FACULTÉ DE
MÉDECINE
ET DEPHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1900-1901 N» 72
NOTES
SUR LA
SACGULOSE VÉSIGALE
(COMPLICATIONS
—TRAITEMENT)
THÈSE
POUR LE DOCTORATEN MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 27 juillet 1901
PAR
Antoine-Jean-Baptiste-Henri LAMBERT
Né à Trois-Palis (Charente) le 10 mars 1874.
MM. BOURSIER, professeur... Président.
Examinateurs de la Thèse:y PIÉGHAUD,professeur... \
Le Candidat répondra aux questionsqui lui seront faites surles diverses parties
de l'Enseignement médical
BORDEAUX
G. GOUNOUILHOU, IMPRIMEUR DE LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE
POUSSON,agrégé Juges.
VILLAR,agrégé
II, RUE GUIRAUDE, II
igOI
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire.
PROFESSEURS:
MM. MIGE . .
DUPUY.. . MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Clinique interne . . .
Cliniqueexterne. . .
Pathologie et thérapeu¬
tiquegénérales. . . Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire . Clinique d'accouchements.
Anatomiepathologique. .
Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie ...
Hygiène
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE YERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
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CANNIEU.
VIAULT.
JOLYET.
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Médecine légale .
Physique ....
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie . . .
Matière médicale.
Médecineexpérimentale . Clinique ophtalmologique.
Clinique des maladies chi¬
rurgicalesdes enfants .
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des
maladies des enfants Chimie biologique . .
MM.
MORACHE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
deNABIAS.
FERRÉ.
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PIÉGHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
AGREGES EN EXERCICE:
section de médecine (Pathologie interneetMédecine légale.) MM. CASSAET.
AUCHÉ.
SABRAZÈS.
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HOBBS.
section de chirurgie et accouchements
Pathologieexterne.
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I VILLAR.
I BRAQUEHAYE CHAYANNAZ.
Accouchements.IMM. CHAMBRELENT.
FIEUX.
Anatomie .
Physique. .
section des sciencesanatomiques et physiologiques
j MM.PRINCETEAU. I Physiologie . . . MM.PACHON.
N... Histoire naturelle. BEILLE.
'\
section des sciences physiques
MM. SIGALAS. —Pharmacie . . M. BARTHE.
COURS COMPLEMENTAIRES:
Cliniquedes maladies cutanées et syphilitiques MM. DUBREU1LH.
Clinique des maladies des voies urinaires Maladies dularynx, des oreilleset dunez Maladies mentales
Pathologie externe Pathologie interne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologieetminéralogit Pathologie exotique
LeSecrétaire de la Faculté:
POUSSON.
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DENUCÉ.
BON DOT.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
PRINCETEAU.
LAGRANGF.
CARLES.
LE DANTEC.
LEMA1RE.
Par délibération du 5 août 1879, la faculté a arrêtéque les opinions émises dans les
l'hèses qui luisont présentées doivent être considérées comme propresà leurs auteurs, et qu'elle n'entend leur donner niapprobation ni iinprobation.
A M. LE D' A. POUSSON
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHARGÉ DU COURS DE CLINIQUE DES MALADIES DES VOIES URINAIRES
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE DE PARIS
CHIRURGIEN DES HOPITAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE DOCTEUR
ANDRÉ BOURSIER
PROFESSEUR DE CLINIQUE GYNÉCOLOGIQUE A LA FACULTÉ DE
MÉDECINE
DE BORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE DE PARIS
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
PLAN
GÉNÉRAL
Introduction: Définition.
Pages.
Aperçu historique: Exposé rapide de la thèse de Robelin et du travaild'Englisch; pasde traitement curatif.
Raisonsquipermettentde tenter plus efficacement aujourd'hui ce traitement: Méthodeantiseptique; perfectionnement dumanuel opératoire et de l'instrumentation; vulgarisation de la taille hvpogastrique; cystoscopiecomme moyende diagnostic précoce
des saccules vésicales etde leurs complications.
Division du travail: Notes d'anatomie pathologique; justification du traitement chirurgical (danger);étudecritique desméthodes de traitementessayées dans ces dernières années 7
Anatomie pathologique:
Classification de Voillemier et Le Dentu suivant la grandeur des saccules; classification d'Englisch suivant la constitution de leurs parois;notreclassification, entenant compte à la fois de
la grandeur et de la constitution des parois des saccules:
endosacculose,sacculose interstitielle, périsacculose.
Caractères communs:Épaisseurhypertrophique du collet; minceur
Danger. Complications dues:
1° A la saccule en tant que cavité séparée de la vessie: a)cystites purulentes, gangréneuses; b) calculs enkystés, enchatonnés, mixtes, migrateurs, récidivants.
2° A l'état inflammatoire des parois et à la modification de la muqueuse : a) péricystites, perforations, péritonites, fistules, phlegmons; b) néoplasmes.
3° A la tumeur paravésicale : a)adhérences aux organes voisins;
b)cystocèles diverticulaires;c) phénomènes de compression.
