FACULTÉ
DEMÉDECINE
ETDE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1B94 - 1895 N° 82.
HERNIES DE LA VESSIE
A TRAVERS L'URÈTHRE
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THESE
POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 5 Juillet 1895
Paul-Joseph VARY dit FARVAGQUE
Né le 13Décembre 1870, à Lorient (Morbihan;.
MM.
Examinateurs de laThèse..
PIÉCHAUD BOURSIER POUSSON V1LLAR
professeur, professeur, agrégé agrégé
Président Juges
Le Candidat répondra à touteslesquestions quilui seront faites sur
les diverses
parties de l'enseignement médical
BORDEAUX
IMPRIMERIE DO MIDI, P.
CASSIGNOL
91, RUE PORTE-DIJEAUX, 91
1895
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M.
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
MICÉ
AZAM Professeurs honoraires
Clinique interne.
Messieurs
j PICOT.
/ PITRES.
.
|
DEMONS.Clinique externe ) LANELONGUE.
Pathologie interne DUPUY.
Pathologie etthérapeutiquegénérales VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire MASSE.
Clinique d'accouchements MOUSSOUS.
Anatomie pathologique COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie généraleet Histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecinelégale MORACHE.
Physique BERGONIE.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle GUILLAUD.
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Matière médicale de NABIAS
Médecine expérimentale FERRE.
Clinique ophtalmologique BADAL.
Clinique des maladies chirurgicalesdes enfants PIÉCHAUD.
Cliniquegynécologique BOURSIER.
AGRÉGÉS EN EXERCICE SECTION DE MEDECINE
Pathologie interneetMédecine légale.
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
Pathologieexterne
MOUSSOUS.
DUBREUILH.
MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
( POUSSON.
DENUCE.
'(
VILLAR.) RIVIÈRE.
') CHAMBRELENT.
SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
Anatomie et Physiologie
| PRINOE1EAU.
Histoire naturelle N.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique SIGALAS.
ChimieetToxicologie DENIGES.
Accouchements.
Pharmacie.
COURS CO M R L_EM S N TA I RES
Clinique int. des enf. MM. MOUSSOUS Cliniquedes maladies
syphilitiqueset cutanées DUBREUILH
Cliniq. des maladiesdes voies urin. POUSSON
Mal.dularynx, des oreillesetdunez MOURE
Maladies mentales...
Pathologieexterne..
Accouchements Chimie
Zoologie
BARTHE.
MM. RÉGIS.
DENUCE RIVIÈRE DENIGÈS BEILLE Le Secrétaire de la Faculté :LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que lesopinions émises dans les Thèses qui lui sont présentées, doivent être considérées comme propres a leurs
auteurs etqu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A MM. LES DRS DURET GUERMOMPREZ & ROGIE
PROFESSEURS DE LA FACULTÉ LIBRE DE LILLE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR. LE DOCTEUR PIÉCHAUD
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
CHIRURGIEN A L'HOPITAL DES ENFANTS
OFFICIER D'ACADÉMIE
Parmi tant de maîtres dont nous avons eu
l'avantage
d'écouter les leçons à
la Faculté de Bordeaux, plusieurs
nous onttémoigné
unintérêt dont
noustenonsà les remercier plus spécialement.
Nos
plus vifs remercîments d'abord à M. le professeur
Piéchaud, pour
l'honneur qu'il
nousfait
enacceptant de présider
notrethèse. Nous lui devions déjà beaucoup
pourles
précieuses notions
que nous avonsacquises, soit dans
son service, soit dans le cours de sesbrillantes cliniques.
Nous vouions dire surtout à M. le
professeur agrégé
Lagrangela vive reconnaissance
que nouslui gardons. Il n'a
pas été
seulement
pour nous unmaître éminent, il
nous aencore
témoigné
unevive sollicitude, il
abien voulu même
nousaccordersa confiance.
Enfin nous ne saurionsoublierMM. les
professeurs Pousson
etDubreuilh, le
premier
àcausedu service qu'il
nous arendu
en nous aidant à écrire notre thèse, le second pour
l'accueil
bienveillant que nous avons
toujours
reçude lui.
HERNIES DE LA VESSIE
A TRAVERS L'URÈTHRE
HISTORIQUE
L'historique de
notresujet
seréduit à fort
peude chose.
On
pourrait
mêmedire
quenotre sujet n'a
pasd'histoire.
Voicicomment
s'exprime le Dictionnaire encyclopédique des
sciencesmédicales:
« La hernie de la vessie à travers l'urèthre n'a encore été en France
l'objet d'aucun travail d'ensemble. L'affec¬
tion est caractérisée par
l'existence dans le canal de l'urè¬
thre ou en avant d'une tumeur, d'unvolume variant de celui
d'un œuf de
pigeon
àcelui d'un œuf de poule, arrondie
ouplissée, parfois d'apparence granuleuse. En arrière d'elle,
sont
quelquefois deux
ouvertureslivrant
passageà l'urine et
aux sondes. Cette tumeur se laisse
généralement réduire
sans difficultés. L'urèthre est
plus
oumoins dilaté
et permetd'introduire le
doigt dans la vessie.
