etsyphilitiques
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Cliniquedesmaladies desvoies urinaires
Maladies dularynx,desoreilles et du nez
Maladiesmentales .•
Pathologie externe .
Pathologie interne Accouchements Physiologie Embryologie.
Ophtalmologie
Hydrologie et minéralogie
Pathologie exotique
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MOURE.
REGIS.,
denuce.
rondot.
anderodias.
pachon.
princeteaiu lagrange.
cables
le dantec.
lemaire.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêtéquelesopinions émisesdansles ^
sont présentées doivent être considérées comme propresà leursauteurs,et
qu'elle n en
donnerniapprobationni Improbation.
A MES MAITRES de la Marine et de la Eacidtê
A MES CAMARADES du Corps de Santé de la
Marine
et de l'Armée coloniale.
A MONSIEUR LE DOCTEUR LAG RANGE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTIONPUBLIQUE
CHARGÉDU COURS COMPLÉMENTAIRE 1) OPHTALMOLOGIE
i
£M
A MES MAITRES de la Marine et de la Faculté
A MONSIEUR LE DOCTEUR LAGRANGE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
CHARGÉDU COURS COMPLÉMENTAIRE D'OPHTALMOLOGIE
Nous ne saurions terminer nos études
médicales
sansadresser des remerciments à tous ceux qui, en
quelque
circonstance que ce soit, nous aidèrent
à atteindre le but
tant désiré.
A l'école annexe de médecine navaledeToulon, des
maîtres
éminents dont nous garderons toujours un
excellent
sou¬venir ont guidé nos
premiers
pas.Parmi
eux,M. le médecin-
major de 2e classe des troupes
coloniales Bousquet,
nous a toujours témoigné une vivesympathie dont
noussommes
heureux de le remercier aujourd'hui.
M. le médecin-major de lre classe
Suard,
nosmaîtres de
la Marineont droit à toute notregratitude.
Pendant les trois "années passées à l'école
de Bordeaux,
nous avons successivement fait partie des services
de MM.
Hassler, Duhourg, Démons, Pitres,
Badal, Bergonié et Pié-
chaucl. Chez tous, nous avons profité avec
fruit de leurs
excellentes leçons : à tous ces maîtres nous
adressons de
sincères remerciments.
M. le Professeur agrégé Lagrange nous a reçu
chez lui
avec bonté et a mis gracieusement à notre
disposition les
documents nécessaires à la rédaction de ce travail. Nous
lui
en sommes vivement reconnaissant.
M. le Professeur Badal, chez qui nous eûmes
le plaisir de
faireun stagehospitalier, a bien
voulu accepter la présidence
de notre thèse. Nous l'en remercions bien sincèrement.
Enfin, nous n'aurions garde d'oublier
M. le docteur
Aubaret, chef de clinique
ophtalmologique à la Faculté de
Bordeaux, qui facilita notre tâche en nous
procurant
untra¬
vail fort documenté sur la greffe oculaire.
Notre camarade Augé, dont nous
abusâmes des meilleurs
instants, a droit à tous nos remerciments.
G. L.
Bordeaux, décembre 1902.
■
!„s,;
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Si la chirurgie générale a fait, ces
derniers
tempsTd'immenses progrès, la
chirurgie oculaire n'a
pasvoulu
rester en retard et la question de la greffe
oculaire,
quiesten cemoment à l'ordredu jour, a fait l'objet de préoc¬
cupations de beaucoup d'oculistes.
L'histoire cependant de la
greffe oculaire n'est plus du
toutla même de nosjours que ce qu'elle
était il
y aquel¬
ques quinze ans. Tandis que Chibret,
Terrier, Bradfort,
s'étaient donné commebut la réalisation d'une pièce artifi¬
cielle, jouissant, au point de vue
esthétique, des mêmes
propriétés que l'œil normal, leschirurgiens oculistes
modernes ont complètement abandonné
le côté cosmétique
de l'histoire de la greffe oculaire pour en
faire
uncôté
absolumentpratique.
Le but des chirurgiens modernes est donc
beaucoup
plus modeste ; ils renoncent absolument à
pourvoir la
cavité orbitaire d'un œil exactement semblable à celui qu'ilsont enlevé, et pour eux le but
de leur tentative est
de munir d'un gros moignon cette
large anfractuosité de
''orbite, consécutive à l'énucléation, de manière à rendre'a prothèse plus parfaite, tout en
faisant disparaître cet
enfoncementpalpébralsi
disgracieux
audessous du rebord
orbitaire supérieuret enassurantune
mobilité plus grande
àla pièce artificielle.
