FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 H'o «7
Étude Clinique
DES
COMPLICATIONS ORBITAIRES
des Daeryocystites
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenuepubliquement le 9 jinvler 1903
PAR
Baptiste-Armand-Paul
MOUZELS,
Né à Vielmur (Tarn), le 21 décembre 1876.
ÉLÈVEDU SERVICEDE SANTÉDE LA MARINE
MM. BADAL,professeur,président.
Examinateurs delaThèse:
( MASSE, professeur.
\LAGRANGE, agrégé. > Juges.
CABANNES,agrégé.
)
LeCandidatrépondra aux questions qni lui serontfaites surlesdiverses
parties del'Enseignement médieal.
BORDEAUX
Imprimerie J. DURAND, 20, rue Condillac
1903
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ETDE
PHAKMACIC DEliOKDEADX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES Doyenhonoraire.
PROFESSEURS :
MM. MICÉ _ , ,
Dp PUY ) Pr0'esseurs honoraires.
MOUSSÔÛS
MM. MM.
Clinique interne
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
PICOT. Physique biologique etèlectri-
PITRES. cité médicale BERGONIÉ.
DEMONS. Chimie BLAREZ.
LANELONGUE. Histoirenaturelle.... GUIELAUD, Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale deNABIAS.
Médecineexpérimentale FERRE.
Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.
Clinique desmaladies chirur¬
gicales desenfants P1ÉCRAUD.
Clinique gynécologique BOURSIER.
Clinique médicale des maladies
des enfants A. MOUSSOUS Chimiebiologique ... DENIGÈS.
Physique pharmaceutique... SIGALAS Pathologie exotique.. LE DANTEC.
AGRÉGÉS EN EXERCICE :
sectionde médecine (Pathologieinterne etMédecinelégale).
Cliniqueexterne Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique...
Médecine opératoire..
Clinique d'accouchements
Ànatomiepathologique COYN E.
Anatomie CANN1EU.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecine légale MORACHE.
MM. CASSAET.
SABRAZÈS.
HOBBS.
MM. MONGOUR.
GABANNES.
section de chirurgie etaccouchements
MM. DENUGÊ.
Pathologieexterne.
BEGOUIN.
Accouchements. i
-l
FIEUX.
ANDÉRODIAS
Anatomie.
sectiondes sciences anatomiques etphysiologiques MM. GENTES. | Physiologie MM.
CAVALIE. Histoire naturelle.,
pachon.
beille.
section des sciencesphysiques
M. BÉNECH. I Pharmacie. .., m. dupouy.
Chimie
COURS COMPLÉMENTAIRES
Cliniquedes maladies cutanéesetsyphilitiques MM.
PpBRMdLH.
Clinique desmaladies des voies urinaires.
Maladies dularynx, des oreillesetdunez.
Maladies mentales Pathologie externe Pathologie interne Accouchements Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologieetminéralogie
pousson.
moure.
régis.,
denuce.
rondot.
ANDERODIAS.
pachon
princeteau.
lagrange.
carbes.
Le Secrétaire de laFaculté: lemaire.
Par délibération du 5 août 1879, la Facultéa arrêté queles opinions émises >ej Thèsesqui lui sontprésentées doivent être considéréescommepropresàleurs au <
qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DEMON PÈRE
A MA
MÈRE
A MON
FRÈRE
A TOUS LES
MIENS
THÈSE MOUZKLS.
A MES AMIS
A MES MAITRES
DE LA FACULTÉ ET DE LA MARINE
A MES CAMARADES
DE LA MARINE ET DE
L'ARMÉE COLONIALE
A Monsieur le Professeur VERGELY Professeurde Pathologie etde Thérapeutiquegénérales àla Faculté
deMédecine deBordeaux,
Membrecorrespondant de VAcadémie de Médecine, Chevalier de la Légion d'Honneur,
Officier de l'Instruction publique.
v
A MON
PRÉSIDENT DE THÈSE
Monsieur le Professeur BADAL
Professeur de Clinique Ophtalmologique à la
Faculté
deMédecinedeBordeaux, Chevalier de la Légion d'Honneur,
Officier deVInstructionpublique.
AVANT-PROPOS
Un peu surpris de quitter notre
heureuse vie d'étudiant
et de voir enfin se réaliser notre plus cher désir,
c'est
pournous un devoir de remercier ici ceux qui firent de nous le
peu que nous sommes et de leur
exprimer toute notre
reconnaissance.
Atous nos Maîtres de la Marine, de laFacultéet des Hôpi¬
tauxnous adressons nos remerciements.
Al'Écoleannexede Rochefort,c'estM. le docteur
Gorron,
médecin principal de la marine qui
guida
nospremiers
pasdans l'Étude de l'Anatomie. M. le docteur Lassabatie,
médecin de ireclasse de lamarine, le premier nous
conduisit
au pied du malade, nous enseigna à
l'examiner minutieuse¬
ment et méthodiquement. M. le
docteur Étourneau,
médecin de ire classe de la marinen'a cessé denousmontrer
une grande sympathie et de nous
aider de
sascience tant à
l'Amphithéâtre
d'Anatomie qu'au lit dumalade. Il fut le
premier qui nous initia à la Chirurgie et nous
la fit aimer.