- 12 —
» Trois causes contribuent à
l'engagement
de laparoi
vêsi- cale dans l'urèthrè.» 1° Pression de haut en bas.
» 2° Une certaine laxité de la
paroi
vésicale.y> 3' Un certain
degré de
dilatation de l'urèthrè.» La
pression
est leplus
souventproduite
soit parl'aug¬
mentation de la tension
abdominale,
soit parla répéltion
deFs
iliaque
ou du cœcum, soit parl'utérus.
Ledévelop¬
pement de cette hernie peut-être
graduel
; il peut aussise faire spontanément
quand la
paroi est attirée dans l'urèthrè à la suite d'une tumeurpédiculisée,
ouquand
sousl'influence d'une
chute,
la vessieest entraînée en mêmetemps
que
le vagin
et le rectum. »La hernie de la muqueuse, on le
voit,
n'est même passignalée.
Gosselin,
dans son Traité dechirurgie,
considère l'inver¬sion de la vessie comme extrêmement rare. Il
n'existerait, d'après lui,
que sept casauthentiques d'une pareille
affec¬tion.
L'inversion, ajoute-t-il,
ne se rencontre que chez lafemme.Elle est généralement
partielle,
presquejamais complète.
Boyer (1),
vers la fin du siècledernier, signale
les obser¬vations dela Hoin, de de Haën, de
Solingen,
mais il n'étudiepasquestion.
Les
déplacements
de la vessie n'avaient doncjamais
étél'objet d'une
étudecomplète, lorsque,
en1892,
M. leprofes¬
seurPousson eutl'occasion de voir une
malade,
chezlaquelle
une tumeur
molle,
réductible et bosseléeparaissait
au méat.D'abord assez
perplexe,
ildiagnostiqua
un renversement de la vessie, ayantfait
hernie à travers l'urèthrè.(1) Aoyer. — Traité des maladieschirurgicales,
— 13 —
Le cas l'intéressant, il
chercha
toutesles observations qui
se
rapportaient
àdes faits du même
genre.Il fut étonné d'en
trouver un assez
grand nombre, et
pensaqu'il était possible,
en
analysant
avecsoin
cesobservations, de faire
uneétude
assez
complète,
sur unsujet jusqu'alors négligé.
Après s'être occupé lui-même de la question, M. le profes¬
seur Pousson voulut bien nous engager à
la traiter. Il
nous fournit laplus grande partie de la bibliographie, plusieurs
observations
personnelles, et le meilleur de notre travail.
On peut
diviser toutes les observations
que nous avons récueillies en deuxgrandes classes
:1° Celles
qui relatent des inversions de la vessie;
2° Celles
qui signalent de simples renversements de la
muqueuse
vésicale.
Nous nous bornerons
cependant
àciter les. observations d'après leur ancienneté.
Nous chercherons ensuite àbien montrer la différence des
cas
qu'elles rapportent, à établir la symptomatologie des
deux affectons
qui
nousoccupent, à
endiscuter la patho¬
génie
et àdonner le
moyend'en faire le diagnostic. Nous
examinerons enfin les divers modes de traitement
qu'on
aproposés.
L'observation la
plus ancienne
estcelle de Solingen,
rap¬portée par
Hoin (1), dans
sonTraité cle chirurgie.
Observation de Solingen
Le cas avait été observé par Solingen, en 1676.
Les détails sont
incomplets, mais il s'agit à n'en pasdouter d'un renversement de la
(1) Hoin. — Obscrv. de taulier etinfant chirurgi, p.741.
— u —
muqueuse vésicale. L'auteur, en effet, parle d'un renversement de la membrane interne du col de la vessie par l'orifice externe de l'urèthre:
Ill'aurait guéri parl'emploi d'unebougie particulièretenuesansdoute à demeure.
»
La seconde observation date de 1756. Elle est rapporté par.
de Haen, de Vienne fi).
Observation de De Haen
La malade avait trente-cinq ans. Dix-sept ans auparavant, cette femme avait fait, sur la glace, une chute violente, alors qu'elleétait pesamment chargée. Elle ressentit aussitôt comme quelque chose qui
tombait ducôté desparties génitales. Pendantquatre ans, elleseplaint
degênes passagères. À cette époque, nouvelle chute, douleur violente et bruit dans sonventre. En même temps, sensation de deux corps qui
venaientdes'échapper ensemble du sinuspropre à son sexe. Un chirur¬
gien examinantla malade, viteneffet, qu'il existait à l'entréedu vagin
un corpsdur, ayant le volume d'un œuf de pigeon, et un autre plus petit, mou,etdescendantsur lepremier. Ces deuxtumeurs,non réduites, augmentèrentun peu de volume pendant quatre années.Acetteépoque,
il se forma une nouvelletumeur, placée au devant du vagin, plus haut
quele clitoris, et dont l'évolution s'accompagna de rétention d'urine, d'inflammation etde suppuration. L'abcès s'ouvrit et l'urine s'écoula,
en entraînant une pierre de lagrosseur d'un pois.
