FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
^ IST ÏSTÉE 1900-1901 No 54
rr
DU
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J!iT mmm i
ET PLUS PARTICULIÈREMENT EN RHINOLORIE
THESE FOUI! LE DOCTORAT EN MEDECINE
présentée et soutenue publiquementle 26 Avril 1901
PAR
Marius-Honoré MENIER
Ex-assistant de la clinique libre du Dr Lichtwitz Né àBordeaux(Gironde), le 10 décembre 1876.
I AIM. ARNOZAN, professeur... l'résideut.
• , . . , i MORACHE, professeur... ) xaminateurs de la lliese
j
DUBREUILH, agrégéLinges.
I LE DANTEG, agrégé )
Le Candidat répondra auxquestions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
.)
BOUDEAUX
IM P H1 NI E 11 1 E Y. CAD OKI' 17 — rue I'OQuelin-molièhe — 17
(ancienne rue montmejan) 1901
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DE BORDEAUXM. de NABIAS Doyen. | M.PITRES.... Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ )
DUPUY [ Professeurshonoraires.
MOUSSOUS )
MM. MM.
Médecinelégale MORACHE.
Physique BERGONIÉ.
Chimie BLAREZ.
Histoirenaturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale deNABIAS.
Médecineexpérimentale. FERRE.
Cliniqueophtalmologique BADAL.
Clinique des maladies chirurgicales
j PICOT.
Cliniqueinterne j PITRES.
t DEMONS.
Clinique externe <j laNELONGUK.
Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire... MASSE.
Clinique d'accouchements LEFOUR.
Anatomiepathologique COYNE.
Anatomie CANNIEU.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
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Hygiène LAY^ET.
AGRÉGÉS EN
PIECHAUD.
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Clinique médicale des
maladies des enfants.
Chimiebiologique DENIGES.
EXERCICE
section de médecine (Pathologie interne etMédecine légale).
MM. CASSAET.
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section de chirurgie et accouchements
Pathologieexterne
MM.DENUCE.
VILLAR.
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Accouchements mm. chambrerent.
fieux.
Anatomie.
section des sciences anatomiques et physioi.ogiques
j MM. PRINCETEAU. I Physiologie MM.PACHON.
I Histoirenaturelle BEILLE.
( N.
section des sciences physiques
Physique mm. S1GALAS. | Pharmacie m.
barthe,
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique des1 maladies cutanéesetsyphilitiques mm. dubreuilh.
. . .• • ■ ■ 1 omiQçnN
Clinique desmaladies des voies urinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie externe
Pathologieinterne »
Accouchements Chimie.
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologieetminéralogie Pathologie exotique
LeSecrétaire de la L'acuité: lemaire.
pousson.
moure.
regis. ,
denuce.
rondot.
chambrelent.
dupouy.
pachon.
princeteau.
lagrange.
carles.
le dantec.
Pardélibération du 5 août1879, la Facultéaarrêtéqueles opinionsémises dans les hèses
qui sontprésentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs, et qu'elle aen
leur donnerni approbation ni improbation.
A LA MÉMOIRE DE MON PÈRE
A MA MÈRE
Pourson amouret pour sessacrifices.
A MES AMIS
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A Monsieur le Docteur LICHTWITZ
A mon Président de Thèse,
Monsieur le Docteur ARNOZAN Professeur de Thérapeutiqueà laFaculté de Médecine de Bordeaux,
Médecin desHôpitaux, Officier de l'Instructionpublique.
Arrivé au terme de nos études, nous adressons à nos maîtres de la Faculté et des Hôpitaux l'expression de notre reconnais¬
sance pour la bienveillance dont ils ont toujours fait preuve à
notre égard.
Nous remercions M. le professeur Arnozan pour le grand
honneur qu'il nous a fait devouloir bien accepter la présidence
de notre thèse.
Nous remercions aussi M. leprofesseur agrégé Sabrazès pour l'intérêt qu'il nous a toujours témoigné.
Nous tenons à exprimer d'une façon particulière notre recon¬
naissance à M. le D1' Lichtwitz, qui nous a donné de si nombreu¬
ses marques d'amitié; nous le remercions de nous avoir inspiré
ce travail. Le souvenir denos longues etintéressantes causeries
restera gravé dans notre mémoire, comme le souvenir de son
affection restera dans notre cœur.
