FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1899-1900 N® 98
DES INTERVENTIONS CHIRDRGICHÏS
DANS LA
TUBERCULOSE VÉS1CALE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 27 juillet 1900
PAR
Louis-Marie-Charles-Laurent-Jules RAILLIARD
né à Dax(Landes), le17octobre 1870.
/MM.PICOT, professeur Président.
Examinateurs de la Thèse:\> BOURSIER, professeur.BOURSIER, professeur )
) POUSSON, agrégé
j
Juges.^ CHAVANNAZ, agrégé )
LeCandidat répondra aux questions qui lui seront faites surles diverses parties
de l'Enseignement médical
BORDEAUX
G. GOUNOUILHOU, IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
I I, RUE GUIRAUDE, II
I9OO
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire.
PROFESSEURS: MM. MIGE . .
DUPUY.. .
MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne . . .
j
Clinique externe. . .
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tiquegénérales. . .
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section de chirurgie et accouchements
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LE DANTEG.
LeSecrétairede laFaculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinionsémises dans les
Thèses qui luisont présentées doivent être considéréescommepropres à leursauteurs,
et
quellen'entend leurdonnerniapprobation niimprobation.
A LA MÉMOIRE VÉNÉRÉE
DE MON
PÈRE
ET DE MAMÈRE
A MON CHER LOUIS
A MES
PARENTS
A MES AMIS
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE
DOCTEUR PICOT
PROFESSEURDECLINIQUEMEDICALEALAFACULTÉDEMEDECINEDE BORDEAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADEMIE DE MÉDECINE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Je regrette de ne pouvoiroffrir cet
opuscule, qui symbolise
la fin de mes études médicales, à ceux qui étaient si heureux quand je les commençais. Je vois encore
le moment où
monpauvre père m'accompagna à
Bordeaux
pourprendre
ma première inscription. Combien eûtété grande
sajoie s'il avait
pu assisterà la soutenance de ma
thèse !
Ce triste regard rétrospectif,
provoqué
par uneirrésistible
associationd'idées, m'entraîne à remercier
cordialement M. le
professeur Picot, qui prodigua à mes
chers parents
sessoins
dévoués, d'avoir acceptépour m'être
agréable la présidence de
ma thèse, bien que le sujet soit du
domaine de la chirurgie. Je
suis profondémenttouché de
la délicate
marquede sympathie
qu'a voulu me donner dans cette
circonstance
ceMaître
éminent.
Je prie M. le
professeur-agrégé Pousson, qui m'a entouré de
ses conseils, de croire à ma
sincère reconnaissance.
Je n'oublie pas M. le professeur
Lanelongue, chez qui j'ai
fait mes premierspas dans l'art de
soulager.
J'emporte le meilleur souvenir
des Maîtres dont les bonnes
leçons m'ontété et me seront utiles.
Que ceux qui n'ont pas fait
d'études médicales, à qui
j'adresserai ce souvenir, ne soient pas
choqués
parle choix du
sujet; la victime de lamaladie n'estpas
toujours aussi poétique
que celle del'abeille.
DES
INTERVENTIONS
CHIRURGICALES
DANS LA
TUBERCULOSE VÉSICALE
INTRODUCTION
La tuberculose est une maladie d'autant plus intéressante
que la thérapeutique est encore presque
impuissante à la
combattre.
De tous côtés, soit dans les différents
Congrès médicaux de
France et de l'étranger, soit à la Chambre des
députés et
au Sénat, soit dans la presse, onn'entend parler
quede
ceterrible fléau.
Dans le champ si vaste des ravages de ce
mal,
nous avons jeté notre dévolu sur un point, qui passionneplus particuliè¬
rement en ce moment le monde médical, la tuberculose des
voies urinaires; leslésions d'un des organes de cet
appareil
a spécialementattiré notre attention.La tuberculosevésicale, qui n'est pas aussi
redoutable
quela localisation du bacille en d'autres régions de l'organisme, arrive, après une évolution relativement
lente, à rendre l'exis¬
tenceinsupportable.
Dans notre thèse, nous avons cherché à mettre en
relief,
pour le traitement de cette affection, l'intervention
chirur¬
gicale, presque toujours palliative,
quelquefois curative, dont
on a le tort de méconnaîtretrop souvent l'utilité.
Quel grand service rendrait à
l'humanité celui qui achève¬
raitl'œuvre de Koch !
CHAPITRE
PREMIER
Étiologie.
—Anatomie pathologique.
Symptômes. —
Marche.
Lavessie est undes premiers organes où la
présence de la
tuberculisation localisée a été reconnue, mais pendant long¬
temps cette localisation de la
tuberculose
estrestée dans le
domaine de l'anatomie pathologique; nous devons
à Guyon et
à ses élèves l'étude clinique de cette affection.