A tous ces Maîtres qui nous ont
amené à l'École Princi¬
pale, quiont su nous montrernotre Artnous sommes
heu¬
reuxd'affirmer toute notre reconnaissance.
M. le professeur Vergely a bien
voulu
nousrecevoir
aunombre de ses élèves dans son Laboratoire; nous sommes confu de ne pouvoir mieux lui affirmer notre
reconnais¬
sance que dans ces quelques lignes.
Nous n'oublierons
jamais les causeries si instructives etsi pleines
d'affectueuse
sympathiede ce Maître vénéré.
M. le professeur Badal a bien voulu nous donner l'idée première de notre Thèse et en accepter la
présidence.
Noussommes profondément ému du grand honneur qu'il nous fait et nous l'en remercions, regrettantquenotre manquede
savoir faire ne nous ait pas permis de produire un travail digne de lui. Il sut dans les six
mois
que nous passâmes près de lui nous faire aimer l'Ophtalmologie etnous la faire comprendre. Nous sommes heureux de pouvoir ici lui•exprimer notre admiration quelle que
soit
encore notre inexpérience professionnelle etl'assurer
que noustâcherons
dans l'avenir de nous montrer le plus digne possible d'un
tel Maître.
M. le docteur Picot, chef de clinique ophtalmologique
nous montra dès le premierjourle plus grand
intérêt,
nousguida à chaque instant
de
ses conseils,conduisit
nosexamens de malades, redressa nos erreurs, nous montra l'ophtalmologie pratique, nous l'en remercions
profondé¬
ment.
M. le docteur Aubaret, interne à la clinique
ophtalmolo¬
gique nous a beaucoup
aidé
dansnotre-travail. Aujourd'hui
chef de clinique, aucun ne pouvait pour le plus
grand bien
des étudiants remplir mieux que lui un tel poste.
Enfin aumoment de nous séparerje veux aussi
remercier
mon cher ami le docteur Carayon,
médecin des troupes
coloniales, pour ces cinq bonnes années d'uneamitié de
tous les instants que rien n'a pu lasser. J'espère
quel
quesoit notre sort dorénavant que la distance et le temps ne
feront qu'augmenter les liens qui nousunissent.
P. M.
Bordeaux, décembre 1902.
INTRODUCTION
La propagation des infections des
régions anatomiques
voisines à l'œil et à l'orbite a fait déjà l'objet de
nombreux
travaux. Ilnoussuffit deciter l'intéressant rapport ducongrès d'ophtalmologie de 1902, où le professeur
de Lapersonne
aétudié les complications oculo-orbitaires des
sinusites. Si,
d'unautre côté, l'on a bien étudié les complications que
les
affections des voies lacrymales entraînent du côté
du globe
oculaire, il est extrêmement curieux de noter combien les complications orbitairessont peuconnuesdansleur ensemble.
Depuis Mackensie, en effet, les propagations des
infections
lacrymales à la cornée et à la totalité du globeoculaire
sontunfait banal dont l'ophtalmologiste doit surtout
tenir compte
lorsqu'il traite un patient atteint d'unekératite suppurative
parexemple. Tous les chirurgiensqui ont
voulu être utiles à
leurs malades ont porté tous leurs efforts contre
l'infection
lacrymale d'où vient tout le mal.Galézowskwi,
de Weckeret Landolt, Dransart,Armaignac,
Abadie et bien d'autres ont démontré que la
thérapeutique
reste vainesi,lorsqu'il existeune complication
oculaire d'une dacryocystite
on néglige ladacryocystite elle-même
pournetraiter que la complication si grave
soit-elle.
Lebutdecetravail n'est pas précisément
d'étudier les
com¬plicationsoculaires qui sont les plus fréquentes et
celles dont
lepraticien devra surtout être préoccupé, nous
voulons
seu¬lement nous occuper ici des complications
orbitaires et
nousserions le premierà nous occuper de
la question si déjà
Truc,en 1900, n'avait rassemblé la plupart des cas
disséminés
dansles diverses publications d'ophtalmologie. Mais le travailde
True constitue un simple exposé de la question ; nous avons
cru(pie cettedernière
méritait d'être reprise
etd'être envisagée
dans son ensemble, avec le même esprit que les publications
dos divers auteurs qui ont entrepris l'étude
des
complicationsorbitaires des sinusites.
Pour faire ressortir tout l'intérêt dé (50 travail, nous nous bornerons simplement à signaler que les travaux qui portant
sur les complications des infections
lacrymales mentionnant
à
peine
cesmanifestations orbitaires. Les traites classiques
sont innels sur ce point ;
quelques
unssignalent des
cas isolés. Il y a donc là unequestion entièrement à faire. Les
observaiions déjà nombreuses, éparses dans
la science,
nous permeflenf elles de combler cette lacune? C'est
ce que nousallons nous efforcer de démontrer dans les chapitresqui vont
si iivre.