D U
TRAITEMENT AÉROTHERMIQUE EN GÉNÉRAL
ET PLUS
PARTICULIÈREMENT
EN RHINOLOGIEINTRODUCTION
Dans le travailqui suit,nous nousproposons
d'étudier l'emploi
thérapeutique d'un agent physique, l'airchaud, auquel
on n apas accordé peut-être tout l'intérêtqu'il
mérite.
Notre travail se divise en deux parties :
Dans la première, après un très court
historique, avant
d'aborder ce qui fait l'objet
principal de
notretravail,
nousconsacrons, purement au point
de
vuedocumentaire, deux
paragraphes à la vapeur d'eau chaude.
Puisnous passons en revueles
théories qui ont été émises
surle mode d'action de l'air chaud. Nous terminons enfin cette premièrepartie généraleparune
^numération et
unedescription
des appareils employés soitpour
le traitement à la
vapeurd
eauchaude, soit pour l'aérothermie.
Dans la deuxième partie, nous nous occupons
de l'emploi de
l'air chaud en rhinologie.
Des cas nombreux ont été traités par nous à la
clinique du
Dr Lichtwitz, et c'est le résultat de nos
expériences
que nous présentons aujourd'huià l'appréciation de nosjuges.
PREMIÈRE
PARTIEHISTORIQUE
C'est dans le Traité de médecine opératoire de Dieffenbach (Operationslehre, 1845) que nous trouvons la première allusion
àl'emploi possible de l'air surchauffé comme agent thérapeu¬
tique. « Le feu, écrit-il, est employé comme remède sous ses formes si différentes : sous forme d'eau bouillante, de vapeur
ardente, ou d'air chaud ou bien enfin sous forme de fer rouge.
Ouaproscrit avec raison l'eau bouillante et lavapeur, car est-
il rien de plus barbare que de verser, comme 011 l'a fait autre¬
fois, de l'eau en ébullition clans les trajets fistuleux, ou de
soumettre les malades au supplice, renouvelé de l'Inquisition,
des vapeurs brûlantes?... Grâce à la chaleur, dit-il plus loin, l'organisme ou ses parties sontexcités à une inflammationassez élevée... »
Cette indication de l'emploi éventuel de l'air surchauffé signalée par Dieffenbach et jetée peut-être parlui au hasard,
comme une hypothèse, n'attira l'attention de personne, et ne
suggéraà aucun thérapeute d'employerce médicament qu'on a pour ainsidire toujours sous la main.
U faut arriver en1894, cinquanteansaprèsle Traité de méde¬
cine opératoire de Dieffenbach, pour voir le premier essai timide d'un appareil producteur d'air chaud, dû à Vorstiidter,
médecin à Bialystok (Russie). Mais bientôt les modifications, les inventions et les applications arrivent en foule. C'est en 1897,
l'appareil
de Hollander; la même année, celui de Gautier et— 10 —
Larat; un an plus tard, celui de Jayle. En juillet 1900,
MM. Lermoyez et Mahu, dans les Annales des maladies de
l'oreille, décrivent leur méthode qui est appelée à modifier la thérapeutique des fosses nasales. Mais, la méthode de ces
derniers auteurs n'a été pratiquée après eux, malgré tous les avantagesqu'elle offre, nienFrancenià l'étranger; cela semble tenir, non pas à un défaut de l'instrument employé, mais àune
simple difficulté de technique qui a été résolue, comme nous le
verrons plus tard, par notre maître le Dr Lichtwitz [Archives
internat, de laryng., janvier-février 1901).
MODE D'ACTION DE LA VAPEUR D'EAU CHAUDE.
SON EMPLOI
Plus l'air est sec, plus élevées sont les températures que la
peau et les muqueuses peuvent supporter sans danger.
Mais si l'air est chargé de vapeur d'eau, ce n'est plus unë hyperhémie qui est provoquée au point d'application, mais une cautérisationplus ou moins profonde suivant la durée du temps d'application.
Snegirew, chirurgien gynécologistc de Moscou, a démontré
en 1894 que la vapeur d'eau chaude est un hémostatique par¬
fait (Snegirew, Der Dampf, ein neues Hœmostaticum, Deniseh,, med. Woch., 1894, n. 34. Comptes rendus du NIL Congrès internat, de Méd. Moscou, vol. VI, p. 263, 1897).
