FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1898-1899 N» 88
HrUon à l'Élit fl# Traitement chirurgical
DE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenuepubliquement
le 80 Novembre 1898
PAR
Gustave-2VEa.r*ie—
Louis REVAULT
Né à Douarnenez (Finistère), le 10 mai
1872
Élève duService de Santé de la Marine
l MM. PIÉCHAUD professeur
_ . , , . \ LANELONGUE professeur Examinateurs dela These: pousg()N agrég.
(
PR1NCETEAU agrégé....Le Candidat répondra aux questions qui
lui
serontfaites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
.... Président.
> Juges.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL
CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1898
Faculté «le Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
E'ROFESSEUItS MM. MIGÉ
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
MM.
pl. . . . t PICOT.
Cliniqueinterne
j
pjqq^gnI. . , \ DEMONS.
Clinique externe.. LANELONGUE.
Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Ànatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VJAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
AGRÉGÉS lit K
Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle .. .-
Pharmacie
Matièremédicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo-
^
gifRie
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicaledes maladies dos enfants Chimiebiologique.. .
I<1XI<1U4HGB<1 :
MM.
MORACIIE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
section de médecine(Pathologie interneet Médecinelégale.)
MM. CASSA ET. f MM. Le DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS.
section de chirurgie et accouchements
(MM. BINAUD. | Acc0llchcmenls
)MM. CHAMBRE1
Pathologieexterne BRAQUEHAYE |Acc0ucncraeiu&-,
FIEUX.CHAYANNAZ.
ENT
Anatomie
Physique.
sectiondessciencesanatomiques etphysiologiques
JMM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
CANNIEU.
j
Histoire naturelle BEII.LE.section des sciences physiques
MM. SIGALAS. I Pharmacie M. BART1IE.
€ RIUS COlIPIiVSI 10 N T i B It
Cliniquedes maladies cutanées et syphilitiques Clinique des maladies desvoies urinaires Maladies dularynx, des oreillesetdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conférenced'Hydrologie etMinéralogie
Le Secrétairede la Faculté:
10S :
MM. DUBRIOUII.il POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRELE DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
CARLES.
LEMA1RE.
NT.
Par délibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thèsesqui iuisont présentées doivent être considérées commepropres àleurs auteurs, et qu'elle n'entend leur donner niapprobation niimprobation.
A LA MÉMOIRE DE MON GRAND-PÈRE *
A MA GRAND'MÈRE
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Témoignage d'affection.
V
i
A mon Président de Thèso
MONSIEUR LE DOCTEUR
PIÊCHAUD
PROFESSEUR I)E CLINIQUE CHIRURGICALE INFANTILE A LA
FACULTÉ
DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
C'est en suivant
assidûment la clinique de M. le professeur
Piécliaud que nous avons vu
pour la première fois un sujet
atteint
d'exstrophie complète de la vessie. Ce malade appar¬
tenaitau service de M.
Monod et devait être opéré par M. le
professeur Pousson, auquel nous avons demandé si nous
pouvions choisir comme sujet de thèse le traitement chirur¬
gical de cette infirmité. Avec son approbation, nous avons
entrepris
cemodeste travail, qu'aujourd'hui nous avons
l'honneur de soumettre
à
nosjuges, espérant qu'ils vou¬
drontbien nous
accorder toute leur bienveillance.
Nousavons divisé notre
travail
ensix chapitres, dans les¬
quels nous
traitons successivement de l'anatomie patholo¬
gique,
de Pédologie, des différents procédés opératoires, de la
discussion de ces
procédés, ayant réservé le quatrième cha¬
pitrepour
les observations et présentant nos conclusions
danslesixième.
Nous accomplissons
le premier de nos devoirs en remer¬
ciant M. le professeur
Piécliaud, pour l'honneur qu'il nous
fait en
présidant notre thèse; qu'il nous permette aussi de
lui témoigner
toute notre reconnaissance pour les excellentes
leçons
qu'il
nous adonnées, et l'intérêt qu'il nous a porté
pendant
le trop court séjour que nous avons fait dans son
service.
Nous remercions tout
particulièrement INI. Monod de l'affa¬
bilitéavec
laquelle il
nous a reçudans son service, et nous
prions M. Pousson
d'agréer l'expression de notre gratitude
pourles bons conseils qu'il n'a cessé de nous prodiguer du¬
rant la confectionde notre thèse.
Que tous nos maîtres de la
Faculté,
que tous nos chefs de service dans leshôpitaux
soient assurés de l'excellent sou¬venir que nous conserverons toujours de leurs
précieux
enseignements.M. Le Da-ntec, qui, pendant trois ans, a été pour nousun sageconseiller et un bon
maître,
a droit ici à nos remercie¬ments les plus sincères et à la certitude de notre plus pro¬
fond respect.
Enfin notre ami, M. Graton, nous a rendugrand service en
crayonnantpour nous les dessins originaux publiés à la fin de ce travail. Qu'il veuille bien accepter l'assurance de notre vive amitiéet nos meilleurs
témoignages
de sympathie.CHAPITRE PREMIER
Anatomie
pathologique.
D'après lo Dictionnaire encyclopédique des sciences médi¬
cales,
l'exstrophie de la vessie est
unvice de conformation
congénital de cet
organe,caractérisé par l'absence plus ou
moins prononcée
de
saparoi antérieure et la saillie à l'hypo-
gastre de
la
muqueusequi revêt sa face postérieure.
