1
4
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNEE 1897-1898 «14
QUELQUES CONSIDÉRATIONS
SUR LA
Rétention placentaire post-abortive
ET SON TRAITEMENT
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉR;
présentée et soutenue publiquementle 29 Juillet 1898
Fernand-Louis
GIRAUD
Né à Burie (Charente-Inférieure), le 5 Juin 1873.
4
%
k*
*
t MM. MASSE professeur.... Président.
Examinateurs de la Thèse :
T
Pr°feSSCUr
' * ''0
f CHAMBRELENT agrégé >Juges.
[
BINAUD agrégé 'Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL GASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1898
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ \
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Pro'fesseurs honoraives.
Clinique interne
MM.
\ PICOT.
/ PITRES.
OI. . . \ DEMONS.
Cliniqueexterne
j
LANELONGUE.Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments N...
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIACET.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
AGRÉGÉS EN
SKCT10N DE MÉDECINE(Patholog MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHn.
Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicale des maladiesdsenfants Chimiebiologique.. .
EXERCICE :
ie interneetMédecine MM. SABRAZi,S.
LE DANTEC,
MM.
MORACHE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
légale.)
SECTIONDE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
Pathologieexterne<
IMM. VILLAR.
BINAUD.
BRAQUEHAYE
Accouchements...
\MM. RIVIÈRE.
/ CHAMBRELENT
Anatomie
SECTION DESSCIENCES ANATOMIQI'ES ET l'HYSlOI.OUIQUES
{MM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PA-CHON
CANNIEU. Histoire naturelle BEILLE.
Physique.
SECTIONDES'SCIENCES PHYSIQUES
MM. S1GALAS. I Pharmacie... M. BARTHE COURS COUIMilDI F AT A 1 IISOtt
Clinique des maladies cutanées etsyphilitiques MM. DUBREUJLH.
Clinique des maladies des voies urinaires Maladies du larynx, des oreilles etdu nez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire.
HydrologieetMinéralogie
Le Secrétaire de la Faculté
PGUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DUPOUY.
PACIION.
CANNIEU.
LAGRANGE.
N.. .
LEMA1RE.
Par délibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesqui lui sontprésentées doivent être considérées commepropres à leursauteurs,et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DE MON GRAND-PÈREA LA MÉMOIRE DE MA SŒUR
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Faible témoignage d'affection
et de reconnaissance.
A. MES PARENTS
A MES AMIS
A MONSIEUR LE DOCTEUR SABRAZÈS
w
PROFESSEUR AGRÈGE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX DIRECTEUR DU LABORATOIRE DES CLINIQUES
MÉDECIN DES HOPITAUX
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEUR i>E MÉDECINE OPÉRATOIRE A L'A FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
Nous avons eu l'occasion d'observer à la
Clinique obstétri¬
cale de la Faculté de Bordeaux un certain nombre
de
casde
rétention placentaire
post-abortive
;grâce à l'obligeance de
MM. les professeurs
agrégés Rivière, Cliambrelent, Fieux,
nous avons pu étudier
les observations de 9i avortements qui
ont été soignés dans cette
Clinique
oudans le Service d'iso¬
lement qui en
dépend, du
iornovembre 1896
au1er juillet
1898.
Nous n'avons pas la prétention
de reprendre
en sonentier
la
question de la rétention placentaire post-abortive, l'étude
en a été faiteà divers points de vue;
mais il est certains dé¬
tails sur lesquels
l'accord
nesemble
pasabsolu,
cesont
ces pointsque nousvoulons examiner.
M. le professeur
agrégé Cliambrelent
amis à notre dispo¬
sition avec la plus extrême
bienveillance
sesexcellents
con¬seils et les observations de son Service; nous ne
saurions
trop
le remercier de
nousavoir ainsi facilité notre tâche.
MM. les
professeurs agrégés Rivière et Fieux
nousont fort
obligeamment
permis d'utiliser leurs intéressantes observa¬
tions; ils ont droit ù toute notre
gratitude.
Nousn'avons pu faire qu'un
trop court séjour dans le
ser¬vice de M. le professeur
Boursier;
sonindulgente bonté, l'at¬
trait de son enseignement resteront un
de
nosmeilleurs
souvenirs.
Nous ne saurions nous montrer trop
reconnaissant
en¬vers M. le
professeur agrégé Sabrazès
pourles précieux
con-8 —
seils et les marques de sympathie qu'il n'a cessé de nous
prodiguerdans le cours de nos études.
Avantd'entrer dans l'étude de notre sujet, nous tenons à remercier M. le professeur Masse du très grand honneur qu'il veut bien nous faire en acceptant la présidence de notre thèse.
•fe
•I
>.
■llllllllllilll
CHAPITRE PREMIER
Suivantl'âge auquel est arrivée la grossesse lorsque se produit l'avortement, la marche de cet avortement offre des caractères unpeu différents qui ont permis de diviser les avortements en avortement du premier mois, du deuxième mois, du troisième et quatrième mois, du cinquième et sixième mois, oubien, avec Guillemot, en avortement ovu-
laire,
embryonnaire
fœtal. Cette division a une grande im¬portanceclinique; mais, quel que soit l'âge de lagrossesse, il est une division fondamentale à retenir : L'avortement peut
se faire de deux
façons
:1° Ou bien l'œuf est expulsé en bloc, avortement en un
temps;
2° Ou bien l'avortementse fait commel'accouchement pré¬
maturé à terme, en deux temps : d'abord expulsion du fœ¬
tus, ensuite expulsion du placenta.