Nous avons
adopté
du reste, pour cetravail,
unplan des
plus simples:
Tout d'abord nous avons pensé
qu'un premier ehupili'e
consacré à l'analomic lopograpbique et
chirurgicale- du
hhc- lacrynial nous pcrnictlrail, de mieuxcomprendre la
propagaLion d'une infecliou de cet organe à l'orbite.
Cda fait, dans undeuxième chapitre nous avons
ras.somble
toutes les observations qui existent dans la science,
et nous
croyons les avoir réunies en totalité. Leur lecture
permettra
de se rendre compte de quelle
façon
seproduit le plus
souvent la complication orbitaire. C'est
d'ailleurs l'objet du
troisième chapitre où, d'après les faits
anatomiques et clini¬
ques, nous essayons d'établir Pédologie,
la pathogénie et
l'étude clinique de ces complications. Enfin, un
dernier cha¬
pitre est relatif au traitement prophylactique, au
traitement
chirurgical qui permetd'éviter le plus souventces
complica¬
tions ou d'en atténuer les conséquences funestes
dans la plu¬
part des cas.
Quoique
la question, à part Je court exposé de Truc, n'ait
jamais été bien étudiée dans son ensemble, nous croyons,
avec les nombreux
faits
(pie nouspossédons, avoir le droit
d'émettre des conclusions
pratiques qui,
sansavoir la pré¬
tention d'être définitives, pourront,
être utiles à
ceuxqui
vou¬draient plus tard reprendre ce
travail.
— 1.3 —
CHAPITRE PREMIER
Anatomie
topographique et chirurgicale du
saclacrymal.
Dans la description anatomique qui va suivre nous nous bornerons à étudier le sac lacrymal car c'est à ce niveau que
se font les infections secondaires et par son intermédiaire qu'elles se propagent à l'œil et à
l'orbite. C'est
àla suite de
phlegmon du sac ou dedacryocystite supuréeques'observent
lescomplications que nous allons étudier,
c'est enfin
surle
sac que portera l'intervention chirurgicale quand on
voudra
agiravec efficacité. L'anatomie descriptive du saclacrymal
est assez connue actuellement et l'on trouve dans les traités classiques des renseignements précis sur sa
situation,
ses dimensions, sa forme, etc. Les traités de Schwalb, Sappey, Testât, etc. (1), seront consultés sur ce point avecfruit. Pour
nepas reproduire leurs descriptions, nous allons
envisager
l'étude anatomique du sac lacrymal au point de vue topogra- phiqueetchirurgical. Aussi, insisterons-nous sur
les rapports
(1)Consultersur l'anatomie :
Sappey. —Traité d'anatomie.
Iestut. —Traité d'anatomie.
Schwalb. —Anat. des auges. Erlangen, 1887.
Guerlach. —Beitrag.Z. norm.,anat. des Menschl. Auges. Leipzig, 1880.
Heinlein.— Z. Mikrosk. Anat. der Thrânenrohrehen, Arch. f. opht.
h-XXI, 1875.
Rochon-Duvignaud.— Recherches sur l'anatomieetlapathologie desvoies lacrymaleschezl'adulteetlenouveau-né,Archivesd'ophtalmologie, 1900.
qu'il affecte plus spécialement avec l'orbite en essayant d'y
voir quelques explications au sujet des propagations des
infections lacrymales de ce côté.
Le sac se trouve situé en dedans de la limitetopographique
inférieure de l'orbite, c'est donc un organe intra-orbitaire.
Mais ilse trouve séparé, dans une certainemesure, ducontenu de l'orbite et occupe une région orbitaire absolument à part.
Pour l'atteindre, il suffit d'inciser les téguments au-dessous
de la saillie du tendon interne de l'orbiculaire. On arrive
rapidement au niveau de sa paroi antérieure qui est libre
en avant alors que sa paroi interne et une grande partie desa
paroi postérieure adhèrent à l'os à la façon de la muqueuse d'un sinus. Le squelette sur lequel il repose estconstitué à la
fois par la portion antérieure de la face externe
(tiers
anté¬rieur) de l'os unguis, ensuite par une surface légèrement
excavée appartenant à l'apophyse montante du
maxillaire
inférieur, véritable fossettecystique séparée du reste, et
l'apo¬
physe montante par une crête qui se continue avec
le bord
inférieur de l'orbite. En arrière, ce squelette est limité par
la
crête verticale plus ou moins saillante de l'unguis, en
avant,
par la crête du maxillaire supérieur. Ces deux crêtes
s'atté¬
nuent au point de disparaître à leur extrémité
supérieure de
telle sorteque la fossette cystique est de moins en
moins
pro¬fonde à mesure qu'on s'élève; elle est très excavée en
bas
ouelle se continue avec l'orifice supérieur du canal
nasal. A la
partie antérieure de cet orifice se trouve une
petite saillie
osseuse, exactement située sur la crête du
maxillaire, qui
se dirige en suivant un trajet ascendant versl'extrémité de
del'apophyse orbitairede cetos.