Toutefois,
avant d'en arriver à une étude complètede la
question, telle qu'elle estcomprise aujourd'hui
par ceux qui l'ont remise en honneur, et il convient en première— 14 —
ligne de citer M. le
Professeur Lagrange, il nous paraît
intéressant d'étudier les étapes
successives qu'a traver¬
sées cette question, avant
d'en arriver à l'état actuel.
Pansier, dansson Traitéde
l'œil artificiel, cite
unmémoire
de Mauchard, paru à
Tubingue, où il est question de la
greffe de l'œil. Cet auteur
d'ailleurs,
neparaît pas très
enthousiasmé pour un
pareil procédé qu'il s'empresse de
combattre. Au début de sa thèse,
Mauchard semble
enfaire le procès.
Ilnousfautarriverjusqu'à Chibret
de Clermont-Ferrand,
pour voir remettre en
honneur cette opération. A quoi
tenaient les nombreux échecs qui ont
découragé tous les
expérimentateurs? Sans doute à
ce queles tentatives de
greffen'avaient été faites
jusque-là
que surdes animaux.
Or Chibret le fait remarquer avecjuste
raison
:la capsule
deTenondulapin, le
souffre-douleurs habituel de l'homme,
comme il l'appelle, possède
des dimensions si rudimen-
taires que l'opérateur éprouve
des difficultés considérables
■à y réimplanter le globe
oculaire. Et puis, à combien de
mécomptes n'était-on pas
exposé après l'opération ! H
suffisait d'un rien pour que
l'animal,
sousune influence
extérieure quelconque, en
compromît le succès. Chibret se
demanda alors si, en mettant l'œil
du lapin dans des
■conditions de nutrition favorables, plus
favorables que
celles qu'iltrouvait
lorsqu'il était greffe sur son semblable,
on ne pourrait arriver à
réaliser,
avecplus de chances de
réussite, une opération que les
nombreux insuccès avaient
obligé de laisser dans
l'oubli. La capsule de Tenon de
l'homme, richement vascularisée,
offrant
unesurface con¬
sidérable par rapportà
celle des animaux, devait répondre
parfaitement aux
théories de Chibret. Il eût l'idée un
moment de réaliser la transplantation
de l'œil de l'homme
A l'homme, mais il ne s'y arrêta pas
longtemps. Il fallait
pour cela
recourir
auxsuppliciés, l'exécution en était pour
ainsi direimpossible. Sa
première opération, qu'il pratiqua
— 15 —
le4mai 1885,eût un succèsretentissant. Il s'agissait d'une
femme, atteinte de staphylôme opaque, chez laquelle on décida l'ablation de l'œil qui fut énucléé avec toutes les précautionsantiseptiques. On enleva alors l'œil d'un
lapin,
en conservant un morceau cle conjonctive, près du bord
inférieur de la cornée, defaçon àpouvoir saisiret transpor¬
terle bulbe avec une pince à fixation, sansle laisser repo-
sersurunplan résistant. Le tissus cellulaire quientourela sclérotique, fut soigneusement enlevé et l'œil irrigué avec
une solution antiseptique de sublimé au Revenantàsa
malade, Chibret fit une suture en bourse sur le bord libre delà conjonctive tapissée par la capsule de Tenon, intro¬
duisit ensuite l'œil du lapin, dont il sortit la cornée, eiltre
lesbordsplissés de la conjonctive. Il fit alors unpansement
assezénergiquement compressif.
Lapremière tentative de Chibret ne fût pas couronnée de succès, bien que. les premiers jours qui suivirent l'opé¬
ration, tout faisaitbien augurer de labonne marche.L'œil
du lapin, en effet, se souda intégralement à la capsule de
Tenon. Le cinquième jour, le globe pouvait se mouvoir,,
lasensibilité de la cornée apparaissait le dixième jourT
mais le seizième, alors que rien ne faisait prévoir une msue aussi fatale, lacornée senécrosa, le cristallin hernié
dût être enlevé, le moignon suppura, de vives douleurs militaires et peri-orbitaires se déclarèrent et finalement il
ueresta plus qu'un bourrelet constitué par la sclérotique
de l'œil transplanté.
C'étaitune défaitecomplète, maiscet insuccès qui tenait
engrande partie à des fautes opératoires de Taveu même deChibret, ne fût pas pour décourager les expérimenta¬
teursque la premièreobservation de Chibret avait séduits.
La deuxième tentative fut faite par Terrier, professeur agrégé à la Faculté de Paris. Le 15 juin 1885, il pratiqua
l'ue greffe d'un œil de lapin, chez un individu énucléé.