L'avortement des premiers mois se fait-il toujours en un
temps? En d'autres termes, peut-on se fier àl'âgede la gros¬
sessepour se croire à l'abri de la rétentionplacentaire? On l'a crupendant longtemps; selon Gallard et Leblond,
jusqu'à
deux mois et demi, l'avortement se faisait en untemps; lorsque l'œuf n'étaitpas expulsé en bloc, c'est qu'il y avaiteu manœuvres criminelles.
Déjà, dans la thèse de Gerbaud qui date de 1886, nous trou¬
vons que cette opinion de Gallard est excessiveet que dès la fin du deuxième mois l'avortement en deux temps est plus fréquent.
M. Varnier(Revue
pratique d'Obstétrique
etde Pœdiatrie,
1892)
est plus catégorique encore. Basant son opinion sur une statistiquede 530 cas d'avortement observés dans le service de M. le professeur Pinard, statistiquepubliée
dansla thèse de Brion
(Paris 1892),
il admet quedès le deuxième
mois l'avortement en bloc, l'avortement en un temps, est moinsfréquent quel'expulsion en deux temps.
« On pourra se trouver dans la nécessité de faire la déli¬
vrance artificielle pour combattre des accidents septiques
même dans lescas où le placenta n'est pas encore parfaite¬
ment
différencié,
même dans les avortements dits ovulaires, c'est-à-dire des six premières semaines. »Sur les 91 cas d'avortement que nous avons relevés, nous trouvons que7 fois l'avortement aeu lieu dans le courant du deuxième mois; une seule foisil a eu lieu en un seul temps eta été précédé d'une
hémorragie
si considérable, quel'on
s'apprêtait à faire le curage sous chloroforme lorsquel'œuf
a été expulsé
spontanément
en bloc et l'hémorragie s'est arrêtée, les suites ontété régulières.Dansles 6 autres cas, l'avortement s'est faiten deux temps et chaque fois s'est accompagné de rétention
placentaire
avecsuites pathologiques. 2 fois l'hémorragie a été assez grave pour nécessiter lecurage digital.
1fois, il y a eu infection grave et curettage; 1 fois, infection légère au début,puis
pelvipéritonite
quianécessitéun séjourou lit de deux mois.
Enfin 2 fois le placenta a
été
abandonné dans l'utérus, les accidents(hémorragies)
ne se sontproduits
quetardivement, maisont ététrès tenaces comme nousle verrons plus loin.Dans 2 outres observations l'avortement a eu lieu en un
■seul temps; il s'agissait nonplus degrossesses du deuxième mois, mais du troisième mois, l'expulsion de l'œuf n'a été
suivie d'aucun occident.
M. le professeur Coyne
(Bulletin de
la Sociétéd'Obstétrique
de Bordeaux,
1894)
a rapporté plusieurs examens microsco¬piques de fausses couches ovulaires; pourlui, dans la majo¬
rité des cas de dysménorrhée membraneuse et dans bien des
cas de métrite
hémorragique,
on se trouve en présence d'a- vortements incomplets des premiers mois que seuls le mi¬croscope permet de dépister.
On ne peut donc pas s'autoriser de l'âge de la grossesse pour se croire à l'abri de la rétention et de ses accidents;
aussi en présence de ces accidents, on ne doit pas se deman¬
derquelestl'âge de lagrossesse, mais bieny a-t-il rétention?
Comment arriver àce
diagnostic.
CHAPITRE II
D iagn o stic.
Le diagnostic de la rétention
placentaire
post-abortive estun
diagnostic
presque toujours difficile à établir d'unefaçon
absolue.
Et tout d'abord, il faudra faire le diagnostic de grossesseet celui d'avortement; nous n'insisterons pas sur la
façon
d'arriverà cediagnostic, sur leserreurs nombreuses et les confusionsvariées auxquelles il donne lieu.1
Supposons-nous donc en présence d'une femme qui, mani¬
festement, vient de faire un avortement; il y a lieu de se demander si l'avortement a été complet, si
l'expulsion
du délivre a eu lieu.L'étude des commémoratifs, de la marche de l'avortement devra être faite, nous ne reviendrons pas sur cet
interroga¬
toire qui est décrit partout et dans lesrésultats duquel on ne doit pas avoir grande confiance, car ces commémoratifs induisent le plussouvent en erreur. .
L'apparition des tranchées est un signe de nulle valeur,
car la présence de simples caillots dans l'utérus suffit à les provoquer.
La persistance des troubles
sympathiques
de la grossesseindique quel'avortement n'a pas été complet; c'est ainsi que Chaleix etAudebert
(Traitement
de l'avortementincomplet,
Masson
1896)
ont signalé la persistance de vomissements incoercibles dans un cas d'avortementincomplet
cesvomis-9
sements disparurentpar le
curettage. Voici
cette curieuse observation :Mmo K..., trente ans, octipare, dernières règles en 1895. À la fin d'avril est prise de vomissements d'abord alimentaires puis glaireux et bilieux. Pendant une huitaine de jours, ces vomissements n'amènent
aucun retentissementsurl'étatgénéral; mais, versle 10 mai, la malade remarquequ'elle maigrit, etvers le 20mai elleest obligée de s'aliter.