4° A la minceur des parois: a)ruptures spontanées de la vessie;
b) perforationsopératoires.
Fréquencesde cescomplications; nécessité du diagnostic précoce et
Traitement:
1° Rétablissement de laperméabilitédes voies urinaires antérieures; traitement général interne.
2° Traitement local et curatif: a) de l'endosacculose : lavages, injections, évacuation régulière de la vessie; b) de la sacculose interstitielle : exclusion de la cellule vésicale, du docteur Pousson; c) de la périsacculose: résection des diverticules et
des cloisons vésico-sacculaires 23
Conclusions 53
I
11
du traitement 15
III
Index bibliographique et documentaire. 55
NOTES
SUR LA
SACCULOSE VÉS1CALE
(COMPLICATIONS— TRAITEMENT)
Il arrive que, sous des influences
diverses, le muscle vésical,
normalement plein, se creuse de
cavités, de poches parfois
énormes, progressant de dedans en
dehors, et allant jusqu'à
former à sa surface extérieurede volumineuses tumeurs. C'est
à cette particularité pathologique
du muscle vésical
que nous donnons, sans préjuger pour lemoment de l'origine, de la
grandeur ou de la constitution
de
cescavités, le
nomde
« sac-culose» vésicale.
Quoique relativement rares, ces
faits ont été
connusde tout
temps. Bauhin, Riolan, Collot
avaient rencontré des vessies
sacculées. Tenon, Bonnet, Houstet, Chopart,
Civiale, Cru-
veilhier en donnèrent de bonnes descriptions
anatomo-patholo-
giques et cliniques, et les étudièrent assez
longuement
sousdifférents noms : diverticulums, vessies
accessoires, cellules
vésicales, vessies à compartiments,
loges, kystes,
sacs,cysto-
cèles internes, hernies tuniquaires, etc.
Houël, Lemaire, Le
Dentu, Yoillemier, Pousson, Lannois
firent paraître à
cesujet
des publications sur des points
spéciaux. Ce n'est qu'en 1886
que Robelin donna, en France, un
travail d'ensemble
surla
question
(Étude
sur les vessiesàcellules, thèse de Paris, 1886),
suivi quelques années plus
tard (1894) d'une monographie
surLes diverticules et lescellulesdelavessie,parle Dr
Englisch
(de Vienne).Dans ces deux ouvrages,la
pathogénie de l'affection est net-
— 8 —
tement discutée et nettement posée. Lorsqu'il existe un obs¬
tacle à l'évacuation des urines, celles-ci s'accumulent dans la vessie, en distendent les parois, qui
finissent
parcéder là
oùelles offrent un certain affaiblissement ou certains culs-de-sac congénitaux; ou bien le muscle vésical, en se contractant (Gruveilhier) sur cette masse liquide
incompressible, s'hyper-
trophie d'abord, puis ses fibres s'écartent et la muqueuse,fai¬
sant hernie,s'échappe à travers. Cette origine a été tellement
bien démontrée que nous n'aurons pas à y revenir plus lon¬
guement.
Englisch etRobelinont aussiétudié
l'anatomie pathologique,
l'étiologie, quelques-unes des complications descellules
etdiverticules vésicaux; établi en principe la difficulté du diag¬
nostic et la gravité du pronostic. Pour ce qui concerne
le
traitement, ils ne disent rien ou presque rien. «La thérapeu¬
tique n'a contreles vessiesà cellules,dit Robelin,
qu'une action
restreinte; il n'y a pas de traitement curatif. »
Sans doute, l'incertitude des moyens d'exploration, la
crainte des grandes opérations sanglantes sur les
viscères
abdominaux, la diagnose souvent trop tardive des
saccules
vésicales, étaient des raisons pour que la thérapeutique restât
pour ainsi dire muette. En
est-il donc de même aujourd'hui?
L'antisepsie est venue révolutionner la chirurgie et permettre
toutes les audaces. La taille hypogastrique est devenue une opération courante; aidée des éclaireurs électriques
elle
permet d'explorer aussi bien avec les yeux qu'avec
le doigt
tous les coins et recoins de la vessie. Enfin la cystoscopie,
entreles mains des spécialistes, est passéeaupremierrang
des
moyens de recherche et d'examen; à tel point que certains
auteurs prétendent que c'est le seul moyen de se
rendre
comptedes affections obscures de la vessie, des calculs
parti¬
culièrement. Max Nitze, dans ses Leçons sur la cystoscopie,
donne maints détails pourreconnaître les diverticules: «.
Les
colonnes musculaires, affirme-t-il, font des saillies claires et
nettes entre lesquelles sont des dépressions multiples
d'autant
plus ombrées qu'elles sont plus profondes etl'orifice plus
- 9 —
étroit; l'absence
de colonnes concomitantes caractérise cer¬
tains diverticules uniques
à entrée large, qui sont probable¬
ment congénitaux. »
La goutte de pus que l'on voit sourdre
d'un orifice anormaldonnera
fortement à croire à la présence
de sacs diverticulaires. La
lecture de
nosobservations XXV et
XXVI est là, du reste,pour prouver
combien est utile cette
méthode d'examen.