Guyon avait remarqué que certaines
cystites étaient plus
tenaces que d'autres, présentaient des symptômes
particuliers
et survenaient chez des sujets débiles et scrofuleux;
il avait
reconnu la cystite tuberculeuse bien avant que
les
travauxde
Koch eussent permis d'indiquer la
pathogénie de cette affec¬
tion.
Étiologie.
— La tuberculose vésicale estmoins fréquente
chez la femme que chez l'homme, ce qui
s'explique
parles
rapportsintimes qui existent, chez ce
dernier
entrela vessie et
l'appareil séminal, si souvent tuberculeux.
Elle est fréquente de quinze à quarante ans, et rare
chez
l'enfant et le vieillard.
Les sujets scrofuleux, surtout ceux qui
dans leur enfance
ont eu de l'incontinence d'urine, stigmate d'une
faiblesse
vésicale, sont descandidats à latuberculose de
la vessie.
La muqueuse vésicale saine résiste énergiquement
à l'infec¬
tion bacillaire; un malade aura longtemps de la
bactériurie
rénale sans présenter de signes de tuberculose
vésicale; mais
— 13 —
si une cystite blennorragique
survient, elle établit
unlocus
minoris resistentiae favorable à l'installation du bacille de
Koch.
Pathogénie. — Le bacille de Koch peut
arriver à la vessie
par des voies diverses :
1° Il peut venir du rein par les
uretères. Dans certains
cas,les lésions bacillaires dominent au niveau des orifices ure- téraux.
2° Il peut arriver par Yurètre,
venant soit du dehors,
comme l'a prouvé Fournier, soit des
vésicules séminales
oude
laprostate.
3° Le bacille qui vient des
vésicules séminales
oude la
prostate suit ordinairement une autre
voie, celle des lympha¬
tiques et des mailles du tissu
conjonctif qui unit les
uns auxautres ces différents organes.
4° Ilpeut arriver aussi par
la voie sanguine. Ce trajet, nié
parlesuns,très fréquentpour
d'autres, est sûrement
parcouru ;la prédominance fréquente
des lésions bacillaires autour des
vaisseaux de la muqueuse en estlapreuve.
Anatomie pathologique. —
Arrivé dans la vessie, le bacille
colonise dans la muqueuse, surtoutau
niveau du trigone, des
orifices uretéraux et du col de la vessie; il y forme
le tuber¬
cule. Lamuqueuse présente
alors à l'endoscope l'aspect d'un
finpiqueté de
granulations grises qui sont tantôt isolées, tantôt
confluentes. Comme dans tout organe, le
tubercule est formé
d'une cellule géante
entourée immédiatement d'une zone
épithélioïde et àlapériphérie de plusieurs rangées de cellules
arrondies embryonnaires; au
milieu de
ceséléments vit le
bacille de Koch.
Lamuqueuse vésicale est rouge
congestionnée par plaques
disséminées.
Le tubercule se ramollit, devient caséeux et
s'ulcère. Les
ulcérations ont des bords taillés à pic et un
fond gris verdâtre
couvert d'une couchepurulente
qui
peutamenerla perforation
— 14 —
de la vessie; elles sont isolées ouréuniespar plaques ayant les
dimensions d'une pièce de cinquante centimes ou d'un franc.
Telles sont les lésions spécifiques qui ne tardent pas à être accompagnées de celles dela cystite vulgaire.
Les ulcérations tuberculeuses constituent un milieu favo¬
rable pour les micro-organismes : le coli-bacille principale¬
ment, le staphylocoque, le streptocoque, etc. Dans les urines
des malades on trouve souvent ces derniers microbes et pas le
le bacille de Koch, ce qui n'infirme en rien, d'ailleurs, le diagnostic.
La muqueuse se gonfle, s'œdématie, devient ecchymotique
et les ulcérations suivent une marche envahissante rapide.
La musculeuse s'infiltre d'éléments embryonnaires inflam¬
matoiresou spécifiques;parcontiguïtésedéclare lapéricystite.
La vessie enfin se ratatine au point d'atteindre le volume
d'une noix.
L'influence des infections secondaires se fait également
sentir dans le tableau clinique de la tuberculose vésicale; on
distingue en effet deux périodes dans l'évolution de cette
affection : celle de tuberculisation etcellede cystite oud'infec¬
tion secondaire.
Symptomatologie. — Latuberculose vésicale, le plus souvent primitive, peut être consécutive à la localisation du
bacille de
Koch dans les vésicules séminales et la prostate, dans les
reins et les poumons.