La médication
(morphine,
cocaïne, belladone, révulsionépigastrique)
demeure sansrésultat. Vomissements incessants ; aucun aliment solide
ou liquide n'est gardé depuis le 27 mai. On pèse les aliments ingérés et les matièresvomies, celles-ci-sont plus abondantes.
Urinetrès rare,légèrement albumineusé; brouillard devant les yeux,
céphalée. Le ventre grossitpeu à peu, les seins augmententde volume.
Le 4juin, dans la nuit, la malade pêrd une certaine quantité d'eau roussâtre, mais n'en prévient personne; depuis s'établissent des pertes séro-sanguinolentes qui deviennent fétidesau bout de trois ou quatre jours.
Le 10juin, température matin, 39°5; températuresoir, 40°2.
Le 11juin, nous sommes appelésà la voirenconsultation.
Amaigrissementtrès marqué; vomissements incessants. La maladese
remue avecpeine, mais répond avec lucidité aux questions qu'on lui
pose.L'utérus nettementperceptible dix
jours
auparavant, nous dit le médecintraitant, échappe au palper. Lochies fétides etabondantes; col entrouvert; orifice interne fermé; culs-de-sac vaginaux vides. L'uté¬rus dépasse légèrement le pubis,mais saconsistance est mollasse.
Nousdiagnostiquons : vomissements incoercibles persistant malgré la
mort etl'expulsion probable du produit de la conception; infectiondue à la rétention placentaire et à l'absence de tout soin antiseptique.
Sur notre conseil, la malade entre à la Clinique obstétricale. Lavage
minutieux des organesgénitaux. Dilatation progressive de l'utérus avec
des bougies d'Hégar. Injection utérineavec la sonde de Doléris. Intro¬
duction de la curette d'Auvard. Pas d'anesthésie. Utérustrès profond : 12centimètres. La curette ramènede volumineux débrisplacentairespu¬
tréfiés.
Badigèonnage
créosoté de la muqueuse utérine; pansement uté¬rin et vaginal.
— 15 —
Au matin,grand frisson qui dure plus d'une demi-heure ; tempéra¬
ture40° 2; à quatre heures, 38°6; à sixheures, 38° 2,et à neuf heures du soir, 37° 6.
La malade est trèslasse. Elle prend duChampagne glacé etne vomit plus. Le matin même avantl'opération, elle avaitvomi tout ce qu'elle
avaitpris, et depuis l'opération elle n'a plus eu un seul vomissement...
Suites normales. Reprise de l'alimentation. Guérison.
Dans l'observationsuivante,que nousdevons àl'obligeance
deM. le DrRivière, la persistance des nausées, des vomisse¬
ments, firent supposer à la malade que l'avortementn'avait pas été complet; en effet, dix-neuf jours
après,
elle expulsa spontanément le placenta.MathildeL..., quarante ans, couturière, entre à laClinique le 29
mars.
Le24 mars, étantenceinte de deux mois, elle a fait une chute et a
perdu plusieurs gros caillots; elle part de laCliniquele 5 avril; pen¬
dant son séjour, aucun accident nihémorragie, ni infection; l'avorte¬
mentsemble avoir été complet, mais la malade prétend que non, car elle éprouve les mêmestroublessympathiquesque pendant lagrossesse, nausées, vomissements, picotements des seins.
Lelendemain de sasortie de l'hôpital, la malade présente des métror- ragies très abondantes qui continuent pendant plusieursjourset la fati¬
guent énormément.
Le 13 avril, expulsion spontanée du placenta; il exhaleune odeur infecte; frissons, fièvre.
Jusqu'au 17 mai, métrorragiesquotidiennes, qui forcent la malade à garder le lit et
s'accompagnent
de l'expulsion de débris placentaires.Revue enjuillet, la femme L..., est complètement guérie.
Après
avoir terminél'interrogatoire,
on devra examiner très attentivement tout ce qui a été expulsé par l'utérus, si tous les débris ont été conservés, ce qui est malheureuse¬mentrare ; on aura quelquefois la chancede rencontrer tous les éléments de l'œuf ; nul doute alors, l'avortement a été
— 16 —
complet; mais le plus souvent il n'en est pasainsi et il faut rechercherattentivement dans les débrissoumis à l'examen si le placenta tout entier s'y trouve; il faudra dissocier les caillots dans l'eauet recourir à l'examen
microscopique
sur¬tout si l'on se trouve en
présence
d'un avortement d'un mois.Lapersistance d'un écoulement sanguin, de lochies abon¬
dantespeuvent faire supposer la rétention
placentaire,
maisnon l'affirmer.
Le défautd'involution utérine est un très bon signe ; sipar le palper combiné au toucheron trouve un utérus volumi¬
neux, des culs-de-sac vaginaux et un segment inférieur dis¬
tendus,c'estqu'ilreste dans l'utérus une partie dudélivre qui l'empêche de revenir sur lui-même; de simples caillots ne suffisent pas.