Ce sont la constatation de ces
progrès et la tentative, suivie
de succès, d'ailleurs,
de
cureradicale d'une cellule vésicale,
faite sous nos yeux l'an
passé
parM. le professeur Pousson,
quinous ont
donné l'idée de rechercher dans la science ce qui
avait été essayé et écrit
depuis Robelin et Englisch sur les sacs
vésicaux, surtoutau
sujet du traitement. Mais avant d'exposer
lesdivers procédés
préconisés
oumis à exécution à cet effet,
nous en faciliterons la
compréhension
parquelques données
d'anatomie pathologique et
les justifierons en passant succinc¬
tement en revue les
complications de la sacculose vésicale.
Un dernier mot avantd'entreren
matière. Merci à tous ceux,
maîtres, camarades et
amis, qui durant le cours de nos études
médicales, nous ont
aidé de leurs conseils et de leur savoir;
nos plus sincères
sentiments de reconnaissance en particulier
à M. le professeur
Pousson, dontnous fûmes l'élève, et à M. le
professeur
Boursier, qui
abien voulu accepter la présidence
de cette thèse.
■
■
■
\
I
Nous n'insisterons pas dans ces
quelques mots d'anatomie
pathologique des
saccules de la vessie,
surleur siège, très
variabled'ailleurs, suivant leur origine
congénitale
ouacquise
;sur leur nombre, restreint dans la
plupart des
cas,mais
parfois considérable; sur
leur forme, sphéroïde, conoïde,
allongée, en doigt de gant; sur
leur consistance et leurs rap¬
ports, dépendant directement
de leur contenu et de leur
situation. Toutes ces modalités ont été longuement
décrites
et énuméréesdans les deux ouvrages cités plus
haut. Notre
but est d'établir une classification et de mentionner les carac¬
tères généraux des
saccules qui puissent intéresser le
chirurgien.
Voillemier et Le Dentu, ne tenant compte que
de leurs plus
ou moins grandes dimensions,
divisent les
sacsvésicaux
en poches etcellules. Englisch, neconsidérant
quela nature de
leurs parois, distingue : 1° ceux
qui sont formés
partoutes les
couches de la paroi vésicale
(poches vésicales); 2°
ceuxdans
lesquels la tunique musculaire présente
des vacuoles à travers
lesquelles la muqueuse pénètre
dans le tissu sous-péritonéal
(cellules vésicales). Pournous, nous
estimons qu'on doit envi¬
sager à la fois la grandeur, la
constitution des parois des
saccules et leurrapport de situation
vis-à-vis le muscle vésical
lui-même. Aussi, basé sur cette
idée, classerons-nous les
saccules vésicales en trois groupes.
— 12 —
Dans le premier, nous rangerons ce qu'on appelle ordinai¬
rement les vessies à colonnes ou les cellules rudimentaires.
Chez les vieillards toujours quelque peu dysuriques, le muscle vésical, ayant unexcès detravail, s'hypertrophie; les faisceaux
musculaires de la tunique interne, latunique plexiforme, font
saillie à l'intérieur de la cavité vésicale, délimitant ainsi des
aréoles dans lesquelles la muqueuse s'enfonce, est repoussée, jusqu'à traverser cette tunique interne tout entière. Il en résulte des culs-de-sac légers, peu profonds, à ouverture géné¬
ralement béante. Toute la surface intérieure de la vessie peut présenter cet aspect. C'est ce que nous appellerons «l'endo-
sacculose ».
Dans un stade plus avancé, la muqueuse, refoulée, ne s'est plus contentée de rompre la tunique musculaire interne: elle
a envahi la région externe des fibres circulaires et longitudi¬
nales, les a écartées, s'est distendue sous la pression urineuse,
creusant dans leur intérieur et à leurs dépens des cavitéspas très volumineuses, mais capables parfois de loger une noix,
un œufou une petite pomme. Le muscle vésical a acquis en
s'hypertrophiant une épaisseur telle (2, 3 centimètres et plus), qu'on comprend les formations cavitaires de ces dimensionsà
sonintérieur sans que rien ou presque rien en paraisse àla
surface. C'est là ce que nous désignons sous le nom de
« sacculose interstitielle» et qui représente le second groupe de notre classement. Leur place est partout, mais de préfé¬
rence surles parois postérieureet postéro-latérale de lavessie,
là où la tunique musculaire est le plus développée, maisle plus facilement dissociable.
Dans la troisième catégorie, nous faisons entrer toutes les
formations sacculaires faisant relief à la surface extérieurede la vessie. Ce sera la « péri-sacculose». Dans ce cadre, il faut comprendre à la fois les hernies tuniquaires vraies de Cru- veilhier, c'est-à-dire la pénétration de la muqueuse à travers
une fente de la musculeuse et sa distension extérieure, et les poches diverticulaires de Englisch, qui ne sont que l'exagéra¬
tion de développement de diverticules congénitaux et dont les
— 13 —
parois sont
formées
partoutes les couches de la paroi vésicale.