Nous décrirons la tuberculose vésicale primitive :
1° Période de tuberculisation.— Le malade éprouve des
besoins d'uriner qui deviennent de plus en plus fréquents,
d'abord toutes les heures, puis toutes les demi-heures; ces besoins sont impérieux et créent même quelquefois de
la
fausse incontinence.
Les urines sont claires et limpides; on n'y trouve pas
de
bacille.
La pollakiurie est suivie et quelquefois précédée d'héma¬
turies.
L'hématurie est un symptôme précoce, elle correspond
à
l'hémoptysie de la première période de laphtisie pulmonaire,
toutes les deux ont la même cause : larupture des vaisseaux congestionnés.
L'hématurie est spontanée, peu abondante :
quelques
gouttes de sang
à la fin de la miction, rarement des caillots,
l'urine est quelquefois teintée de sang pendant toute
la durée
de la miction.
La pollakiurie et l'hématurienesontpas
influencées,
commedans la lithiase vésicale, par le repos et la fatigue.
En même temps, le malade maigrit et
s'affaiblit,
cequi
éveille l'attention du médecin.
2° Période decystite. — Quand surviennent les
ulcérations
et l'infection secondaire, les hématuries diminuent,
tandis
que la pollakiurie augmente. Les
besoins d'uriner deviennent
incessants; nous avons vu dans le
service de M. le professeur
agrégé Pousson un malheureux
malade torturé
pardes
envies continuelles qui amenaient péniblement
l'expulsion de
quelques gouttes d'urine.
Le symptôme nouveau,
dont l'apparition caractérise la
physionomie de cette
période,
estla cystalgie. En dehors
de la miction, c'est une sensation
de gêne, de pesanteur
derrière le pubis, s'irradiant
douloureusement
auméat. Au
moment de la miction, ce sont des crises
paroxystiques,
arra¬chant des cris au malade, dues au contact
brûlant de l'urine
avec les ulcérations du col, aux contractions
violentes de
la vessie pour vaincre le spasme
intense du sphincter si
fréquent dans la cystite tuberculeuse.
Ces contractions
sepropagent au rectum; le malade
dont
nous avonsparlé plus
haut présentait du prolapsus rectal.
Lalimpidité des urinesdu début est
troublée
parla présence
d'un pus grumeleux, granuleux,
grisâtre, formant
undépôt
au fond du bocal. Si on examine ce pus au microscope, on aperçoit des globules rouges, des
globules du
pus,des cellules
épithélialesde la vessie, le bacille de Koch, le
coli-bacille, des
staphylocoques et des streptocoques.
Malheureusement
pour— 16 —
la sûreté du diagnostic, on ne trouve pas toujours l'agent spécifique.
3° Examen physique. —La palpation de la vessie est dou¬
loureuse. Si on introduit dans l'urètre un explorateur à
bout olivaire,onconstate,dès le début de l'affection, unspasme de la région membraneuse, signe précieux qui distingue la
tuberculose vésicale de la cystite blennorragique. Pour vaincre
cette résistance, il suffit de faire asseoir le patient etde pousser doucement l'explorateur. Le passage de la boule olivaire au niveau du col est douloureux. Il en est de même du contact de la paroi postérieure de la vessie; de légères impulsions
données à l'instrument buttant contre cette paroi exagèrent
la sensation pénible.
La cystoscopie révèle au début les lésions que nous avons décritesplus haut. A la phase de cystite, cetexamenestimpos¬
sible parce que la sensibilité de la vessie à la distension est
tellement exagérée que cet organe supporte à peine quelques gouttes de liquide; or, une certaine distension est nécessaire
pourintroduire et mouvoir le cystoscope.
L'examen de la vessie doit être accompagné de celui
du rein, le palper bimanuel permet de sentir cet organe s'il est malade, et dans ce cas provoque de la douleur;
de celui du scrotum, qui permet de voir des fistules et de palper profondément des bosselures des épididymes
quand
le bacille de Koch a fait des ravages dans cette région;
de
celui de la prostate et des vésicules séminales, où le toucher
rectal révèle des nodosités isolées ou confluentes, suivant le degré de l'invasion. Il faut examiner enfin l'état del'appareil pulmonaire.
La revue de ces différents organes a son importance, car
leur état pèse sur l'indication thérapeutique.
Marche. — La tuberculose vésicaleprimitivea une évolution lente, entrecoupée de longues périodes de rémission
jusqu'au
moment des infections secondaires qui précipitent la
marche
de la maladie. Le malade peut vivre cinq, dix, quinze ans;
il
— 17 —
finit par succomber à l'envahissement du rein par l'infection spécifique ou par l'infection vulgaire.
Latuberculose vésicale secondaire consécutive à làtubercu¬
lose pulmonaire marche plus rapidement.
En somme, primitive ou secondaire, le dénouement estfatal quand la maladie estlivrée à elle-même.
