FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1898-1899 M0 «8
LA
AU COURS DE
L'Hystérectomie abdominale
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement
le2 Décembre
1898Louis-Bernard GAVAZZA
Né à Toulon-.sur-Mer (Var), le 8 Juin 1875
Élève du Service de Santé dela Marine
Examinateurs de la Thèse :<
MM. MASSE professeur Président.
PICOT professeur j SABRAZÈS agrégé.
(
Juges.CHAVANNAZ agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL
GA.SSIGNOL
91 — àtllî PORTE-DI.l1CAUX — 91 189 8
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS,doyen — M. PITRES,
doyen honoraire.
W15O F lïH SE5J85S
MM. MIGÉ \
^jy | Professeurs honoraires.
moussôïïs
.'. '.
Clinique interne
I\IM.
\ PICOT.
I PITRES.
nl. . , \ DEMONS.
Clinique externe
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LANERONGUE.Pathologie et théra¬
peutique générales.
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Thérapeutique
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Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
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MM. CASSAET.
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SABRAZÈS.
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externe]
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Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matièremédicale....
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SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUliS ET PIIYS10I 1MM. PlUNCETEAU | Physiologie
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MM. pac bei i
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Physique
€108! §5S 5& M 1» Si 83.1183 A 'fi'A S 85 Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques
Clinique desmaladiesdes voies
urinaires
Maladies du larynx, des oreilles cldu nez Maladiesmentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
M. BARTHE.
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conférence d'HydrologieetMinéralogie
Le Secrétaire dela Faculté: LEMAlllE.
13S :
MM. DUBREUIR POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBREI DUPOU Y.
PACHON.
CANNIEU.
IA'GRANGE CARRES.
II.
ient.
Pardélibération du 5 août 1879, la Facultéaarrêtéque les opinions émises
dans Ici
Thèsesquiluisontprésentées doivent êtreconsidérées comme propres
à leurs auteurs, et
quAlle n'entend leurdonnerniapprobation ni improbation.
A LA MEMOIRE DE MA CHÈRE MARRAINE
A MA GRAND'MÈRE
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Faible témoignage de ma profonde
affection et de mavive reconnais¬
sance pour leur amour et leurs
sacrifices.
A MA TANTE
A MA SŒUR
A tous ceux que
j'aime
;à tous
ceuxqui m'affectionnent et se sont
intéressés à moi
Jedédie ces modestes pages.
A MESAMIS
A MES CAMARADES
de la Marine et du Corps de
Santé Militaire des Colonies
A MES MAITRES DE LA
FACULTÉ ET DES HOPITAUX
A MES MAITRES DE LA MARINE
TOULON-BORDEAUX
A mes Cousins: MM.
BERNARD CUNEO
INTERNE DES HOPITAUX
PROSECTEUR D'ANATOMIE AUPRÈS LA FACULTÉ DE PARIS
ET
MARIUS CUNEO
AVOCAT A LA COUR D'APPEL DE PARIS
A MONSIEUR LE DOCTEUR BOURRU
DIRECTEUR DUSERVICE DESANTÉDE LA MARINE DIRECTEUR DE h'ÉCOLE PRINCIPALE DE BORDEAUX
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A mon Oncle
MONSIEUR LE DOCTEUR CUNEO
INSPECTEUR GÉNÉRAL DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE PRÉSIDENT DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE SANTÉ
COMMANDEUR DE LA LÉGION D'HONNEIIR ETC., ETC.
AVANT-PROPOS
Nous aurionsvoulu présenter
à
nosjuges
untravail plus
cligne d'eux. Et
c'est à
unsujet de plus longue haleine que
nous nous étions tout d'abord
préparé quand,
parvenu au terme de nosétudesmédicales,l'obligation d'nno thèse inau¬
gurale
s'était imposée à
nous.Notre maître, M. le professeur
Masse, avait appelé notre
attention sur l'intérêt que
présentaient certains côtés de
l'importante
question de l'hystérectomie. Il nous avait mon¬
tré combien il serait attrayant
de
comparerentre elles les
diverses méthodes d'ablationde l'utérusau
point de
vuede
leurs résultatsimmédiats etde leurs
suites éloignées. Nous
nous étionsdéjà
enrichi de conseils auprès de notre maître,
nous avions mis à contribution la
haute science de M. Du-
bourg et fait
ample moisson d'idées précieuses cordialement,
prodiguées,
quand
nous avons crudevoir restreindre le
champ un peu
trop vaste de notre étude, et ne traiter qu'un
point
très particulier de la question.
L'idée du sujet que nous
choisissons aujourd'hui pour
notre thèse inaugurale
appartient à M. le professeur Dé¬
mons. C'est surleconseil de ce
maître éminent
quenous
livrons à l'indulgence
de
nosjuges le résultat de nos re¬
cherches sur la blessure de la vessie au cours
de l'hysté¬
rectomieabdominale.
Mais en
quittant la Faculté de Médecine de Bordeaux, un
devoir bien doux à remplir
s'impose à
nous :celui de remer¬
cier tous nos maîtres, dont les
savantes leçons et les pré-
- 10 —
cieux conseils seront toujours pour nous
le guide le plus
sur.
Nous adressons nos sincères
remercîments à MM. les
pro¬fesseurs Lanelongue et
Boursier, dans les services desquels
nous avons faitun stage
malheureusement trop court. C'est
auprès
de
cesmaîtres
que nous avonsappris à aimer la chi¬
rurgie.
