FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNÉE 1897-98 N° 99
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
m
MITI1IT Kl PLACENTA PROEVIA
THÈSE POUR 'LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée
et soutenuepubliquement le 1er Juillet 1898
Marie-Joseph-Constant HOUPERT
Né àMontdidier(Alsace-Lorraine), le27 décembre 1860.
Examinateurs de la Thèse
MM. DEMONS, professeur.
LAYET, professeur.
B1NAUD, agrégé CHAMBRELENT,agrégé
Président.
Juges.
Le Candidatrépondra auxquestions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORKT
17 — HUE MONTMÉJAN 17 1898
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. M. PITRES.... Doyen honoraire.
PROFESSEURS :
MM. MICE AZAM DUPUY MOUSSOUS.
Professeurshonoraires.
Clinique interne.
Cliniqueexterne Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales Thérapeutique Médecineopératoire...
Clinique d'accouchements
Anatomiepathologique
Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
N.
COYNE.
BOUCHARD.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
AGRÉGÉS EN EXERCICE Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie Matière médicale Médecineexpérimentale.
Cliniqueophtalmologique
Clinique des maladies chirurgicales
Clinique gynécologique.
Clinique médicale des maladies des enfants.
Chimiebiologique
MM.
MORACHE.
BERGONIE.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
deNABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
PIÉCHAUD.
BOURSIER.
A.MOUSSOUS DENIGES.
section de médecine (Pathologie interneet MédecÀne légale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHÉ.
MM. SABRAZES.
Le DANTEC.
( MM. VILLAR.
Pathologieex terne
]
BINAUD.( BRAQUEHAYE
section ie chirurgie et accouchements
Accouchements MM. RIVIERE.
CHAMBRELENT.
Anatomie.
section des sciences anatomiques et physiologiques
j MM. PRINCETEAU.
•••
CANNIEU.
Physiologie MM. PACHON.
Histoire naturelle BEILLE.
Physique
section des sciences physiques
MM. SIGALAS. 1 Pharmacie M. BARTHE.
COURS COMPLEMENTAIRES :
Cliniquedes maladiescutanéesetsyphilitiques MM. DUBREUILH.
Clinique des maladiesdes voies urinaires Maladies dularynx, des oreilles etdunez Maladies mentales
Pathologieinterne....' Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie
Embryologie ,
Pathologie oculaire Hydrologieetminéralogie
Le Secrétaire dela Faculté
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
RIVIERE.
DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
N.
LEMAIRE.
Pardélibérationdu 5 août1879, la Kacultèaarrêtéqueles opinionsémisesdans les ihèses qui lui sont présentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs, et qu'elle n'entend
leur donner ni approbation ni improbation.
mmi
( I I I L
.
,
■ ■'
y S.
'-
-•
i.
!
.
ii
A mon Président de Thèse
Monsieur le Docteur DEMONS
Professeur de Clinique chirurgicale à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Officier dela Légion d'honneur,Officier de l'Instruction
publique,
Membrecorrespondant deVAcadémie deMédecine,
Membrecorrespondant dela Société dechirurgie de Paris.
I
■.. '^.sofoS' ■;*■■■>•■• :
: ; :,Î: [-'>?■. .
LsH^p-
à;?esT'■. .■:-•■■:■••■. . : 'II
■-
="? ,
•'•'1 ..
• •■ If
1
.
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
DU
TRAITEMENT 1 PLACENTA PROEVIA
INTRODUCTION
En suivant cette année le service de M. le
professeur
Rivière à la
clinique obstétricale de la Faculté,
nousavons eu l'occasion de voir
quelques
casde placentas prœvia et d'assister à
uneleçon de notre maître
sur cesujet.
Cette
question de placenta prœvia, bien
querebattue,
pour
employer
uneexpression vulgaire, est cependant toujours nouvelle et
sans cesserediscutée (1). Pour le praticien,
eneffet, qui
va setrouver
auxprises
avec uncas de ce genre,
malgré tout
cequ'il
aura pulire dans
ses ouvrages,
malgré les faits qu'il
aura vus seproduire
devant ses yeux
pendant
sonséjour da fs les hôpitaux, il
n'en sera
pas
moins embarrassé quand,
enprésence d'un
fait de ce genre,
il
setrouvera obligé d'agir, livré à
ses propres ressources.Les indécisions nombreuses qui exis-
(1) Congrès de gynécologie allemande, juin 1897,
ent encore sur ce
sujet, les contradictions qui régnent
entre les divers
praticiens
surcette question nous ont
paru
suffisamment intéressantes pour nous fournir l'occa¬
sion de faire de ce
sujet notre thèse inaugurale.
Dans le cours
de
cetravail,
nous nous proposons donc dechercher
comment ondoit
secomporter
enpré¬
sence d'un cas
de placenta prœvia, soit pendant la gros¬
sesse,
soit pendant le travail, et quelle est la meilleure
ligne de conduite. En somme, nous nous proposons de
faire une revue
critique des divers procédés employés et
de voir
quel est celui qui semble être le plus avantageux.
Pour cela nous diviserons notre
travail de la façon sui¬
vante :
Dans un
premier chapitre, nous comptons indiquer rapidement
cequ'est le placenta prœvia et à quels acci¬
dents il
peut donner lieu.
Cela va nous amener à
voir rapidement quelle est la
conduite que
l'on doit tenir pendant la grossesse. Géné¬
ralement cela n'a
point
uneimportance très considérable,
eu
égard à
cequi se passe au moment de l'accouchement.
Pendant le
travail,
eneffet, les accidents
seprécipitent,
nécessitant une
prompte détermination et là de nombreux
moyens
ont
puêtre appliqués.
Enfin, dans
undernier chapitre,
nousverrons les avan¬
tages
queprésente la rupture large et précoce des mem¬
branes.
Bien
entendu,
ce ne serapoint
unparti pris systémati¬
que
qui devra guider
;et dans certains cas, éclectique avant
tout,
le médecin devra
seplier
auxcirconstances.