CHAPITRE II
Traitement
médical et chirurgical.
Commetoutes les localisationsdu
bacille de Koch, la tuber¬
culose vésicale est susceptible de
guérir. Le tubercule,
adit
Grancher, n'est pas un
néoplasme, mais peut guérir par la
transformation fibreuse.
Il y a des
tuberculoses vésicales à éruption discrète, les
urines contiennentpeu ou pas
de bacilles
;bien traitées, celles-
là guériront.
On
amis
endoute leur nature bacillaire, mais la
spontanéité
du début, la marche de la maladie, les antécédents
héréditaires et personnels,
d'autres localisations tuberculeuses
suffisentpour faire le
diagnostic à défaut du contrôle bactério¬
logique.
Il y ades
tuberculoses à éruption granuleuse abondante, les
tubercules tendent rapidement vers
l'ulcération, les urines
contiennent de nombreux bacilles. La
guérison
seraplus
difficile à obtenir, mais si on
n'a
pasde traitement curatif à
opposerà ces
formes
graves, onpourra au moins soulager le
malade.
Ilexiste plusieurs
modes de traitement, leur multiplicité ne
prouve pas
leur impuissance
:chacun
ases indications parti¬
culières.
Nous distinguons le traitement
médical et le traitement
chirurgical.
Traitement médical. — Il doit être
institué dès le premier
jour oùun
malade vient
voustrouver. Si la lésion s'est pro¬
duite, c'est que
l'organisme
afaibli à
unmoment donné, dit
19. —
Guyon; il faut donc le fortifier pour lutter contre le bacille
introduit dans la place.
On atteint ce but par la suralimentation, et non par le régime lacté ou le régime mixte ordonné par certains méde¬
cins. A la suralimentation, on ajoutera une cure d'air par le séjour à la campagne ou au bord de la mer.
Le traitement médical s'adressera ensuite directement à l'ennemi par les antituberculeux, tels que la créosote, Yiodo- forme et le gaïacol iodoformé.
M. le professeur agrégé Pousson ordonne l'iodoforme mélangé à l'arséniate de soude en pilules :
M. le professeur Picot prescrit le gaïacol iodoformé eninjec¬
tions hypodermiques :
On injecte par séance 2 centimètres cubes de cette solution,
et on renouvelle ces séances tous les jours ou tous les deux jours, suivant la constitution du sujet. Ces injections sonttrès
bien tolérées et donnent de bons résultats.
Le traitement médical sera aussi symptomatique; on cher¬
chera principalement à calmer la douleur par les injections de morphine, les suppositoires à la cocaïne, etc.
Pendant longtemps le traitement médical a été le seu
employé, il n'était pas encore question des interventions chirurgicales, les topiques mal choisis et mal [utilisés ne donnaient aucun résultat; aussi faisait-on de la tuberculose vésicaleun noli me tangere. Les tuberculeux vésicaux feraient
bien de fuir les chirurgiens et de s'adresser aux médecins,
écrivait Guyon vers4881.
Le traitement médical donne de bons résultats. Guyon, dans
une statistique, cite sept malades n'ayant suivi que ce trai-
Arséniate de soude Iodoformé ....
1 milligramme
1centigramme.
Pourunepilulen°20.
Enprendre deuxparjour.
Gaïacol
Iodoformépulvérisé. . .
Huile d'olives stérilisée.
0 grammes.
1 gramme.
100 grammes.
— 20 —
tement tellement améliorés qu'on pouvait les
considérer
comme guéris.
On nedoit pas secontenter
exclusivement de
cetraitement
;car on ne peut s'attendre
à la guérison obtenue chez les
malades [de Guyon qu'en prenant
la maladie tout à fait à
son début, ce qui estassezdifficile.
D'abord, le malade n'ira pas
toujours trouver le médecin
dès l'apparition des premiers
symptômes, s'il n'est effrayé par
une hématurie abondante, parce que les
besoins d'uriner
nesont pas au début trop
fréquents, et
quesurtout il ne souffre
pas. Irait-il trouver
le médecin, le diagnostic peut être embar¬
rassant : d'une part, la
tuberculose vésicale primitive
a undébut insidieux, et sessymptômes se
caractérisent surtout par
leur ténacité dont on ne se rend compte qu'avec
le temps;
d'autre part, la cystite
tuberculeuse
segreffe souvent sur une
cystite blennorragique, et on
'soigne
encorecette dernière
alors que les lésions
tuberculeuses ont déjà fait des progrès
rapides sur un
terrain préparé d'avance; enfin, il n'est pas
toujours facile de
découvrir le bacille de Koch dans l'urine.
11 faudra donc toujours joindre au
traitement médical
untraitement chirurgical.