Mais il estquelquefois difficile
d'apprécier
les dimensionsetla forme de l'utérus,surtout lorsqu'il y aempâtement péri- utérin ou flexion utérine.
Lecathétérisme utérin peut fournir des renseignemejnts.
Dans les cas de rétention placentaire, la cavitéutérine est- souvent, mais non toujours, augmentée de volume, et nous l'avons vuediminuer
brusquement
de largeur après évacua¬tion par le curettage ou le curage. Mais la simple subinvolu- ti'on sans rétention peut donner les mêmes dimensions à l'hystôromètre; de plus, dans certains cas de rétention, il n'y
a pas augmentation des dimensions internes de l'utérus.
Parfois, il est vrai, l'hystéromôtre donne la sensation très nette de placentacontenudans
l'utérus;
mais leplussouvent l'explorationdu contenu de l'utérusau moyen del'hystéro-
mètre donne un résultat négatif, car cette exploration est aveugle et partant incomplète.
Il n'en est pasde même de l'exploration avec le doigt, du toucherdigital intra-utérin, quiest assurément le meilleur moyen de diagnosticque nous possédions à l'égard de la rétention' placentaire. La descriptionde ce touchera été sou¬
vent faite, nous n'y reviendronspas. Souvent on arrive sans
difficulté à trouverune masse
placentaire;
alors iln'y
a pasde doute.Lorsque le résultatdu toucher est négatif, peut-on affirmer qu'il n'ya pas de rétention placentaire ? Oui, si l'on est sûr d'avoirpratiqué ce toucher d'une
façon
correcte; non, si l'on n'est pas habitué à le pratiquerou si l'onn'a pule fairecom¬plet, car le toucher est douloureux, la femme indocile, le col
refermé;
il ne faudra doncpas craindre, lorsqu'il sera néces¬saire d'avoir un diagnosticexact, de donner du chloroforme à lafemme.
Si le col n'est pas suffisamment perméable et ne permet pas le passage et le libre jeu de l'index et même dumédius,
il ne faut pas craindre de dilater largement au moyen des ballons, desbougies
d'Hégar;
si l'on est pris audépourvu,
la dilatation digitale suffît, mais il faut alors s'armer de pa¬tience et ne pas déclarer immédiatementque l'introduction du doigt est impossible; toujours cette introduction a été
possible dans les30casque nous avons pu
étudier,
sauf chezune femme qui avait subi plusieursannées auparavant l'am¬
putation du col.
Il ne faudra donc tenter le toucher intra-utérin
qu'après
s'être bien assuré que le doigt peut entrer et jouer à l'aise dans le col, que la dilatation obtenue est suffisante.
Une fois l'orifice interne franchi, toute difficulté n'a pas disparu; le doigt lutte contre la contraction utérine et sur¬
tout contre celle de l'anneau de Bandl qui se faitsentir dès les premiers mois de la grossesse.
M. Fieux
(Bulletin
médical, 16 février 1898) insiste sur ce fait que dans la rétention placentaire post-abortive, le doigt qui explore, après avoir franchi l'orifice interne, perçoit unepetite cavitéà parois souples qui n'est autrequ'un segment inférieur en miniature.
« C'estl'ensemble de cette petite cavité et de celle du col, dont l'orifice interne est forcé et dilaté, qui constitue la cavité cervico-utérine. Si l'on n'y prenait pas garde, on pourrait se retirer persuadé que la toilette de l'organeest
complète.
MaisGir. 2
que
l'on
nes'y trompe
pas;dans l'utérus abortif
comme dans l'utéruspost-partum, le véritable obstacle
estl'anneau
de contraction. On a généralement trop de tendance
à
croireque une
fois l'orifice interne franchi,
on estmaitre de la
situation. Loin de là;par le palper
bimanuel,
ons'apercevra
que le bout du
doigt actif est
encoreloin du fond de l'utérus,
eten cherchantbien ontrouvera un point faiblesur
l'épaisse
voûte qui limite en
haut
cettepremière cavité. C'est là le dé¬
faut de la cuirasse,c'est là la porte d'entrée de la vraie
cavité
utérine qu'il faut maintenant
forcer...
Ledoigt
vaalors de¬
voir lutter contre une nouvelle résistance, mais cette fois-ci résistance active, car il aborde la partie réellement muscu¬
laire de l'organe ».
Le toucher ainsi
pratiqué
devient une opérationdélicate,
une véritable intervention, n'est presque toujoursquele pre¬
mier temps d'une intervention plus active,
curèttage
ou curage, et doit être réservéaux casoù
lediagnostic de
réten¬tion est rendu nécessaire par l'existence de
symptômes qu'il
faut .combattre.
Lecurettageinstrumental simplement explorateur,
c'est-à-
dire forcément incomplet, doit être
rejeté;
ou bien il fautfaire un curettage complet si l'on veut
s'assurer qu'il
n'y a réellementpas deplacenta
retenu; oubien si l'on
ala chance
de tomber d'emblée sur le placenta, ce curettage incomplet
pourra
être suivi d'hémorragie, d'infection très
grave,comme le montrent deux observations que nous publions plus loin.