Un an etdemi après, nouvelles douleurs et extraction parla malade
(1) Do Haen. — Rativ meadcndi in ncsomicopraticj /.art, t. I, ch. Vil.
elle-mêmed'une autrepierre. Cette pierre, une
fois entraînée, il apparut
aussitôt, àl'endroit d'où elle était sortie, unepetite tumeur rouge,
qui
ressemblait àune vessie, à une poche. Quand la
malade était
auchaud
etqu'elle se reposait,
la
tumeurétait molle, mais si elle bougeait
oubien
si elle avaitfroid, la tumeurdevenait dure. Lamalade
urinait facilement
tant qnecette espèce de tumeur
était affaissée, mais l'urine
necoulait
quegoutte à goutte,tantque
la poche restait dure et gonflée. Outre
cesaccidents du côté des organes génito-urinaires, cette
femme avait
encoreunechutedu rectum. DeHaen, ayantexaminé la
patiente,
ne putrien
établir de certain surla nature de latumeur, mais voici les descriptions qu'il endonne :
« Leplus gros corps était dur, épais,
long de trois
pouces,large de
deux etdemi. Leplus petit était mou,flasque
parfois
etaffaissé. 11 avait
à peineunpouce de diamètre.
Il était placé immédiatement à la partie
antérieure des grandes lèvres et adhérent à
l'autre
corps,auprès d'un
enfoncement qu'il s'était creusé sur cedernier et le
long duquel s'écou¬
lait l'urinequi venait de dessous la petite tumeur.
Je vis,
ausommet de
la plus grosse, l'espèce d'ouverture
oblongue,
parlaquelle la malade
avaittoujours observé que ses règles
Allaient. Il
ensortit
mmgrande
quantité depus. »Lamaladeayant succombé, voici ce quel'on constata à
l'autopsie
: Dilatation énorme del'estomac. Cœcum presque tout entier dans lebassin. Intestin diviséendeux portions: l'unedans la cavité du ventre,
l'autre dans la grosse tumeurpendante aux
parties génitales. L'utérus
et tous ses annexes étaient dans leur situation normale. La vessie
urinaire paraissait manquer. En portant
le doigt derrière la symphise
pubienne, 011 le conduisait dans une poche
placée hors du ventre et
appartenant à la petite tumeur. Lepéritoine tapissait
cesdeux poches
du côtéduventre.Ilyavaitàlapartie
extérieure de la première
tumeur,en avant et en haut, une cavité'proportionnée à
la concavité de la
— 16 —
seconde tumeur quiy était appliquée. Les uretères avaient chacun le volume de la moitié du doigt. Le lait qu'onyinjectait se faisait jour
dans lefond de la cavité creusée sur la grosse tumeur et au-dessous de la petite. On faisait facilement remonter celle-ci dans le bassin, quand
on tiraitvers le haut lepéritoine qui lui était attaché, mais l'endroitpar oùon l'avaitvu sortir nesuivait pas.
D'après de Haen, lors de sa dernière chute, la malade aurait eu un
déchirement des adhérences naturelles du vagin surtout avecle rectum, et on ne peut pas douter, suivantlui, que le malade enfaisant avecvio¬
lence l'extraction de la seconde pierre n'ait déterminé le renversement
complet de la vessie,,'déjà,tombée dans l'urèthre. Le mêmeviscère ren¬
versé de lasorte formait par une de ses portions la petite tumeur qui,
de concert avec l'acrimonie de l'urine, avaitcausé par la compression
sur la grosse l'enfoncement qu'on yremarquait. Mais laportion la plus
considérable de la vessierenversée avait contractédes adhérencesavec la tumeur principale à l'endroit de cette cavité puisque les uretères s'y
trouvaient.
Nous ne citons que pour mémoire le cas de Iloin
(1). Il
nous sèmble assez douteux et ne donne que peu
de détails.
L'observation date de 1768.
Observation de Hoin
« Je connais, dit Hoin, une fille de vingt-cinq ans, habitant Dijon, quiest souvent incommodée de rétention d'urine, et dont la membrane interne du col de la vessie s'échappa l'année dernière par l'orifice
(1) IIoin. —Essaisur les Hernies, p. 34é. Paris, 1768.
externe de l'urèthre Cette tunique renversée formait au
dehors
unetumeur allongée à peu près du
volume
etde la forme de la troisième
phalange dupetit doigt. Elle avait
paruà la suite de violents efforts
quela malade avait
fait
poururiner. Elle resta plusieurs jours dans la
même situation et serétablitd'elle-même àsa placenaturelle. »
Observation de Levret
En 1773,Levret eut
l'occasion de faire l'autopsie d'une femme chez
laquelle
l'antéversion de la vessie avait déterminé
unehernie de toutes
les paroisvésicales.