Chemin
faisant,
nousmentionnerons les observations qui peuvent
serapporter aux divers points que nous trai¬
tonset
particulièrement celles
quenous avons pu recueillir
dans les
hôpitaux
ouqui
nousauront été fournies par nos
maîtres.
Mais avant d'entrer dans le corps
de notre sujet, c'est
pour nous un
devoir et
unplaisir d'adresser ici nos renier-
ciements à ceux
qui, durant le
coursde
nosétudes,
nousont
témoigné leur sympathie.
M. le
professeur Rivière,
pourl'amabilité
aveclaquelle
il nous a fourni des observations et des indications sur notre
thèse,
adroit à
tous nosremerciements.
M. le
professeur Démons
nouslait le grand honneur d'accepter la présidence de notre thèse,
nous nesaurions
trop lui
enêtre reconnaissant.
CHAPITRE PREMIER
DU PLACENTA PRŒYIA ET DE SES ACCIDENTS
Lestermes de
placenta prœvia et d'insertion vicieuse du placenta,
quis'appliquent
auxcas où l'arrière-faix est
inséré sur la zone inférieure
de l'utérus (zone dangereuse
de
Barnes)
sontdevenus aujourd'hui à
peuprès
synony¬mes,
mais,
commele fait
remarquerHofmeier (1) de Wurtzbourg, qui s'est beaucoup occupé de
cesquestions,
« avant d'entamer une
discussion utile
surl'importance et
le traitement du
placenta prœvia, il s'agit de
semettre
d'accord sur la définition
de
ce terme »(2).
L'anatomie,
eneffet, n'est
pasdu tout de l'avis de la clinique, si
onveut s'en tenir à l'expression mathémati¬
que
des faits.
« Au
point de
vueanatomique,
onpeut dire qu'i 1 y a ,)]a-
centa
prœvia lorsque le placenta recouvre l'orifice du col
dès la grossesse;
tandis qu'au sens clinique du mot « il s'applique à tous les différents états dans lesquels le pla¬
centa s'est
développé
entotalité
ou enpartie dans le voi¬
sinage du segment utérin inférieur, lorsqu'il s'est déta¬
ché sur une
plus
oumoins grande étendue, au cours et
sous l'influence de
l'accouchement,
etqu'il s'accompagne d'hémorrhagies (3)
».C'est du reste ce que
tous les traités cliniques semblent
admettre
aujourd'hui et c'est là le fait important
aupoint
(1) Hofmeier, Centralblatt furgynécologie, 1895, p. 617.
(2) Hofmeier, Semainemédicale, 1897, p. 234.
(3) Hofmeier, Semaine médicale, 1897, p. 235.
de vue du clinicien. Mais comme le dit
Hofmeier, géné¬
ralementtout cela
peut rentrer dans la définition suivante:
« Le
placenta prœvia est cet état particulier dans lequel
le col étant encore
fermé, il existe au-dessus de
celui-ci du tissuplacentaire
enplus
oumoins grande quantité.
Suivant les dimensions de cette
portion placentaire,
on setrouve en
présence d'un placenta prœvia centralis
oud'un placenta prœvia totalis
».Quoi qu'il
ensoit, cela revient toujours à admettre les
mêmes variétés d'insertion vicieuse,
l'insertion partielle,
l'insertion
marginale, l'insertion latérale
etl'insertion
centrale.
Toutes,
eneffet,
à un momentdonné peuvent recouvrir
l'orifice du col et si la dernière insertion
centrale, de l'avis
de
beaucoup d'auteurs, Pinard
enparticulier, semblerait
ne pas
exister,
onpeut cependant, la considérant
comme rare,l'accepter,
pourdes
casexceptionnels peut-être,
ense basant sur le résultat
d'autopsies (1), et,
surles dires
de gens
autorisés
commeBayer, Kiistner et Ahlfeld (2),
admettre
qu'elle doit exister.
Mais que
cette insertion existe haute
oubasse, totale
ou
partielle, il
en est uncertain nombre de variétés
etsi
on veut s'en tenir aux conclusions des rapporteurs
du Congrès de gynécologie allemand de juin 1897 malgré le
bien fondé de
l'opinion de Ahlfeld (3)
«plus
ons'occupe
de la
question du développement du placenta prœvia et plus
oncherche à déterminer quelles sont les
causesde
sa
formation, plus
ons'aperçoit
quecette question est
loin d'être mûre ». Onpeut néanmoins admettre
avec Schatz etHofmeier, qu'au point de
vueanatomique, le placenta
peut sedévelopper de six manières différentes
:« 1°
Lorsque l'œuf, et
parconséquent le placenta, sié-
(1) Huter etRicker, NeueZeitschrift fur geburtskunde, Bd. XIV.
(2|Bayer, Semaine médicale, 1897, p. 236.
(3) Ahlfeld, Semaine médicale. 1897, p. 237.
_ 14 —
géant à la hauteur normale ou un peu plus bas sur la
paroi utérine antérieure
oupostérieure, ayant une forme
et un volumenormaux,
s'étend
parhypertrophie primaire
de la muqueuse
correspondante jusqu'à la zone de transi¬
tion du corps
delà matrice, c'est-à-dire à la limite sépa¬
rant la muqueuse
du
corpsde celle du corps utérin (pla¬
centa
prœvia marginal).
»
2°Lorsque l'œuf
oule placenta s'insère dans les mêmes
conditions à
l'angle inférieur de la
muqueuseutérine an¬
térieure ou
postérieure et qu'il est ainsi à cheval sur la
zone de transition
(placenta angulaire) et qu'il peut deve¬
nir alors
placenta prœvia lateralis ou placenta margi-
nalis.
»3°Le
placenta prœvia
sedéveloppe
encore parinsertion
de l'œuf dans un des
replis latéraux de l'utérus, en forme
de fera cheval en
empiétant également
oupresque égale¬
ment sur les deux
parois utérines et il atteint bientôt par
le fait de sa
grande extension la
zonede transition.
»4°Un tel
placenta s'étend
versl'orifice interne et peut
l'entourer dans un rayon
plus
oumoins étendu.