Traitement chirurgical. — Il y a
deux traitements chirur¬
gicaux : les
topiques
etles interventions sanglantes. Une
opération est toujours grave;
aussi devra-t-on d'abord essayer
les topiques.
Topiques. — L'usage
des topiques remonte à Ambroise
Paré, quifaisait de grands
lavages de la vessie
avecde l'huile
dejusquiame et une
infusion de plantes diverses.
Jusqu'en1880, les lavages
furent
avecles injections le seul
mode de traitement local employé, d'ailleurs,sans
résultat. Et
Giviale disait que le passage de la
sonde faisait plus de mal que
l'injection ne produisait
de bien.
Les prédécesseurs de
Guyon
neréussissaient pas, parce
qu'ils
choisissaient de mauvais topiques et
queleurs injections
etleurs lavages étaient trop
abondants
pourle
peude disten¬
sion supportée parla
vessie tuberculeuse.
En 1881, Guyon créa 1 etraitement par les
instillations;
il pensait avec raison
qu'un liquide déposé goutte à goutte
surle col ou dans la cavité vésicale, n'éveillerait pasla susceptibi¬
lité de cet organe. La méthode était bonne,
mais le topique
mauvais: c'étaitle nitrate d'argent. Rien, dit Guyon, n'est
plus
mal supporté, ne réussit aussi bien
à
aggraverla maladie
queces instillations de nitrate d'argent, et ce signe suffit souvent
pour attirer l'attention sur une
tuberculose vésicale dont
onsoupçonne le diagnostic.
En 1892,Guyon publia un mémoire sur
l'emploi du sublimé,
qui est depuis lors le topique
utilisé à l'hôpital Necker. On
sesert d'abord d'une solution de 1 p. 5000 dont on instille de
20 à 30 gouttes par jour; puis on
élève
peuà
peu,suivant la
tolérance de la vessie, le titre de la solution
jusqu'à 1
p. 1000. Dans la statistique
publiée
parGuyon
en1897,
noustrouvons 37 malades traités par le sublimé, dont
4 guéris,
5 très améliorés et 18améliorés.
M. le professeur agrégé Pousson,
qui
aemployé longtemps
le sublimé, n'a pas obtenu de pareils
résultats; aussi lui a-t-il
substitué Yiodoforme et le gaïacol iodoformé.
L'iodoforme estemployéensuspension
dans l'huile stérilisée
dans les proportionsde :
Iodoformé 4 grammes.
Huile stérilisée .<... 100 —
On fait une instillation de 20 gouttes environ par
jour.
Le Dr Condé, dans sa thèse
(Bordeaux, 1892), cite quel¬
ques cas d'amélioration par
l'huile iodoformée.
L'iodoforme est encore utilisé sous forme de mixture de Frey ainsi composée :
Iodoformé 50 grammes
Glycérine 40 —
Eaudistillée 10 —
Gommeadragante 25 centigrammes.
On metune cuillerée à café de cette mixture dans un demi-
litre d'eau boriquée chaude, avec
laquelle
onfait ensuite
un lavage de la vessie.M. le Professeur agrégé Poussoir se sert
de la mixture de
Frey, quand la vessie ouverte parla taille peut laisser
échapper naturellement, par la
fistule vésicale
oula sonde à
demeure qui latraverse, le liquide
injecté
;il n'y
a pasainsi à
craindre un excès de distension douloureux de la vessie.
Le gaïacol iodoformé
(formule de M. le professeur Picot),
préconisé d'abord parColin dans la tuberculose vésicale, est
le topiqueutilisé de préférence
dans le service de M. [le doc¬
teur Pousson; de nombreuses observations sont
là
pourattester lesbons effets de ce médicament.
Le sublimé, le gaïacol iodoformé,
la mixture de Frey agis¬
sentàla fois sur le bacille de Koch et sur les autres micro¬
organismes, qu'ils tuent, et sur
leurs toxines, qu'ils atténuent.
Ils modifient également les symptômes:
le gaïacol
parexemple
calme ladouleur etmodifie les urines, qui sont claires pendant
les deux outrois jours qui suivent une
instillation.
On a utilisé sans succès le borate de soude, le sulfate de soude, l'acide lactique, l'acide
carbonique
etle formol.
Dans certains cas, le sublimé, le gaïacol
iodoformé, la
mixture de Frey sont également impuissants; on est
alors
obligé de songer à une intervention
sanglante, qu'accepte faci¬
lement, souvent même réclame le
malade torturé
par sonmal.
CHAPITRE III
Intervention
chirurgicale.
L'intervention chirurgicale est
indiquée dans les
cassui¬
vants :
1° Quand les topiques
échouent;
cequi est susceptible
d'arriver à la première et à la
seconde période de l'affection.