Cette femme était morte à la suite d'une taille qui
avait étéfaite pourladélivrer
d'une pierre qu'on supposait chatonnée
dans la vessie. On trouvalamatrice située entravers dans le
bassin. Le
museaude tanche appuyait sur le rectum et
le haut de la partie anté¬
rieure de son corps sur le
bas-fond de la vessie faisant
unebosse
audevantde cet organe en yrepoussant ses
tuniques. Cette bosse avait été
prise du vivant de
la malade
pour unepierre enchatonnée qu'on 11e
pouvaittoucheravecla sonde. Levret interrogea les assistants. Il apprit
que la malade en
question était âgée de trente
ans,qu'elle n'avait
jamais étébien
réglée
etn'avait jamais
eud'enfants. Dix
ansauparavant,
elleavaitfait uneviolente chutesurles genoux. Depuis elle se
plaignait
d'urinertrès difficilement. Elle souffraitpour aller à la selle.
Plusieurs
fois on l'avait cru enceinte. C'étaient seulement des douleurs qu'elle
ressentait danslebas-ventre, surtout quand elle étaitdebout,
qui avaient
été prisespourles symptômes
de la
grossesse.L'attention de Levret étaitattirée sur ces
faits; il
eutl'occa¬
sion dans la suite d'observer deux cas
analogues dans les-
quels
unedépression
du bas-fond de la vessie futprise
pour des calculs pardes
confrèrescependant
fortexpérimentés.
Observation de Percy (1).
Une des observations les
plus intéressantes
et lesplus complètes d'inversion
delà vessie est celle dePercy. Elle
remonte au siècle dernier.
Une abbesse, âgée de cinquante-deuxans, d'uu embonpoint excessif
et sujetteà une toux habituelle, commença en 1785 à ressentir des diffi¬
cultés pour uriner et une vive douleur à la région du pubis. Ces dou¬
leurs durèrent plusieurs semaines. Après quelques mois de calme, ces accidents reparurent et la dysurie se changea tout à coup en une
ischurie parfaite. Un chirurgien sonda la malade avec
beaucoup
de peine etneluitira que trèspeu d'urine. Pourtantla malade n'avait pas uriné depuisprès de sixheures. Elle apprit à se servir elle-même de la sonde etpendant deux ans elle se soulagea seule toutes les fois qu'elleressentitleretour de l'ischurie. Souvent il lui suffit de secoucher surle dos les cuisses unpeu fléchies pour urineravec facilité. Elle s'aperce¬
vait alors d'un mouvementparticulier dans larégion de lavessie. Après
ce mouvement, elle était sûre de sentir les urines s'écouler. Lorsque
ce mouvement n'avait point lieu, elle recourait à la sonde et faisait rentrer une petite tumeur molle de la grosseur d'une noisette. Tantque la tumeur ne rentrait pas, les douleurs étaient très aiguës, mais dès qu'elle étaitrentrée, la vessiesevidaitet le calme renaissait. Ilest arrivé
(1) Peucy. — In Traité des maladieschirurgicales, do Bover,t. IX,p. 86.
— 19 —
plusieurs foisque la
rentrée subite de la tumeur
arendu inutile l'usage
de lasonde. Lesurines s'écoulaientaussitôt,mais le plus souvent
l'usage
de lasonde achevait de la pousser endedans, et
alors la malade urinait
sans difficulté.
M. Percya vu cette malade
dans le
temps oùla tumeur sortie du
méat urinaireempêchait depuis douze
heures
toutécoulement d'urine.
Cette tumeur paraissait en dehors, comme une masse
de chair, du
volume d'un œuf depigeon. Elle était rouge,
inégalement boursoufflée,
sillonnée en travers, assez résistanteet médiocrement sensible.
On
pou¬vait juger à sa fermeté,à ses rugosités
transversales, à
sonélasticité
quec'était une poche formée par une portion
de la vessie. Cette poche
rentraitd'elle-même, oubien lorsqu'elle était repousséepar
le doigt
ou parla sonde. M.Percy apprit de lamalade,
que toutesles fois qu'elle
aeule courage desouffrir pendant vingt-quatre
heures les effets de la
rétentiond'urine, la rentréede cette tumeursepréparaitpeuà peu, puis
s'achevait toutà coup avec bruit et qu'ensuite les
urines s'écoulaient
involontairement avecplusou moins d'abondance, M. Percy
regarda la
tumeurcommeleproduit d'une pivcidence, d'un renversementou
d'une
introversion des parois du fond ou du sommet de la vessie
dans
l'urèthre, procidence déterminée par la gravitation, la
pression des
intestins etlessecousses de latoux. Il pensa quel'urine parvenue dans
la vessie, s'accumulaità lalongueet déployantles parois de ce viscère,
devaitrappeleren dedansfa fumeur, l'effacer,et délivrer
ainsi l'urèthre
de l'espècede bouchon qui l'empêchait de donner issue à ce
liquide.