«Ces hernies tuniquaires, dit
Robelin, sont tantôt libres et
pour
ainsi dire flottantes, comme pédiculées, et paraissant s'in¬
sérerà la surface externe de
la vessie, tantôt elles adhèrent
intimementauxtissusvoisins.
Elles varient à l'infini quand on les
étudiesous le rapport de leur
siège, de leur nombre, de leur
forme, de leur
volume, de leur consistance. » Quant aux
poches
diverticulaires, généralement bilatérales, parfois très
volumineuses aussi, elles se
développent le plus souvent là où
laparoi
vésicale
estaffaiblie,
parexemple sur les parois laté¬
rales en avant del'uretère, sur le
sommet où
setrouvent les
restes de l'ouraque; elles
peuvent être dues à une dilatation du
bas-fond de lavessie, bridéeparune
exagération du bourrelet
interuretérique.
Quant aux caractères communs
à toutes ces cavités, ils se
résument àceci : épaisseur
hypertrophique des bords de leurs
orifices, amincissement
de leurs parois, modification de leur
muqueuse.
L'épaisseurdes
lèvres du collet des cellules est générale¬
menttrès accentuée (1, 2
centimètres et plus),
—cela ressort
des études de Pousson (Affections
chirurgicales des organes
génito-urinaires),
cf. obs. II,— comparativement à celle de leurs
parois, quin'ontque
quelques millimètres, sont réduites à l'état
d'unemembranetransparente,
soit qu'elles
nesoient constituées
que par la
muquèuse et la sous-muqueuse, soit que les fibres
musculaires qu'elles
contiennent aient été dissociées et raré¬
fiées. Nous voulons attirer aussi
l'attention
surla forme,
l'étendue, que prennent
les lèvres de l'orifice de communica¬
tion dans les grandes
cavités accessoires qui arrivent à égaler
ou dépasser la
grandeur de la vessie. Dans leur extension, une
partie des parois externes
de
cesénormes sacs vient s'accoler
à la partie adjacente
de la surface externe de la vessie et se
soude à elle. Detelle sorte que les
deux cavités, vésicale et
sacculaire, sont séparées par une
cloison, musculeuse à l'in¬
térieur (fibres des
tuniques de la vessie) et recouverte d'un
revêtement muqueux sur ses
deux faces; l'orifice de commu-
nication se trouve au milieu, en général petit, étroit, parfois sphinctérien. Il s'est formé entre les deux cavités une sorte
d'éperon, circulaire, analogue à l'éperon qui se forme dans un
anus contre nature, alors que les deux bouts de l'intestin
deviennentparallèles.
La muqueuse est plissée et infiltrée de cellules embryon¬
naires (Launois, Robelin); la celluleuse est également en voie
de prolifération.
II
Les cellules et diverticules(j) vésicaux, nous venons
de le
voir,forment descavités,
communiquant
avecla vessie
pardes
orifices plus ou moins larges,
parfois même complètement
indépendantes d'elle; leur muqueuse est
toujours altérée;
quand le processus selon
lequel elles progressent arrive à
sondernierstade, périsacculose, elles
forment à la surface exté¬
rieure de la vessie des tumeurs souvent énormes, reliées à
elle par une base de largeur
variable, parfois
par unsimple
pédicule; enfin leurs parois sont
très amincies comparative¬
ment à l'épaisseur de celles de la
vessie
et, parconséquent,
d'une résistance moindre et bien diminuée. Toutes ces parti¬
cularités donnent naissance à des complications dangereuses
que nous allons passer en revue.
Toutes les fois que l'urine n'est pas
éliminée d'une façon
normale etséjourne dans la vessie,
elle occasionne
une con¬gestion de la muqueuse. De là, une
prédisposition,
une sus¬ceptibilité même très grande
à l'inoculation et à l'infection;
infection fréquente d'ailleurs, puisque
le traitement des
rétentions d'urine nécessite des manœuvres souvent septi-
ques, ou qu'une maladie générale ou
locale vient la déter¬
miner. Les parois peu contractiles
des poches vésicales, leur
orifice étroit, sont des causes de
stagnation d'urine à leur
intérieur et de congestion de leurs
parois. Si
nousajoutons
que, dans nombre de cas, elles peuvent
être considérées
(») Pour éviter lamonotonie,nousemploieronsalternativementlesmots:cellules,
diverticules,sac,saccule, loge,poche,pourdésignerlescavités forméesàtraversle
muscle vésicaletàses dépens.
- 16 -
comme des cavités closes, disposition très favorable à la pul-
lulation des germes et à l'excitation de leur
virulence; si
nous ajoutons aussi que l'urine est un bon milieu de culture, oncomprendra qu'il est rare qu'une
poche vésicale échappe à
l'infection. En réalité, les poches vésicales sont presquetou¬
jours le siège d'une inflammation chronique qui amène des suppurations fétides, infectes, interminables,
des ulcérations
et de la gangrène de la muqueuse. Les
ulcérations
peuventmême se produire insidieusement(Mercier).