Hachea divisé cetteanomalie en
plusieurs degrés
:1°Il existeune fente occupant
la partie inférieure de la
paroi
antérieure de la vessie; au-dessous, l'ouverture du
pubis est
modérément large, avec division du clitoris ou de
la verge.
(Observations de Pencliienati, Gosselin, etc.).
2° Le
pubis et la paroi abdominale inférieure ne présentent
rien d'anormal. 11 existe
seulement
unefissure à la partie
supérieure voisine de l'ombilic.
3°Large
écartement du pubis et absence totale de la paroi
antérieure de la vessie
accompagnée d'épispadias. C'est
l'exstrophie
complète.
.4°On remarque
simplement
unesolution de continuité dans
la paroi
abdominale, et la muqueuse vésicule vient faire
hernieentre ces deux
lèvres.
Voulant nous occuper
principalement du traitement de
cette infirmité/ nous en
négligerons l'histoire, persuadé que
nos juges
l'ont lue
avecintérêt dans l'ouvrage à la fois si
savant et si intéressant
de M. le professeur Pousson.
Citons seulement pour
mémoire les Roux, Wood, Le fort.,
Ayres,
Thiersch, Lloyd, Richard, Pozzi, Segond et Pousson
— 10 —
dans la méthode
autoplastique;
lesSonnenburg,
Trende-lenburg, Gerdy, Dupuytren
et Dubois dans la méthode de rapprochement des pubis etd'extirpation
de la vessie; enfin les Simon,Novaro,
Reed, Tuffier,Maydl
et Boari dans la méthode dedérivation du cours des urines.Qu'il nous soit permis de faire maintenant la
description
* de cette affection avant d'en aborder
l'étiologie.
Vessie,
uretères, reins. — Il existe à la partie inférieure del'abdomen,
sur la ligne médiane, une tumeur qui tantôt est située au-dessus du pubis, tantôt,etplus souvent, au niveau de l'écartement delasymphyse,
plus rarement au-dessous.Cette tumeur est formée par la face postérieure de la ves¬
sie, faisant en
quelque
sorte hernie à travers l'orifice de la paroi abdominale. Ason pourtour, elle est nettement déli¬mitée et séparée des parties voisines par une mince bande d'un tissu dont
l'aspect
rappelle celui des cicatrices. Elle fait une saillieplus ou moinsconsidérable suivant les sujetset surtout suivant leur âge.
Chez les enfants au moment de la
naissance,
c'est souvent une cavitéplutôt qu'une sailliequ'on observe. Mais à mesure que le sujet avance en âge, il y a tendance à la formation d'unetumeur,
par projection en avant de la vessie. Cette projection est due à la pression exercée par les anses intes¬tinales;
elle est augmentée pendant les cris, la toux, les efforts de toute espèce. Il se passe là un phénomène tout à fait analogue au refoulement du péritoine dans leshernies,
au niveau d'un point affaibli ou d'une ouverture de la paroi abdominable. « Souvent la tumeur est
réductible,
et la ré-* duction fait entendre un bruitanalogue à celui d'un intestin liernié que l'on refoule dans la cavité abdominale »
(Ja- main).
La muqueuse vésicale exstrophiée est rouge, souvent fon¬
gueuseetsaignant
facilement;
elle est parfois tapissée d'une couche plus ou moins épaisse de mucosités, due en général à l'inflammation provoquée par des urines acides.Les uretères s'ouvrent au sommet de deux papilles ou ma-
- 11 —
melons qui
existent
engénéral vers la partie inférieure de
la tumeur. L'orifice cle cescanaux
est quelquefois assez dif¬
ficile à trouver. Cependant,
souvent,
sousl'influence d'un
effortou de latoux, on voit
sourdre les urines
enplus grande
abondance, à
intervalles
assezréguliers, lorsque l'exstro-
pliié est dans le décubitus dorsal. On a observé des anoma¬
lies dansl'embouchure des
uretères et même dans leur trajet
abdominal, par
exemple leur croisement avant leur ouver¬
ture dans la vessie. On les a vus
présenter
unedilatation
considérable: Deschamps, dans un cas
communiqué en 1789
à l'Académie de chirurgie,
lés
atrouvés du volume de l'in¬
testin grêle. Leurs
parois sont ordinairement épaissies.
Du côté des reins, on a
signalé la dilatation des calices
et du bassinet, etla
persistance de la lobulation avec aspect
mùriforme de ceviscère telle
qu'on l'observe chez le fœtus.
(Observation VIII delà thèse de M. le Dr Vigneau, de Mont¬
pellier).
Ombilic. —Il n'y a,
le plus souvent, aucune trace d'ombi¬
lic.
Quelquefois
ontrouve des vestiges de cette cicatrice.
Elle esttoujours
plus marquée à la partie postérieure qu'en
avant. Quand
la
tumeurs'élève très haut, de telle sorte qu'elle
se confonde avec l'ombilic, il
n'y
a pasd'ouraque. Il existe,
aucontraire, plus ou
moins court, dans les cas où une cer¬
taine distance sépare
l'ombilic de la vessie exstrophiée. Les
artères ombilicales sont
très courtes; la veine, par contre,
estplus
longue qu'à l'état normal, et se confond peu à peu
en avant avec
l'aponévrose profonde des muscles abdomi¬
naux.