Que M. le
professeur Picot veuille agréer la dédicace de ce
modeste travail, comme le
respectueux témoignage de notre profonde gratitude
pour sesprécieux conseils de clinique
médicale etl'intérêt dont il n'a cessé
de
nousdonner des
preuves.
Nous nous souviendrons toujours du
remarquable ensei¬
gnement
de M. le professeur agrégé Rivière, de son amitié,
de ses cons°ils si bienveillants pour
guider
nospremiers
pasdans l'art de l'obstétrique.
Nous avons beaucoup
d'obligations
enversM. le docteur
Moure. C'est avec un
grand regret
que nousquittons ce
maître affectueux et dévoué. Qu'il
veuille croire à notre bien
vive reconnaissance pour tous
les services qu'il
nous arendus.
Mais notre plus
agréable devoir est celui d'apporter nos
remerciementsà M. leprofesseur
Masse. Jamais
nousn'ou¬
blierons la sympathie
affectueuse et l'intérêt qu'il nous a témoignés.
Nous auronstoujours présents à la mémoire son
enseignement et sesconseils. C'est
ungrand honneur qu'il
nous fait
aujourd'hui d'accepter la présidence de notre
thèse inaugurale.
Qu'il veuille
enagréer la dédicace
commele témoignage de notre
profonde reconnaissance et
de notre inaltérable affection.
INTRODUCTION ET DIVISION DU SUJET
L'hystérectomie abdominale est de plus
enplus pratiquée.
Opération courante pour
les fibromes utérins, quelquefois opposée
aucancer,elle peut être
encorepratiquée
pourdes
onnexites bilatéralesparles
chirurgiens qui préfèrent la voie
abdominaleà la voie vaginale. Comme toute
opération impor¬
tante,
l'hystérectomie abdominale
a sesécueils. Abstraction
faite des accidents infectieux deplus en
plus
rareset le plus
souvent imputables
à
unenégligence dans l'observation des
précautions antiseptiques,
abstraction faite aussi des acci¬
dents
hémorragiques qu'une connaissance plus nette de la
vascularisation de l'utérus et une technique
mieux réglée
rendent de moinsen moins fréquents,
il faut
encorecompter
avecla
possibilité
deblesser les
organesvoisins de l'utérus.
Parmices organes, celui qui
présente
avecl'utérus les
con¬nexions les plus étroites
est certainement la vessie, et c'est
ellequi est le plus souvent
blessée
au coursde l'hystérecto¬
mie abdominale.
A vraidire, cettefréquence
des lésions viscérales est cepen¬
dant toute relative.
L'hystérectomie abdominale, nous le répétons,
est uneopération courante, et cependant
enpar¬
courant la littératuremédicalefrançaise
depuis
cesdernières
années, nous n'avons relevé que bien peu
d'observations.
Nous ne parlons pas
des statistiques étrangères, encore que
nous nous soyons
efforcé d'examiner le plus grand nombre
possible de périodiques
anglais et allemands, l'insuffisance
des moyens dont nous disposons nous
empêche de tabler
sur un relevé les observations
étrangères, relevé qui serait
forcément incomplet. A
quoi faut-il attribuer cette rareté
relativedes blessures de la vessie ? Est-ce une
rareté réelle ?
La blessurede la vessie, souventanodine et
facilement répa¬
rée, est-elle parfois passée sous
silence,
commeaccident
négligeable et sans
intérêt ? Il est difficile de le savoir. Ce qu'il
y ade certain, c'est qu'à l'heure actuelle aucun travail
d'ensemble n'a paru surcette
question.
Nous suivrons dans notreétude l'ordre suivant :
1° Nous commencerons par
rappeler brièvement les
rap¬ports
de la vessie
avecl'utérus normal. Nous insisterons en¬
suite plus
longuement
surles rapports
queprésente la vessie
avec l'utérus
pathologique, c'est-à-dire
avecl'utérus modifié
dans sa forme, son volume, sa situation;
2° Nous étudierons ensuite la
pathogénie de la blessure
vésicale, c'est-à-dire, nouspréciserons la façon dont cet
or¬gane est
ordinairement blessé
au coursdes hystérectomies
; 3° Il nous faudra aborderen troisième lieu lesconséquen¬
ces de cette blessure et sa gravité;
4° Enfin nous terminerons parune étude
thérapeutique. Il
nous faudra étudier successivement :
a)
les moyensd'éviter
la blessure de la vessie;
b)
letraitement immédiat de la bles¬
sure; c)
le traitement des complications plus ou moins tardi¬
ves
qu'elle peut
provoquer.Maisavant d'aborder notre sujet, nous tenons
à faire
re¬marquer que nous aurons
surtout
en vuedans notre étude
l'hystérectomie abdominale totale,
ouPhystérectomie à pédi¬
culeinterne, laissant sinon
entièrement, du moins presque
entièrement de côté,
l'hystérectomie abdominale à pédicule
externequi est de
plus
enplus rarement pratiquée..
CHAPITRE PREMIER
Rapports de l'Utérus et de la Vessie.
Nous envisagerons successivement
les rapports de la
vessie :
1° Avec l'utérus normal ; 2° Avec l'utérus
pathologique.
1° Avec l'utérusnormal.