A la première, les
hématuries peuvent être abondantes, et
l'intervention est nécessaire pour mettre un
frein à la polla-
kiurie qui, en augmentant
la congestion de la muqueuse par
des contractions fréquentes, favorise
l'hémorragie vésicale.
A la seconde période, la
miction peut être si douloureuse
qu'une
intervention est indispensable afin de mettre la
vessie au repos. A cette même
phase, la
muqueusevésicale
peut devenir un
foyer de suppuration abondante, qui affaiblit
le malade et menace de s'étendre aux reins; on est
alors forcé
de recourir au curettage età la
cautérisation.
2° Quand l'instillation des
topiques est impossible. Il en
était ainsi chez un malade que nous avonsvu
dans le service
de M. le Dr Pousson. Le spasme de la
région membraneuse
de l'urètre, si fréquent chez
les tuberculeux, était particulière¬
ment tenace: onne pouvaitpas
introduire l'instillateur; comme
le malade continuait à souffrir et dépérissait
énormément,
onfut obligé de faire la
cystotomie.
L'intervention chirurgicale
n'est-elle
pasquelquefois contre-
indiquée malgré les
hématuries, malgré les douleurs, malgré
la pyurie, malgré un spasme
rebelle?
Certains prétendent
qu'elle
esttoujours nuisible.
— 24 —
Les observations que nous donnons plus loin prouvent le contraire; le nolime tangere a fait son temps.
Les lésions rénales seraient, d'après d'autres, une contre- indication; c'est une erreur, à moins qu'elles ne soient très
avancées. En effet, l'ouverture de la vessie soulage les reins
en supprimant la pollakiurie qui entraîne par réflexe la polyu- rie; de plus, l'urine purulente pouvant s'écouler librement,
n'a pas de tendance à remonter dans les reins dont elle aug¬
menterait l'infection.
Les lésions de la prostate, des vésicules séminales et des épididymes, qui existentpresque toujours dans la tuberculose vésicale, ne doiventpas non plus arrêter le chirurgien.
Les lésions pulmonaires ne sont une contre-indication que
lorsqu'elles sonttrès prononcées. L'intervention soulage pres¬
que toujours le malade, et l'état général s'en ressent. Un
malade de M. le Dr Pousson, dontnous donnons l'observation,
était harcelé par une pollakiurie et une toux incessantes; il
avait des lésions tuberculeuses du poumon droit. L'interven¬
tion a tellement amélioré son état, qu'il a pu reprendre son
métier.
D'après les chirurgiens anglais, ce fut William Parker, de New-York, qui, en 1850, érigea l'intervention chirurgicale
commetraitement dans la cystite tuberculeuse, et qui en posa les conditions.
Emmet, en 1861, propose la cystotomie dans la cystite
tuberculeuse.
Boursier, en 1885, vante le traitement chirurgical par la
boutonnière périnéale.
La même année, Guyon fit une taille hypogastrique dans un
cas de cystite tuberculeuse trèsdouloureuse, et non seulement
il obtint une forte diminution des douleurs, mais les autres symptômes, pollakiurie, hématurie, pyurie, s'amendèrentaussi
considérablement.
En 1888, Poncet fit la cystostomie sus-pubienne.
En 1898, Rochet a fait la résection des nerfs honteux
internes dans des cystites douloureuses.
Il y a donc plusieurs modes d'intervention chirurgicale.
Nous étudierons successivement la dilatation du col vésical par l'urètre chez la femme* la colpocystotomie, la bouton¬
nièrepêrinéale, la cystotomie etla cystostomie sus-pubiennes; enfin nous dirons quelques mots surl'opération de Rochet.
A. Dilatation du col vésicalchez la femme.— Lamalade est placée dans la position de la taille périnéale.
On lave d'abord la vessie, puis on dilate l'urètre et le col
de lavessie.
Pour la dilatation, on se servait au début de tiges de lami¬
naire; puis Simon, de Nancy, inventa, dans ce but, un petit spéculum. Heath la faisait avec le doigt.
Aujourd'hui on dilate, soit avec le dilatateur de Guyon, qui
se compose de quatrelames métalliques susceptibles de s'écar¬
ter, et dans l'intervalle desquelles on glissé une série de man¬
drins de diamètres progressivement croissants; soit avec les bougies d'Hegar. On dilate lentement, jusqu'à ce que l'orifice
du col admette l'index. Avec l'index, on explore la vessie; puis
on la curette et on place une sonde à demeure. Ce curettage
est utile, comme le prouve l'antithèse des résultats suivants :
Hartman, dans sa thèse de Paris (1886) donne quelques obser¬
vations de cystite tuberculeuse où la dilatation simple n'a rien donné; tandis que Banzet, en 1897, cite 10 cas de cystite
tuberculeusetraités par la dilatation suivie du curettage, dont
8 améliorations.