Terrier,
comme Chibret d'ailleurs, avait en vue le côtéesthétique.
Il s'imaginait pouvoir remplacer l'œil de son— 16 —
malade par celui d'un
animal et lui
conserver,autant
que possible, saphysionomie habituelle. Son mode opératoire
n'est pas absolument
identique à celui de Chibret. Comme
ce dernier, il a soin de ménager un
lambeau de conjonc¬
tive au dessous de la cornée, mais, tandisque le
professeur
de Clermont-Ferrand s'était attaché à dénuder,
le plus
complètement
possible, le globe oculaire, de façon à avoir
une surface nette et lisse, Terrier, au
contraire, insiste
sur cette particularité de sa
méthode. Il évite de dénuder,
le plus complètement,
le globe de tout le tissu cellulaire
qui l'entoure,
comptant réaliser
parlà un plus grand
nombre d'adhérences. Chibret lavait son
œil dans
unesolution de sublimé, comme nous l'avonsdit;
Terrier, lui,
le baigne dans une
solution boriquée, et tandis que Chibret
s'était contenté de coincer, si l'on peut
s'exprimer ainsi, la
cornée entre les bords plissés de la
conjonctive, Terrier
fixe et conserve les insertions des muscles
droits à l'aide
de lils de soie placés
temporairement. Il
al'idée très ingé¬
nieuse d'en faire autantpourle nerf
optique, mais diverses
circonstances l'en empêchent. Il
introduit alors l'œil du
lapin dans
l'orbite
et,point capital de
saméthode, sur
lequel il insiste, il suture à
la fois la conjonctive humaine,
la conjonctive du lapin et
les muscles, persuadé par cette
manière de faire, d'assurer au moignon
ainsi constitué
une mobilité plus grande, point
capital
pourla prothèse.
Cette première tentative de
Terrier
nefût pas plus heu¬
reuse que celle de Chibret.
Il
seproduisit le deuxième
jour après
l'opération,
unentropion; le quatrième jour, la
cornée se sphacéla et l'on dût, le
sixième,
serésoudre à
débarrasser la cavité orbitaire des
derniers vestiges
sphacélés.
Avant de parler de la
seconde tentative de Terrier, (car,
malgré son insuccès, il ne
s'en tint
paslà), et afin de
suivre dans notre historique un ordre
chronologique par¬
fait, il nous paraît intéressant
d'étudier les remarquables
expériences de Baraban et Rohmer, qu'ils pratiquèrent
peu de temps après les tentativesmalheureuses de Chibret
etde Terrier. Le côté esthétique de la question était jugé.
II était inutile de renouveler des expériences dont les
résultats étaient si piteux et la préoccupation de ces deux
auteurs ne devait plus être la môme. Ils savaient fort bien que l'œil transplanté se greffait, mais pas assez bien, ni
assez complètement pour que la cornée gardât sa transpa¬
rence, pour que les milieux aqueux persistassent et conti¬
nuassent à vivre d'une manière parfaite. Le côté cosmé¬
tique était donc écarté. Restait cependant à savoir si la greffepouvait avoir une valeur quelconque et si le globe oculaire, transplanté dans de bonnes conditions de nutri¬
tion, pouvait continuer à vivre. L'expérimentation sur les animaux oflrait, nous l'avons déjà dit, des conditions trop défavorables pour être reprise. Aussi Baraban etRohmer,
ne pouvant vaincre les difficultés réelles cherchèrent à tourner la question. Ils se demandèrent si, pour s'assurer des différentes modifications qui pouvaient survenir dans
'œilgreffé,
du processus de destruction ou desurvie de la greffe, on était absolument obligé de greffer l'œil d'unanimal dans l'orbite. L'idée de chercher un meilleur
terrain, offrant des conditions de nutrition préférables, en 'm point où les influences extérieures auraient le moins de
'-'hances de troubler le processus destiné à l'apport des matériaux nutritifs, était excellente. Le péritoine clés ani¬
maux servit alors de champ d'expériences. C'était assuré¬
ment le terrain où les yeux transplantés trouveraient les
""''Heures conditions de température, de vascularisation
et
d'asepsie.
Partant de cette idée, ces expérimentateurs renoncèrent étalementà renouveler à nouveaula greffe oculo-orbitaire
''lez 'es animaux et tentèrent une série d'expériences très
III Cessantes sur le péritoine. Ils prirent douze cobayes,
feLl'dés qu'ils avaient été dans leur choix par une raison
— ig —
fort juste et
parfaitement plausible. Le cobaye,
eneffet,
est, de tous les animaux de
laboratoire, celui dont la petits
taille rendl'éxécution de certainesexpériencesplus
facile.