Une autre conséquence de la stagnation de l'urine est la précipitation de ses sels, des phosphates en particulier, préci¬
pitation d'autant plus active qu'il existe de la cystite ou un noyau de formation, corps étranger, concrétion urique, etc.
Toutela pathogénie des calculs urinaires est là. La poche vési¬
cale sera encore un endroit tout particulièrement prédisposé
pour la formation des calculs. Stagnation urineuse, cystite y
existent; qu'un gravier, chez un lithiasique, descende du rein
etse loge dans une cellule; qu'un petit calcul naisse dans la
vessie etpénètre ensuite dans un diverticule, voilà des noyaux de formation tout trouvés. Du reste, les cas de calcul des poches vésicales sont loin d'être rares relativement.
Une fois logé dans une cellule vésicale, que devient ce calcul? Parfois, il se produit tout autour de lui une forte inflammation, la muqueuse bourgeonne, le collet de la cellule
se rétrécit, ses lèvres se joignent, se soudent et le calcul
devient complètement séparé de la cavité vésicale; c'est ce
qu'on appelle un calcul enkysté. D'autres fois le calcul reste
en rapport avec la cavité vésicale par l'intermédiaire de l'ori¬
fice cellulaire; c'est le calcul enchatonné : complètement
enchatonné quand il est logé tout entier dans la cellule;
moitié enchatonné quand une partie fait relief dans la vessie (calcul mixte); on voit souvent alors au niveau du collet de
la cellule une rainure qui divise le calcul en deux (calcul en
sablier). Il arrive aussi que l'orifice cellulaire est suffisamment large pour que le calcul passe alternativement de la cellule
dans la vessie et vice versa (calcul migrateur). Un jour il
marque sa présence par
divers symptômes, qui disparaissent
quelques jours
après;
oubien, après être demeuré longtemps
inaperçu, son irruption
dans la vessie
estmarquée
par undébut orageux (cas de Tillaux, cas
de Yerhoogen, obs. XXY).
Touscesmodesde lithiasevésicale enaggraventd'autantplus
le pronostic, en ce sens
qu'ils
échappentsouvent à l'investi¬
gation, ou que dàns les
opérations
on ne peutles atteindre
oules saisirentièrement. Mais même après l'enlèvement com¬
plet, ce qu'on arrive à faire
aujourd'hui plus
oumoins aisé¬
mentavec lataille hypogastrique, il n'en reste pas
moins
une complication sérieuse, je veuxparler
dela récidive. En effet,
tant que la poche vésicale subsiste, la cause
prédisposante
à la formation du calcul subsiste aussi. Il peut encore se pro¬
duire de la cystite; un gravier peut encore
pénétrer dans la
loge, et, quelques mois après uneopération, réapparaissent
les signes de la pierre. L'observation
XII de la thèse de Dufour,
due au Dr Bazy, est concluante sur ce point.
Il s'agissait d'un
homme n'ayant pas au senspropredumotune
cellule vésicale;
mais une hypertrophie prostatique avait
donné lieu à la forma¬
tion d'un cul-de-sac en tout comparable à une cellule. En quinze ans, le Dr Bazy lui fit environ dix lithotrities.
Tous les
quinze mois les symptômes de pierre reparaissaient.Et cela,
jusqu'au jour où le calcul s'étantdéfinitivementcantonné dans
sa loge, le Dr Bazy fut obligé, pour l'avoir, de
procéder à la
taille sus-pubienne (voir aussi l'obs. XXV). Une autre
façon
de récidiver se présente pour les calculs mixtes.
La portion
accessible au lithotriteur seule estenlevée et sur la partie qui
reste enclavée dans le collet de la loge viennentse déposer
de
nouvellesincrustations (voir obs. III).
Cystite et calcul, que l'un soit la cause
de l'autre
ouinver¬
sement, déterminent une inflammation très active, une
modi¬
fication profonde de la muqueuse. Cette
inflammation
peut nepas rester toujours localisée à cette dernière.
Elle
progressede proche en proche jusqu'à atteindre les
différentes couches
de lapoche et même les régions et les organes voisins.
De là,
1AMBEHT 2
des abcès des parois vésicales, des péricystites, des phleg¬
mons de la cavité de Retzius, etc. Les ulcérations soit primi¬
tives, soit activées dans leur
évolution
par laprésence des
calculs (cf. obs. V, VI), finissent par
aboutir à la perforation.
Du côté du péritoine, c'est une péritonite aiguë
mortelle la
plupart du temps; ou unepéritonite localisée
avecadhérences,
et pour conséquences des
fistules vésico-intestinales, vésico-
utérines, vésico-cutanées. Dans les autres régions, c'est
l'infil¬
tration d'urine et tous ses dangers. Beaucoup de cas de péricystites aiguës et de péritonites, dit
Englisch,
peuventêtre
attribués à l'existence de cellules vésicales.