Ces muscles eux-mêmes sont,
dans
ungrand nombre de
cas, peu
développés
;parfois ils semblent faire totalement
défaut. La
paroi abdominale est alors réduite à une grande
minceur. On conçoit
la gêne
quepeut apporter cette disposi¬
tion à la confection de lambeaux
autoplastiques convena¬
bles, taillés aux
dépens des parties voisines de la vessie ex¬
strophiée.
Appareil de la génération.
—La verge fait quelquefois to-
— 12 —
talement défaut. Le, plus souvent elle est. rudimentaire et relevée en liaut: elle offre
l'aspect
d'un tubercule terminé par le gland, pourvu d'un prépuce assezdéveloppé
danscer¬tains cas et creusé
supérieurement
en gouttière.- Cette gouttière représente l'urètre. Son extrémité posté¬
rieure se continuedirectementavec la vessie. On y observe
une petite saillie, leverumontanum et l'orifice des canaux
éjaculatcurs,
dont' l'existence n'est pas constante.Le scrotum est presque toujours normal. Les testicules ont tantôtacquis leur complet
développement,
tantôt, et le plus souvent, ilssont de petit volume. Ils peuvent descendre dans les bourses ous'arrêter en chemin, le plus ordinaire¬mentdans les plis inguinaux.
L'exstrophie
vésicalé se complique trèsfréquemment
de herniesinguinales.
Les canaux déférents s'ouvrent dans les vésicules séminales quand celles-ci existent ; autrement, ils vont s'ouvrir directement sur l'urètre. La prostate fait sou¬vent complètementdéfaut.
• Les corps caverneux, insérés à l'ischion, ne se réunissent qu'au niveau du'gland.
; Chez la
femme,
il n'y a en général aucune trace d'urètre;Leclitorispeut manquer, ou bien ses corps caverneux de- -meurent isolés de
chaque
côté de la ligne médiane. Les grandes'lèvresne se rejoignent pasà leur partie supérieure;elles divergent en hauteten avant; entre elles se trouve le*
vagin,
séparé
seulementde. la vessie par un tissu d'aspect muqueux, d'étendue variable, analogue à celui qui forme les petites lèvres, ou par un pont cutané depetit diamètre.Le vagin est fréquemment: bifide; on rencontre- aussida même anomalie du côté de l'utérus. En un mot, chez la femme comme chez l'homme, l'arrêt de
développement
nese borne pas à la vessie; il retentit d'une manière presque constantesur
l'appareil
génital.Bassin,
périnée,
rectum. — Lespubis présentent un écar- tement variable de 2 à 12 centimètres. Lesischionssont aussi plus écartés qu'à l'état normal. Le périnée estélargi.
L'anusest situé un peu
plus avant que d'ordinaire; on l'a même vu
s'ouvrirsur la tumeur.
On
aaussi noté la chute du rectum,
mais il est à
signaler
quele plus souvent le rectum se réduit
après l'intervention.
Autres anomalies. — Des
vices de conformation plus ou
moinséloignés
s'observent fréquemment. Les plus ordinai¬
res sont l'absence
totale
oupartielle des organes génitaux;
les bourses sont
généralement vides, les testicules restant
dans les
plis inguinaux, ou-même dans la cavité abdomi¬
nale. On peut y
ajouter aussi l'acéphalie, l'exomphate, l'im-
perforation de l'anus, la fissure médiane du sacrum ou le
spina-bifida d'un autre point de la colonne vertébrale: voire
mêmele
pied-bot (Obs. XLIII de la thèse de Vigneau).
Démarche. —Elle est, en
général, celle des gens atteints
d'une luxation
congénitale double delà hanche. D'autres fois
elle est plus
compliquée, telle est celle d'un malade de Mont¬
pellier
auquel
sesconcitoyens avaient donné le surnom de
« tortillard ».
••
CHAPITRE II
Etiologie-.
Huxliam regarde la tumeur comme
formée
parl'Qmbilic,
qui
serait placé plus bas
qued'habitude et déformé par suite
du défaut de soins
après la naissance; la vessie, selon lui,
occuperait sa
place normale, et
ceserait
parl'ouraque, divisé
endeux canaux distincts, que
l'urine s'échapperait
aude¬
hors. Cette explication se
serait réfutée d'elle-même si son
auteur avait eu connaissance du
vice de conformation
enquestion.
Buxtorff, ayant reconnu
la nature des orifices urinaires,
admit que la tumeur
était formée par la partie postérieure
de la vessie. Telle fut l'opinion
de Stalpart, Van der Wiel,
Devilleneuve, Bonn, etc.
L'exstrophie de
la vessie est congénitale. Isenfiamm rap¬
porte
cependant l'observation d'un individu de quarante-
cinq ans,
chez lequel Pextroversion ne serait survenue que
dix semaines
après la naissance. .Mais il est difficile d'ad¬
mettre que ce
vice de conformation soit le résultat d'un
accident ou bien soit
développé
parsuite de la non-réunion
des os du
pubis,
commele veut Isenfiamm.