Nous nepouvons mieux faire que de citer les paroles pro¬
noncées en 1897 au Congrès de Moscou par Snegirew :
« La vapeur peut être employée comme hémostatique dans
» les opérations suivantes : Résection partielle du foie, de la
» rate, des poumons, du rein, du cerveau, amputation de l'uté-
» rus, hémorrhagies du tissu spongieux des os, blessures des
» vaisseaux, des muscles et de la peau. Les plaies soumises à
» 1action de la vapeur guérissent par première intention
»
L'emploi
de la vapeur est très utile en chirurgie, car il faci-» lite l'extirpation de tumeurs et donne des résultats qu'on ne
» pouvait espérer avant son emploi ».
Mentionnons de plus que Snegirew a toujours fait la « vapo¬
risation » de l'utérus sans chloroforme. Selon lui, l'opération
nest pas douloureuse, la vapeur calme même les douleurs qui
existent dans quelques cas. Les sécrétions pathologiques per¬
dent leur fétidité; la muqueuse conserve sa fonction et son Meuier
2
— 18 —
aspect macroscopique; après le traitement, la menstruation peut se produire régulièrement et rien ne porte tort aux gros¬
sessesfutures.
En 1899, A. Ceccliarelli et G. Benfanti recommandèrent
comme hémostatique la vapeur sous pression, laquelle, produi¬
sant un caillot très adhérent, est très efficace dans les hémor-
rhagies capillaires.
La même année, le Prof. Berthold (1), de Kœnigsberg, eut
l'idée d'employer la vapeur d'eau chaude au traitement de quelques affections du nez ayant résisté jusqu'alors à tout
moyen thérapeutique.
Il a soumis à l'action de la vapeur 25 malades, parmi les¬
quels :
Deuxhémorrhagies nasales dangereuses, dues à l'artériosclé¬
rose,
Un cas d'épistaxis provoqué par l'hémophilie,
Un cas d'empyème de l'antre cl'Highmore,
Uncas de lupus du nez, Treize cas d'ozène,
Six cas d'hypertrophie de la muqueuse nasale avec obstruc¬
tion des fosses nasales.
Tous ces cas ont été ou guéris ou considérablement amé¬
liorés.
Mais le procédé de Berthold est cruellement douloureux; le
nez étant un des organes les plus sensibles et les plus délicats.
La vapeur d'eau (au contraire de la cautérisation galvanique qui n'atteintqu'un point isolé) étend son action à presque toute
la muqueuse, c'est-à-dire à d'innombrables terminaisons ner¬
veuses.
Aussi Berthold est-il obligé d'avoir recours à
l'anesthésie
locale au moyen de la cocaïne et d'un tampon imbibé de
chlo¬
roforme introduit dans le nez. Il fait ensuite pénétrer son
« atmdcautère » jusqu'à l'ouverture postérieure des fosses
nasales et fait circuler la vapeur pendant un temps variant
de
(1) Berthold, Die intrancisale Vaporisation, Berlin, 1900.
— 19 —
une à trois secondes. L'opération est terminée; elle est bientôt suivie d'un abondant écoulement d'abord aqueux, plus tard fibrineux; le visage rougit et se gonfle; la muqueuse nasale subit le même sort et l'écoulementse fait par l'ouverture posté¬
rieure des fosses nasales. Le nez resle bouché pendant deux à
cinq jours. Ces phénomènes de réaction, ainsi que les troubles subjectifs du malade cessent au bout de huitjours.
Parfois, mais rarement, le gonflement de la muqueuse se propagejusqu'à l'orifice de la trompe d'Eustache, et deux fois Berthold vit les applications de vapeur d'eau chaude être sui¬
vies d'une otite moyenne qui, du reste, guérit sans accidents, après paracentèse du tympan.
La température employée par Berthold varie entre 93° et 96° C. Enfin Berthold a eu, sans la mettre d'ailleurs à exécu¬
tion, l'idée d'employer les vapeurs d'eau chaude dont Koch
nous a fait connaître les propriétés bactéricides, au traitement de la rhinite de lalèpre. Les recherches faites par Koch à la
léproserie de Memel et à l'Institut fiir infectiôse Krankheiten,
à Berlin, et par Stricker à Bombay (Stricker, Arbeiten aus dem hais. Gesuncl. Amie, Berlin, 1899, Alliage 1, Untersuchun- gen iïber die Lepra) ont démontré que cette rhinite, à cause du catarrhe nasal qui
l'accompagne
et dont la sécrétion contient de nombreux bacilles de llansen, est une importante cause de contagion.MODE D'ACTION DE L'AIR CHAUD
C'est surla théorie de l'inflammation et de l'hyperhémie que
s'appuient les auteurs qui ont donné au caustique aérien une
importance quiva tous les jours en grandissant.