Leurraisonnement était lesuivant: Si nous énucléons un animal de haute taille, le globe oculaire, aux
dimensions
relativement considérables, résistera moins
bien
àla
suppression momentanéede
toutenutrition qu'un œil rela¬
tivement petit. Cette raison
méritait d'être prise
enconsi¬
dération, car l'arrêt momentané des
échanges nutritifs,
que naturellement on
s'efforçait de prolonger le moins
possible, devait
avoir des conséquences moins fâcheuses
sur un globe de dimensionsplus
restreintes. A chacun des
cobayes ils énucléèrent un
œil et, s'entourant de toutes les
précautions
antiseptiques
queréclamait une opération
aussi délicate, ils tirent une incision
longitudinale sur la
ligne blanche et déposèrent
dans le péritoine, l'œil du
cobaye qu'ils avaienteu
soin d'aseptiser. La durée de leurs
expériences ne fût pas
la même
pourtoutes ; certains ani¬
mauxfurent sacrifiés au bout de quelques
jours, d'autres
au bout de deux à trois mois, certains
d'eux enfin ne
purent résister au
choc opératoire. Mais le résultat fut à
peu près le même dans tous
les
cas ; surdes planches
qu'ont publiées Baraban et
Rohmer,
on serend très bien
compte desdiverses
modifications qui survinrent dans l'œil
transplanté. De toutes, nous pouvons en
retenir une : c'est
l'atrophie manifeste,
réduisant
autiers de
sonvolume le
globe oculaire. La forme
n'était
passensiblemsnt modifiée
et le globe oculaire
conservait
encore uneconsistance
relative. Un point qui frappa surtout
les expérimentateurs
fut la transparence
remarquable
quela cornée des yeux
transplantés
présentait
aumoment où il les retiraient du
ventre des animaux. Ils en conclurent qu'ils
avaient trouvé
là des conditions de nutrition favorables et
eurent l'idée
de tenter la greffe oculaire chez
l'homme avec un œil
préalablement greffé dans le
péritoine, c'est-à-dire ayant
— 19 ~
acquis dans ce milieu des propriétés qu'il ne possédait pas
lorsque l'opération était faite avec un œil transplanté
directement de l'orbite du lapin à l'orbite de l'homme. Ils espéraient que l'œil et surtout la cornée, (après avoir subi
en quelque sorte un stage extra-orbitaire) pourrait être transplanté dans l'orbite humaine avec plus de chancesde
succès. L'œil du cobaye offrait des dimensions trop petites
pour la réalisation de leurs expériences. Ils crurent qu'en s'adressant au chien ils mèneraient à meilleure tin le résultat de leurs tentatives, mais ils furent encore déçus dansleurs espérances. L'œil se greffa mais la cornée ne
présenta plus la transparence qu'ils cherchaient àobtenir,
et le globe oculaire tout entier était enveloppé dans une gangue grisâtre de tissuépiploïque.
Rohmer, après ses tentatives sur les animaux, tenta de réaliserchez l'hommela greffeorbitaire. Nous connaissons de lui une observation où il est question d'une femme de quarante-deux ans, chez laquelle il pratiqua cette opéra- don. Il obtint une adhérence du globe par première inten¬
tion mais il dut constater, peudetemps après, un sphacèle
de la cornée et une
atrophie considérable du globe. Il ne tût plus constitué que par un moignon sclérotical. Ce moignon suppura, il y eût des phénomènes douloureux, diminution de l'acuité visuelle de l'autreœil, delà rougeur
péri-kératique.
M. Rohmer, justement alarmé par touscesphénomènes dût se résoudre à pratiquer l'extirpation de
^greffe. Aussitôtlesphénomènes sympathiques cessèrent.
heu de choses à dire sur la façon dont il opère; son Procédé estàpeu près identiqueà celui deTerrier. Comme 'L|i. et
contrairement à la pratique de Chibret, il conserve '■ tissu cellulaire qui recouvre le globe.
ha question de la greffe oculairene passionnaitpas seu¬
lement les médecins français, et pendant que Baraban et
h'dnner expérimentaient de leur côté, un médecin améri- aimle Dr May, de New-York,seconsacrait à cette étude.