Si tant estaussi que l'irritation joue un grand rôle comme
cause déterminante des néoplasies chez les individus prédis¬
posés, soit par une hérédité non douteuse ou un
état particu¬
lier de leur organisme à la production du cancer,
les cellules
et diverticules vésicaux, toujours irrités par les
résidus
d'urine ammoniacale ou les calculs dont ils sont le réceptacle,
devraient être des points d'implantation de
choix des
tumeursvésicales. Dans l'observation d'Hofmokl, que nous donnons, il
est noté que le diverticule contenait des
végétations poly-
peuses; Nicholisch présenta au Congrès d'urologie un cas
de
volumineuse tumeur développée dans une poche vésicale. Il n'y a paslà de quoi baser une opinion ferme.
Mais, à la suite
des études de Fernwick, il est permis d'émettre l'hypothèse
que nombre de tumeurs de la vessie ont pris naissance
dans
une cellule disparue dans la suite par l'envahissement pro¬
gressif du néoplasme. Il y aurait des
recherches à faire
sur ce point, et la présence d'un calcul enchâssé dans une tumeurde
la vessie établirait de fortes présomptions en faveur de cette
donnée étiologique.
Nous avons vu qu'à la suite d'un travail
inflammatoire
etulcératif lent, il se créait des adhérences entre les points
atteints de péricystite et les organes voisins, de sorte
qu'une
perforation avait pour terme desfistules diverses. Mais
sansarriver à la perforation, ces adhérences peuvent se produire,
— 19 —
et d'autant mieux que les cellules
vésicales forment tumeur à
la surface extérieure de la vessie. Le frottement,
dans leur
expansion, de ces tumeurs,à parois généralement congestion¬
nées sinon enflammées, contre l'intestin ou autres organes contigus, donne naissance
à
uneirritation chronique, à
un exsudât, finalement à desnéo-membranes. Outre
que cesadhérences gênent la
vessie
etles
organes,auxquels elles
l'unissent, dansleurs différents
mouvements, elles sont aussi
unecause efficiente de cvstocèles herniaires. Nous en
donnons
plusieurs cas. Enfait,la hernie d'un diverticule de la vessie se
fera d'autant plus aisément
qu'il
seraplus mince de parois,
plusmobile, plus
attaché à l'intestin
oul'épiploon qui fuient
à l'extérieur. Sans doute, la hernie de la
vessie peut être
primitive, comme leveulent Monod et Lagenière
;elle peut
encore, sans qu'il y ait
adhérences,
sefaire
parsimple entraî¬
nement ou poussée de
l'intestin,
commele font croire nos
observations X et XI; elle peut être
due à la traction du
péritoine qui recouvre
parfois le diverticule (Jaboulay et
Villar); mais, avec
Hollander
etGuterbock,
nouspensons que
les adhérences doivent être considérées comme une cause
de
premier ordre.
Nouspublions
l'observation présentée
parJacquet, en 1887,
à la Société d'anatomie, dans laquelle on
voit qu'une poche
vésicaledéveloppéeaux environs
de l'embouchure d'un uretère
avaitcomprimé celui-ci,
causé
sadilatation, de la néphrite et,
en fin decompte,la mort du
malade. Robelin
encite également
un autre fait. Ce sont les seuls cas que nous ayons
trouvés de
phénomènes de compressions
occasionnés
parunepoche vési¬
cale formanttumeur. Mais pourquoi
des troubles
passagers ou permanents du côté des organesdirectement
encontact avec
ces tumeurs, comme par
exemple les vésicules séminales, le
rectum, l'utérus, ne se
manifesteraient-ils
pasdu fait de la
compression de ces
organes?
Enfin, nous noterons^ en
dernier lieu, les accidents qui peu¬
ventprovenir de l'amincissement
des parois de cellules vési-
cales et de leur diminution de résistance. Il prédispose déjà
aux ruptures de la vessie de cause violente. A l'état ordinaire,
sousl'effet dutraumatisme,la vessieseromptdans les pointsoù
ses fibres musculaires s'allongent et s'écartent le plus facile-
lement (Ferraton); si une cellule vésicale existe, presque dépourvue de tunique musculaire, c'est sur elle que se pro¬
duira de préférence la rupture et sous un choc bien moins puissant. Mais la cellule vésicale offre encore une disposition
très favorable aux ruptures spontanées. En 1857, Houël émet¬
taitcette idée et apportait plusieurs observations avecautopsie
à l'appui. Nous citons un cas de Wallis qui confirme parfaite¬
ment la chose. Ilest évident, du reste, qu'une vessie qui résiste
à une pression donnée éclatera sous la même pression ou sous
une pression moindre, due soit à une rétention d'urine, soit à
une injection intra-vésicale trop violente, soit à des efforts de mictions, si sa paroi ou une portion de sa paroi est devenue plus faible.