En vertu de l'ancien aphorisme « ubi stimulus, ibi affluxus » on employait depuis longtemps les agents irritants les plus
divers (compresses d'alcool, badigeonnages de teinture d'iode) qui agissent surle système vasculaire cutané comme vaso-dila¬
tateurs.
Or au Congrès des médecins et naturalistes allemands tenu à Munich le 22 septembre 1899, Buchner, dans un magistral rapport, a faitressortir les importantes fonctions du sangdans
les processus infectieux, et le rôle important qu'il joue dans les
inflammations.
Il a trouvé dans le sérum sanguin des alexines, qui sont pour les bactéries des ferments protéolytiques, des dissolvants des
albumines. Ces fermentsqui existentenquantités variables dans
les cellules de liquides de l'organisme, sont contenusennombre
très considérable dans les leucocytes et le sérum du sang des
animaux à sang chaud.
Donc le sang ou mieux ses parties composantes possèdent la capacité chimique de résorber les produits pathologiques bacté¬
riens et les bactéries elles-mêmeset de préparer lareslitutio
ad
integrum (1).Mais si l'onveutquel'organisme puisse lutter victorieusement
contre les agents pathogènes, il faut lui apporter un secours
(i) Schaltenfroh. XVeilere Untersuchungen Tiber bakterienfeindliche Sloffe der Leucocylen. Archiv.furIlygiene. Bd. XXXV, 1et 4.
— 21 —
efficace ; il faut que les tissussoient plus abondamment irrigués
el imbibés par le sang.
Mais les agents chimiques que l'on employaitautrefois pour
produire cette inflammation et cette hyperhémie artificielles
cèdent de plus en plus le pas aux agents physiques. 11 suffit de rappeler l'emploi étendu de l'électricité en thérapeutique, des
rayons Rœntgen et cathodiques; tous ces agents produisent de riiyperhémie.
Le plus simple de tous est la chaleur; elle possède de plus
le grand avantage de pouvoir être dosée, de pouvoir être préci¬
sée et limitée dans son action ; de plus elle est exempte des
effets secondaires si redoutés. Mais pour que la chaleursoit ainsi
maniable sans danger, il faut qu'elle soit, quand on l'emploie, purifiée, c'est-à-dire débarrassée, des forces secondaires que
nous ne pouvons mesurer, lumière, chaleur rayonnante.
On peut alors la doser quant à l'intensité, c'est-à-dire quant
à la température, et quant à la quantité, c'est-à-dire quant à la
durée de l'emploi.
Quel est le mode d'action de l'air chaud et seç sur les tissus?
Kabierske (Zum Verstaendnis der Schwitzbaeder. uncl ihrer
Ànwendungbei Fettleibigkeit, Breslau, 1898) a démontré expé¬
rimentalement que l'air très chaud, mais sec, était bien mieux supporté par la peau et les muqueuses quel'airhumide, ensup¬
posant bien entendu que le sujet traité présente une sensibilité normale.
L'organisme, en effet, dans ces conditions, se défend de la brûlure parl'action réflexe desglandes sudoraleset par laperte
de chaleur qui est la conséquence de l'augmentation de trans¬
piration.D'aprèsles recherches d'Ullmann [WienerKlin. Woch., 1.901, p. 5) la température générale n'est augmentée que de quantitésnégligeables au point de vue pratique. Les expérien¬
cesde Mendelssohn et de Reitler (Die Trockenheissluftbehan-
dlung, Badcn, 1900) ont prouvé que l'air chaud, même employé
sur une large surface, est totalement inoffensif.
Sur les muqueuses saines, l'air chaud et sec, d'après
MM. 1
mrmoyez et Mahu, produit d'abord une siccité, une rubé-
G)9
faction et une tension : la muqueuse a alors l'aspect lisse et brillant. Si la température initiale quiétait entre 70° et 90° vient à être augmentée, le patientaccuse une sensation desécheresse,
d'intensité variablequi fait bientôt place àun écoulementaqueux plus ou moins abondant. Cet écoulement aqueux, manifestation
de la défense de la muqueuse contre l'attaque de la chaleur, et cette contraction qui l'a précédée sont des phénomènes cons¬
tants.