— 23 —
Avec une persévérance
digne d'éloges
etmalgré les
nom¬breux insuccès qu'il dût encourir lors
de
sespremières
expériences, ils'obstinait
à répéterla greffe chez le lapin,
cherchant à améliorer les différents procédés, de façon à
trouverleparfait, qui permît
de réaliser
avecsuccès
une opération chezl'homme. Il expérimenta
survingt-quatre
lapins et tant de
patience
nedevait
pasêtre inutile puisque
les six derniers lui donnèrent un résultat favorable. Il en concluaità la réussite parfaite et disait: «
les résultats des
x> vingt-quatre opérations
autorisent certainement des
» tentatives ultérieures chez l'homme, tout au moins
la
» greffe de l'œil de lapin
dans l'orbite humaine, et comme
» corollaire, la translation de l'œil d'un homme
dans
x> l'orbite d'un autre. Il y a pourtantdes
objections morales
x) à une opération qui
désemparerait
unêtre humain pour
x) l'amélioration cosmétique d'un autre. »
Le Dr May, on le voit, était un
convaincu et il eût l'occa¬
sion detenteruneopération
chezl'homme.Lelcrfévrierl886.
il greffa un œil de lapinsur « un
individu vigoureux, intel-
» ligent, doué de
patience extraordinaire, constituant par
» conséquent un sujet de
choix
pourl'expérience ».Ce tut
hélas un nouvel échec à ajouter àla listetrop
longue déjà.
La cornée se nécrosa et les quelques
portions du moignon
adhérentesdurent êtreenlevées. Lemaladevoulutse
prêter
à une seconde tentative, mais le D"' May,
absolument
découragé, s'y refusa.
Rohmer, dans toutes ses expériences
de greffe intra-
péritonéale, avait constaté un
résultat unique, l'atrophie.
Le Dr May, en expérimentant sur
l'orbite du lapin, avait
affirmé que « dans les
six
casheureux, les résultats turent
» satisfaisants, les organes transplantés se
greffèrent et
» conservèrent leur vitalité. On put voir
les vaisseaux
» sanguins passer de la conjonctive
orbitaire au globe
» transplanté dès le
cinquième jour. Les muscles parurent
x) effectuer leur adhérence vers le troisième ou
quatrième
i) jour. On
suivit
lesanimaux pendant six semaines
et on» constata les résultats suivants: l'organe transplanté a
» conservé saformeet sa consistance quoiqu'il soit devenu
» un peu plus petit, la vascularisation est bonne,
l'action
» des muscles parfaite en tous sens, la cornée qui s'était.
» rapidement obscurcie immédiatement après
l'opération,
» s'estrapidement éclaircie, en sorte que, bien qu'un peu
» louche, elle laisse voir distinctement l'iris. Ces résultats
» favorables obtenus sur le lapin m'engagèrent à croire
» l'opération faisable chez l'homme. »
Malgré ces'insuccès, notons cependant que, quels que soient les résultats,jamais il n'y a eu, à la suite de cette opération, la moindre élévation de température, aucun retentissement sur l'étatgénéral, ni aucuneaction sur l'œil
sain.
Pournous résumer, et sinous considérons jusque-là les
résultats des diverses tentatives de Chibret et de Terriery
on peut dire que leurs efforts restèrent
vains. Chibret,
l'inventeur de la méthode, à qui, il convient de le dire, il
fautse rapporter chaque fois qu'il est question
de la greffe
oculaire, devant les conséquences si fâcheuses qui
suivi¬
rent sa première tentative, non seulement ne voulut pas recommencer, mais, allant même jusqu'à croire qu'il y avait du danger à se lancer clans de nouvelles
expérimen¬
tations, considéra comme sondevoir, ayantpris l'initiative,
de cette
transplantation, de mettre en garde ceux
qui,
dans la suite, pourraient suivre son exemple. « Je
crois,
8 dit-il à la fin de sa communication, être exempt de
8 reproches, mais je ne me sentirai pas
la conscience
8 absolument tranquille si je me
laissais aller
àde
nou-8 vellestentatives. J'estime qu'il convient
actuellement de
8 faire de nombreuses expériences in
anima vili
: porc,8 chien, lapin. En conservant les animaux
chez lesquels
8 °n aura réussi, on pourra voir ce que
devient l'œil
au8 hout de plusieurs mois, si l'organe transplanté
résiste
22
» bienà l'épreuve du temps etsi l'on est endroitderevenir
» à l'homme. »
Malgré cette affirmation si nette et si catégorique d'un
auteur qui faisait foi en la matière et, persuadé qu'en