Cette fragilité de la paroi des poches vésicales, malheureuse¬
ment, trompe aussi parfois l'opérateur. Un instrument, litho- triteur, cathéter, sonde, explorateur, etc., qui d'ordinaire est
mû sans danger à l'intérieur de la cavité de la vessie, peut
tomber dans une cellule vésicale àparois extrêmement minces,
et dans un mouvement, inoffensifautrement,il la perfore. Tel
cas d'un spécialiste, notre maître. Il avait diagnostiqué un calcul chez un malade et lui fit la lithotritie. Au cours del'opé¬
ration, il sentit son lithotriteur abandonner la vessie et fuir dans une cavité à côté. Le soir, une péritonite se déclarait et
le lendemain le malade succombait. Malgré que l'autopsie
n'ait pas été faite, la sensation que nous dit avoir éprouvée le chirurgien ne laissepas de doute sur l'interprétation : l'instru¬
ment était entré dans une cellule et l'avait perforée.
Voilà, rapidement exposées, les différentes complications et
les divers dangers des cellules et diverticules vésicaux. Une questionsepose: Quelleest lafréquence de ces complications?
Sur 105 observations que nous avons recueillies et lues, 19 ne
— 21 —
sont que la
description de pièces anatomiques ou de pièce;s de
musée sans indications sur
les accidents survenus pendant la
vie du malade. Surles
86
autres,nousavons rencontré : 22 fois
la cystite
seule; 42 fois les calculs enchatonnés; 4 fois la
perforation; 2 fois le néoplasme; 5 fois la hernie; 2 fois
la compression
de l'uretère; 5 fois la rupture spontanée,
et 1 fois la perforation en cours
d'opération; sans compter
que nombre
de
cescomplications étaient associées, comme
cystite et
calcul, cystite et péricystite, hernie et calcul, per¬
foration et fistule, etc. Cette
statistique montre d'un côté
queles
phénomènes inflammatoires et les calculs sont les com¬
plications
de la sacculose vésicale de beaucoup les plus fré¬
quentes;
mais elle démontre aussi que les cellules et diverticules
de la vessie, dès
qu'ils ont dépassé le premier stade de leur
évolution, échappent
bien rarement à l'une quelconque de ces
complications.
D'où la nécessité d'un diagnostic aussi précoce
que
possible et d'une intervention utile.
Le diagnostic
fut regardé de tout temps comme très difficile.
Les trois quarts des cas
de cellules vésicales ont été des trou¬
vailles d'autopsie. A
peine si, dans quelques circonstances,
une tuméfaction dans une partie
de l'abdomen variant avec la
réplétion de
la vessie, le palper et la percussion hypogastrique,
le toucher rectal et la palpalion
bimanuelle, certains troubles
de la miction
(évacuation
endeux temps), le caractère des
urines (urines
claires suivies d'émission de pus), quelques pro¬
cédés d'exploration
(Civiale, Mercier, Englisch),mis en œuvre
par desmains
expertes, ont
pufaire reconnaître l'existence de
poches
vésicales du vivant du malade. Tout en laissant à ces
symptômes et
à
cesprocédés, toujours bons à constater et à
employer, leur
valeur intrinsèque, nous poserons ceci en prin¬
cipe. Dès que, pour une
raison quelle qu'elle soit, signes par¬
ticuliers ou symptômes
de quelques-unes des complications
énumérées plus haut, on aura
lieu de songer à la présence de
cellules ou diverticules de la
vessie, qu'on pratique l'examen
cystoscopique. Si
celui-ci,
parle fait de troubles du liquide
urineux(cf. obs.XXVI),
de
spasmede la vessie, ou autres causes,
— 22 —
ne donne aucun résultat, faites de suite la taillehypogastrique.
Cette opération, aujourd'hui bénigne, sera dans certains cas
une opération curative, mais le plus souvent une opération exploratrice d'abord, commel'est la laparotomie dans certaines
affections des viscères abdominaux, qui permettra de voir net¬
tementde quoi il s'agit.
Le corps du délit trouvé, quelle doit être la conduite du chirurgien dans l'intérêt de la survie et de la santé ultérieure
du malade?
III
La première
chose à faire
enprésence d'un malade soup¬
çonné d'avoirune
vessie à cellules, ou reconnu comme tel, est
de rétablir la
perméabilité des voies urinaires antérieures.
C'est làuneindicationde
lapremièreheure, puisque, comme cela
a été bien établi, ce sont
les obstacles
aucours de l'urine qui
occasionnent la distension oula
contraction (Cruveilhier) des
parois
vésicales et, de
cefait, le développement exagéré des
diverticules congénitaux et
la hernie de la muqueuse à travers
les tuniques
musculaires. On commencera donc par traiter
toute lésion reconnue comme
apportant
untrouble sérieux
dansl'évacuationdes urines :
uréthrotomies interne et externe,
dilatation dans les cas de
rétrécissements de l'urètre; son¬
dages réguliers ou
sonde à demeure dans les cas de rétention
d'urine par atonie ou
paralysie de la vessie et dans les cas de
grosse prostate;
prostatectomie pour l'hypertrophie exagérée
deslobes prostatiques;
extraction des corps étrangers et abla¬
tion des tumeurs de l'urètre;
enlèvement des tumeurs de
voisinage;
opération de phimosis, etc.