Lesac est entièrement adossé à l'os. C'estun petit
réservoir
de forme cylindrique ou plus exactement elliptique,
à grand
axe vertical. On le compare assez justement à un
cul-de-sac
semblable au eœcum. Son extrémité inférieure se continuea plein canal avec le canal nasal. Sa direction est à peu
près
verticale. Non distendu, à l'état normal, il mesure
12
a15 millimètres de long, 6 à 7 millimètres d'avant en
arrière et
— 15 —
4à5 millimètres dans
le
senstransversal. Mais
cesontlà des
données sujettes à
variations dans les
caspathologiques. Sa
distension peut être
extrême, augmenter
sacontenance du
double oudu triple, etnousavons vu
des mucocelles atteindre
lagrosseur
d'un
grosœul de pigeon (1).
Ainsi disposé dans sa
gouttière
osseuse,le
saclacrymal
affectedes rapports variés suivant
le degré de distension qu'il
présente. Cette
distension
nepeut évidemment s'accomplir
que du côté antéro-externe parce que
la crête de l'unguis est
beaucoup plus externe que la
crête du maxillaire, et
quela
paroi postérieuredusac a des rapports
beaucoup plus étendus
avecl'os que la paroi antérieure.
Les
auteursreconnaissent,
aupoint de vue topographique, deux
portions
au saclacry¬
mal : une portion postérieure qui se trouve
accolée à la face
antérieure de la crête de l'unguis, et qui, par sa
partie libre,
entre en rapport avec l'aponévrose
orbitaire
; et uneportion
antérieurequi se trouve en rapport avec
les parties molles de
l'angleinterne de l'œil.Les rapports du sac sonttrès étendus et tout
d'abord
nousferons remarquer que ces rapports avec
les parties molles du
grand angle de l'œil expliquent la saillie
qu'il
provoque auniveau du canthus interne, saillie qui est particulièrement
sensible lorsque le squelette du nez présenteune sorte
d'élar¬
gissement et une véritable ensellure, disposition
anatomique
qui favorisele développement d'unedacryocystite.
Le sac se trouve en rapport, à ce niveau avec une
lame
aponévrotique qui continue en haut et en basle tendon direct
de l'orbiculaire dont on peut déterminer
la saillie
sousla
peau. Le tendon direct va s'insérer au niveau de la crête
osseuse courbe que nous avons signalée sur
l'apophyse
mon¬tanteorbitaire du maxillaire supérieur. Il y a là,
au-devant
du sac, non seulement des fibres aponévrotiques
mais aussi
des fibres musculaires qui appartiennent à
la portion de
0) Prof, Badal.—Tumeurlacrymale; prolongementorbitaire;
extirpation
du sac. Clinique ophtalmologique, octobre1901.
l'orbiculaire qui ne s'insère pas sur le tendon direct. En avant du tendon de l'orbiculaire, de la lameaponévrotiqueet de fibres orbiculaires directes se trouve le tissu cellulaire sous-cutané et enfin la peau, fine et très délicate à ce niveau.
Le sac n'adhère pas au tendon et àl'aponévrose séparé qu'il
en est par du tissu cellulaire assez lâche. C'est à ce tissu cel¬
lulaire que l'ona donné lenom de tissu pré-sacculaireetonl'a rapprochédes zones cellulaires pré-vésicales. C'est là un rap¬
prochementpurementartificiel maisquipermet de comprendre
la disposition anatomique de cette région antérieure du sacet
de saisir de quelle façon pourra se comporter une de ces infections circonscrites pré-sacculaires, décrites dans cesder¬
niers temps sous le terme de tumeur pré-lacrymale et s'ou-
vrant secondairement soit au-dehors soit dans le sac. Il est extrêmement difficile de lesdiagnostiquer des affections lacry¬
males proprement dites. Tôt ou tard elles se
compliquent
d'empyème du sac, formant avec ce dernier un abcès en bouton de chemise,.ou encore, suivant l'expression de Jocqs,unefente glottique séparant deux cavités. Nous devons
dire à
ce sujet, que certains auteurs sont allés à
considérer la
plupart des dacryocystites suppurées comme desaffections
pré-lacrymales secondairement propagées au saclacrymal
;c'est qu'en effet, le sac est non seulemententouré d'une
gaine
cellulaire à sa partie antérieure, mais sur tout son
pourtour.
Cependant cette gaine cesse d'exister au niveau de
la portion
osseuse du sac, dont la paroi propre adhère
intimement
au périoste de la gouttière cystique.Les rapports de la portion interneou osseuse sont
donc des
plus simples, nous n'y insisterons pas. Il n'en est pas
de
même de la portion externe et de la portion
postérieure,
ou plus exactement de lapartie libredela paroipostérieure, ainsi
que de ceux de l'extrémité supérieure que nous
allons plus
particulièrement étudier.
La portion externe du sacest au point de vue
topographi¬
que en rapportavec l'angle palpébral interne, le lac
lacrymal,
la caroncule lacrymale, le repli semi-lunaire et en
rapport
— 17 —
plus
intime
avecles canalicules lacrymaux qui cheminent
dans l'intérieur des tarses depuis les orifices lacrymaux jusqu'au sac
lui-même.