Tout
auplus,
cecurettage explorateur pourra-t-il
être employé dans
les
casde rétention datant de longtemps,
alors quel'infection et
l'hémorragie
sontmoins à craindre;
mois c'est là un très mauvais moyen de
diagnostic.
En résumé, il n'existe que deux moyens de
s'assurer
que la délivrance a été complèteaprès
l'avortement:l'examen
des pièces, le toucher
intra-utérin;
ces deux moyens per¬mettent seuls d'obtenir une certitude, les autres ne condui¬
sent qu'à des
hypothèses.
CHAPITRE III
La rétention placentaire peut pendant
longtemps
ne don¬ner lieu à aucun accident; au-bout d'un
temps
quelquefoistrès long
(un
mois, six mois, unan),
le placenta est expulsémiette par miette, il se fond pour ainsi dire, ou bien il est expulséen bloc,oubien il continue à vivre et subit des trans¬
formations dans sa constitution.
Dans le premier cas, la rétention placentaire se borne à déterminer de la subinvolution utérine, de l'endométrite, de la salpingite.
Dans le second cas, au moment de
l'expulsion
en bloc du placentaseproduisent souvent deshémorragies
abondantes.Dans le troisième cas, le placenta retenu, dégénéré, donne naissance à des polypes, à des déciduomes bénins ou malins.
Parfois, aucun de ces accidents ne se produit; le placenta,
retenu pendant longtemps, finitpar êtreexpulsé sans que la femme ait eu à souffrir en aucune
façon
de sa longue pré¬sence. Cescas sont très rares, ce sont de vraies curiosités (Gerbaud, Goret) ; dans l'immense
majorité
descas de réten¬tion prolongée du placenta, les accidents finissent par appa¬
raître soit avant, soit après
l'expulsion,
en un mot cette ré¬tention ne se prolonge pas sans
dommage
pour la malade.C'est la conclusion à laquelle nousamène l'examen des cas que nous avons pu
observer,
et que nous relatons plus loin.Dans un cas de Gibèrt (Société d'Anatomie de Bordeaux, 1896) la rétention placentaire s'est accompagnée de signes de métrite
hémorragique;
le curettage, pratiqué au bout— 20 —
de dix-huit mois, a ramené des fragments
placentaires et la
malade a guéri.
Dans l'Observation III, aubout d'un mois,métrorragie
très
abondante,expulsion du placenta. Depuis, métrite de sub-
involutio'n.
De l'Observation IV, on ne peut tirer aucuneconclusion, la
malade n'ayant pu
être
revue.Dans l'Observation V s'il existeactuellement peu de signes
de métrite, il y a eu en
revanche, à plusieurs reprises, des
métrorragies abondantes.Dans chacun de ces cas,-la rétention placentaire
après
avoir longtempspersisté sans
accidents
afini
parretentir
surl'utérus.
Dans les Observations VI, VII, VIII, IX, la rétention placen-
taireadonné lieu audébuta desaccidents trèslégers, puistout est rentré dans l'ordre,onn'a pas cru
devoir recourir à l'éva¬
cuation del'utérus, laissant ainsi persister la rétention
pla¬
centaire à l'état latent.
Mais sa présence n'a pas
tardé à
semanifester
:dans trois
cas les symptômes se sont
bornés à
ceuxd'une métrite
légère; dans un cas,l'hémorragie
aété
siabondante
que, un mois et demiaprès
l'avortement, il a fallu quele D1'Rivière
pratique le curettage.Observation III
(Due à l'obligeance de M. le professeuragrégé Chàmbrelent.)
Àdrienne P..., vingt ans, lingère, entre au service d'isolement le
8janvier 1897. Primipare.Dernières règles le 20 octobre.
Le 7janvier, expulsion du
fœtus.
A son arrivéeà la Clinique, le toucher intra-utérin montre la pré¬
sence duplacenta retenu dans l'utérus.
La malade sort le13janvier, n'ayant présenté pendantson séjour àla Clinique, ni hémorragie, ni infection,et n'ayant pas expulsé son pla¬
centa.
Un mois après, dans la rue,
brusquement, mètrorragie abondante
et expulsion spontanée du placenta
qui tombe dans les pantalons de la
malade.
Lamalade rentre chez elle, l'hémorragie s'arrête sous l'influence
de quelques injections.
Depuis, règles douloureuses,
irrégulières, leucorrhée abondante, dou¬
leursdans le bas-ventre. En somme, métrite qui n'existait pas avant
l'avortement.
Observation IV
Jeanne L..., vingt-huit-,ans,
domestique. Entrée à la Clinique, le
25janvier 181)8. Septiparë. Pas
d'antécédents pathologiques. Dernières
règles,du 15au20 octobre.Le 25janvier, expulsion d'un
fœtus de trois mois, hémorragie abon¬
dante. tamponnementpratiqué en ville.
A son arrivéeàla Clinique,letoucher permet
de
constaterla présence
du placenta dans l'utérus.
Pendantson séjour à la Clinique, ni fièvre ni hémorragie.
A sa sortie, le 5 février, le placenta n'a pas été expulsé, l'utérus est
encoregros.
Depuis, lamalade n'apas étérevue.