Pour s'assurer encore mieux de la nature de cette tumeur, il la palpa quelques instants avant de la faire rentrer. Ayant ensuite tenté
de
laréduire, il la sentit s'échapper de dessous ses doigts comme
si
une force cachée l'eût attirée en dedans de la vessie. Elle ne fut pas plutôt rentrée, que l'urines'échappaà flotsetavec un sifflement, cequi mit
fin aux douleursde lamalade. Il lui conseilla de tenir dans la vessie
— 20 —
une sonde en gomme élastique longue detrois pouces, de cinq lignesde diamètre et suffisamment assujettieau dehors. Cette abbesse suivit ce
conseiletne futplus exposée à cette tumeur qu'une seule fois. Ayant
voulu se mettre à genoux, la sonde chassée de l'urèthre laissa sortir, maispourun instant, une portion de la vessie. Une tumeurfongueuse
néedu fond du cul-de-sac de la vessieetqui seprésenteraitenpartiehors
de l'urèthre, pourrait offrir quelque ressemblance avec la maladie qui
vientd'être décrite; maispour peuqu'on examine l'ensembledesphéno¬
mènesproduits par l'une et parl'autre, on sera à l'abri de toute erreur de diagnostic.
Nous avons cité au début de ce travail
quelques lignes
du Dictionnaire dechirurgie
consacrées à ladescription
som¬maire des hernies de la vessie à travers l'urèthre. « Il est à
peine
besoind'ajouter,
disait ledictionnaire, qu'une pareille
affection n'ajamais
étésignalée
chez l'homme. » La lon¬gueur de
l'urèthre,
l'étroitesse de sondiamètrechezl'homme, empêchent
évidemment la vessie de venir, comme chez lafemme,
faire saillie à l'extérieur et se présentersousl'aspect
d'une tumeur
rouge
framboisée
leplus
souvent réductible.Mais la vessie peut aussi chez l'homme faire une sorte de
hernie;
hernieincomplète
si l'on veut, danslaquelle
laparoi postérieure de la vessie peut, pressée par
les
intestinsou les matières fécales
durcies,
venirs'appliquer
sur le col de la vessie et enimposer parfois
pour unepierre.
Dans cecas, les symptômes du renversement de la vessie sont à peu près
identiques
aux symptômes de lapierre.
— 21 —
Observation de Foubert (1)
Foubert futunjourappelé parun
ancien officier qui avait
uneréten¬
tiond'urineà laquelle ilétaitsujet
depuis plusieurs années. Il lui retira
parla sonde plusieurs
pintes d'urine, et malgré tous les soins
quelui
pratiquacet
habile chirurgien, il mourut quelques jours après.
A l'autopsie, Foubert découvritque
la vessie formait, dans
sapartie
supérieureet
postérieure,
unenfoncement
enforme de cône. Les parois
decette pocheurinaire se
portaient
endedans. Une portion de l'iléon,
d'un demipied environde longueur,se trouva
logée dans cet enfonce¬
ment, eten ouvrant lavessie, il reconnutque la
pointe du cône s'avan¬
çaitjusqu'à soncol, ce
qui
enavait imposé
pour unepierre
aux:chirur¬
giensquiavaient
sondé le malade.
Boyer cite
encoreuneautre inversion de la vessie, observée
par
Rutty, chez
unhomme de cinquante
ans.Observation de Rutty (2)
Cethomme avaitdans la vessiedessymptômesde pierre. On
le sonda,
eton futpersuadéqu'il avait
réellement
unepierre. Après
samort
on s'aperçutde l'erreur. Lavessie
necontenait
aucuncorpsétranger. La
duretéqu'onyavaitsentie avecla sonde
dépendait d'un
amasd'excré¬
ments durcis dans le cœcum, qui avaient distendu cet
intestin et
(1)Foubert. — In Traitédesmaladieschirurgicales, de Boyer.
(2) Rutty.— In Traité des maladieschirurgicales, de Boyer.
— 22 —
l'avaientpoussé contrela vessie, do sorte que leur pression sur le fond deceviscère causait les symptômes qui simulaientles symptômes de la pierre.
L'inversion de la vessie a souvent ôîé confondue avec la
pierre
;c'est
undes points
surlesquels
nousinsisterons
à proposdu diagnostic.