Nous nerappellerons que
brièvement les rapports qu'affec¬
tent normalement l'utérus et la vessie. Ces deux organes sonten rapport de
contiguité
etunis
par untissu cellulaire
lâche. Ils sontséparés dans
leur partie supérieure
parle cul-
de-sacqueformele
péritoine
enpassant de la face postérieure
de la vessie surla face antérieure de l'utérus. Ce
cul-de-sac
vésico-utérin s'arrête en général à l'union
du tiers supérieur
de l'isthme avecle tiers moyen. Il ne
descend
pas enbas et
en arrièreau delà de la partie
supérieure du col. Son contenu
dépend du degré deréplétion de
la vessie. Il est ordinaire¬
ment vide quand celle-ci est
moyennement dilatée, car elle
refoulealors devant elle les anses d'intestin grêle, et
vient
se mettre en rapportdirect
avecl'utérus. Mais il
enest tout au¬
trement si on considère le« bassin avec la
vessie vide;
un paquet plus ou moins
volumineux d'anses intestinales
descendalors dans le cul-de-sac
précité. Au point de
vuede
sesconnexions, ce cul-de-sac est
facilement décollable, on
- 14 -
peut le
relever
avecle doigt dans
uneétendue assez consi¬
dérable.
Dans leur partie
inférieure, l'utérus et la vessie s'adossent
directement, unis seulement par
du tissu cellulaire lâche
qui permet
de les séparer facilement. En bas, la vessie repose
sur le vagin, et
l'ensemble de la paroi vésicale et de la paroi
vaginale forme
la cloison vésico-vaginale.
Quantaux
adhérences entre la vessie et l'utérus signalées
par
quelques auteurs, notamment
parLuscbka, qui écrit
« en arrière la vessieadhère plus ou
moins
aucol de l'utérus
et auvagin », et
Henle qui décrit entre la' vessie et l'utérus
unfeuillet
aponévrotique ascendant, renforcé
parune lamelle
sagittale, souvent
musculaire, qui part de la paroi postérieure
de lavessie en dedans del'orifice des
uretères et
sefixe
au bord latéral de la moitié inférieure de la portioncervicale de
l'utérus etdu vagin, voicice quenous
rapporte Paul DelbetQ):
« Il y a
là,
eneffet, entre la partie la plus élevée du vagin
et le péritoine, une
lamelle fibreuse qui complète la gaine de
la vessie chez la femme, et.ticnt
lieu d'aponévrose prostato- péritonéale. Mais elle sert de
moyende glissement plutôt que
de moyen
de fixité. Cherchant à déterminer quelles sont les
connexions exactes de la vessie au point de vue
chirurgical,
jen'ai trouvé
cette disposition
qued'une manière toute excep¬
tionnelle. Quand on
cherche à décoller la vessie d'arrière en
avant, voici ce que l'onconstate. Dans quelques
cas,les plus
rares, la vessie adhère
à l'isthme de l'utérus
surla ligne mé¬
diane, et la tentative
de décollement est immédiatement ar¬
rêtée. Dans d'autres cas, plus fréquents, on
peut séparer la
vessie de la partie, la plus
reculée de la face supérieure du
vagin, dans une
étendue de
1à 2 centimètres. Si
oncontinue
alors à enfoncer le doigten suivant la
partie médiane de la
face supérieure du
vagin,
onsépare les deux
organessur la
ligne médiane
jusqu'au niveau du muscle inter-urétéral. La
vessie n'adhère au vagin
chez la femme
quedans l'étendue
(') Paul Delbkt,Anatomic
chirurgicale de la vessie (Th. de Paris, 1895).
— 15 —
où elleadhère à la prostate chez l'homme. Quant
à
l'adhé¬rence qui existesur les
parties latérales, elle
sefait là où
passent lesprolongements de l'aponévrose pubo-vésicale,
c'est-à-dire auxaponévrosesplus
qu'au vagin.
»Nous aurons à utiliserces notions pour
comprendre
toutesles modifications que
l'utérus pathologique apporte
aux rap¬ports qu'il a normalement avec
le réservoir urinaire.
2° Avec l'utérus
pathologique.
Si nous laissons de côtéquelques cas
d'ailleurs exception¬
nelsoù
l'hystérectomie
abdominale estpratiquée
surl'utérus
gravide(opération
dePorro),
nous voyons quecette opéra¬
tion, l'ablation de l'utérus, est ordinairement
exécutée
pourun
fibro-myome et plus rarement
pour unemétro-salpingite
ou un cancer. Nous allons donc examinerquelles
modifica¬
tions ces trois affections peuvent apporter
dans les
con¬nexions normales de l'utérus et de la vessie.
A)
Etat dela vessie dans les fibro-myomesL'influencéqueles fibro-myomes
exercent
surles rapports
de l'utérus et delà vessie varie suivant la modalité anatomi- que de la tumeur. Les fibromes
à évolution
sous-muqueuse qui font saillie dans la cavitéutérine
nemodifient guère les
connexions utéro-vésicales. Il en est de même des fibromes multiples, mais petits,
disséminés dans l'épaisseur du tissu
utérin et qui augmentent le
volume de l'utérus
sanslui im¬
primer de grandes
modifications de forme et de situation
(fibromesinsterstitiels).
Enrevanche, il
enest tout autrement
dans les cas de fibro-myomes
volumineux à évolution péri-
tonéale ou
sous-péritonéale. Sous l'influence de ceux-ci, la
vessie peutêtre
comprimée, déviée
ouélevée.
«) La compression de la vessie est
unphénomène relative¬
ment fréquent au cours
de l'évolution des fibromes de l'uté-
— 16 —
rus. Elle se montre surtout, pour ne pas
dire exclusivement,
dans les cas de flbro-myomes à
évolution pelvienne, qui
s'enclavent dans le bassinau cours
de leur développement.