» Laformeenfer à cheval
peut
sedévelopper
paraccrois¬
sement
marginal et donner lieu à la formation d'un pla¬
centa
zoniforme,
etsi la
zone estétroite, à
unplacenta prœvia central.
»5° Tout
placenta siégeant bas quoique n'atteignant pas
la zone de transition
peut,
paraccroissement marginal de
de ce côté,
donner lieu secondairement à la formation
d'un
placenta prœvia (marginal).
» 6° Tout
placenta bas situé peut s'infléchir du côté de
l'orifice interne par
accroissement marginal et donner lieu
à un
placenta prœvia spuria (pseudo placenta prœvia) et
tout
placenta prœvia vrai peut
secompléter et prendre la
forme d'un
placenta spuria
»(1).
Toutesces conditions
anatomiques, qui, à première
vue, (1) Schatz, Semainemédicale, 1897, p. 235.paraissent indifférentes,
ontcependant
uneimportance,
car le
siège
exactdu placenta prœvia semble pouvoir
con¬tribuer à entraîner des accidents différents ou tout au
moins l'absence de certains d'entre eux.
Quelques-uns de
ces faits ont été
indiqués dans certaines observations
deplacenta prœvia
sanshémorragies et dans
sathèse,
notreami le docteur
Gibiat,
étudiantparticulièrement
ces cas,indique dans
sesconclusions
: «Que l'absence d'hémorra¬
gies peut s'expliquer parle siège de l'insertion du placenta
et
qu'il est probable
quec'est
surtoutdans
cette théorie quedoit
se trouverl'explication du phénomène
»(1).
Il est
également possible,
etcela était intéressant
àmentionner, qu'au point de
vuedu traitement, les
acci¬dents soient aussi
passibles d'une thérapeutique variable,
ou tout au moins
puissent expliquer pourquoi des traite¬
ments différents semblent donner et
donnent,
suivant les moments,de bons
résultats.Il serait donc
peut-être important
nonseulement de
faire lediagnostic clinique de placenta prœvia, mais
aussison
diagnostic anatomique.
C'est évidemment un
point très délicat
et, commele
ditSchatz,
«il faut
pourcela
unetrès grande habileté techni¬
que ».
Mais il
estprobable qu'on pourrait peut-être ainsi prévoir bien des accidents qu'occasionne
cette anomalied'implantation
etpeut-être traiter plus efficacement les
accidents anormauxqui
en sontla conséquence.
L'insertion vicieuse du
placenta
setraduit,
eneffet,
par un
certain nombre de symptômes variables,
parleurs conséquences, leur gravité
etle
moment oùils apparais¬
sent. Nous
devons,
pourêtre complet, les
passerrapide¬
ment en revue et cela nous aidera à voir
l'importance des
traitements
particuliers
quel'on
peutappliquer.
Parmi eux, nous
devons
mentionnerl'expulsion pré¬
maturée de l'œuf
(rarement l'avortement, le plus
souvent(1) Gibiat, thèsede Bordeaux, 1896-97, p. 37.
— 10 —
l'accouchement
prématuré), qui
seproduit soit à la suite
de la
rupture spontanée des membranes, soit après
unehémorragie et
commeconséquence des contractions
pro¬voquées
parles caillots qui
enrésultent; mais, dans
ces deuxcas, ce sont cesderniers accidents qui tiennent toute
la
place. Tantôt, enfin,
sousl'influence seule de l'inser¬
tion vicieuse du
placenta,
« sansqu'on sache, dans
ce dernier cas,la
cause exactede l'interruption de la
gros¬sesse »
(1). Mais,
cequi domine la scène, c'est le phéno¬
mène accouchement
prématuré et la conduite à tenir
nepeut
pasêtre considérée
commeressortant spécialement
du
placenta prœvia.
Les
présentations vicieuses du fœtus
serencontrent également dans
ces caset proviennent de
cefait
quele placenta, occupant
unepartie du segment inférieur de
l'utérus, empêche l'engagement de la partie fœtale; l'en¬
fant n'est pas
fixé
commeà l'état normal,
samobilité est
une invitation constante aux
présentations vicieuses. Mais
là encore, en
général, s'il n'est
pas survenud'autres acci¬
dents, c'est
unethérapeutique particulière qui s'impose et
le
phénomène présentation vicieuse guide la conduite thérapeutique.
Les deux accidents
qui sont le plus
grosde conséquen¬
ces soit au
point de
vuepronostic, soit
aupoint de
vue traitement, sontla rupture prématurée des membranes
et
l'hémorragie qui peuvent cependant coexister
avec un desphénomènes précédents.
Pendant les derniers
temps de la
grossesse,les
mem¬branes
ovulaires,
parle fait de l'ampliation du segment inférieur,
sedécollent
àpartir de l'orifice interne plus
ou moins loin.Or, si
uneadhérence quelconque empêche le
décollement
(et le placenta prœvia
enconstitue
unedes plus résistantes),
unerupture prématurée des membranes
pourra en
être la conséquence. Mais cet accident, quoi-
(1) Auvard, Traité d'accouchement, p. 489,
que
passible de bien des ennuis puisqu'il peut à la longue
entraîner la mort du
fœtus,
est souventheureux
s'il se trouve coïncider avec le dernier et leplus
gravedes incon¬
vénients :
l'hémorragie. 11 vient,
eneffet,
souvent servir de remède au mal et c'est pourimiter l'exemple qu'il
avait sous les yeux que
Puzos conseilla la rupture pré¬
maturée et artificielle des membranes comme traitement de
l'hémorragie du placenta prœvia. Elle empêche le
décollement du
placenta et remédie ainsi à l'hémorragie.
Cette dernière est l'accident
important et dramatique
pour ainsi dire duplacenta prœvia.
Coïncidant très
fréquemment
avecl'insertion vicieuse,
les auteurs
classiques posaient
commeaxiome
queinser¬
tion vicieuse du
placenta égale liémorrliagie.