Parmi les anatomistesqui ont
cherché le plus une explica¬
tion de
Fexstrophie de la vessie, Bonn pense que la collec¬
tion de
liquide renfermée dans la vessie et le canal de l'urè¬
tre peut
distendre progressivement le gland et le corps
caverneuxdela verge, et la
prostate
aupoint de produire
l'écartement des pubis. Les
téguments de la verge, étant
- 16 -
amincis et tendus outre mesure, finissent par se déchi¬
rer, de manière à mettre à découvert le fond du canal de l'urètreet les orifices des conduits éjaculateurs. Si, au
contraire, ces parties résistent à la pression et ne se déchi¬
rent pas, alors les ligaments pubiens, soiten entier, soit en
partie, et les téguments depuis cette articulation
jusqu'à l'ombilic,
vaincus par l'effort qui presse sur eux-mêmes, crèvent tous à la fois; par suite de cettedéchirure,
à laquelle prend part la paroi antérieure de la vessie, la paroi posté¬rieure n'étant plus maintenue, est poussée et renversée au
dehors, de manière à ce queles orifices des uretères lais¬
sent coulerl'urine à la surface externe du corps. Bonn a fait des expériences à
l'appui
de sonexplication;
il a reproduit artificiellementl'exstrophie
de la vessie sur le cadavre, imitantles casles plus communs où les pubis sont réunis par un ligament épais, et les cas où il n'existe aucunligament.
Duncan cherche aussi à prouver qu'un obstacle à
l'expul¬
sion de l'urine donne une explication suffisante de l'exstro¬
phie de la vessie.
L'hypothèse
de Bonn pouvait séduire, mais quel crédit pourrions-nous accorder à l'opinion de Roose et de Grève par exemple, qui, attribuant àl'exstrophie
de la vessie uneorigine traumatique, rapportent des faits de violence locale subis par des femmes enceintes occasionnant chez leurs enfants une exstrophie de la vessie?
Vrolik admet que ces vîtes de conformation sont primi¬
tifs et ne doivent pas être attribuésà une altération accidem telle de l'étatdu foetus.
Voicil'opiniondeM. de
Quatrefages,
que nousreproduisonsenentier : « On saitqu'au commencementdelàvieembryon¬
naire et jusqu'à la fin du premier mois, l'abdomen de l'en¬
fant est en quelque sorte appliqué au
chorion,
à l'endroit où sedéveloppera
plus-tard le gâteau placentaire.A cette épo¬que, les parois
abdominales,
à peine sensibles, laissentà nu les rudiments des viscères que cette cavité doit renfermer— 17 —
postérieurement. Or, dès l'instant que l'embryon commence
à s'éloigner de son
premier point détaché,
onvoit, selon
Millier, la vessie
déjà prononcée et formée
par unléger ren¬
flement du canal dontnous avons
parlé.
Onconçoit
que,si
des adhérences se sont formées
pendant le contact de l'em¬
bryon avec ses
membranes, cela pourra entraîner la forma¬
tion de brides attachées aux organes
les plus proéminents,
» L'existence de ces membranes n'est pas une
hypothèse;
M.
Geoffroy-Saint-IIilaire l'a constatée chez un fœtus de six
mois, chez qui,
à plusieurs autres déformations, se joignaient
uu double bec-de-lièvre, ladivision
verticale du sternum,
une ectopie du cœuret d'autres déplacements de viscères dont ce
savant tératologiste trouva
la
causeimmédiate dans ces
adhérences normales.Otto et
Mœckel les ont aussi
reconnuesdans plusieurs
fœtus monstrueux. Au fur et à mesure que
l'embryonse
développe et s'éloigne du point où il était comme
greffé, lesviscères abandonnent la circonférence pour occu¬
per le
point qui leur est assigné,le cordon ombilical remonte,
la vessie s'enfonce dans l'abdomen,
les
organesgénitaux
secomplètent et
seréunissent, les pubis se forment et viennent
clore la partie
inférieure de l'abdomen, dont la paroi est
bientôtcomplétée.par
la réunion deses téguments antérieurs
et des muscles droits. Mais si, en
môme temps
que cesévo¬
lutions cherchent à
s'accomplir, les brides membraneuses persistent, elles opposeront une force d'inertie à cette ten¬
dance active du fœtus; des organes
internes arrêtés dans
leur marche resteront à
l'extérieur, des Assures primitive¬
ment normales
persisteront, de nouvelles mêmes pourront
se former dans cette lutte, et
la force formatrice, enrayée par
ces divers efforts, laissera
incomplets certains organes, ou
liera etsoudera ensemble des
parties
quela nature destinait
à être séparées.
» Telle est la cause
prochaine
quel'on peut considérer
commedonnant naissanceau vice
de conformation qui nous
occupe. Les
brides s'étendant sur tous les organes génito-
urinaires,
l'ombilic est arrêté dans
samarche et fixé à la
Rev.