B. Colpocystotomie. — 11 existe plusieurs procédés pour faire la colpocystotomie; nous donnons celui qui est décrit
par le Traité de chirurgie de Duplay et Beclus.
La malade étantplacéedans laposition de la taille périnéale,
onintroduit dans la vessie un cathéter dont la convexité can¬
nelée déprime la paroi vésico-vaginale et doit se trouver surla ligne médiane. Laparoi postérieure du vagin étantécartée par
une valve de Sims, onincise au bistouri la cloison vésico-vagi¬
nale d'avant enarrière, en commençant à trois centimètres et
demi du méat urinaire pour éviter la blessure des uretères.
La
vessie ouverte, on introduitparla fistule une sonde de Pezzer,
— 26 -
qu'on laissera en
place
tant quel'état de la malade
ne sera pasamélioré.
Hartmann, danssathèse, donne deux
observations de colpo-
cystotomie pour cystitetuberculeuse, suivies d'une améliora¬
tion notable.
G. Boutonnière périnéale avec dilatation de l'urètre
postérieuret du col. —Thompson pratiqua le premier cette opération dans la cystitedouloureuse.
Boursier l'a conseillée en1885 pour la tuberculose vésicale.
Cette opération, un peu délaissée, a été
remise
enhonneur
ces dernières années par M. le professeur Guyon et ses
élèves.
Nous décrirons le manuel opératoire suivi par M. le pro¬
fesseur agrégé Pousson.
Le malade étant placé dans la position de la taille, l'opé¬
rateur introduit dans l'urètre un cathéter métallique, cannelé
sur sa convexité, et le confie à un aide placé à sa gauche.
Cet aide relève le scrotum de la main gauche et maintient le
cathéter de la main droite exactement sur la ligne médiane,
tout en faisantbomber le périnée sur la convexité de l'instru¬
ment. L'opérateur tend les téguments de la main
gauche
etfaitsurle raphé périnéal une incision cutanée de trois
centi-
tres qui s'arrête à un centimètre en avant de l'anus;
il
peut ajouter, comme M. le professeur Guyon, deux petitsdébride-
ments latéraux perpendiculaires à l'incision pour agrandir
le
champ opératoire. Il divise ensuite le raphé fibreuxano-bul-
baire, recherche le bulbe et le dégage en arrière et sur
les
côtés. Le chirurgien cherche alors à sentir en arrière du
bulbe
la résistance ducathéter; cette manœuvre réussie, il divise les
tissus dans la direction du cathéter, ponctionne la partiemem¬
braneuse de l'urètre sur sa cannelure et prolonge l'incision
surune longueur de 1 à 2 centimètres, en évitant l'ouverture
durectum. A travers cette incision, il dilate l'urètre et le
col
avec le dilatateur à mandrin de Guyon ou avec les
bougies
d'Hégar jusqu'à ce que l'index puisse être introduitdans la
vessie. La vessie explorée, suivant son état, on peut curetter
— 27 —
lamuqueuse ou se
contenter de mettre
unesonde à demeure
clansla boutonièrepérinéale.
Telle est l'opération remise en
honneur
parGuyon.
Il cite dans une statistique sept cas de
cystite tuberculeuse
amélioréspar la
boutonnière périnéale.
D. Cystotomie sus-pubienne avec curettage et
cautérisa¬
tion de la muqueuse vÉsiGALE.—La
cystotomie sus-pubienne
est l'opération que
pratique de préférence M. le Dr Pousson
dansla cystite
tuberculeuse.
Nous allons décrire sonprocédé.
Le malade estplacé sur un
plan incliné, dans la position de
Trendelenburg, qui fait remonter
l'intestin
sousle diaphragme
et éviterainsi la blessure etla souillure
de cette partie du tube
digestif. Puis il est
endormi
auchloroforme ou anesthésié à la
cocaïne, suivant le
procédé indiqué dans une de nos obser¬
vations.
Avant de commencer l'opération, on
essaie de distendre la
vessie (nous disons essayer, parce
qu'on ne réussit pas tou¬
jours); môme sous
le chloroforme, la vessie se contracte et
chasse le liquide
injecté. Pour réussir,
onintroduit doucement
unliquide antiseptique;
dès
quela vessie est un peu distendue,
on arrête l'injection et on serre
la sonde entre les mors d'une
pince àforcipressure.
Un accident àéviter pendant cette
distension est la rupture
de la vessie. Cet accident est arrivé une fois
à M. le professeur
Guyon et a fait l'objet
d'un rapport de M. le D1' Pousson dans
la Revue cle chirurgie de
novembre 1885.
Opération
proprement dite.