modifiant le manuel opératoire, en se mettant dans des conditions plus favorables, 011pouvait arriverà un résultat plus satisfaisant, un médecin américain, le Dr Bradfort, de Boston, pratiquait le 9 août 1885, une greffe oculaire
chez un homme de trente-cinq ans. Il est intéressant de
retracer en quelques mots sa manière de faire, car elle
diffère sur plus d'un point, de toutes celles qui furent employées par ses devanciers. L'œil fut énucléé avec touteslesprécautions antiseptiques, maisavantde section¬
ner les musclés, il les souleva avec un crochet àstrabisme et les sutura. Se proposant de faire la suture du nerf optique eu malade à celui de l'animal, il passa un fil de
soie dans celui-là, de façon à ce que une fois sectionneau
ras cle la sclérotique, il l'eût toujours sous la main et ne
fût pas obligé de renoncer àpratiquer lasuture, point
qu'il
considérait comme essentiel de sa méthode. L'hémorragie
lut arrêtée avec la glace, le lapin fut énucléé, la
conjonc¬
tive coupée circulairement à 5 millimètres de la cornée,
et le nerf optique sectionné à 0,008mmde sonpointd'entrée
dans la sclérotique. Bradfort, au lieu de tremper le
globe
dans une solution antiseptique, emploie de
l'albumine
d'œuf, dont il a soin d'irriguer soigneusement la
cavité
orbitaire. Il suture ensuite les deux bouts des deux nerfs optique à l'aide d'un nœud coulant spécial, dont
l'un des
chefs du fil est sectionné court, et l'autre fixé au nez par
une bandelette de diachylon. Suture des muscles au
tissu
sous-conjonctival, réunion de la conjonctive
animale à la
conjonctive humaine et pansement iodoformé
compressif.
Leseptième jour après l'opération, on ne
constatait
aucuneréaction inflammatoire intense ; la cornée seule ne
possé¬
dait pas sa netteté ordinaire. Le deuxième
pansement,
qui— 23 —
fûtfait le douzième jour, donnaà Bradfort quelques lueurs d'espoir; la cornée semblait s'éclaircir, le globe ne s'était
passensiblement modifié dans son volume, dans sa forme
et clans sa tension. Les mouvements s'éxôcutaient très
bien,en somme, le résultat était entièrement satisfaisant.
C'était, il faut l'avouer, à part les expériences de May,
in anima vili, le premier succès que l'on obtenait chez l'homme. Mais Bradfort ne tarda pas à être en butte à
beaucoup d'objectionset de critiques. Son procédé, tout le
monde le reconnût, était de beaucoup supérieur aux autres; par sa suture du nerf optique, par celle des mus¬
cles droits au tissu sous-conjonctival, par celle de la conjonctive, il multiplie les points de contact, et par suite
leséléments de succès de la greffe oculaire. Mais la suture des muscles au tissu
sous-conjonctival paraissait d'une application peu facile et pouvait entraîner une dénudation
de lasclérotique. Cependant, le plus gravereproche qu'on puisse lui adresser, c'est d'avoir annoncé un succès, sans avoirsuivi son malade plus longtemps qu'il nel'avait fait.
Sonobservation, en effet, s'arrête au dix-huitième jour et
neparaîtpas avoir été continuée.
CHAPITRE II
SOMMAIRE: Commentla questionestenvisagée denosjours.—
But de lagreffe.—Procédés d'inclusiondedifférents auteurs, Mules, Prost, Lang, etc...
Les tentatives de Chibret avaient été couronnéesdetrop peu de succès pour que, à l'heure actuelle et devant les
nombreux échecs de Terrier, de Bradfort et de May, les
nouveaux expérimentateurs voulussent s'engager encore
une fois dans cette tentative hardie. Il fallait donc renon¬
cer totalement à cette idée pour ainsi dire chimérique
de pouvoir dispenser un individu énucléé d'une
pièce
artificielleenlui conservantà la place unœil d'animal avec
ses milieux transparents, sa cornée intacte, vivant,
si l'on
peut s'exprimer ainsi, d'une vie physiologique
nouvelle et
redonnant au malade l'esthétique qu'une
intervention
chirurgicale avait fait disparaître.
Dans le travail que nous présentons, notre but est
plus
modeste et dans nos tentatives de greffe oculaire, nous ne
cherchons qu'une chose, c'est la production
d'un moignon
rendant plus mobile la coque d'émail en atténuant
autant
que possible la dépressionorbito-palpébrale si
disgracieuse
après i'énucléation pure etsimple.