^
— 18 —
partie inférieurede l'abdomen ; lecorps caverneux, le gland demeurent divisés. Pendant cet arrêt de
développement,
les parois abdominales avancent, joignent la vessie demeuréeen dehors et contractentavec elle des adhérences queplus tard elle ne pourra surmonter. Les pubis, dont la première apparition nedate que du troisième mois,se
développent
et peuvent, si la vessie est trop fixement retenue à la partie inférieure du tronc, passer au-dessus d'elle. Mais ils éprou¬vent aussi l'influence de l'obstacle quise présente; ils restent écartés et leur cartilage
s'allonge
en ligament.Cependant
les organes avancent versleur état définitif. L'anus sesépare
de
l'urètre,
le périnée se prononce; mais, rendu pluslarge
par l'écartement de la
charpente
osseuse du bassin, il a besoin pour ses muscles d'un surcroit de vigueur, afin de résister à la pression des viscèresabdominaux: «Ubi stimulus ubifluocus
».Les artères destinées à nourrir les corps caver¬neux changentde
direction,
ou n'envoientà leur destination normale que de faibles rameaux : nouvelle cause d'arrêt dans ledéveloppement
de ces parties dont la longueur ne devient pas souvent suffisante pour qu'elles puissent se réunir même à leurs extrémités. La fente urétrale s'est for¬mée à la partie inférieure, mais en haut les bridesplacen¬
taires
s'opposent
à cette réunion.En mêmetemps,la fractionenbas et de côté exercée par les pubis sur les corps caver¬
neux, les entraîne et les fixe sous l'urètre, qui reste fendu dans toute sa longueuret laisse à découvert le verumonta- num et les parties adjacentes... »
Selon M. Velpeau,
l'exstrophio
de la vessie ne tient pasuniquement à un arrêt de
développement
: 1° parce que, dans l'état normal, la vessie n'estjamais fendue ni ouverte, pas plus en avantqu'en arrière; 2° parce que le cercle pubien est formé dans son entier avant que la vessie soit apercevable; 3° parce que les organes et les viscères se for¬ment parvégétation ou par
déroulement,
au lieu de croître et de se compléter par un mouvement d'expansion concen¬trique;
4° parce quel'aspect
de fente que la poche urina ire— 19 —
devrait
présenter n'existe jamais; 5° enfin, parce que la
théorie en question
n'a
pourappui
queles analogies dont le
point
de départ
neparaît pas même avoir été constaté. S'il
fallaitabsolument invoquer une
hypothèse, dit M. Velpeau, j'aimerais mieux dire que ce vice dépend d'une altération
soit
pathologique, soit purement physique du bas-ventre,
contractée
pendant la vie embryonnaire. C'est une maladie
ou l'effet d'une maladie
et
non unemonstruosité
:une ulcé¬
ration, une
perforation du pénis
oude l'hypogastre en est le
point
de départ ordinaire. La poche urinaire ne s'altère
qu'en second lieu. Si le fœtus continue à vivre, si l'avorte-
ment n'en résulte pas,
si l'œuf né
setransforme pas en une
môle, les bords de
la vessie détruite s'unissent à la circonfé¬
rence du trou de l'abdomen, ou
du moins à la face posté¬
rieuredece qui reste
de l'hypogastre. La cicatrisation étant
opérée,
onexplique le reste par la nature muqueuse de la
plaque
organique qui tient lieu de la paroi pelvienne ou
abdominale.
On
conçoit ainsi
quel'ombilic puisse être ou n'être pas
compris dans la déperdition de substance ; que les pubis, qui
sont détruits en
pareil
caset
non passimplement écartés
comme on le croit,
puissent être aussi conservés ; enfin, que
la tumeur vésiculepuisse
n'occuper qu'un espace de quel¬
ques lignes
dans certains
cas,et comprendre une partie de
l'hypogastre
dans d'autres.
Actuellement chacun se range
à l'opinion suivante, fort
bien exposée par
M. Le Dentu
: «Les lames ventrales ne se
développent pas,
l'allantoïde qui doit former la vessie n'a
plus sa
paroi antérieure soutenue au niveau du pubis. Il en
résulte que cette
paroi antérieure est réduite à une minceur
extrême et se rompt au
moindre choc. Rien n'indique par
conséquentque
l'on trouvera toujours dans ces cas la vessie
réduite à sa seule paroi
postérieure, puisqu'il n'est- pas
démontré que
l'arrêt de développement des lames ventrales
entraîne l'arrêt de
développement de l'organe vésical lui-
même. »
CHAPITRE III
Différents
procédés employés dans la cure de
l'exstrophie.
TRAI T E M ENT
Lo
principal inconvénient de l'exstrophie de la vessie est,
sans contredit,
l'écoulement constant do l'urine et son con¬
tact avec les
parties voisines. Outre les affections cutanées,
telles
qu'érythèmes, ulcérations qui en résultent, outre les
douleurs vives, les
accès fébriles qui accompagnent parfois
cetteinfirmité et
qui sont dus en gra14.de partie aux frotte¬
mentsincessants
auxquels est exposée la muqueuse vésicale,
les malades sont
exposés à des inflammations microbiennes
ascendantes fatales pour
le rein, et qui amènent inévitable¬
ment la mortà
bref délai. De plus, les malades exhalent une
odeur
repoussante,
nepeuvent s'habiller comme tout le
monde et
deviennent
unobjet de dégoût pour ceux qui les
entourent.
Dans cesconditions,
tout travail leur est impossible, et,
s'ils sont dénués de ressources,
ils mènent une vie misérable
et errante. 11 estdonc
de toute nécessité de donner aux uri¬
nes le réservoir qui
leur manque.
De là, deux
modes de traitement bien distincts : l'un, pure¬
ment
palliatif
ouprolhétique, l'autre, chirurgical.
Nousne
parlerons
quepour mémoire des appareils qui
ontété imaginés pour parer aux inconvénients de l'exstro- phie de la vessie. Qu'ils portent le nom dqJurine
(de Genève)
ou de Bonn (de
Zurich),
ils se composent tous d'une capsules'adaptant
au pourtour de la vessie et se continuant avec untube en caoutchouc
qui
va aboutir à un réservoir situé lelong
de la cuisse.Dans ce
chapitre,
nous résumons les méthodeschirurgi¬
cales
employées
dans la cure radicale dePexstrophie,
maisnousespérons que nos abréviations permettront cependant
au lecteur d'embrasser d'un rapide coup d'œil la question du traitement, telle qu'elle se présente de nos jours.