Le flux aqueux a une durée variable de quelques minutes à
quelques heures ; dès qu'il a disparu, la respiration nasale (MM. Lermoyez etMahuont expérimentésur le cornetinférieur)
revient peu à peu à l'étatnormal et tout rentre dans l'ordre.
AFFECTIONS POUR LESQUELLES ON A EMPLOYE L'AIR CHAUD LOCALEMENT
Dans ce chapitre, nous ferons abstraction des applications
cl air chaud dans les affections des fosses nasales; nous leur
avons consacré la seconde partie de notre travail.
Lupus tuberculeux et ulcérations vénériennes. — Hollânder
(Berliner klin. Woch., 1897, p. 924 et Dermatolog. Zeitschrift, 1899, tome AH, fas. 2) et E. Lang ont employé l'air chaud « le
spray à l'air surchauffé » dans le traitement du lupus tubercu¬
leux et du chancre mou dans le but de provoquer la formation
d'une cscharre en commençant par un simple échauffement de
la région malade. D'après les recherches d'Ullmann (Wicn.
klin. Woch., n. 1, 1901, p. 5), il résulte tpie ce traitement peut
entraîner des complications, surtout dans le traitement du chancre mou, parce que la résorption du pus peut se faire au- dessous de l'escharre, produire ainsi des métastases dans les ganglions, sans parler de la douleur considérable ef de la for¬
mation de cicatrices.
Un défaut plus grave et dont celui que nous venons de
mentionner n'est que la conséquence, c'est qu'avec la méthode
de Hollânder, s'il est possible de mesurer la température de
l'air à sa sortie de l'appareil (la température de l'air peut atteindre 300° C.), il est, en revanche, absolument impossible
de régler cette température, de la faire varier dans un sens ou
dans l'autre : on agit à l'aveugle et on risque par suite de dépasser le butqu'on se propose seulement de toucher.
Ullmann [loco ci lato) a employé l'airsurchauffé(température
allant de 85° à 150° G.) dans les affections cutanées les plus
— 2-4 —
variées. Il en aobtenu les meilleurs résultats dans le traitement du chancre induré, du chancre mou, des ulcères variqueux.
Sous l'influence de l'air chaud, il se produit un « nettoyage »
rapide des plaies, les granulations qui avaient un aspect atone modifient leur nature et leur aspect; la cicatrisation, que tous
les traitements n'avaient pas fait progresser, s'accélère et la
guérison estrapidement obtenue.
Il emploie encore l'air chaud et avec succès dans les ulcéra¬
tions syphilitiques, les rhagades et ulcérations anales doulou¬
reuses, quelle que soit leur origine, dans les plaies recouvertes de fausses membranes, dans les gommes ulcérées, les lymphan¬
gites et adénites suppurées et en règle générale dans tous les processus torpides qui présentent une tendance à s'accroître,
processus qu'on a réunis sous le nom générique de serpi- gineux.
Fr.Neumann,de Baden-Baden(der l'allermann'scheApparat.,
Berlin, khn. Woch., 1901, n. 6), s'est servi avec succès de l'air chaud et sec dans la sciatique rebelle et le lumbago, le
rhumatisme articulaire chronique, l'arthrite déformante, le myxœdèine etla sclérodermie. Mais c'est surtout dans l'arthrite déformante que les résultats furent les plus brillants etlesplus
durables. D'après Neumann, l'emploi de l'air chaud n'a pas d'action secondaire nuisible, même chez des malades atteints
d'artériosclérose, de myocardite et d'affections valvulaires peu avancées.
0. Zimmermann,de Berlin (Ueber Erfahrungen mit dem Tal-
lermann'schen Apparat, Berlin, klin. Wochenschrift, 1901,n°6)
a traité par l'air chaud cent cas environ d'affections articulaires, chroniques ou de processus aigus mais rebelles à tout traite¬
ment. Il a constaté d'heureux résultats quoique ces derniers
soient moins nombreux cpie dans la statistique de Neumann.
En1899,Bourgeois (de Reims) publiasontraitement des ulcè¬
resinfectieux de lacornéeparl'air chaud. Il remplace les attou¬
chements au thermocautère à bout olivaire par la stérilisation
de l'ulcèreau moyende l'air surchauffé. Sur 18 maladestraités,
il est arrivé à enrayer la marche de l'ulcère; il ne s'estpaspro-
cluit deperforation de la cornée et après le traitement il restait
un leucome non adhérent.