«L'hémor- rhagie
peutêtre considérée
commeinévitable dans
lescas de
placenta prœvia,
carelle
estla conséquence de
l'insertion
irrégulière du développement de l'utérus
etde
la marche du travail »
(1). Mais cependant il s'est produit
une réaction contre cette manière de voir. La thèse de Gibiat
(2) insistait
sur cefait
etmontrait
quedans
nom¬bre de cas
même,
aucunphénomène pathologique
ne semble seproduire dans les
casde placenta prœvia.
Bayer (3) lui-même qui,
aucompte-rendu du Congrès
allemand de
gynécologie de Munich, établissait la classi¬
fication du
placenta prœvia, reconnaissait
«qu'il
se pro¬duira
toujours
unehémorrhagie soit pendant la
grossesse, soitpendant le travail
»,modifiait plus tard
samanière
de voir et, en
1897, déclarait qu'au point de
vueclinique
« on
pouvait avantageusement diviser les placentas
prœ¬via en deux
grandes classes, à savoir
ceuxqui donnent
lieu à des
hémorrhagies pendant la
grossesse et ceuxqui
n'en donnent pas »
(4).
(1) Pënard et Abelin, Guide de l'accoucheuret de la sage-femme.
(2) Gibiat, Thèse deBordeaux, 1896-1897.
(3) Bayer, Annales degynécologie, 1886, p. 190.
(4) Bayer, Semaine médicale, 1897, p. 236.
Houpert 2
Cela
peut tenir à de nombreuses causes, mais aussi
peut-être à ce que la détermination exacte du siège du
placenta prœvia est assez difficile à faire. En se basant,
en somme, sur
la mensuration des membranes, on peut rétrospectivement considérer, d'après Maggiar(l), comme
placenta prœvia, « tout arrière faix dont les membranes
sont déchirées à
moins de dix centimètres du bord pla¬
centaire ».
Au cours de nos
recherches à la clinique, nous avons
examiné les
fréquences des accidents causés par les pla¬
centas
prœvia et nous avons trouvé que bien souvent il
avait
passé inaperçu jusqu'au moment de l'examen du
délivre. Ainsi nous trouvons :
pour
1896 33 cas de placentas prœvia
pour
1897 45 »
et
quatre
oucinq fois seulement des accidents sérieux.
Cependant un fait domine là, c'est que généralement la
rupture des membranes ayant été précoce, ne s'çtant pas
accompagnée d'accidents, ni pour le fœtus, ni pour la mère
(ce qui fait que nous ne les notons point), a peut-être pu
faire éviter
les accidents hémorragiques du travail ou de
la délivrance.
C'est là un
point important et que nous avons tenu à
mettre en
relief,
car, comme nousle verrons plus loin, il
a une
importance énorme au point de vue du traitement.
(1) Maggiar,Thèsede
Paris,. 1894-95.
CHAPITRE II
CONDUITE A TENIR PENDANT LA GROSSESSE
Les accidents que
peut entraîner le placenta anormale
ment inséré
peuvent
semanifester
au coursde la
gros¬sesse ou seulement à la
fin,
au momentdu
travail. Delà,
pour nous,
la nécessité d'étudier séparément les deux
casqui peuvent
seproduire.
Mais
cependant, dès le début,
unpoint doit être mis
enévidence, c'est
que,si bien
souventles accidents
se pro¬duisent
pendant le
coursde la
grossesse,la thérapeutique
devra être la même
qu'à la fin;
carprécisément, l'hémor¬
ragie, la rupture des membranes, accidents fréquents du placenta prœvia,
sontaussi
une cause, comme,nousl'avons
vu,
d'avortement
ou d'accouchementprématuré. Aussi,
souvent dans ces cas
là,
noustrouvant enprésence d'une,
femme
qui,
pour une causequelconque, est déjà
entra¬
vail,
nous serons ramené àla
conduite à tenirlorsque les
accidents éclatent à la fin de la grossesse, au
moment du travail,
etdès lors
nousdevrons
nousrapporter à
cequi
sera
exposé dans les chapitres suivants de notre travail.
Mais laissant de côté ces cas-là et nous
supposant loin
du terme de la grossesse, que
faut-il faire
enprésence
d'accidents
aigus qui peuvent
menacerabsolument la vie
de la mère.
Tout
d'abord, il
est à remarquer que cequi
seproduit généralement
et cepourquoi le médecin est appelé
:c'est l'hémorrhagie.
«Elle
seproduit,
engénéral, pendant les
trois derniers mois et à un moment
quelconque;
souvent le matin la femme se réveillebaignant dans
une marede
sang.
Tantôt l'écoulement s'arrête spontanément, tantôt
il continue avec une
abondance suffisante
pourêtre
mor¬tel.
L'hémorrhagie peut
serépéter plusieurs fois pendant
le dernier trimestre
de la
grossesse »(1).
L'hémorrhagie
e&c, eneffet, le symptôme capital du
placenta prœvia, aussi est-ce lui seul qui doit attirer no¬
tre
attention;
carles
autresphénomènes tels
que : rup¬ture
prématurée des membranes, avortement, présentation
vicieuse,
lorsqu'ils viennent à se produire, dominent la
scène et nécessitent une
thérapeutique
parle fait indé¬
pendante de notre sujet.
L'indication
primordiale de tout traitement de placenta
prœvia pendant la grossesse devrait être Y arrêt définitif
de
l'hémorrhagie et la conservation de la vie du fœtus.
« Mais la
première est si importante, que la question de
l'existence du
fœtus
nesaurait venir qu'en seconde ligne;
d'autant que
la plupart de ces enfants ne sont pas viables,
ou
qu'ils sont exposés à un tel danger pendant l'accou¬
chement que
leur vie sera fortement compromise.
C'est là ce que nous
trouvons dans la thèse de Bru-
neau
(2), qui, exposant les idées du professeur Gaulard
(Lille), dit
que «contre les hémorrhagies qui surviennent
au cours de la grossesse,
par suite de placenta prœvia,
on
prescrira le repos au lit et les agents sédatifs de l'uté¬
rus;
la morphine et le viburnum prunifolium. Si l'hémor¬
rhagie est très abondante et qu'elle persiste malgré ce
traitement, on aura recours au
tamponnement du vagin jusqu'à
ce quela dilatation obtenue permette la version
d'après Braxton Hicks ».
