FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
annee 1896-1897 No 81
ESSAI
TL bries de
ANTÉRIEURE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenuepubliquement
le 5 Mai 1897
PAR
Georges-François
BIREAUD
ÉLÈVE DUSERVICE DESANTÉDE LA MARINE
NéàMont-de-Marsan(Landes), le29 novembre
1873.
Examinateurs de laThèse:
MM. LANELONGUE professeur— Président.
MASSE professeur....\ V1LLAR agrégé \ Juges.
BINAUD agrégé. ..
Le Candidat répondra auxquestions quilui seront
faites
surles
diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL
CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91
1897
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
Professeurs honoraires.
MM.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecinelégale... MORACIIE.
Physique BERGONIE.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle ... GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale.... de NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale FERRÉ.
Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.
Cliniquedes maladies chirurgicales des en¬
fants. P1ÉCHAUD.
Clinique gynécologique BOURSIER.
AfiilllCiiiS JtSfïi EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneet Médecine légale.) MM. MESNARD. | MM.
SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHÉ. |
section de chirurgie et accouchements
MM.BINAUD.YILLAR. | lccouchcments
*MM. RIVIÈRE.
1
AçcoucnemciHs...
■ CHAMBREL1 BRAQUEHAYE |section dessciences anat0m1ques et physiologiques
IMM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
Analomie j C AN NIEU. | Histoire naturelle BEILLE.
sectiondes sciences physiques
Physique...
MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
Chimie etToxicologie
DEN1GÈS. j
ClOU'SIS COSIPBiÉSIEttT.UIUES :
Clinique interne des enfants MM. MOUSSOUS.
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques
DUBREUILH.Clinique desmaladiesdes voies urinaires POUSSON.
Maladies dularynx,desoreilles etdu nez MOURE.
Maladiesmentales RÉGIS. ,
Pathologie externe
DENIJCÉ.
Accouchements RIVIERE.
Chimie DEN1GÈS
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
MM. MI CE AZAM
MM.
nI. • • , 1 PICOT.
Clliiic[U6 111LOI110 ^ PITE.ES
nl. . f \ DEMONS.
Clinique externe
j
laNEéONGUI Pathologie interne...DUPUY.
Pathologie et théra¬
peutique
générales. VERGELV.
Thérapeutique
ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments MOUSSOUS.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Pathologie externe
Purdélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thasesqui lui sontprésentées doivent être considérée^ comme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leurdonnerni approbationni improbation.
A LA MÉMOIRE DE MON FRÈRE MA URICE
A MON
PÈRE,
A MAMÈRE
A MON ONCLE F. RI REAUD
A MES SŒURS, A AIES FRÈRES
A MONSIEUR LE DOCTEUR
BOURRU
DIRECTEURDU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE NAVALE ET COLONIALE
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MONSIEUR LE DOCTEUR F
LAME NT
MÉDECIN PRINCIPAL DE PREMIÈRE CLASSE
DIRECTEUR DE L'HOPITAL MILITAIRE DE BORDEAUX
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MONSIEUR LE DOCTEUR
A MIU ELLE
MÉDECIN PRINCIPAL DE LA MARINE
SOUS-DIRECTEUR DE L'ÉCOLE DE
MÉDECINE
NAVALECHEVALIER DE LA LÉIGION
D'HONNEUR
A MON AMI LE DOCTEUR
RENAULT
MÉDECIN DE LA MARINE
ANCIEN AIDE D'ANATOMIE, PROSECTEUR A LA
FACULTÉ
\
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR LANELONGUE
professeur declinique chirurgicale a la faculté de bordeaux
chevalier de la légion d'honneur
officier de i/instruction publique
membre correspondant de l'académie de médecine
!
INTRODUCTION
Los fibromes de la paroi
abdominale antérieure
nesont
pas une
affection des plus fréquentes, les observations
se comptentainsi
queles travaux
; untraité de Labbé,
en1888,
résume la question ; depuis,
les auteurs
enont ébauché
certains points
dans
descommunications
oudans quelques
thèses. Nous avonsvoulu, dans notre
travail inaugural, faire
une étude d'ensemble pour
rappeler les idées émises jusqu'à
nosjours, surtoutau
point de
vuede letiologie, del'anatomie pathologique et du traitement, c'est
enquelque sorte une
mise au point de
la question.
Ce ne sera peut-être
là qu'une
œuvrede compilation, et si parfois
nous avonsémis quelques idées personnelles, que
nos juges excusent
cette hardiesse,
nousaurions voulu
mieux faire, mais les circonstances
particulières dans les¬
quelles nous a
placé
unelongue convalescence ne nous
l'ont, pas permis.
Nous avons pu réunir
cinq observations nouvelles, dues à
l'amabilité de MM. Lanelongue, Démons et
Boursier,
quenous remercions bien sincèrement ;
malgré
toutes nos recherches; nous n'avons pu en trouverd'autres.
Nous saisissons avec
empressement l'occasion unique qui
se
présente à
nousde témoigner notre gratitude à nos maîtres
dela Faculté etdesHôpitauxpour
l'enseignement si distingué
qu'ils nous ont
toujours prodigué, et
enparticulier à M. le
professeur
Piéchaud, qui
nous aaccueilli si paternellement
dans son service de chirurgie
infantile.
Nousn'oublieronspasnon
plus MM. les professeurs agrégés
— 8 —
LeDantec etCannieu,qui nousont
montré
tantde sympathie.
Que MM. Flament, médecin en chef de
l'hôpital militaire;
Bourru, directeur du service de santé, directeur de l'Ecolede médecine navale; et Ambielle, sous-directeur, qui nous ont prodigué leurs soins et qui ont fait preuve
d'une si grande
sollicitude à notre égard pendant une
pénible maladie,
reçoiventici l'expression de
notrereconnaissance.