Bourgeois ne pouvait réglerla température employée, et dans
son travail (Nouvelles considérations sur le traitementdes ulcè¬
res infectieux de lacornée, Annales cl'oculistique,juillet 1899) il n'indique pas la température dont il s'est servi.
INSTRUMENTATION
A. Appareils employés pour la production de vapeur d'eau chaude.
Avant de décrire les appareils en usage pour la production
d'air chaud et sec, nousjugeons à propos de donner la descrip¬
tion succincte de l'appareil employé par Berthold, non pour l'intérêt qu'il peut présenter, mais pour l'usage de ceux qui
voudraient s'occuper de la question.
L'appareil dont Berthold s'est servi a été imaginé par le
Dr Pincus, de Dantzig (Pincus. Sammlung klin. Vortr. begr. v.
Volkmann, n° 238 et n° 3 261/62).
11 se compose d'une chaudière de fort laiton, d'une capacité
de 0 lit. 6. Dans le milieu du « toit » de la chaudière estune ouverture destinée au passage d'un thermomètre pourvu d'une gaine en métal. La chaudière porte de plus une soupape qui
n'entre enjeu que pourles températures très élevées.
La chaudière est pourvue d'un ajutage auquel vient s'adap¬
ter un tube de caoutchouc de 75 centimètres de longueur; à
son extrémité libre, ce tube de caoutchouc reçoitun deuxième tube, métallique, qui joue le rôle de manche pour le cathéter;
ce tube métallique se continue jusqu'à l'extrémité du cathéter.
Le cathétersert donc de gaine à ce tube interne, il est pourvu de trois ouvertures latérales correspondant à des ouvertures plus petites situées sur le tube métallique interne. Ce cathéter
est enfin pourvu d'une ouverture à son sommet, ouverture que l'on obture par une cheville métallique lorsqu'on doit opérer
dans le nez, pour éviter la projection de vapeurs en
avant,
vapeurs qui iraient ainsi dans l'orifice de la trompe
d'Eustache
ou dans les voies aériennes supérieures.
Pour la « vaporisation » du nez, le cathéter doit avoir le cali¬
bre des sondes d'itard ; son extrémité,cependant, ne doit pas être recourbée comme celle de ces sondes; il présente de plus
un branchement destiné à recevoir untube de caoutchouc assez
long', par lequel s'écoulerontl'eau de condensation, le sang, etc.
Enfin, pourêtre plus maniable et éviter les brûlures, le cathéter
est pourvud'une poignée verticale en bois.
Pincus, pour la gynécologie, se sert d'un deuxième cathéter
non fenêtré auquel il a donné le nom de zestokautère [Ua-corr^,
chaleur d'ébullition, Çseiv, cuir bouilli).
Pincus et Berthold se sontservis comme sourcede chaleur de
lampes à alcool construites sur le principe des becs de Bunsen,
ou de lampes à deux flammes connues en Allemagne sous le
nom de « Doppelbrenner ».
Pour les températures allant jusqu'à 105° G. il suffît de verser 0'2 dans la chaudière ; pour les températures qui doivent dépas¬
ser 105° C. on met dans la chaudière 0'3 déc.
B.Appareils destinésà laproductionet à la propulsion de l'air chaud et sec.
Le moins compliqué de tous ces appareils est la poire en
caoutchouc employée par les dentistes pourproduire la dessic¬
cation des cavités des dents. C'est une poire, terminée par un tube métallique (en platine généralement), effilé. L'extrémité de
lapoire estchauffée au contact d'uneflammeet quand on presse
surla poire, l'airs'échappe et passe dans le tubeoùils'échauffe.
C'est de cet appareil, un peu primitif, ([ue s'est servi Bourgeois (de Reims), en remplaçant le tube droit en platine par un tube
de même métal à extrémité courbée.
Pour avoir unpoint d'appui solide, Bourgeois se sert d'une planchette qu'il appuie contrele nezetlajoue; cetteplanchette,
de 1 décimètre de long et de 3 centimètres de hauteur, est munie d'uneéchancrure oblique destinée à recevoir et suppor¬
ter la pointe en platine.
Un appareil très simple également est celui duDrL. Vorstsed-
_ 28 —
ur
ter (de Bialystock, Russie),décrit en 1894 dans le Centralbl.fi
inii. Mediz., n° 26, et dont nous retrouvons la description avec
quelques modifications dans le Deutsche med. Woch. (5 déc.