Voici la classification des procédés que nous
adoptons
: 1° Dérivation du cours desurines;
2° Rapprochement des pubis :
a) mécaniquement; b)
pardisjonction des articulations
sacro-iliaques;
3° Reconstitution
autoplastique
de la paroi ;4° Suture, après dissection des bords del'hiatus vésical, et méthode
autoplastique.
1° Dérivation du cours des urines.
Le sphincter de la vessie n'existe pas, les uretères déver¬
sent constamment les urines sur la surface vésicale à nu; il estjuste de songer à supprimer safonction en faisantpasser les urinesdans le rectum, eten
remplaçant
ainsi le sphinc¬ter vésical par celui de l'intestin. Pour obtenir un pareil ré¬
sultat, plusieurs procédésont été
employés,
qui, s'ils n'ont pas tous étécouronnés desuccès, peuvent cependant guider pour des tentatives nouvelles.A)
Abouchementdes uretèresdans le rectum. — Ce pro¬cédé consiste
(Simon,
deSaint-ThomasHospital)
à profiterdu rapport assez intime qui existe entre les uretères et le rec¬tum au moment où, aprèsavoir
plongé
dans la vessie exstro- phiéevers le petit bassin, ils se réfléchissent pour monter-vers le rein. Pour cette
opération,
ilestindispensable
d'avoirune sonde
particulière (sonde de Simon), dont le canal inté¬
rieur estdivisé sur
toute la longueur en deux comparti¬
ments. Chaque
compartiment renferme un stylet terminé par
une aiguille
dans le chas de laquelle se trouve un fil.
Premier temps. —
Introduire cette sonde dans l'uretère
jusqu'au point prévu du contact du rectum ; à ce moment,
parun
mouvement brusque imprimé aux stylets, perforer
par
leurs pointes le rectum et attirer par l'anus au dehors
une des
extrémités du fil, l'autre étant retirée par l'uretère.
Deuxième temps. —
Un second fil placé de la même façon
perfore
de même les parois à un demi-pouce au-dessous du
premier et les fils sont tirés de la même manière. Les fils du
rectum sont
liés entre
euxet le second fil attiré par l'uretère
entre le
premier
parl'orifice de la seconde ponction. Les pa¬
rois del'uretère
et .du rectum comprises entre deux piqûres
peuvent donc être serrées par l'anse formée au niveau de la
vessie, et sous
cette constriction elles se mortifient. Il en ré¬
sulte unefistule
uretéro-rectale.
Résultats. — Sans
compter les difficultés de ce procédé,
son incertitude
et les dangers auxquels expose cette perfora¬
tion aveugle
de l'uretère et du rectum, les résultats sont peu
satisfaisants, les
fistules s'oblitèrent peu à peu, s'incrustent
des sels calcaires,
et l'opération est à recommencer au bout
de peu
de temps.
B) Fistulisation recto-vésicale. —Au lieu de chercher à
établirune
fistule uretéro-rectale, il était plus simple de son¬
ger
à profiter des rapports intimes du rectum et de la paroi
postérieure de la vessie pour établir une fistule.Les organes
génitaux
existent rarement chez les exstrophiés et souvent
lesvésicules
séminales manquent ou sont atrophiées.
a) La
fistule peut être obtenue au moyen d'un trocard
(Lloyd) qui perfore la cloison recto-vésicale. Par l'orifice ainsi
formé, on
introduit
uncorps étranger qui empêchera la réu¬
nion de la
plaie.
b) On
peut placer une pince spéciale (Holmes) agissant
comme un
entérotome.
- 24 -
c)
Le procédé leplus chirurgical
de fistulisation de la ves¬sie est celui qu'ont
employé
MM.Sonnenburg
et Pousson et queTuffier a favorablement modifié.Premier
temps.
— Inciser, sur 3 centimètres environ,la paroi postérieure de la vessie entre les d'eux uretères jus¬
qu'à
pénétration dans le rectum ;réséquer
la muqueuse vé¬sicale entre les uretères ; suturer la muqueuse rectale à l'embouchure des uretères et à la muqueuse vésicale adja¬
cente. La fistule étant constituée ainsi, introduire dans cha¬
que uretère une sonde qui passe par la fistule et sort par fanus.
Deuxième
temps.
— Disséquer la vessieexstrophiée
et mobiliser ses bords;Troisième
temps.
— Réséquer les partiespériphériques
dela vessie pour n'en garder que ce qui est nécessaire pour recouvrir les uretères et former ainsi une petite cavité
"vésicale;
Quatrième
temps.
— Suturer les bords avivés de la vessie par un double plan de suture et réunir la peauau-devant de la suture. Les sondes sont laissées cinq àsixjours.Résultats. — Ce procédé a donné de bons résultats. Comme
on le voit, la vessie n'est
laissëequ'à
l'étatde vestige, commeorgane de protection, mais sans fonction particulière. Le
sphincter anal remplacecelui de la vessie.
C)
Méthode de dérivation des urines avec abouchement des uretères a la paroi abdominale ; résection de la vessie. — Cette méthode a pour but de profiter del'épispa-
dias pour y aboucher les urelèreset de supprimer la vessie.
Lorsque la vessie est réséquée danssa plus grande étendue,
les uretèressont suturés dans la gouttière creusée à la face
supérieure de la verge
rudimentaire,
puis l'ouverture abdo¬minale est referméeen faisant glisser après
dissection,
dechaque
côté, la peau et le tissu cellulaire sous-cutané (Son¬nenburg).