Ancien élève de M. le professeur
Lanclongue,
nousn'ou¬
blierons pas ses cliniques si intéressantes et
si instructives;
ce maître nous fait aujourd'hui l'honneur d'accepter la présidence de la
thèse
dont il nous adonné le sujet, qu'il
reçoive nos remerciementssincères
pourcette
attention,à
laquelle nous avions si peu de droits.CHAPITRE PREMIER
Historique.
La
question des fibromes de la paroi abdominale est en
somme toute récente. On ne
sait si l'on doit
envoir le début
dans l'observation que
Lisfranc rapporte dans la Gazette
médicale de Paris
(1837), et dans la communication de Bou-
lenger à
l'Académie de médecine
en1842 ; dans l'intervalle,
en 1839, Dewulf, dans sa
thèse, parle d'une tumeur se déve¬
loppant dans
la paroi et qui pouvait prendre une évolution
sarcomateuse; d'ailleursces tumeurs,
très rarement consta¬
tées,)'
usqu'alors,
nesont peut-être pas franchement fibreuses;
les auteurs ne sont pas
catégoriques
sur cepoint.
Les observations les plus
nettes, et
pourlesquelles des
examens liistologiques
sérieux furent faits, apparaissent à
partir de
1850, vrai début de la question. Labbé en cite quatre
pendant cette année; puis quelques autres, rares jusqu'en
1860, époque
à laquelle apparaît le premier travail sur la
question, dû à Huguier
;c'est lui qui donna naissance à
l'erreur que
l'on
conservalongtemps, à savoir que les fibro¬
mes sont
pédiculéset rattachés
parcepédiculeà l'os iliaque,
près de
l'épine iliaque antérieure et supérieure. Bodin (1861),
Nélaton
(1862) répètent les mêmes théories ; Cliéron (1864)
s'occupesurtout
de l'évolution de ces fibromes.
Al'étranger,
Cornils (1865), Buntzen (1868), Boye s'occu¬
pent de
la question surtout
aupoint de vue du traitement,
sans parler ave.'
raison de l'existence d'un pédicule.
— 10 —
En 1875, Guyon lutte contre
l'idée
depédicule
osseux etrenverse du même coup les traitements
basés
sur ce fait (ligature, section,etc.). Suadicani (1875) insiste surtout
sur les avantages de l'antisepsie appliquéeà l'extirpation
de ces tumeurs et rejette lui aussi la théorie du pédicule. Mal¬heureusement, «en 1876, Salesses, Nicaise
(1878),
et CornéliusWilliams
(1880)
reviennent auxanciens
errements. Gratzer(1879), Péan (1880), Sklifowsowski (1882),
Herzog(1883)
émet¬tentdes opinions nouvelles, tant au point de vue du traite¬
ment que del'étiologie. Viennent ensuite les
thèses
de Guer¬rier et de Maksoud-Cherbetian
(1883), de
Lemoke(1884*), de
Damalix
(1886), de Loisnel
etde I-Iaquin (1888); les communi¬
cations de Terrillon
(1886),
de DanielMollière (1886)
;•une clinique de Segond(188S),
et pour grouper tousles avis émis jusque-là
letravail
important deLabbé
etRémy (1888),
dontnous nous inspirerons quelquefois dans le courant decette thèse.
Depuis, la question n'a pasété abandonnéeparles auteurs;
nous ne citerons que les principaux: un travail de Led-
derhose
(1890), des communications de Ledru (1891), de
Témoin
(1893),
de Gross(1893), de Verneuil (1894), de Reclus (1895), des thèses de Lequette (1894), de Turner (1894), de
Panizo y Mtinoz
(1895), quelques réflexions de Mermet (1895)
qui croit de nouveau au pédicule.De ce rapide aperçu sur
les quelques travaux
parus sur les fibromes de la paroi, il ressort quela question apassé
par deux grandes
phases
:de 1850 à 1860, période de faits
;de
1860 à nosjours, période de travaux.
Nous n'avons fait que citer des noms, ayant
l'occasion
dans la suite de revenir longuement sur les opinions émises
parles divers auteurs.
OBSERVATIONS
Observation I
(Service de M. le professeur Lanelongue,
9 juillet 1895.)
M. Fieuxrapporte l'histoire
d'une jeune femme de vingt-cinq
ans, robuste, bien constituée, n'ayantjamais
eude maladie sérieuse et dans
les antécédents de laquelle on netrouve
rien de particulier.
Mariée depuis six ans,
elle
a eutrois
grossesses,toutes terminées
parun accouchement à terme. Jamaisle travail ne fut très laborieux. Pas
non plus de
traumatisme
oudu moins de traumatisme
assezviolent
pourattirer
l'attention de la malade.
Il yaquatre
mois,
cettejeune femme s'aperçut
parhasard de la pré¬
sence d'une petite tumeur
siégeant
unpeuau-dessus du pli de l'aine du
côtédroit, tumeur absolument
indolente, même à la pression. Deux
mois après,elle vint
consulter M. le professeur Lanelongue, qui fit le
diagnostic de fibrome
de la paroi et conseilla l'intervention.
La tumeur était alors duvolumed'ungros œuf de poule.
Puis
cen'est
quedeux mois
plus tard, c'est-à-dire quatre mois après le début, ou du
moins aprèsla première
constatation de la tumeur,
quela malade re¬
vientse montrer. Pendantces deuxderniers mois, latumeur
s'est déve¬
loppée d'une
façon très rapide. On peut constater alors qu'elle est du
volume des deuxpoings environ; sa
forme est celle d'un ovoïde, dont
legrand axeest
parallèle à l'arcade de Fallope et distant d'un travers
dedoigt de ce ligament.