1900, n° 48).
Le calorisateur, c'est le nom que lui donne Vorstsedter, se
compose d'unelampeà alcool à travers laflamme de laquelleon fait passer au moyen d'une soufflerie un courant d'air qui sort
à son tour en traversant un tube cylindrique revêtu d'amiante
ou même totalementfabriqué en amiante.
Au bout de quelquessecondes, après avoir mis la soufflerieen marche, s'échappe du cylindre d'amiante un courantd'airdont la température peut atteindre 160-170° G. ; 45 à 55° sont néces¬
saires etsuffisants pour produireunehyperhémie locale intense qui apparaît au bout de une minute à une minute et demie.
Pour obtenir en des points déterminés une hyperhémie plus considérable, l'auteur emploie de petits disques en treillis métallique que l'on fixeaux points voulus,au moyen d'un corps adhésifquelconque.
L'appareil de Hollaender ne le cède pas en simplicité à celui
de Yorstaedter.
Voici la descriptionde l'auteur lui même [Berlin, klin. Woch., 1897, p. 294) :
« Dans ses parties essentielles, il se compose d'une tige en
» métal à extrémité terminée par une pointe. Cette tige est per-
» cée d'une lumière centrale à travers laquelle, grâce à une
» poire en caoutchouc,onpeutfairepasseruncourantd'air.Pour
» faire fonctionner l'appareil, il suffit d'exposer la tige à une
» flamme assez chaude pour fournir la température désirée et
» enmanœuvrant la soufflerie, de faire passer un courant d'air.
» Si la source de chaleur est assez forte et la soufflerie assez
» puissante, l'air qui s'échappe par l'orifice terminal, après
» avoir traversé la lumière de la tige chauffée, peut atteindre
)> unetempérature de 300° centigrades. »
Dans l'appareil de Hollander que nous avons eu entre les mains, la chaleur est fournie par le courant électrique,
chauf¬
fant unfil de platine dans l'intérieur du tube.
Nous adresserons à ces trois appareils le reproche que nous
avons déjà adressé plus haut à l'appareil de Hollander. Avec
eux,il est fort impossible de régler la température, de la faire
varier dans un sens ou dans l'autre. On agit absolument à
l'aveugle.
M. Dagail (1) décritde la façon suivante dans sa thèse l'appa¬
reil dontse servaient MM. Gautier et Larat pour le traitement
de l'ozène par la circulation d'airchaud :
« L'aircomprimé de la compagnie Popp se distribueà volonté
» dans un appartement quand 011 est à proximité d'un secteur :
» àl'aide d'un robinet, 011 débite l'air avec vitesse et quantité,
» selon son désir. Cet air, dans le cas qui nous intéresse, arrive
» dans un flacon à double tubulure contenant de l'eau chargée
» de principes médicamenteux et de là s'échappe par une des
» tubulures pour aller circuler dans un court serpentin. A l'ex-
» trémité libre du serpentin est ajusté untube métallique flexi-
» Lie et, enfin, l'extrémité libre de ce tube est reliée par un
» court tuyau en caoutchouc à une canule nasale en verre, de
» forme spéciale. La source de chaleur peut être l'électricité, le
» gaz, l'alcool. Une lampe placée sous le serpentinest un foyer
» suffisant pour,cet usage. »
» Lorsqu'on ouvre le robinetde l'air, ce dernierse purifie par
» son barbottage dans l'eau ou il se charge de vapeurs médica-
» menteuses appropriées,passe dansle serpentinoù il s'échauffe
» progressivement et s'écoule définitivement par les fosses
» nasales, l'arrière-gorge et la bouche. Le débit de l'air s'aug-
» mente àvolontéet lachaleur serègle parl'intensitédu foyer».
M. Jayle désirant éviter les inconvénients, pour l'usage (gyné¬
cologie) auquel il le destinait,de l'emploi d'un appareilà source de chaleurfixe, a faitconstruireungénérateur d'airchaudmobile
ingénieux.
« C'est un thermocautère ordinaire auquel deux modifications
» sont faites : 1° autour de la lame du therrno est placée une
(1) Dagail,Th.deParis, 1897. Contributionautraitementde l'ozène parl'électrolyse métalliqueetla circulation d'air chaud.