Observation de Levret (1)
Levret a vufaire à unefemmel'opérationde la taille, dans le but de la délivrer d'une pierre quel'on croyait enchatonnée dans lavessie. Eile avait laplupart des symptômes des pierreux. L'opération montra qu'il n'y avaitpas de pierre dansla vessie. Le corps qu'on avait sentiavec la soude, était la matrice inclinée enavant, et qui avait enfoncé la partie postérieureetinférieurede lavessie, de manière à faire une bosse en
dedans de ceviscère.
Les observations suivantes
qui
sontplus
récentes, sontplus complètes
etplus instructives.
Observation de Patron (2 .
Mlle ThérèseD..., quatorze ans, detempérament bilieux etde consti¬
tution robuste, n'a eu dans son enfancequela rougeole, une coqueluche
grave, plus unechute qu'elle fit des bras de sa mère. Ily a deux ans,
(1)Levret. — In Traitédes maladieschirurgicales, de Boyer.
(2) Patron.— Archives demédecine, 1857, série V. p. 689.
— 23 —
elle commença à souffrir
d'une difficulté d'uriner
;la miction était fré¬
quente, et en petite
quantité, elle
ne sefaisait jamais d'une manière
continue. Lejets'interrompait souvent pour
reprendre de
nouveauquel¬
ques secondes après.
En plusieurs occasions elle
arendu quelques gout¬
tesdesang. Cettetille éprouvait auméatune
démangeaison incommode
enurinant; surtout quand elle avaitmarché plusque
d'habitude, il lui
survenaitunedouleurassez vive auflanc droit. Cette douleur s'étendait
bientôt auxdeux régionslombaires. Ilyavait plus
d'un
an que cetétat
latourmentait, lorsqu'un jourenrendant sesurinesavec
les souffrances
habituelles, elle vit apparaître entre les grandes
lèvres,
unetumeur
rouge de lagrosseurd'un cœur
de poule
tout auplus, qui gênait consi¬
dérablement l'émission urinaire. Deux heures aprèsla sortie, la tumeur disparaît spontanément. Dans
l'espace d'un mois, cette tumeur sortit à
trois ou quatrereprises, et chacune de ces
sorties s'accompagna de diffi¬
cultés poururiner, de frissons et de
fièvre,
touscesphénomènes cessant
après sa réduction spontanée.Les
symptômesdouloureux allant
ens'aggravantàchaque issue
de
latumeur,Patron fut appelé et fit,
au coursd'une decescrisesplusviolentequeles autres,
les constatations suivantes
:<( Jetrouveentrelesgrandes lèvres auniveaudu méat
urinaire' qu'elle
cache par saprésence, une tumeur
globulaire de la
grosseurd'une noix,
d'unrougefoncé, saignante, lisseà sa surface et
veloutée, semblable
parsonaspectà unehémorrhoïde interne
enflée. Elle
estrésistante
autou¬
cher, semi-transparente, et peutse flétrir
quand
onla
presse.En conti¬
nuantlestentatives deréduction onlafaisait complètement rentrerdans
la vessiesans causer detrop vivesdouleurs. La tumeurune
fois .réduite
j'introduisunesonde qui donneissue
àunegrande quantité d'urine, la
maladen'ayantpas urinétoute la nuit. »
Patronn'ayant rien trouvédans la vessie,
diagnostiqua
un renverse¬ment dela muqueusevësicale, et
prescrivit des lotions astringentes et
des onctions belladonées. Cetraitementn'amenaaucun soulagement.La
— 24- —
tumeur arrivaà sortirà presque toutes les mictions. Ilen résultait de
grandes difficultés, dans l'émission des urines etdes douleurs intenses.
L'étatgénéral devint même grave.
Patron ayantexaminé plus complètement samalade, résume ainsi ce nouvelexamen :
« Je trouvaisenladéjetantd'un côté qu'elle était pédiculéeet que son
pédicule était entouré par le méat urinaire dont il occupait le centre.
L'on pouvait facilement passer unesonde de femmeentreles parois du
canal etleprolongement d'origine de latumeur. Cette sonde parvenait
sans obstacleau col vésical, etl'on pouvait aisément lui faire parcourir
toute la circonférence du pédicule et danstoutel'étendue du canal, sans quelien nel'arrêtât. En introduisant un styletboutonné dans le vagin pendant quela sonde étaitdans l'urèthre, la tumeur étantréduite par¬
fois, étant sortie d'autres fois, jene pus rien découvrir d'anormal dans
ce conduitetjerestai persuadé de l'exactitude de mon diagnostic. J'en
conclusquela tumeur avaitun long pédicule n'adhérantà aucun point
des parois uréthrales et qu'il prenait origine dans l'intérieur de la
vessie. »
Après avoir conseillé à la malade de se sonder et de repousser la
tumeuravec la sonde toutes les fois qu'elle voudraituriner ; après avoir essayédes cautérisationsdu col au nitrate d'argent, comme une amélio¬
ration nes'était pas manifestéeet quel'état de la malade s'aggravait, à la suite de céphalalgies, d'accès de fièvre, de douleurs lombaires, Patron
sedécida à entourer le pédiculeà l'aide d'un nœudtrès serréqui amena
la mortification des tissus. La malade fut guérie, neconservant de son ancienne maladie qu'un canal plus large et le souvenir de ses souf¬
frances.