La cavité étant ainsi
bouchée,
si l'écarteffient des pubis était corrigé, sil'épispadias
était, lui aussi, transformé defaçon que
la
vergedevînt
uncanal fermé, l'opération serait
complète et la restauration aussi parfaite qu'on peut la
souhaiter. La
première partie de cette série opératoire fut
comprise et
exécutée
parGerdy-Dupuytren et Dubois qui
imaginèrent de rapprocher les pubis.
2°
Rapprochement des pubis.
■
a)
Les osdu pubis peuvent être rapprochés par pression
continue
progressive
aumoyen d'une ceinture (Trende-
lenburg)
dontle plein entoure le bassin et dont les extrémités,
se croisant au-devant de
l'abdomen, sont tendues par des
poids de 6 à 8 kilogrammes pendant trois et quatre semaines.
Mais cette ceinture est
difficilement tolérée, des escarres se
forment souvent, et pour peu que
le sujet soit âgé, elle ne
donne aucun résultat.
b)
Lerapprochement peut être fait par disjonction brutale
immédiate des articulations
sacro-iliaques. Malheureuse¬
ment lesligaments
postérieurs sont extrêmement résistants,
-et ce procédé
aussi
nepourrait être employé que chez 'des
enfantsen très bas
âge.(Pousson).
c)
L'antisepsie
apermis à Trendelenburg d'aborder l'arti¬
culation sacro-iliaque
à ciel ouvert: le malade est sur le
ventre; une
incision, parallèle à la symphyse, est faite
directement sur elle; tous
les ligaments sont divisés lente¬
ment
jusqu'à
ce quele sacrum puisse se séparer de l'os
iliaque. Lorsque
cette séparation est faite, par.une pression
brusque sur
les doux crêtes iliaques, les pubis sont rappro¬
chés. Certes, ce
procédé est hardi, mais il est inutile d'insis¬
ter surses dangers à cause
des vaisseaux nombreux de la
région.
Greffe rafide et faciledes
uretères sur l'intestin par
le bouton de M. Boari. —
Qu'il
noussuffise de résumer son
procédé
enrenvoyant le lecteur à sa communication de
janvier
1896 dans les Annales cjénito-urindirês.
Premier
temps.
— Incision abdominale au-dessus de l'arcade crurale.Deuxième
temps.—
Décoller le péritoine et allerjusqu'à
l'uretère que l'on veut greffer.
Troisième
temps.
— Détacher l'uretère avec son sphincter.Quatrième
temps.
— Sortir une anse du côlon, y faire une incision et y introduire la portion largo du bouton, qui se ferme automatiquement en accolant l'uretère à l'intestin.Enfin, pour Boari, les conditions de réussitesont de suivre toujours la voie
extra-péritonéale
et de nejamais opérer
qu'une greffe à la fois. Guérison en dix ou onze jours.3° Méthode
autoplastique.
Il s'agit, par la méthode
autoplastique,
de trouver sur la paroi abdominale ou sur le scrotum, assez de tissu pour recouvrir la paroi postérieure de la vessie, de tellefaçon
que leslambeauxainsi obtenusprésentent
leur faceépidermique
vers la vessie et que leur face cruentée soit en dehors. Il
s'agit de refaire unevessie dont la paroi antérieuresera cons¬
tituée par la peau. Les lambeaux ne recouvriront que la vessie, ou bien ils recouvriront à la fois la vessie et
l'èpispa-
dias.
La vessie seule est recouverte. Les lambeaux destinés à recouvrir la vessie peuvent être à simple plan ou à plans
superposés.
a) Méthode a simple plan. — C'est le procédé deRoux qui
a servi de modèle : obtenir un large tablier pêrinéo-serotal que l'on relève et que l'on suture au pourtour et au-dessus de la vessie, la face
épidermique
tournée vers cet organe.Procédé : faire sur les boursesune incision à concavitésupé¬
rieure intéressant la peau, le dartos, lesphincter externe, la cloison des dartos qui est coupée dans la dissection.
Celambeau est
disséqué jusqu'au-dessous
de la verge. Au- dessus de la vessie pratiquer une incision demi-circulaireà— 27 —
concavité inférieure. Le
lambeau scrotal est rabattu de bas
en haut et suturé aux
lèvres de cette incision.
Dans lelambeau, un
orifice
serapratiqué
pourfaire passer
la verge. Les
urines s'écoulent
parles angles latéraux de la
plaie.
Malheureusement le lambeau ainsi obtenu, malgré
touteson épaisseur
et
sesdimensions, se rétracte bientôt, ne
vit pas
bien et donne dans la suite un mauvais résultat.
b) Méthodea double
plan.
—Le peu de vitalité du lambeau
seul a faitsonger
à le doubler d'un second lambeau qui, se
superposant à lui, augmenterait sa résistance et sa nutrition.
Procédé de Richard:
Premier temps.
—Un lambeau abdo¬
minal carré est
disséqué et
sesdimensions sont telles que,
rabattu, son
bord supérieur arrive à l'union de la vessie et
de l'urètre.