—L'opérateur fait sur la ligne
médiane une incision verticale de 8 à 10
centimètres dont
l'extrémité inférieure doitarriverau pubis.
Il incise ensuite la
ligne blanche, le fascia
transversalis. L'aponévrose ombilico-
prévésicale est incisée
transversalement
enbas, puis refoulée
en hautavecle cul-de-sac péritonéal.
La vessie apparaît plus ou
moins distendue,suivant la quan¬
tité de liquide injecté.
L'opérateur la ponctionne, fait une
incision de 4 ou 5 centimètres, par
laquelle il introduit
— 28 —
immédiatement l'index pour explorer rapidement la cavité
vésicale avant que tout le liquide se soit écoulé. Un fil de soie aseptique est passé dans chaque lèvre de l'incision pour
permettre de soulever la vessie, qui tend à s'enfoncer dans le petit bassin. L'opérateur cherche alors à bienserendre compte
de l'état de lamuqueuse vésicale, qu'il déplisse avec des valves
et des écarteurs spéciaux.
Leguen, en 1892, inventa une valve spéciale, le dépresseur vésical; ce dépresseur a une lame longue, concave en avant,
convexe en arrière, large à sonextrémité inférieure etmontée
à angle obtus sur le manche, disposition qui favorise l'applica¬
tion de la valve et sanslaquelle la lame, qui doit être verticale¬
ment appliquée contre les parois de la vessie, ne pourrait
l'être quand la vessie est profondément située. La disposition
ordinaire à angle droit ne lepermet pas à cause de l'interposi¬
tion trop épaisse des tissus. La longueur de la lame de cet
instrument permet d'atteindre le bas-fond de la vessie, qu'elle déprime sans pouvoir l'étaler, ce qui cependant rendrait plus
facile l'examen du trigone et la recherche des orifices des
uretères. Ce dépresseur présente aussi l'inconvénient de
cacher la partie de la paroi sur laquelle s'applique sa lame.
— 29 —
M. leDr Pousson a fait construire un
écarteur ajouré. Les
deux extrémités de cet instrumentsont
coudées à angle droit
eten sens contraire sur la partie moyenne;
l'une des extré¬
mités sert de poignée, l'autre est
placée dans la vessie; celle-ci
déprime la
paroi latérale et
setermine par une portion
horizontale qui sert à
étaler le bas-fond de la vessie.
On place un écarteur
ajouré de chaque côté de la vessie;
mais ils ne suffisent pas pour
bien voir la
muqueusede la
vessiedont lacavité est un peu obscure.
Pour remédier à cetinconvénient,
M. le Dr Pousson
afait
construire un spéculum éclaireur;
cet instrument est une
simple valve
qui
porte aumilieu de sa lame une lampe élec¬
trique.
On introduit la lamede cettevalve
dans la cavité vésicale et
on l'applique contre
la face interne de la partie supérieure de
la vessie; la lampe
projette
unevive lumière qui réalise une
endoscopie parfaite.
La vessie bien examinée, l'opérateur
curette les points lésés
de la muqueuse,
soit
avecle tranchant de la curette, soit avec
le dos de la herse-curette de M. le Dr
Pousson. Cet instrument
présente sur la face convexe une
série de crêtes linéaires
parallèles entre elles.
La longueur de
cette herse-curette permet d'atteindre les
lésions du col.
— 30 —
Le curettage terminé, on lave la vessie avec un liquide antiseptique, puis on cautérise la muqueuse.
Le curettage et la cautérisation n'occasionnent pas d'acci¬
dents ; on n'apas encore signalé de perforation consécutive de
lavessie.
La cautérisation faite, on retire le spéculum éclaireur eton enlève les écarteurs.
A ce moment se pose la question délicate suivante : doit-on
suturer la vessie oula laisser ouverte?
La suture complète a le grand avantage d'éviter une longue tistulisation, qui exige quelquefois une seconde intervention.
Herses-curettes du Dr Pousson.
Après l'extraction d'un calcul, après la résection de lapros¬
tate, on ferme complètement la vessie s'il n'y a pas de
lésions
de cystite grave.
En agissant ainsi dans la tuberculose, 011
s'éloignerait du
but qu'on poursuit. On cherche à calmer les douleurs
qui
sont dues principalement aux contractions de lavessie; or,
si
onla ferme, les contractions recommenceront.
D'un autre côté, si la cavité vésicale suppure, la
fistule
hypogastrique permettra de faire de grands lavages sansdistendre la vessie.
Il faut doncse contenter de faire une suturepartielle,
après
avoir placé dans la plaie des tubes de
Guyon-Périer
pourconduire l'urine au dehors. On met un drain dans la cavité
de Retzius pour donner issue à l'urine qui s'échappe entre
les tubeset les lèvres de la plaie, et tendrait à s'infiltrer.