Elle semontre aussi bienlorsqu'il
s'agit d'un fibrome ayant
son point
de départ dans la paroi postérieure de l'utérus et
logé dans
le cul-de-sac de Douglas
quelorsque le néoplasme
occupela
paroi antérieure. Bien plus, l'examen de quelques
observations nous a amené à cette
constatation
un peu pa¬radoxale queles
phénomènes fonctionnels étaient peut-être
plus
marqués dans les
casde fibromes à évolution pos¬
térieure que
dans les
casde fibromes à évolution anté¬
rieure. Bien que cette
constatation
reposemoins
surdes
examens anatomiquesque sur
l'analyse des troubles fonc¬
tionnels,
peut-être est-il possible de l'expliquer par les con¬
nexions que
présentent dans les deux
casla vessie et la
tumeur. Le fibromeà évolution
postérieure applique
eneffet
largementl'utérus
surla symphyse pubienne, et c'est par
l'intermédiaire de cet utérus aplati
et ayant conservé
ses largesconnexions
avecla vessie
quele fibrome agit sur cet
organe. Au
contraire il arrive fréquemment, au cours des
fibromes à évolution antérieure, que la tumeur se
dévelop¬
pant
lentement décolle la vessie de l'utérus et la rejette laté¬
ralement. Cet organe
échappe ainsi à
unecompression
exagérée.
Au surplus, la
compression vésicale est surtout intéres¬
santeau point de vue
des symptômes qu'elle provoquent
nous n'y
insisterions
pasautrement si elle
neprovoquait
secondairement des modificationsintéressantes pour
l'hysté-
rectomiste. Ces modifications consistent surtout
dans l'aug¬
mentation devolume. Il arrive en effet
parfois
quela vessie, comprimée
Surlaligne médiane contre le pubis, se dilate laté¬
ralement, cequi estrare, ou se
développe au-dessus de la
sym¬physe ce
qui est plus fréquent. Il est donc important de savoir
qu'aucours
d'une laparotomie
pourfibrome chez une malade
ayant eu
des accidents de rétention vésicale par compression,
on est
exposé à rencontrer la vessie, même soigneusement
— 17 -
vidée, remontantassez haut derrière la paroi abdominale.
Hâtons-nous d'ajouter qu'il ne faut pas confondre cette ascension de la vessiederrière la paroi,cette
ascension parié¬
talequi estconsécutive
à
la compression, avecl'ascension
de la vessie sur la face antérieure du fibrome, ascension vis¬
cérale, que nous
étudierons dans
uninstant.
p)
Les déviations
dela vessie
sontdes déviations latérales.
Elles seproduisent dans deux
conditions différentes. Parfois
il s'agit d'un fibromede la face antérieure qui,
pointant
enenavant, vers le pubis, rejette
latéralement le réservoir vési-
cal. Dans d'autres cas, la déviation est
consécutive à
un fibrome développé dans le ligamentlarge. L'utérus est alors
rejeté latéralement et entraînela»vessie
aveclui. Ces dévia¬
tions latérales de la vessie sont assez rares. Au point devue spécial qui nous occupe
elles
sontintéressantes
parce quele
réservoir vésical est exposé
à
êtrepris dans les ligatures
au moment de l'hémostase du ligament large, commedans
une observation de Chaput quenousrelatons plus loin.
y) L'ascension
de la vessie estbeaucoup plus intéressante.
Cette ascension est assez fréquente. On peut
même dire
que dans les grosfibromes àévolution abdominale elle existe
toujours à des degrés divers. La hauteur
à laquelle remonte
ainsi le réservoir vésical est parfois
considérable. Cette
ascension est notée dans nombre d'observations où l'opéra¬
teur insistesur l'étendue du décollementqu'il a
dû pratiquer
pour libérer la face antérieure du
fibrome.Malheureusement
les
chirurgiens,
ne seplaçant
pas aupoint de
vueparticu¬
lier que nous étudions ici, ne nous
donnent
pasde chiffres
précis.
Cette vessie ainsi appliquée sur
la face antérieure du
fibrome se présente sous
les aspects les plus variables. Tan¬
tôt attirée et allongée, elle
affecte la forme d'un cylindre
aplati ; tantôt aplatie, elles'étale
ensurface
surle fibrome.
La
disposition
du péritoine estintéressante à étudier. Le cul-
de-sacutéro-vésical a toujours disparu.
Ca. 2
- 18 -
Le
péritoine vésical
«secontinue sans transition avec celui
qui
revêt la face antérieure de la tumeur (*).'»
On peut se
demander la
causede cette ascension de la
vessie encas de fibro-myomes.
On
nepeut guère
sel'expli¬
quer
qu'en admettant
quela transformation fibromateuse a porté
surla
zonedu tissu utérin en contact avec la vessie.
En sedéveloppant,
cette
zoneentraîne avec elle le réservoir
vésical. En fait, lorsqu'on
examine
avecsoin la vessie ainsi
modifiée dans ses rapports par
le fibrome, il est toujours
facilede serendre compteque
la partie élevée et attirée n'est
jamais
la
zoneouracale, mais toujours la portion normale¬
menten rapport avec
l'utérus. Il existe ainsi une modifica¬
tion
profonde dans la configuration extérieure générale du
réservoir vésical. Son sommet reste
abaissé, et le point cul¬
minantrépond, non
plus à l'insertion de l'ouraque, mais à
la limite postérieure
de la
zone,de contact normal entre
la vessie et l'utérus. Ce que nous avons
appelé tout-à-l"heure
l'ascension viscérale, diffère donc
beaucoup,
commeon le
voit, de l'ascension
pariétale.