Deuxième temps.—-
Un deuxième lambeau est disséqué sur
le scrotum de la façon
suivante
:Une incision supérieure
contourne lavessie,
longeant le bord latéral, puis l'union du
corps caverneux
droit avec le scrotum. Elle passe sous le
pénis
et remonte à gauche en suivant le même trajet qu'à
droite. Cette incision
intéresse seulement la peau et le tissu
cellulaire sous-cutané. Une
deuxième incision est pratiquée
intéressant toutlebord
inférieur des bourses. Ces deux inci¬
sionsconcentriques
circonscrivent
unlambeau de 4 centimè¬
tres delargeur
à des pédicules de 5 à 7 cent. '1/2 dans les autres
points. Le
lambeau abdominal est rabattu et suturé à la jonc¬
tiondelàcirconférence
vésico-pubienne et de la plaie scrotale,
recouvrant ainsi toute lamuqueuse
vésicale
;la facecruentée
dulambeauregardeen
avant. Le lambeau scrotal est remonté
sur cette face, et il recouvre
ainsi la gouttière de l'urètre.
Résultats. — Ce
procédé laisse de chaque côté des fissures
par
où s'échappent les urines. Nous ne décrirons pas les
procédés
d'Alquié, à lambeaux latéraux rabattus de droite et
de gauche sur
la vessie et recouverts de lambeaux abdomi¬
naux, et de
Holmes, à lambeaux obliques. Le procédé de
Wood est celui qui a
donné les meilleurs résultats et que
presque
tous les chirurgiens ont employé ou modifié.
• Procédé de Wood. — 1° Tailler au-dessus de la vessie un
grand lambeau carré à coins arrondis et suffisamment grand pour pouvoir, une fois rabattu, recouvrir toute la surface vésicale;
2°
Disséquer
deux lambeaux latéraux d'une largeur égale à la longueur du lambeau abdominal et dont les bases adhèrent à l'aine;3° Le lambeau abdominal est rabattu et les lambeaux latéraux sont transportés par glissement sur la surface vive du lambeau
abdominal;
ces deux lambeaux sont suturés sur la ligne médiane. Il estindispensable
pour que ces lambeaux soient résistants que l'on comprenne dans leur épaisseur tout le tissu cellulaire sous-cutanéjusqu'à l'apo¬
névrose.
■ M. le professeur Michel (de
Strasbourg)
a modifiélégère¬
ment ce procédé en recouvrant le lambeau abdominal médian par deux lambeaux latéraux qu'il a fait glisser et qu'il a suturés sur la ligne médiane. Une sonde est placée
sous la partie moyennedu lambeau médian pour permettre le plus facile écoulement de l'urine.
Tous ces procédés à lambeaux peuvent donner d'excellents résultats immédiats, mais, après quelques mois, les lam¬
beaux se rétractent, l'orifice qui persiste au-dessus de la verge sous le lambeau s'agrandit, et bientôt la moitié inférieure de la vessie se trouve de nouveau à découvert, et de nouvelles opérations sont nécessaires pour réparer l'orifice élargi. Le professeur Le Fort a eu le mérite de formuler l'indication capitale du traitement
chirurgical
del'exslrophie
en montrant qu'il fallait surtout s'ingéniera« fermer l'orifice qui se trouve au-dessus du gland ». Qu'il fallait s'attachera guérir
Tépispadias
en mêmetemps
quel'exstropbie
vésicale.Opérations s'adressanta l'exstropiiie etal'épispadias.
— Dans toutes les opérations remplissant ce double but il faut se servir de la peau du prépuce (Le
Fort)
: 1°Disséquer
les téguments de la face inférieure de la verge et former
— 29 -
ainsi un lambeau adhérent
à la base du gland, lambeau
mesurant 3 centimètres
1/2 environ dans tous les sens.
A la base de ce lambeau
faire
uneincision parallèle à
la verge, par
laquelle
onfera passer le gland, et le lambeau
sera alors ramené
par-dessus la
vergesur laquelle il sera
suturé,
recouvrant ainsi la gouttière urétrale ; 2° recouvrir
alors la vessie, soit
immédiatement, soit plus tard (Le Fort),
lorsque le
prépuce,ainsi rabattu, aura repris sa souplesse et
perdu
toute trace d'œdème.
Procédé deRichelot. —Dans un
premier temps, le prépuce
est disséqué comme
précédemment et rabattu sur la gout¬
tière urétrale,
recouvrant ainsi la partie inférieure de la
vessie exstropliiée.
Dans le deuxième temps, procéder immé¬
diatementàla
restauration de la paroi antérieure de la vessie
par le
procédé de Wood, les bords supérieurs des lambeaux
latéraux sont rabattus
et suturés sur la ligne médiane par¬
dessus le lambeau
abdominal médian. L'urine sortait par les
deux orifices. Lorsque
tous les tissus sont consolidés (un ou
deux mois
après l'opération), obturer les orifices par où les
uretèresdéversent
l'urine. Il est plus prudent de les obturer
successivementpar un
avivement des bords et une suture.
Si lasuture
manquait
en unpoint
oudeux, une cautérisation
authermocautère
suffirait à achever la guérison. Il est pos¬
sible enfin de
combiner la méthode Le Fort-Richelot avec
celle deTrendelenburg
modifiée. Trendelenburg disséquait
la vessie pour
la réséquer
;il est plus naturel de la disséquer
pour
la garder, pour se servir d'elle-même afin de recons¬
tituer une cavité
complète. Au lieu de la suturer suivant ses
bords, il est
possible de la rabattre de façon que toute la
partie supérieure, située au-dessus des uretères, vienne
recouvrir le trigone
et l'urètre même pour contribuer à la
restauration du
canal, qui
seraachevée par l'application du
prépuce rabattu. C'est le procédé de M. Segond.
Procédé de M.
Segond
:Premier temps.
—Disséquer la
vessie etla rétrécir sur ses