Ceci résume assez
bien l'opinion des Allemands
surcette question; mais cependant, sans aller aussi loin et sans
non
plus
serapporter aux méthodes de violence préconi¬
sant l'accouchement
forcé
commeGuillemeau, Levret, et
(1) Anvard,Accouchements, p.
488.
(2) Bruneau, ihèsede
Lille 1896-97,
p.47.
comme récemment encore
Eliot (1) qui prétend le faire
« dès que
le fœtus paraît viable», il vaut mieux s'en tenir
à une
ligne de conduite allant du simple au composé,
comme c'est en somme
l'idée directrice dans la méthode
de Pinard.
Après avoir commencé par les soins prophylactiques
(repos), les lavements laudanisés accompagnés ou non d'injections chaudes sans cependant accorder à ces der¬
nières une valeur
trop grande,
carelles favorisent la coa¬
gulation, entraînent des caillots et sont cause qu'il se
forme une
nouvelle hémorragie;
onpeut recourir à un tampon léger, mais sans insister trop longtemps et s'il
n'y
a pasmenace de travail.
Mais si
l'hémorragie,
sansêtre très abondante, menace
de devenir grave par sa
répétition et sa continuité, il est
sage
de
nepoint trop attendre et d'en venir, comme le
recommande
Pinard,
àla rupture des membranes (ceci va
rentrer dans la
thérapeutique indiquée dans le chapitre IV,
aussi
n'y insistons-nous pas).
Dès
lors, il
pourra seproduire deux cas : ou bien tout
va rentrer dans
l'ordre, l'hémorragie s'arrêtera sans que
le travail se déclare. Si
l'état général de la femme est bon
ou
s'améliore, il faut attendre et
seconduire
en unmot
comme dans les cas où
la rupture prématurée des mem¬
branes a lieu
spontanément,
«c'est-à-dire tenir la femme
au
lit, surveiller les caractères du liquide qui s'écoule, prendre la température et intervenir seulement s'il y a de
l'odeur ou s'il se
produit
unenouvelle hémorragie » (2).
Dans d'autres cas,
le travail
sedéclare et l'accouche¬
ment se
termine,
oubien
on estobligé d'agir rapidement;
on hâte la dilatation au moyen
d'un ballon et
ontermine
l'accouchement par une
version ou une application de
forceps.
(lj ElioL, Centralblatt fur
Gynécologie, 1895,
p.663.
12) Ribemont Dessaignes, Obstétrique, p. 761.
22
Telle est, en somme,
la conduite à tenir pendant la
grossesse; nous
n'y insistons point longtemps, car c'est
surtout
lorsque la
grossesseest à terme
ouau moment du
travail que
les symptômes deviennent inquiétants et néces¬
sitentune
thérapeutique ferme, mais différant
peude celle
que nous venons
d'indiquer et
que nousallons maintenant
discuter en détail.
Chapitre
iiiDU TRAITEMENTDU PLACENTA PRŒVIA AU TERME DELA GROSSESSE.
REVUE DES DIVERS TRAITEMENTS
EMPLOYÉS
Lorsqu'une femme ayant un placenta prœvia est arrivée
au terme de la grossesse,
il semble que l'accoucheur ait
moins d'hésitations.
Depuis la fin du septième mois, l'en¬
fant
peut naître viable; il n'y a donc pas autant à craindre
pour
lui
unaccouchement prématuré, si l'intérêt de la
mère
l'exige, et, dans certains cas, pour sauvegarder la
vie de la mère et de
l'enfant, il faut même le
provoquer.Cependant, étant données les conditions défavorables
où se fera
l'accouchement, le médecin doit toujours faire
ses réserves sur
la viabilité de l'enfant.
Malgré cela, l'accoucheur devra tout tenter pour pro¬
longer autant que possible la grossesse et la mener le plus
près possible du terme. Si cela n'est pas faisable, si l'hé¬
morragie
oules hémorragies sont assez abondantes pour
faire craindre pour
la mère, si le travail est déjà déclaré,
il faut tout faire pour
arrêter rapidement la perte de sang
et terminer vite
l'accouchement. Pour cela, de nombreux procédés ont été employés, tous avec un succès plus
ou moins
relatif.
Sans faire
l'historique des traitements du placenta
prœvia,
cequi est tracé un peu partout, nous signalerons
simplement les principaux moyens employés de nos jours,
en notant pour
chacun d'eux leurs avantages et leurs
inconvénients.
— 24 —
a) Du Tamponnement.
Sans
parler des
moyenspharmaceutiques préconi¬
sés au
temps jadis, le premier traitement rationnel du placenta prœvia est le tamponnement, mis
enpratique
par
Leroux de Dijon
en1776. Non
pasle tamponnement
fait avec deux ou trois
tampons
gros commedes noix, placés dans le vagin, mais
untamponnement sérieux et
méthodiquement fait. Pour arriver à
unrésultat apprécia¬
ble, il faut
opposer au sang unebarrière aussi compacte
quepossible,
car cen'est
que commeobstacle qu'agit le
tampon. Pour cela, chacun le sait, il laut employer
de très
grandes quantités de matières (un plein chapeau
haut de
forme, disaient les anciens accoucheurs) et
onn'a
pas
toujours
sousla main de telles quantités de substances aseptiques. Car le temps n'est plus heureusement où tout
étaitbonàl'accoucheur
pourbourrer le vagin de la malade:
linges quelconques, charpie, étoupe, voire même
sa perru¬que, comme nous
l'a dit le professeur Rivière dans
unede
ses
cliniques.
Aujourd'hui le tampon est constitué de matières stéri¬
lisées et
aseptiques, le coton hydrophile et la
gazesoit iodoformée, soit salolée
enforment la base.