- 25 -
Observation de Lowe (1)
« Lecas suivant, dit Lowe, me paraît valoir la peine d'être rapporté
surtout à cause de l'intervention et des résultats excellents qu'elle a donnés. M... A... H... estâgée de deuxansetdemi, c'estunejolie
enfant
bienportante, mais trèsnerveuse.Elle a été
admise
àl'hôpital de Norfolk
andLind, le 10 nov 1859. Al'examen on trouve une tumeur d'aspect vasculaire, du volume d'une grosse noix et qui siégeaiten avant des
grosses lèvres. Quand la petite malade
criait, la
tumeurdevenait plus
rouge et augmentait de volume d'une manière
considérable. En
même apparaissait un jet d'urine. Un examenattentif
nousfit voir
quela
masse siégeait à l'orifice de l'urèthre. L'indexput même entrer
facile¬
ment dans la vessie. Je n'eus donc aucune peine à diagnostiquer une inversion de la vessie.
L'interrogatoire delà mère nous appritquela
fillette avait
étésujette
depuis sanaissance àl'incontinence d'urine. Deux
outrois jours après
sa naissance, on avait observé unepetite masse qui sortait quand l'en¬
fant criaitoufaisaitquelque effort. Chaque effort étaitaccompagnéd'un jet d'urine. Cette incontinence
mettait l'enfant dans
unétatpitoyable.
Les cuisses etla vulve étaient toutexcoriées. La vulvemême était tumé¬
fiée, indurée, couverte depustules nombreuses. Jusqu'à l'âge de deux
ans latumeur étaittoujours rentrée aussi facilement qu'elle était sortie.
Mais dernièrementellene seréduisitplus et restatoujours plus oumoins procidente.
Après avoir songé aux divers moyens qui
pouvaient m'offrir des
chancesd'améliorerunesituation aussidéplorable, je résolus de recourir
Lowe. — TheLancet, 8 mars 1862.
V. 4
àla cautérisation qui mesemblait être le meilleur moyen de rétrécir le canal del'urèthre et
d'empêcher
ainsi la hernie de la vessie.En conséquence, après avoir chloroformé la malade, je refoulais la vessie dans le bassinetje la maintenais avecdeux stylets qui servaient à écarter lesbordsducanalde l'urèthre. Unpetit cathéterrecourbé muni d'une boule à sonextrémité et que j'avais fait construire tout exprès auparavantfut introduitet laissé à demeure dans la vessie. La malade fut alors portée à son lit. Aucun symptôme général ne s'en suivit,
mais l'entant éprouvait une très vivedouleurau passagedel'urine.
Le 17 novembre, unlambeau de tissu mortifié se détacha, la malade pouvait retenir quatreonces d'urine, quand elle était dans le décubitus dorsal.
Le 1er décembre, le cathéterayant été enlevé on le trouve recouvert d'une épaisse couche dephosphate dechaux. Lecanal de l'urèthre s'était sensiblement rétréci. Au bout d'unmois, pendantlequel ily avaiteu un suintement presque continuel d'urine, l'enfant pouvait par moment garder plusieurs onces d'urine. On fit alors une seconde cautérisation,
lamême améliorationmanifeste s'en suivit. L'enfant devintpluspropre.
Elleput être mieux tenue. Les excoriations disparurent presque com¬
plètement, les pustules guérirent.
La cautérisation fut faite encoretrois fois àde longs intervalles (cinq
cautérisations en tout). L'urèthre diminua
beaucoup
de calibre. Il nepouvait plus admettre qu'une sonden°4.
L'urine s'échappait seulement quand l'enfant pleurait ouse débattait.
Après avoir été en traitementpendantonzemois l'enfant partit. Durant
les derniers temps deson séjour à l'hôpital elle n'était d'ailleurs plus
malade. J'ai su depuisqu'elle continuaità se bien porter,etqu'ilnereste
plus lamoindre apparence de prolapsus de la vessie.
En même
temps qu'il donne
les détails sicomplets
surla
— 27 —
manière dont il intervint, Lowe
signale les difficultés de diagnostic qui peuvent
seprésenter. Il cite
un casdu même
genre que
le sien, qui aurait été mal interprété
parle méde¬
cin dont l'intervention aurait été funeste au malade
si
Crosse n'était venu, par
hasard, éclairer le diagnostic.