Observation V
(Due àl'obligeance de M. le Dr Chambrklent.)
Mrae('..., trente-deux ans, modiste, entrée à l'isolement de laClinique
le 27février 1898. Quintipare.
Le 24 janvier, avortement de trois mois; le fœtus seul est expulsé.
La rétention placentaire estcomplète et constatée par un médecin.
Aucunaccident, rétention insidieuse
jusqu'au
27février;
cejour-là,
abondante mètrorragie; la malade arrive à l'isolement de la Clinique :
injections vaginales chaudes et
expulsion
spontanée d'un placenta qui paraît complet, vivant, et n'exhaleaucunemauvaise odeur.Eevuele 15juillet 1898. Mme C... nesouffrepas, maissesrègles sont
— 22 —
devenues très abondantes, ce sont de véritables ménorragies; il existe également une leucorrhée abondante; tous signes qui n'existaient pas avant l'avortementet qui semblent devoir être imputés à la longue ré¬
tention du placenta.
ObservationVI
Alexandrine!)..., dix-huit ans, brodeuse, entrée à la Clinique le 13
mars 1898. Primipare. Le 12mars,avortementde trois mois. Expulsion
dufoetus etd'une partie du placenta. Lesjours suivants, onperçoit au niveau de l'orifice utérin un fragment placentaire dont la présence s'ac¬
compagne de légèreshémorragies qui s'arrêtentsousl'influence d'injec¬
tions vaginales. Bientôt le col se referme, la rétention placentaire n'est plus perceptible, et la malade sort le 21 mars sans avoir présenté d'au¬
tres hémorragies ni d'élévation de température. Dix jours après, elle
rentre à l'hôpital, salle 1, service de M. leD1' Boursier, avec de lamé-
trite et de la pelvipéritonite aiguë. Depuis, annexite double pour laquelle elle est en cours de traitement à la Clinique gynécologique de
laFaculté.
Observation VII
(Observation dueà l'obligeance de M. le L)r Rivière.)
MarieB.... trente-quatre ans, journalière, entre à la Clinique
le
12 avril 1898. Sextipare. Pasd'antécédents
pathologiques. Dernières
règles fin décembre 1897.Au commencement de marsla malade a présenté des
métrorragies
et,le 4 mars,elleaexpulsé devolumineux caillots parmi
lesquels
setrouvait
l'embryon,Depuis, métrorragies quotidiennes, suintement sanguin
continu
età
troisreprises, à quinzejours d'intervalle, métrorragies très
abondantes.
A son arrivée àla Clinique la malade est très anémiée; le suintement sanguin persiste malgré des injections très chaudes.
Le 11 avril, la température s'élève à 39°6 ; les lochies sont
fétides.
Souschloroforme, M. le Dr Rivière pratiqueun curage
digital suivi
— 23 —
de curettage; de très grosfragments
placentaires
sontainsi évacués;
leplacenta qui les compose estscléreuxetdégénéré;
injection de 1.000
grammesde sérum de Hayem.
Latempérature baisse,les hémorragiescessent, etla
malade
estguérie
le 2mai.
Observation VIII
(Observation dueà l'obligeance de M. le Dp Chambrei.ent.)
Elisabeth C..., femme P.... quarante etun ans,
journalière,
entrée au Service d'isolement le 23 avril 1897. XVIII pare. Pas d'antécédents pathologiques notables. Dernières règles le 25février; le 18 avril,
métrorragie; le 19, expulsion de groscaillots,frissons,
fièvre, nausées.Al'arrivée au service, le 23, décolorationlégère desmuqueuses,tem¬
pérature 38°G, le vagin est rempli pardes caillots et une masse
placen¬
tairequi se continue dans l'utérus et exhale une odeur
forte.
Cettemassepeut être enlevée avec l'index, mais incomplètement.
Injection
utérine, tamponnement vaginal à la gazeiodoformée.
L'hémorragiecesseimmédiatement; lesjours suivants, la température
oscille
entre38 et39°, injections intra-utérines.
Le 2 mai, tout rentre dans l'ordre, et la malade est guérie le G mai.
Réexaminée le 10juillet 1898 : depuis sa sortie de l'hôpital, métror- ragies très fréquentes et très abondantes qui persistent malgré une
grossesse actuelle de septmois.
Observation IX
(Observation due àl'obligeance de M. le Dr Chambrèrent'.)
Jeanne M..., trente-si^ans,journalière, entrée àla Clinique le 16 oc¬
tobre 1897.
Septipare. Accouchements normaux.
Dernièresrègles, fin septembre; avortement de un rtiois et demi; la sage-femme constate que le placenta n'estpasexpulsé.
— 24 —
Depuis, rnétrorrag'ies quotidiennes qui forcent la maladeà garder le lit; leplacenta esttoujours retenu.
A son arrivée àla Clinique le 1(1 octobre, lochies fétides; injections.
intra-utérines puis vaginales.
Lamalade sort de laClinique le 31 octobre sans hémorragiesni phé¬
nomènesinfectieux.
Pendant le moisqui a suivisasortie de l'hôpital, métrorragies quo¬
tidiennes assez abondantes.
Depuis, règles très abondantes, leucorrhée,. Annexitegauche.