B)
Etat de la vessie dansles autres affections de
l'utérus
Au point
de
vuespécial qui
nousoccupe, l'état de la vessie
dansles fibro-myomes
était le plus intéressant à connaître,
leplus
utile à bien mettre
enlumière. La tumeur n'envahit
pas les organes
voisins
;il n'y
aaucun retentissement sur
le
système lymphatique. A part le
casunique de Langerhans,
on ne connaît aucun fait de
généralisation des éléments
myomateux.
Il
enest tout autrement d'autres affections de
l'utérus, dont
l'ablation constitue l'indication thérapeutique.
Certes, tous les
changements de forme et de volume que
subit la matrice ne se
produisent
pas sansentraîner des
(')Labadie-Lagrave et
Legueu, Traite médico-chirurgical de Gynécologie,
1898,p.846.
— 19 —
modifications
profondes dans
les rapports de cet organe avecle réservoir urinaire; mais nous no pouvons qu'indi¬quer seulement
ici les connexions de la vessie
avecl'utérus
cancéreux. L'intervention n'étantautorisée-qu'au cas où-le
cancer est exclusivement localisé au col ou au corps de l'utérus, sans aucune
participation
du tissucellulaire
péri- utérin, nous ne parlerons pasdes modifications
apportéesaux rapports normaux,
puisque
cesmodifications
ne se produisent qu'avecl'envahissement de l'utérus lui-même
etdes organesvoisins par le tissu du
néoplasme.
Deplus, l'ex¬
tirpation par la voie
abdominale, préconisée
parFreund (de Strasbourg),
estaujourd'hui délaissée. Son effroyable
mortalité et les récidives rapides l'ont faite vite
abandonner
de son auteur même et de ses plus
chauds partisans, Rydi-
gieret Schrœder.CHAPITRE II
Pathogénie de la blessure de la Vessie.
Comment lavessieest-elle
lésée
aucoursde Thystérectomie
abdominale? Quelle estla
pathogénie de cette lésion? Telles
sont les questions que nous
devons maintenant nous poser.
Lesconditionsau milieu
desquelles l'accident survient sont
évidemment multiples.
Aussi essaierons-nous seulement
d'établir lemécanisme leplus
général, le plus rationnel de
cette blessure, sa façon
la plus ordinaire de
seproduire.
Nous savons combien sont
profondément modifiés les
rapports
de l'utérus fibromateux avec le réservoir urinaire.
Nous avons vu la vessiecomprimée,
déviée, étalée, altérée
dans sa forme, son volume, sa
position. Considérons le fi¬
brome qui
s'accroît; le péritoine réagit et des tractus fibreux
seforment,
conséquence de
cespoussées de péritonite, qui
créententre l'utérus et les organes
voisins des adhérences
telles qu'il ne
peut être décollé d'avec la vessie que par une
dissection difficile, laborieuse,
pénible, quelquefois impossi¬
ble. Combien peut
être facilement blessé le réservoir uri¬
naire pendant ces manœuvres
très délicates du décollement,
on leconçoit et
la rareté de cet accident étonne tout d'abord.
Oui, l'accident
est
rare,et c'est
envain que nous avons
épluché
les comptes rendus des hystérectomies abdominales
pratiquées à Bordeaux
par nosmaîtres éminents, nous
n'avonstrouvé aucune relationde
blessuredela vessie. Nous
avonseu
cependant
sousles
yeuxplus de trente observa¬
tions de fibro-myomes
utérins
queM. le professeur Lanelon-
— 21 —
gue
opéra
parla voie abdominale,
on yparle bien d'adhéren¬
ces, dedifficultés
opératoires, mais de lésion vésicale il n'est
nullement fait mention. M. le Dr Vitrac a eu
l'extrême obli¬
geance
de faciliter
nosrecherches, qui devaient rester vaines.
Nous avons eu entre les mains toutes les observations
de
M. leprofesseur Démons,
et,
pourqui connaît la pratique de
notre maître, c'est dire sur
combien de comptes rendus d'hystérectomies abdominales s'est étendu notre examen.
Onn'aurait pu
être mieux à l'aise
pourles consulter. M. le
professeur
Binaud
nousavait fait l'honneur de mettre son
cabinet deconsultations à notre disposition, se
prodiguant
pour nousaider
dans notre petite enquête. Nous n'avons
trouvéaucun cas de blessure de la vessie.
M. le professeur
Boursier
nous acommuniqué l'unique
observation que nous ayons pu nous procurer
auprès de
nos maîtres de Bordeaux. L'accident survint dans des
cir¬
constances
exceptionnelles. M. le professeur Boursier avait
dû fairel'opération en
deux temps,
«méthode de section
quelquefois dangereuse
quand l'utérus est attiré
enhaut et
que l'on nepeut saisir
le col (1)».Voici reproduite cette obser¬
vation que nousdevons
à l'obligeance de M. Martin, interne.
Observation I
Laparotomie. Hystérectomie abdominale
totale. Plaie de la
vessie. Mort au quatrièmejour.
MarieC..., quarante-quatreans,
habitant Lesparre, entre le 15
mars1898 à l'hôpital Saint-André.
Diagnostic
:fibrome de l'utérus.
Antécédents fonctionnels. —
Réglée
à quatorzeans,menstruation
régulière,pas douloureuse; pas
de leucorrhée dans les intervalles.
Cinq grossessesde dix-sept à
trente-huit
ans.Elles ont toutes évolué
(fiSociété deGynécologie, d'Obstétrique et de
Paediatrie de Bordeaux.
Compte rendu de la séance du 25 avril 1898 (Gazette
hebdomadaire des
sciences médicales de Bordeaux du28août 1898, no 35, p.418).
régulièrement,
terminées
pardes accouchements
normaux,à terme,
sansforceps,
entraînant
à leursuite
unséjour
aulit qui n'a
pasexcédé
troisà quatrejours.