Elle est lisse, régulière, plonge dans la fosse
iliaque. La peau est
mobile au-devant d'elle. Elle-même est mobilisable
surla partie
profonde, mais la contraction des muscles de la paroi
abdominale l'immobilise, la fixe d'une façon à peu
près complète.
— 12 —
M. Lanelongue ratifie son premier diagnostic, et propose de nouveau
uneintervention, qui, de suite, estacceptée.
Le 18 avril, opération. On trouve la tumeurlogée profondément
derrière les muscles obliques, n'étant séparée du tissu cellulaire sous-
péritonéal que par le fasciatransversalis. Pas d'adhérence péritonéale ; pas non plus la moindre trace de pédicule fibreux reliant latumeur à
une saillie osseuse. Les suites sont desplus simples. L'opéréeest sur
pied au bout de quelquesjours.
La raretérelative decegenrede tumeur nous a déterminé à rappor¬
ter cette observation. D'ailleurs, un point dans l'histoire de ce néo¬
plasme est particulièrement intéressant; c'est la marche excessivement rapide dans ces deux derniers mois, puisque dans cet intervalle de temps, il a plus que quadruplé de volume et pesait 380grammes au moment del'opération. Aussi pouvait-on penser trouver ici la structure du fîbro-sarcome. Le microscope, contre cette attente, nous a per¬
mis de constater que toute la tumeur était constituée par du tissu con-
jonctifadulte, tissu fasciculé, sansla moindre traced'éléments embryon¬
naires. De-ci de-là, quelques cellules fusiformes qui, en certains points, limitent des espaces lymphatiques renfermant des globules blancs.
Quelquesleucocytes diffusés dans la trameconjonctive nous en ont imposé un instant pourdes cellules embryonnaires, mais lamensuration
au micromètre de ces éléments (7 à 9 p.
),
nous permet d'affirmer que cettetumeur, malgré son accroissement rapide,estexclusivement forméede tissu conjonctifadulte. Pas la moindre trace de fibres musculaires.
(Journalde médecinede Bordeaux, du 21 juillet 1895.)
Cettejeune femme, revue récemment, va très bien.
Observation II
(Service de M. le professeur Lanelongue. M. Fieux, interne.)
MmP X..., couturière, vingt-trois ans.
Cette jeune femme, entrée dans le service le 25 juillet 1895, n'a
aucun antécédent héréditaire digne d'être relaté. Toujours très bien portante. Réglée à treize ans, d'une façon parfaite. Première grossesse
— 13 —
à dix-neufans. Letravail et l'accouchementne présentent rien de par¬
ticulier; suites physiologiques.
Il y a deuxans,
elle s'apercevait,
parhasard, qu'elle portait dans le
bas-ventre, du côté gauche, une petite grosseur
mobile, du volume d'un
œufet dont legrand diamètre était
parallèle
àl'arcade crurale. Cette
tumeur, indolente, s'accroît d'abord trèslentement.
Puis survient
unedeuxièmegrossessequi se termina,
il
y aseize mois,
par unaccouche¬
ment à terme. A cetteépoque, latumeur
était réniforme et avait à
peu prèsla valeur dupoing. Puis à partir de cette époque, elle s'accroît
avecbeaucoup derapidité, mais
exclusivement à gauche. Il
yatrois
mois, elleatteignait le volume
d'une tête d'adulte,
sansdépasser la ligne
médiane. Depuis trois mois,
la
tumeurdépasse la ligne médiane,
enva¬hissant toutle côté droit dubas-ventre, etacquiert
aujourd'hui
presque les mêmes dimensions que le lobe du côtéopposé
;elle est moins sail¬
lante àdroite qu'à gauche,
mais parait plonger davantage dans la fosse
iliaque. Pas le moindre
trouble du côté des
organesabdominaux
;l'uté¬
rus estindépendant de
la
tumeur,qui est indolente et
negène
queparson volume. On fait le diagnostic defibrome de
la paroi abdominale.
Le 31juillet, on pratique
l'ablation de la tumeur, ablation qui est
rendue très péniblepar
les adhérences contractées
avecles muscles et
les aponévroses
de l'abdomen et
par uneadhérence péritonéale de la
largeur de
la main. Au moment de l'extraction de la tumeur toute la
lame
péritonéale adhérente suit. Suture du péritoine précédée de sutu¬
resprofondes.
Suture des muscles et aponévroses. Sutures superficielles.
Suitesopératoires
excellentes.
Le10 août,pansement et
ablation des points de sutures.
La malade sortguérie.
Poids delatumeur—4 kilos 730.
L'examen histologique dela tumeur montra
qu'on avait affaire à
unfibrome.
Le 15 avril 1897. nous avons reçu
des nouvelles de la
ma¬lade ; elle nous
dit qu'elle est
entrès bonne santé, que la
tumeur n'a pasapparu
de
nouveau,qu'elle ressent quelque¬
fois de légères douleurs
lancinantes, surtout du côté droit
où la tumeur plongeait
davantage; elle
neprésente pas
d'éventration.
Observation III
(Due àl'obligeance de M. Démons.)
Fibrome cle laparoi abdominale. Extirpalion. Guérison.