Cela dit, quelle
était jusqu'à
cestemps derniers la thérapeu¬
tique employée contre
la sacculose vésicale?
Méconnues ou pressenties
seulement par les symptômes de
quelques-unesde leurs
complications, les saccules de la vessie
étaient traitées d'une façon très
incertaine. Tous les efforts
tendaient à la modification des
symptômes vus: on faisait en
sommede la thérapeutique
symptomatique. Contre les cystites
purulentes,
hémorragiques,
onordonnait des lavages et des
njections antiseptiques,
modificatrices: eau boriquée à 4/00,
nitrate d'argentà 2/000, sulfate de cuivre, tanin à 1 ou 2/00; contre lescalculs, on cherchait par les moyens possibles à les
enlever. Depuis le mémoire de Pousson à la Société de chi¬
rurgie en 1885, on préconisa la taille hypogastrique et onla
mit en œuvre pour l'extraction plus facile des calculs encha-
tonnés et pour le nettoyage plus complet de la muqueuse vésicale enflammée. Mais une fois les calculs sortis,une fois la cavité de la vessie détergée, curettée, nettoyée, onrefermaitle
ventre sans toucher à la cellule. On veillait seulement à l'éva¬
cuation bien régulière et souvent répétée de la vessie et on recommandait des lavages antiseptiquespour tâcher dela tenir
à l'abri de toute contagion nouvelle et éviter la stagnation
d'urine. En un mot, on instituait un traitement hygiénique
comme complément du traitement svmptomatique. Souvent, malgré cela, les efforts restaient vains; et, nous l'avons vu en lisant nosobservations, la purulence continuaitoureparaissait,
les calculs récidivaient; le malade arrivait peu à peu à l'épui¬
sement, après une existence de souffrances, et des lésions
graves survenues dans les organes urinaires supérieurs ou des
maladies intercurrentes, greffées sur un organisme débilité et apte à les recevoir, finissaient par l'emporter.
Ces soins d'hygiène urinaire, conservation de la perméabi¬
lité normale des voies d'écoulement de l'urine, évacuation régulière de la vessie, lavages, nous les regardons et les
recommandons pourtant comme un traitement utile dans le début de la sacculose. Une vessie a été sentie à la suite d'une
exploration, à été vue à la suite d'examens cystoscopiques ou d'une opération, comme étant sillonnée de colonnes nom¬
breuses, présentant même des culs-de-sac larges de la
muqueuse, ayant traversé la première couche musculaire;
cette vessie se vide et se contracte bien: il n'y a évidemment
pas lieu de la toucher. Mais cette vessie est sur le point de
devenir pathologique. Une obstruction de l'urètre, une réten¬
tion n'ont qu'à survenir et des saccules peuvent se creuser dans l'épaisseur de ses parois et faire hernie à l'extérieur,
— 25 —
amenant avec elles tout le cortège de leurs
complications.
C'est pourquoi les soins
hygiéniques sont
enquelque sorte le
traitement prophylactique de
la sacculose avancée et dange¬
reuse. Adjoignons-y un
traitement général
enrapport
avecl'orientation de l'organisme. On devra, par
exemple, modifier
par un régime et une
médication spéciale la nutrition d'un
hommequi a eu des coliques
néphrétiques,
arendu des
gra¬viers, ou même présenté déjà des
accidents de pierre;
carsi,
comme nous l'avons dit, les poches vésicales entrent pour une part certaine dans
la production et la récidive des calculs,
l'état général de
l'organisme
a uneinfluence
nonmoins consi¬
dérable. De même pour toutes les
maladies dyscrasiques
oumicrobiennes à marche chronique, la tuberculose
principale¬
ment. Pour cette raison, du reste, cette indication
du traite¬
ment général interne
persistera même après les interventions
plus actives, nées des
progrès de la chirurgie antiseptique et
opératoire, que nous allons
étudier maintenant et qui s'atta¬
quent directement à la
cellule
ou audiverticule vésical.
Au mois de juin l'année
dernière, M. le professeur Pousson,
faisant une taille sus-pubienne chez un
malade
pourlequel il
avait porté le diagnostic de pierre,
mais de pierre insaisissable
avec le lithotriteur, découvrit au cours
de l'opération
unecellule vésicale de la grosseur d'une
noix, renfermant du
puset un petit calcul. Le calcul extrait,
la cavité bien lavée, au
lieu de refermer simplement la vessie,
il résolut de tenter,
avant,l'oblitération de la cellule: ((Jegratte sa
surface interne à
la curette tranchante, dit-il, avec prudence,
sachant combien
estamincie la parois de ces hernies
tuniquaires de la vessie.
Gela fait, saisissantavec une longue
pince à dissection chacune
des lèvres du collet, je les avive l'une
après l'autre, largement,
sans crainte. Mes études antérieures m'ayant montré
combien
elles sont épaisses, je les réunis
à l'aide de trois points
séparésde catgut n° 2. Je termine
l'opération
enmettant une
sonde de Pezzer dans la vessie. )) Cette opération
réussit
parfaitement.