Ces rapports sont si intimes, que
lorsque le
sacprésente
une légèredistension, ildéplace
nettementle canthus interne, la
caroncule et le repli semi-lunaire.
C'est surtout cette région du sac qui se développe
dans les
mucocellesvolumineuses. Ily a alors soulèvementde la peau et de la conjonctive. Dans le cas d'énorme
ectasie, la disten¬
sion est si accentuée vers l'orbite, que le soulèvement de la conjonctive arrive à cacher un bon tiers du
globe oculaire.
Cetteparoi externeest difficile à disséquer étantdonné surtout
laprésencedes canalicules lacrymaux et l'adhérence au
tissu
fibreux des pseudo-cartilages tarses. Depuis déjà
longtemps
011 a signaléqueles canaliculeslacrymaux
débouchaient dans
levoisinagede la partie postérieuredu sac;
le fait anatomique
nousparaît devoir être relevé dèsmaintenant. v
On montré récemment que l'uniqueorifice du canal lacry¬
mal nedébouchait pas au milieu de la paroi externe
du
saccomme on le croyait autrefois, à égale distance
de l'orifice
du canal nasal et du sommet du sac; cet orifice se trouve rapproché du voisinage de la crête de l'unguis et
de la paroi
postérieure du sac. 11 s'ensuitque le cathétérisme à
l'aide des
sondesmétalliques et après extension du
canalicule inférieur
suivant le procédé classique, sera exécuté de
telle manière
quele bout de la sonde viendra buter contre la paroi posté¬
rieure du sac. Il viendra, lorsqu'il sera fait avec
maladresse
ou brutalité, déterminerdes lésions de cette paroi postérieure
lésions susceptibles de s'accompagner de
complications
inflammatoires graves.C'est par sa paroi externeque le sac lacrymalse trouve en rapport avec le muscle de Horner. Ce muscle, en effet, n'est nullement situéenarrière de la paroi postérieuredu sac
mais
enarrière des canalicules lacrymaux. Depuis longtemps
déjà
Guerlach a exprimé le fait (1) La coupe
horizontale repré-
(î) Guerlach.——Loc. cit.
— 18 —
sentée sur la fig. 1 du
travail de Rochon-Duvignaud (1),
montre également
l'absence de rapports directs entre le
muscle de Horner et la paroi postérieure
du
sac ;il
est annexéaux canalicules dans le fonctionnement desquels il joueun rôle. Le sac lacrymal se trouve en
rapport
par saportion
postérieure avecla crête de l'unguis
oucrête lacrymale posté¬
rieure, et c'est sur cette crête et en
arrière,
queles fibres du
muscle de Horner viennent s'insérer. Aceniveau, on trouve également un
tissu cellulaire lâche,
assezabondant et quel¬
quesfibres
étalées du septum orbitale
oude l'aponévrose orbi-
taire.
La paroi postérieure
du
sacnormal
nondistendu ne
dépasse guère la
saillie de la crête de l'unguis, mais lorsque
le sac est distendu il rentre en rapports
plus intimes
aveclemuscle de Horner et avec le septum
orbitale. Ce dernier
ne peut constituer une
barrière infranchissable séparant le
saclacrymal 4e
l'orbite. Aussi,
verrons-nousà la façon dont
il se comporte à ce
niveau, les raisons anatomiques de la
possibilité des
propagations des inflammations du sac au tissu
cellulaire de l'orbitelui-même.
Le septum
orbitale s'amincit
auniveau de ses extrémités
interne et externe; inséré, comme on
le sait,
surles bords
supérieursdes
cartilages
tarses,il
seporte
surtout le pour¬
tour de l'orbite comme un véritable
diaphragme, l'obturant
complètement en avant.
Sa disposition dans le voisinage de
la loge du sac
serait telle
quecedernier devrait être considéré
comme en dehors de la cavité orbitaire;
mais
nousdevons
dire que cediaphragme
est relativement aminci à ce niveau,
et que la plupart
des fibres qui vont s'insérer sur la crête de
l'unguis appartiennent au
tendon réfléchi du muscle orbicu-
laire. Quoi qu'il en soit, cette
aponévrose orbitaire se trouve
traversée par les vaisseaux et
nerfs qui laissent l'orbite pour
se porter vers
la face
:vaisseaux et nerfs sus-orbitaires, nerf
frontal interne et les vaisseaux qui les
accompagnent, veine
nasale et son anostomose avec l'angulaire.
Ainsi amincie et
(1) Rochon-Duvignaud. — Loc. cit.
— 19 —
criblée d'orifices cette aponévrose sera facilement lésée et il ne sera pas étonnant de la voir traversée, parfois, par des inflammationsqui gagneront le tissu cellulaire de l'orbite.
Les rapports plus intimes de la paroi postérieure du sac ontlieu avec une gaine fibro-cellulaire qui est riche en lym¬
phatiques. Ily a donc en arrière, comme en avant, un espace cellulaire qui peut être le siège de véritables abcès péricysti-
ques susceptibles de sedéverser secondairement dans le sac.