Les chances d'infection ne sont pas
aussi nombreuses;
mais
cependant elles
nesont
pastoutes enlevées,
carl'asepsie et l'antisepsie des matières employées, surtout
dans lapratique civile, sont très relatives.
Sans aller
plus loin,
noustrouvons deux
gravesdélauts
à cette méthode : la difficulté de se procurer
immédiate¬
ment les substances nécessaires pour
exécuter
convena¬blement le
tampon, puis les chances d'infection
encore très nombreuses.Je sais bien que
certains praticiens parent à la première
difficulté en
ayant chez
eux untampon toujours prêt;
mais alors faut-il se fier à
l'asepsie d'un tel tampon pré¬
paré depuis longtemps?
i
- 25 —
De
plus,
untampon, très difficile à appliquer clans les Maternités,
est presqueimpossible à faire
enville
sans aideexpérimenté.
D'un autre côté,
l'accoucheur
opposebien
unobstacle
à l'écoulement du sang,
mais n'agit
pas surles
causesde
cet écoulement
qui continue
souvent, etdans les
casd'hémorragie
grave,il
estinefficace
etdangereux,
caril
cache la réalité de la
perte,
enmême temps
quela
mar¬che du travail. L'accoucheur est donc
obligé de le retirer
de
temps
entemps
poursurveiller le travail. 11 multiplie
ainsi les chances d'infection.
Si le
tampon est bien fait
etbien appliqué, c'est-à-dire
si le
vagin est bien bourré
sans aucunvide,
on se trouveencore en
présence d'inconvénients
graves ;tout d'abord
une
gène très grande et
unedouleur
assezviolente, puis l'impossibilité absolue
pourla malade de vider
son rectumet sa vessie. Ce
qui, dans la pratique civile, peut avoir de grands inconvénients,
vu quel'on n'a
pastoujours près
îjjjh- de la malade, surtout à la
campagne, une personnecapable
de la
sonder,
sanscompter le danger qui peut survenir, lorsque tout paraissait aller bien, le médecin enlève le tampon et s'éloigne de
samalade.
«Il peut
eneffet
sur¬venir dans ces cas des
hémorragies mortelles
»(1).
Sans aller
plus loin, voilà
assezd'inconvénients qui
doivent de
prime abord faire rejeter
cetteméthode.
Si
cependant
nouspoursuivons
nosinvestigations,
nous voyons queles résultats,
aupoint de
vuede la mortalité
maternelle et
fœtale,
ne sontguère satisfaisants.
Abd-el-Nour donne une mortalité maternelle oscillant
entre 12 et 40
0/0, mais
serapprochant davantage, dit il,
de 40
0/0
et unemortalité fœtale
oscillant entre 60 et 900/0 plus près cependant de 90 0/0 (2),
cequi
estconsi-
(I) Meller, Centrabl. fur Gynec., 1895, p. 663.
(2j Abd-el-Nour, thèse de Paris, 1895-96,
— 26 —
dérable. Le même auteur,
dans les
conclusions de sathèse, ajoute
:a A la suite du
tamponnement
etd'après toutes les
observations où ce détail a
pu
être noté,
on remarque très souvent del'hyperthermie
etdes phénomènes
se rap¬portant à
uneinvasion microbienne, due
auxmanipula¬
tions
exigées
pourl'application du tampon,
ettrès
sou¬vent à la
septicité plus
oumoins grande des parties qui
la
composent
».Au
Congrès de gynécologie de Bordeaux (1895), Hiri-
goyen
(1),
tout enpréconisant le tampon,
avance que sur 9 cas deplacenta prœvia qu'il
aainsi traités, la mortalité
du fœtus a été considérable.Juge, basant
sonopinion
surbon nombre d'observa¬
tions tirées du mémoire de Demelin
(2), des thèses de
Bourdier
(3), d'Abd-el-Nour
etde Bertrand (4), déclare
que «
le tampon
est undes
moyensles plus infidèles,
soit comme
agent hémostatique,
caril échoue dans
24
0/0 des
cas,soit
commeagent d'excitation,
caril n'agit qu'après 24
ou48 heures
»(5).
Voilà certes assez de raisons
qui militent
contrele
tam¬pon
et qui ont causé
sonexclusion
ou tout au moins la restriction de sonemploi.
Je ne citerai que pour
mémoire les soi-disant perfec¬
tionnements
apportés à
cetteméthode
parles ballons
et lescolporynters, placés dans le vagin qui
sont souvent inelficaces et du reste inusités en France.b) De l'emploi du ballon.
Après le tampon, certains
auteurs ontpréconisé l'em¬
ploi du ballon de Champetier de Bibes, l'œuf étant intact,
(1) Hirigoyen, Semaine médicale, 1895,p. 386.
(2)Demelin, Annalesde la Société obstétricalede France, 1894.
(3) Bourdier, thèse de Paris, 1895-96.
(4) Bertrand, thèsede Paris, 1893-94.
(5) Juge,thèse de Paris, 1896-97.
— 27 —
le ballon
agissant alors
commetampon,
pouropposer une barrière infranchissable à l'écoulement du sanget hâter
le travail.
Certes cette méthode a
déjà deux grands avantages
sur letampon
:le ballon
encaoutchouc
estfacile à aseptiser
et de
plus
provoquela dilatation du col d'une façon plus
certaine et
plus rapide
quele tampon.
Mais à côté de ces
avantages il
y aaussi des inconvé¬
nients. Le
premier qui est visible
sansavoir
recoursà des quantités d'observations, c'est
quele ballon placé
en dehors de l'œufrisque,
aulieu d'arrêter l'hémorrhagie, de
lui venir en aide.
Dans l'insertion vicieuse du
placenta, la perte de
sang vient en effet de ce queles membranes tiraillent le pla¬
centa et le décollent sur une
plus
oumoins grande partie de
soninsertion. En introduisant dans la cavité
utérine un ballon relativement très
volumineux,
onrisque
donc de décoller
davantage
ceplacenta et d'augmenter l'hémorrhagie.