Antécédentspathologiques. — La
maladie paraît avoir débuté, il
yadeux ans, par unerétention
d'urine
ayantduré vingt-quatre heures et
suivied'oliguriequi s'est
prolongée pendant
un an.Le ventre
agrossi
peuà peu sansque
la malade puisse localiser le point où l'affection
a commencé.Les règles sontrestées ce
qu'elles étaient avant le développement de la
tumeur. Pas de leucorrhée ni d'hydrorrhée.
Maladie actuelle.— La miction est difficile, la malade n'urinebienque dans la stationverticale, encore est-elle obligé
d'aider
à cet actepardes
pressions sur le bas-ventre.(Pas d'albumine dans les urines). Les fonc¬
tions digestivespeu altérées
présentent de la diminution de l'appétit et
uneconstipation marquée. Il
n'existe
pasde dégoût de la viande. L'état
généralest bon. On noteun peud'amaigrissement.
Examenphysique.— Le ventre
est volumineux, globuleux, l'ombilic
plutôt saillant.Il n'existe ni circulation collatérale, ni œdème de la
paroi.A la
palpation,
on trouve unetumeur médiane étendue
enhau¬
teurde l'appendice
xiphoïde
aupubis
; enlargeur elle
mesureenviron
25 centimètres. La consistance estinégale, mollepar place et
nettement
fluctuante ; elleprésente en
d'autres points des
massesplus fermes
sans être dures ni marronnées à contours indécis. Cesmassesvarient duvolume d'un œuf à celui d'une orange, et leur disposition
irrégulière
échappe à ladescription. L'ensemble de la tumeur paraît mobile. Cet
examen ne s'accompagnepas de
douleurs notables.
A la percussion, la matitéest
complète
surtoute l'étendue de la tu¬
meur ; dansles parties déclives
aussi bien
àdroite qu'à gauche,
onretrouve la sonorité intestinale normale.
Le toucher vaginalne donne aucun
renseignement
surl'état de l'uté¬
rus. Celui-ci, en effet,
paraît
trèsélevé dans le bassin. Le toucher le plus
profond n'arrive pas au contact
du col, le doigt contourne toute la paroi
postérieure de
là symphyse
sansl'atteindre. On le devine cependant très
haut et àgauche.
20 mars. Lamalade estréglée.
28 mars. Aprèsles
précautions d'usage, la malade est soumise à
— 23 —
l'anesthésie chloroformique.
Laparotomie médiane. On tombe
sur unetumeurextrêmementvolumineuse,
qui
estd'une consistance très voisine
de lafluctuation,mais dont l'aspect est
celui du fibrome.
L'incision, trop petite, est
agrandie dans les angles de l'appendice xiphoïde
aupubis.
La tumeurse présentesous
la forme de deux lobes, l'un postérieur et
droit,l'autre unpeu à
gauche et
enavant.
Dans un premier temps on
décolle les deux ligaments larges formant
pédicule
vasculaire et
onles saisit à l'aide des pinces de Doyen. On peut
alorssouleverla tumeur que l'on
s'efforce de décapsuler.
On passe alorsun
lien de caoutchouc au-dessous de la masse et une
sondeayantété
placée dans la vessie
pour enconstater la situation, on
trouvecette vessietrès élevéeet trèsintimement
accolée à la face anté¬
rieurede latumeur. Latumeur est alors
sectionnée au-dessus du lien
élastique.
On pratique une
hémostase rapide, puis le lien enlevé, on décortiqua
le restede latumeuret l'on pratique
l'hystérectomie totale.
Àce momentonconstate quela vessie a
été sectionnée
avecla tumeur
surunelongueur de
4
à5 centimètres.
Onfaitune suturetrès patiente
de la
muqueusevésicale, puis de
sa paroimusculaire.Lesvolets péritonéaux provenant de la décortication
sontrabattus et constituentuntroisième plan
de
suturesformant
untoitau-dessus du moignon
vésical
etde la suture vésicale.
Toilettepéritonéale àsec,
suture à trois étages, sonde à demeure,
pansementaseptique.
Suitesopératoires. —
Pouls petit, refroidissement assez marqué, la
maladelongue àse
réveiller
;caféine.
28mars.Température:
37°2, pouls petit, langue assez bonne, l'urine
acoulé très abondamment par la
sonde,
nerenferme
presque pasde
sang; caféine, sérum
artificiel 200
grammes.29mars. Mêmeétat, pas de
vomissement, irrégularités cardiaques ;
caféine, ladigitale n'a puêtre supportée. Température
:matin, 38°8 ;
soir, 37°5 ; sérum artificiel200grammes.
30mars. Mêmeétat, hoquet n'ayantpas
persisté.
31 mars. Quelques
vomissements, température 37°1, pouls très petit
ettrèsirrégulier. La
malade
meurtà quatre heures du matin malgré
les
injections
d'éther etde caféine.
Telle est l'unique
observation
que nous ayons pu nous procurerauprès de
nosmaîtres des hôpitaux. C'est d'autant
plusà l'honneur de la chirurgie bordelaise
quela lésion de
lavessie est souvent bien difficile à éviter. L'étalement de cet organe à la surface
de la
tumeurutérine,
sondéplace¬
ment en hauteur qui le
fait
secouder derrière le pubis et
remonter plusou moins
haut
versl'ombilic sont autant de
dispositions quiplacent le réservoir
sousle couteau.