Dans le voisinage de l'extrémité supérieure comme à l'ex¬
trémité inférieure, les rapports du sac lacrymal sont intéres¬
sants à connaître. La cavité du sac se trouve exactement
comprise entre deux insertions de muscles orbitaires impor¬
tants, qui sont le grand et le petit oblique. Pour le grand oblique, il s'agit naturellement de l'insertion de sa troclilée.
L'insertion du petit oblique, le sac lacrymal etl'insertion du grand oblique se trouvent situés exactement dans le même plan vertical, de telle sorte que les rapports décrits à propos du sacetd'après lesquelson considérerait cet organe comme extra-orbitaire ne sont pas exacts. Les rapports que l'extré¬
mité inférieure du sac contracte avec le petit oblique sont
assezintimes, son insertion orbitaire setrouvant surlapartie
externe de l'orifice du canal nasal. La trochlée du grand oblique est plus éloignée du sommet du sac. Cette partie du
sac se trouve à environ neuf ou dix millimètres de la poulie d'après les mensurations que nous avons pratiquées sur un certain nombre de sujets. Lorsque le sacest distendu les rap¬
ports deviennent plus intimes et il peut se faire que dans
certains cas de phlegmon la cavité purulente soit au contact delà pouliedu grand oblique.
Comme on le voit, ces rapports méritaient que nous nous arrêtions quelques instants, mais nous ne pouvons laisser ce
chapitresans parler des vaisseaux etdes nerfs.
Les parois du sac sont extrêmement richesenlacisveineux.
Ilexiste des vaisseaux très volumineux et, particulièrement
des veines surtout le pourtour du sac, même au niveau de la
couche fibreuse épaisse qui unit sa paroi au squelette.
On
thesk mouzels. 2
pourrait même
décrire
enquelque sorte
unevéritable gaine
vasculaire péricystique
continuant la gaîne vasculaire extrê¬
mement riche qui entoure Je canal
nasal. Il existe enfin
unréseau lymphatique également
extrêmement riche
sous-mu-queux. Ce réseau
lymphatique existe
surloute la hauteur des
voieslacrymales. Les
connexions vasculaires entre le
sacd'une
part, l'angle interne
de l'œil d'autre part,
enavant, cl l'orbite
en arrière, sont assezbienconnues.
Les veines du
sacvont
se jeter dans desveinules qui aboutissent
auxveines angulaires.
On connaît suffisamment les anastomoses entre les
veines de
l'orbite et cellesde la face pour que nous
n'y insistions
pas.Les relations des réseaux lymphatiques
sont moins
connusmais il est probable que
de même qu'il
y acommunication
vasculaire extrêmement riche, il y a également
des relations
entreles lymphatiques
du saoetceuxde l'orbite.
CHAPITRE 11
OBSERVATIONS
Observation I
Fuchs(Centralblatt f. p. Aiigonlicillc, t. VI, août 1880).
Dacryocysli/e cli.ron/t/t/c;phfef/Mon de l'œil; névrite
par slase. (luérixon.
Ij0 10octobre 1879, un homme do cinquante-trois ans so pré¬
sente<\ laclinique. Il raconte que depuis trois ans environ, son œil était souvent le siège d'une vivo rougeur.
Depuis six mois, il remarque à l'angle interne de l'œil une grosseurque la pression fait diminuer tout en provoquant l'ex¬
pulsion par les pointslacrymaux d'uneassez grande quantité de
pus. Depuisdeux jours, deviolentes douleurssesontdéveloppées
nonseulement dans l'angle interne mais dans l'œil tout
entier
qui perd totalement son acuité visuelle.
A l'examen, on trouve les paupières gonflées ainsi que les
parties environnantes. La tuméfaction empêche de se rendre compte de l'étatdusaclacrymal et la pression de l'angle interne n'amèneaucune sécrétion hors des points lacrymaux. Le bulbe
estpropulsé de uncentimètre etdemiaumoins,l'œil est immobi¬
lisé unpeu en bas et en dehors, lapupille est large de 4
milli¬
mètres, sans réaction. Les vaisseaux de la rétine sontgonflés,
ou voit un avancement de cette rétine dans le corpsvitré un
peuen bas de la papille. L'œil malade compte encore les
doigts
detoutprès. Le champ visuel s'arrête auniveau de
l'horizontale
pours'étendre au dessous.
Ne trouvant nulle part de fluctuation bien
nette,
onapplique
des cataplasmes.
Deuxjours après survintune
évacuation spontanée
parl'angle
interne; il s'écoulaunegrande quantité depus. Dès ce
jour,
unesonde engagée dans l'ouverture
fît trouver
undouble trajet
s'étendantd'un côtévers le fond de l'orbite de l'autre
dans
lesac lacrymal. Aucune sécrétion
toutefois
nesortit du
sacparles
points lacrymaux.
Douze jours après sur l'expression
de
sondésir, le malade
retournait chez lui. Son œil était encore un peu
proéminent et
tourné en bas et en dehors. La motilité n'avait
d'obstacle
que dans la direction du nez.
L'acuité visuelle était redevenue
ce qu'elle était avant; le fond de
l'œil était normal.