Il est doncprudent, même
lorsqu'elle
nes'accompagne
pas ou qu'elle ne s'accompagne plus d'accidents, de faire cesser cette rétention placentaire. Quels moyens peut-on employer?La médication interne
(ergot
de seigle, sulfate dequinine)
a donné des succès, mais ses dangers sontbien connus et il est aujourd'hui admis que tant que l'utérus n'est pas vide, l'ergot doit être proscrit.
Les injections vaginales chaudessont insuffisantes.
Les injections intra-utérines bien souvent ne donnent au¬
cun résultat ou
qu'un résultat
incomplet, et l'évacuation partielle du placenta c'est la porte ouverte àl'infection,
la provocation de l'hémorragie; on pourracependantcommen¬cer par les injections intra-utérines, mais le vrai moyen, celui auquel on aura le plussouvent recours, c'estlecurage.
CHAPITRE IV
Curage ou eurettage.
Lacuretteaprès avoir été
seule employée
audébut (c'est-
à-direde 1886 à
1893)
sembleaujourd'hui délaissée
pourle
curage.
Eu 1891, dans le Journal des
sages-femmes, le professeur
Tarnierdéclarait recourirà la curette ; en 1894, dons son livre
Asepsie et antisepsie
enobstétrique, il préconise l'extrac¬
tion du placentaavecle
doigt
etn'a
recoursà
la curettequ'en
cas d'échec.
A la SociétéObstétricale deFrance(1893) Budin affirme que le doigt suffit le plus souvent, sauf dans certainscas
d'adhé¬
rence placentaire où l'on devra,
employer la
curette.Champetier de Ribes
explore la cavité utérine et
en mobiliseles débris, placenta etcaduque,
avant d'employerla
curette.
M. Oui
(Annales de Gynécologie, février 1895) reconnaît
que la curette estaveugle, infidèle et dangereuse, mais elle re¬prend sesavantages
quand elle
estguidée
parle doigt.
Dans leur livre sur le Traitement de
l'infection puerpérale (Paris, Steinheil, 1896), Pinard et Wallieh exposent leur mé¬
thode qui consiste
à
pratiquerd'abord le
curagedigital; ils
ne recourent au eurettage que si la température
s'élève
les jours suivants.Sur 44 avortements, pas une fois ils n'ont eu à
compléter
le curage par le eurettage.
Audcbert et Chaleix(Traitement
de l'avorte
mentincomplet)
— 26 -
donnent actuellement la préférence au curettage sur le curage qu'ils croient insuffisant.
Doléris
{Revue internationale
de médecine etde chirurgie)
rejettele curagedigital pour demeurer toujours partisan de la curette.Maygrier
{Obstétrique,
15 juillet1897) considère
le curagedigital comme le procédé d'extraction par excellence du pla¬
centa abortifou de ses
débris;
il ne se sertde la curette que guidéesur ledoigt, quand celui-ci neréussit pas seul à déta¬cher des fragments trop adhérents.
PourM. Fieux, le curage digital suffit dans l'immense ma- •
jorité des cas,à condition de lepratiquer commeil doit l'être {Bulletin
Médical,
février1898).
On a prétendu que l'introduction du doigt dans l'utérus post-abortif pendant lespremiers mois de la grossesse était impossible, que, même en admettant qu'il puisse pénétrer,
ce doigt nepeut faire de la bonne besogne, explorer les an-
fractuosités, les cornes. Ces objections tombent devant les faits; nombreuxsont les cas où l'on est intervenu par le curage dans des avortements de un à deux mois et l'évacua¬
tion de l'utérusa étépossible etcomplète.
L'anesthésie qui permet d'introduire la main dans le va¬
gin, la dilatation préalabledu col au moyen des bougies ou
des ballons sont dansces cas absolumentnécessaires, mais le curage n'en devient ni moins facile ni moins complet.
On a prétendu aussi que le doigt ne pouvait pas arriver toujours à détacher les fragments placentaires adhérents.
Ces cas sont très rares et il sera bien
simple alors
de recou¬rirà la curette; sur 44 cas de curage, Pinard et Wallich
{loc.
cit.) n'ont
paseu uneseule fois besoin
de compléterlecurage par le curettage. Sur les91 cas d'avortementsque nous avons étudiés, 15 fois le curage a été pratiqué, 2 fois seulement il a été incomplet.Une fois il a dû être complété par le curettage, une autre fois la guérison a été obtenue au moyen d'irrigations intra- internes, mais enfin dans les 2 cas, malgré un premier eu-
— 27 —
rage incomplet,
la guérison
aété complète, tandis
que sur 18 cas de curettage, 5 fois la mort est survenue;3 fois elle
était due àce que le
curettage avait été effectué trop tard
;il
y avait de la péritonitepurulente chez
unedes malades,
une pneumonieinfectieuse chez la seconde; du
pusdans les
ar¬ticulations chez la troisième; et chez ces trois femmes,
la
lésion
qui
acausé la mort était bien antérieure au curettage.
Mais dans deux autres casla mort était évidemment dueàce que le curettage avait
été incomplet et
quel'infection avait, de
ce fait, reçu un coup
de
fouet.Voici
cesdeux observations
:Observation X
(Dueà l'obligeance de M. le DrChambrelent).