Mme X..., vingt-neuf ans. toujours bien portante, sans antécédent
connu, a eu deux enfants dans de bonnes conditions: lepremier, ily a huit ans, le second, ilyatrois ans. Ily a deuxans, elle s'estaperçue
qu'elle avaitunetumeur dans le côté gauche duventre. Cettetumeura
augmenté peuà peude volume, sans douleur; elle a essayé divers trai¬
tements, entr'autres une saison aux eaux de Salies. Quand M. Démons vit lamalade, au mois de juillet 1806, il trouva dans la fosse iliaque gaucheunetumeur allongée transversalement, située un peu au-dessus
del'arcade crurale, sans altération de la peau ; elle est dure, ferme sur tous ses points. La peau est mobile sur la tumeur, mais celle-ci ne
paraît avoir dans la profondeur qu'une mobilité restreinte. Il est facile
de voir que la tumeur est située dans l'épaisseur même de la paroi ;
quandon invite la malade às'asseoir àmoitié sur sonséant, de manière
à contracter les muscles de laparoi abdominale antérieure, la tumeur perd complètementsa mobilité, elle participe à la fixitéet à la rigidité momentanée de laparoi. Elle paraît par son extrémitéexterne adhé¬
rente à l'épine iliaque antérieure et supérieure : elle est un peu aplatie
d'avanten arrièreet a à peu près les dimensions d'un poing d'enfant.
Extirpation de la tumeuren avril 1893. On incise le long du grand
axe de la tumeur, parallèlement à l'arcade de Fallope. La peau, le tissu cellulaire, l'aponévrose du grand oblique sont sectionnés.
On trouvela tumeur dans l'épaisseur dupetit oblique. Le bistouri est nécessaire et les ciseaux sont aussi utilisés pour séparer la tumeur
sur les cotés des fibres dece muscle. En arrière,on prend les plus grandes précautionspour ne pasouvrir la cavité péritonêale ; avec les doigts, les ciseaux mousseset la sonde cannelée étant seuls permis, on réussit àséparer la faceprofonde du néoplasme du péritoine pariétal auquel elleest accolée, sans trop de difficultés. Chemin faisant, l'épigas- trique est coupée etliée ; quelques autres ligatures. On place undrain ;
— 15 —
des sutures à étages sont soigneusement faites : réunion par première
intention. Guérison et sortie aubout de quinzejours.
Cicatrice solide restée résistante. Pas d'éventration. Pas de récidive.
Examen auatomique : fibrome pur de la paroi abdominale.
Dansle courantde l'opération, la tumeurput être
séparée de l'épine
iliaque antéro-supérieure sans mettre à nu cetteapophyse.
Observation IV
(Due àl'obligeance de M. Démons.)
Fibrome de la paroi abdominale. Extirpation.
Guérison.
Mine X..., trente-trois ans. ne présente aucun
antécédent morbide,
toujours enbonne santé, ellea eutrois enfants dans des conditions
nor¬males. Ily a un an, elle s'est aperçue, par
hasard qu'elle avait
une tumeur du ventre.Son médecin,ignorant la naturede cette tumeur, a essayéquelques pommades et,devant les résultats négatifs qu'il obtint,
il t'adressa àM. Démons. Ils'agit d'une tumeur siégeant à gauche
de la
ligne médiane, à quatre traversde doigt au-dessus de l'arcade de Fal-
lope ; elleest arrondie,
mais aplatie d'avant
enarrière,
pasde modifi¬
cation de la peau. Elle est
mobile
sousles téguments, mais fait
corpsavecla paroi. Elle devient
fixe quand
onfait contracter les muscles
abdominaux ; elle est absolument indolente ; on fait
facilement le diag¬
nostic de fibrome de la paroi.
Opération en
novembre 1895
:le néoplasme est plongé
aumilieu des
muscles; la dissection enestassez difficile, onest
obligé
desectionner les
fibres musculaires lesplus externesdu
muscle droit
etdes fibres du
transverse et du petit oblique. La tumeur ne
peut être complètement
séparéedu péritoine
pariétal, auquel elle adhère intimement
enarrière.
Une portion dece
péritoine, large
commedeux pièces de cinq francs,
adù êtreréséquée.
Quelquesligatures ; sutures en
étages des divers plans
;la réunion
des deuxlèvres du péritoine
pariétal
est assezdifficile
; surquelques
points même, la
traction opérée
parles fils de catgut n° 2
neréussit
qu'imparfaitement
àopérer l'adossement des deux bords de la section
— 16 —
péritonéale. De nombreux
fils de
catgut,passés
endivers
senset formant
ainsi uneespèce de feutrage, remplacent
la partie de péritoine ainsi enle¬
vée. Petit drain laisséenplace pendant trois jours.
Réunion
parpremière
intention. Guérisonrapide. Cicatrice ferme. Pas d'éventration. Pas
de
récidive.
Latumeur, dure, ferme, de couleur légèrement rougeâtre, étaitun fibrome avecquelquesfibres musculaires dans
la
masse.Observation Y
(Dueà l'obligeance de M. Boursier.)
M. Boursier arencontré à sa consultation une femme atteinte d'un fibrome de la paroi du flanc droit, du volume d'une noix,
paraissant
évoluer lentement. La malade n'ayantpasété opérée et par suite l'exa¬
men histologique n'ayant pu contrôler le diagnostic clinique, nous ne citerons que lefaitsans rapporterl'observation.
ANNEXE
Notre thèse était déjà à l'imprimerie lorsque nous avons reçu deM. le professeurTédenat (de
Montpellier),
que nous remercionssincèrement,
l'observation qui suit; elle nechange en rience que nous avons dit dans notre travail, elle vient seulement à
l'appui
de la théorie deKramer et de celle de Ledderhose sur l'étiologie desfibromes, puisqu'il s'agitici d'unejeune fille, vierge.Observation VI
(Tédenat).
(RecueillieparM. le D>' Reynks, chef de clinique.)
Volumineux fibrome de la paroi abdominale antérieure chez une
jeune fille. Siège dam le tissu cellulairesous-péritonéal.Ablation.