Dix-huitjours après le malade revint parce que
de nouvelles
douleurs étaient survenues depuis cinq jours. La
fistule lacry¬
male était cicatrisée, lapaupièreinférieure
surtout dans l'angle
interne fortementgonflée. Par la pression sur
le
sac,pression
du reste trèsdouloureuse, on faisait sortir une
grande quantité
de pus parles points lacrymaux.
Toutefois l'œil n'était ni proé¬
minent, niimmobilisé.On incisa la paroi
antérieure du
sacet on
maintintl'incisionouverte par une mèche de
charpie.
Plus tard on introduisit une sonde parle
conduit supérieur.
Jamais la sonde ne vint frapper sur un os
dénudé, et le canal
nasal droit est resténormal.
Fuchs, ajoute, que nullepart il
n'a trouvé mentionnée «l'ou¬
verture dusaclacrymal en arrièreavec
pénétration du pus dans
le tissu cellulaire de tellefaçon qu'un phlegmon
rétro-bulbaire
puisse en être la conséquence. »
Observation II
Truc, (Analesctoculistique 1900, p.96).
Phlegmon orbitaire consécutif à une
dacryocystite purulente
ancienne, névrite optique aiguë avec
atrophie rapide in¬
complète.
Madame P..., vingt-trois ans, ménagèye.
Il y a un an et demi,
accouchement normal suivi d'abcès a'1
sein. Depuis troisou quatre ans
dacryocystite purulente, chio
— 23 —
nique, double. Le
15 septembre 1899, le soir, après avoir
ven¬dangé,gonflement brusque de
la région oculaire gauche, douleurs
vives, diminution de la vision.
État stàtionnaire
jusqu'au19septembre soir, où la malade entre à
la clinique.
Onconstataadroite unedacryocystitepurulenteavecintégrité
duglobe oculaire. Y : 0 I) — 1 ; à
gauche, gonflement
énormeavecocclusion palpébrale, aspect presque normal du globe de
l'œil; légère exophtalmie et gêne des mouvements V: 0 G= 0.
Embarrasgastrique. Pouls 120.Température axillaire 40°3.
20 septembre. — Matin, même situation. Incision large au niveau dusac lacrymal et à la partie externe de la paupière
inférieure. Écoulement purulent abondant, injection boriquée, drainageetpansement. Adroite, cathétérisme et lavage du sac lacrymal.Le lendemain la fièvre est tombée(T. 38°) et le surlen¬
demain ellea disparu (T. 36°6). Il s'écoule toujours du pus et
la
vision reste nulle. A l'ophtalmoscope on constate une atrophie
blanche sans trace d'œdème ni de congestion papillaire (V:OGf= 0). Au bout de quelques jours l'écoulement orbitaire
et lacrymal diminue, l'œdème disparaît, la motilité oculaire
revient et laguérisonorbitaire està peu prèsachevée.
Atrophie
optiqueblanche complèteY :0 G = 0.Sort le 25 octobre.
Revue récemment, l'aspectpalpétral et oculaire de la malade
est normal. Encore un peu de pusdacryocystique àla pression.
Atrophie optique blanchedéfinitive, Y: 0 G= 0.
Observation III
Potnot. —Clinique ophtalmologique, 10 fév. 1897.
Dacryocystite chronique; poussée aiguë, phlegmon cle l'orbite, atrophie optique.
Le 26octobre 1896 se présenta à la clinique du docteur -Jocqs
une lemnie âgée de quarante-trois ans, Honorine G...,
de
b'mrdan, qui demandaituneconsultation pour uneczémaviolent'lespaupières supérieure et inférieure de l'œil droit survenu
ala suite des circonstances suivantes:
Depuis dix ans, cet œil était atteint de larmoiement, mais
l'écoulement des larmes surlajouene se produisaitpasconstam¬
ment. De temps en temps, il se formait dans l'angle interne de
l'œil une petite tumeur dure, de la grosseur d'une noisette,et
c'est seulement aprèsl'apparition decette tumeur quesurvenait
le larmoiement. L'accès durait quelques jours, quelquefois
mêmequelques semaines, puis tout rentrait dans l'ordre normal
la tumeur disparaissant totalement.
Le 24 aoûtdernier, aprèsun catarrhe intense del'œil, catarrhe qui durahuitjours, la malade se réveilla avec la
paupière infé¬
rieure fortement tuméfiée et œdématisée. En même temps apparurent desdouleursassezvives dans toutela
région tuméfiée.
Le 25, c'est-à-dire dèsle lendemain, les douleurs s'accentuent
en même temps que se font sentir de fortes
névralgies dans
toute la têteet, principalement du côté droit, dans lanuque.
Le 26, trois ouvertures des téguments se produisent naturel¬
lement qui laissent écouler du pus en grande
quantité. La
première de ces ouvertures se trouve située aupoint d'intersec¬
tion d'une ligne verticale passant à deux travers de doigts
delà
racine du nez et d'une ligne horizontale à deux travers et
demi
au-dessous de l'œil.