Ce fait se trouve confirmé du reste par
de nombreuses
observations. Il n'entre
point dans notre sujet-de recher¬
cher tous les cas où le ballon a été
appliqué
endehors de l'œuf, mais
nousappuyant
surl'opinion de Juge (i), qui
cite
plusieurs observations personnelles et inédites,
nous pouvonsdire
quele ballon appliqué
endehors de l'œuf
est une méthode infidèle et
qui n'a d'autre avantage
que de hâter l'accouchement.Oui
(2) rapporte deux
casdans lesquels le ballon placé
en dehors de l'œuf lui a donné d'excellents
résultats,
mais il faut considérer les conditions dans
lesquelles le
ballon a été
appliqué. Dans le premier, il n'avait
puattein¬
dre les membranes pour
les déchirer, les cotylédons pla¬
centaires obturant l'orifice
qui n'était
pasdilaté; et dans
(1) Juge, Thèse de Paris, 1896-1897.
(2) Oui, Presse médicale, 1894.
_ 28 —
le
second, la pression intra-ovulaire étant très faible, les
membranes
fuyaient devant le doigt.
Voilà donc une méthode
qui peut à la rigueur être
unpis-aller, mais qui
nepeut être érigée
ensystème absolu.
c) Rupture des membranes combinée
avecd'autres procédés.
Nous devons maintenant
parler thune méthode beau¬
coup
plus
sureet qui est employée
presqueexclusivement
par
tous les accoucheurs,je
veuxparler de la rupture des
membranes. Ce
traitement, le plus
surde tous
ceux em¬ployés jusqu'à
cejour,
acependant soulevé bien des dis¬
cussions. Doit-on rompre
les membranes et s'en tenir là
ou doit-on faire intervenir
systématiquement d'autres
manœuvres? La
question est pendante.
Je ne citerai que pour
mémoire
uneméthode préconisée
il y a
déjà longtemps, mais totalement abandonnée
par suite de la difficulté de sonemploi et du
peude résultat qu'elle donne, c'est l'électricité vantée
parRadfort (1)
:« Dans les cas
d'implantation partielle du placenta
sur l'orificeutérin, la rupture artificielle des membranes suffit généralement
pourarrêter l'hémorrhagie, mais si l'écou¬
lement de sang
continue, il faut avoir
recoursà l'électri¬
cité.
» Dans les cas
d'épuisement produit
par unehémor- rliagie dépendant de l'implantation centrale
surl'orifice
de la
matrice, il faut perforer le placenta, faire écouler le liquide amniotique et employer l'électricité
».Les Allemands et les
Anglais sont fort partisans de la rupture des membranes accompagnée de la version de
Braxton Hicks pour
aller à la recherche d'un pied, l'abais¬
ser dans le
vagin et faire ainsi
une sortede tampon intra-
utérin
qui vient
presser surle placenta et oblitérer les
(1) Radfort, Bulletingénéral de
thérapeutique,
LV11I, p, 558, 1860.— 29 —
vaisseaux. Hofmeier
(1) conseille, à l'exclusion de tout
autre, ce
procédé
ens'appuyant
sur cefait que l'existence
du fœtus ne doit venir
qu'en seconde ligne et
que,du
reste,
la plupart de
cesenfants ne sont pas viables.
Schatz
(2) préconise
cemême procédé, mais signale un
inconvénient : les déchiruresdu col
etmême de l'utérus.
Cette méthode
cependant
adonné de bons résultats; à
la Charité de
Berlin, elle
adonné
unemortalité fœtale
de 78 p.
100 et
unemortalité maternelle qui n'est que de
7 cas sur 107 traités
(3). Certes, c'est
unrésultat appré¬
ciable, mais
quedire de la mortalité du fœtus?
Tout
d'abord, pourquoi transformer quelquefois une présentation du sommet en présentation de siège décom¬
plété, le sommet étant, par la nature résistante des os du
crâne,
le meilleur tampon. D'un autre côté, lorsqu'un pied
étant abaissé dans le
vagin, la dilatation étant incom¬
plète, l'hémorrhagie continue, l'accoucheur se trouve
n'avoir
qu'une seule ressource : tirer sur ce pied pour
terminer l'accouchement
le plus rapidement possible
; alors les déchirures ducol
sont àcraindre.
Durrhsen
(4) reproche,
enoutre, à la méthode d'être
d'une exécution difficile pour
qui n'en
apas une grande
habitudeet d'occasionner une
mortalité fœtale de 60 0/0.
Malgré tout,
ceprocédé, bien supérieur au tampon, a de
réels
avantages, surtout lorsque par suite du défaut d'ac¬
commodation causé par
l'insertion vicieuse, on a affaire
soit à une
présentation de siège, soit à une présentation
transversale et que
le col est facilement dilatable.
Nous arrivons
maintenant
à uneméthode beaucoup plus employée et donnant de bien meilleurs résultats; je
^
veux parler de la rupture des membranes combinée avec l'emploi du ballon de Champetier de FObes.
(1) Hofmeier, Semaine
médicale, 1897,
p.235.
(2) Schatz, Semaine médicale,
1897,
p.235.
(3) In ihèse Juge.
Paris, 1896-1897.
(4) Durrhsen, Semaine
médicale, 1894,
p.260 (supplément).
— 30 —
Juge (1) dit
que :« Elle arrête absolument tout écoulement de sang.
Elle
accélère d'une
façon notable le travail
».Certes ce sont les deux
grands points et dans certains
cas on gagne
beaucoup à réduire la durée du travail.
Mais cette méthode
est-elle,
comme il semble ledire, la
méthode idéale etparfaite?
Elle a d'abord l'inconvénient de ne pas
être aseptique.