M. le Professeur Lagrange, se reportant aux
intéres¬
santesexpériences deBarabanetRohmervoulut
reprendre
cette opération de greffe oculaire que depuis
1886
onavait
laissée dans l'oubli. Dans leurs remarquables
expériences
de greffe intra-péritonéale, nous l'avons dit
dans notre
historique, Baraban et Rohmer avaient constaté quel'œil
transplanté dans une cavité offrant des conditions
de nutri-
— 17 -
.expériences
de Baraban et Rohmer, qu'ils pratiquèrent
peu de temps après
les tentatives malheureuses de Chibret
etde Terrier. Le côté esthétique de la
question était jugé.
11 était inutile de renouveler des expériences
dont les
résultats étaient si piteux et la
préoccupation de
cesdeux
auteurs ne devait plus être la.même.
Ils savaient fort bien
que l'œil transplanté se
greffait, mais
pas assezbien, ni
assez complètement pour que
la
cornéegardât
satranspa¬
rence, pour que les milieux aqueux
persistassent et conti¬
nuassent à vivre d'une manière parfaite. Le côté cosmé¬
tique était donc écarté.
Restait cependant à savoir si la
greffe pouvait avoir une valeur
quelconque et si le globe
oculaire, transplanté dans de bonnes
conditions de nutri¬
tion, pouvait continuer à vivre.
L'expérimentation
surles
animaux offrait, nous l'avons déjà dit, des
conditions
tropdéfavorables pour être reprise.
Aussi Baraban et Rohmer,
ne pouvant vaincre les difficultés
réelles cherchèrent à
tourner la question. Ils se
demandèrent si,
pours'assurer
des différentes modifications qui pouvaient
survenir dans
l'œilgreffé, du processus de
destruction
oude survie de la
greffe, on était absolument obligé de greffer
l'œil d'un
animal dans l'orbite. L'idée de chercher un meilleur terrain, offrant des conditions de'nutrition
préférables,
enunpointoùles influences extérieures
auraient le moins de
chances de troubler le processus
destiné
àl'apport des
matériaux nutritifs, était excellente. Le péritoine
des ani¬
maux servit alors de champ d'expériences.
C'était assuré¬
ment le terrain où les yeux transplantés
trouveraient les
meilleures conditions de température, de
vascularisation
etd'asepsie.
Partant de cette idée, ces expérimentateurs
renoncèrent
totalementà renouveler à nouveaula greffeoculo-orbitaire
chez les animaux et tentèrent une série d'expériences très
mtéressantes sur le péritoine. Ils
prirent douze cobayes,
guidés qu'ils avaient été dans leur
choix
par uneraison
— 18 —
fort juste et parfaitement
plausible. Le cobaye,
eneffet,
est, de tous les animaux de laboratoire, celui dont lapet.te
taille rend l'exécution de certainesexpériences plus facile.
Leur raisonnement était le suivant : .Si nous énucléons un animal de haute taille, le globe oculaire, aux
dimensions
relativement considérables, résistera moins bien à la suppression momentanée de toute
nutrition qu'un œil rela¬
tivement petit. Cette raison mér.tait d'être
prise
enconsi¬
dération, car l'arrêt momentané des échanges
nutritifs,
que naturellement on
s'efforçait de prolonger le moins
possible, devait avoir des conséquences
moins fâcheuses
sur un globe de dimensions plus
restreintes. A chacun des
cobayes ils énuciéèrent un œii et,
s'entourant de toutes les
précautions antiseptiques que
réclamait
uneopération
aussi délicate, ils firent une incision
longitudinale
surla
ligne blanche et déposèrent dans
le péritoine, l'œil du
cobaye qu'ilsavaient eusoin
d'aseptiser. La durée de leurs
expériences ne fût pas la même pour toutes ;
certains ani¬
maux furent sacrifiés au bout de quelques jours,
d'autres
au bout de deux à trois mois, certains d'eux enfin ne purent résister au choc
opératoire. Mais le résultat fût à
peu près le même dans tous
les
cas; surdes planches
qu'ont publiées Baraban et
Rohmer,
011 serend très bien
compte desdiverses
modifications qui survinrent dans l'œil
transplanté. De toutes, nous pouvons en
retenir une : c'est
l'atrophie manifeste, réduisant au
tiers de
sonvolume le
globe oculaire. La forme n'était pas
sensiblemsnt, modifiée
et le globe oculaire conservait encore une
consistance
relative. Un point qui frappa surtout
les expérimentateurs
fût la transparence remarquable que
la cornée des yeux
transplantés présentait au moment oû
il les retiraient du
ventre des animaux. Ils enconclurentqu'ils
avaient trouvé
là des conditions de nutrition favorables et eûrent
l'idée
de tenter la greffe oculaire chez l'homme avec
un œil
préalablement greffe dans le péritoine,
c'est-à-dire ayant
— 19 —
acquis dans ce
milieu des propriétés qu'il
nepossédait
pas lorsque l'opérationétait faite
avec unœil transplanté
directement de l'orbite du lapin à l'orbite de l'homme. lis espéraientque
l'œil
et surtoutla
cornée,(après avoir subi
en quelque sorte un stage
extra-orbitaire) pourrait être
transplanté dans l'orbite
humaine
avecplus de chances de
succès. L'œil du cobaye offrait des dimensionstrop
petites
pourla réalisation de leurs expériences. lis crurent
qu'en
s'adressant au chien ils mèneraient à meilleure fin le
résultat de leurs tentatives, mais ils furent encore déçus
dans leurs espérances. L'œil se
greffa mais la
cornée ne présenta plus la transparence qu'ilscherchaient
àobtenir,
et le globe oculaire tout entier était enveloppé dans une gangue grisâtre de tissu épiploïque.