La seconde est à l'angleinterne de la paupière inférieure;
la
troisième, au milieu même de cette paupière. Cette
expulsion
du pus s'estfaite à onzeheures dumatin; quelques
heures après
la malade etson entourage ont remarqué que le globe de
l'œil
setrouvaitfortementpoussé en avant commepour
sortir delà
cavité orbitaire.
La suppuration, quoique bien établie, laisse le
globe oculaire
dans lemême étatdepropulsionetla situation s'aggrave
pendant
deux ou troisjours pour ensuite rester
stationnaire jusqu'au
7 septembre.
' A cejour les douleurs augmententvivement etilse
forme une
collectionpurulente qui tend à sefaire jour à travers
la paupière
supérieure.
Le 11 septembre, le médecin de Madame H. G.-.,
le docteur
Barbelet fait une incision au-dessous dutiers externe du
sourcil
et détermine ainsil'écoulement d'une abondantequantitéde pus.
Dès cejour la guérison commence.
Peu à peu, les douleurs de tête disparaissent, la
suppuration
setarit. 11 reste seulementun eczémades paupières
dû
àl'appli¬
cation prolongée de cataplasmes
qui, depuis le 15 septembre
jusqu'au25 octobre, ne s'est pas
amélioré, sinon pendant deux
outrois jours, pour reparaître ensuite plus
violent
quejamais.
Le26octobre, nous trouvons comme acuité visuelle :
OD Y= 0
OG V= |
Nousvoyons de plus que l'œil gauche est rouge et que
de
cecôtéexiste une dacryocystite déjàfort prononcée.
L'examen ophtalmoscopique de l'œil droit montre
les
mem¬branes internes parfaitement intactes, maisil y a
atrophie de la
papille.
L'eczéma fut guéri en quelques jours (il n'en restait plus
de
tracele 2 novembre) par l'application de compresses
imbibées
d'une solution de sublimé etpar des onctionsavecune pommade
àl'oxyde de zinc.
Ajoutons, pour être complet, qu'il reste du
côté droit
unebride cicatricielle reliant lapaupièreinférieureauglobeoculaire.
Cette bridenous paraît, du reste, la trace d'une
quatrième issue
du pus que contenaitle phlegmon du sac lacrymal, issue
qui
seseraitproduite dans le cul-de-sacinférieur de la
conjonctive.
Observation IV
Bistis. — Sociétéimpériale de médecine de Constantinople.Annales
céoculistique, t. CIX, p. 120.
Dacryocystite chronique,pousséeaiguë,phlegmon del'orbite,
atrophieoptique.
«Vers le milieu du mois de mars, est venu me consulter le
nommé R..., de Moudana, âgédevingt-cinqans.
J'ai
puconstater
unexophtalmosassez prononcé avec paupières un peu
gonflées
etd'unteintlivide, par suite de troubles
circulatoires. Le globe
oculaire est abaissé et tourné en dehors; les mouvements de
1œil sonttrès restreints dans toutes les directions ; la tension
intra oculaire est augmentée, la conjonctive
palpébrale et
bulbaire très injectée et chémotique; la cornée
semi-transpa-
rente est aplatie à sa partie inférieure, ulcérée etperforéeavec prolapsus de l'iris ; l'injection péri-cornéenne s'étend surtoute
la surface de la sclérotique, la chambre antérieure n'existequ'à la partie supérieure; l'humeur aqueuse est trouble ; la pupille petite eten forme de fente est ectropiée en bas, réagissant à peine à la lumière. A l'examen ophtalmoscopique, on perçoit
une lumière d'un rouge sale, le fond de l'œil n'étant visiblequ'à
travers un nuage;perception lumineuse seulement quantitative.
La région lacrymale était gonflée et présentait une fistule qui
donnait du pus àla pression. D'ailleurs, le malade dit que long¬
temps avant l'état actuel de son œil il souffrait de larmoiement.
» Il est évident, ajoute M. Bistis, qu'ici la sténose du canal lacrymal doit être considérée comme le point de départ de
l'affection. Et comme la suite des sténoses non traitées est presque toujours une infiltration inflammatoire de lamuqueuse du sac lacrymal, laquelle en se propageant vers la membrane
fibreuse qui entoure ce sac, le détruit, atteint l'os lacrymal et
provoque ainsi une ostéite; nous avions ici, nécessairement, un foyer infectieux qui a pu donner naissance à l'inflammation du
tissu cellulaire de l'orbite avec ces symptômes classiques que
nous connaissons tous ».
M. Bistis excisa leprolapsus de l'irisetappliqua unpansement antiseptique compressif. Le malade quitta l'hôpital après quinze
jours. L'exophtalmie avait disparu; les mouvements de
l'œil
étaient revenus; la plaie cornéenne s'était cicatrisée.
« Seulement, lavue ne s'améliora pas ; à peine
distinguait-il,
dans une chambre obscure, une lumière portée devant son
œil.
La cornée étant déjà transparente,j'ai pu pratiquer l'examen ophtalmoscopique au moyen duquel je constatai : la
papille
presque blanche; les vaisseaux artériels et veineuxtrès
étroits,
ce qui indique une atrophie du nerf optique provoquée
directe¬
ment par la compression directe de l'exsudat
inflammatoire
rétro-bulbaire ».