Guérison.
R. -J..., dix-huit ans (de
Perpignan),
entrée le6 février 1897(salle
Bichat n°20) :
lymphatique,
d'une santé générale assez bonne; pas de maladies antérieures notables; réglée à quinzeansrégulièrement.Il y a deux ans, elle s'est aperçue d'une petite tumeur qui siégeait dansla paroi abdominale,au niveau de la fosseiliaque droite, près de l'épine iliaque antéro-supérieure; latumeur agrossi peu à peu et pro¬
gressivement, en s'étendanten bas eten dedansvers l'excavation, dans laquelle elle plonge actuellement; elle a aujourd'hui le volume d'une tête de foetus; les doigts peuvent soulever la tumeur vers le hautet
s'engager entreelleetle bordsupérieur de la symphyse. Indolore,mate, dure, assez lisseet assez mobile, fixée par la contraction des muscles
abdominaux. Peau souple, mobile. Pas de symptômes particuliers; pas de douleurs abdominales; règles normales; pas d'hémorragies.
La maladeestvierge; toucher vaginalimpossible; le toucher rectal montre l'utérus à sa place normale et permetd'atteindre la tumeurqui plonge fortement dans le bassin.
Le 11 février, M. le professeur Tédenat l'opère : L'anesthésieest d'abord commencée avec l'éther, mais l'excitation est telle, qu'on est obligé d'employer le chloroforme qui endort immédiatement la malade.
Incision courbesurla tumeurdu hautenbas et dedehorsendedans ;
part àla hauteur de l'épine iliaque antérieure et supérieure etdescend
vers le pubis ; la peau, le tissu cellulaire, l'aponévrose du grand oblique,
du petit oblique, du transverse, sont coupés; la tumeur apparaît, M. Tédenat trouverapidement unplan de clivage, il détache latumeur
en haut, puis à gauche; enlibérant à gauche M. Tédenatcoupe quelques brides musculo-aponévrotiques tenduespar la tumeur dans son mouve¬
ment d'expansion etreprésentant l'ancien et faux pédicule des anciens; ces brides semblaient relierla tumeur àl'épineiliaqueantéro-supérieure, d'ailleurs, enles coupant, on netrouve aucun vaisseau.
Avec letire-bouchon de Mac-Clintock, on attire la tumeur en haut et
versl'extérieur; de plusen plus, sa face profonde est détachée d'avec letissu cellulaire sous-péritonéal aveclequel elle n'aquedes connexions minces, étroites, lâches etsimplement celluleuses; sanstoucher aupéri¬
toineon peut ainsi détacher toute la face postérieure de la tumeur, on détache sonprolongementinférieur etl'ablation est ainsi terminée.
L'opération adonc été extra-péritonéale; suturesau catgutdes parois
musculo-aponévrotiques
; sutures aucatgut de la peau.Pansementantiseptique.
Gûérison en quinze jours. Réunion par première intention. Lesfils
étaient enlevés le neuvième jour; le onzième, érysipèlede la face, le quatrième ou le cinquième qu'a la malade; aucun retentissementsur le foyer opératoire.
Tumeur de 1.200 grammes. A la coupe, tissu blanchâtre, d'aspect fibreux, criantlégèrement sous le scalpel; touffes fibreuses arciformes;
quelques petites cavitéskystiques. A l'extérieur, pas de gros vaisseaux.
Pas de dégénérescencesarcomateuse; en certains points, tissu un peu
plus mou, qui rappelle le myxome.
III
Réflexions.
—i° Al'occasion de cette malade, M. Tédenat, à
propos du pédicule que
les anciens admettaient, et qu'ils
croyaient destiné ànourrir la
tumeur,dit qu'il
«existe,
sans exister, tout en existant », c'est-à-dire qu'en tantque vrai pédicule avec vaisseauxnourriciers, il n'existe
pas;mais
objectivement, il peut exister,c'est-à-dire qu'on peut sentir
entre la tumeur et l'épine iliaque
antérieure,
uncordon qui
est formé par des
fibres musculo-aponévrotiques tendues
par le mouvement d'expansion et
d'élévation de la tumeur;
2° On nesaurait ici invoquer, comme
étiologie,
unerupture
consécutive à un effort d'accouchement, la malade étant vierge.
Dans la thèse de Farayre
(Montpellier, 1896),
ontrouvera
d'autres observations de fibromes de la paroi,
opérés
par M. Tédenat.—
CHAPITRE II
Etiologie
Les fibromes de la paroi ne sont pas
fréquents, Labbé
en vingt ans n'en a vu quedix.
Ce sont des tumeurs purement
accidentelles, l'hérédité n'a
jamaisété signalée jusqu'ici.
Le sexeserait une causeprédisposante
notable;
onles
ren¬contre surtout cliez les femmes. Labbé cite quatre observa¬
tionsdanslesquellesil
s'agissait d'hommes (Sappey, Limauge, Tillaux)
; nous pouvonsyajouter
un casde Kirmissonet
un autre de Reclus. Segond et Ledderhose enont trouvé dix;Né-laton affirmait cependant
qu'on
neles trouvait jamais chez
l'homme.
Les fibromes
n'apparaissent
quede dix-huit à quarante
ans environ ; cependantTémoin et Kramer ont opéré de tout
jeunesenfants (quatre
anset deux ans) porteurs de cette
affection : ce sont des exceptions ; c'est surtout pendant la période d'activité
sexuelle de la femme qu'on les voit.