30 —
» gaine revêtue extérieurement d'une enveloppe d'amiante tant
» pourempêcher lerayonnementque pour préserverl'opérateur
» ou le malade du contact d'une surface brûlante; 2° le tubede
» la soufflerie, avant d'arriver au flacon contenant l'essence de
» pétrole, se subdivise en deux tubes : l'un va à ce flacon et
» l'autre vient se branchersur la gaine qui entoure le thermo-
» cautère. On comprend dès lors le mode de fonctionnement :
» l'air de la soufflerie, se divise par moitié : une partie alimente
» le thermocautère et le maintient au rouge,l'autre arrive dans
» la gaine et se chauffe en passant sur le thermo; chaque coup
» de poire entretient à la fois et le thermo et le courant d'air.
» On a ainsi de l'air chaud qui peut dépasser 200° à l'extrémité
» de sonthermocautèrequi est ainsi devenuunaérothermogèue.
» Pour régler la température et obtenirsurJe même appareil
» des températures très différentes, il suffit de se rappeler que
» l'air chaud se refroiditensortantparunorifice étroit; parsuite
» en munissant la gaine d'ajutages coniquesà, orifice variant de
» un demi-millimètre à un centimètre de diamètre, on obtient
» des températures différentes et qui sont à peu près constantes
» pour chaque embout ».
L'appareil employé par Ullmann correspondrait à peu près
à celui de Yorstaedter : mais la gaine qui enveloppe lapartieà
traiter (en l'espèce c'est le pénis) est pourvue de soupapes
qui
produisentun appel d'air et rendent inutile toute soufflerie.MM: Lermoyez et Mabu (1), qui ont eu l'heureuse idée
de
remplacer la circulation d'air chaud de MM. Gautier etLarat
par une application directe d'air chaud etqui sontles
vrais
pro¬moteurs de la méthode, donnent de leur appareil la
description
suivante :
« L'appareil dont nous nous servons secompose de
trois
par-» ties :
» 1° Le générateur d'air chaud;
» 2° Le réservoir d'air;
» 3° Le tube conducteur et les canules.
(1) Lermoyez etMahu, loc.cit., p. 11 et suiv.
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)> Le générateur d'air chaud est construit sur le modèle de MM. Gautier et Larat; il est formé d'un serpentin de cuivre
rouge sans soudure en tube de 8 millimètres dont les spires
se touchent et constituent un cylindre de-4centimètres de dia¬
mètre extérieur et de 10 centimètres de hauteur.
» Ce cylindre est entouré de deuxenveloppes métalliques éga¬
lement cylindriques séparées du serpentin et espacées entre
elles par un intervalle de quinze millimètres. L'enveloppe inté¬
rieure est un simple tube ouvertà sesdeux extrémités; l'autre
est un chapeau recouvrant le tout et dont le faite est éloigné
de un centimètre de la circonférence supérieure du premier cylindre, afin de permettre le retour de la tlamme entre les
feuillets de la double enveloppe.
» La chaleur est fournie par un bec de Bunsen placé sous le serpentin et tout le système, supporté par trois pieds est posé
sur une base large et lourde qui en assure la stabilité.
» A l'extrémité inférieure du serpentin, point d'arrivée de
l'air froid, est vissé un tube métallique assez long, 25 centi¬
mètres environ, pour éviter de brûler le tube en caoutchouc
fixé d'autre part au récipient d'air.
» Comme source d'air nous employons l'air comprimé fourni
en tubes de différentes capacités, dans lesquels l'air est com¬
primé à 120 atmosphères.
» La sortie de l'air des tubes est réglée de la façon suivante : 1° parune clef ouvrant une valve pourla sortie en grand de
l'air à l'extérieur; 2° par une vis microniétrique à pointeau qui permet de régler l'admission dans l'appareil aussi douce¬
ment que l'on veut; 3° à la partie supérieure du thermogène émerge l'extrémité du serpentinsurlaquelleon fixe au moyen d'un raccord à vis le tube conducteur d'air chaud de un centi¬
mètre de diamètre extérieur et de 70 centimètres de longueur.
Le tube, vertébré, est garni à l'intérieur de tissu d'amiante
recouvert d'anneaux spiroïdes en métal s'emboîtant les uns dans les autres : ce tube est assez souple pour permettre de diriger la canuledans tous les sens; il est assez mauvais con¬
ducteur de la chaleur et peut résister aux plus hautes tempé¬
ratures.