«Berg-
inann, Thomas Gaillard, Nœggerath, S.
Pozzi ont rencontré
dans certains cas une sorte d'allongement de la vessie
offrantla forme de bissac, le collet decelui-ci plus oumoins
coudé correspondant au point
où la tumeur comprime le
globe vésical contre le
pubis.
Onévacue l'urine
avecla sonde
avant l'opération, et
néanmoins il reste
encoredu liquide
distendant lapoche supérieure,
laquelle
seprésente
aubis¬
touri immédiatementenarrière de la paroi
abdominale,
au- devant de la tumeur(1)
».Parfois, il s'agit d'une véritable
coque
péri-vésicale, constituée
pardes fausses membranes,
quiforment alors, entre la tumeur et la vessie, des adhé¬
rences bien
pénibles
àdétruire.
Surles 67
casréunis
par Jackson de blessures vésicales au cours d'interventions pel¬viennes, beaucoup se sont
produits pendant l'opération de Thystérectomie abdominale.
Observation II
(Duret)
Dans un casde Duret
(2), il s'agissait d'une tumeur dont la forme
étaità peu prèsspliéroïdale et englobait en
quelque
sortela matrice,
quin'apparaissait nulle part. La
vessie, aplatie, avait été attirée
enhaut etrépondaitautiers environ de sa
face antérieure. On dut l'en
séparerpar uneincision
transversale intéressant le feuillet péritonéal.
Ensuite, les doigts du chirurgien décollèrent peu à peu, et non sans
(') Dict. de méd.etchir. pratiques.Article «Vessie »,
1886,
t.XXXIX.
(2) Comptes rendus du Congrès français de chirurgie de 1893, séance
du
4 avril(soir), Observation II de Duret, p. 100.
— 25 —
peine,
la paroi postérieure du réservoir Urinaire, très amincie,
et presque
transparente dans
uneétendue de trois travers de doigt.
Cefutseulementlorsquela vessie
fut complètement détachée qu'on
putpenser que
la tumeur serait pédiculisable dans la profondeur du
bassin.
La blessure de la vessie est donc
parfois bien difficile à
éviterau cours d'une
hystérectomie abdominale.
«Martin a
lésé deux fois sa tunique
musculaire,
unehémorragie en
nappe
s'est produite, qui
anécessité un surjet au cat¬
gut
(*).
»Reproduisons
maintenant-
ceque nous avons trouvé dans
la littérature médicale. Nous
rapporterons d'abord ce cas de
S. Pozzi.
Observation III
(Pozzi)
(Bulletin de la
Société de chirurgie, 18 décembre 1889.)
Enorme corpsfibreux
intra-ligamentaire. Grande plaie
de lavessie suturéeimmédiatement.
M. Pozziprésenteun
énorme fibrome de l'utérus, du poids de 15 livres,
que la malade
portait depuis dix
ans.Des phénomènes de compression
en ont commandé l'ablation,qui a
offert quelques particularités inté¬
ressantes. Elle aprésenté une
certaine difficulté en raison de l'inclusion
dece fibrome dansleligament
large, de
sesadhérences à l'S iliaque et
h la vessie, de la
difficulté qu'on
aeueà le décortiquer et à constituer
un pédicule avec
le col utérin. Durant ces manœuvres, la vessie,
très allongée, a
été déchirée dans
uneétendue de 12 centimètres ; la
plaie aété
réparée
par unedouble suture en surjet au calgut. Les suites
de l'opération ont
été très bénignes; il n'y a eu aucun écoulement
d'urineparla
plaie depuis sept jours
quela malade a été opérée : sonde
à demeurelanuit,
cathétérisme le jour. Aucune fièvre, aucun vomisse-
fi) Pigeonnat, Contributionà
l'étude de la thérapeutique chirurgicale des
gros fibromes del'utérus
(hystérectomie abdominale, méthode rétro-périto-
néale). Thèse de Paris
1896.
— 26 —
ment, étatgénéral parfait. Lamalade est en voie de guérison rapide.
Il était noté ce qui suit: Au huitième jour, la malade, très indocile,
avant enlevéla sonde lanuit, un peud'urine s'est faitjour dans la plaie.
Cettefistulette n'a laissé écouler que peu de liquide et s'était oblitérée spontanément après une cautérisation au thermocautère, quand la malade, guérie, aquitté le service àla fin de
février
1890.Observation IV
(Sohxvartz)
Schwartz
(*)
nousrapporte un casde blessure de vessie
aucours d'une
hystérectomie abdominale,
qui seproduisit dans
des circonstances bien
particulières.
Cette dernière
(opération)
a étésignalée
par un accident assez sin¬gulier et qui me paraît intéressant à vous signaler. Lorsque je voulus
ouvrirle cul-de-sac antérieur, levaginétant fort long, je meguidai sur
une pince courbequej'y introduisais sans y regarder; or, chez cette femme, l'urètre avaitcomme orifice les dimensions de celui du vagin,
etje pénétrai dans la vessie croyant entrer dans le vagin; je m'aperçus
demon erreur dèsquej'eus incisé le réservoir de l'urine, que je
refer¬
mais aussitôtpar quelques sutures au catgut, sans quecela n'aitenrien
entravélaguérison de mon opérée.
Observation Y (Demantké
2)
Joséphine P..., quarante-huitans,blanchisseuse, litnn 9.
Antécédents. — Réglée à quatorze ans, abondamment. Quatreaccou¬
chements normaux. Pas de fausse couche. En1882, souffrant duventre, elle va consulter, et onlui dit qu'ellea une tumeur fibreuse. En 1889,
C) Schwartz, Discussionsurl'hystérectomieparla voie abdomino-vaginale (BulletinsetMémoiresde là Sociétéde Chirurgie de Paris, t. XXI, 1895,
p.402).