Quelles sont maintenant les
théories émises
pourexpli¬
quer l'apparition de ces
tumeurs ? Nous
avonsessayé de les
ramener à six;
1° Théorie dela déchirure pendant
la
grossesse et l'accou¬chement (Herzog,
Suadicani, Damalix, Labbé, Ledru, etc.);
2° Traumatismes directs (Herzog, Lemoke, Lequette,
etc.);
3° Déchirure musculaire par
effort (Ebner, etc.)
;4° Dépôts
embryonnaires (Gratzer, Buntzen, Kramer, etc.);
Bireaud 2
— 18 —
5° Congestion pendant la menstruation et la conception
(Xélaton, Maksoud-Cherbetian, etc.);
6°
Prédisposition
localeetindividuelle(Ledderhose, Gross).
Nous allons les passer en revue et donner notre avis sur chacune. Nélaton, le premier, signala la grossesse comme antécédentchez les malades atteints de fibromes delà paroi,
mais il s'arrêta là. Damalix parle de l'irritation des parois provoquée par
l'utérus
gravide; il n'insiste pas d'ailleurs etson idée auraiteucependant
besoin
de commentaires.Ce sont surtoutHerzog et Labbé qui ontdéveloppé
la question; pour eux, lagrossesse, etparticulièrementl'accouchement,produi¬raient des déchirures, des éraillures des aponévroses et des
muscles. La grossesse agirait surtout endistendantlesparois
(Sanger),
en les irritant(Damalix),
mais pour Labbé la vraiecause est l'effort, de l'accouchement : « Voilà pourquoi ces tumeurssurviennent le plus fréquemment chez les femmes,
car dans aucune
espèce
d'effort étudié en physiologie lesmuscles de l'abdomen de l'homme ne sont soumis à des con¬
tractions aussi intenses, aussi
prolongées
et aussi fréquem¬ment renouvelées. »
Il s'appuiesurdes observations de Virchowet de Besaucèle pour montrer que souvent, à la suite de ruptures muscu¬
laires,onavait vu seproduire unhématome qui avait donné naissance, dans la suite, à une tumeur solide, d'aspect
fibreux: il y a cependant des cas où l'hématome est resté hématome.
Cette théorienous sourit assez, et certainement leplussou¬
ventl'accouchementest pour
beaucoup
dans l'évolution deces fibromes, mais comment expliquer alors lescas où il s'agissait d'hommes ou d'enfants; il nous faut alors invo¬
quer la seconde théorie, celle des traumatismes directs, que d'ailleurs Labbé ne rejette pas dans les cas où la grossesse ne peut êtremise en cause.
Lemoke, Herzog placent parmi ces traumatismes les bles¬
sures, les contusions de toute nature.Lequette, au
contraire,
prétend que la grossesse agitcomme tel. Cet avis est encore— 19 —
admissible, de même que celui dîEbner expliquant l'appari¬
tion desfibromes de la paroipar uneffort violent
quirupture-
rait soit les muscles, soit les
aponévroses;
nous citerons ensuite la théorie de Nélaton et de Maksoud-Cherbetianexpliquant les fibromes de la paroi parles congestionspério¬
diques chez les femmes aumoment des
règles
ouà
la suitede la conception ; ceci nousparaît tout à fait insuffisant, tout
au plus ces congestions peuvent-elles produire un trouble léger dans la nutrition des troubles abdominaux.
Il fauten arriver à l'inclusion fœtale de Gratzer et de Kra- mer pour donner une explication des casoùon a trouvé nos tumeurs chez l'enfant, chez l'homme ou chez la femme qui
n'a pas eu d'accouchement. La « disposition emhryonnale » de Colmheim, les
dépôts
embryonnaires, ne sont peut-êtrepas tout à fait à rejeter, comme l'a fait Labbé ; Gratzer mon¬
tra comment sous l'influence de certaines excitations, de la grossesse en particulier, ces
dépôts
jusque-là stationnairesse mettraient à évoluer: en outre, ceci permettrait d'expli¬
quer l'existence de fibres musculaires lisses dans certains fibromes, car « l'appareil moteur et le canal intestinal sont d'abord représentés chez
l'embryon
par un seul feuillet, le mésoderme, et il se peutqu'à
un stadequelconque
de déve¬loppement embryonnaire, sur les limites des
systèmes
sé¬reux et inusculo-tendineux, unecomplication intercurrente détermine une hypergenèse ou une déviation des feuillets
ou germes. »
Kramer ayant observé une enfant qui dès la naissance avaiteuune petite tumeur dans la région
épigastrique
droite, pense que ces tumeurs peuvent être congénitales et s'expli¬quer par la théorie de Cohnlieim ; il pense, lui aussi, que le
traumatisme et la distension des parois abdominales pen¬
dant la grossesse seraientune cause déterminante de révo¬
lution de ces
néoplasmes.
Témoincite, lui aussi, une fillette de quatorzeans, quiavait
vu apparaître une tumeur fibreuse à l'âge de deux ans.
Cette dernière étiologie des fibromes est très ingénieuse,
— 20 —
mais malheureusement elle n'est
basée
que surdes hypo¬
thèses; nous ne
voulons
pasla condamner
pourcela, mais
nous attendrons denouvelles preuves
et des données plus
sûres pour
l'admettre. Il est certain
quedans les fibromyomes
à fibres lisses « tels que ceux
qu'ont observé Duchaussoy,
Panas et Brière,
Ledderhose et Pertik,
onpeut les expliquer
comme on l'a faitpar
l'existence de résidus embryonnaires provenant du ligament rond (Léopold), du canal de Millier
(Sanger), du tube intestinal primitif ou du diverticule de
Meckel
(Gratzer)
ouenfin du mésoderme (Gross). »
Nous en arrivons ainsi à
l'opinion de Ledderhose et de
Gross ;
celui-là dit
: «La rupture musculaire, si rupture il y
a, esteffet et non cause,
mais la congestion, la distension, le
tiraillement de la paroi
abdominale pendant la
grossesse,la
fatiguepar
les efforts de l'accouchement sont la cause occa¬
sionnelle,causa movens,
qui fait éclore
unenéoplasic, dont
la cause
première et déterminante doit être cherchée dans
une
prédisposition locale et individuelle, comme pour tout
néoplasmeen
général
».Cette opinion est en quelque sorte
corroborée par
celle de Verneuil, qui disait
quetous les néo-
plasiques
sont des arthritiques, c'est-à-dire, pour généraliser,
des gens
ayant déjà
unetare organique, une diathèse spé¬
ciale, c'estcequi
explique
queles accouchements sont beau¬
coup plus
fréquents
queles fibromes de la paroi, objection
de Gratzer à la théorie delà rupture
musculaire
parl'effort
del'accouchement.