Rohmer, après ses tentatives sur les
animaux,
tentade
réaliser chez l'homme lagreffe orbitaire. Nous connaissons
de lui une observation où il est question d'une femme de
quarante-deux ans, chez laquelle il pratiqua cette opéra-
don. Il obtint une adhérence du globe parpremière inten¬
tionmais il dût constater, peu detemps après, un sphacèle
de lacornée et une atrophie considérable du globe. Il ne tût plus constitué que par un moignon sclérotical. Ce
moignon suppura, il y eût des phénomènes douloureux, diminution de l'acuité visuellede l'autre œil, delà rougeur
Péri-kératique.
M. Rohmer, justement alarmé par tous cespliénomènes dût se résoudre à pratiquer l'extirpation de
•^greffe.Aussitôtlesphénomènes sympathiquescessèrent.
heu de choses à dire sur la façon dont il opère; son Procédé estapeuprès identiqueàcelui de Terrier. Comme lui, etcontrairement à la pratique de Chibret, il conserve 'etissu cellulaire qui recouvre le globe.
ha question de la greffe oculaire nepassionnaitpas seu-
hunent les médecins français, et pendant que Baraban et hohmer expérimentaient de leur côté, un médecin améri-
'am,le Dr May, de New-York,seconsacrait à cette étude.
Avec une persévérance
digne d'éloges
etmalgré les
nom¬breux insuccès qu'il dut encourir lors
de
sespremières
expériences, ils'obstinait
à répéterla greffe chez le lapin,
cherchant à améliorer les différents procédés, de façon à
trouver le parfait, qui permît
de réaliser
avecsuccès
une opération chezl'homme. Il expérimenta
survingt-quatre
lapins et tant de
patience
nedevait
pasêtre inutile puisque
les sixderniers lui donnèrent un résultat favorable. Il en concluait à la réussite parfaite et disait: « les
résultats des
» vingt-quatre opérations
autorisent certainement des
» tentatives ultérieures chez l'homme, tout au moins la
» greffe de l'œil de lapin dans
l'orbite humaine, et
comme» corollaire, la translation de l'œil d'un homme
dans
» l'orbite d'un autre. Il y a pourtantdes
objections morales
» à une opération qui
désemparerait
unêtre humain pour
» l'amélioration cosmétique d'un autre. »
Le Dr May, on le voit, était un
convaincu
etil eût l'occa¬
sion detenteruneopérationchezl'homme.
Lelerfévrier 1886,
il greffa un œil de lapinsur « un
individu vigoureux, in'tel-
» ligent, doué de patience
extraordinaire, constituant par
» conséquent un sujet de
choix
pourl'expérience
».Ce tut
hélas un nouvel échec à ajouter àla listetrop
longue déjà.
La cornée se nécrosa et les quelques
portions du moignon
adhérentesdurent être enlevées. Lemaladevoulutse
prêter
à une seconde tentative, mais le Dr May,
absolument
découragé, s'y refusa.
Rohmer, dans toutes ses expériences de
greffe intra-
péritonéale, avait constaté un
résultat unique, l'atrophie.
Le D1' May, en expérimentant sur
l'orbite du lapin, avait
affirmé que « dans les six cas
heureux, les résultats turent
» satisfaisants, les organes transplantés se
greffèrent et
» conservèrent leur vitalité. On put voir
les vaisseaux
» sanguins passer de la
conjonctive orbitaire au globe
» transplanté dès le
cinquième jour. Les muscles parurent
» effectuer leur adhérence vers le troisième ou