(2) Demantké, Del'hystérectomie abdominale pour gros fibromes utérins parle procédéde la ligature élastique perdue (procédé d'Olshausen). (Thèse
de Paris, 1897,p. 50, Obs. XIII.)
— 27 —
elle entreàLariboisière pourdes pertes
abondantes, et
onlui enlève
un polypefibreuxsphacélé. Il
y asix mois, elle fut de
nouveauopérée pour
un polype
(?). Elle rentre
pourdes douleurs rénales et abdominales le
10 octobre 1893.
Etatactuel. — Douleurs expulsives,
douleurs abdominales
encein¬
turetrès vives. On lui constate un utérusvolumineux;
col
mou,dilaté,
etledoigtintroduit dans
la cavité cervicale sent
unfibrome Saillant
dans la cavité utérine. Métrorragies. Ecoulement
d'un liquide séro-
sanguinolent.,Diagnostic : Fibrome à
évolution
sous-muqueuse.Myomectomie.
Incision des parties
latérales du col
;résection de la lèvre antérieure;
morcellementintra-utérin dufibrome, mou,
vasculaire, friable. Curet-
tage : tamponnementàla
gazeiodoformée. Bonnes suites opératoires.
Cependant, on constate
qu'un fibrome du fond et de la partie latérale
gauche de l'utérus
s'accroît
assezrapidement. Tumeur molle donnant
l'idée d'un cysto-fibrome.
En raison de l'accroissement rapide des dou¬
leurs et des métrorragies qui persistent,
quoique
peuabondantes,
M. Bouilly se décide à
intervenir d'une façon plus radicale.
Opération :
14 novembre 1893. IIy stéréotomie abdominale.
—Plan incliné. Opération
laborieuse. Une trompe kystique adhérente à la
corne gauchede
l'utérus
estponctionnée; liquide citrin. L'utérus,fibro¬
mateux, adhérent aux organes
voisins et
enparticulier aux annexes, est
libéréde ses adhérences. Extirpation
des
annexes.Pédiculisation de
l'utérus. Adhérencestrès fortes à la vessie qui
présente
undiverticule
étalésurle/îbrome.
Déchirure de la vessie en la décollant avec les
doigts; huit points
de suture à la soie fixe. L'utérus est ainsi libéré et
pédiculisé. Tube de
caoutchouc maintenu
parune soie; section du
fibrome. Le pédiculeest
laissé à l'extérieur, maintenu par une broche.
Mèche degaze
iodoformée placée
enavant de l'utérus au niveau de la
suturevésicale. Le neuvièmejour,
réduction du pédicule. Au bout de
quinze jours,toute.la
portion mortifiée du pédicule située au-dessus du
tube decaoutchouc est enlevée. Le bourgeonnement se
fait rapidement.
Laguérison est
retardée
par unephegmatia alba dolens du membre in¬
férieur qui dure trois
semaines.
La maladeencore pâle,
mais
enbon état général, quitte 1 hôpital le
G février 1894.
03 SERVATION VI
(DEMANTIvI 1).
MlleSt..., quarante-deux ans, célibataire, grasse, forte,bien consti- tituée, mais extrêmementanémique, du fait de ménorragies qui vont toujours en augmentant et contre lesquelles divers traitements ont échoué. Les ménorragies sont dues à un fibrome utérin dont ledébut appréciableremonte àtrois ans environ et qui, depuis cette époque,a toujours étéen augmentant. Quand je vois la maladepour la première fois, dans le courant de mars 1897, la tumeur remonte à mi-chemin environ entre le pubis eW'ombilic, peut-être un peuplus proche de cette régionque du pubis,elle plonge et descend largementen avant eten bas
versla paroivaginale antérieure. Iln'y a pas de sillon appréciableen¬
tre le pubis et la tumeur quand on déprime les tissus au-dessus de
l'arcade pubienne. Le ventre est devenu sensible et même douloureux
dansces dernierstemps; lamalade ne peutplusmarcher qu'avec peine.
En outre, il y a tousles phénomènes ordinaires de l'anémie, portés à un
degré très accentué. Il n'y a aucun doutesur la nécessité d'enleverce fi¬
bromequi estenvoie d'accroissementetquidonnelieu àdes hémorragies.
La voie seule est àdiscuter ; malgré le volume et la situation favorable
du fibrome,il n'y a pas lieu depenser à la voie vaginale, àcause de
l'étroitessevulvo-vaginale. Je propose l'ablation des annexes par la laparotomie, en tenant compte du caractère purement ménorragique
despertes et de l'âge de la malade, mais en faisant toutes réservessur lapossibilité de faire une hystérectomie au cours de l'opération, si
l'ablationdesannexes paraît difficile ouinsuffisante..
Opération. — Le 10 avril 1898,àla Maison de santé de la rue Blo-
met
(Dr
Bernheim, Dr Jacobs). Dès les premières recherches,il
estfacile
de voir queles annexes nesontpas accessibles; le fibrome estprofondé¬
ment situé danslepetit bassin, et ne peut être mobilisé; les annexes sontsansdoute cachées à saface postérieure; séance tenante, il faut changer deplan opératoire, etpratiquer l'hystérectomie ; l'incision cu¬
tanée est prolongéeen bas presque jusqu'au pubis,et uncoup de ci-
(i) Demantké, Thèse de Paris 1897, Observ. L, communiquée parM. le Dr Bouilly.