Nous basantsur ce que LeDentu a vu un
fibrome
pur se développerdans la cicatrice d'une laparotomie faite sept ans
auparavant,et
queClaude et Tuffier disaient « qu'en l'ab¬
sence de cellules sarcomateuses, le
fibrome de la paroi repré¬
senterait une sorte de cicatrice
cliéloïdienne du tissu
mus-culo-aponévrotique de la région, différant seulement des productions cicatricielles consécutives aux ruptures muscu¬
laires ordinaires par suite
de la disposition spéciale des
parties
où elles
sedéveloppent
»,et que
«le relâchement de
laparoi
après l'accouchement, la tension relativement moins
— 21 —
grande de ses
fibres musculaires, même dans l'effort, la
grande
abondance de tissus cellulo-aponévrotiques pour¬
raientêtre
invoqués
pourexpliquer la nature spéciale de
ces néo-formations »; nous basantdonc là-dessus, et tenant
compte aussi
des avis émis
parles auteurs
que nousavons
cités dansle courant de cetexposé
étiologique,nous
pourrons dire: Les fibromes de la paroiapparaissent à la suite des
cicatrices des ruptures
musculaires
ouaponévrotiques dues
soit à la grossesse ou
à l'accouchement, soit
auxtrauma-
tisines ou à l'effort, mais seulement dans
les
casde prédis¬
position
individuelle
oud'inclusion fœtale.
Nous croyons, en
effet,
queles diverses théories
que nousavons énumérées ne doivent pas
être exclusives, mais bien
s'appuyer les unes surles autres.
Dans nos observations,on ne trouve aucun
traumatisme
ou effortnoté dans les antécédents de la malade :
l'accou¬
chementseul est signalé.
CHAPITRE III
Anatomie
pathologique. Pathogénie.
Ces tumeurs, appelées par Huguier tumeurs fibreusespel¬
viennes, par Nélaton tumeurs de la fosse iliaque, de la crête
iliaque,
par les auteurs allemands Muller, Sanger, Ledder- hose, tumeurs desmoïdes, ont reçu définitivement le nomplus général de
fibromes
de la paroi abdominale.Ces tumeurs, surtout observées à la paroi antéro-latérale de l'abdomen (Guyon et Peyrot citent chacun un cas de fibrome
lombo-dorsal)
sontle plus souvent uniques ; cepen¬dant Labbé cite trois observations dans lesquelles on cons¬
tata des fibromes doubles et situés de chaque côté dela ligne blanche (Huguier, Gratzer et
Labbé.)
On les a rencontrés ra¬rement surla ligne médiane. Sur une centaine d'observa¬
tions que nous avons lues, nous n'avons pu en voir que cinq
ou six cas.
Enfin, ces tumeurs siègent-elles adroite ou à gauche?
Bodin et Gross disentqu'elles sont
plus
fréquentes à droite, Turnerà gauche ; nous avons voulu chercher nous-môme cequ'il en
était
et parmi lesobservations citées
par Labbé et celles que nous publions, nousles
avons trouvées 37 fois à droite et 33 fois à gauche; il n'ya donc pas derègle
absolue et l'on peut dire qu'ellessiègent indifféremment à
droite ou à gauche.On les trouve unpeu dans tous les
points
do la surface abdominale, mais011 peutdire qu'elles
sontbeaucoup
plusfréquentes clans lazone des
muscles droits
etdans les régions
ilio-inguinales, cequi leur avait fait donnerle
nomde tu¬
meurs pelviennes, de la fosse iliaque; nous savons
qu'on
ena vu, très rarement il est vrai, sur la ligne
blanche
etmême
deux cas à l'ombilic (Gratzer et
Pic),
quoiqueGross et Labbé
prétendentqu'on
neles
y trouvejamais.
Quel est maintenant le point de départ de ces
fibromes ?
Quel estleur siège anatomique ? Ce sontdeux questions qui
ont donné lieu à de longues controverses, surtout
la
pre¬mière. Nous allons en faire l'examen et nous donnerons en¬
suite notre avissur l'opinion que
l'on doit
sefaire à
cesujet
;nous aurons soin de tenir comptedes observations que nous
avons lues et des nôtres.
On a dit que nos tumeurs provenaient
du périoste
parle
fameux pédicule, dont nous avons
déjà parlé dans l'histo¬
rique, des muscles,
du péritoine, des aponévroses et des
fascias.
Nous allons commencer par la plus vieille opinion, par
le
pédiculepériostique. Inaugurée
parHuguier, elle
aété
sou¬tenuepar Verneuil,
Nélaton, Dittel, Salesses. Nicaise, Terril-
Ion et Mermet.