Anita P..., trente ans, entrée au service d'isolement le 19septembre.
Septipare. Accouchementsnormaux.
Dernières règles du 27 au 31 juillet. Le 16septembre, expulsion au milieu de caillots du foetus, après avoir, depuis le 12 septembre, pré¬
senté une métrorragie abondante.
Le 17 septembre,
frissons, fièvre.
Le 18septembre,unmédecin appeléconstate unerétention placentaire
et l'hémorragie augmentant, malgré des injections, pratique le tam¬
ponnement vaginal; dans la nuit, ce tamponnement esttraversé et doit
êtrerenouvelé; injections sous-cutanées d'éther et de caféine.
A l'arrivée àla clinique, le 19au matin, le maladeesttrèspâle, pouls
trèspetit, tendance à la syncope, Pas de
fièvre,
injection de 1.000grammes de
sérum
de Hayem.Leslochies sont trèsfétides; injections intra-utérines puis tamponne¬
ment du vagin,
Le 21 septembre, les lochies sont toujours fétides, pas de fièvre, le placenta n'estpas encore expulsé.
Curettage sous chloroforme; l'orifice du col étanttrèsétroit, l'intro¬
duction du doigt est très difficile etl'exploration incomplète.
Le lendemain du.curettage et lesjourssuivants, la température, qui
— 28 --
jusque-là était restée au-dessous de la normale, s'élève, et malgré des injections intra-utérines, des injections sous-cutanées de sérum de Ilayem, de sérum de Marmorek, des tentatives infructueuses, d'abcès,
de fixation, la malade succombe le 1er octobre après avoir présenté pendantplusieursjours des frissonset degrandes oscillations de tempé¬
rature.
L'examen dusang recueilli pendant la vie a été pratiquépar..M. le l)1' Sabrazès et n'a pasrévélé la présence de streptocoques.
L'autopsiepratiquée le 2 octobre montre que le curettage a été in¬
complet etqu'il existe encore unerétention de placenta et de caduque
sur uneétendue d'e 5 X 5 centimètres.
Cettefemme présentaitavant le curettage des accidents hémorragi¬
ques graves, mais une infection légère; la présence de placenta après le curettage a donné à cette infection un coup de fouet et la malade est morte d'infection.
Observation
XI(Duo à l'obligeance de M. le Dr Chambrei.knt.)
Léonie C.... vingt-cinq ans, cordonnière, entrée à la Clinique le
14 septembre 1897. Entrée au service d'isolementle 16 septembre.
Tertipare. Deux premiers accouchements normaux.
Le 12 septembre, la grossesse étant de cinq mois, rupture spon¬
tanée des membranes.
A son entrée à la Clinique, le 14, pertes fétides, fièvre, expulsion quelques minutes aprèsson entrée d'un fœtus de cinq mois vivant, puis
du placenta qui ne semble pas complet; injections intra-utérines au formol.
Transeatà l'isolement le 16 octobre,car la température persisteetles lochies sont toujoursfétides.
Le 17 octobre, curettage instrumental pratiqué sans chloroforme; la
curette ramène de nombreux débris exhalant une odeur putride;
écouvillonnage.
Lesjourssuivants, la température s'élève et persiste autour de 39°;
nouvel écouvillonnageutérin qui ne ramène rien;
injections
de sérumdeIiayem.
Mort le23octobre, c'est-à-dire sixjours après le curettage. Autopsie pratiquée quarante-cinq heures après le décès.
Il y ade la péritonite purulente dansle petit bassin; au niveau de la face antérieure de l'utérus sur l'étendue d'une pièce de cinq francs, il existe du placentaretenu et noirâtre; le restede la muqueuse utérine
estlisse et simplementrecouverte de muco-pus.
Lestrompes etles ovairessontremplis depus.
En somme, les accidents ont marchéassez lentementet il est permis de supposer qu'ils auraient eu le temps d'être arrêtés si le curettage
avait étécomplet.
Legrand danger de la curette, ce n'est donc pas tant la perforation,qui est très rare et ne seproduit leplussouvent que par
négligence,
mais c'est le curettageincomplet.
Gomme il est très facile de faire pénétrer la curette dans lesmoindres
anfracluosités,
très loin, sans effort, que pour y introduire le doigt il faudra aucontrairequelque patience,on a tendance à secontenter de faire pénétrer la curette; on ne peut alors pas contrôler avec le doigt son œuvre et c'est ainsi que l'on fait descurettages
incomplets.
De même que,après
un curage, il faut faire une révision soigneuse de la cavité utérine avec le doigt, de même, pendant et après le curettage, il faut surveiller la curette, contrôler àchaque
instantavec le doigt ce qu'elle vient de faire.
C'est l'avis del'unanimité desaccoucheurs et l'on ne sau¬
rait trop yinsister.
Nombreux,
eneffet, sontles cas de curet¬tage
incomplet
dans la rétention placentaire post-abortive.M. Oui{Annalesde gynècolfévrier
1898)
sur 8cas d'avorte- ment où il est intervenu avec la curette, en cite 2 où elle aété notoirement insuffisante et a laissé dans l'utérus une
partie notable du placenta.
M.Pat'ru