Le ballon de caoutchouc
peut être lavé, mais
nonstéri¬
lisé à l'étuve ;
de plus,
sonintroduction nécessite des manipulations longues pendant lesquelles
onrisque da¬
vantage d'infecter la malade. Blacker (2),
tout enfaisant l'éloge du ballon, cite 22
cas et sur ces22
cas « unefemme mourut de
septicémie contractée probablement
avant son entrée à
l'hôpital
».Mais ce n'est pas
là le principal défaut à reprocher
au ballonemployé systématiquement,
cardans
tousles
pro¬cédés demandant des
manipulations plus
oumoins lon¬
gues on est
exposé à l'infection. Mais de
par sonvolume
et étant donné la dilfîculté d'accommodation que
crée déjà la présence du placenta dans la
zoneinférieure de l'utérus, il
arrive souvent quele ballon change la présen¬
tation et
qu'au lieu de
seprésenter
par unede
sesextré¬
mités,
cequi
est en somme uneprésentation éminemment
favorable dans le cas
qui
nous occupe,l'ovoïde lœtal
seprésente
par son axetransversal
etnécessite
ainsides
manœuvres défavorables surtout
pour
l'enfant. C'est
ce queBlacker reproche à
ceprocédé,
enmême temps
que derisquer de déchirer le col utérin. Ce dernier
argument n'est certes pas sansvaleur, mais je dois dire
quepareil
accident est rare.
IJn inconvénient
plus
grave estle risque
quel'on
court depincer le cordon
entrele ballon
et laparoi utérine.
(1) Juge, thèse de Paris,1896-97.
(2) Blacker, Obstétrique, 15 sept. 1897.
L'on
sait,
eneffet,
quel'un des accidents les plus fré¬
quents du placenta prœvia est la procidence du cordon.
Ce lait
s'explique, facilement du reste,
parla position
rap¬prochée de l'orifice du col qu'occupe le placenta et le défaut
d'accommodation du fœtus.
On a donc
beaucoup de chances de remonter le cordon pendant les
manœuvresde placement du ballon. Et si
onarrive à le repousser avec
la pince porte-ballon, lorsqu'il
est livré à
lui-même, pendant le gonflement il retombe
dans le
segment inférieur. Ce fait
se trouveconfirmé
par l'observation suivanteprise à la clinique obstétricale.
Observation I
Placentaprœvia. —Hémorrhagie. —Rupture desmembranesetapplica¬
tion duballon.—Mort de la mèreetde l'enfant.
(Observation due à l'obligeance de M. le Dr Bousqcjeï, chef interne).
Horlense S..., 30 ans, entre à la clinique le 6 mai à midi. Antécé- dents personnels et héréditaires nuls.
Secondipare.
Avortement à trois mois et demi en juin 1897. Pendant toute celte grossesse,hémorrhagiesindolores, très
fréquentes
durant4 ou5 jours,peuabondantes. L'avorlementest survenu sans cause appréciable et a commencé par l'hémorrhagie.
La malade redevient enceinte presque tout de suite. A partir du
3e mois, tous les 10 ou 13 jours, hémorrhagies survenant sans dou¬
leur, peu abondantes durant 4 ou
cinq jours.
Apartir du
7e mois ces hémorrhagies augmentent de fréquence et sonttoujours
indolores.Depuis sept
jours l'hémorrhagie
est presquecontinue. La malade
s'af¬faiblit graduellement.
Le 4 mai apparaissent le soir des
coliques utérines,
en même temps que l'hémorrhagieaugmente.Le 3 mai,
après examend'un
médecin qui porte le diagnostic d'insertionvicieuse du placenta,
tamponne¬ment vaginal. Le 6 mai nouveau tamponnement, elle est amenée à
l'hôpital
St-André àmidi.
A sonarrivée elle, est exsangue; pouls filiforme
(140).
Lepalper
ne donne pas de grands résultats, car l'utérus est contracté ; cependantonsent la tête non engagée qui ballotte. Après application du tampon
et des caillots accumulés derrière, on trouve unedilatation palmaire,
le col est presque entièrement dilatable, mais ont sent l'anneau de Bandl contracté ; le vagin est peu souple. Le placenta paraît inséréen avant et à droite sur le segment inférieur, au ras de l'orifice; une
petite partie
déchiquetée
pend dans le vagin, s'effrite au contactdelà canule, quand on donne une injection.La poche des eaux est intacte, peu volumineuse. La tête est en OIDA, ballotteau détroit supérieur. Les bruits du cœur fœtal sont bons.
La malade est anesthésiée. Introduction d'un gros ballon de Cham- petier pour vaincre la résistance de l'anneau de Bandl et assouplir le vagin. Le ballon est retiréau bout de peu de temps, carles battements
du cœurfœtal sont subitement devenus
imperceptibles.
Rupture de la poche des eaux en évitant le placenta, saisie des deux pieds, extrac¬tion. Le cordon ne bat plus au moment de faire l'anse. Extraction difficile. La malade meurt à 6 heures du soir sans
hémorrhagie.
Dans le courant de cette
observation,
nous avons puremarquer
l'inefficacité du tampon, puisque de nombreux
caillots ont été trouvés derrière lui. Mais le fait le
plus important
est queles battements du
cœurfœtal
se sont arrêtés immédiatementaprès l'introduction
etle gonfle¬
ment du ballon. Cet arrêt subit est dû évidemment à un
pincement du cordon qui s'est produit, quoique les
mem¬branes aient été encore intactes. Il est à regretter, toute¬
fois, dans l'observation,
quela position du cordon
au moment de larupture de la poche des
eauxn'ait
pasété signalée.
Voilà les
principaux procédés employés aujourd'hui
contre
l'hémorragie due
auplacenta prœvia.
Si nous résumons ce
chapitre, trop
courtévidemment
pour
être complet, mais fait ainsi
avecintention,
nous trouvons que presquetoutes
cesméthodes
ontde
gravesinconvénients. Le défaut
d'asepsie, la difficulté de mise
enpratique et enfin les pincements du cordon
parle ballon..
Loindenous la
pensée d'avoir accumulé
toutesles
preuvescontre ces
procédés; il
enexiste bien d'autres, mais cela
n'entre
point dans notre sujet, et
ce que nous en avons dit suffit pourcréer
unparallèle
avec uneméthode qui,
si elle n'est pas
nouvelle,
ade grands avantages
:la
rup¬ture
précoce des membranes dont
nousparlerons dans
notre
prochain chapitre.
Houpert 3