Elle consiste à dire que toujours les fibromes dérivent
du
périostede l'os iliaque
par unpédicule qui sert à leur nutri¬
tion. Huguier citeun cas où il y avait deux
pédicules,
un adhérentau pubis, l'autreà
la crête. Souvent, eneffet,
ces auteurs ont senti le pédicule, mais quelquefois ils nel'ont
pas
trouvé à l'opération,
cequi
neles
a pasempêchés de
soutenir cette théorie ; il est vrai que s'ils avaient suivi le
conseil que nous a donné
plus
tardTillaux,
de commencer la décortication par la partie interne de la tumeur,ils
l'au¬raient trouvé encorebien moins souvent.
Pouvons-nous admettrel'originepériostique ? Non, et voici pourquoi : d'abord, parce qu'en
suivant le
préceptede Til¬
laux, il est rare qu'on le trouve;
ensuite, si l'on
asoin de
demander aux malades à quel endroit
ils
ont vuapparaître
leur tumeur, ils désigneront tous un point assez éloigné de
— 25 —
l'os iliaque
(Maksoud-Cherbetian)
;et à ceci
nouspouvons
rattacher l'opinion de Guyon,
qui dit
quele pédicule est
uneadhérence secondaire; enfin, ce
pédicule, quand il existe,
peut
très bien s'expliquer
:il
sepeut,
commele dit Tillaux,
que cette sensation soit
donnée
parles fibres musculaires disposées
enéventail
parsuite de la présence de la tumeur,
et formant une espèce de
cordon cylindroïde (Lequettej fai¬
sant croire à un pédicule, etcomme ces
fibres
sedirigent vers
l'os iliaqueoù elles
s'insèrent,
onvoit facilement pourquoi on
l'a cru périostique.
Il
sepourrait aussi
quecette sensation
trompeuse soit
donnée
parl'aponévrose du grand oblique,
fort épaissie
(Claude
etTuffier). Nous rejetons donc tout à fait
cette théorie et, quoique Mermet
ait essayé de la faire revivre
tout récemment
(1<S95),
nouscroyons quesonrègne est fini.
Le.péritoine a été
mis
enavant
parcertains auteurs, qui
avaient appelé les tumeurs
de la paroi pré-péritonéales.
Labbé a suffisamment montré, pour que nous
n'in¬
sistions pas, que ces
adhérences péritonéales, qui avaient
trompé les auteurs,
étaient souvent dues à l'adhérence nor¬
male du péritoine dans
certains points de la paroi
avecles aponévroses
desmuscles
;dans les autres points, il se peut
très bien que la présence
de la tumeur produise
uneinflam¬
mation du tissu conjonctif
sous-péritonéal et amène ainsi
l'adhérence del'aponévrose et
du péritoine, d'où les adhé¬
rences de la tumeur à la séreuse.
On a fait dériverles fibromes des fascias
(Rokitansky), et
eten particulier
des fascias propria (Bodin) et transversalis.
Loisnel, dans sa thèse, dit que «
les fibromes
sedéveloppent
aux dépens du tissu
conjonctif et particulièrement
auxdé¬
pens du fascia
propria
;les aponévroses
neparticipent que
secondairement à la formation dela tumeur, et
lorsqu'elle
est entièrement comprise dans
l'épaisseur des muscles, elle
n'a pu prendre
naissance
quedans le tissu conjonctif qui
entoure le faisceau musculaire k Cettedernière pensée mon¬
tre qu'il n'affirme pas
l'origine exclusive
auxdépens des
fascias et du tissuconjonctif cellulaire, ce qui
était l'opinion
— 26 —
deLàgrangepour les fibromesen
général.
Nous n'admettons pas cette explication, parce qu'on n'a jamais constaté de fibromes situés dans les fascias, leur point de départ était toujours ailleurs etce n'estque secondairementqu'ils
pou¬vaient y arriver.
Mais laquestion devient
beaucoup plus intéressante
quandil s'agit de savoir si les fibromes proviennent du tissu con-
jonctif
siégeant
entre les fibres musculaires ou del'aponé¬
vrose elle-même. Ici les auteurs hésitent : Labbé trouve
« qu'il est difficile de seprononcer... et conclut que ces tu¬
meurssont situées dans
l'épaisseur
descouches aponévroti-ques et musculaires dela paroi ». Un autre auteur, Gross, dit que ce problème n'est pas résolu, mais qu'il semble
« qu'ellessoient toujours en rapport avec les gaines muscu¬
laires etassez souvent comprises dans leur intérieur, mais
comme il n'arrive jamais qu'on fasse l'ablation de ces tu¬
meurs au début de leur développement, c'est-à-dire au mo¬
ment où elles occupentencore distinctement le lieu de leur origine, la question du
siège
précis estencore insoluble. »Parmi les partisans de la théorie musculaire, nous trou¬
vons Bodin, Billroth, Terrillon, etc., mais il faut avouer que la théorie aponévrotique a un nombre plus considérable
d'adhérents,
Monteils, Bard, Guyon(qui appelle
lesfibromes
des tumeurs
aponévrotiques intra-pariétales),
Gratzer, San- ger, tous citant de nombreux cas de fibromes dérivant del'aponévrose des muscles droits antérieurs de l'abdomen.
Daniel Mollière, Tillaux, Nicaise, Peyrot, Coyne, Claude et Tuffier, etc. Les-premiers disentquel'ona souvent retrouvé
ces tumeurs libres dans les gaines musculaires, entre les aponévroses, chaque foisqu'on les avait
opérées
audébutde leurévolution; enoutre, on a retrouvé dans leur intérieur, et surtout vers lapériphérie,
des fibres striées; les autres,comme Daniel Mollière, que l'on nous permettra de citer, prétendent : « La tumeurne peut provenir du périoste, car elle n'a actuellement aucune connexion avec lui et n'a
jamais