La malade était âgée
de trois
ans.Elle portait
unetumeur
sur
laquelle
unchirurgien
sedisposait à
poser uneligature quand Crosse, qui
setrouvait présent à l'opération, découvrit
une ouverture
qu'il
pensade suite être l'uretère. L'interven¬
tion fut aussitôt différée; une
pression énergique fit revenir
la vessie à sa
position naturelle
etl'enfant fut ainsi sauvée
d'une mort certaine. Le rapport
ajoute
quele prolapsus de la
vessie ne se
reproduisit plus
et quela malade parvint à l'âge
adulte sans autre gêne
qu'une continuelle incontinence
d'urine.
Crosse a observé lui-même une hernie vésicale.
Observation deJohn Green Crosse(1).
Je trouvais chezunejeune fille detrente-deux ans,
bien
portante,unetumeur grossecomme unenoix, très rougeet unpeu granuleuse. Sur le
c®té postérieur de la tumeur, ily avait
deux
ouverturesdans lesquelles
on pouvaitpénétrer avec unesonde, et
desquelles l'urine suintait
goutteilgoutte. C'étaient les embouchures del'urèthre. Latumeur
fut
repousséeparlapression. Onvoyait alors que le
canal était
troplarge
etqu'on
pouvaitypasserle petit doigt. Le retournement ne sereproduisit
pas aprèsla réduction.(1) John Gi;i:kn Ciiosse.— Transactions off theprov.mcd. and. sur;/, associa¬
tion, 14 nov., 11, 1810.
Murphy (1)
apublié
une observation du même genre.Observation de Thomson (2).
Je trouvais la patiente, une femmemariée d'un peuplus de quarante ans, sur sesmains etsur ses genoux, dans sonlit, setordant de douleur
et poussant.violemment. J'apprisque pendant qu'elle urinait, une heure et demie avantmonarrivée,elle sentitquelque chosedescendre ou tom¬
ber et futimmédiatement prise d'une violente douleur expulsive. Dans
un
interrogatoire
ultérieur,j'appris
qu'elle avait souffert vingt-quatreheures auparavant d'une c}7stite aiguë dont je trouvais la preuve dans l'urinerécemment évacuée.
A l'examen digital jeconstatela présence, au lieu d'un déplacement
utérinauquelje m'attendais, d'une tumeur dure, noueuse, du volume d'unedemi-noixenviron, écailleuse etcouverte d'une substance grave¬
leuse. Cette substancesortait bien nettementpar le canal de l'urèthre.
Commel'état desouffrance de la malade m'empêchait de faire un examenplus complet, je remis cet examen à une autre séance, avec
l'intention deme munir duchloroforme et des instruments nécessaires.
Jepensais avoir affaireà quelque tumeur saillantede l'urèthre ou de la vessieréclamant l'ablation. Mais dans l'intervalle il me vint à l'esprit
queje pouvais bien être en présence d'une éversion de la vessie, bien
queje n'eusse jamaisentendu dire que pareil accident pût arriver à un
adulte. Pour éviter les accidents qui seraient arrivés si j'avais incisé les parois dela vessie,je résolus de déterminer le plus exactement possible
(1) Muuphy. — D'aprèsJohn Green Crosse.
(2) Thomson.— TheLancei,janvier1875.
— 29 —
la naturede la tumeur. Le docteurYates, à qui je fis part de mes soup.
çons,inclina dans monsens,
et
avec sonassistance,
noussoumîmes la
maladeau chloroforme.
Je me suis alorsmisen devoir dépassermon doigtà travers
l'urèthre,
le longdu pédicule de la tumeur; ce que
je fis
sansdifficulté. L'urèthre,
en effet, étaitlarge etdilatable,
d'une façon inusitée. Je trouvais
quele
pédicule s'implantaitsurla paroi postérieure de la vessie, de manière à
confirmerpleinement mon
impression, à savoir qu'il s'agissait d'une
éversion vésicale. Le docteur Yates, étantarrivéà la même conclusion,
nousrésolûmes de réduire la tumeur. C'est ce queje fis après avoir
enlevé soigneusementles
incrustations phosphatiques. J'accompagnais
la tumeur dans lavessie avecmes doigts, etavant de les retirer, j'explo¬
rais le point duquel j'avais trouvé auparavant que
naissait le pédicule.
Une forte dose d'opium fut
administrée
etla malade reçut l'ordre de
resteraulit. Grâceaux informations gracieuses du docteur
Yates,
je puis dire quela cystite adisparu très rapidement et qu'il
nereste
aucune menace derécidive. Lamalade est etdemeure enparfait état de
santé.
Observation de Malherbe (1) de Nantes.
Unefemmemariée, de trente ans, petite, mai conformée, à
bassin
rétréci, avait eudeux accouchements laborieux, qui
avaient nécessité
l'emploi duforceps etn'avaient donnéqu'un enfant
mort.A la suite de
la dernière application de forceps, elle
avait éprouvé des douleurs
violenteset des difficultés poururiner. C'estalors
qu'elle vit apparaître,
(1) Malherbe. — In Annale* clésmaladies clésorganes gènito-urinaires, t. II,
p. 743. 1884.